Good food rhymes with good mood || Panda

Let me help you and I will follow you in the light...

New York... En bien des aspects cette ville ressemble à Londres: les gens s'agitent dans tous les sens, les lumières brillent plus fort, les choses vont plus vite, trop vite. Le front presque totalement appuyé sur la vitre froide de mon bureau, je regarde le vide. Je suis ici depuis près de deux ans et pourtant j'ai encore l'impression de découvrir cette vue, comme si tout changeait en permanence... C'est peut être le cas avec toutes ces guerres qui nous menacent. Je ne suis pas superstitieux en général mais les détails sont tout de même flagrants et la Russie n'est sans doute pas notre seul ennemie... Je soupire, les mains dans les poches, je reste immobile à regarder les gens de mon perchoir.

« Et Lawson tu comptes sortir de là ou tu attends d'avoir apprit à voler? »

Me lança un de mes collègue alors qu'il s'apprêtait à quitter le bureau. Je me contente de lui faire un signe de la main pour lui faire comprendre que... Et bien que je suis entrain de terminer mes leçons de vols. Je dis collègue mais le mot n'est pas tout à fait exact non plus, trop amical et fraternel. J'ai très peu d'amis ici et c'est totalement volontaire. Après tout qui a besoin d'un groupe de vingt personne sur qu'il ne peut absolument pas compter alors qu'une seule personne peut faire toute la différence? Et je ne veux pas avoir à trop étaler ma vie, moins les gens en savent mieux nous nous portons tous, j'ai fait un choix. Le choix de finir seul dans un autre pays, d'attendre sagement mon heure pour la rejoindre.

Ils me prennent tous pour un mordu de travail. Quand je ne suis pas au bureau jusqu'à des heures improbables, je suis sur le terrain, et quand je ne suis pas sur le terrain je cherche des indics ou je maltraite du malhonnête homme... La bagarre fait partie de mes passe temps favori et j'en porte d'ailleurs quelques traces encore fraîches. Je ne me sers jamais inutilement de mes poings mais ma patience est aussi extrêmement limitée... Un paradoxe de plus qui fonde ma personnalité et qui fait de moi le mec bizarre dont on n'ose pas trop s'approcher. Un masque, un vulgaire masque que je porte en permanence et que peu jusqu'ici ont pu soulever. Tant mieux.

Il est assez tard dans la journée, mon emploi du temps officiel indique qu'il est temps pour moi de rentrer mais je n'en ai pas envie. Je n'ai rien de plus a faire dans mon petit appartement vide... Je n'ai pas non plus envie d'écumer les bars aujourd'hui, ma jambe a été très douloureuse, elle l'est encore. Soudain j'entends des voix s'élever dans le hall, impossible de vraiment les reconnaître avec l'étrange échos de ces murs. Sûrement un de mes collègue avec une de leur prise du jour, ou peut être avec un de ces congénère. Les sourcils froncés, je me décide quand même a jeter un œil à cette affaire et c'est une très bonne idée: un des flics s'énerve sans vrai raison sans celui qu'on appelle Panda.

Un sourire s'installe immédiatement sur mes lèvres. Il fait partie des très rares personnes en ce bas monde à pouvoir faire un tel effet. Jeune, il est un peu comme mon petit frère, ou peut être même plus encore. L'officier n'aime sûrement pas le fait que sa visite ne soit pas annoncée et qu'elle s'adresse sûrement à moi... Je sors donc rapidement hors de ma cachette et pose une main sur l'épaule de l'homme. Pas de violence, juste un signe pas vraiment discret de ma présence. Nous avons le même grade mais il fait partie de ceux qui me voit comme un monstre étrange qu'il ne faut pas contrarier. Je n'ai pourtant pas quitté une once de mon sourire mais lui semble pâlir.

« Il est avec moi, tout va bien. »

Face à l'absence de réponse de l'officier, je fais signe à Panda de me suivre dans mon bureau, toujours avec un grand sourire bienveillant. Je ferme la porte derrière nous et m'installe avant de lui proposer d'en faire autant. Sa simple présence m'ouvre l'appétit, il vient toujours avec des merveilles gastronomiques auxquelles je ne résiste jamais.

« Désolé pour James, je crois qu'il n'est même pas capable de reconnaître sa propre mère! Qu'est ce qui t'amène? J'espère que tu n'as pas d'ennuis hein!? »

Finis-je par dire avec un air suspicieux, un sourcil relevé. Panda était un peu étrange lui aussi, un peu comme moi dans le fond... Nous ne nous exprimions pas comme les autres. C'est peut être pour cela que nous nous sentions si proches... Comme si nous étions les seuls au monde à pouvoir nous comprendre mais surtout, comme si nous étions les seuls à pouvoir maintenir l'autre sur l'endroit chemin....

