Le moment était arrivé, il allait devoir faire face à l'une de ses soeurs qu'il chérissait tant, autrefois. Il les chérissait toujours, évidemment, mais elles n'avaient plus qu'une place dans son coeur désormais. Il était sorti de leur vie voilà bientôt six ans. Il les savait à New York, mais il n'avait pu retrouver que la trace d'Elvie et ce, par de simples coups de chances. Il avait peine à le croire, alors qu'elle se trouvait à quelques mètres de lui. La voilà qui sortait du bâtiment, mais il resta figé. Elle était telle qu'il l'avait connu, aussi belle que dans ses souvenirs, avec quelques années de plus. Elle avait l'air de mener une vie stable, enfin il ne pouvait que l'espérer, car il ne connaissait plus rien de sa vie. Un doute le submergea et il garda ses distances, l'idée lui avait semblé bonne sur le papier, mais une fois sur place.. ça devenait autre chose. Allait-elle lui sauter au cou, se mettre en colère ou rester de marbre ? La dernière serait la pire des réactions pour lui, mais il pourrait le comprendre, sans doute. Alors qu'il s'apprêtait à franchir la distance qui les séparait, il fut devancé de peu par la brune qui venait dans sa direction. Il ne pouvait plus vraiment reculer, il ne le voulait pas, mais... c'était assez étrange de se retrouver face à Elvie après tout ce temps. Finalement, plutôt que de la suivre ou de l'aborder spontanément sans crier gare, il opta pour quelque chose de plus simple encore, mais qui ne pouvait que fonctionner. Elle venait de le dépasser lorsqu'il se jeta enfin à l'eau.

« Elvie ? »

Nul besoin de crier lorsqu'elle se tenait à tout juste un mètre de lui, si elle était ne serait-ce qu'un tantinet curieuse, elle se retournerait. A moins qu'elle n'ait reconnu la voix de Thom ? Après tout ce temps, il se demandait si elle le pouvait encore. Une voix, ce n'était rien. Il était vêtu le plus simplement possible, mais il portait une veste à capuchon qu'il portait toujours, se voulant discret lorsqu'il sortait en ville. Pour l'occasion, il ne l'avait point rabattu sur son visage pour permettre à sa chère sœur de le reconnaître directement. Il ne devait pas avoir beaucoup changé non plus.. Il était un peu tendu, mais il gardait son calme et paraissait un peu froid, vu de l'extérieur. Il n'en était rien pourtant, il redoutait seulement cette confrontation depuis quelques mois et à présent, il y était. Il était heureux d'une part, c'était certain, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir des doutes malgré tout.

Je n'avais pas eu de cours à l'Institut aujourd'hui j'avais donc erré dans l'établissement, vérifiant qu'Ethan allait bien, ça faisait un petit moment que je n'avais pas eu de nouvelles de Kara, il faudrait donc y remédier sous peu. Quand on c'était reve elle ne semblait pas m'en vouloir d'être partie comme ça. Mais le départ de Thom avait été si soudain que je ne me voyais pas endosser son rôle.

J'avais passé le reste de la journée dans les bouquins, puis quand l'heure fut venue je quittais l'établissement pour me rendre en ville, depuis l'attaque William était au courant de mon emploi du temps et il m'arrivait certaines fois de le voir, je me dépêchais de me rendre dans le magasin, et là commença mon après-midi à ranger les comics, accueillir les clients, trouver ce qu'ils cherchaient.
On n'avait pas à se plaindre les clients étaient assez nombreux, et ils finissaient rapidement par être des habitués, une fois ma journée terminée, on s'occupa de l'inventaire et de ranger les comics qui n'étaient plus à leur place, puis j'attrapais mon sac et ma veste avant que le patron ferme derrière moi.

J'avais enfilé ma capuche, pas spécialement parce que j'avais froid, mais maintenant je préférais me méfier et passer le plus inaperçue possible... Je continuais mon chemin d'un pas décidé, comme à mon habitude. Pensant au bon chocolat chaud que j'allais boire en rentrant dans mon appartement.

- Elvie ?

Je me figeais, ce n'était pas la voix de William, mais j'avais l'impression de la connaître, je me tournais pour faire face à l'inconnu, j'étais comme paralysée face à ses traits si familiers, il était là en face de moi bel et bien vivant, six ans avait passé, j'avais souvent pensé à ma réaction quand je le retrouverais lui en vouloir pour être parti ? J'étais partie aussi...

- Thom ? c'est vraiment toi ?

Il fallait me comprendre six ans que je ne l'avais pas vu, six ans que je n'avais pas obtenu de nouvelles, c'était mon frère, qu'importe les kilomètres qu'il pouvait y avoir entre nous, ça ne changerait pas. De peur qu'il ne soit qu'une illusion et qu'il m'échappe à nouveau, je me pressais pour le serrer dans mes bras, aussi fort que je le pouvais.

- Si tu savais à quel point tu m’as manqué, tu partiras pas cette fois hein ?

Il ne savait même plus pourquoi il redoutait ce moment tant les sentiments s'entremêlaient pour ne laisser qu'une pointe de joie et de regret. Elvie s'était jetée au cou de son frère, tel qu'il l'espérait, mais non pas ce qu'il envisageait pour être franc. Machinalement, il referma ses bras dans son dos pour la garder près de lui, quelques secondes de plus, puis il desserra son étreinte pour qu'elle puisse se libérer si elle le voulait. Il était resté muet, n'ayant pas jugé utile de lui répondre, mais il ne pouvait pas s'empêcher de redouter quelque chose tout de même.. Il n'était pas pleinement rassuré, bien que ces retrouvailles lui réchauffaient le coeur. Elvie lui demanda alors s'il allait repartir aussi vite qu'il était revenu.  

