Charles's milkshake brings all the boys to the yard.

Charles vs. Erik

Vendredi soir. Enfin. Erik avait bien cru que ce jour saint n’arriverait jamais, tant le travail à fournir à l’institut était prenant. Si physiquement il était épuisé, son esprit en revanche était en éveil constant depuis le début de la semaine. Impossible de souffler quand on est constamment entouré d’adolescents, qui plus est d’adolescents mutants. Mais quelle fierté tout de même, d’être parmi eux, de leur transmettre quelque chose. Quelque chose d’aussi fort et d’aussi concret que son propre savoir, son expérience et sa maîtrise. Il prenait son pied, son égo aussi d’ailleurs. Pourtant, chaque fois qu’il se sentait dans son élément auprès d’eux, une ombre apparaissait au tableau, et il ne parvenait pas à la saisir. Chaque fois, il ignorait totalement à quoi s’attendre, ni même d’où elle provenait. Cette ombre planait sur lui et, souvent, elle menaçait de le recouvrir tout entier, de le rendre aveugle et de l’enfermer dans un puits sans fond de colère et de haine.

Assis à son bureau, il relisait certaines lettres. C’était surtout le soir que ses vieux démons revenaient. Il tentait toujours de se remémorer des souvenirs heureux pour ne pas perdre pied, mais même le bonheur passé le laissait éprouver une certaine nostalgie, une certaine mélancolie à laquelle il avait du mal à résister. À cet instant, à Tel Aviv, on devait probablement faire Shabbat. Il se souvenait encore de la délicieuse odeur du repas qu’on servait comme toujours ce soir-là, et des plaisanteries que Yahdièl inventait et mais que Shoshanna et lui ne comprenait pas toujours. Si elle restait de marbre, lui riait quand même, et à gorge déployée, parce qu’il avait envie de rire, et parce qu’on lui avait toujours appris à rire le Vendredi. Il ne croyait pas plus en Dieu qu’un autre, mais que voulez-vous, on ne se débarrasse pas de sa culture et de son éducation en un claquement de doigts. Il avait tout de même fait l’effort d’éradiquer ses vieilles habitudes en intégrant l’institut, ou du moins une partie. Disons qu’il avait fait du tri pour faire place à de nouvelles coutumes. Comme par exemple ses soirées du Vendredi en compagnie de son éternel ami.

Heureusement, il n’avait pas moisi dans sa chambre plus longtemps. Il s’empressa de ranger ses vieux papiers, enfila un col roulé par-dessus sa chemise et se rendit jusqu’à la chambre de Charles. Ils sortirent finalement du manoir, en route vers le pub irlandais le plus proche. Raven leur avait faussé compagnie pour une raison récalcitrante ; elle devait se lever tôt le lendemain. Erik était presque parvenu à effacer sa moue boudeuse par le biais d’un sourire et d’un « Bonne nuit, Mystique. », aussi il quitta la jeune femme le cœur léger.

Sur le chemin, il se demanda si Xavier avait entendu tout ce à quoi il avait songé quelques minutes auparavant. Il se demandait même s’il lisait ses pensées au moment même où ils pénétraient dans l’enceinte de l’établissement. Sur le coup, il n’y avait pas prêté attention, mais il avait pris conscience que pas un mot d’anglais ne lui était venu en pensant à ses anciens amis, juste de l’allemand et de l’hébreu. Peut-être comprenait-il quand même, peut-être le langage de l’esprit était-il universel ? À cette idée, il laissa échapper un rire. Sacré Charles, à ses yeux il serait toujours une merveilleuse énigme. De tous les mutants, il était probablement le plus fabuleux. C'était un honneur pour lui d'entretenir une telle relation avec lui. « Puisqu'on est entre hommes ce soir, on va boire jusqu'à ce que la tête nous tombe ! » Au diable le passé et les souvenirs amers, leur amitié devait rester le symbole d'un futur brillant. Leur futur, à eux ainsi qu'à tous les autres mutants. Et bien sûr, l'aube de cet avenir ne pouvait se fêter convenablement que dans la plus complète des beuveries.

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Cela faisait à peine quelques jours que l'institut avait ouvert ses portes, mais pour Charles, c'était comme si elle avait existé depuis une éternité. Il s'était rapproché de beaucoup d'élèves depuis ces derniers temps, même s'il était beaucoup plus proches des premiers arrivants. Alex, Hank, Sean... Pour Raven, c'était une amie d'enfance, une sœur, il était donc évident qu'il se sentait très proche d'elle. Puis, il y avait Erik, un ami sur qui Charles pouvait réellement compter. Il était vrai que leurs tactiques d'apprentissages n'étaient pas tellement égales, mais peu importe, à deux, ils formaient une bonne équipe. Grâce à Erik, Sean savait maintenant voler. Pour dire vrai, Charles avait eu une peur bleue en voyant l'adolescent tomber brusquement de la parabole, le voyant déjà mort. Et, pour dire vrai, une nouvelle fois, Charles avait aussi pensé à pousser Sean afin de le motiver à utiliser son pouvoir.

Pour d'autres, les méthodes étaient plus douces. Heureusement, car le cœur de Charles n'aurait pas tenu dans le cas contraire. Le pouvoir de télépathie était extrêmement utile pour venir en aide aux élèves. Sans ça, Charles n'aurait sûrement pas eu cette école de mutants. Sans ça, il n'aurait pas pu chercher les mutants dans le monde entier. Sans ça, Erik serait peut-être mort. C'était son pouvoir qui avait servi à Charles d'intercepter les pensées d'Erik lorsqu'il avait tenté de suivre Shaw et de le tuer. Sans ce pouvoir, Charles n'aurait pas sauté par dessus bord, n'aurait pas trouvé Erik et il ne l'aurait pas à ses cotés aujourd'hui. Parfois, Charles songeait à ce que serait sa vie sans toutes ses choses. La réponse était sûrement "rien du tout". Il aimait sa vie actuelle, son métier. Aider les autres mutants, il en avait eut envie depuis qu'il avait rencontré Raven dans sa cuisine.

Bien que les deux mutants soient très proches, il y avait parfois des contraintes. Raven ne pouvait pas toujours rester avec Charles et se fut le cas ce soir là. Elle devait se lever tôt. Pourquoi ? Seule elle le savait. Charles n'osait pas toujours fouiner dans l'esprit des autres. Parfois, il demandait à Raven avant d'entrer dans son esprit, même s'il n'était pas difficile de comprendre ses pensées et ses préoccupations. En parlant de fouiller dans l'esprit des autres... Charles n'avait pas pu s'empêcher de fouiner un peu dans l'esprit de Erik, quelques minutes auparavant. Il avait vu quelques brides de souvenirs, des images précises, sûrement choisies avec attention. Les deux hommes avançaient maintenant vers le pub et Charles hésitait à parler de ce qu'il avait vu. Si Erik ne voulait pas en parler, peut-être était-ce mieux de garder ça pour lui.