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Une humeur entre deux tons, entre deux couleurs, du pied gauche ou du pied droit, personne n’aurait su dire ce qu’il en était exactement. Il souriait gratuitement, sans demande, sans avis, tout simplement, comme si cette expression était figée éternellement sur les traits enfantins de son visage. En sortant de l’Institut, il était rapidement passé à sa boulangerie favorite, laquelle il passait son temps à coller son nez contre la vitre du comptoir, à observer les formes et les couleurs des pâtisseries, par fascination, d’abord, mais aussi parce que c’était toujours quelque chose qui le passionnait autant, malgré les réticences paternelles à propos de cet avenir que l’homme ne considérait décidément pas avec beaucoup d’envie. Il lui faudra bien accepter d’avoir un fils qui ne veut pas être médecin ou avocat, mais simplement pâtissier ou cuisinier. Il fallait de tout pour créer un monde et il n’y avait pas de mal à faire ça, n’est-ce pas? Il ne lui avait d’ailleurs jamais parlé de son intention de créer son propre groupe de danse. Parce qu’entre manger et danser, il ne savait rien faire d’autre : ça lui semblait être tout ce qui lui importait, tout ce qui comptait. Mais il s’imaginait mal dire «Hé, p’pa! J’ai un nouveau boulot! Je suis danseur professionnel!» Non, décidément, cette image ne passait pas. Et il doutait que le paternel ne la digère très bien aussi.

Il commanda donc deux muffins, fruits et chocolat, pour le bon plaisir qu’il n’avait pas eu le temps de passer aux cuisines lui-même ce jour-là. Et ça lui donnait une excuse pour tester les capacités gustatives de Keane, juste pour voir s’il pourrait reconnaître la cuisine de l’adolescent à celle d’une pâtisserie qu’il avait croisé sur son chemin. Il ne lui dirait rien, bien évidemment. En sortant, il sortit les muffins du sac pour les glisser dans un plat en plastique qu’il avait fait exprès de trainer : comme quoi son plan de tromperie était parfait, à ne pas s’y méprendre.

Lorsqu’il poussa la porte du poste de police, il hurla le nom e Keane avec ce rire familier qui n’indiquait vraiment qu’une chose : il avait une bonne plaisanterie à partager… Ou alors n’était-ce que parce qu’il avait quelque chose qui clochait et qu’il avait envie de partager, sans réellement le dire clairement. Mais cette histoire de piège avec les muffins lui suffisait, à ce jour, pour le faire éclater de la sorte. De sorte, même, qu’un des agents se décida à l’intercepter aussitôt le non balancé dans l’entrée avec cette voix frôlant étrangement les aigues, dans ce mélange de gloussement pétillant qui le caractérisait si bien, lui et son éternelle bonne humeur. Bonne humeur qui avait toujours tendance à déranger quelques personnes, sans qu’il ne le veule. Il y avait des gens, comme ça, il n’y pouvait rien, qui ne supportait que la sale gueule et le négatif. Panda n’était pas de ces gens-là. Il avait besoin de ce rire. Il avait besoin de ‘’déplacer de l’air’’. Il avait besoin e cette énergie pour vivre et voir le verre à moitié plein, comme on dit. Il s’excusa de son extravagance dérangeante, en s’exprimant sur le ait qu’il avait loupé qu’il y avait des bureaux et sans doute des gens bien trempés dans leurs dossiers. Ça ne sembla pas réellement calmer l’homme à qui il tira un sourire qui s’étira plutôt en grimace forcée. Oui bon, s’il voulait s’en faire un ami, c’était mal parti. Mais une silhouette familière lui redonna son air sûr de lui, un brin de fierté sur ses traits gamins. Et la voix de l’homme qui lui donna envie soudaine de sautiller sur place, dans un surplus d’énergie plutôt flagrant, à vrai dire.

—Keane!

Il n’y eut que ça, que sa petite voix enjoué pour casser net la discussion. Ou était-ce plutôt l’air trop sérieux du brun pour fracasser l’envie de foutre Panda dehors à coups de pieds au derrière. Après quoi, il emboita rapidement le pas à son ami, ou ce qu’il considérait comme étant son ami, jetant un rapide coup d’œil autour de lui, comme s’il s’attendait à un soupire, une injure, une insulte quelconque quant à la situation, ce qui étrangement ne l’aurait pas surpris. Mais si c’était le cas, on attendit que la porte se referme sur eux deux. Il décrocha finalement un sourire taquin au brun : oui bon, il ne faisait pas tant de bêtises, tout de même, si?

—Des ennuis! Je ne sais vraaaaiment pas de quoi tu parles! Je suis un ange de sagesse et de bonté, je suis si sage qu’on m’a décerné la médaille de la sagesse ultime l’année dernière.

Exagération volontaire, un brin de sarcasme, ou était-ce de l’ironie? Keane le connaissait trop : Panda se mettait facilement les pieds dans le plat, mais jamais bien méchamment. Ce n’était pas volontaire, mais son comportement immature le poussait à faire quelques folies auxquelles il ne réfléchissait pas toujours. Il décida d’ignorer la chaise et se traina plutôt ses fesses jusqu’au bureau sur lequel il se hissa inévitablement pour s’assoir. Il avait cette drôle d’habitude de faire absolument tout le contraire de ce qu’on lui demandait, et ce n’était sans doute pas aujourd’hui que ça allait changer. Puis, il tendit le plat de plastique un peu transparent au policier.

—Fruits ou chocolat?

Et d’attendre s’il lui dirait «Panda? Ce n’est pas toi qui ait fait ça…» Ah!