Chambre d’Hôtel, Londres.


« Ouvrez ! Immédiatement ! » Lançant un bref regard à la porte sur laquelle on toquait avec force et rapidité, Meaghan se dépêchait de rassembler ses affaires dans un sac à dos noir. Elle se fichait bien de mettre ses vêtements en moulons à l'intérieur, car il serait improbable de plier son linge correctement alors que le propriétaire de l’hôtel et la police tambourine à la porte. « C'est bon, j'ai mes affaires, on peut partir ! » Un garçon de l'âge de Meaghan avait fait irruption dans la chambre. Lui aussi semblait pressé de vouloir partir et mit rapidement son sac sur le dos. « Ils sont combien ? » Dans sa voix, on pouvait entendre que Meaghan était inquiète. Elle avait beau faire comme si elle maîtrisait la situation, comme si elle était forte, mais ce n'était qu'une carapace. La jeune fille qui se trouvait sous cette couche de faux apparents était effrayée. Son don la rassurait, mais sait-on jamais. Elle ne voulait pas devenir une criminelle recherchée ni ruiner ses rêves d'avenir dans le journalisme. Après tout, elle ne faisait rien de mal. Si elle choisissait minutieusement les comptes qu'elle volait, les chambres d’hôtel où elle logeait, c'était justement pour ne pas culpabiliser ni se sentir trop monstrueuse. Un hôtel grand luxe qui marche comme sur des roulettes ne fera pas faillite juste parce qu'une chambre a été occupée sans être louée. Telle était la philosophie de vie de Meaghan.

Le garçon qui l'accompagnait posa les yeux sur la porte de la chambre. Il n'eut pas le temps d'user de son pouvoir que celle-ci s'ouvrit à la volée. Deux policiers entrèrent dans la pièce mais Meaghan se débrouilla pour attraper son ami par le bras et prit la fuite par une autre porte qui reliait sa chambre à celle d'à coté. A l'abri des regards humains, elle en profita pour se téléporter dans les escaliers de l'hôtel qui menaient sur le toit. Meaghan aurait pu user de son don pour fuir totalement, mais les longues distances l'épuisait. Elle n'avait donc pas d'autre choix que de fuir comme un simple humain en cavale et se retrouva sur le toit. Son ami avait la capacité de faire des bonds de plusieurs mètres et pouvait aisément prendre de l'avance sur les policiers. Meaghan, elle, devait se concentrer pour se téléporter de l'autre coté de l’hôtel.

Un pied sur le bord du toit, la mutante fixait son ami, prête à le rejoindre. Même si elle avait ce don, Meaghan ne pouvait s'empêcher d'avoir peur qu'il ne fonctionne pas au bon moment. Et sa crainte fut fondée, involontairement, lorsqu'un policier apparut sur le toit en lui demandant de ne pas sauter. Surprise, Meaghan glissa du rebord. Son instinct la poussa à penser à un autre lieu, pour ne pas s'écraser sur le sol. Elle voulait tomber sur un matelas, ou dans l'eau, mais la peur qui l'envahissait l'empêchait de réellement se concentrer. Son corps se téléporta à plusieurs endroit durant sa chute, pour finir dans un lac à New-York.


New-York, quelques heures plus tard.


Les diverses téléportations avaient fini par préserver Meaghan de la mort. Par chance, son corps fut rapidement repêché dans le lac sans que personne puisse expliquer sa présence. Désormais, la mutante se trouvait sur un lit d’hôpital, l'esprit encore embrouillé par tous les évènements récents. Son regard allait de droite à gauche, comme si elle suivait une partie de ping-pong. Puis, il s'arrêta sur une étrange silhouette. Un homme était dans la pièce. Aussitôt, la jeune fille fronça les sourcils et se redressa de son lit, sans le quitter. Elle craignait seulement qu'il s'agisse d'un policier qui soit venu l'arrêter. Meaghan pensait même être encore à Londres...

J'arrivais tranquillement mes livres sous le bras, j'entrais dans la salle de classe, j'assistais le professeur Xavier depuis peu, et je trouvais l'Institut et ses élèves fascinants. Je posais les livres sur le bureau du professeur manquant de peu de faire tomber la tasse de café sur les fiches du professeur. Je retins ma respiration jusqu'à ce que la tasse cesse de tanguer.

Je décidais de m'asseoir sur une chaise dans un coin de la pièce, là je ne pourrais rien faire tomber, excepté si je tombais de la chaise... J'étais maladroit mais quand même pas à ce point-là. Je me posais dans mon coin prenant quelques notes et m'assurant que les mutants restent calme et attentifs.

Tout se passait plutôt bien, jusqu'à ce qu'une personne faisant partie du personnel sans doute, appelle le professeur, je me retrouvais donc seul face à tous ses élèves, la gorge soudainement sèche, je me levais, passer une main dans mes cheveux chassant mon soudain embarras. Reprendre le cours était dans mes cordes, enfin en principe. Je commençais donc à ouvrir la bouche pour reprendre le cours quand la dame qui était intervenue entra à nouveau dans la pièce. Cette fois si elle m’appela et je tentais de comprendre ce qui se passait autour de moi.

- C'est votre nièce monsieur, elle a été hospitaliser, et vous êtes son plus proche parent...

Ma nièce ? Hospitalisée ? Je tentais de relier les informations entre elle j'avais l'impression d'être présent mais absent en même temps je ne saisissais pas la moitié des informations qu'elle me donner, je fermais les yeux le temps de me ressaisir. Sans un mot je quittais l'Institut, je fis le trajet en voiture, roulant un peu plus rapidement que d'habitude.

Je me dirigeais vers l'entrée, ma veste en cuir sous le bras je n'avais même pas pris la peine de la mettre, quand je voulus prendre la parole, la femme à l'accueil me fit signe de me taire, chose qui me surprit énormément. Je me concentrais sur son regard, user de mon pouvoir ne me poser pas le moindre problème, encore moins dans des circonstances pareilles.

- Vous allez me donner le numéro de la chambre de Mademoiselle McCowen et ensuite vous retournerez à votre travail.

Elle me donna le numéro de la chambre je la remerciais rapidement avant de monter les escaliers au pas de course, j'arrivais dans la chambre sans croiser le moindre docteur... Le prochain qui passerait les portes de cette chambre allait m'entendre, je toquais légèrement pas de réponse j'ouvris légèrement la porte. Aislinn dormait, elle avait changée mais pas assez pour que je ne la reconnaisse pas. Je rapprochais la chaise du lit, avant de m'y asseoir. Je n'avais plus qu'à attendre, je cherchais à comprendre comment j'avais pu devenir son contact d'urgence...

Je quittais la chambre quelques minutes espérant trouver un docteur dans les couloirs... Personne... Je retournais donc dans la chambre de ma nièce qui venait d'ouvrir les yeux, je m'avançais à nouveau vers la chaise. J'avais la fâcheuse tendance à bombarder les gens de questions quand j'étais inquiet, et là je l'étais...