— Puisqu'on est entre hommes ce soir, on va boire jusqu'à ce que la tête nous tombe !

Charles eut un léger rire et tapa l'épaule de son ami.

— Tu as besoin de te détendre ? Ou d'oublier certaines choses ?

Toujours souriant, Charles attendait une réponse de son ami en commandant une bière. La bière, boisson préférée de Charles, inconditionnellement.

— Ou peut-être as-tu besoin de fêter notre réussite ? Une école qui marche à la perfection. On a bien aider les gamins. Ils s'en sortent mieux grâce à nous. Grâce à toi.

Arrêt sur image. Comment une amitié si forte avait-elle pu naître entre ces deux hommes, entre ces deux mutants ? Et comment une telle confiance était-elle possible alors qu’ils n’étaient qu’à l’aube de leur relation, qu’il leur restait encore tant à découvrir l’un de l’autre ? Ils auraient pu se confier leur vie là, sur l’instant, Charles comme Erik n’auraient pas hésité une seule seconde. Dès leur rencontre, déjà, la première chose que Charles fit fut de lui sauver la vie. Alors qu’Erik était fou de rage et de haine, perdu au beau milieu de l’océan et qu’il cherchait désespérément à atteindre un but trop flou pour mener à bien ses plans, il avait été le chercher, lui avait tendu la main et l’avait apaisé. Il l’avait accueilli en sa maison et pris à ses côtés comme frère. Et c’était bien le sentiment qu’Erik avait à son égard, comme s’ils étaient biologiquement liés par le cordon ombilical de leur amitié… Comme si depuis sa naissance, il l’avait attendu et qu’enfin, il était venu jusqu’à lui. Son image mutante, pure reflet de tout ce qu’il avait toujours renié et dont, cependant, il avait besoin ; la tolérance, l’espoir, l’amour. Chaque fois qu’Erik disait le mot « ami », si fort dans son esprit résonnait « frère », -et il ne s’agissait pas que d’une de ces conventions qu’il avait pour habitude d’utiliser quand il s’adressait à un autre mutant. C’était probablement la raison pour laquelle il n’avait encore jamais osé appeler Charles ainsi. Le nom « frère » sonnait trop répandu, trop commun à son oreille. Aucune autre relation ne pourrait jamais égaler la leur, cela il en avait la certitude. Et parler d’amitié quand on était une personne comme Erik Lensherr, ce ne pouvait être que lourd de sens. Immédiatement, un respect inconditionnel s’était instauré entre eux deux. Erik ne faisait confiance à personne, tandis que Charles, lui, ne pensait qu’à s’ouvrir aux autres et aider le premier venu, quelqu’il soit. En quelque sorte, ensemble, ils s’équilibraient l’un l’autre et parvenaient à face à leur égoïsme et à leurs dérives respectifs. L’un avait connu une existence paisible d’étudiant, quand l’autre revenait de loin, pourtant de la part de chacun, la compréhension de l’autre était parfaite. Tout comme Erik le lui avait déjà dit, ils avaient le même but, la seule chose qui les différenciait résidait dans leurs méthodes d’opération. Des méthodes qui s’imbriquaient tout naturellement et qui ne les rendait que plus forts encore qu’ils ne l’étaient déjà. Il n’y avait aucune frontière à leur fraternité, Magneto avait l’intime conviction que main dans la main, ils se propulseraient à un niveau inespéré. C’est d’ailleurs dans ces moments de complicité et de cheer up qu’il s disait qu’être mutant, c’était un peu comme être Dieu, mais en mieux.
« Tu as besoin de te détendre ? Ou d'oublier certaines choses ? » Régression totale. Non, non. Il était déjà passé à autre chose, il ne pouvait pas y retourner. Ses regrets, il les avait laissés dans le tiroir de sa commode, hors de question de le rouvrir ce soir. Il ne voulait pas les partager avec lui, ils avaient tellement mieux à faire. Mieux à célébrer. Auprès de Charles, Erik ne voulait avoir que des perspectives d’avenir, pas de passé. Seul l’avenir pouvait s’avérer brillant, pour le reste il était déjà trop tard. « Cesse de fouiller dans ma tête, veux-tu ? Je n’ai besoin que d’une chose, ce soir. Et toi aussi. » Il accompagna ses paroles d’un sourire, répondant à la tape sur son épaule par une accolade pendant que le télépathe commandait leurs boissons habituelles. « Tu devrais dire à Coldagh de nous ramener deux mètres. Autant rendre cette soirée vraiment mémorable. » proposa-t-il à Charles. « Ou peut-être as-tu besoin de fêter notre réussite ? Une école qui marche à la perfection. On a bien aider les gamins. Ils s'en sortent mieux grâce à nous. Grâce à toi. » Ses mots lui allaient droit au cœur. Tout en s’asseyant au comptoir, il afficha un sourire gêné et faussement modeste, bien que les mots qui allaient sortir de sa bouche seraient chargés de sincérité. « C’est toi qui est notre pilier à tous, tous nos étudiants ne rêvent que de te ressembler. C’est à toi que reviennent les honneurs. Et je tiens à te dire que tu pourras toujours compter sur mon appui, mon ami. Tout ce que tu as fait pour eux, et ce que tu as fait pour moi… Ta bonté dépasse l’entendement, j'ai tellement peur qu'elle te perde. Je t’aiderai à trouver ce et ceux que tu cherches, à faire honneur à notre race. La route est encore longue mais nous ensemble, nous réaliserons toutes nos ambitions. »
Coldagh apporta deux planches de bois remplies de chopes débordantes de bières. Erik en prit deux, en donna une à Charles, et leva la sienne. Il dit finalement, la fierté dans le regard. « À toi Charles, et aux X-men. »

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— Cesse de fouiller dans ma tête, veux-tu ? Je n’ai besoin que d’une chose, ce soir. Et toi aussi.

Le don de Charles faisait parti de lui, de son être, de ses habitudes, c'était donc difficile pour le mutant de ne pas se servir de son pouvoir. Il n'avait appris à communiquer que de cette manière, depuis son enfance. Certes, c'était vraiment malpoli, de fouiller dans l'esprit des gens, la seule intimité qu'ils pouvaient conserver, mais c'était ainsi. Charles n'était cependant pas en permanence accroché aux pensées des gens ou à leurs souvenirs. S'il s'en servait, c'était parfois pour de bonnes raisons. Par exemple, voir dans l'esprit d'une jolie jeune fille quels étaient ses goûts aidait Charles à faire un premier pas vers celle-ci, lui laissant une très bonne impression dans 90% des cas. Bien sûr, il lui arrivait de mal faire, comme cette fois où, en rencontrant Hank, il avait dévoilé son état de mutant alors que ce dernier tentait de le cacher. Son pouvoir était à double tranchant. Il pouvait voir de bonnes choses, pour aider les autres, mais aussi de mauvaises, comme le passé de son ami, ou encore son esprit de vengeance. Sebastian Shaw était leur cible, mais, comme promis, ce soir là, Charles ne fouillerait pas d'avantage dans la tête d'Erik et ne parlerait pas non plus des sujets fâcheux.

