It's me ! Again... • Callisto

Sujet: It's me ! Again... • Callisto Mer 15 Juin - 13:47

• It's me, again •

L'institut, c'est bien. C'est grand, c'est beau et il y a tout ce qu'il faut. Oui... à un détail prêt. On pouvait pas par exemple, prendre un hot-dog en marchant dans la rue par exemple. C'est ce qu'avait décidé Sean en se levant ce matin là. Dans la journée, il irait manger quelque chose dans Central park, histoire de voir du monde. Il faisait en plus un temps vraiment radieux. Les oiseaux chantaient, les rayons du soleil dominaient tout ce qu'il pouvait et de douces brises se faisaient parfois sentir durant quelques agréables secondes. Sean marchait donc en dehors de l'institut et se fit emmener par un taxi à Central Park. Il observait le paysage, confortablement installé à l'arrière de la voiture. Bien évidemment, ce chauffeur de taxi n'était pas un être humain mais un mutant. Charles ne voulait pas que l'on découvre son petit coin de paradis, alors, mieux valait-il s'entourer de personnes de confiances, dont des chauffeurs.

Une fois arrivé sur les lieux, le jeune mutant se précipita donc vers le premier snack qu'il croisa (propre, c'était un bon point) et pris sa barquette de frites et son Hot-Dog ainsi qu'une petite bière. Il se fichait bien de boire de l'alcool, ce n'était pas ça qui allait le rendre saoul. Les gens autour de lui semblaient heureux et Sean se sentait un peu amusé de savoir qu'aucunes de ses personnes ne puissent se douter de ses capacités. Qui parmi eux se dirait en le regardant « Tiens, mais ce jeune homme est différent ! » ... absolument personne. Sean avait plus de chance que d'autres mutants, contraints de se cacher et il en avait conscience. Soudain, cela ne l'amusa plus tellement. Il prit place donc près d'un arbre, terminant son repas en observant les gens. Un groupe de filles passa près de lui et naturellement, Sean décida de jouer un peu de son coté dragueur.

— Bonjour Mesdemoiselles... quelle belle journée n'est-ce pas ? Ça vous direz de promener dans le parc avec moi ?

Mais les filles se tournèrent à peine, l'observant avec un regard en travers, puis, une fois de dos, elles pouffèrent de rire. Même s'il fut déçu de la réaction de ces dernières, il ne le montra pas et lança d'un air nonchalant...

— Ce n'est rien ! Une autre fois peut-être !

Si seulement Sean savait qu'une de ses anciennes proie était dans le parc, peut-être à cet instant même, non loin de lui.Callisto... une jeune fille tout à fait... étrange. Sean avait pris la fuite de cette dernière comme un jeu. En effet, après avoir fait son petit numéro auprès de la demoiselle, celle-ci avait fui. Mais Sean ne lâche pas facilement prise. Après tout, on ne sait jamais.

Callisto s'était enfermée des jours durant. Elle avait passé ses journées à travailler, concentrée sur l'intendance de l'appartement qu'elle partageait avec sa soeur. La blonde avait jonglé entre les révisions de ses examens et ses autres obligations. Et l'affaire n'était pas si simple que prévu. Submergée, elle avait fini par baisser les bras et abandonner cahiers de comptes et code civil pour sortir s'aérer. Agacée, Callisto avançait dans la rue tête baissée, plus déterminée que jamais. Déterminée, oui, mais à quoi ? Si le but de cette promenade était de se changer les idées, foncer droit à travers New-York en bougonnant n'était peut-être pas le meilleur moyen pour elle de se détendre.

Elle finit par ralentir arrivée aux environs de central park. Les gens passaient à côté d'elle, mais personne ne semblait l'ignorer. L'anonymat de la foule ? Difficile pour cette mutante, qui dégageait un charme qu'elle ne pouvait contrôler. Bien sûr, elle avait envisagé plusieurs fois de voir si elle agissait de la même façon sur les autres mutants. Le soucis étant qu'elle n'en connaissait pas vraiment, et que dès qu'elle en connaissait un, elle se contentait de fuir en s'excusant poliment... Elle n'avait jamais obtenu de réponse. Il lui avait paru cependant assez clair qu'ils étaient peu, ou moins touchés par son influence. De même, elle ne pouvait donner d'ordres qui soient exécutés de façon mécanique à Calypso, sa petite soeur. En bref, dans son existence, Callisto ne croisait que des personnes plutôt enclines à lui obéir sans sourciller. Et le problème de ce genre de pouvoir était de voir tout ses moindres désirs réalisés à la seconde. A tel point qu'elle ne trouvait son bonheur qu'avec elle-même, parfois sa soeur, souvent le nez plongé dans un livre. Cette obéissance sans bornes de la part du monde qui l'entourait l'en avait lassée.