- Tu ne te souviens pas de moi n'est ce pas ? Je suis ton oncle Eden, et visiblement ton contact d'urgence... Que s'est-il passé ? Tu te sens bien ? Tu veux que j'appelle un docteur ?

Cet homme... Meaghan n'avait aucune idée de qui il était, mais quelque part, son visage semblait familier. S'il était flic, possible qu'elle l'ait croisé en rendant visite à James Dawkins, un lieutenant de police dont-elle était très proche. Alors, pour avoir confirmation, la jeune fille passa en revu la tenue de l'homme qui se tenait près de son lit. Il ne semblait pas avoir d'arme à la ceinture. En fait, il ne semblait pas en avoir du tout sur lui. Les yeux de Meaghan se posèrent sur ceux de l'inconnu, comme si elle était télépathe et qu'à force de le fixer ainsi, elle parviendrait à obtenir les réponses à ses questions. Et son drôle de regard dut alerter l'étrange visiteur qui ne tarda pas à parler. Elle le connaissait ? Meaghan s'en doutait, mais ne savait pas du tout comment. Elle eut sa réponse assez rapidement et celle-ci l'étonna. Son oncle ? Eden ? La mutante n'avait presque plus aucun souvenir de sa vie passée et regrettait presque de ne pas pouvoir se montrer enjouée de le retrouver. Pourquoi était-il ici ? Que voulait-il ? Encore une fois, Eden répondit à ses questions sans qu'elle n'ait rien à demander. S'il était ici, dans cet hôpital, c'était à cause de l'accident de Meaghan. Puisque son oncle était sa seule famille et que son père n'avait plus aucun droit sur elle...

Meaghan essayait de rassembler ses idées. Elle était extrêmement confuse et épuisée. Elle était également heureuse de voir une tête connue mais quelque part, elle ne savait rien de cet homme qui se disait être son oncle. Pourquoi ne l'avait-elle pas vu après la mort de sa mère ? Pourquoi apparaissait-il maintenant, comme ça, juste après un accident qui ne semblait pas si important que ça ? « Je... je vais bien. » Meaghan eut du mal à déglutir. Elle se sentait vraiment mal à l'aise, sans savoir pourquoi. Eden était presque un inconnu à ses yeux et pourtant, il était un membre de sa famille. Elle ne savait plus quoi dire, ni quoi faire, et laissait ses yeux se poser sur les différents fils qui la reliaient à des machines. Qu'est-ce qu'elle pouvait détester avoir toutes ces choses dans ses bras. « Pourquoi êtes-vous venu ? Après tout, je ne me souviens plus de vous. On ne se connait pas. Vous n'étiez même pas là quand ma mère est morte... » Meaghan n'avait pas conscience qu'elle délivrait une information que son oncle ne détenait pas. Puisqu'elle ne le connaissait pas, la jeune femme pensait qu'il avait tout simplement coupé les liens qui l'unissait à sa soeur et se demandait pourquoi il était venu, aujourd'hui, la voir elle.

Je regardais la jeune femme tenter d'assembler les pièces du puzzle, elle était visiblement étonnée de me voir, techniquement je ne devais pas être là, sa mère par contre mais si j'avais été contacter c'était peut être sur demande de cette dernière, j'avais quitté la maison pour mes études, j'avais eu du mal avec l'autorité dont faisaient preuve mes parents, le fait que je parte avait donc arrangé tout le monde...

- Je... je vais bien.

- Tant mieux, maintenant tu veux bien me dire ce qui t'est arrivée ?

Je tentais d'être le plus doux possible, je ne voulais pas la brusquée ça ne servirait à rien, cependant je sentais une certaine incompréhension venant de la jeune femme, chose que je pouvais comprendre, on ne pouvait pas vraiment me décerner le prix d'oncle de l'année... Je n'étais pas du genre à oublier, je faisais oublier aux gens jusqu'à mon existence... Ou je limitais les dégâts, les gens ne me pleuraient pas, ils ne me regrettaient pas, je devenais un vieux souvenir au fond d'un tiroir auquel on ne pense que de temps en temps...

- Pourquoi êtes-vous venu ? Après tout, je ne me souviens plus de vous. On ne se connait pas. Vous n'étiez même pas là quand ma mère est morte...

- De quoi ?

J'eu un mouvement de recul, ma gorge se serra soudainement, je fixais la jeune femme perdant mes moyens, je déglutis péniblement, ayant l'impression qu'on m'avait saisi le coeur et qu'on le serrer de plus en plus. La première chose que je pus faire fut de secouer la tête ne voulant pas croire cette nouvelle, c'était juste impossible... De toutes les personnes sur terre il avait fallu que le sort s'acharne sur ma soeur! Je serrais les poings avant de sentir la chambre d'hôpital se rafraîchir légèrement. Si je n'avais pas été assis sur cette chaise je serais probablement tombé à genoux, et je serais resté à terre... J'errais entre souffrance et déni, refusant de croire l'horrible réalité, et la douleur qu'elle me provoquer.

- Non non non non c'est faux. Dis-moi que c'est pas vrai !

Le choc, le déni, la colère... J'avais toujours pensé être un danger pour ma famille, ne contrôlant pas le froid que je provoquais ou le poids des mots quant à ma persuasion... Je ne sais pas où je trouvais le courage ou la force nécessaire pour me lever alors que mon cerveau était assailli de souvenirs de nos différents jeux avec ma soeur. Je me tournais face à la porte pour y abattre mon poing, j'avais besoin d'évacuer peine et colère qui se concurrencer... Je tentais de me calmer, me forçant à prendre de longues inspirations, avant d'oser reprendre la parole.

- Qu'est ce qui c'est passer ?!

Je ne pouvais pas... Comment croire que je n'avais pas pu protéger ma soeur, à quoi bon être mutant... à quoi bon avoir des pouvoirs si on ne pouvait pas sauver les gens qu'on aime...

Ce qu'il lui était arrivé ? Bien, si elle pouvait dire, avec le plus de naturel possible qu'elle s'était enfuie d'une chambre d'hôtel, suivie par des policiers, et qu'elle avait failli se tuer en voulant se téléporter vers un autre bâtiment, alors elle pourrait le dire sans plus attendre. Mais qui était réellement son oncle ? Meaghan ne le connaissait pas assez pour connaître son avis sur la mutation. Elle ne savait même pas s'il était seulement au courant de cette histoire de gènes extraordinaires. Elle haussa donc les épaules, avec le plus de détachement possible et fixa ses mains qu'elle ne cessait de torturer avec ses doigts. « Je suis...tombée dans le lac, après avoir été poussée. Je crois que je me suis même évanouie. » Tomber dans le lac, avec plusieurs égratignures superficielles... Eden n'allait peut-être pas la croire. Mais c'est tout ce que la jeune femme avait trouvé pour éviter le sujet mutant. « Mais je n'ai rien, je vais bien. Donc... »

Suite à ce petit mensonge, Meaghan s'interrogea. Elle ne tarda d'ailleurs pas à faire part de sa question à son oncle, lui balançant le plus naturellement du monde une information qu'il ne détenait pas : la mort de sa sœur. Comment la jeune femme aurait pu deviner qu'il n'était pas au courant ? Ce ne fut que lorsqu'elle vit le visage de Eden se décomposer que Meaghan compris. Il avait d'ailleurs posé une question, comme s'il avait mal entendu. Puis, il se montra de plus en plus troublé par cette nouvelle. Meaghan se sentait mal à l'aise. Elle arrivait à percevoir le mal-être de son oncle et avait le sentiment de ne pouvoir rien faire.

