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Le temps. Chose particulière pourtant si recherchée, parfois encore incomprise. Élément incontrôlable de tous les ours. Et le rêve plus humain du voyage dans le temps. Qu'en dire! Entre scénario catastrophe ou au meilleur du futur, on ne sait rien. Il avait déjà rêvé, lui aussi, à l'inverse. Il avait rêvé à une stabilité temporaire qui ne lui était pas permise. Il avait rêvé de s'arrêter. Il avait ardemment souhaité cesser de bouger continuellement entre les jours, années, siècles, continents. Continents qu'il avait vus évoluer, changer, revenir en arrière, s'éloigner, se détruire à petit feu, mais certainement. Ses yeux avait vu, en trente ans, plus que cinq fois cent ans vécu sur terre. Il avait les guerres, les avait vécu parfois. Il avait vu la haine, l'avait connu et subit aussi. Il avait vu les époques filer comme secondes au sablier. Mais il n'avait jamais été très prudent quant à cette illogique traversé temporelle qu'il faisait irrégulièrement. Ce n'était d'ailleurs que récemment qu'il était tombé sur un vieille photo de sa propre personne... une dizaine d'année plus jeune... à pourtant deux ans de datation. Il ne saurait jamais comment expliquer les phénomène si on le lui demandait. Et pour tout dire, il ne révélait jamais à qui le demandait sa mutation fascinante. Par peur, sans doute. Par expérience, aussi. C'était de lire l'incompréhension sur le visage des gens qui le perturbait le plus, sans doute. Une incompréhension croissante à chaque question que ces gens daignaient poser. Jusqu'à ce que le mutant voyageur ne se lasse, du moins, et fasse mine de perdre le fil de la conversation. On considérait habituellement ce petit côté lunatique et inattentif comme une particularité évidente de son caractère farfelu. Il était un énergumène jusqu'aux bouts des doigts, après tout, et même s'il ne le faisait pas exprès, il en profitait parfois pour fuir certaines réalités lui paraissant un peu trop déplaisantes à subir.

Assis dans le café grouillant, son regard s'attarda donc sur cette photo qu'il avait kidnappé des archives dans lesquelles il était atterrie accidentellement, la veille. S'il parvenait presque à savoir à quel moment exactement il atterrirait, il n'était toujours pas apte à contrôler l'endroit. Son plus gros problème, sans doute. Sa plus grande crainte, aussi. Il s'était toujours imaginer tomber dans le ciel sans parvenir à faire quoi que ce soit pour y échapper. Il tombait parfois d'une hauteur de quelques mètres au cours d'une traversée. Et très franchement, il n'était pas immortel. Les blessures arrivait aussi fréquemment qu'un voyage. Souvent, donc.

La serveuse arriva à côté de lui. Il releva la tête et lui décrocha un franc sourire, bien qu'il se sentait momentanément blasé. Son malaise habituel suite à un voyage n'était toujours pas passé et n'importe qui le connaissant bien l'aurait trouvé mal, sans doute, malgré ses efforts pour ne pas le laisser paraitre au premier venu. Elle lui déclara ne plus avoir de chaï, au plus grand malheur de l'Anglais qui ne perdit pas son air jovial. À croire que rien ne parvenait jamais à ternir son humeur enfantine. Sans perdre contenance, il se redressa donc sur sa chaise, effaçant cet air fatigué de ses traits redevenu quasiment normal (du moins normal dans son cas).

-Quel dommage! C'est pourtant la consommation liquide la plus jouissive qui soit. Mes avis qu'il n'y aura jamais mieux! Un brin sucré au goût, pourtant épicés comme il se doit aux narines. L'odeur de la cannelle est parfaite.

Avant de traumatiser la jeune fille davantage, il commanda autre chose et se replongea dans la contemplation minutieuse de la photo en songeant qu'il y en avait sans doute d'autre.

Une envie de traîner. Une journée paisible qui continuait sous les meilleurs augures. Vu que je travaille à temps partiel, ça me laisse pas mal de temps libre, de journées sans obligations. Et c'est tant mieux. J'aime mon train de vie. J'aime la liberté. Pouvoir faire ce que je veux. Ne pas être pressé. Prendre mon temps. Pouvoir passer du temps avec des filles, par exemple. Et vu mon train de vie actuel, travailler si peu n'est pas un souci, financièrement. J'habite en ce moment dans une petite chambre d'hôtel, pas très bien fréquenté, du coup le loyer mensuel n'est pas très élevé. Au final, j'ai du temps pour moi, et j'en profite. Comme maintenant.

Il fait beau, le soleil brille haut. Le moment idéal pour me balader dans un parc, à la recherche d'une proie féminine qui remplirait ma soirée, voire un peu plus. Peu m'importe. C'est juste pour passer le temps. Je n'ai pas envie de m'attacher, j'ai envie d'être aussi libre de mes mouvements que possible. Au final, j'ai toujours la vie que mène un célibataire, même si je me trouve des compagnes de temps en temps. Direction donc le parc, à la recherche de compagnie.

En passant devant le café, je m'arrête. Il me semble apercevoir quelqu'un que j'ai rencontré il y a quelques semaines. Bizarre comme il a l'air un peu plus âgé, subitement. Il a l'air d'avoir pris quelques années en l'espace de moins d'un mois, c'est étrange. Mais le stress, les préoccupations, peuvent causer ce genre de symptômes. Etant donné que j'avais bien sympathisé avec lui la dernière fois, je décide de reporter ma chasse. Après tout, les filles ne vont pas s'envoler. J'entre dans le café, et m'approche de l'homme, tenant une photo à la main, en train de siroter une boisson. Je m'approche d'Hannibal et l'interpelle.

"Salut, Hannibal, comment ça va ? Qu'est-ce que tu fais tout seul ici, tu attends quelqu'un ?"

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