— Tu devrais dire à Coldagh de nous ramener deux mètres. Autant rendre cette soirée vraiment mémorable.

En entendant de nouveau la voix d'Erik, c'était comme si Charles s'extirpait d'un rêve. Le temps de quelques secondes, il s'était replongé dans ses pensées et ses préoccupations. Charles s'en faisait beaucoup pour son ami, trop souvent même. Le lien qu'ils entretenaient ne rendait pas les choses aisées, bien au contraire.

— D'accord, prenons deux mètres alors ! lança Charles avec un grand sourire, avant de reprendre la discussion. Ou peut-être as-tu besoin de fêter notre réussite ? Une école qui marche à la perfection. On a bien aider les gamins. Ils s'en sortent mieux grâce à nous. Grâce à toi.

Charles était sérieux, très sérieux. Il voulait que Erik sache à quel point il était utile dans l'institut, même s'il avait balancé un élève du haut d'une parabole. Cette méthode avait marché, Erik s'en sortait très bien, il semblait faire confiance aux élèves, ou en leur capacité, peu importe, Charles en avait le sentiment.

— C’est toi qui est notre pilier à tous, tous nos étudiants ne rêvent que de te ressembler...

Charles fit non de la tête, comme s'il n'était pas d'accord avec cette idée. Il pensait être à égalité avec Erik, ils étaient le pilier de tous.

— ... C’est à toi que reviennent les honneurs. Et je tiens à te dire que tu pourras toujours compter sur mon appui, mon ami. Tout ce que tu as fait pour eux, et ce que tu as fait pour moi… Ta bonté dépasse l’entendement, j'ai tellement peur qu'elle te perde. Je t’aiderai à trouver ce et ceux que tu cherches, à faire honneur à notre race. La route est encore longue mais nous ensemble, nous réaliserons toutes nos ambitions.

Les bières arrivèrent rapidement et Erik tendit une choppe à Charles avant de lever la sienne.

— À toi Charles, et aux X-men.

Charles leva sa choppe et la cogna contre celle de Erik avec un petit sourire.

— À nous

Charles but une gorgée de bière avant de regarder son ami droit dans les yeux.

— Je ne tiens pas à ce que tu t'écartes du lot. Je n'ai fait que te suivre et proposé un lieu où nos élèves seraient à l'abri de tout. Tu as été le premier à voir qu'ils n'étaient plus des gamins. Et je sais qu'ils t'apprécient tous. Mais, si tu veux parler d'autre chose, parlons-en ! On a toute la soirée n'est-ce pas ?

L’inconvénient avec un télépathe, c’est justement sa télépathie. Le fait qu’entre vous et lui il ne peut y avoir aucun secret. Tôt ou tard il découvre tout, et quand bien même vous tentiez de lui cacher quelque chose, faites l’expérience, vous verrez le résultat par vous-même ; si je vous disais de ne pas penser à la couleur jaune, à quoi penseriez-vous irrémédiablement ? C’était un peu le cas d’Erik ces derniers temps. Plus il se persuadait de ne pas penser à tout ce qui le rongeait, et plus toutes les choses de son passé le revenaient à la charge comme un fantôme récalcitrant. Ce n’était pas tant que Charles sache ce qui le perturbait qui le dérangeait, mais il ne voulait pas qu’il ait cette opinion négative de lui, d’écorché vif incapable de se relever. De toute manière, Charles savait qu’Erik ne voyait aucune objection à le faire entrer dans son esprit, sauf quand il lui indiquait qu’il voulait être seul avec lui-même, tout comme ce soir. Mais il y avait autre chose qui le poussait à ne pas le laisser entrer. Il se souvenait encore de cette nuit où il lui avait demandé ce qu’il savait de lui, et qu’il s’était contenté de répondre « tout », les larmes aux yeux. Erik savait que pour un jeune homme à peine sorti de la faculté qui avait connu comme seul malheur le manque de papier toilette par oubli, pénétrer dans son crâne devait être une expérience désagréable. Il ne lui imposait rien. Puis après tout ils étaient tous deux dotés d’une bouche. S’il y avait quelque chose à débattre il leur suffirait d’en parler. La confiance qu’avait Erik en Charles était assez grande pour qu’il lui réponde en étant sincère.
« C’est donc ça, ce que tu cherches dans mon crâne... » Il tapota légèrement sur sa tempe droite, afin d'illustrer ses propos. « Tu as peur que je m’écarte, que ma colère me fasse perdre l’esprit ? » Il posa sa chope et toisa Charles avec sérieux. Il le connaissait déjà par cœur. Certes, lui ne savait pas encore comment s’y prendre pour retrouver Shaw et le tuer, mais il était au moins certain d’une chose : Il tenait à sa place auprès de lui, à l’Institut, avec ces jeunes, et il serait incapable de les trahir. De le trahir. « Tu te souviens quand nous nous sommes rencontrés, tu m’as dit que je n’étais pas seul. Toi non plus, tu ne l’es plus. Tu as ma parole, c’est tout ce que j’ai à te donner. Du reste, mes actions futures se chargeront de te le prouver. Nous accomplirons notre destiné, ensemble. » Son air sérieux s’effaça peu à peu, pour laisser place à un immense sourire. Le sourire carnassier d’un homme qui aspirait plus à la fête qu’à une longue discussion philosophique. « Absolument toute la soirée. »
Le mutant reprit son verre et le finit cul sec, -son côté allemand revenait toujours au galop quand il s’agissait de boire. Il répéta l’action avec un second verre et s’arrêta un instant, satisfait de lui. Il s’approcha alors du visage du télépathe et murmura, sourire en coin. « Tu vois ces filles là-bas ? » Il les montre du regard. Trois charmantes demoiselles, blondes, seules. Quelle tragédie, cela ne devait plus durer. « Fais-les donc venir à notre table, qu’on leur offre quelques bières. Je veux voir l’étendue de ton talent, ce soir. Tu sais à quoi elles pensent ? » Il but la moitié de son troisième verre, comme le disait Beaudelaire, toujours, il fallait s’enivrer, rendre la fête plus folle. « Le dernier à décrocher un ticket devra payer sa tournée. » Des éclats de rire gênés se firent entendre de la table des créatures en question. Vu leurs petits tailleurs et leur maquillage parfait, elles étaient probablement étudiantes en droit ou en sciences politiques, ou peut-être stagiaires à la banque. De toute évidence elles n’étaient pas à l’aise et attendaient de quoi égayer leur soirée. Une chance que deux mutants tels qu’eux deux étaient enclin à la rendre plus… agréable. Croisant les bras sur son torse, Erik attendit patiemment que Charles joue ce petit tour de passe-passe dont il avait le secret. Ou quand le petit génie mettait son savoir-faire dans une noble cause, la chasse aux filles.