La température de la pièce semblait changer. À croire que cette annonce avait vraiment laissé un froid, comme l'expression le disait, entre les deux personnes présentent dans la chambre. C'est alors qu'un étrange phénomène se produisit. Eden demanda à sa nièce de dire que toute cette histoire n'était pas vrai. Comme hypnotisée, Meaghan plongea son regard dans celui de son oncle, le visage étrangement serein. « Ce n'est pas vrai... » Aussitôt eut-elle dit cette phrase que la jeune fille fronça les sourcils, interdite. « Si... enfin. Je... Elle est vraiment... enfin... il y a quelques années maintenant. » À la fin de sa phrase, Meaghan fut surprise de voir à quel point la situation était étrange. Si Eden tenait tant à sa soeur, comment se faisait-il que personne ne l'ait mis au courant ? Est-ce que son père y était pour quelque chose ? La jeune femme n'avait aucune réponse. Elle se contentait de regarder son oncle libérer sa colère en frappant dans la porte.

Une fois qu'il fut calmé, Eden demanda davantage d'informations à sa nièce, qui sentait les larmes monter dans ses yeux. Elle se sentait vraiment mal à l'aise et peiné. Elle n'aurait jamais pensé se retrouver ici, dans une chambre d’hôpital, face à un oncle qu'elle n'avait pas revu depuis des années, à lui apprendre que sa sœur était morte depuis un moment. Meaghan leva deux yeux brillants vers Eden et haussa les épaules. Une larme s'échappa, tombant sur sa joue glacée. « Je ne sais pas du tout. On a rien voulu me dire. D'ailleurs, je ne suis pas restée bien longtemps à vivre avec celui qui se dit être mon père. Je suis... totalement seule. »

J'étais plus concentré sur ces blessures qui semblait superficielles, chose que le dossier contre le lit me confirma, je tenais quand même à savoir comment ma nièce, avait fait pour se retrouver dans ce lit d'hôpital... Et elle ne tarda pas à me raconter sa version des faits...

- Je suis...tombée dans le lac, après avoir été poussée. Je crois que je me suis même évanouie. Mais je n'ai rien, je vais bien. Donc...

- On t'a juste poussé ? Parce que vu tes blessures....

Je préférais m'interrompre si elle voulait me dire ce qui c'était passé elle finirait par le faire... Je souris jusque là tout se passait bien, c'était de simple retrouvaille, jusqu'à ce qu'elle me fasse une annonce qui allait tout changer, je m'étais donné du mal depuis que j'étais un ado afin de contrôler mes dons, bien sûr mes émotions, mon humeur et ma fatigue pouvait faire changer cette stabilité... Et quand vous annoncez ce genre de nouvelle, votre stabilité devenait un lointain souvenir...

La température se trouva rapidement à chuter, je ne pouvais pas y croire, je ne voulais pas y croire et mon don de persuasion fit des siennes sur la jeune femme, il fallait que je reprenne le contrôle et vite, avant que je devienne vraiment dangereux, ou que je blesse quelqu'un..

- Ce n'est pas vrai... Si... enfin. Je... Elle est vraiment... enfin... il y a quelques années maintenant.

Je fermais les yeux encore appuyé contre la porte que je venais de frapper, personne ne s'était donné la peine de me mettre au courant... Je m'étais toujours pensé comme le "mouton noir" de la famille... Visiblement ce n'était pas qu'une impression... Je ressentais le besoin de lui demander ce qui c'était passé, sans vraiment vouloir savoir...

- Je ne sais pas du tout. On a rien voulu me dire. D'ailleurs, je ne suis pas restée bien longtemps à vivre avec celui qui se dit être mon père. Je suis... totalement seule.

J'avais réussi jusque-là à ne pas laisser une larme paraître et je penser bien continuer jusqu'à me retrouver seul chez moi, ou je pourrais laisser tomber toute mes contraintes sans transformer qui que ce soit en glaçon, et comme je ne pouvais pas me persuader moi même ça réduisait les risques. Les derniers mots de la jeune femme résonnèrent quelques secondes dans ma tête... Je savais très bien ce que la solitude pouvait faire à un esprit, et c'était rarement une bonne chose... Son père ? Je ne l'avais jamais vraiment apprécié, tout ce que je savais c'est qu'il n'était pas fiable, mais non la jeune femme n'était pas seule, du moins plus si elle voulait bien de moi...

Je m'avançais à nouveau vers le lit, j'aurais voulu la réconforter, la prendre dans mes bras et lui dire que je me chargerais du reste... Mais j'étais un étranger pour elle... Je me contentais de poser ma main sur la sienne, tentant de dissiper cet air frais.

- Tu n'as pas à être seule. Enfin si tu veux de moi et de mon aide?

J'avais les yeux humides, et je tentais d'afficher un léger sourire, même si je n'avais qu'une envie c'était de laisser s'exprimer ce mélange de culpabilité, de rage et de tristesse. J'allais avoir besoin de temps avant d'aller mieux... Mais je ferais tout ce que je pourrais afin de subvenir aux besoins de la jeune femme et pour la protéger.

- J'ai un grand appartement depuis peu, alors si tu as besoin d'un endroit ou dormir en attendant de te trouver quelque chose, tu es la bienvenue.

Meaghan n'avait pas envie d'en dire davantage sur ce qu'il s'était passé pour qu'elle se retrouve dans un lac. Elle ne connaissait pas son oncle et le plus importait était qu'elle soit ici, en vie et en bonne santé. Son petit jeu de téléportation aurait pu être bien pire. Meaghan aurait pu se retrouver dans un lieu bien pire que New York. Elle aurait même pu y rester. Mais elle était dans un hôpital et n'avait que quelques blessures superficielles. Alors, elle leva les yeux vers son oncle et haussa les épaules. Il allait devoir se contenter de ces courtes explications, pour l'instant.

