Toc toc toc

« Entrez ! » Hurla Jay, assis sur sa chaise de bureau, tapant frénétiquement sur son ordinateur. Il ne daigna se lever, trop absorbé par ce qu’il était en train d’écrire, une nouvelle histoire ? Il entendit le bruit d’une porte qui s’ouvre et quelqu’un qui entrait.

« Salut Jay. » annonça joyeusement une voix féminine.
« Bonjour Béatrice » Répondit l’homme sèchement.
« Tu fais quoi ? »
« J ‘écris »

La dite Béatrice venait de déposer un sac de course et c’était approché du bureau, situé dans le salon. Elle tapota l’épaule droite de l’écrivain en plein travail.

« Le prochain long métrage de Monsieur Jay Suminton en pleine création dans mon appartement, quelle chance ! » déclara-t-elle d’une voix enjouée.

Jay répliqua en soufflant. « C’est bon tu as finis ? »
« Non. Je n’ai pas finis » poursuivit-elle marchant enleva son tee-shirt dans le couloir qui menait à sa chambre. « Quand comptes-tu payer le loyer ? » Elle fit une pause « Je vais te ficher dehors si ça continue. Martin en a marre lui aussi que tu sois là et que tu ne participes à aucunes tâches. »
« Je sais. » fit Jay décrochant son regard de l’ordinateur.
Depuis sa chambre, Béatrice poursuivit. « Il est temps que tu te trouves un studio à New York, que tu te débrouilles. » Puis, elle revint, vêtue d’une robe noire, comme si elle s’apprêtait à sortir. Elle se baissa pour être à la hauteur de Jay et lui dire :
« Tu es mon meilleur ami Jay, j’ai apprécié nos années universitaires, mais il faut que tu grandisses désormais. »

Elle se releva, récupéra son sac à main sur le bar de la cuisine et en sortit des clefs.
« Je rejoins Martin au cinéma. Nous rentrerons tard. A plus ! » Et elle referma la porte sans attendre une réponse de son colocataire.

Il faut dire que Jay n’avait pas très envie de discuter. Il était plongé dans son histoire et son scénario. Oui. Ca, il aimerait beaucoup pouvoir réaliser un long-métrage, mais son boulot en tant qu’assistant de production lui prenait beaucoup de temps. Le prochain tournage de la société de production pour laquelle il travaillait était planifié pour dans une semaine, il avait donc encore du pain sur la planche. Jay était organisé, mais lorsqu’il avait l’esprit ailleurs, il avait du mal à rester concentré plus de quelques minutes sur une tâche. Jay regarda son ordinateur puis l’appartement vide, pour finalement se lever de sa chaise.

« -Ras le bol. » murmura-t-il.

Il enfila son blouson sur le porte manteau de l’entrée et sortit de l’appartement.

« Bonsoir Monsieur Suminton » dit une vieille dame d’une voix argneuse. « Cela tombe bien que vous soyez là » continua-t-elle, tandis que Jay refermait à double tour la serrure de son appartement. « J’ai été réveillé hier soir par un bouquant dans votre appartement et… ce n’est pas la première fois. » Oui, Jay avait tendance à faire les cents pas et à rester éveillé tard la nuit, soit au téléphone pour le travail soit en train de… délirer.

« Je vous pris de m’excuser Madame Pinton. » Posant sa main droite sur l’une des branches de ses lunettes de vues, il les souleva. Ses yeux changèrent d’une couleur bleu pâle. Il regardait Madame Pinton dans les yeux, son regard dans le sien. Et soudainement la vieille dame se calma. Elle lui fit un sourire, comme soulagée, et repartit en le saluant très chaleureusement. Jay fit de même un sourire malin sur le visage, puis il replaça ces lunettes sur son nez. Il repartit, satisfait de son exploit.

Comme tous les soirs, Jay allait au bistrot du coin boire son scotch ou son whisky et comme tous les soirs, il pensait à sa vie : minable et sans intérêts. Etait-il le seul à posséder des pouvoirs surnaturels ? Il se sentait isolé. Son père était mort voilà peu de temps. Les causes de sa mort n’ont pu être expliquées si ce n’est accident en laboratoire. Son père était un scientifique en génétique, il disait avoir fait une découverte extraordinaire, des gênes « mutants » comme il les désignait. Personne ne l’avait jamais cru, on le prenait pour un fou d’avoir fait telle découverte. Pourtant Jay avait toujours été intéressé par les recherches de son père qui donneraient peut être un jour une explication rationnelle à son pouvoir. Pourtant, il est mort avant de l’apprendre au monde. Les connaissances scientifiques de Jay étaient bien trop restreintes pour qu’il puisse continuer ce qu’avait commencé son père. Mais depuis sa mort, Jay n’était toujours pas en paix. Il était sûr que son père avait été tué, par qui ? Il l’ignorait. Etait-ce d’autres personnes qui possédaient les mêmes pouvoirs que lui et qui refusaient d’être mises à nues devant les gens normaux ? Jay n’avait toujours pas réponses à sa question et ses investigations jusqu’ici avaient été infructueuses.

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