Le temps était magnifique, ce matin là. Les oiseaux volaient dans le ciel, le soleil pointait le bout de son nez et la température était des plus agréable. Sean s'était réveillé le premier, à cause d'un mauvais rêve, encore une fois. Ce genre de rêve qui vous empêche de fermer vous rendormir. C'était toujours le même. Un de ses amis était coincé sous des débris après que Sebastian Shaw soit passé. Quel fichu cauchemar ! Sean était donc sorti de la chambre en essayant de ne pas faire de bruit pour éviter de réveiller ses camarades. Son petit déjeuner avait été composé d'un grand bol de céréales, ses préférées, fourrées au chocolat, puis d'un jus d'orange bien vitaminé. Il avait ensuite endossé son accessoire lui permettant de voler afin de pouvoir s'entrainer un peu dehors, car le temps le permettait. Aucun nuage menaçant, aucun vent (quoique ce dernier n'était pas tellement un problème). Des sangles entourés le haut des cuisses de Sean ainsi que sa taille et ses bras. Les ailes étaient rattachées à des sangles lui entourant les poignets et aux autres. Il ressemblait à une véritable petite chauve-souris.

C'est dans une des pièces les plus hautes de l'institut qu'il décida de se rendre pour essayer de voler par la fenêtre. Il avait réussi au dessus d'une parabole à plusieurs milliers de mètres du sol, alors pourquoi pas à cette fenêtre ? Sean voyait le vide au dessous de lui et sentit un petit vertige lui venir. Il ne devait pas avoir peur. Pas maintenant. Il prit alors son courage à deux mains et se mit au dessus du rebord de la vitre, sauta dans le vide et hurla aussi fort qu'il le put. Son cri le porta dans les airs, tel un oiseau géant. Sean se mit à rire, satisfait d'avoir réussi. Ce petit entrainement dura à peu près toute la matinée, si bien qu'il n'avait pas vu l'heure passer. Une fois qu'il fut 12h47, Sean se dit qu'il était temps pour lui de rentrer et manger quelque chose. Son ventre grognait atrocement. En se rapprochant de l'institut, il vit l'un des élèves allongé sur le dos, élève que Sean connaissait.

— Qu'est-ce que tu fais tout seul par terre ? Tu as fini de prendre le repas ?

Sean observa Jonathan, debout au dessus de sa tête qu'il voyait à l'envers.

— Et bien, je voulais être seul, mais non, je ne les juste pas prit, tu sais, avec se que je possède dans mes veine, c’est un peu compliquer de manger sans avoir peur de se couper ou tout simplement de cracher de l’acide dans le visage d’un autre, alors j’aime mieux attendre que tout le monde soit partie….enfin, ne parlons pas de moi, je suppose que tu arrive d’un petit entrainement? Il faudrait que je vienne te voir un beau jour.

Accompagnant ses paroles, Jonathan proposa à Sean de prendre place sur l'herbe à coté de lui. Sean s'installa donc, avec ses ailes toujours accrochées à son dos. Les sangles ne le gênaient pas trop, même si il y avait une partie où ça serrait un peu. Il avait presque l'impression d'être attaché comme un enfant qui ne devait pas bouger. Mais il était inutile de les retirer pour le moment, au cas où il voudrait retourner s'entrainer un peu. De plus, Sean ne parvenait jamais à rattacher le tout seul, il avait toujours besoin d'aide. Parfois, c'était le professeur Xavier qui se chargeait de lui mettre ses ailes en place, parfois ses amis. Jonathan avait envie de voir Sean s'entrainer un jour, ce qui serait une bonne idée. Mais ce qu'il avait dit avant laissa Sean quelque peu inquiet. Jonathan était-il un peu paranoïaque ou prenait-il ses précaution au maximum ?

— Tu sais, il y a une chance sur un milliard pour que tu te coupes en plein repas. Personnellement, je ne me suis encore jamais coupé en mangeant. Au pire, ne prends aucun couteau, mange avec simplement une fourchette ou une cuillère. Enfin, après tu fais ce que tu veux, mais ne va pas te priver de manger pour ça. Tu manges quand même parfois j'espère !?

Ce serait dommage que Jonathan devienne anorexique à cause de sa peur, de son pouvoir. Mais la majorité des mutants de l'institut avait peur de quelque chose concernant leurs dons.La peur de mourir écrasait avait été la frayeur de Sean bien avant de savoir voler. Hank cachait ses pieds, Havok ne voulait personne autour de lui lorsqu'il se servait de son pouvoir, Raven masquait sa véritable nature avec diverses vêtements corporels... Pour Jonathan, c'était la peur constante de saigner et donc, rejeter de l'acide sur n'importe qui.

