Gonna set my soul on fire
Got a whole lot of money that's ready to burn.
image © CAF-POW.

C'était mort par ici. On pourrait aussi dire que c'était tranquille, mais dans les deux cas, un lourd silence flotte dans l'air comme un nuage d'orage. Le petit bar, Prime time, sur le bord d'une route de sable et de terre, était occupé par son habituelle clientèle. De pauvres hommes, souvent gros, qui venaient pleuré et chanter leur désespoir au pauvre barman et propriétaire de la place, le pauvre Bill. Dans le genre cow-boy, on pouvait pas espérer mieux que lui. Il avait toujours une chemise carotté sur le dos et un chapeau sur la terre. Sa longue moustache châtain encadrait sa bouche et ses épais sourcils masquaient presque ses yeux bleus. À chaque jour, il répondait présent à l'appel. Il ouvrait le bar à 8h00 AM et à 22h00 PM, il fermait la boutique. Il n'y avait que lui comme employé. On ne se rappelle pas avoir jamais aperçu un seul autre salarié ici que Bill. Et dieu seul sait à quel point ces vieux bonhommes aimaient fréquenter cet endroit. Et ce n'était pas l'ambiance qui les attirait ici, parce que c'était terne et peu vivant par-là. C'était peut-être l'attitude sympathique de Bill, ou la bière qu'il y servait. Ou alors, était-ce cette magnifique jeune fille qui venait presque tous les jours boire un coup. Souvent seule, elle en repartait souvent accompagnée. On ne connaissait pas son nom, elle était farouche cette petite et ne se laissait pas approchée bien facilement. Il n'y avait que ce bon Bill qui parvenait à lui adressé la parole de temps en temps, quand elle voulait bien lui répondre...
Tiens d’ailleurs, la voilà qui entrait dans le bar. Ses longs cheveux ondulés se baladait sur sa veste de cuivre brune et dans son dos comme si un vent les ébouriffait sauvagement. Elle avait un casque de moto sous le bras, des bottes de cuivre sombre qui frappait le sol au rythme de ses pas et des pantalons sombres. Sa peau était plutôt blanche pour une région aussi chaude, ce qui ne l'a rendait que plus jolie et désirable encore.

Bill leva les yeux et lui adressa un sourire qu'elle lui rendit avant de le rejoindre au bar.

BILL _: Qu'est-ce que je te sers aujourd'hui ?
PRESLEY _: Une bière

Il hocha la tête pour s'en aller vers l'arrière chercher ce qu'on lui avait commandé. Presley déposa son casque sur la comptoir et prit place sur l'une des grandes chaises. En terme de mystère ambulant, cette fille était toute une énigme. D'abord, Bill connaissait bien la famille des Trager. Il avait, pendant longtemps, été un ami de John Trager. Un homme qui aurait pu avoir un grand avenir, mais qui s'était laissé emporter par la boisson et la drogue. Il n'avait jamais su s'en sortir et en payait le prix aujourd'hui avec un corps malade et une force qui le quittait de plus en plus. Bill préférait ne pas y penser, mais il savait que Presley avait été victime de cet abus d'alcool. Il y avait un tas de rumeurs là-dessus, mais quand on connaissait le tempérament de la gamine, on préférait éviter le sujet. Par la suite, Bill connaissait leur mère, Monroe. Une femme gentille et douce. Mais qui avait connu l'effet dévastateur du temps et de la maltraitance. Avec un mari violent et un travail exigeant, elle n'aimait pas souvent à la maison et n'a pas su élevé ses propres enfants. Et on en constatait les effets aujourd’hui. Bon, Siobbhan s'en était bien sortit, il continuait d'étudier ce petit. Mais Presley ? Une vraie perte de temps, comme son père. Elle faisait bien ce qu'elle voulait. L’autorité n'avait aucun effet sur elle, même les policiers ne savaient plus comment agir avec elle. Parce que rien ne semblait l'atteindre. Comme si elle n'avait plus aucun désir envers la vie, comme si on lui avait déjà tout prit...

La jolie brune était assise et observa rapidement les gens dans la salle. Des porcs. Tous des hommes qui perdaient leur temps à boire plutôt qu'à rendre service à la société. Mais cette belle pensée la concernait aussi ; elle avait récemment été renvoyé du petit restaurant au nord de la ville. Un autre échec parmi tant d'autres. C'est à croire que John avait influencé sa fille...