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— C’est donc ça, ce que tu cherches dans mon crâne... Tu as peur que je m’écarte, que ma colère me fasse perdre l’esprit ?

Charles bougea la tête de gauche à droite, mais il ne dit rien, laissant son ami continuer sur sa lancée. De toute façon, il n'avait pas le choix, celui-ci reprit la parole.

— Tu te souviens quand nous nous sommes rencontrés, tu m’as dit que je n’étais pas seul. Toi non plus, tu ne l’es plus. Tu as ma parole, c’est tout ce que j’ai à te donner. Du reste, mes actions futures se chargeront de te le prouver. Nous accomplirons notre destiné, ensemble

— Je le sais bien, Erik. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, rassure toi.

Une nouvelle gorgée de bière, pour se rafraichir un peu, puis il reprit.

— Mais tu parles comme si cette idée de former les jeunes mutants était mon idée à moi seule. Je veux te faire comprendre que ce n'est pas le cas, rien de plus. Et puis, perdre l'esprit ? Tu vaux mieux que ça mon ami, je le sais, et je n'en douterais jamais.

Charles gardait espoir. Il ne voulait pas que les sombres pensées de Erik ne lui trouble l'esprit. L'espoir. Quelque chose en quoi Charles croyait. C'est grâce à l'espoir qu'il avait décidé de se rallier avec les humains pour arrêter Shaw, grâce à l'espoir qu'il pouvait penser qu'un jour, les humains accueillerait les mutants comme leurs égaux. Pauvre Charles, si seulement il savait... Mais, au loin les discussions sérieuses, place à la rigolade ! Charles observait Erik qui vidait un verre de bière, puis en reprit un autre mais s'arrêta en pleine action. Il s'approcha du visage de Charles avec un sourire en coin et en un murmure, Erik lui révéla ce qu'il avait en tête à cet instant précis.

— Tu vois ces filles là-bas ?

Charles observa discrètement le groupe de filles avant de reporter son attention sur son ami.

— Fais-les donc venir à notre table, qu’on leur offre quelques bières. Je veux voir l’étendue de ton talent, ce soir. Tu sais à quoi elles pensent ? Le dernier à décrocher un ticket devra payer sa tournée.

— Tu es sûr de vouloir faire ce petit pari ? Si je lis dans leurs esprits, tu sais bien que je peux facilement y parvenir avant toi. Que dirais-tu si je t'offrais d'avance ces verres et qu'on s'amuse réellement avec ces demoiselles ?

Charles posa alors son index et son majeur sur sa tempe en se concentrant sur l'esprit de chacune des jeunes filles. Ce qu'il voyait été plutôt amusant. Il fit un petit sourire en observant son ami qui devait sûrement attendre patiemment de savoir ce que les jeunes filles pensaient.

— Celle qui a les cheveux qui lui tombent jusqu'au milieu du dos, Erin, eh bien, je crois que tu lui plais. Je ne te dis même pas ce qu'elle imagine, mais elle attend avec impatience le serveur pour commander un Manhattan. Elle trouve que tu as un regard à tomber et aimerait bien...

Les yeux de Charles quittèrent la jeune femme pour se poser sur le regard de son ami.

— Enfin, tu vois. Celle du milieu, Daniella, a un petit ami, mais elle s'ennuie avec lui et aimerait qu'un charmant jeune homme lui offre un verre. Je crois que la dernière est pour moi.

Il observa la charmante créature non loin de lui. Ses yeux verts étaient fascinants. Elle avait le regard furtif, mais Charles savait qu'elle le regardait. C'était dans son esprit, elle désirait croiser son regard. Mais, comme Charles n'était pas du genre très discret, son regard avait duré un bon moment et le groupe de jeunes filles se sentaient observé. Elles riaient, c'était bon signe. Elles savaient que les deux hommes étaient intéressés. Charles but une nouvelle gorgée de sa bière.

— Je les invite à notre table ou tu préfères t'en charger ?

Un sourire malicieux illumina le visage de Charles. Ce petit jeu l'amusait beaucoup. Avant, il n'avait aucun acolyte pour partager ses bons moments et il se contentait d’amener sa sœur, tout en essayant de séduire les jeunes femmes dans les bars. Ce n'était pas non plus très pratique, surtout que Raven n'était pas du genre à aimer voir son frère se pavaner en utilisant son pouvoir de télépathie. Ce soir là, Charles n'avait pas sa sœur à ses cotés, il avait un ami, un frère. C'était beaucoup plus agréable.

