Photography is all about secrets. The secrets we all have and will never tell.

-Oh Billy ~

Oh Billy ~? En voilà une qui avait définitivement quelque chose à lui demander. Ça sentait le service à plein nez, c’était louche, quelque chose de bien caché derrière ce ton employé. Et ce quelque chose, ne semblait pas être quelque chose qui lui provoquerait un gros oui sans la moindre hésitation. Ça sentait le non de sa part, les yeux de chiens battus à la limite, si ce fameux sourire ne fonctionnerait pas sur lui. Et elle avait ce journal dans les mains, tout en elle lui créait ce point d’interrogation, cette petite mise en garde de ne s’attendre à absolument rien. On observe et on attend, sans prendre trop la peine de deviner.

-Je peux te déranger une petite minute? Ou deux?

Et depuis quand demandait-elle? Elle qui avait tant l’habitude de rentrer et se glisser derrière le comptoir pour lui piquer une ainsi qu’un ou deux chocolats entre deux paroles. Mais là, elle demandait, elle attendait son oui, ou enfin ce haussement et ce geste de la main qui disait : Bah oui, pourquoi pas? Il hésitait à savoir si cela était important, ou garder cette idée de simple service, peut-être assez gros, ou enfin… Tant de possibilités possibles. Et puis il avait le temps de lui prêter ses oreilles, ses yeux, tout ce dont elle aurait de besoin, car le nombre de client pour le moment équivalait à un beau zéro. Il se dirigea simplement vers le petit bureau de son patron, celui-ci absent, il pouvait bien lui emprunter ses chaises un instant. Et à peine installé, on lui remit ce journal entre ses mains, ses yeux n’ayant pas tant d’autres choix que de se déposer sur cette annonce, entouré de rouge bien vif. Il ne capta que quelques mots soit les plus… Important. Soit modèle, nu et photographie.

-Avant que tu ne dises n---
-Non?

Car il était bien clair dans sa tête qu’il n’irait pas faire son exhibitionniste devant quelqu’un qui ne connaissait pas. Et qui n’allait pas lui laisser la moindre chance de garder le minimum sur son corps semblait-il. Et puis lui, il n’était qu’un simple agent de la C.I.A., chocolatier à ses heures perdues, avec un corps bien banal à ses yeux. Alors s’imaginer en modèle…. Hum non? À poil? Encore moins sans aucun doute. Ses vêtements il ne les enlevait qu’avant de se glisser dans le bain ou sous la douche, et se changer sans plus. Et non pas pour s’exhiber fièrement devant un pur inconnu. Il était limite pudique en prime. Alors non, il ne voyait pas pourquoi lui, pourquoi elle était venue avec cette folle idée, cette folle demande. S’attendait-elle vraiment à un sourire, à un oui direct? Espérons que non, car elle serait certes déçue d’avoir plutôt cette expression à la fois surprise et quelque peu rougis de gêne. Mais bon elle ne semblait pas plus déranger que cela. Osant poser un doigt sur ses lèvres pour l’inciter au silence, pour l’empêcher de débuter toute forme de protestation.

-J’ai dit. Avant que tu ne dises non…

Et la voilà bien partie dans ses courtes explications. Ne débordant pas trop sur les détails inutiles pour une fois. Elle ne sortait donc pas de nulle part avec cette annonce. Il s’agissait là d’un service, énorme pour un ami à elle, qui en avait de besoin. La jeune femme s’était bien proposé pour l’aider, à lui trouver un modèle bien potable pour éviter qu’il ne tombe sur un vieux pervers avec de mauvaises intentions. Ayant même osé annoncer le nom de Billy en voyant elle-même l’annonce dans le journal. Il avait donc malgré lui, signer ce contrat.

-Je lui ai promis de trouver quelqu’un… Il en a vraaaiment de besoin. Tu ne peux pas dire non…? Ce n’est pas aussi terrible et gênant que ça en a l’air. Et puis quoi, ne fait pas ta femme complexée. Tu as un superbe boday en prime.