Le danger non plus n'existait pas dans la vie de Callisto Amberfield. Si une personne lui paraissait mal intentionnée il lui suffisait de lui ordonner de partir dans le sens inverse. Tout ce qu'elle voulait, elle l'avait, avec ou sans l'héritage qui donnaient à ses comptes en banque l'allure d'un PIB. En bref, si elle ne s'était pas donné pour mission de s'occuper de sa petite soeur, l'ennui aurait envahi sa vie, pour finalement et probablement la plonger dans une déprime noire et sans issue. Mais peut-être que Callisto, à l'heure où elle marchait en direction de Central Park, ignorait à quel point les mutants étaient nombreux, organisés, et prêts à se battre.

Elle ignorait cela aussi bien que la présence de l'un d'eux entre deux arbres. Non seulement il était un mutant, mais elle l'avait déjà croisé. Cependant, cela ne l'empêcha pas d'ignorer jusqu'à sa présence lorsqu'elle passa à côté, tête basse, pas rapide malgré sa robe noire et austère, aussi cintrée que possible, qui bloquait parfois sa respiration. Car si Callisto n'avait rien contre les jupes un peu plus courtes, elle ne pouvait envisager de sortir sans être étouffée par des vêtements qui la rendait plus squelettique qu'elle ne l'était. Si les vêtements flottaient, c'était une preuve, à ses yeux bien sûr, d'un certain manque de soin et de rigueur.

Alors elle ne s'habillait que de noir et de blanc, si possible serré à l'extrême, et de talons aiguilles qui frappaient le sol dans un bruit caractéristique. L'inconvénient de ce genre de chaussures étaient probablement les quelques pavés qui s'étaient égarés à central park. C'est en passant devant Sean, sans même le remarquer, que la jeune blonde coinça sa chaussure entre deux pavés pour finalement s'écrouler, sans grande classe il fallait l'avouer. Son talon s'était admirablement coincé. Si quelqu'un avait voulu le faire exprès, il n'y avait que peu de probabilités pour qu'il y soit arrivé.

Le tas de cheveux et de tissu qu'était Callisto s'agita un long moment, pendant qu'elle tentait vainement de sortir sa chaussure de là, avec le peu d'égo qui n'était pas lui aussi tombé par terre. Sans oublier que ses vêtements serrés et ajustés au centimètre l'empêchaient dans 75% de ses manoeuvres.

Sean regardait les oiseaux qui se battaient dans un nid au dessus de sa tête. Quelque part, avec son pouvoir, il se sentait un peu proche d'eux. Non seulement leurs cris étaient semblable (même si celui de Banshee se rapprochait de l'aigle qui rend sourd) mais en plus ils pouvaient voler grâce à de petites ailes. Bon, bien sûr, les ailes de Sean ne faisaient pas parties de son anatomie, c'était quelque chose que Hank McCoy, un mutant scientifique, avait crée pour lui permettre de voler. Mais après sa petite contemplation des oiseaux, Sean entendit un bruit étrange. Il détourna alors son regard et vit une silhouette s'agiter à quelques pas de lui. En s'approchant, Sean remarqua qu'il s'agissait d'une jeune fille ayant coincé sa chaussure entre deux pavés. Il n'allait quand même pas la laisser là comme ça sans rien faire. Puis, en regardant d'un peu plus près, il s'aperçut que la jeune fille n'était autre qu'une certaine demoiselle qu'il avait déjà essayé de charmer. Amusé de la situation, Sean se mit donc devant la jeune fille, bien droit, les bras croisés.

— Besoin d'aide ?

