I got sunshine in a bag

Sujet: I got sunshine in a bag Dim 3 Fév - 1:51

Il était planté au centre de la place, nez plissé, avec ce petit air de déjanté. Du moins avait-il suffisamment l'air dérangé pour qu'on le contourne parfois d'assez loin avec un lancement de regard tout à fait méfiant. Il ne s'en préoccupait guère. Sa perplexité s'était plutôt rivée à autre chose que ce monde qui l'entourait. Il frissonnait de froid, mains découvertes, obstinément camouflées dans le pli de ses coudes, en espérant peut-être les réchauffer un minimum. Buée subtile s'échappant à la moindre respiration, il avait posé ses yeux sur le trottoir parcellement blanc, sur les sombres empruntes de pas qu'il y discernait, mais surtout sur ses chaussures et bas de pantalons trempés et gelés. Hivernal. Le temps était hivernal et il le ressentait jusque dans la moelle de ses os grelottant. S'il y avait bien une chose qui le répugnait particulièrement, c'était cette sensation de lourdeur désagréable et d'humidité emprisonnant les vêtements, gelant l'être, le corps et ralentissant limite ses fonctions cognitives et mentales. Peut-être était-ce exagérer de penser ainsi, mais il le percevait de cette manière. Il voyait l'hiver avec tant de dégoût qu'il foutrait le camp vers une autre époque aussitôt si ça lui était possible de le faire en cet instant.

La neige, c'est tout mouillé. Et ce n'était pas l'élément dans lequel il se sentait nécessairement le plus à l'aise. Il se remit finalement en route pour... nulle part. Désespérément nulle part, un air étrangement sérieux sur ses traits. S'il ne songeait à rien en particulier, il ne savait pas non plus ce qu'il faisait si ce n'était de déambuler dans une foule de moins en moins dense, qui s'éparpillait doucement entre coins de rue, se glissant parfois dans telle ou telle porte qui se refermait sur son regard mi attentif mi rêveur. Et lui, imperturbable, ne savait ni que faire ni que dire aux oiseaux de mauvaises augures qu'il rencontrait de temps à autre. Il leur lançait parfois un regard désenchanté. Une grimace mentale qu'il le tirait lorsqu'ils avaient le dos tournés et détournés.

Et brusquement, à sa droite, une tâche jaune attirant le regard. Il se tourna vivement, pétillement silencieux dans les yeux, sourire familier et gamin suspendu à ses lèvres. La floraison lui paraissait miraculeuse et pourtant si réconfortante en ces temps qu'il trouvait plus que difficiles. Même s'il avait connu pire. Même s'il savait que ceci n'était pas forcément un temps si désagréable qu'il le décrirait au premier venu le questionnant à ce propos. Il se sentit presque protecteur de voir la pétale jaune, tache solaire sur un tapis nuage à raz le sol. Mais il ne s'attendait pas non, en releva ses iris bleuté à croisé reflet miroir à cette miraculée hivernale dans le genre humain. À vrai dire, il s'étonna lui-même de sa propre confusion à ce moment précis. La silhouette féminine se dessinait à quelques pas de sa personne, de toute évidence de ce qu'il était. Ou pas. Il n'aurait su dire exactement. Il n'aurait su dire non plus pourquoi il détourna ses yeux plus que curieux dans la normalité des choses et lui de pousser un soupire fatigué. Parce que ce n'était pas le genre de sentiments soudains qu'il se permettait d'avoir de temps à autre. Non, jamais. Jamais... parce que la solitude était un fardeau à porter. Du moins le croyait-il dure comme fer.

Sans doute était-ce là la raison pour laquelle il fuyait de suite un sentiment qu'il nota de quelconque, dans sa tête, pour se concentrer de nouveau sur la fleur et oublier le feu roux d'un chevelure sur le blanc d'hiver.