Oh oui elle beurrait un peu épais sur l’importance ''urgente'' d’en trouver un. Mais les grands moyens ne seraient pas de trop si elle voulait avoir un oui. La demoiselle connaissait bien Billy, cet être qui disait parfois non, mais qui pouvait bien vite changer vers le oui lorsqu’il s’agissait d’un service à rendre. Il était ainsi, toujours prêt à faire de son mieux pour aider. Mais il venait certes de battre un nouveau record, franchit de nouvelles limites en soupirant, tel un vaincu, n’ayant même pas le temps de prononcer sa réponse qu’il eut droit à un nouveau sourire, un énorme merci accompagné d’un aussi gros baiser contre sa joue. Et la voilà disparue de sa chaise, de sa vue, s’exclamant que le nécessaire était inscrit sur le papier, ainsi que l’heure du rendez-vous. Tout était semblait-il, déjà arrangé pour lui…

-Sur ce bonne journée ~ !

•••

Son reste de journée ne passa pas sans ce petit stress, ou étais-ce malaise qui s’accumulait au fil des petites heures lui restant. Il ne prenait toujours qu’une demi-journée et question de profiter d’un peu de repos hormis ses jours à son principal boulot. Sauf que pour cette fois il n’avait pas cette impression d’un futur moment calme mais bien le contraire. Il avait cette petite boule qui avait pris une plus grande ampleur en voyant l’heure, en comprenant que ses pas ne se dirigeraient pas vers son chez-lui mais bien à cette adresse qu’il ne connaissait pas. Dans le coin de Brooklyn donc… Qui nécessita un taxi pour qu’il puisse s’y rendre. Et s’il arriva quelque peu en retard ce ne fut point la faute de ce véhicule jaune… Mais bien car il avait demandé à être déposé un peu plus loin, et avait pris un temps quasi-monumentale avant de se retrouver devant cette fameuse porte. Ainsi que de nouvelles bonnes minutes avant que son poing ne fasse autre chose que de geler devant le bois, se décidant enfin à y frapper quelques coups. Accompagné de son malaise plus que flagrant, re-bonjour un peu de rouge avant même que la porte ne lui fut ouverte. Il avait cette étrange et brutale envie de tourner des talons et prendre les escaliers, se demandant enfin ce pourquoi il était là… Mais il n’en fit rien. Tout simplement car il n’avait qu’une seule parole, et qu’il avait malgré tout dit un semblant de oui, qu’il était là pour rendre un service.

Mallory avait bien dormi cette nuit. Chose rare avec tous les bruits alentours. Et surtout toutes les plantes qui le réveillaient chaque matins pour avoir un peu d'eau. Cette nuit avait été différente. Sûrement parce qu'il était excité par l'appel qu'il avait eu la veille. Un jeune homme du nom de Billy Love avait répondu à sa demande de modèle. Trouver un modèle de nu n'était pas la chose la plus facile, alors quand il avait eu cet appel, Mallo avait sauté de joie.

Après quelques minutes à se détendre dans son lit, il se leva et alla remplir un arrosoir. Il passe une bonne demi-heure à nourrir toutes les plantes de son appartement. En faisant tout ça, il s'était rendu compte que c'était un peu la zone. Il ne pouvait décemment pas accueillir quelqu'un avec un appartement comme ça. Il passa donc une petite heure à ranger son salon et la pièce dans laquelle il voulait prendre des photos. C'était une autre chambre à l'origine, mais Mallo avait transformé cette pièce en studio. C'était là qu'il photographiait ses modèles ou bien qu'il développait ses photos. Il avait arrangé la pièce de façon à ce qu'on ait l'impression d'être dans un jardin. Oui, Mallory aimait mettre ses plantes dans ses photos. C'était assez impressionnant, parce qu'on avait vraiment l'impression que les plantes poussai littéralement du plancher. En réalité, elles venaient de la fine couche de terre qui gisait là, et elles ne dureraient que la journée. C'était toujours douloureux pour le jeune homme de se dire que ses bébés allaient mourir, mais après tout c'était une partie de la vie n'est-ce pas ?

L'horloge du salon sonna les douze coups de midi. Mallory se précipita. Il était en retard et son modèle arrivait dans environ une heure. Il fallait qu'il aille encore dans l'épicerie du coin pour s'acheter de quoi manger et du vin. Il n'avait plus de vin dans son frigo. En sortant, il se rendit compte qu'il faisait beau. Vraiment beau. Et il sourit niaisement dans la rue. A l'instar des plantes, Mallory aimait le contact du soleil sur sa peau et il souriait toujours quand il était présent.