Mais le jour où Sean lui avait parlé pour la première fois, cette dernière avait tout simplement fuit, comme beaucoup d'autres avant elle. Pour une fois que Sean avait l'occasion de tenir l'une d'elle près de lui plus de deux secondes, il n'allait pas laisser passer sa chance. Coincée dans le pavé, Callisto ne pouvait plus fuir. Une fois, Sean avait même profité d'être à la même table qu'une jeune fille qui lui plaisait, à l'école, pour parler de tout et de rien. Quelques jours après, l'élève avait mystérieusement changé de place. Sean n'était pas un beau garçon attirant les foules. Il se contentait d'essayer de séduire, tout en sachant pertinemment qu'il ne plaisait pas à 90%. Il n'avait pas une coiffure parfaite, pas de vêtements parfait, pas un physique à faire fantasmer le monde entier... mais cela ne le dérangeait pas, jamais il ne changerait ce qu'il était, pour rien au monde.

— Ah moins que tu prennes la fuite sans ta chaussure. Je le comprendrais tu sais. Après tout, la dernière fois, tu es vite partie. C'est marrant qu'on se retrouve ici en fait. On aura peut-être l'occasion de parler un peu plus... autour d'un verre ? Sauf si tu préfères rester dans le parc, moi, ça ne me dérange absolument pas.

Sean parlait beaucoup, mais tout comme son physique et son caractère, ça ne le dérangeait nullement. Il pouvait aligner plus de trois mots, pourquoi s'en priver ? Il attendit donc la réponse mais surtout la réaction de la mutante. Peut-être que maintenant, elle lui répondrait et parlerait avec lui. Ou bien, elle fuirait. Ou bien, elle allait l'envoyer balader. Au choix, mais Sean s'attendait à tout.

Elle luttait, elle tentait de dégager sa jambe mais rien n'y faisait, tout était coincé. La blonde laissa un lourd soupir glisser entre ses lèvres avant d'enfin relever les yeux vers l'ombre qui la gênait. Elle retînt un petit grognement en appuyant sur son talon, dans l'espère que cette tentative désespérée n'ôte enfin le talon taquin. Mais non. Non, tout était bien enfoncé, encastré.

Le roux. Elle n'arriva pas à le resituer dans un premier temps. Peut-être l'avait vu dans un quelconque restaurant, en temps que serveur, ou même, il lui évoquait un portier de son immeuble. Un chauffeur de taxi ? Décidément, elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Ce jeune homme au sourire plus brillant que le soleil lui-même était une ombre totale dans son esprit. Esprit passablement agacé, électrisé.

" Je préférerais que vous partiez. Maintenant. "

C'était un ordre. Et toute personne normalement constituée y aurait obéi docilement, touché par ses pouvoirs mutants. Or non. Non, celui-ci continuait son monologue sans prendre garde à la phrase qui avait coupé ses dires. Il en était à une sombre histoire de fuite sans chaussures lorsque Callisto réussit enfin à le reconnaître. Elle poussa un léger soupir et baissa les yeux. Le singe parlant. Voilà dans quel tiroir elle avait rangé l'adolescent hyperactif. Il parlait de verre. Boire un verre ? N'avait-elle donc pas la tête d'une sorcière au bord de la crise de nerf à cet instant-ci ? Manifestement non. Elle donna un léger coup dans le sol et soupira. Oui, la dernière fois, elle était vite partie. Comme elle partait vite à chaque fois que quelqu'un l'approchait de trop près.

L'approchait.

Osait marcher trop près.

Passait dans la rue.

La regardait.

La considérait comme une créature peuplant la terre.

En gros, il était difficile de ne pas provoquer chez elle une réaction de fuite. Il y avait éventuellement les animaux qui ne lui hérissaient pas le poil. Mais là, elle était coincée. Un lapin dont le jambe était prise dans un piège à ours. Mais l'option "s'arracher la jambe et partir à cloche-pieds" n'était pas raisonnable. Du moins pas à ses yeux. La blonde secoua la tête une énième fois et grimaça.

" Tout comptes faits... Je veux bien que vous m'aidiez à m'enfuir. "

Elle montra sa chaussure en detresse et releva les yeux vers le jeune roux.

— Je préférerais que vous partiez. Maintenant.