Rapidement, la discussion prit une nouvelle tournure. Meaghan avait laissé l'information sur la mort de sa mère partir comme si de rien était, alors que son oncle n'était pas au courant. Sa réaction fut sans appel et l'ambiance commençait à changer. Il faisait très froid. Meaghan ne trouvait pas cette chute de température normale, mais elle ne put réfléchir davantage à ce problème. En face d'elle, un homme totalement perdu essayait de se calmer. Son oncle était dévasté. Elle aurait voulu le rassurer, mais elle ne le connaissait pas assez bien pour oser quoi que ce soit. Meaghan se sentait de plus en plus mal et tentait de ne pas pleurer, ce qui fut un échec. Des larmes perlaient sur ses joues et un revers de main n'avait pas suffit à toutes les effacer. D'autres venaient s'écraser contre ses pommettes glacées sans qu'elle ne puisse faire grand chose pour les arrêter. C'est alors que la main de son oncle se posa sur la sienne.

Meaghan leva les yeux vers son oncle qui lui proposait son aide. Il lui offrait même la possibilité de dormir dans son grand appartement. La jeune femme secoua la tête et sécha ses dernières larmes en levant les yeux au ciel, comme pour s'empêcher de pleurer à nouveau. « J'ai... un appartement. Je peux me débrouiller. Mais merci de le proposer.» Une fois calmée, Meaghan posa à nouveau son regard sur son oncle. Elle voulait lui poser des questions. Elle avait besoin de réponses. « Pourquoi n'étiez-vous pas à l'enterrement ? Pourquoi étiez-vous absent, durant toutes ces années ? Parce que, j'aimerai bien apprendre à vous connaître, mais je veux être certaine que vous n'êtes pas le genre de personne à fuir lorsqu'un membre de sa famille entre dans sa vie. Vous me dites que je ne serais plus seule, mais qu'est-ce qui me garanti que vous êtes sincère ? Je ne vous connais pas et je ne sais pas pourquoi. Vous êtes mon oncle. Je devrais vous connaître.»

- J'ai... un appartement. Je peux me débrouiller. Mais merci de le proposer.

C'était une bonne chose enfin pour elle, une preuve que la jeune femme avait pu s'en sortir, je n'aimais pas l'idée qu'elle ai dû affronter tout ça toute seule... Mais si elle m'acceptait Meaghan n'aurait plus jamais à être seule... Si elle voulait bien, je n'avais pas l'intention de la forcer, et je n'étais pas sûre qu'elle accepte ma proposition, elle ne me connaissait pas, j'étais un étranger pour elle pourtant le titre d'oncle.

- Pourquoi n'étiez-vous pas à l'enterrement ? Pourquoi étiez-vous absent, durant toutes ces années ? Parce que, j'aimerai bien apprendre à vous connaître, mais je veux être certaine que vous n'êtes pas le genre de personne à fuir lorsqu'un membre de sa famille entre dans sa vie. Vous me dites que je ne serais plus seule, mais qu'est-ce qui me garanti que vous êtes sincère ? Je ne vous connais pas et je ne sais pas pourquoi. Vous êtes mon oncle. Je devrais vous connaître.

- Personne ne c'est donné la peine de me prévenir...

Si j'étais sincère ? Bien sûr, je voulais la connaître également, j'étais juste le vilain petit canard de la famille, mes parents étaient un couple d'humains, et avec ma soeur nous étions nés mutants. Sauf que nos mutations se sont enclenchés à l'adolescence, seulement que je puisse contrôler la glace ne posait de problèmes à personne mais que je puisse persuader les gens à ma guise, ça les effrayait. Ils n'osaient jamais me dire quoi que ce soit de peur que j'utilise mes dons sur eux. Alors j'ai fait en sorte que mon parcours scolaire soit des plus brillants, et quand il avait fallu choisir une université j'avais opté pour la plus éloignée. Et comme il ne se donnait pas la peine de m’appeler, et entre mes études, mon boulot et mon semblant de vie je manquais de temps également. Et puis voir dans les yeux de vos parents de la peur rien que de s'adresser à vous... C'était une chose que j'avais préféré éviter...

- On va dire que je me sentais de trop. Etre différent n'est pas toujours une bonne chose, du moins ça ne l'a pas été pour moi.

Je regardais la jeune femme, je ne pouvais pas lui révéler que j'étais un mutant, si elle était de ceux qui étaient contre les mutants... Ou même pour un humain connaître des mutants ça pouvait être dangereux. Je chassai ces pensées de mon esprit avant d’exercer une légère pression sur la main de la jeune femme.

- Mais si tu choisis de me faire confiance, je ne te laisserais pas tomber.

Personne n'avait prévenu son oncle. Meaghan ferma les yeux un bref instant, en se disant que toute cette histoire n'était malheureusement pas un mauvais rêve. Elle avait la sensation que sa vie, jusqu'ici, n'avait été qu'un mensonge. Pas à cause de son oncle, mais à cause de son père. Pourquoi avait-il caché cette histoire à son beau-frère ? Pourquoi n'avait-il pas voulu donner plus de détails à sa propre fille ? C'était insensé. Qu'était-il réellement arrivé à sa mère ? Pourquoi n'avait-elle pas pu assister à l'enterrement, tout comme son oncle ? Meaghan avait presque envie d'aller voir son père et le menacer pour qu'il lui dise tout ce qu'il savait. Mais en même temps, elle ne voulait pas que son géniteur apprenne pour sa mutation.

C'est alors que Eden reprit la parole, en se confiant sur ses impressions. Il se sentait de trop ? Pourquoi ? La réponse arriva bien vite. Sa différence ne l'aidait pas. Quelle différence ? Meaghan se demandait s'il était comme elle. Après tout, la température avait changé par deux fois en l'espace de quelques secondes, au moment même où son oncle avait appris pour sa sœur. Était-ce une coïncidence ou la manifestation d'un pouvoir mutant ? « Vous êtes différent à quel point ? » La jeune femme sentait la pression qu'exerçait son oncle sur sa main et aurait voulu poser sa main de libre sur la sienne. Mais quelque part, elle se sentait encore gênée à l'idée d'être trop proche de cet homme qu'elle devait apprendre à connaître. Et s'il était mutant, elle voulait en avoir le cœur net. Après tout, elle était différente, elle aussi. Combien de personne, dans le monde, avait la capacité de se téléporter ? « Je peux vous tutoyer, aussi ? Parce que, si vous...tu... décides d'être présent, comme tu l'as dit, ça va être bizarre de te vouvoyer. » Et puis, c'était presque ringard. Meaghan voulait bien user des formules de politesses avec des inconnus plus âgés qu'elle, mais son oncle, ça frisait le ridicule.

- Vous êtes différent à quel point ?

Comment répondre à cette question sans risquer d'effrayer la jeune femme ? Si elle n'était pas comme moi ? Pire si elle était contre les mutants... De toute façon ce n'est pas en me posant toutes ces questions que je vais obtenir quoi que ce soit. Je baissais le ton de ma voix, vérifiant qu'il n'y est personne derrière moi.

- Et bien je suis ce qu'on appelle couramment un mutant...

C'était dit... Je me surprenais à espérer qu'elle aussi en soit un, qu'on est quelque chose en commun, quelque chose sur quoi échanger et se comprendre, ça aurait été un bon début pour renouer des liens... Mais j'étais un rêveur, et le contraire était tout aussi bien possible...

