_ […] Dans cette équipe, on lutte pour chaque centimètre. Dans cette équipe, on se déchire et on déchire tout le monde autour pour chaque centimètre. On griffe de nos ongles pour chaque centimètre. Parce qu'on sait qu'à la fin, le total de tous ces centimètres fera la putain de différence entre gagner et perdre ! Entre vivre et mourir ! Je vais vous dire : dans tout combat, c'est celui qui est prêt à mourir qui gagnera ce dernier centimètre. Et si j'ai encore un peu de vie, c'est que je veux encore lutter et mourir pour ce centimètre. Parce que vivre, c'est ça ! Ces 15 centimètres devant vous ! Je ne peux pas vous y forcer ! Regardez ce type à côté de vous ! Regardez-le dans les yeux ! Vous verrez un type qui foncera avec vous. Vous verrez un type qui se sacrifiera pour l'équipe parce qu'il sait que le moment venu, vous ferez de même pour lui...C'est ça une équipe messieurs. Soit nous guérissons, maintenant, comme équipe... Soit nous mourrons, comme individus. C'est ça le football, les gars. Rien de plus. Eh bien, qu'allez-vous faire ?

Spoiler:

Oui, il allait le faire. Se battre jusqu’à en mourir. Pour la victoire. Gareth regarda le coach, haranguant ses troupes et leur inspirant cet esprit guerrier qui les avait emmené jusque-là. Il regarda aussi ses co-équipiers, ses frères d’armes, tous plus excités que les autres, certains des larmes de rage plein les yeux. Ils y étaient, plus que quelques minutes, et ils seraient sur le terrain, à jouer le match le plus important de leur vie. S’ils gagnaient, c’était le championnat qu’ils gagnaient. Le championnat universitaire de football américain. Il y aurait sûrement des recruteurs ce soir. L’enjeu ? Se faire repérer, se faire recruter et avoir la chance de devenir professionnel. C’était l’assurance d’une belle vie à venir. Et surtout, s’il n’avait pas ça, qu’aurait-il ? Certes, il aurait un diplôme universitaire. Mais pour faire quoi ? Il ne fallait pas se voiler la face, si Gareth réussissait un tant soit peu dans ses études, c’était grâce aux bourses et aux avantages liées au fait d’être sportif de haut niveau. Il n’arriverait à rien d’autre. Mais l’heure n’était pas aux tergiversations. Il était temps. Après quelques viriles accolades et des cris de guerre toujours plus puissants, Gareth et son équipe se dirigeaient au petit trot vers le pré de leurs rêves… Ou de leurs cauchemars…

Ce fut la guerre. Jamais de sa courte vie, Gareth n’avait vu de pareil carnage. Il y avait une telle violence dans les chocs. Le poids de l’enjeu se faisait clairement sentir, mais ce n’était rien face à ce qu’il vivait lui-même. Tous les espoirs étaient sur lui, Gareth Ward, un peu la star de l’équipe, ce monstre physique que personne n’arrivait à renverser, dont les passes pouvaient traverser le terrain dans sa totalité, malgré son apparence physique qui laissait penser qu’il pourrait être vulnérable. Tout à coup, le ballon lui arriva dessus. Vite. Le jeune homme s’élança alors, prenant petit à petit de la vitesse. Et comme à chaque fois, son départ canon laissa tout le monde sur le carreau. Il esquiva un, deux, trois joueurs, et se permit même un salto pour sauter par-dessus un quatrième. Sa spéciale. Un cinquième essaya de s’interposer, mais comme à chaque fois, il ne fit que rebondir sur lui et Gareth n’eut même pas besoin d’esquisser le moindre geste pour le repousser.

_ Attrapez-moi ce bat*** !!!

Alors qu’il avait le ballon et que le touchdown était tout près, Gareth pivota pour changer radicalement de direction, braquant sur la gauche en direction du numéro 43 qui l’avait insulté. Il le chargea sans autre forme de procès tel un taureau qui voyait rouge, aveuglé par sa colère soudaine. Il feint alors de lui tomber dessus, perdant le ballon et levant le poing avec la ferme intention de le frapper. C’est alors qu’il reçut un choc dans le dos qui l’expulsa loin de sa cible. C’était son propre capitaine qui vint le prendre par le col pour le relever et plaquer son casque contre le sien.

_ Arrête ça tout de suite ! C’est pas la première fois que tu nous flingues un match put*** ! On a besoin de cette victoire et toi aussi ! Te fais pas encore expulser !

Encore une fois, un de ses célèbres coups de sang avait failli leur coûter la victoire. Une dernière claque virile de son capitaine eut fait de lui remettre les idées en place. Mais peut-être serait-il trop tard. Plus que quelques secondes à jouer, tout en étant menés, et la possession venait de repasser à l’adversaire. Remise en jeu. La balle passa au quaterback. Il recula et se prépara à lancer la balle à son receveur. Et tout d’un coup, tout devint plus clair pour Gareth. Il s’élança vers le receveur visé pour intercepter la balle… Jusqu’à ce que le receveur bifurque subitement. Une feinte ! Alors que tout semblait perdu et que le ballon se dirigeait vers la zone d’en-but, Gareth sauta dans les airs. Et alors que cela ne semblait pas humainement possible, la star de l’équipe s’élevé de plusieurs mètres dans les airs, jusqu’à atteindre le ballon et l’attraper sous les yeux ébahi des acteurs du jeu mais aussi d’un stade plein à craquer. Une fois de retour sur le sol, il savait ce qu’il avait à faire. Courir, aussi vite qu’il le faisait à l’accoutumée, et traverser le terrain. Des tonnes d’images défilaient devant ses yeux, tout son avenir prenait forme devant lui. Un recruteur qui lui permettait de passer pro, une grande carrière en NFL, l’argent qui coulait à flots, des filles, des soirées… Tant et si bien qu’il en oublia le match. Lorsqu’il revint dans le match, il était trop tard. Il était bien dans la zone d’en-but adverse, mais avait foncé droit dans le poteau. Gareth s’écroula dans la zone d’en-but guidant son équipe vers la victoire. Ses coéquipiers se jetèrent sur lui le balancèrent dans les airs alors qu’il était encore tout sonné. Et personne ne l’avait encore remarqué, mais alors que Gareth n’avait aucune trace du choc avec le poteau, ce dernier s’en était retrouvé tout tordu…

Malgré l’ambiance, tous ces gens qui le célébraient, Gareth restait pensif. Il avait toujours été plus fort physiquement que les autres. Il courrait plus vite, lançait plus fort, sautait plus haut, mais jamais à ce point-là. Et jamais devant autant de personnes. Il s’en doutait, ces hauts-faits allaient lui attirer l’attention des recruteurs. Mais il ne savait pas desquels…