Sean l'observa avec attention et eut un petit rire de surprise. Comme s'il allait lui obéir. Non, Sean était beaucoup trop tenace pour s'enfuir à la moindre occasion. La situation l'amusait beaucoup. Pour une fois qu'une fille ne pouvait pas partir loin de lui après qu'il est ouvert la bouche était une bonne chose. Le groupe de filles qu'il avait accosté quelques minutes plus tôt lui avait donné mauvais espoir, une nouvelle fois. Sean avait envie de tenir une conversation normale avec quelqu'un, juste pour aujourd'hui. Il ne demandait pas grand chose, juste un peu d'attention. Il n'était pas non plus fou amoureux de Calisto, mais se comportait tout comme. Pourtant, il n'avait aucun sentiment envers cette jeune fille qu'il ne connaissait que de vue. Elle faisait partie des mutants de l'institut, pourtant, jamais Sean n'avait vu la jeune fille partager un repas aux mêmes heures que lui.

Avançant à petits pas, avec son sourire amusé accroché au visage, Sean posa son regard sur le talon coincé, remontant lentement à la jambe, aux vêtements, puis au visage de la jeune fille. Elle était vraiment belle et semblait même inaccessible. Elle dégageait quelque chose que Sean n'aurait su expliquer. Puis ses yeux étaient vraiment captivants. Si seulement Sean avait su de quoi était capable Calisto en tant que mutante, peut-être que la situation l'aurait amusé mille fois plus. C'est vrai, cet ordre qu'elle avait donné et qui ne pouvait être reçu que par les mutants était donc nul. Sean n'obéit pas, continuant son petit monologue sans se trouver ridicule. Et là, Calisto grimaça.

— Tout comptes faits... Je veux bien que vous m'aidiez à m'enfuir.

Telle une princesse bloquée par une terrible malédiction, elle leva les yeux vers Sean. Est-ce qu'il serait raisonnable de la sortir de là ? Peut-être fallait-il encore la laisser là, coincée dans ce pavé. Mais Sean n'était pas aussi méchant et machiavélique. Il entreprit donc de retirer lentement le pied de Calisto du pavé, en espérant que la fuite ne soit pas trop rapide cette fois-ci.

— Si jamais tu te demandes comment me remercier, sache que je ne suis pas difficile. On peut prendre un verre. Juste, pour discuter. On est mutants tous les deux non ? Ce serait bien de faire connaissance, tu me dois bien quelques minutes de ton temps.

Sur les boulevards je t'évites.
Tu es la boule noire, la numéro 8.

Callisto soupira longuement. Un dernier coup de jambe désespéré ne la tira pourtant pas de là. Ce fut le roux, le singe parlant comme elle l'avait surnommé, qui la tira de ce mauvais pas. Elle-même se trouva relativement cruelle en voyant toute la bonne volonté que mettait Banshee, car tel était son nom mutant, à lui retirer le talon emprisonné. En Cendrillon des temps modernes, ses yeux volaient d'un arbre à l'autre, tentant non pas de retrouver son prince mais plutôt de l'éviter. Elle se sentait faible. Elle qui d'habitude contrôlait chacun de ses gestes, chacune de ses réactions, c'était elle qui était à genoux, embarrassée, honteuse et secourue. Surtout secourue.

Et il continuait de parler pendant qu'elle se redressait, tentant de ramasser avec elle le peu d'égo qu'il lui restait pour la journée. Callisto, la reine des glaces, la sirène de l'Antarctique, Callisto la froideur incarnée, le vent mordant d'hiver. Oui, Callisto au talon cassé, effrayée par la seule présence d'un autre mutant à ses côtés. Mutant voulait dire aucun contrôle. Aucune emprise. Rien ne pouvait le faire obéir si ce n'était un peu de persuasion, de tact, de social. Tout ce que Callisto n'avait jusque là pas eu besoin de cultiver. Elle grimaça légèrement, fronça le nez, puis se passa finalement une main nerveuse dans les cheveux. Boire un verre. Boire.un.verre. Oui, certes, elle le lui devait. Il l'avait aidée après tout. Mais la seule idée de traverser la ville et d'entretenir une conversation qui n'avait pas de rapport avec l'argent ou le dernier film d'Hitchcock. En bref une conversation normale entre jeunes.