En rentrant de ses courses, il se posa sur son canapé, mit de la musique et mangea. Quand il eut finis, il s'alluma une clope et se prit une tisane de sa propre conception. Il fallait qu'il ouvre son esprit, qu'il commence à voir où il voulait aller avec cette séance. Oui, Mallo était défoncé. Très peu, juste ce qu'il fallait. Mais il l'était. Et c'est là qu'il entendit frapper à la porte.

« Merde ! Déjà ?! »

Mallory n'avait pas vu le temps passer, il aurait voulu ne pas être aussi ... perché quand son modèle arriverait. Mais bon, il ne pouvait pas rester là à attendre. Alors, il alla ouvrir la porte. Et quand il vit Billy, il arbora un grand sourire.

« Bonjour ! Tu dois être Billy c'est ça ? »

Mallory le scruta de haut en bas. C'était probablement gênant, mais Mallory regardait simplement a matière avec laquelle il devait travailler. Et elle lui plaisait énormément. Il lui sourit et lui dit

« Entre, je t'en prie. »

La réalisation le frappa de plein fouet, lorsque la porte lui fut ouverte. Il n’était plus temps de reculer et il allait bel et bien se retrouver nu comme un vers devant un parfait inconnu. Il aurait bien voulu rejoindre le noyau de la Terre en cet instant, car 6 pieds sous terre n’était pas suffisants. Malgré ses efforts pour faire disparaître son début de gêne et de malaise grandissant, son état restait tout de même assez flagrant. Si le peu de rouge sur ses joues ne le trahissait pas!

-Huh oui… C’est bien moi.

Il lui offrit tout de même un sourire bien à lui, enchanté, n’ayant plus guère d’autre choix que de se laisser analyser. Un peu de gêne de plus ou de moins n’allait pas y changer grand-chose après tout. Et puis bon, il n’avait conclus que rien de plus normal que d’observer ce à quoi on avait affaire, si le modèle était potable ou non. Il ne savait si le fait qu’il le laisse rentrer était une bonne chose ou non. Car sincèrement, il n’aurait été pas plus malheureux ou vexé que cela de se faire dire « Vous n’êtes pas le modèle que je recherche j’en ai bien peur ». Tant pis, Billy serais rentré limite soulagé d’avoir pu garder ses vêtements. Toutefois c’est bien le contraire qui arriva, ce jeune homme ne disant absolument rien de ses espérances, lui laissant bel et bien comprendre qu’il devrait tôt ou tard opter pour la tenue d’Adam.

Et le voilà partit dans ses pensées pour les secondes à suivre. Une fois la porte refermée derrière lui… Maintenant quoi? Il devait faire quoi? Il ignorait les directives, même ou se placer, n’osant plus trop bouger car il ne savait pas où se mettre. Son malaise n’allait pas pour le mieux, malgré qu’il ait tenté de se frapper mentalement. Billy se démenait avec sa tête pour se calmer, pour se convaincre que ce ne devait pas être si pire que cela au final… Suffisait d’écraser sa pudeur…? Ou de se convaincre que pouvait le faire ses grand amateur de Grandeur Nature lorsqu’ils entraient dans leurs personnage, Sauf que lui, serait un nudiste tiens. Oh misère, ça allait bien loin dans ses esprits tout d’un coup. L’homme eut tout de même un mouvement, soit d’enlever chaussettes et chaussures, et oser quelques pas, doucement mais surement. Pour se retrouver dans l’angle de vue du photographe, le regardant tentant de lui poser une question à travers ses yeux. Oui mais bon, les paroles sont toujours mieux.

-Est-ce que… On commence maintenant ? Enfin… Je veux dire… Est-ce que je dois me … Bah EnleverTousMesVêtements… Comme dans… Là ?

Bon d’accord, le noyau de la Terre n’était certainement pas assez profond en cet instant. Il se maudissait mentalement pour avoir l’air aussi con, pour ne plus savoir parler normalement. Il aurait bien souhaité fuir vers une autre galaxie. Ressaisit toi bon sang…