- Je peux manipuler la glace, et influencer les gens, les persuader...

C'était la seule manière d'annoncer ce que je pouvais faire, sans pour autant effrayer ma nièce. J'attendais de voir sa réaction, espérant ne pas lire de la peur dans ces yeux. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais dans tous les cas elle pouvait compter sur moi.

- Je peux vous tutoyer, aussi ? Parce que, si vous...tu... décides d'être présent, comme tu l'as dit, ça va être bizarre de te vouvoyer.

- Bien sûr, et bien si tu es d'accord j'aimerais vraiment être présent pour toi.

Je ne pus malheureusement lui donner qu'un maigre sourire en raison des circonstances de nos retrouvaille, je ne ferais pas ce que disent la plupart dès le fameux " tu ressembles beaucoup à ta mère ", j'estimais que ce genre de phrase aussi vrai soit elle faisait plus de mal que de bien.

Je me redressais légèrement, sachant que ces blessures n'étaient que superficielle elle pourrait rentrer dès ce soir non ? Bon sang mais où étaient ces fichus docteurs ? Ou bien une infirmière! Je ne demandais pas la lune...
Depuis que j'étais là personne n'était passé, je voulais bien croire qu'il y avait d'autres blessé, mais de là à ne pas prendre cinq minutes pour s'assurer que ma nièce ne manquait de rien c'était grave...

Eden était bien un mutant. Capable de manipuler la glace et d'influencer l'esprit humain. Avait-il usé de son pouvoir sur elle ? Meaghan se posait la question. Après tout, elle en était venue à lui dire que la mort de sa mère était un mensonge, quelques minutes plus tôt, avant de se reprendre et de dire que tout était bel et bien vrai. Mais ce n'était pas important. Le principal était que la jeune femme se sente un peu moins seule après cette révélation. Au moins un membre de sa famille était comme elle, différent. Et puis, Eden n'avait pas l'air méchant. Meaghan avait vraiment hâte d'en savoir davantage sur son oncle et espérait pouvoir lui faire confiance à l'avenir. Il était sa seule famille après tout. C'était important pour la jeune femme de pouvoir compter sur quelqu'un d'aussi proche.

Le moment était venu d'abandonner les convenances. Les vouvoiements commençaient à devenir ridicules et Meaghan ne se voyait pas considérer son oncle comme un étranger plus longtemps, surtout qu'il lui proposait d'être présent pour elle et qu'il semblait espérer obtenir une réponse positive de sa part. « Je suis d'accord. Tu es le seul qu'il me reste alors... » La jeune femme haussa des épaules avant de grimacer. Elle avait mal au bras droit et dans le dos, à cause des différents chocs qu'elle avait subi durant sa chute. « Est-ce que je vais devoir rester ici longtemps ? Je déteste les hôpitaux et j'aimerais pouvoir me reposer ailleurs. » Rien qu'à l'idée de devoir dormir ici, Meaghan se sentait mal à l'aise. L'endroit n'était pas très accueillant et la chambre possédait un second lit. La jeune femme n'avait pas envie de dormir avec un étranger, ni de manger un repas qui puisse s'apparenter au carton. Meaghan voulait de la vraie nourriture, un vrai lit et surtout de vrais vêtements. « Tu penses que tu peux me faire sortir d'ici ? Je n'ai que des blessures superficielles et je n'ai aucun traumatisme. Je ne vois pas pourquoi ils me garderaient en observation, surtout que je suis insupportable quand je ne suis pas à l'aise quelque part. »

Au moins elle n'avait pas l'air effrayée par mes révélations. Ce qui me fit songer qu'elle était peut être une mutante, ou du moins en connaissait. C'était déjà un bon début si elle ne craignait pas mes mutations, en règle générale je les contrôlais assez bien... Sauf quand mes émotions s'en mêlaient, comme ce qu'il venait d'arriver, je préférais mettre l'annonce qu'elle m'avait faite de côté...

Quand elle me demanda si elle pouvait me tutoyer j'acceptai aussitôt. Hors de question que ma nièce passe son temps à me dire "vous" ça me mettrait vraiment mal à l'aise... J'insistai sur le fait de faire partie de sa vie, si jamais elle avait besoin de quoi que ce soit je serais là pour elle.

- Je suis d'accord. Tu es le seul qu'il me reste alors...

Je n'eu pas le temps de réagir que je notais une grimace de la jeune femme surement dû à sa douleur. Je me tendis légèrement, ne sachant pas quoi faire, j'attendais de savoir si elle avait besoin que j'appelle un docteur ou non.

- Est-ce que je vais devoir rester ici longtemps ? Je déteste les hôpitaux et j'aimerais pouvoir me reposer ailleurs.

Je me remémorais son dossier ce n'était que des blessures superficielles dans le genre petites entailles et bleus. Rien de bien méchant, et s'ils voulaient la garder sous surveillance, il faudrait peut être qu'il la commence cette surveillance depuis mon arrivée pas d'infirmière ni de docteur n'avait franchi la porte.

- D'après ton dossier tu devrais être sortie ce soir, sauf s'il décide de te garder sous surveillance...

Je me tournais vers la porte espérant qu'un docteur ou n'importe quelle infirmière ou infirmier arrive enfin... Mais vu l’accueil que j'avais eu, je n'espérais plus trop... Je songeais soudainement à mon appartement, je n'étais peut être pas le meilleur cuisinier mais je me défendais, et j'avais une chambre d'amis, bien plus confortable et accueillante que celle-là, en même temps ce n'était pas difficile.

- Tu penses que tu peux me faire sortir d'ici ? Je n'ai que des blessures superficielles et je n'ai aucun traumatisme. Je ne vois pas pourquoi ils me garderaient en observation, surtout que je suis insupportable quand je ne suis pas à l'aise quelque part.

Était elle en train de me demander d'utiliser mon don pour la sortir de là ? Étrangement je préférais la savoir dans un endroit que je connaissais et que je jugeais plus sûr que ce lieu soudainement... Je souris avant de me redresser légèrement et de lâcher sa main avant de me lever et de m'étirer.

- Je vais te faire sortir d'ici alors.

Je sortis donc de la chambre pour me rendre à l’accueil, dans l'idée de forcer celle de l'accueil à me conduire à un docteur. Sauf qu'en descendant les dernières marches je pouvais voir un docteur, un gobelet de café à la main tentant de charmer celle de l’accueil... Je soupirais avant de m'approcher du docteur qui sembla m'en vouloir de le "déranger" pendant sa pause... Je m'arrangeais pour l'éloigner et me concentrer rivant mon regard sur le sien.

- Vous allez me donner les papiers que j'ai à signer pour faire sortir Mlle McCowen, elle n'a rien de grave n'est ce pas ? A l'avenir vous passerait plus de temps avec vos patients, et arrêter de la charmer ça ne marchera jamais elle n'est pas intéressée.