— Dit moi Sean, ici à l’institut, tu à quelqu’un qui te fait de l’effet? Je veux dire quand tu te trouve devant cette personne, ressent tu le besoin d’être prêt d’elle pour toujours, à tu toujours des papillons dans le ventre? Car pour moi c’est le cas

Sean réfléchit un moment en retroussant son menton. Si quelqu'un lui faisait de l'effet à l'institut ? C'était une bonne question. Jonathan était dans ce cas, il avait quelqu'un en vue mais Sean ignorait de qui il s'agissait. Il ignorait même que lui-même était bisexuel, comme s'il laissait un voile constant sur ses yeux. Sean n'avait jamais pris le temps de se poser ce genre de question, de réaliser si des garçons étaient susceptibles de l'attirer. Et puis, à cette époque, l'homosexualité était un sujet tabous, alors, peut-être que inconsciemment, Sean ne voulait pas réaliser qu'il était attiré non pas que par les filles, mais aussi par les garçons.

— Je ne m'en suis jamais préoccupé. Je sais pas du tout, peut-être. Tu as besoin de conseils ?

— Mais non, je vais manger, je préfère juste être seul, je suis plutôt un mangeur solitaire, même si la peur de les blesser est présente, j’aime mieux être seul, comme sa je peux penser sans être déranger….mais ne t’inquiète pas, je mange toujours.

Voila qui était plutôt rassurant. Jonathan n'allait pas se priver de nourriture, même si le fait qu'il mange seul était plutôt triste. Beaucoup de mutants restaient seuls, de peur de faire du mal aux autres dans n'importe quelle condition. Sean avait entendu parler d'une fille ayant le pouvoir de prendre l’énergie de n'importe qui rien qu'en le touchant, se procurant également momentanément son pouvoir. Cette pauvre jeune fille était donc toujours seule, mais Sean n'avait pas encore eu l'occasion de la voir. Il devait certainement y avoir beaucoup de mutants dans ce cas là. Hank par exemple, cachait qu'il était un fauve bleu. Personne ne savait réellement qui il était réellement, car la seule chose visible chez Hank était ses pieds semblables à ceux des singes, puisqu'ils ressemblaient à des mains.

Sean était donc assis dans l'herbe, près de Jonathan avec qui il allait avoir une discussion des plus sérieuses. Ce dernier avait commencé à parler de sentiments qu'il pouvait ressentir à l’égard d'une personne de l'institut. Sean ne savait pas encore grand chose et il écoutait d'une oreille attentive, prêt à répondre à ses questions puisque Jonathan avait peut-être besoin de conseils. En tout cas, Sean lui avait proposé son aide, sans se douter de rien.

— Et bien, je crois que oui, j’ai besoin de conseil. Tu sais, tu à été le premier à m’accepter après mes parents et pour sa, je ferais n’importe quoi pour toi et je te fais entièrement confiance. Enfin bon, voila je suis attiré par une personne de l’institut, elle fait partie des X-Men, mais disons que ce n’est pas réellement une fille, plus un gars, du coup je ne sais pas comment lui dire se que je ressens, de peur qu’il me rejette.

L'annonce de Jonathan n'avait pas été très simple à assimiler. L'époque dans laquelle ils vivaient en ce moment n'était pas des plus tendre. L'homosexualité était mal vue et peu de gens en parlait, c'était un sujet extrêmement tabou, alors, lorsque Jonathan confia à Sean ressentir des sentiments envers un garçon, il fut plutôt surpris. Ce n'était pas quelque chose qu'il trouvait repoussant, loin de là, mais ce genre de conversation était nouveau pour Sean. Trouverait-il les mots justes pour aider Jonathan ?

— Oh, je vois. Eh bien... tu sais, j'ai encore jamais parlé à... quelqu'un qui aimait les... garçons donc... je ne sais pas trop quoi te dire. Tu es vraiment attiré par lui ? Tu sais comment il pourrait réagir ? Parce que... je veux pas te décevoir mais... ce dont tu me parles, ce n'est pas très répandu. Si la personne envers qui tu as des sentiments n'accepte pas cette idée, il vaut mieux que... que sois discret, pour pas souffrir.

Si Sean n'était pas terrorisé à l'idée de parler à quelqu'un ayant une attirance pour un garçon, c'est tout simplement parce que lui même, au fond de lui, était attiré par les filles et les garçons. Un peu comme si le sexe n'avait aucune importance, comme s'il fallait juste laisser place aux sentiments et non aux préférences. Mais Sean ne le réalisait pas encore. Pour le moment, il se contenait de séduire les filles. Il n'était encore jamais tombé amoureux, ou peut-être que si, mais Sean ne le réalisait peut-être pas, car les sentiments et les émotions sont terriblement difficiles à cerner.

Les rayons du soleil transperçaient les quelques nuages qui passaient dans le ciel, illuminant en partie le parc entourant l'institut. Sean dut plisser les yeux pour arriver à regarder Jonathan en face, car ses yeux clairs ne supportaient pas tellement la forte luminosité ambiante. La discussion était des plus sérieuse et Sean devait même avoir sa réelle première discussion avec Jonathan depuis qu'il le connaissait. C'était assez spécial, car dans cette institut, tout le monde était plus ou moins proches. Il y avait des exceptions, comme John Allerdyce et bien d'autres, mais souvent, tous se confiaient les uns aux autres. Cette après midi là, c'était au tour de Sean d'être le confident. Jonathan lui dévoila alors son homosexualité, ce qui était une preuve de grand courage. Sean se sentait même plutôt heureux d'être vu comme quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance. Cependant, il était bien loin de s'imaginer pourquoi Jonathan se confiait auprès de lui et pas d'un autre.