Sujet: Re: I got sunshine in a bag Dim 3 Fév - 19:19

Les flocons de neige virevoltaient en chutant au sol. La ville se couvrait de blanc, les trottoirs et les routes ne devenaient plus fréquentables et les enfants s'émerveillaient en regardant les flocons tomber du ciel. Certains pestaient mais globalement les gens étaient heureux d'avoir de la neige. Certes, il faisait froid et humide mais le spectacle des flocons tombant au sol et de la neige immaculée sur le sol forçait l'admiration. La neige était une sorte de miracle de la nature : comment pouvait-elle tomber de nuage sans provoquer des cratères en tombant ? Et puis comment expliquer le fait que dès qu'il y avait de la neige, les humains retombent en enfance et jouent avec ? La neige avait sans doute un effet abrutissant...
Angel était restée devant sa fenêtre à regarder la neige tomber tout en caressant son chat qui avait élu domicile sur ses genoux. La neige avait sur la rousse un effet apaisant. Lorsqu'elle regardait les flocons virevolter aux désirs du vent, la jeune femme oubliait tous ses problèmes. Le deuxième chat miaula en venant se frotter aux jambes de Angel et cette dernière se leva pour aller lui chercher des croquettes, mouvement que suivirent immédiatement les deux félins : qu'on dorme ou pas, la nourriture c'était sacré !
La rousse enfila des bottes noires doublées avec effet fourrure. Elle pris son manteau chaud bleu marine et mit la capuche sur sa tête en posant le pied dehors : la neige ne semblait pas vouloir s'arrêter. Les cheveux roux de Angel sortaient de sa capuche et elle avait si froid aux doigts qu'elle décida de mettre ses gants en cuir noir. Elle marchait rapidement, comme à chaque fois qu'elle sortait, afin d'éviter d'avoir à croiser le plus de personnes possibles, pour ne pas être obligé de supporter les « Vous êtes parfaite ! » dont on la gratifiait à chaque fois qu'on la voyait. Elle marchait aussi pour éviter les enfants qui pourraient se mettre à la pourchasser, trouvant la chasse plus intéressante que la bataille de boules de neige. La rousse trébucha et manqua de s'écraser lamentablement par terre mais au dernier moment, elle réussit à se rattraper. Personne n'avait fait mine de l'aider et Angel trouva le courage de relever la tête pour regarder les gens qui l'entouraient. A la plus grande surprise de la rousse, les gens passaient à côté d'elle sans se préoccuper d'elle et pas un ne lui souffla un compliment barbant. La rousse était plus qu'étonnée : d'habitude elle ne pouvait pas faire un geste sans avoir une horde d'admirateurs à ses trousses. Les enfants qui jouaient plus loin ne faisaient même pas attention à elle et les personnes âgées assises sur les bancs ne semblaient même pas l'avoir remarquée. Angel resta un moment perplexe puis elle prit la fuite en se disant que ça risquait de ne pas durer... Elle profita de l'absence de horde désagréable à ses côtés et apprécia la solitude tout en jouant avec la neige. Virevoltant dans la neige comme une enfant, Angel profita de sa liberté de mouvement puis s'arrêta pour regarder le ciel en souriant. Pourquoi plus personne ne la regardait, elle n'en avait aucune idée mais ça lui allait très bien ainsi. Ne plus être le centre d'une attention vide la contentait au plus au point mais elle sentit que ça n'allait pas durer éternellement. Peut-être la journée, peut-être la semaine ou peut-être moins d'une heure mais le fait était qu'en ce moment précis, Angel était heureuse.
On pourrait expliquer cette absence d'attention par un creux dans son pouvoir mais la rousse ne se préoccupait pas de la raison mais seulement du résultat : elle était seule et libre. Les phéromones étaient toujours autour d'elle mais ils n'étaient pas actifs du tout. Hibernaient-ils ? Était-il possible que des phéromones hibernent d'ailleurs ? Toujours est-il qu'en ce jour précis, Angel était comme une humaine sans pouvoir. Son pouvoir portant sur les phéromones était comme éteint, comme s'il se chargeait en attendant de revenir encore plus puissant... La rousse se promenait lorsque son regard tomba sur un individu accroupi dans la neige. Il semblait admirer quelque chose et la curiosité de la rousse fut piquée : elle s'approcha doucement de l'individu pour tenter d'apercevoir ce qu'il regardait. En temps normal elle aurait fuit le contact humain mais aujourd'hui elle se sentait... normale ? Elle sentait au plus profond d'elle-même que l'on allait pas la dévisager et la complimenter comme on le faisait d'habitude.

- « Oh une fleur ! Elle est magnifique ! Je pensais que la neige les avait toutes recouvertes ! »

La rousse sourit comme une enfant et son regard croisa celui, bleu, de l'individu. Ce dernier soupira et regarda le sol : la remarque enfantine de Angel l'avait sans doute gêné, déprimé ? Angel ne savait pas trop quoi dire : elle avait fuit la proximité des gens depuis tellement longtemps qu'elle ne savait même plus comment construire une discussion avec quelqu'un.

- « Vous ne devriez pas rester immobile sous la neige, vous allez mourir de froid ! »

Angel retira l'écharpe en laine blanche qu'elle avait autour du cou et la tendit à l'individu.

- « Tenez, prenez-la, il ne faudrait pas que vous attrapiez froid ! Ce n'est pas grand chose mais ça vous tiendra au moins le cou au chaud. »

Angel était radieuse : son absence de pouvoir la rendait euphorique et elle ne pouvait s'empêcher de sourire en regardant le monde qui l'entourait. Il lui semblait voir le monde différemment et cela l'enchantait au plus haut point. Avisant un café ouvert un peu plus loi, Angel se dit qu'elle irait bien boire un bon chocolat chaud : puisque ses pouvoirs étaient au point mort, autant en profiter pour faire ce qu'elle n'aurait jamais osé faire en temps normal !