L'homme sembla tanguer quelques secondes, ça arrivait de temps en temps mais ça signifiait qu'il avait bien reçu le message. Il s'avança vers le bureau attrapa une la fameuse permission qui allait me permettre de faire sortir ma nièce. Je signais rapidement le papier avant de remonter les marches et d'aller annoncer la nouvelle à la jeune femme. J'entrai à nouveau dans la chambre, jetant un regard à Meaghan et de lui sourire.

- C'est bon on peut partir.

Meaghan soupira en entendant dire qu'il était possible qu'elle reste encore quelques heures, voire la nuit entière. Elle détestait vraiment les hôpitaux et trouvait déjà l'atmosphère angoissante, oppressante. Maintenant qu'elle savait que cet homme en face d'elle était de sa famille, la jeune femme se sentait rassurée, comme une enfant qui avait besoin de quelqu'un pour l'épauler, pour la calmer et lui dire que tout irait bien. De plus, Eden dégageait quelque chose d'apaisant. Peut-être son apparence physique ou sa simple présence, Meaghan ne saurait répondre. En revanche, elle ne garda pas sa langue dans sa poche pour se plaindre, préférant sortir d'ici plutôt que d'occuper un lit inutilement. Elle savait qu'elle n'avait absolument rien d'inquiétant et n'avait pas le courage de rester allongée à rien faire toute la journée. C'est alors que son oncle lui proposa de la faire sortir. Ses yeux s'illuminèrent alors et un petit sourire se dessina aux coins de ses lèvres.

Eden partit de son coté faire le nécessaire alors que sa nièce arrachait l'aiguille qui était planté dans son bras. Elle n'avait pas besoin d'anti-douleur et ne voulait plus être rattachée à ce lit inconfortable d’hôpital. Et puis, cette blouse qu'on lui avait mis... elle l'enleva sans plus attendre, sous le regard curieux d'un infirmier qui passait par là. Heureusement, la jeune femme portait ses sous-vêtements et ne se soucia pas de la présence du voyeur. Elle enfila rapidement les vêtements qu'on lui avait déposé dans un coin de la pièce et attendit sagement que son oncle revienne la chercher.

Enfin, Meaghan pu sortir d'ici. C'est avec un très large sourire qu'elle prit son sac personnel pour rejoindre son oncle. « Dis-moi... est-ce que ça te dérange si pour ce soir, je reste chez toi ? Je ne voudrais pas que ma coloc' s'affole si elle venait à me voir dans cet état. On ne sait jamais... et puis, ça nous permettra d'apprendre à nous connaître. Non ? » La jeune fille laissa son regard sur le visage d'Eden, pour voir ses réactions. Elle ne voulait pas le déranger, alors qu'il lui avait clairement dit être là pour elle. Mais c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle s'assure de ne pas empiéter dans la vie d'autrui.

J'eu à peine le temps de lui dire qu'on pouvait partir, qu'elle était déjà prête j'eu un petit sourire, avant d'attraper son sac et le passer sur mon épaule, voulant lui éviter de porter tout poids plus ou moins lourd, on commença à sortir de la chambre et à descendre les escaliers, je passai un bras dans son dos pour m'assurer qu'elle ne tomberait pas, puis elle ne tarda pas à prendre la parole, j'écoutais attentivement ce qu'elle avait à dire comme à mon habitude.

- Dis-moi... est-ce que ça te dérange si pour ce soir, je reste chez toi ? Je ne voudrais pas que ma coloc' s'affole si elle venait à me voir dans cet état. On ne sait jamais... et puis, ça nous permettra d'apprendre à nous connaître. Non ?

- Pas de soucis, ça ne peut que nous aider à faire plus ample connaissance, tu pourras l’appeler qu'elle ne s'inquiète pas trop. Et je te ramènerais quand tu voudras ça te va ? Si jamais ça ne va pas, tu n'hésites pas à me le faire savoir d'accord ?

Passer du temps avec Meaghan ne me déranger pas bien au contraire, devenant son seul parent... Enfin elle avait toujours son "père" un type que je n'avais jamais pu m'encadrer, se mettant toujours entre ma soeur et moi, jusqu'au jour ou j'en ai eu ma dose, et j'ai usé de cryokinésie sur lui... Lui donnant raison auprès de ma soeur. Depuis ce jour on avait mis de la distance, je continuais de lui envoyer des lettres, jusqu'à ce que je n'obtienne plus de réponse...

En arrivant devant l’accueil une drôle d'idée me traversa l'esprit, j'étais persuadée qu'elle n'avait pas pu se faire toutes ces blessures en tombant dans l'eau, et la voiture de policier garée près de l'hôpital semblait me donner raison... Je songeais à récupérer son dossier et à persuadé les membres de l’accueil que Meaghan n'était jamais venu ici.

- Je suppose que tu ne veux pas laisser de traces de ton passage ici ?

Cette option me paraissait évidente, et la faire disparaître sans laisser de trace c'était dans mes cordes. Qu'est ce qu'on ne ferait pas pour sa famille... Je n'avais pas l'intention de lui demander ce qui s'était vraiment passé. Si elle voulait en parler elle le ferait d'elle-même. Je portais mon regard sur la jeune femme attendant de savoir si je devais user de ma persuasion.

Telle une petite fille perdue qui ne voulait pas se retrouver seule, Meaghan avait demandé à son oncle s'il pouvait la garder chez elle, le temps qu'elle se remette de ses blessures. Il avait bien évidemment accepté en lui disant qu'il la ramènerait quand elle voudrait et qu'il était là pour elle. Il semblait insister sur ce fait, ce qui rassurait la jeune fille. Jamais personne - dans sa famille - ne s'était inquiété pour elle de la sorte. Alors, elle sourit. Elle était heureuse de pouvoir découvrir cet oncle et sentait qu'elle pouvait lui faire confiance, même si une part d'elle craignait d'être trop naïve et de souffrir par la suite. Il était certain que Meaghan aurait besoin de plusieurs mois avant de faire vraiment confiance en cet homme qu'elle n'avait plus revu depuis son enfance. « Promis, si j'ai besoin, tu sera le premier à le savoir. »

Sortir de la chambre d’hôpital était un grand soulagement pour Meaghan, mais encore restait-il à passer la porte principale et à quitter l'établissement. Une fois dehors, la jeune fille pourrait vraiment souffler. En attendant, il s'inquiétait des docteurs qui pouvaient lui demander de rester ou de faire un dernier check-up avant son départ. Elle porta alors un regard vers son oncle qui sembla deviner ses pensées. Un sourire apparut sur le visage de Meaghan qui approuvait la demande d'Eden. « J'aimerai beaucoup. Mais... tu peux la persuader d'effacer les données me concernant ? Comme des papiers qu'ils auraient remplis et...ce genre de choses ?» Un tel pouvoir était vraiment fascinant aux yeux de la jeune fille qui fixait son oncle comme s'il était un magicien capable de faire sortir un lapin d'un chapeau. La persuasion pouvait être utile dans beaucoup de domaines. Là par exemple, Meaghan n'avait pas envie qu'on sache qu'elle avait fait un séjour ici. Qu'il s'agisse des médecins ou des possibles visiteurs d'ailleurs, comme le club des damnés, qui la recherchait. « Et s'ils ont prélevé mon sang ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir fait une seule prise de sang de ma vie et je ne sais même pas si... notre sang est le même que pour les gens qui nous entourent et qui n'ont aucune anomalie génétique.» Oui. Comment allait-elle faire si les chercheurs trouvaient son sang étrange ? À quoi ressemblait le sang d'un mutant à l'intérieur d'un microscope ?

