"Le malheur du regret est dans l'impossibilité du retour au passé."

Les yeux rivés dans une vague de mots noyer dans un océan de papier, Toby remplissait à une vitesse extraordinaire des formulaires longs comme son bras, et, bien sûr, s’assurait que tout soit en ordre à nouveau. Ses employés avaient laissé tous les documents ici et là, sans faire attention à aucun d’entre eux, pires qu’un champ de bataille. Parfois, il aimerait avoir la permission de faire exploser leurs petites têtes incompétentes, mais cela demanderait beaucoup trop de nettoyage et de temps, et c’est bien la seule chose qui lui manque. Entre-deux gorger de café encore chaud, le jeune homme remplit les dernières pénibles pages et les rangea à leur place.

Un soupir s’échappa d’entre ses lèvres, lorsqu’il poussa ses documents loin de lui et prit une position plus détendue dans sa chaise. Tant de chose à faire, en si peu de temps. Il repoussa avec paresse une mèche rebelle qui était dans son champ de vision, mais en vain, celle-ci attaqua de plus belle, en entrainant quelque une de ses copines avec elle. La lumière du matin frappait dans sa direction, rendant alors impossible de bien distinguer les traits de son vidage pour toute personne les regardant. Cela faisait plusieurs jours que Hayden n’avait pas eu du temps consacré à lui, et lui seul. Il était toujours en train de travailler, ou traquer des jeunes mutants, essayant de les mettre de son côté. Mais aujourd’hui, il s’était promis de ne pas travailler, même s’il venait de briser sa promesse, et de se concentrer sur une chose beaucoup plus importante.

Assis près de la fenêtre, Toby fit exactement ce qu’il s’était dit de faire; attendre. L’attente peut paraitre très longue, quand on est anxieux ou impatient. Il avait un petit « rendez-vous » avec une « vieille amie ». Il ne savait pas trop à quoi s’attendre, il avait tout de même essayé à plusieurs reprises de lui prendre son pouvoir, et maintenant il désirait à l’avoir de son côté. Pourquoi ce changement de plan? Peut-être parce qu’il est trop orgueilleux d’avouer qu’il a échoué de prendre possession de son habileté. Les heures filaient, mais le noiraud restait toujours assit, attendant patiemment, la visite de sa chère « amie ».

Midi sonna, et une heure de retard sur le rendez-vous, également. Inconsciemment, l’idée que la jeune femme ne viendrait pas frôla l’esprit de Sylar. Ses doigts commencèrent à danser sur le petit napperon déposé sur la table devant lui, le faisant tourner et glisser contre la surface lisse du meuble. La place était incroyablement tranquille pour l’heure du diner. Est-ce que tout le monde était en retard aujourd’hui, ou c’était simplement un samedi midi bien banal? Ses grands yeux marron balayèrent la place, espérant apercevoir un visage familier, mais en vain. La tempe accotée sur son point, le jeune homme attendit de nouveau. Peut-être était-ce l’effet de la monotonie de la place, ou les trois nuits de sommeils manquer ou encore une combinaison des deux éléments, qui l’entraina dans une vague de fatigue. Mais bien vite, une ombre s’ajoutant au décore le fit sortit de ses pensées et toute trace de fatigue fut alors porté disparu. Son regard était désormais déposé sur la jeune dame qui se trouvait debout près de la table. Un sourire apparut sur les lèvres de Hayden. Il fit alors signe à la dame de prendre place. Elle n’avait pas du tout changé, son visage lui rappelait une montagne de souvenirs, même si la plus part d’entre eux était loin d’être heureux.

-Vous êtes en retard, ma chère Sarah…

Elle ne savait plus vraiment comment c'était arrivé, mais aujourd'hui elle avait rendez-vous avec une vieille connaissance dans un café. Pour toute autre personne ça pourrait être quelque chose de banal et rien de bien dangereux, mais la personne en question qu'elle devait rejoindre était loin de faire partie de celle qu'elle portait dans mon cœur. C'était compréhensible quand on savait que cette personne avait essayé de la tuer à plusieurs reprises dans le seul but de se procurer ses pouvoirs.

Elle regardait l'heure qu'affichait son portable et constatait qu'elle était déjà en retard étant donné qu'il était l'heure du rendez-vous et qu'elle était toujours dans son bureau. Ce n'était pas vraiment son genre d'être en retard, généralement c'était plutôt le contraire, mais là elle n'était pas spécialement pressée de se rendre au café où il l'attendait. Depuis que ce rendez-vous avait été fixé elle ne cessait pas de se demander si elle allait vraiment honorer cet homme de sa présence, les fois passées où ils avaient été dans la même pièce ayant été assez désastreuses. Mais malheureusement pour Sarah son côté fouineuse et curieuse la poussaient à voir ce qu'il lui voulait, surtout depuis qu'elle avais apprit que les tentatives de Charley pour la faire rejoindre la sorte de clan de mutant auquel il adhérait, avait été une idée de Toby. Et cela avait le don de lui faire se poser des questions sur les raisons qui l'ont mené à faire ça, car ça lui semblait assez loin de la personnalité de l'homme qui avait essayé de la tuer.