« Mais tu parles comme si cette idée de former les jeunes mutants était mon idée à moi seule. Je veux te faire comprendre que ce n'est pas le cas, rien de plus. Et puis, perdre l'esprit ? Tu vaux mieux que ça mon ami, je le sais, et je n'en douterais jamais. » Il était parfaitement conscient d’être également à l’origine de la fondation de l’Institut, de l’idée d’accueillir et de tendre la main à d’autres mutants comme eux, leurs frères… Nul ne pouvait lui retirer toute la fierté qu’il éprouvait ! Néanmoins les locaux n’avaient qu’un propriétaire. Enfin ! Sourire aux lèvres, Erik chassait déjà le malheureux quiproquo de son esprit. Après tout ils ne devaient pas s’attarder sur des choses aussi futiles que des incompréhensions du genre ; il y avait tellement plus important, et puis la conclusion était toujours la même quoiqu’il advienne : Ils désiraient la même chose. L’unité des leurs.
En projetant son regard sur une table de trois demoiselles, il oublia vite tout ce qui le perturbait. Depuis le début de la semaine, Erik avait attendu cette soirée. Autant dire qu’il n’avait pas attendu pour s’extraire du lit lorsque les premiers rayons du soleil avaient pénétré dans sa chambre. Le Vendredi soir était un moment privilégié qu’il aimait passer en la compagnie de Charles, dans ces pubs qui étaient devenus leur tanière. Un moment synonyme de détente et d’amusement, il n’en attendait guère plus.
« Tu es sûr de vouloir faire ce petit pari ? Si je lis dans leurs esprits, tu sais bien que je peux facilement y parvenir avant toi. Que dirais-tu si je t'offrais d'avance ces verres et qu'on s'amuse réellement avec ces demoiselles ? » Sourire complice alors qu’il posait index et majeur sur sa tempe. Lorsque le professeur X se concentrait pour sonder les esprits, il prenait toujours cet air kitsch de personnage de science fiction qu’Erik adorait, tout comme il adorait les informations qu’il lui transmettait quelques secondes après. La télépathie de Charles était un cadeau inouï, et en lui indiquant ce qu’il savait, l’allemand ne manquait jamais de s’émerveiller. Ainsi donc elle se nommait Erin et il lui lui plaisait... Voire plus si affinité. L’idée lui plaisait assez, à bien y regarder elle n’était pas si laide, bien au contraire il commençait déjà à se faire à son visage. Il demeura un moment sans rien dire, consommant sa bière tout en écoutant la suite des paroles de son ami. Charles aussi avait déjà repéré sa proie. Il s’était quand même gardé de parler d’elle… Le fourbe. Reprenant une gorgée de bière, Erik la dévisagea. Elle n’avait pas posé une seule fois les yeux sur eux, mais il fallait avouer qu’elle était d’une beauté toute particulière. Il rit intérieurement en pensant au baratin qu’il lui sortirait sûrement à propos d’un quelconque détail de son physique. La télépathie l’aura au moins rendu flatteur auprès des femmes, il tâchait toujours de toucher leur point sensible. Erik se demandait d’ailleurs si un jour il serait capable d’approcher une femme sans la manipuler –car sous ses airs de gentil mutant, c’était bien ce qu’il faisait avec elles. Elles lui donnaient plus d’inspiration qu’il ne lui en fallait pour s’adresser à elles en reines.
« Je les invite à notre table ou tu préfères t'en charger ? » Ni une ni deux, il insista sur le regard qu’il lançait à Erin depuis plusieurs secondes. Il n’avait aucun don mental mais généralement la technique marchait à tout les coups. Il ne lui en fallu pas plus pour qu’elle plonge ses iris grises dans les siennes, enfin. Il lui lança un sourire aguicheur auquel elle ne tarda pas à répondre, puis soudain le plateau d’aluminium du serveur vint briser leurs œillades en s’écrasant sur son beau tailleur, déversant dessus trois verres de Manatthan. Après tout c'était bien la boisson qu’elle désirait ? Le serveur rougit soudainement, tout désolé de sa gaucherie qui n’en était pas une, puisque Magneto était le seul à l’origine de l’accident. Il ne manqua pas de laisser s’échapper un petit rire à la fois moqueur et compatissant dans sa direction avant qu’elle ne se lève, et que ses pommettes prennent à leur tour une teinte violacée. « Ce n’est rien, ne vous en faites pas… Ce sont des choses qui arrivent. » pouvait-on entendre, alors qu’elle s’éclipsait déjà dans la salle de bain. Il retourna la tête en direction de Charles, son sourire n’avait pas quitté ses lèvres. Erik reprit sa chope de blonde en main, prêt à la vider avant de quitter la table. « Hé bien je crois que j’ai rendez-vous à l’arrière. »

Je suis désolé, ce n'est pas terrible... Mes cousins foutent un vacarne pas possible à côté. Je suis dessus depuis ce matin, en mode pétale de plombs. BREF. U_U À toi Lady !

La nuit commençait à tomber. Éssouflée, Regan courait de toutes ses forces, regardant régulièrement derrière elle afin de vérifier que "Le Savant" ne la suivait pas. Heureusement pour elle (et aussi, certainement, pour lui), celui-ci avait abbandonné l'idée de se servir de Regan en tant que cobaye et était probablement parti se chercher un autre mutant. Dommage: elle aurait bien aimé lui faire la peau à ce sale crétin désillusionné. Elle était néanmoins encore terrifiée à l'idée de se retrouver à sa merci: elle venait de s'évader des griffes maléfiques de son père, ce n'était pas pour se retrouver à nouveau dominée par qui que ce soit.

Arrivée dans une rue plus ou moins peuplée, elle s'était faufilée à travers la foule, par prudence (on ne sait jamais que le Savant aurait envoyé quelqu'un la suivre) et en profita pour marcher plus lentement afin de reprendre un peu de ses forces. Lorsque Regan vit le véhicule jaune à sa gauche, elle n'hésita pas. Elle devait sortir de ce quartier au plus vite, coûte que coûte. Le taxi étant déjà occupé, cela n'allait pas non plus l'empêcher de faire de ses désirs la réalité. Faire peur aux clients du chauffeur? C'était un jeu d'enfant. Une pensée, et le jeune couple se retrouva assailli d'oiseaux, à la manière d'Alfred Hitchcock, tel que dans le film qu'ils avaient vu la veille.

- Tssssk, Tsssssk! fit-elle, ayant pris un malin plaisir dans la terreur des pauvres humains, qui ne comprenaient sans doute pas d'où venaient les volatiles ni pourquoi ceux-ci avaient subitement disparus.

Mais qu'importait-il? Le véhicule était à présent disponible et elle pouvait réclamer que le chauffeur l'emmène où qu'elle veuille; si celui-ci refusait, elle lui ferait regretter son incivilité. Entrant rapidement dans le véhicule, elle lui dit assez fermemant et de manière tout aussi autoritaire:

- L'endroit le plus proche où je peux me saouler la ****. Maintenant.

Il la regarda d'abord avec un mélange de crainte et de méfiance dans ses yeux, se demandant d'où pouvait bien sortir cette blondasse aux cheveux ondulés portant un blouson de cuir et un pantalon noir. Mais elle se fichait de son regard: ce n'était qu'un humain après tout; une simple perte de son temps. Elle se contenta simplement de lui renvoyer un regard noir rempli d'hostilité, avant de regarder par la fenêtre, le temps que celui-ci l'emmène là où elle avait besoin d'aller.

Le véhicule s'arrêta enfin tandis que la nuit commençait à tomber. La pluie avait cessé depuis peu; les nuages laissant à présent le ciel à de jolies étoiles scintillantes et Regan se préparant à rentrer dans cet endroit à l'atmosphère si familière. En effet, il n'y avait rien de mieux qu'un bar pour lui faire oublier ses soucis. Malheureusement pour Regan, elle se rendit rapidement compte de quelque chose: elle avait été si pressée de s'échapper qu'elle avait oublié son sac à mains chez le savant fou. Tant pis, elle retournerait à la banque un autre jour afin de récupérer un peu de liquide.

Ça ne réglait cependant pas son problème actuel. Le chauffeur s'impatientait déjà et marmonnait dans sa barbe des paroles qui auraient sûrement enragé Regan, aurait-elle eu le temps, la patience et l'envie d'écouter ce qu'il disait à son propos. Mais elle était préoccuppée par autre chose: comment allait-elle payer? Oh et puis... Pourquoi pas? Elle avait fait cela de nombreuses fois auparavant, alors, une fois de plus, une fois de moins, ça ne changerait pas grand chose. Et puis, il fallait se l'avouer: elle préférait largement boire afin d'oublier ses récentes frayeurs que de se prendre la tête avec un sale chauffeur de taxi grincheux.