J'étais vraiment inquiet pour elle, j'avais toujours eu tendance à surprotéger les gens auquel je tenais, et je voulais qu'elle me fasse confiance et qu'elle se sente à l'aise avec moi, du coup j'insistai un peu (beaucoup) sur le fait qu'au moindre problème elle n'hésite pas.

- Promis, si j'ai besoin, tu sera le premier à le savoir.

- Bien.

Une bonne chose de faite, maintenant je devais aider la jeune femme à descendre les escaliers, une fois descendu j'eus l'idée que la jeune femme ne voulait pas qu'on apprenne qu'elle avait séjourné ici, même que pour quelques heures. Je fis part de mon idée à la jeune femme qui ne tarda pas à me répondre avec un grand sourire.

- J'aimerai beaucoup. Mais... tu peux la persuader d'effacer les données me concernant ? Comme des papiers qu'ils auraient remplis et...ce genre de choses?

- Attends-moi là, je reviens.

- Et s'ils ont prélevé mon sang ? Je n'ai pas le souvenir d'avoir fait une seule prise de sang de ma vie et je ne sais même pas si... notre sang est le même que pour les gens qui nous entourent et qui n'ont aucune anomalie génétique.

J'opinais avant de prendre la direction du bureau d'accueil, j'avais déjà usé de mon sur la dame, et elle était plutôt facile à manipuler contrairement à d'autres esprits, et ça m'arrangeait bien. Une fois arriver au bureau je me penchais afin d'avoir toute son attention, j'émis un sourire avant de prendre la parole.

- J'aimerais que vous me rendiez un petit service. Je voudrais que vous détruisiez, le moindre dossier, résultat de tests, feuilles, post-it où Meaghan est mentionné, vous allez même oublier son passage ici, vous pouvez faire ça pour moi ?

La jeune femme opina avant de bafouiller un bien sûr, je répondis par un nouveau sourire avant de retourner voir ma nièce, passant un bras autour de ses épaules. Je l’entraînais jusqu'où je m'étais garé, lui ouvrant la portière attendant qu'elle s'installe, puis je fis le tour de la voiture, puis je pris place, avant de déposer son sac sur la banquette arrière, je lui fis un sourire avant de mettre la clé dans le contact et de vérifier mon rétroviseur.

- Et voilà. Maintenant direction mon appartement.

En attendant son oncle à l'accueil, Meaghan appuya son dos contre un mur en observant les gens autour d'elle. Son attention se porta sur une femme d'un certain âge qui retira son collier pour l'offrir à sa petite fille. Le collier... Meaghan posa sa main sur son cou et ne sentit aucune trace du bijou qu'elle avait l'habitude de porter nuit et jour. Paniquée, elle laissa son oncle quelques instants pour retourner dans sa chambre et tout fouiller. Elle ne pouvait pas perdre son collier. Pas celui-ci. Ce bijou était très important aux yeux de la jeune fille, elle ne pouvait pas l'avoir perdu. Pas ici, pas dans cet hôpital. À moins qu'elle l'ait oublié dans la chambre d'hôtel qu'elle avait quitté précipitamment avant de se retrouver ici. Ou bien, elle l'avait perdu en tombant près de ce lac... Finalement, Meaghan vit son pendentif posé sur la table de sa chambre. Un grand soupir de soulagement s'échappa de ses poumons, la libérant d'un poids qui était devenu de plus en plus douloureux. Ce pendentif lui avait été offert par un ami, elle ne pouvait pas penser une seule seconde à l'égarer. Mais tout est bien qui finit bien, Meaghan pouvait retrouver son oncle et quitter cet horrible endroit.

Eden rejoignit sa nièce qui venait de faire son retour et passa ses bras autour de ses épaules. Un petit geste banal mais assez réconfortant en soi, même si c'était simplement pour accompagner Meaghan jusqu'à sa voiture. Une fois dans le véhicule, la jeune femme soupira à nouveau en lançant un dernier regard vers l'établissement. C'était officiel, elle détestait les hôpitaux. Lorsque Eden monta à son tour dans le véhicule, Meaghan l'observa un long moment avant d'oser parler. « Tu vis seul ou tu as quelqu'un dans ta vie ? » En attendant la réponse, la jeune femme porta son attention sur la route, puis sur le paysage. D'habitude, elle n'aimait pas tellement parler en voiture et adorait observer ce qui l'entourait ou se perdre dans ses pensées. Mais là, elle se trouvait avec son oncle, qu'elle devait apprendre à connaître. Il était donc normal qu'elle lui pose des questions et autant ne plus aborder les sujets douloureux comme la disparition de sa mère. « Tu as des animaux ? Un chien ? Un chat ? Un oiseau ? Ou autre... ? »

Je faisais de mon mieux pour utiliser mon don, me concentrant histoire de ne pas commettre d'erreurs, je pouvais effacer bien plus qu'une conversation, ça m'était déjà arrivé malheureusement, on dit qu'il n'y a aucune chose que l'on fait que l'on ne peut défaire, c'est un mensonge fait pour vous rassurer, afin que vous ne cédiez pas à la panique... Mais ça restait un beau mensonge.

Je n'étais pas le genre de mutant à avoir des soucis à utiliser ma mutation, mutant c'est ce que j'étais, je n'avais pas à en rougir, bien au contraire, et là je me concentrais sur la jeune femme, ma nièce, si je ne le faisais je savais que j'allais craquer, perdre sa soeur ce n'était pas anodin. Et pour le moment le déni serait ma meilleure amie. Tant que je n'étais pas sûr de pouvoir me relever de ça...

Une fois mon don rendu utile pour la fuite de la jeune femme, je séchais une larme rapidement alors que la jeune femme descendit une nouvelle fois les escaliers, j’entraînais Meaghan jusqu'à ma voiture. Il soupira alors que je pris place côté conducteur, je me sentis soudainement observer par la jeune femme, cherchait-elle une quelconque ressemblance avec elle ou.... sa mère ?

- Tu vis seul ou tu as quelqu'un dans ta vie ?

A ces mots je repensais à mon ancienne petite amie, Amy qui ne supportait ni de près ni même de loin tout ce qui ressemblait à un mutant, curieux couple n'est ce pas. Selon ces parents ma mutation était mon seul défaut, à mon apparence de gendre parfait. Il ne fallait pas que j'utilise mes dons quand ils étaient là, ni même en sa présence...