Après avoir fini de travailler sur l'un de ses dossier et après avoir réussi à prendre une décision sur la question d'aller ou non à ce rendez-vous, elle prit ses affaires et quittait son bureau. Dans le taxi qui la menait à l'adresse du café son esprit continuait de se poser des milliers de questions. Elle vérifiait l'heure et fut un peu surprise, elle savait qu'elle serait en retard, mais elle ne s'était pas attendue à ce qu'il soit déjà midi, elle commençait même à douter de la nécessité de se rendre au café pensant que Toby n'aurait pas attendu pendant une heure son arrivée. Le taxi s'arrêtait, elle payait donc avant de sortir et de s'engouffrer dans le café, quitte à être arrivé jusqu'ici autant entrer même s'il n'était plus là. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour repérer la table à laquelle était assis l'autre mutant, peut-être à cause du fait qu'il n'y avait pas grand monde ou bien parce qu'elle connaissait par cœur ses traits, il fallait dire qu'à l'époque où il voulait sa mort elle avait eu une tendance paranoïaque pendant laquelle elle vérifiait sans arrêt qu'il n'allait pas sortir de nulle part pour mettre fin à ses jours.

- Oui je sais. Je n'ai pas vraiment vu les heures défilées.

Ce n'était pas vraiment des excuses, elle ne voyait pas l'intérêt de s'excuser pour une heure de retard auprès d'une personne ayant voulu la tuer. Cela même si elle savait qu'il avait dû changer depuis cette époque, sinon ce ne serait pas dans un café, où il y avait beaucoup de témoins, qu'il lui aurait donné rendez-vous. Elle s'assit en face de lui et laissait un soupir lui échapper.

- Pourquoi vouliez vous qu'on se voit ?

Il ne quitta pas la jeune blonde des yeux. Bizarrement il ne ressentait pas l’envie de vouloir lui sauter au cou, comme auparavant. Qu’est-ce que cela signifiait? Pas grand-chose. Cette réaction était probablement le « choc » de revoir une personne qui avait marqué à vie votre passé, que cela soit bon ou mauvais. Il n’avait aucune idée si ses envies meurtrières allaient faire surface à nouveau, mais, ce qu’il pouvait affirmer, c’est que ce n’était pas pour aujourd’hui. Qui sait, demain est une tout autre journée…

-Comme vous le savez très bien, un de mes… - Toby mit sa phrase en suspense, ne savant comment poursuivre sa phrase, ou encore, quel mot employer. – Collègue vous a approché. Un certain Charley.

Les mains du jeune homme commencèrent machinalement à déchiqueter la serviette en papier qui se trouvait près de lui. Un signe de nervosité? Non, simplement un esprit de destructeur, enfin, c’est ce qu’il se disait. Sylar, laissa le silence tomber, cherchant dans le visage de la jeune femme un changement, une réaction. Pour dire vrai, il n’est pas certain, lui-même, pourquoi ce rendez-vous avait lieu. Il était clair qu’il désirait fortement qu’elle se joigne à eux. Question d’orgueil probablement, mais il ne pouvait pas vraiment lui dire cela.

-Pour être bref, je lui avais donné comme « mission » de vous convaincre, en quelque sort de nous rejoindre. Je crois que vous avez quelque chose d’exceptionnel… Et bien sûr, la raison que je ne suis pas venue vous voir en personne c’est que vous vous seriez probablement sauvé, ce qui est, évidemment, totalement compréhensible. Après toute l’horreur que… Je vous ai causée. - Son regard dévia brusquement vers ses mains. Il fit une petite grimace avant de continuer, n’étant pas habitué à ce qui allait suivre. – Mais, je vous ai fait venir, aussi, en partie, pour vous présenter mes… excuses… - Un petit soupir ressemblant drôlement à un rire sorti alors de la bouche du jeune homme. – Bien sûr je ne m’attends pas à ce que vous les acceptiez. Je veux simplement que vous pensiez à tout ce que ce cher Charley vous a dit.

Il releva son regard à nouveau vers Sarah. Ne pouvant toujours pas deviner à se quoi elle pensait à cet instant même. Une autre vague de silence s’abattit sur les deux êtres. Il ne pouvait prédire comme la jeune blonde allait réagir. Penserait-elle qu’il est sincère ou qu’il essaie de la manipuler? Même lui ne pouvait pas exactement dire ce qu’il faisait présentement. Au plus profond de lui, il avait pratiquement hâte que tout cela finisse rapidement. C’était probablement un désir réciproque.

Sarah espérait que cet entretien ne finirait pas comme les dernières fois qu'elle avait vu Toby, bien qu'elle se doutait que s'il lui avait demandé de venir dans ce café plutôt bien exposé dans une rue où il y avait très souvent beaucoup de passage, ce ne devait surement pas être pour essayer de la tuer une nouvelle fois. Elle fut contente que Toby aborde le sujet de Charley parce qu'elle avait fait des recherches sur lui, chose qu'elle faisait régulièrement préférant assuré ses arrières ayant quelques ennemis dû à son travail. Et elle avait été étonnée d'apprendre que ces deux-là travaillaient ensemble et que Charley essayait de la faire se rallier à eux alors que Toby avait essayé de la tuer par le passé.

