Elle se savait suivit depuis un moment, déjà. Du moins, elle se savait observée, elle en était convaincue. Et elle ne parvenait pas à dire si c’était de ceux pour qui elle œuvrait ou bien s’il s’agissait d’un nouveau groupe dont elle ignorait absolument tout. Après tout, que savait-elle réellement du monde si ce n’était ce que ses multiples rencontres lui permettaient d’apprendre? Rien. Elle ne connaissait rien. Elle se contentait seulement de repérer qui était mutant et qui ne l’était pas. Tout simplement, et de tourner les talons ensuite pour fuir leur vie le plus rapidement possible, honteuse, sans doute, de ce qu’elle découvrait à chaque fois. Honteuse, surtout, de leur faire autant de mal. Douloureusement honteuse, d’ailleurs.
La petite blonde marchait rapidement dans la sombre ruelle, n’écoutant que le bruit de ses propres pas claquant contre le pavé répugnant un brin collant par endroit et dont elle ne voulait même pas savoir quels produits s’étaient rependus là. Elle se glissait comme son ombre en longeant les murs. Et lorsqu’elle aboutit enfin dans une rue principale, elle fut presque soulagée d’être un peu à la clarté du premier lampadaire, aussi avait-elle ralentie le pas pour profiter un peu de cette clarté artificielle, en songeant qu’elle était toujours plus à l’aise dans la lumière du jour que dans l’obscurité qu’elle semblait craindre, peut-être répugner, fuir. L’obscurité qui la faisait trembler lorsqu’elle était seule : en occurrence chaque soir, chaque nuit, dans ce petit espace qui lui était réservé. Autrement, elle avait toujours une petite lampe d’allumée, quelque part, pour rassurer ses pensées confuses et ses réflexions chaotiques.
Elle s’apprêtait d’ailleurs à reprendre sa route plus rapidement lorsque, sans crier gare, une main l’attrapa, lui coupant cours à ses idées. La voix éclata dans la nuit, la faisant se retourner rapidement. Et Ce fut un élan de panique qui accompagna son geste. Un élan de panique sous l’impact des mots. Il aurait dit n’importe quoi d’autre, toutefois, qu’elle aurait sans doute agit de la même manière, par impulsion. Ou peut-être était-ce simplement le geste… Quoi qu’il en soit, elle porta une main à sa poche, en tira une petite bouteille et… visage le visage et aspergea ce dernier de poivre de Cayenne, dans ce petit cri de surprise tout à fait suraiguë. Après quoi elle se débattit de sa prise et lui flaqua une claque monumentale. Elle ne le fuit pas, se contentant de se dégager sans ménagement, menaçant toujours de l’asperger de nouveau du poivre. Au contraire, elle se décala seulement de quelques pas pour lui faire face, prenant un air aussi menaçant que possible… bien qu’elle avait l’air de tout sauf d’une personne menaçante.
—Vous m’espionniez ou quoi?! Vous êtes un voyeur? Une espèce de pervers, peut-être? Je vous conseille de répondre!
Elle était toujours un peu agressive lorsqu’on la surprenait. À vrai dire, elle se révèlait toujours agressive dès la seconde où elle se sentait attaquée ou coincée au pied du mur. Et il ne semblait pas avoir fait exception à cette règle, elle ne l’avait certainement pas ménagé malgré ces petits air pourtant loin d’être du type agressant qui lui en aurait foutue une en retour. Et à bien y réfléchir, elle se sentait presque mal de s’être comporter si brutalement avec lui, maintenant qu’elle y réfléchissait.