♣ Souvent on me demande pourquoi j’ai choisi d’être journaliste. D’investigation qui plus est. J’ai un physique, j’ai un cerveau, je pourrais réussir en politique qu’on m’a dit. Ou bien en tant que mannequin, si je ne voulais que la gloire. Car c’est tous ce qu’ils pensent, que je cherche la gloire en restant en freelance. Non, ce n’est pas ce que je cherche. Je cherche simplement à exposer des choses. Pas forcément ce que les gens « biens » voudraient voir exposer mais je m’en fiche bien. C’est aussi pour cela que je reste en freelance. Pas de chaînes, pas de contraintes sur mes sujets. Des ressources plus limitées aussi mais tant pis, au moins je traite les sujets que je veux et évites les sujets qui…Pourraient m’embêter.
Car voyez-vous, je ne suis pas un humain normal. Je suis un de ces êtres que les auteurs de science-fiction adorent imaginer (quoi que je me demande s’ils les imaginent vraiment) ; j’ai des…Disons des capacités hors du commun. Pour le détail, je passe à travers les murs et je peux faire disparaître des choses. Je sais que je ne suis pas le seul et ça m’intrigue, de savoir qu’il y en a d’autre comme moi là, dehors. Sauf que chercher à les exposer reviendrais à m’exposer moi-même. Ce n’est pas une bonne idée. Alors je fais des sujets parfois dangereux, sur tout, sur rien, parfois, quand l’argent manque, je joue le reporter people et je gagne de quoi vivre un mois de plus.

Ha ! On peut me dire hypocrite si on veut, je m’en fiche bien. Tant qu’on parle de moi à la limite, le comment je m’en fiche. J’ai été élevé comme ça. A me ficher de beaucoup de choses pour supporter beaucoup. Mon père était loin d’être un tendre et ma mère était la parfaite femme au foyer. Oh non, il ne me battait pas, mais il était stricte, m’apprenant discipline et détermination. J’avais commencé la gym comme une passade et quand j’ai voulu arrêté, un an plus tard, il m’a fait continuer malgré mes protestations premières. J’avais que sept ans mais tant pis, il fallait persévérer pour apprendre et s’améliorer. On peut dire ce qu’on veut sur mon père, mais personne – et je dis bien personne – n’a le droit de parler de lui en de mauvais termes ou d’assumer des choses mais moi. Personne ne sait ce qu’il a vécu durant les deux guerres, ce qu’il a pu avoir à faire pour revenir vivant de ces horreurs et pour garder une once de santé mentale (qu’il a perdue depuis malheureusement…). Le premier qui tente, il va voir mon poing en zoom extra dans son visage. SI je me permets beaucoup, dit énormément de vacheries, je n’attaque jamais la famille à moins de savoir exactement de quoi je parle. Alors j’en attends de même pour les gens en face. Il est vrai que j’ai le sang chaud et que je démarre vite, alors faites attention. Je suis un individualiste, je ne marche pour personne à par moi…Et quelques rares personnes qui arrivent à me supporter.

Actuellement j’attends un collègue, un qui est censé avoir un contact qui peut m’aider. Attendre ne m’a jamais dérangé ; ça me permet d’observer en attendant. Observer ce qu’il se passe autour de moi, j’adore, j’en apprends beaucoup ainsi. Parfois je me perd un peu dans mon observation, comme ici, où mon contact ale temps de s’installer et de commander avant que je ne le remarque, quand il s’adresse à moi…

"Alors Gaby, on reluque le petit serveur ?" il dit cela sur le ton de la plaisanterie mais je n’aime pas cela. Ces insinuations ne m’ont jamais plus, mais Richard est comme ça, toujours à faire des blagues de merde. On ne serait pas dans un endroit public, je lui aurais fait regretter son sous-entendu très vite. Au lieu de cela, j’ai vidé mon whisky et lancé un regard meurtrier à mon collègue, qui ne s’en ait pas senti plus mal pour autant et on a commencé à parler travail.