Sarah croisait les mains sous son menton et regardait Toby, attendant qu'il se décide ou soit prêt à l'éclairer sur les raisons de l'approche de Charley auprès d'elle. Elle se sentit flattée que Toby lui dise penser qu'elle avait quelque chose d'exceptionnel, ce qui était la raison du pourquoi il voulait qu'elle les rejoigne. Ce qu'elle ne savait pas c'était qui était ce "nous" et quel genre de groupe ils formaient, à part que ça avait un lien avec ses pouvoirs. Elle le laissait finir ce qu'il avait à dire avant de pouvoir lui poser les questions qui lui trottaient en tête. En cet instant en entendant la suite elle se disait que si elle n'avait pas été assise elle serait surement tombée à la renverse en entendant Toby s'excuser d'avoir essayé de la tuer à plusieurs reprises, c'était une chose qu'elle n'aurait jamais crue possible.

- Et bien si on m'avait dit qu'un jour vous viendriez me présenter vos excuses j'aurais probablement traité de fou la personne qui m'aurait dit ça. Après je ne peux pas réellement vous dire que je vous pardonne, il me faudrait beaucoup plus de temps pour ça...mais j'apprécie quand même la démarche. Disait-elle en souriant légèrement et pensant quand même que tout cela semblait irréaliste. Pour ce qui est de vous rejoindre j'aurais besoin de plus de détails sur ce que vous faites, parce qu'à part le fait que ça concerne les mutants je ne sais pas ce que vous faites.

Bien qu'elle ne s'était jamais intéressée au fait de rejoindre un groupe de mutant avant que Charley ne vienne la voir pour essayer de la recruter, l'idée ne lui était pas forcément impensable, elle devait juste connaitre suffisamment de choses sur ces groupes pour être sûr de son choix.

Spoiler:

Il déposa son regard sur la jeune femme qui se trouvait devant lui. Elle ne semblait pas être détendue complètement, mais l’atmosphère semblait différente. Il laissa de côté sa pauvre victime, les serviettes en papier, et arrêta de les décapiter. Toujours le regard river vers la jeune blonde. Un soupir se glissa entre ses lèvres et son dos s’accota contre le dossier de la chaise. Qu’allait-il dire? Le groupe n’était pas encore complètement formé, et disons qu’il ne pouvait guère dire qu’il pourchasser certain mutant pour avoir leur pouvoir ou tout simplement pour faire grandir le groupe et pour avoir plus de pouvoir. Il porta ses deux mains à sa bouche tout en choisissant très soigneusement ses mots dans sa tête.

-Disons que le groupe… n’est pas complètement formé, nous sommes encore à la recherche de mutant prêt à embarquer dans le « projet ». - Il se replaça inconfortablement dans la chaise. Passa une main nerveuse dans ses cheveux. – C’est pourquoi nous avons besoin de mutant talentueux. – Il leva de nouveau son regard vers elle.

Toby se pencha vers l’avant à nouveau, déposant ainsi ses bras sur la petite table. Pourquoi parler à cette femme semblait si difficile. Est-ce parce qu’il avait essayé tant de fois de finir la vie de cette dame où c’était tout simplement parce qu’il se retenait de ne pas lui sauter au cou et d’enfin pouvoir finir cette histoire pour de bon. Il balaya cette idée de sa tête par un petit mouvement de la main.

-Bref, tout ce qu’on veut c’est… -Il prit une légère pause et se racla la gorge.- C’est d’aider les mutants et les entrainer, grandir ensemble, vous voyez, nous pouvons nous protéger maintenant des autres qui nous veulent du mal. Se protéger… vous voyez.
« Et bien sûr m’amener des mutants pour voler leur pouvoir s’ils sont dans un autre camp. » Pensa-t-il.

Il était très évident qu’il n’allait pas faire mention de cette petite facette, enfin, pas pour le moment, cela était évident. Mais si elle décidait d’entrer dans ce groupe, il ne pourrait pas le lui cacher pour le reste de sa vie.

-Alors, en gros c’est simple comme cela. Rien de gros, mais il y a un commencement a tout. C’est sûr que aussi être seul en mettre cela en place, c’est un peu compliqué. – Il fit un petit sourire, qui sort complètement de sa personnalité, qui ne lui ressemblait aucunement. Un petit silence s’installa entre les deux humains.

-B-bien sûr, j’aimerais bien faire de cela, quelque chose d’exceptionnel, quelque chose qui pourrait vraiment aider, vous voyez. - Toby semblait exciter à cette idée, comme un enfant prêt à développer son cadeau de Noël. Perdu dans ses pensées et ses idées.

-Désolé… - Il attaqua de nouveau les serviettes en papier qui se trouvaient devant lui. Espérant que son plan allait marcher.