Elle hésitait. Très franchement. Etre mal élevée et fuir en lui lançant un regard hautain ou céder à sa raisonnable demande ? Ses yeux parcoururent un peu le pavé puis elle soupira lourdement, encore une fois." Va pour ce verre; vous m'avez bien aidé.... Ghandi." Ghandi. Ou Ganshee. Quelque chose chose dans ce goût-là. Cependant la blonde espérait avoir visé juste, relevant ses yeux au regard inexpressif dans ceux du roux surexcité. Il paraissait gentil, voir avenant. Il était l'exact contraire de tout ce qu'elle pouvait être. Et la jeune femme ne doutait pas une seconde que c'était le genre de personne à s'entendre parfaitement avec Aaron, son cher oncle, celui qui faisait de son appartement un refuge pour insectes en tout genre et un espace consacré à l'art contemporain basé sur la pourriture alimentaire. D'un geste las, elle ramassa sac et veste tombés dans la bataille et se planté de toute sa hauteur devant Banshee. " Je vous suis.". Elle n'avait visiblement pas compris que le vouvoiement était de trop.

Spoiler:

— Va pour ce verre; vous m'avez bien aidé.... Ghandi

— Ghandi ?

Sean n'était pas stupide, il voyait bien que son invitation ne réjouissait pas la demoiselle, mais tant pis. Il avait réussi à décroché une réponse positive, autant en profiter. Aux yeux des autres, le mutant pourrait paraître... lourd ? Mais qui tente rien n'a rien. Lui ne voyait pas ça comme quelque chose de négatif, il était juste déterminé. Callisto était une fille des plus charmante, même si sa façon d'être pouvait en refroidir plus d'un. Pas Sean. Heureusement d'ailleurs, mais pas pour la demoiselle.

— Je vous suis.

Prochaine étape : trouver un endroit où boire un verre. L'ambiance n'était pas des plus joyeuse, mais Sean trouvait quand même le moyen de sourire. Un sourire montrant toute la satisfaction qu'il ressentait en ayant réussi à avoir un petit moment avec Callisto. Mais si, à l'avenir, elle ne voulait pas passer du temps avec lui, ce n'était pas bien grave, Sean pouvait s'en remettre. Ce n'était pas comme s'il était amoureux transit, non. Il ressentait juste le besoin d'en savoir plus sur cette mystérieuse mutante. A l'institut, beaucoup de garçons parlaient d'elle. Certains disaient même qu'elle ressemblait à Jadis, le personnage maléfique du livre de fantasy Le monde de Narnia. Toujours d'après les rumeurs, Callisto pouvait pétrifier les personnes qui se rapprochait trop d'elle où la touchait. D'autres rumeurs disaient qu'elle pouvait glacer les gens qui la regardaient trop longtemps dans les yeux. Dans tout ça, il n'y avait que du faux, mais Sean l'ignorait, bien évidemment. C'est pour cela que la jeune fille l'intriguait tant, surtout que son réel pouvoir était inactif sur Banshee. Un silence pesant c'était maintenant installé et il était temps de rompre la glace, sans mauvais jeu de mots.

— Alors... Tu es à l'institut, donc... tu es forcément une mutante. C'est quoi ton pouvoir, à toi ?

Cette question avait tellement été posée que c'était devenu un automatisme pour Sean, comme une bonne raison de faire un premier pas. Une fois que les mutants dévoilés leurs pouvoirs, il ne restait plus qu'à en savoir plus sur l'identité et le caractère, les goûts. Sean ne savait pas s'il réussirait à soutirer beaucoup d'informations de la part de son invitée, mais il tenterait le tout pour le tout, quitte à la faire fuir une seconde fois.

— On dit que tu gèles les gens, ou encore, que tu les pétrifies. Je pense que si c'était le cas, personnellement, tu n'aurais pas hésité à t'en servir sur moi, mais c'est mon avis personnel.

Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi;
Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas.