Se concentrant alors, Regan donna l'illusion au chauffeur qu'elle lui avait tendu un billet de 20 dollars, somme dépassant largement les 5 dollars nécessaires. Un sourire enjoué et plus que malhonnête aux lèvres, celle-ci dit au chauffeur visiblement joyeux:

- Garde la monnaie!

Avant de sortir du véhicule et de rentrer dans le bar. Quelques minutes plus tard, celui-ci ne retrouverait plus l'argent qu'elle venait de lui "donner" et le chercherait sans doute longtemps sans s'apercevoir qu'il ne l'avait jamais eu entre ses mains. Mais bon, elle ne s'en préoccupa pas davantage: elle avait fait ce qu'elle devait faire afin d'arriver où elle avait envie d'aller. Y avait-il du mal à cela? Elle s'assit au comptoir, commandant un martini au serveur en passant une main dans ses soyeux cheveux blonds.

Elle était exténuée suite à la journée qu'elle venait de passer, et il ne lui fallait qu'une seule chose: du repos et du calme. Malheureusement, ses souhaits n'allaient visiblement pas devenir réalité: en effet, deux bouffons avait choisi cette soirée pour faire la chasse aux femmes à moitié demeurées. D'habitude, elle les aurait fait courir de cet endroit en hurlant, mais elle était tellement fatiguée qu'elle se contenta de soupirer. Néanmoins, si l'un d'eux avait la folie de l'aborder, il le regretterait amèrement lorsqu'il verrait de quel bois elle se chauffe...

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En voyant le plateau du serveur bouger, Charles comprit que ce n'était pas le pauvre homme qui était maladroit, mais plutôt Erik qui s'amusait. Au début, la première réaction de Charles fut de s'apprêter à se redresser de sa chaise, mais il resta assis. Le serveur était rouge de honte, ne sachant plus où se mettre et proposait même d'offrir les prochains verres aux jeunes filles. L'une d'elle, celle qui était attiré par Erik, se précipita alors dans la salle de bain du pub afin de nettoyer son tailleur. Charles ne comprit pas tout de suite les intentions de son ami jusqu'à ce que celui-ci l'en informe.

— Hé bien je crois que j’ai rendez-vous à l’arrière.

Sacré Erik. Charles ne put s'empêcher d'avoir un petit rire en comprenant enfin la mise en scène de son ami. Mais il devait maintenant trouver quelque chose pour s'occuper. Peut-être offrir un verre à la charmante demoiselle qui ne cessait de poser son regard sur lui. Mais les festivités n'allaient pas durer bien longtemps. Soudain, Charles ressentit une légère douleur dans le crâne. Il grimaça, posant alors son index et son majeur sur sa tempe gauche. Tout allait très vite. Il détecta l'utilisation d'un pouvoir, un mutant était ici, il en était certain. Instinctivement, Charles posa sa main sur le poignet d'Erik comme pour l’avertir qu'il ne pourrait pas rejoindre la demoiselle dans la salle de bain.

— Erik ! Il y a un mutant ici...

Charles continua de chercher la personne qui l’intéressait en regardant un par un les individus autour de lui. Les pensées des gens se bousculaient dans sa tête, créant un brouhaha bien pire que les paroles des gens dans le pub. Il n'arrivait plus à se concentrer suffisamment pour voir de quelle personne il s'agissait. Pendant ce temps, la jeune fille qu'il avait eu envie de séduire quelques minutes plus tôt décida de porter son attention sur un autre homme. Charles ne le remarquait pas, mais pour un humain, il avait l'air de chercher quelqu'un susceptible de l'intéresser pour la soirée. Tant pis, son choix se porter sur le mutant qui était dans le pub, les humaines pouvaient attendre.

— Je ne parviens pas à le détecter, je ne sais pas pourquoi.

C'était un peu comme une défaite. Charles se sentait obligé de trouver les mutants, comme si une mission lui avait été confiée. Bien sûr, les mutants n'étaient pas obligés de le suivre, mais il était bon pour lui de proposer son aide. C'était quelque chose qui lui tenait à cœur et il se disait que le mutant présent dans le club ce soir là avait peut-être besoin d’apprentissage. Ou bien, il s'agissait d'un mutant totalement indépendant, ou d'un membre du club des damnés, ou d'un autre mutant mal intentionné. Dans tous les cas, Charles voulait en avoir le cœur net et oublia la drague pour porter son attention sur la détection de mutant.

La joie ressentie lors d’une nuit de beuverie entre hommes... Elle était inestimable. De l’or pur qu’Erik se ferait un plaisir de manipuler ce soir même. Deux mètres de bière ne seraient pas de trop, de toute évidence il avait vu juste en proposant à Charles de ne pas lésiner sur la quantité. L’alcool dans le sang, il n’y avait que cela de vrai pour épicer une soirée telle que la leur. Depuis sa jeunesse on lui avait appris à boire, à apprécier chaque goutte sur ses papilles gustatives, et à présent la bière tenait une place privilégiée parmi ses boissons fétiches. Une chance qu’il ait rencontré quelqu’un comme Charles pour partager ces chopes du bonheur. La vie semblait toujours plus belle quand elle s’accompagnait d’une blonde. Au bout de la quatrième, une légère euphorie commençait déjà à se faire sentir. Il ne manquait plus que la présence d’une demoiselle pour rendre le tout d’autant plus parfait.
C’était dans ces moments qu’il louait les dons de son ami, quand il se rendait véritablement utile, qu’ensemble ils profitaient de ces soirées privilégiées qu’ils s’accordaient de temps à autres. Les responsabilités qu’ils avaient pris en ouvrant l’institut aux mutants impliquaient une présence et un don de soi importants, il était normal qu’ils décompressent par un moyen ou par un autre ; après tout en dépit de leurs mutations –et au grand damne d’Erik, ils demeuraient avant tout humains, des hommes imparfaits, dotés de toutes les faiblesses qui les caractérisent.
Il se rafraîchit à nouveau le palais, se délectant des milliers bulles qui dansaient sur sa langue avant de plonger son regard dans celui d’Erin. Le Manhattan qu’elle convoitait lui changerait certainement les idées. Quelle galanterie tout de même, il lui avait apporté ce qu’elle voulait sur un plateau. L’issue de la situation concernerait en revanche plus ses propres intérêts que de ceux de la demoiselle, et ce bien qu’ils soient étroitement liés, selon les propos de Charles. Son cœur palpitait déjà à l’idée de la retrouver dans la salle de bain du bar. Il avait déjà planifié avec précision la suite des évènements ; il l’aiderait probablement à nettoyer sa robe, puis ils discuteraient une minute ou deux et déjà ils feraient plus ample connaissance… Physiquement parlant.
« Erik ! Il y a un mutant ici... » Il arqua un sourcil, avant de réaliser la raison pour laquelle Charles l’avait arrêté dans sa course et le tenait à présent par le poignet. Un mutant parmi eux… Il s’attendait certainement à ce qu’il bouleverse ses plans pour aller lui parler. Il eut un soupir discret, à peine remarquable pour quiconque le regardait de loin. Erin devrait donc assumer la sottise du serveur seule. Il jeta un dernier regard au panneau « toilettes » qui clignotait vers le fond de la salle avant de revenir à son ami, reprenant son sérieux et tâchant d’être disponible. « Je ne parviens pas à le détecter, je ne sais pas pourquoi. » Aussitôt, Erik commença à regarder tout autour, d’une manière des plus indiscrètes. Généralement, quand Charles ne parvenait pas à percer les voies de l’esprit d’un mutant, cela ne présageait rien de bon. Lui-même ne pouvait hélas pas intervenir, si ce n’est en le protégeant de tout son contrôle du magnétisme. « Si au moins c’était… » Son regard se posa sur une femme qui foudroyait Charles d’un regard inquisiteur. « …une mutante. » Cela ne pouvait être qu’elle, si elle bloquait sa télépathie. Personne d’autre dans la pièce ne le reluquait de la sorte. « Charles… Je crois que la nuit n’est pas finie, pas pour toi. » Murmura-t-il avec un sourire en coin. Il reprit alors son verre dans la main et le leva en direction de la blonde qui semblait bien encline à goûter un morceau ou deux du professeur X.

