+ Moi. L’avenir de l’être humain. Moi Piotr, simple petit fermier, il avait décelé en moi le don que je cachais si bien aux yeux des autres. Bien sûr ma famille était au courant, il aurait été délicat de faire autrement vu l’allure que j’avais lorsque je transformais mon corps. Ils m’avaient tous les deux montré leurs pouvoirs et je leur avait montré le mien. Je n’avais jamais pensé être quelqu’un « d’exceptionnel » comme il me l’avait dit, tout au moins quelqu’un d’étrange… de différent et nous savions tous où menait la différence. Dans le pays où je suis né et surtout l’époque à laquelle j’étais né, on se méfiait de paraître trop différent… Lorsqu’à l’âge de 12 ans j’avais pour la première fois changé mon corps d’apparence pour éviter à ma petite sœur de se faire écraser par un tracteur, toute la famille et nos amis proches avaient décidé de garder ça pour nous. J’ai eu une belle enfance même si nous ne possédons rien. Ma famille aurait pu se détruire après la mort de mon frère aîné mais la naissance d’Illyana nous avait remis du baume au cœur. Elle est notre petit rayon de soleil, c’est son sourire qui nous fait avancer chaque jour. Fermier de père en fils, et avec un don pareil ma place était toute trouvée pour les travaux de force. Nous vivions tranquillement, simplement mais heureux avant que les deux mutants ne débarquent devant chez moi. Bien sûr, les paroles de Charles Xavier étaient pleines de bon sens, mais imaginait-il un seul instant la vie que je menais ici ? Imaginait-il un seul instant ce que je pouvais ressentir d’être déraciné de cette façon même si c’était pour mon bien ou celui de l’humanité… ? Mon cœur balançait … Que devais-je écouter, mon cœur ou mon esprit ? Tenter l’aventure ? Progresser, ces deux-là pourraient peut-être m’aider… côtoyer d’autres mutants, ne plus se sentir seul. Mais… quitter ma famille, mon pays, ma sœur. Le jeu en valait-il la chandelle ? Hésitant ? Bien sûr c’était légitime non ? +

- Tu dois y aller, c’est une chance pour toi.
- L’Amérique…
- Mais la ferme, mon travail ici, je ne …
- C’est ton avenir Piotr.
- Je vous enverrai de l’argent dès que j’aurai un travail.
- Ne t’inquiète pas.

+ Bien sûr les paroles de mon père me rassuraient, je savais parfaitement que mon départ signifiait deux mains de moins à la ferme mais elle signifiait également une bouche en moins à nourrir et –je veux bien l’avouer- mon appétit est aussi féroce que ma force physique. Mais je ne savais que trop bien ce que mon départ pourrait entraîner comme, difficultés à la ferme. J’abattais le travail de trois hommes, facilement alors qui effectuerait toute cette manutention ? Mon père. C’est lui en cet instant que j’observais. Il me poussait à partir, à quitter la Russie où je n’avais aucun avenir, où, si on découvrait mon pouvoir on m’enfermerait. Il me poussait à partir de cette terre où j’avais tous mes souvenirs. Ce n’était pas un choix en réalité, et je le savais à l’instant même où nous avions compris la demande de Charles Xavier et Erik Lensherr. Bien sûr que j’allais les suivre, mais comme pour s’en assurer ma mère avait ajouté avec son habituel sourire. +

- Qui avait raison de te forcer à suivre ces cours d’anglais, même à la maison ?
- Une mère a toujours raison.

+ C’était une chance en effet, je comprenais l’anglais à défaut de le parler vraiment correctement. J’avais un accent terrible et je le savais mais… au moins grâce à ça je ne serais pas complètement perdu sur cet autre continent et je pense que ça rassurait ma mère. Nous n'étions pas riche mais ma mère avait insisté pour que ma soeur et moi connaissions cette langue... elle aussi avait peut être un pouvoir après tout... Une mère sait tout. Je regardais ma sœur comme pour avoir sa bénédiction, c’est elle qui me manquerait le plus. Mon ange… +

- Ne drague pas trop en Amérique… et ne m’oublie pas.

° Elle s’était jetée sur moi ce jour-là, elle aussi savait que je partirais. Ma réponse avait été simple, « jamais » comment l’aurais-je seulement pu ? Je me retournai vers les deux hommes et d’un anglais approximatif je répondis à leur invitation. °

- Je souis des votrres.
- Alors bienvenue Piotre.
- Piotr.
- Piotre.

+ Ne voyait-il vraiment pas la différence ? oO +

- Peter.
- Est-ce ton second prénom ?
- Non, le prrénom que le prrofesseur anglais donnait à moi.
- Nous t’appellerons Peter alors si tu le veux bien.
- Oui.

+ Je préférais changer de nom plutôt que d'entendre le mien écorché sans cesse. Et puis l'idée venait de ma sœur alors forcement ça passait beaucoup mieux. Je rangeais mes affaires, tous mes biens tenaient dans une vieille valise. Que faisait-elle là d'ailleurs ? Nous n'avions jamais été plus loin que la ville la plus proche pour nous rendre sur le marché. Mon père me donna son portefeuille, ma mère son mouchoir brodé et ma sœur plaça sa gourmette dans le côté monnaie du portefeuille. En plus de mon dictionnaire ma mère ajouta une photo de famille dans mes chemises. J'ai 18 ans, je suis majeur et pour la première fois je quitte mon pays, ma patrie, ma famille. Je découvre l’Amérique et les Américains. Je découvre que je suis loin d'être le seul mutant sur terre. Mais sont-ils tous aussi entraînés que je peux l'être ? Je vais sans doute découvrir des tas de choses et je vais encore progresser ... Je suis venu là pour ça non ? Alors au premier camarade que je croise j'offre un sourire et lui dis. +

- Bonjourr Je souis Peterr et toi ?.