- « Allons nous réchauffer à l'intérieur de ce café ! Je meurs d'envie de boire un chocolat chaud, pas vous ? Venez donc ! Vous allez vraiment finir par attraper la mort à rester dehors par cette température... »

La rousse lui offrit un de ses plus beaux sourires et souffla dans ses mains pour tenter de les réchauffer à travers les gants. Allait-il l'accompagner ou non ? Dans son état actuel, quoi qu'il fasse, l'individu n'arriverait sûrement pas à atteindre la bonne humeur de la rousse tant elle voyait le monde avec des cœurs devant les yeux en ce moment...

Sujet: Re: I got sunshine in a bag Mar 5 Fév - 17:49

Il ne s'était pas attendu avoir voir les flammes qui avaient attirer son attention se rapprocher furtivement de cette façon. Il avait écouter les pas craquant dans la neige fondante et il n'avait oser relever les yeux immédiatement, s'obstinant à les ignorer, s'attardant un instant encore sur la fleur jaune dont il ne connaissait pas l'espèce, mais dont il adorait déjà le parfum et le symbole. Mais elle s'adressa à lui de cette petite voix cristalline qui lui fit relever un visage curieux vers elle, posant une fois de plus ses grands yeux sur ces flammes légères qui encadrait ses traits féminins. S'il hésita un instant, il finit par lui décrocher à son tour ce sourire si familier chez lui. Parce que la moindre petite ombre de noirceur ne restait jamais bien longtemps. Il s'était complètement redresser pour lui faire face, non pas comme une ombre menaçante, mais se montrant son égal sympathique, les mains toujours glissées sous les bras dans un frisson glacial ultime. Il eut un petit air attendrissant lorsqu'elle mentionna sa pensée par rapport au végétal et il songea que c'était unique, comme lui, comme elle, comme eux, sans doute. Chose fragile et pourtant plus forte que sa propre personne à résister au froid, au vent, à l'avenir, sans se soucier du voisin qui oserait mettre le pied sur elle.

-C'est dans leur nature que de souiller la neige d'un rayon jaune soleil. Elle ne pousse qu'à ce temps de l'année, il me semble, laissa-t-il finalement tombé sur ce ton vague, entre rêverie enfantine et adulte, comme s'il ne savait trop sur quel pied danser exactement à ce moment là, comme s'il n'était pas certain de la manière dont il se devait de se comporter.

Il eut une drôle d'expression amusée et sceptique tout à la fois. S'inquiétait-elle réellement pour lui ou n'était-ce qu'une parade qu'elle se donnait? Il avait l'impression que ce n'était pas une réelle préoccupation, mais plutôt une question de politesse. Et même si naïf de nature, il ne se laissa pas avoir de cette manière, bien qu'il se montra toujours enclin à tendre le bras et à baiser subtilement la surface lisse et douce du dos de la main de la belle. Mais lorsqu'elle lui tendit son écharpe, un brusque éclat de rire franc s'échappa de lui, non pas qu'il se moquait d'elle, mais plutôt que ce comportement peu habituel le frappait plus que de raison. Facile au rire, il ne savait pas très bien s'il venait de la vexer ou non et paraissait s'en moquer sur le coup, trop peu inquiet qu'il était de ce que pouvait penser les autres à son sujet. Il bougea finalement sa main pour attraper son propre écharpe avec toujours ce rire retenu en travers de la gorge.

-Merci, merci beaucoup, mais j'ai eu l'idée de m'en procurer une avant de mettre les pieds dans ce tapis humide. Je vous en conjure, gardez votre propre cou au chaud. Je me sentirais coupable que vous attrapiez un coup de froid.

Il nota à quel point elle semblait fascinée, légère. Il nota ce caractère dans un coin de sa tête et afficha un sourire plus rêveur que d'ordinaire. Hannibal était celui qui paraissait toujours le plus fou, le plus dérangé, le plus jovial et bavard et pour une fois, il se sentit mentalement calmé par l'excitation qui émanait d'elle, comme si, sans vraiment s'en rendre compte, elle avait un petit effet apaisant sur le comportement marginal et en norme de la société du mutant Voyageur. Et Hannibal se révéla d'une galanterie qu'il ne s'était connue qu'en quelques époques passées. Aujourd'hui, ce n'était déjà plus l'année pour ce genre de comportement chevaleresque dont il était caractérisé. Et il avait tendance à se retenir. Pourquoi aujourd'hui, dans ce cas? Pourquoi avec elle plus qu'avec une autre?

-Vraiment? J'adorerais vous accompagner puisque vous insister, laissa-t-il tomber sans cacher son ton ravis de la proposition, Je m'appelle Hannibal Lawford...

Parce que dans ses règles de coutumes de sympathisassions avec une femme que l'on appréciait, sa mère avait toujours insister pour se présenter entièrement et non pas une seule part de sa propre identité. Son lui entier était important et il ne songeait pas que ce n'était peut-être plus le cas, ni que ce vouvoiement peu familier de l'époque la ferait peut-être fuir au premier détour. Mais il était bien, tout simplement bien.

Sujet: Re: I got sunshine in a bag