En entrant dans le bar, elle se toucha le crâne de sa main, plissant péniblement des yeux et gémissant légèrement: elle ressentait un étrange picotement en effet, mais de quoi s'agissait-il? Ça lui faisait un peu mal; l'effet était similaire à lorsqu'elle avait une gueule de bois, et pourtant, différent. Non... Elle reconnaissait cette sensation; elle l'avait ressentie il n'y a pas si longtemps, lorsque l'un des télépathes du club des Damnés avait lu dans ses pensées. Heureusement, elle avait appris grâce à cela à rendre ses pensées "glissantes" lorsqu'elle était parmi une foule, rendant ainsi la tâche de ceux qui tenteraient de déchiffrer ses pensées plus difficile et longue,

C'était déjà ça en temps gagné, mais elle devrait rapidement trouver la source de cette perturbation psychique. S'étant assise au bar, elle avait commandé son Martini tout en guettant, le regard noir. Elle crut voir au départ deux imbéciles obsédés par le sexe, et, après avoir examiné les lieux, se dit que la personne responsable de son dérangement télépathique précédemment n'était probablement plus dans les parages. Grosse erreur: en se retournant, elle vit l'un des deux imbéciles cités plus haut lever sa main vers sa tempe gauche, et elle lui lança instinctivement un regard noir: c'était donc lui, la source de ses problèmes! Maintenant, si simplement elle pouvait... se concentrer pour savoir de quoi ils parlaient!

Fermant les yeux, Regan trouva une meilleure solution: au lieu d'écouter ceux-ci de loin, pourquoi ne pas lire les pensées de l'autre; de celui qui n'était pas télépathe? Et c'est ce qu'elle fit. Elle soupira lorsqu'elle eut vent de ses pensées: « Si au moins c'était ... une mutante » ... Elle était rapidement revenue à la réalité, à sa plus grande chance. En effet, celui-ci levait son verre en sa direction, et ne faisait rien pour cacher qu'ils s'intéressaient à elle...

Oh, et puis, elle n'avait rien à faire. Après tout, il se pourrait que ces deux hommes lui soient utiles plus tard, et puis, comme son père le lui avait souvent dit: « Sois proche de tes amis et plus proche encore de tes ennemis » . Bien qu'elle haïssait son père plus que tout, elle devait s'avouer qu'il avait eu raison cette fois-ci, et si ces hommes cherchaient des mutants, ils étaient probablement de redoutables ennemis. Ainsi, la jeune illusioniste jouerait à leur petit jeu, tout en gardant ses précautions. Adoptant alors un air beaucoup moins aggressif, presque coquet même, la jeune mutante fit comprendre au serveur qu'elle serait en la compagnie des deux hommes cette soirée là.

C'est à ce moment là, donc, que Regan se leva et marcha élégamment, son verre à la main en direction de la table des deux "enseignants" avant de s'asseoir à côté du télépathe, sans même leur demander si la place était libre: s'ils l'observaient depuis tout ce temps, c'était un peu comme une invitation, non? Non. Mais elle s'en fichait: elle jouait peut être à leur jeu mais les règles seraient les siennes, comme d'habitude. Vous remarquerez que la jeune femme décidemment perspicace avait décidé de suivre les conseils de son père à la lettre, et s'était ainsi rapprochée le plus possible de l'homme qu'elle considérait le plus dangereux, à savoir, le télépathe.

Après tout, elle ne savait même pas si son ami était un mutant lui aussi, et puis, elle s'en fichait un peu. Elle les observa: ils avaient l'air plutôt élégants à vrai dire, de vrais fils à papa, sans aucun doute. Bien qu'intérieurement la mutante roulait des yeux d'exaspération, elle conservait son sourire extérieurement tout en se concentrant pour garder ses pensées aussi innaccessible que possible; action rendue d'autant plus impossible par sa proximité avec son "prédateur". Peut être aurait-elle du s'asseoir à côté de son ami, tout compte fait. Posant son verre sur la table et passant ses doigts dans ses beaux cheveux blonds et ondulés, la fille de damnée prit un sourire enjoué avant de demander aux deux "hommes", aussi absurdes soient-ils par leurs compétitions de drague :

- Que font deux hommes de votre pédigrée dans un coin aussi mal famé?

C'était évidemment une question rhétorique, étant donné que la réponse était la même pour tout le monde: se souler la gueule, voilà ce qu'ils étaient venus faire, tout comme elle. Bien que Regan l'ignorait encore, la jeune fille était sur le point de passer une soirée inoubliable, c'était le cas de le dire. Inoubliable à cause de tous les retournements de situation qui se produiraient dans l'espace de quelques heures...

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La soirée aurait pu bien commencer et bien se terminer, mais le destin en avait choisi autrement. La jeune femme dans la salle de bain du pub devait attendre la venue d'Erik avec impatience, mais ses plans avaient été envoyé en l'air. Charles devait rejoindre une des étudiantes qui n'avait de yeux que pour lui, mais ses plans avaient également été envoyé en l'air. Tout ce qu'ils avaient prévu était réduit à néant dès l'arrivée d'un mutant ou d'une mutante mystère. Charles avait beau chercher, regarder les visages des gens, lire leurs pensées, rien n'y faisait. De plus, il avait un léger mal de crâne qui lui faisait penser que le mutant pouvait bloquer ses pouvoirs. Peut-être Emma Frost... Il se mit donc à chercher son visage parmi la foule, mais aucune femme ne lui ressemblait. Elle se trouvait peut-être dehors, mais comment saurait-elle que Charles se trouvait dans le pub ? Après tout, elle avait certainement d'autres choses à faire que de venir suivre les faits et gestes de ses "ennemis". Erik se mit également à chercher la cible, la personne qui pourrait être mutante.

