♣ Dans deux heures, la salle résonnerait de rires et de conversations, de talons clinquants sur le sol, les lustres feraient miroiter les bijoux des femmes. Puis chacun gagnerait sa place, le silence troublé par les murmures remplacerait le brouhaha, le rideau se lèverait et les projecteurs illumineraient la scène dévoilée. Alors Thomas avancerait et brillerait, et toute l’audience serait subjuguée. Il pouvait déjà le voir. Les regards rivés sur lui, les applaudissements frénétiques, c’était sa drogue.

Thomas inspira profondément, l’anticipation se mêlant à l’adrénaline du moment, et ouvrit les yeux.
Il esquissa un sourire en croisant le regard de la femme attachée à une chaise devant lui.
« Désolé, où en étions-nous ? Ah oui ! Vous me menaciez de révéler au grand public que je suis un mutant ? Juste pour avoir quelques milliers de dollars en plus sur votre compte ? »
Il émit un rire glacial et s’avança vers la femme, s’agenouilla devant elle. Il leva les yeux et pencha légèrement la tête sur le côté, impassible. Il contempla un instant se démener, son visage déformé par la terreur, ses cris étouffés par un bâillon.
« Qui vous croira ? Moi, une célébrité à la renommée internationale et acclamée de tous ou vous, simple secrétaire de rédaction qui cherche à gravir les échelons par n’importe quel moyen ? »
Il se releva et leva un bras, main tendue vers le visage de la journaliste. Celle-ci rejeta sa tête en arrière comme pour s’éloigner, et Thomas ne put s’empêcher de sourire.
« Je ne vais pas vous faire de mal. Je pense que vous avez retenu la leçon. »
Il retira le bâillon, laissant tomber le chiffon par terre tandis que la journaliste prenait de grandes inspirations. Il passa derrière la chaise, la libéra de ses liens et s’éloigna sans plus un regard vers son bar pour se servir un verre.
« Vous êtes un monstre ! lança la femme en récupérant son sac à main. »
Thomas se retourna et secoua la tête.
« Ne vous attaquez pas à plus fort que vous, ça vous évitera d’autres mésaventures de ce genre, répondit-il avant de propre une gorgée de brandy. »
La journaliste lui lança un regard meurtrier mais n’ajouta rien. Au moment où elle atteignait la porte, il l’appela.
« Au fait, vous aviez raison. »
Elle se tourna vers lui, interloquée, mais avant qu’elle n’ait pu dire ou faire quoi que ce soit, il avait reposé son verre et traversait la pièce. Il se mit alors à chanter, son corps s’enveloppant d’une aura dorée qui devenait de plus en plus forte à mesure qu’il s’approchait d’elle. Et elle était là, immobile, à sa merci. Seul son regard trahissait la terreur qu’elle éprouvait alors qu’il ordonnait de rentrer chez elle et de se tuer. Lorsqu’il eut fini, les yeux de la femme s’éteignirent, vides de tout sentiment et sortit de l’appartement.
Thomas baissa les yeux vers son poignet. Il avait juste le temps de prendre une douche et de se préparer avant de se rendre à l’opéra pour son concert.