- Seul. Et toi tu as quelqu'un dans ta vie ?

Et c'était bien mieux comme ça, plutôt que de rester des mois de plus avec quelqu'un qui méprise tout ce que vous êtes, ce que vous faites, et avec qui vous ne partager absolument rien. Je gardais mon regard rivé sur la route attendant la prochaine question, être interrogé de la sorte par ma nièce était loin de me déranger, je voulais qu'elle fasse partie de ma vie.

- Tu as des animaux ? Un chien ? Un chat ? Un oiseau ? Ou autre... ?

- Une chienne, Billy, elle est gentille, jalouse mais gentille.

Amy détestait les animaux, je ne voulais pas me priver et puis si ça pouvait la provoquer c'était encore mieux, à croire que Billy l'avait senti elle semblait la détester, elle l'avait même mordue une fois lors d'une dispute ou elle voulait me faire réagir, elle a eu la mauvaise idée de me pousser, et Billy l'avait mordu.

Je n'habitais plus très loin, on y serait dans une dizaine de minutes. Je jetai un regard à la jeune femme qui fixait l'horizon, j'avais la même habitude quand je n'étais pas à la place du conducteur, chose qui me fit sourire.

Savoir Eden célibataire retirait une petite pression des épaules de Meaghan. Non pas qu'elle ne veuille pas que son oncle soit célibataire, mais rencontrer une nouvelle personne alors qu'elle venait tout juste de le retrouvait l'aurait gênée. Elle n'aurait pas aimé s'imposer dans leur vie de couple en proposant de dormir dans son appartement le soir-même. Et puis, elle avait besoin d'apprendre à le connaître, alors, s'il était seul, elle en aurait l'occasion. Eden retourna d'ailleurs la question du statut social à Meaghan qui haussa les épaules. « Personne. Je crois que je ne suis pas faite pour les relations sérieuses. » Elle avait d'ailleurs essayé, une fois. Une relation qui avait fonctionné, au départ, et qui s'était terminé par une fuite. Meaghan avait quitté le garçon avec qui elle se sentait le mieux uniquement par crainte de l'avenir. La peur de souffrir, la peur de se retrouver seule... Et peut-être que la jeune femme avait fait le mauvais choix en laissant derrière elle un certain Edwyn Demelt.

Continuant sur sa lancée de la découverte de son oncle, Meaghan était curieuse de savoir s'il possédait des animaux de compagnie. Grande amoureuse des animaux de toutes sortes, la jeune femme fut ravie d'apprendre que Eden avait un chien. « Oh, j'ai hâte de la rencontrer dans ce cas ! J'adore les animaux. En Australie, j'avais l'habitude d'aller me perdre dans des endroits un peu désert pour observer les mammifères sauvages. » Et oui, Meaghan avait été une jeune fille intenable qui courait partout pour observer les merveilles de la nature. Encore aujourd'hui, elle continuait de s'échapper avec son pouvoir de téléportation pour découvrir le monde. Mais quelque chose la bloquait en ce moment. C'était comme si elle n'osait pas voyager sans la personne avec qui elle avait eu l'habitude de le faire. Edwyn. Encore et toujours lui.

Sentant ses paupières se fermer lentement, Meaghan redressa la tête pour s'empêcher de s'endormir. À croire que l’hôpital ne l'avait pas assez reposé. « Je ne sais pas ce qu'ils m'ont donné comme médicaments mais je me sens... vraiment... vidée de mon énergie. Je déteste cette sensation. Tout comme je déteste être malade. » La jeune femme s'appuya un peu contre la ceinture de sécurité pour reposer sa tête. « Si je m'endors, tu ne me laisses pas dans la voiture, hein ? » La question n'était absolument pas sérieuse. Meaghan affichait même un sourire.

On commença à discuter, la jeune femme posant des questions pour apprendre à me connaître et je retournais ces mêmes questions. Une des premières consistait à savoir si j'étais en couple, depuis que j'avais emménagé à New York j'étais célibataire.

- Personne. Je crois que je ne suis pas faite pour les relations sérieuses.

Je souris je connaissais ce sentiment, les relations n'étaient pas simples alors ajouté à ça le fait d'être un mutant... Il fallait tomber sur quelqu'un comme vous ou quelqu'un qui vous comprenne. Mais ça c'était rare.

- Il faut croire qu'on n'est pas doué pour les relations dans la famille, mais ne t'en fais ça viendra un jour.

Je n'avais pas cette impression de malaise que vous avez en parlant avec une inconnue, au contraire c'était juste comme si je ne l'avais pas vu pendant un cours laps de temps et qu'on se racontait ce qui s'était passé entre temps. Puis ma nièce continua de me questionner cette fois-ci elle voulait savoir si j'avais des animaux de compagnie, je mentionnais donc ma chienne Billy espérant que la jeune femme n'est rien contre les animaux, une quelconque peur ou une allergie.

- Oh, j'ai hâte de la rencontrer dans ce cas ! J'adore les animaux. En Australie, j'avais l'habitude d'aller me perdre dans des endroits un peu désert pour observer les mammifères sauvages.

- L'Australie pas mal.

J'étais content de sa réponse, je n'aurais pas le même genre de crise qu'Amy me faisait. Alors qu'elle était adorable, sociable et douce quand elle aimait la personne en question. Puis je notais que la jeune fille s'endormait légèrement, l'avait-il bourré de sédatif à l'hôpital, j'aurais dû poser la question...

- Je ne sais pas ce qu'ils m'ont donné comme médicaments mais je me sens... vraiment... vidée de mon énergie. Je déteste cette sensation. Tout comme je déteste être malade. Si je m'endors, tu ne me laisses pas dans la voiture, hein ?

- Non pas dans la voiture, mais chez la gardienne de l'immeuble que personne n'apprécie ça c'est une autre histoire.

Je souris, je l'avais sortis de l'hôpital hors de question que je l'abandonne. On arriva devant l'immeuble, je me garai avant de sortir et faire le tour de la voiture, je partis à la recherche des clés de mon appartement dans mon jean, une fois les mains prises ça ne seraient pas vraiment évident. J'ouvris la portière de Meagan puis je détaché sa ceinture avant de passer un bras sous ses genoux et l'autre autour de sa taille. Je claquais la portière d'un coup de genou avant de me diriger dans l'immeuble, une fois devant ma porte, j'ouvris cette dernier avec un peu de mal mais j'y parviens tout de même. Une fois à l'intérieur je posais la jeune femme sur le canapé, avant de partir dans ma chambre et de la couvrir, une fois de retour au salon, Billy était assise au pied du canapé.

- Sois gentille je reviens.

Il fallait que j'aille chercher le sac de la jeune femme encore dans la voiture, j'en avais pour quelques minutes, mais quelques minutes étaient suffisantes à Billy pour qu'elle fasse un malheur. Elle avait son petit caractère, pire que son propriétaire.