— Si au moins c’était…une mutante.

Charles observa son ami, puis, peu à peu, suivit son regard. Il y avait une jeune femme assise au comptoir qui le fixait un peu trop au goût de Erik, qui en déduit donc que le mutant en question ne pouvait-être que cette personne. Charles ne détacha pas son regard de la jeune femme, non pas qu'elle lui plaisait, car elle n'était pas son genre, mais quelque chose en elle l'intriguait. Pourquoi bloquait-elle la télépathie de Charles ? Comment pouvait-elle savoir qu'il était télépathe ? Soit elle détectait les pouvoirs des mutants, soit elle possédait le même pouvoir que Charles. De toute évidence, c'était un ou l'autre.

— Charles… Je crois que la nuit n’est pas finie, pas pour toi.

Malgré cette phrase, Charles n'était pas convaincu. Il ne se voyait pas passer la soirée avec cette jeune femme, bien au contraire. Elle dégageait quelque chose qui ne lui plaisait pas sans savoir de quoi il s'agissait. Souvent, sans avoir besoin de gène mutant mais plutôt une intuition tout ce qu'il y a de plus banale chez l'être vivant, Charles savait s'il avait à faire ou non à une personne qui lui plairait à l'avenir. En voyant cette femme blonde, qui aurait pu faire tourner de nombreuses têtes, Charles resta de marbre. Tout ce qui l’intéressait, c'était de savoir pourquoi la jeune femme le fixait ainsi. Finalement, au bout de quelques minutes, l'inconnue s'avança près d'eux en s'installant à coté de Charles. Et malgré ses efforts pour percer la carapace psychique qu'elle devait se forger, Charles ne réussit pas à y parvenir.

— Que font deux hommes de votre pédigrée dans un coin aussi mal famé ?

—La même chose que vous, certainement.

Charles lui offrit un sourire tout ce qu'il y a de plus banal avant de reprendre la discussion et de porter une main à sa chope de bière.

—A moins que vous ayez d'autres projets et qu'il serait bon de m'en faire part...

Espérant avoir ainsi accès à une réponse, Charles fixait la jeune femme de manière appuyé. Il avait envie de savoir pourquoi elle bloquait sa télépathie. Peut-être qu'une discussion plus sérieuse devait être imposée.

Elle avait du mal à rester sereine. Du mal à faire comme si de rien n'était. En effet, elle sentait le télépathe se débattre psychiquement pour tenter de percer la carapace qu'elle s'efforçait de préserver autour de son cerveau, et elle pouvait garantir que l'effet qu'il lui produisait était aussi énervant que perturbant. Elle l'observa de plus près. De sa coiffure émanait une certaine respectabilité, comme si l'homme assis à son côté était un symbole... Oui, c'était le bon mot: il avait l'allure d'un mentor; d'un professeur; d'un guide. Mais guide de quoi? Il avait l'air assez prudent et trouble-fête comme homme, et pourtant il avait cet aspect légerement irresponsable, presque immature? C'était un étrange mélange d'un côté de responsabilité et de sérieux et de l'autre d'irresponsabilité et de détente, du moins, c'était l'impression qu'il dégageait.

Elle ressentait quasi-immédiatement de l'aversion pûre et totale envers cet inconnu: parfois, le courant passait entre deux personnes; ce n'était pas l'une de ces fois-là. Elle n'espérait pas que les apparences seraient trompeuses, non, elle se contrefichait complètement de ce qui se passerait à présent entre elle et lui. Tout ce qu'elle savait; tout ce qu'elle avait besoin de savoir, c'était qu'elle ne l'appréciait pas. Lorsqu'il répondit à sa question de manière assez enjouée lui aussi, Regan pensait s'être trompé à son égard: il était peut être plus intéressant qu'il n'en avait l'air. Elle lui répondit simplement alors en souriant avant de porter son martini à ses lèvres, les yeux pétillants de Malice:

- Touché.

Oui, il était peut être différent de l'idée qu'elle s'était faite de lui, seul le temps le dira. Et aussi facilement qu'il était monté dans son estime il y a quelques secondes, ne serait-ce qu'un petit-peu, il venait drastiquement de retomber et encore plus bas que précédemment simplement avec la fin de sa deuxième réplique: « et qu'il serait bon de m'en faire part... » Cette tournure de phrase à la fois méfiante et autoritaire lui déplaisait énormément, et c'est pour cela que le regard de Regan s'assombrit un instant de sentiments négatifs et haineux. Mais elle regagna rapidement le dessus et souriant à nouveau lui répondit:

- Non, pas à ma connaissance, mais si un quelconque dangereux complot me revenait à l'esprit, je te promets que je t'en ferais part avant de le mettre en execution.

Puis, pour renforcer le fait qu'il ne s'agissait que d'une plaisanterie (vu qu'elle n'avait de toutes manières aucune envie de commettre un acte criminel ce soir là) elle se mit à rire d'une manière élégante et pourtant légèrement faussée. Remarquez qu'elle ne s'était pas gênée pour le tutoyer, non: elle ne se gênait jamais, et si ça lui déplaisait, ce serait son problème à lui et non le sien à elle. Regan s'arrêta finalement de rire pour reprendre son sourire précédent, simple mais attirant, avant de tendre sa main vers l'homme avec qui elle parlait depuis tout à l'heure (l'autre étant resté silencieux tout ce temps; lui ne l'avait pas encore donné de quoi effectuer son verdict final et elle hésitait à le placer bassement dans son estime à cause de sa camaraderie avec l'homme autoritaire ou à attendre: il semblait plus modeste et réfléchi que l'autre, il pourrait bien la surprendre, lui!) et de lui dire d'une voix séduisante:

- Regan. Regan Wyngarde. Enchantée.

Remarquez qu'elle ne lui avait pas demandé son nom, à lui: la question était sous-entendue, et c'était presque pour savoir si lui aurait la décence de se présenter à son tour qu'elle avait préféré ne rien demander. S'il ne voyait pas son sous-entendu, elle poserait cette question bien assez tôt. Mais avait-t-elle bien fait de révéler son nom? Elle venait de se rendre une cible plus facile, du moins, c'était ce qu'elle disait. Et c'est pour cela que Regan se concentra davantage afin d'essayer de maintenir en place sa barrière psychique; barrière qui tenait tête à la télépathie de son voisin à merveille jusqu'à maintenant. Si jamais il arrivait à percer sa première ligne de défense, elle avait de quoi riposter de toute façon...