— Et bien, je ne sais pas si il m’aime, mais moi je l’aime, je sais, aujourd’hui c’est assez mal vue, mais je suis née comme sa, je ne crois pas que se soit un drame…enfin, c’est normal, si c’est réellement leur dieu qui nous crée, il ne m’aurait pas fait Gay si il ne voulait pas vraiment que je sois ainsi. Sinon j’ai commencé à t’aimer….enfin aimer cette personne quand elle ma aider à accepter de me montrer au autre, elle ma beaucoup aider.

Sinon j’ai commencé à t’aimer….enfin aimer cette personne. J'ai commencé à t’aimer. A t'aimer. Sean n'avait pas rêvé, il avait bien entendu et se répétait la phrase de longues secondes, encore et encore, jusqu'à réaliser l'importance des paroles de Jonathan. Il était amoureux de lui ? Sean n'en croyait pas ses oreilles, il était abasourdi. Apprendre que quelqu'un est amoureux de vous, c'est un choc, mais un ami... c'est un choc bien plus fort. Sean ne sut pas trop quoi dire, la bouche entre-ouverte sans qu'aucun son ne sorte. Jonathan avait voulu se rattraper en disant d'autres choses, mais Sean n'avait rien entendu. Tout ce qu'il avait entendu est J'ai commencé à t'aimer, puis plus rien. C'était assez était assez étrange aussi d'être aimé.

— Attends, tu viens... de dire que tu... m'aimes ?

Sean essayait de réaliser, sans grand succès. Il avait les yeux écarquillait et s'était redressé, assit le dos bien droit, le regard rivé sur Jonathan.

— Tu ne me connais même pas. Je... tu imagines ce que tu viens de dire ? On est amis non ?

— Je sais, c’est stupide, nous sommes ami et moi je tombe amoureux de toi.

Stupide ? Ce n'était pas tellement le mot que Sean avait en tête. Improbable ? Sûrement. Après tout, il ne connaissait pas très bien Jonathan et ce dernier ne savait pas tout de Sean. Ils ignoraient beaucoup de choses l'un sur l'autre et c'est pour cette raison que Sean était autant surpris par la nouvelle. Il ne ressentait pas de dégouts envers Jonathan, c'est juste qu'il ne ressentait rien de plus que de l'amitié pour lui. Ses sentiments ne s'étaient pas développés au sens plus poussé, Sean n'avait jamais regardé Jonathan de manière différente, il le voyait juste comme un très bon ami, quelqu'un avec qui parler, rire parfois, mais pas quelqu'un avec qui il aurait une relation intime. Comment dire ça à une personne qui ressent des choses pour vous ? Sean n'avait jamais été confronté à cette situation. D'habitude, c'est lui qui ressentait des choses, lui qui se faisait gentiment rejeter. Il avait même pris l'habitude de draguer des filles de manière totalement désinvolte, pour s'amuser, tenter sa chance sans se prendre la tête. Là, il devait jouer le rôle qu'il avait jusque là eu toujours en face de lui, le rôle de la personne qui dit "non, ce n'est pas possible". Comment faire ? Quels mots adopter ? Pourquoi avoir ce rôle ? Sean soupirait, il n'aimait pas être "le méchant" de l'histoire. Jamais il ne se serait douter une seule fois dans sa vie qu'il aurait ce grand rôle.

— Je sais, je te connais à peine et oui je réalise ce que je viens de dire. Nous sommes ami, je sais. Je ne peux pas contrôler cela, je voudrais que entre nous se ne soit que de l’amitié, mais je ne contrôle pas mes sentiments, si tu veux arrêter de me parler et que tu souhaite ne plus me voir, je comprendrais, après tout, tu n’est pas comme moi et je ne croit pas que cela change un jours, alors je vais comprendre. Je ne te retiens pas.

— Jonathan....Tu sais, un ami, même si les choses ne se passent pas comme tu le voudrais... peut-être là, quoi qu'il arrive. Je sais que.. c'est con d'avoir des sentiments pour quelqu'un qui... n'en a pas, mais, on peut rester amis, tu ne crois pas ?

De manière subtile, Sean avait répondu aux attentes de Jonathan. Non, il ne ressentait rien de plus pour lui. C'était assez difficile, de le voir pleurer, mais Sean n'avait pas le choix. Il ne se voyait pas mentir, en disant qu'il réfléchirait. Il ne voulait pas donner d'espoir pour ensuite enfoncer le couteau de manière bien plus douloureuse. Il fallait que les choses soient directes, Jonathan devait connaître la vérité et non vivre dans le mensonge.