Hurlement de rage. Claquement de porte. Jurons. Fuite. Il entendant crier ans son dos de rebrousser chemin immédiatement. Lui, il hurla qu’il n’en était pas question, qu’il en avait assez, assez comme personne avant lui, qu’il faisait bien ce qu’il voulait et que ça si ne plaisait pas, hé bien qu’ils aillent tous se faire foutre par dieu sait quoi. Il aurait aimé en cet instant être un super mutant pour aire explosé la baraque. Il aurait aimé pouvoir montrer qu’on ne la lui fit pas! Mais au lieu de ça, il jouait avec la bouffe. À quoi est-ce que ça pouvait lui servir mis à part parvenir à être un bon cuisinier? Mis à part faire plaisir à ses potes? Mis à part s’élancer dans une rage de sucre quand il avait les émotions ainsi, en compote, parce que c’était exactement ce qui se produisait? Oh, il avait songé devenir le Joker de Batman… en rendant tout le monde diabétique! Quelle idée folle! Mieux! Créer une épidémie d’obésité mondiale et rester le seul tout maigrichon. Il pouvait toujours continuer de rêver, ça ne règlerait certainement pas sa relation explosive avec son paternel qui était convaincu de pouvoir rendre son fils plus… normal. Se doutait-il seulement que son gamin était tout sauf un gamin comme les autres, justement? Tout, absolument tout, chez l’adolescent hurlait à la liberté de vivre la vie qu’il souhaitait mener. De vivre sa vie comme il l’entendait, sans sentir le regard perçant comme un fouet déchirant la chair dès qu’il avait le dos tourner. De sentir les voix s’exaspérer en prononçant son nom complet, comme le jugement dernier, jugement fatal, le frappant de plein fouet à la manière de la foudre. En colère. Il respirait la frustration gamine de ne pas se sentir comprit par ceux qui devraient veiller, protéger comprendre, accepter et aimer. Il avait, malheureusement, toujours eu cette relation très difficile avec son paternel un peu dur, un peu froid, un peu sévère, qui ne souriait qu’une fois sur quatre, qui ne câlinait pas, qui ne chantait pas des berceuse. C’était à se demander comment un gamin comme lui avait pu devenir si rebelle, si différent de son propre sang familial? Comme s’il ne vivait tout simplement pas dans le même univers…

Il prit le premier bus. Il avait passé la fin de semaine chez son père et ça lui semblait déjà trop. Autant voyager toute la nuit et le jour suivant pour retourner à l’Institut il s’en moquait. Il ne passerait pas une minute de plus en compagnie de cet homme. Ce fut donc sac à dos, petite veste, chaussures qu’il n’avait même pas pris la peine de lacées qu’il quitta la demeure familiale, en chouinant pour lui-même que ceci était la goutte de trop… bien qu’il répétait toujours la même chose à chaque fin de semaine qu’il passait chez l’homme.