Callisto marchait en silence aux côtés du roux. Ses talons s'enfonçant légèrement dans le sable des allées du parc. La blonde ne pouvait s'empêcher de regarder le sol sans broncher. Elle n'était clairement pas à l'aise. Ce n'était pas qu'elle détestait particulièrement les gens, elle n'était pas une misanthrope. Mais de tous les voir là, grouillant comme des insectes, se rencontrant, s'échangeant quelques mots, puis se séparant, pour en retrouver d'autres. Comme si la vie n'était qu'une interminable chaîne de rencontres et de discussion qui n'avaient plus de sens quelques jours après. Elle essayait donc tant bien que mal de concentrer son attention sur le jeune homme, beaucoup plus vivace qu'elle. Il semblait être à l'aise en toutes situations. Comme un poisson dans l'eau. Tout ce qu'elle n'était et ne serait jamais en somme. Elle avait même un peu ralentit l'allure pour ne pas lui donner l'impression de le fuir. Elle qui avait pour habitude de marcher à toute vitesse dans les rues faisait l'effort de prendre un rythme de promenade. Un rythme de passant. Un rythme qui lui laissait tout le loisir d'observer sa ville. Les arbres paresseusement secoués par une légère brise, la lumière qui filtrait entre les feuilles pour dessiner au sol des motifs aléatoires. Il y avait aussi la pelouse bien coupée, protégée par une petite barrière en fer forgé. Il y avait même un peu d'eau, plus loin. Central Park était un espace hors du temps. Il était isolé de toute la ville, une bulle de nature dans un monde de buildings, d'extensions et de rêve américain.

Un espace d'inertie, de paix. Callisto en profitait. Bientôt ils allaient rejoindre un bar qui serait probablement bruyant, et surtout rempli de gens. Ces gens. Gens. Le mot perdait de son sens, trop souvent répété. Les gens c'était tout et rien, c'était la société et l'anti-société. Les c'était les démocrates et les républicains, les gens c'était les humains et les mutants, les gens c'était tout ce qui l'inquiétait. Elle était aussi une partie de cet immense amas. Les gens, regroupés dans les villes, les gens qui se baladaient dans le parc. Sean et elle. Elle adressa un rapide coup d'oeil à son compagnon de route. Il transpirait la joie de vivre. Elle se demandait même vaguement d'où lui venait cette énergie, qui en elle-même le séparait du genre humain , sans compter les pouvoirs mutants. " Mon pou..." Il avait déjà commencé une autre phrase. Il parlait des rumeurs qui courraient sur elle.

Des rumeurs ? Elle qui venait à peine d'entrer à l'institut, qui ne parlait à personne, qui marchait en faisait profil bas. Des rumeurs. Des gens, encore eux, la regardaient, l'épiaient et spéculaient sur elle. Un frisson d'effroi lui couru dans le dos. Elle se fichait bien de ce qui était dit sur elle. Ce qui l'effrayait, c'était cet engouement pour qu'on avait pu avoir pour sa personne. Elle n'appréciait pas ce regard en coin, cette façon étrange dont les gens se mêlaient des histoires des autres. Ne pouvaient-ils pas faire comme elle ? Regarder leur chemin, yeux rivés sur le futur proche, regarder où ils mettaient les pieds? Pourquoi fallait-ils qu'ils se penchent pour regarder la vie du voisin ? Et parfois même si leurs chemins ne se croisaient jamais. Elle n'avait parlé à personne, excepté pour demander un numéro de salle." Non je ne fais pas tout ça. Je ... Je peux contrôler les humains pour l'instant. Je voudrais pouvoir le faire aussi sur les mutants mais ça sera un long travail. Voilà mon pouvoir. Voilà pourquoi nous allons boire un verre, parce que tu n'as pas obéi lorsque je t'ai dit de partir." Son ton était clair. Ses paroles bien articulées. Mais elle n'avait pas été plus froide qu'à son habitude. Elle était simplement sincère, comme toujours. Désarmante. " Et qui parle de moi ? Pourquoi parle t-on de moi ? "

Elle n'avait qu'une crainte : qu'on sache pour ses fraques avec Erik. Elle avait tout, tout sauf envie que l'on jase sur sa relation avec Magneto. D'ailleurs il n'y avait aucune relation. C'était simplement une histoire, deux chemins qui s'étaient croisés. Elle l'ignorait depuis. De toutes ses forces, elle y mettait toute son âme. Ses regards, froids, aléatoires, ne s'attardaient jamais sur le blond. Elle ne lui parlait pas. Ne participait pas lors des conversations, lors des cours. Elle était dans le fond, plus lourde qu'une pierre, et tout aussi causante.