« Je ne partirai plus, en réalité.. je vous cherchais depuis quelques temps. Toi et Kara. Vous me manquiez tous les jours, comment va-t-elle ? »

Il pensait, ou du moins il espérait, qu'Elvie et Kara soient restées ensemble depuis son départ et que c'était pour cette raison qu'elles étaient toutes deux à New York. Il pensait tout simplement qu'elles vivaient ensemble ou du moins, qu'elles étaient restées très proches. N'ayant guère retrouvé sa trace cependant, il ne pouvait que demander de ses nouvelles à travers Elvie. Il mit fin à leur étreinte, les mains posées sur les épaules de la jeune femme tandis qu'il reprenait la parole.

« Vous allez bien ? Je m'inquiétais tellement pour vous... avec tout ce qu'il se passe en ce moment. »

Il surveillait les alentours, soucieux, il ne restait jamais longtemps au même endroit. Il invita donc Elvie à faire quelques pas à ses côtés pour continuer leur conversation. Rester planter ici ne le rassurait pas vraiment, il lui proposa tout simplement de la raccompagner, ne sachant pas du tout où elle vivait. Il commençait à se faire tard, mieux valait ne pas rester dans les rues, la nuit n'était jamais sûre. Bien qu'il soit heureux d'avoir retrouvé l'une de ses soeurs, il avait du mal à sourire. Quelque chose avait changé, même s'ils s'aimaient toujours autant et qu'elle restera la personne la plus importante à ses yeux, avec Kara, leur vie n'était plus celle d'il y a six ans. Ils avaient tous changé, en bien comme en pire. Hélas, cela avait rendu Thom méfiant et quelque peu rude, elle devait sûrement le ressentir.

Là que je l'avais retrouvé je n'allais pas le laisser partir une seconde fois, mais je ne pouvais pas non plus le retenir contre son gré, je n'avais plus qu'à espérer qu'il refuse de partir une seconde fois... Alors je l'avais serré dans mes bras aussi fort que possible de peur que ce ne soit qu'une triste illusion, condamné à me hanter et disparaître...

- Je ne partirai plus, en réalité.. je vous cherchais depuis quelques temps. Toi et Kara. Vous me manquiez tous les jours, comment va-t-elle ?

Je fus heureuse d'entendre ses mots je l'avais également cherché, mais c'était sans succès. Quant à Kara... C'était une autre histoire, ça faisait un moment que je n'avais pas eu de nouvelles, mais ça je comptais bien y remédier et visiblement Thom aussi.

- Et bien la dernière fois que je l'ai vu elle allait bien, boulot, appartement et elle à rejoint la Confrérie.

Je lui offrais un maigre sourire, j'étais dans le camp du professeur Xavier, les Damnés avaient tenté de me recruter et ma soeur faisait partie de la Confrérie... Quand Thom était parti des années plus tôt je fus profondément bouleversé, et je ne me sentais pas capable d'être là pour Kara de la même façon que notre frère. Le jeune homme brisa notre étreinte pour poser ses mains sur mes épaules.

- Vous allez bien ? Je m'inquiétais tellement pour vous... avec tout ce qu'il se passe en ce moment.

- Ca fait quelques mois que je n'ai pas vu Kara, cependant j'ai son adresse on pourra y passer ensemble si tu veux ?Pour ma part tout va bien, et toi ? Raconte moi ce que tu deviens.

Je voulais tout savoir, ce qu'il faisait, ou il était avant histoire de savoir si on aurait pu se retrouver ailleurs qu'à New York, une question me traversa l'esprit, Kara faisait partie de la Confrérie, je faisais partie de l'Institut mais qu'est-ce que Thom avait choisi, s'il avait fait un choix. Je n'osais pas poser la question en le voyant surveiller les alentours... Étrangement ça me rappelait William, il avait lui aussi cette manie-là.

- Tu veux qu'on aille chez moi ? Ce n'est pas très loin et on sera plus tranquille ?

Il n'était plus exactement le Thom que j'avais connu, mais après ce que l'on avait traversé il n'y avait rien de plus normal. Je commençais donc à prendre la direction de mon appartement. Je n'habitais pas loin de mon lieu de travail, chose qui était agréable, je n'arrêtais pas de tourner la tête pour observer mon frère, c'était plus fort que moi, j'avais besoin de m'assurer qu'il était vraiment là...

Je montais les quelques marches avant de sortir les clés de mon sac, je déverrouillais la porte avant d'inviter mon frère à entrer, je posais mon sac et ma veste sur le canapé avant de retourner mon attention sur Thom.

- Tu veux quelque chose à boire ou à manger ?

Je commençais à prendre la direction de la cuisine, je devais bien avoir des gâteaux et un truc à boire, je ne tentais pas d'être l'hôte parfait, je voulais juste que mon frère se sente bien. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais plus rien partager avec lui.

- Si tu veux rester ici cette nuit, j'ai une chambre d'amis.

Elle était habituellement occupée par le fils de William mais en ce moment il était préférable qu'il reste à l'Institut, du coup ma chambre d'amis devenait libre à nouveau, alors autant en profiter.