BILL _: Je pensais que tu quittais la ville ?
PRESLEY _: Je pars demain.
BILL _: Et où est-ce que tu t'en vas ?
PRESLEY _: (soupire) New-York.

Bill a paru étonné, mais Presley n'a rien noté, ou du moins elle a fait semblant de ne pas remarqué sa réaction, alors qu'elle avalait déjà une gorgée de la bière froide qu'il lui avait apporté. New-York alors ? Mais la vie là-bas n'était pas facile. Au moins à Oak Ridge, les gens se connaissaient et s'entre-aidaient... New-York, c'était une vraie jungle à ce qu'on racontait ! Qu'est-ce qu'elle irait faire là-bas ?

BILL _: Qu'est-ce que tu vas faire à New-York ?
PRESLEY _: Rassure-toi Bill, je n'y resterai pas longtemps... je vais voir ma petite soeur et mon frère.
BILL _: Je ne savais pas que ton frère y était.
PRESLEY _: C'est un bon garçon, il étudie c'est tout. Et c'est pas ici qu'il aurait obtenu un diplôme. Tout le monde est paumé ici.

Bill ne paru pas blessé par la remarque et continua la conversation sur le même ton :

BILL _: Ça doit faire deux ans que je n'ai pas vu ton frère. Et Gabrielle, comment va-t-elle ?

Presley jura intérieurement. Comment elle allait ? P*tain, comme si elle le savait ! La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle avait fait toute une crise. Sa mère avait pensé la perdre pour de bon, son père ne s'en rappelait probablement pas ; il était toujours saoul. C'était Presley qui l'avait conduit à l'hôpital du coin. On lui avait annoncé que sa sœur nécessitait des soins plus importants et on l'avait envoyé rejoindre Siobbhan qui étudiait là-bas. Sa mère avait bientôt quitté la ville pour se rendre aussi à New-York, laissant ainsi Presley avec son père.
Et tout récemment, elle recevait une lettre de son frère pour lui annoncer que Gabrielle avait disparue. Elle était introuvable et lui demandait de venir l'aider dans ses recherches...
Cette situation la faisait ch*er, alors elle fouilla dans ses poches pour en sortir une cigarette.

PRESLEY _: Elle va bien. Elle grandit... Ah p*tain, fait ch*er !
BILL _: Veux-tu que je t'apporte une allumette ?
PRELSEY _: Ouais

Purée, son briquet qui la lâchait alors qu'elle avait vraiment besoin de fumé sa clope. Tout pour la faire ch*er encore. Mais comme Bill se tournait, elle avança seulement la main vers la petite flamme du gros bonhomme plus loin qui fumait sa cigarette et puis, en un claquement doigt, sa cigarette s'alluma. Bill se tourna et fronça les sourcils. Presley cracha la bouffée qu'elle avait respiré et dit simplement :

PRESLEY _: Il restait une dernière flamme.

Bon tant pis, il déposa la boîte d'allumette et déposa ses énorme mains sur le comptoir.

BILL _: Comment va ton père ?

Un point sensible. Un vrai connard. Presley se fichait bien de son état de santé. Il pouvait être crevé et elle n’appellerait même pas les flics pour qu'ils débarrassent son corps. Elle le ferrait bien cramé avec cette baraque. Tous les mauvais souvenirs y serraient amener avec lui. La jeune rebelle fronça donc les sourcils et puis elle lui répondit avec un sourire moqueur sur le coin des lèvres :

PRESLEY _: On s'en fiche.

Bill était à demi choqué par cette réponse. Mais bon, il savait bien que quelque chose de pas clair se passait chez les Trager. Prelsey avala rapidement les dernières gorgées de bière, paya Bill puis elle s'en alla. Elle sortit du bar et fut éblouie par la clarté du soleil. Ses yeux s'étaient habitués à la noirceur du bar. Elle regarda le soleil, puis au loin, la petite ville qui se dessinait. Elle jeta sa cigarette sur le sol et l'écrasa de son pied avant d'enfiler son casque et d'enfourché sa moto :

PRESLEY _: Enf*irés.