Pitié. Se disait-elle. Pitié que ce ne soit pas ça.

Sans réellement s'en rendre compte, Sean venait d'aborder un sujet plutôt épineux. Les rumeurs naissaient vraiment partout. Qu'on soit mutant ou humain, c'est à peu près la même chose. Chaque personne vivant sur cette terre, même la plus discrète qu'il soit, devait faire face au moins à une rumeur dans sa vie. La personne discrète serait une sociopathe membre d'une secte. La personne vive et entouré d'amis serait quand même critiquait pour ses fréquentations ou son style de vie. La fille aux amis masculins serait une traînée, ainsi de suite. Sean, lui, était le rouquin turbulent qui ne pensait qu'à s'amuser. Le dragueur lourdingue qui faisait fuir les gens. Mais rien que le mot roux était déjà porteur de plusieurs rumeurs aussi ridicules les unes que les autres. Les roux sont stupides. Les roux ont une odeur particulière. Les roux sont des enfants du démon tout puissant... que de préjugés, mais qu'importe, Sean s'en fichait royalement. Ce n'était visiblement pas le cas pour Callisto. Les rumeurs ne lui plaisait pas, mais Sean l'ignorait. Alors, il parlait ouvertement de ce qui se disait sur elle, pensant peut-être qu'elle prendrait cette histoire avec facilité. Il pensait qu'elle se ficherait bien de ce qu'on pouvait dire sur elle, mais il avait tord. Sean n'était pas télépathe, malheureusement.

— Non je ne fais pas tout ça. Je ... Je peux contrôler les humains pour l'instant. Je voudrais pouvoir le faire aussi sur les mutants mais ça sera un long travail. Voilà mon pouvoir. Voilà pourquoi nous allons boire un verre, parce que tu n'as pas obéi lorsque je t'ai dit de partir.

Bonne nouvelle, donc. Elle contrôlait les humains. Enfin, bonne nouvelle, c'était vite dit. Entre de mauvaises mains, ce pouvoir pourrait s'avérer dangereux. Mais qui dit que Callisto est dangereuse ? Sean ne le pensait pas, cette idée ne lui traversa pas l'esprit. Ce qu'il avait retenu, c'était que le don de la jeune fille n'avait pas marché sur lui. Mais soudainement, il comprit que peut-être Callisto n'avait tout simplement pas envie de se trouver là, avec lui. Peut-être qu'elle faisait un effort surhumain pour accepter la présence d'un garçon qu'elle connaissait à peine. Sean sembla devenir un peu plus sérieux et compréhensif, mais avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soir, Callisto reprit la conversation en cours.

— Et qui parle de moi ? Pourquoi parle t-on de moi ?

Sean prit une profonde inspiration. Il n'écoutait pratiquement pas les rumeurs, sauf s'il n'avait pas le choix. En tout cas, il n'y participait jamais, ce n'était pas dans ses habitudes ni ses passions. Callisto, Hank, Raven, tout le monde avait un lourd bagage avec le mot "Rumeur" inscrit dessus. Tout le monde, même les professeurs.

— Je n'ai entendu parler que de tes sois-disant pouvoirs. S'il y a d'autres choses, je ne sais absolument pas...

Mais il mentait. Sean avait entendu ses petites rumeurs comme quoi le professeur Lehnsherr passait du temps avec les charmantes élèves. Mais est-ce que c'était vrai ? Pourquoi alarmer Callisto ? Si ce n'était que des qu'en-dira-t-on, il était inutile de faire arriver des histoires aux personnes ayant lancé la rumeur, au professeur ni à Callisto. Et puis, cette histoire ne regardait pas Sean après tout. Il était là uniquement pour parler un peu, se détendre, pas pour informer Callisto sur les petites histoires de l'institut.

— De toute façon, quelle importance ? On parle aussi de moi tu sais. Même sur le professeur Xavier... ce n'est pas nouveau après tout. Les gens parlent. Il faut juste... ne pas écouter. Après ils oublient.

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