♣ Dans sa vie, il y a peu de choses que Lauralee déteste vraiment. Les humains se trouvaient en haut de cette courte liste, avec une mention toute particulière à leur égard. Ces êtres méprisables, qui vous rejetaient uniquement parce que vous êtes différent... Avec le temps, elle avait compris qu'ils n'étaient que des cloportes inutiles ayant peur de ne plus se trouver au sommet du règne animal. Ils sont si stupides... Mais la deuxième chose qu'elle ne supportait pas, juste après ces insectes, c'était de rentrer chez elle avec des tas d'inquiétudes pour elle et ses frères mutants. Fatiguée de sa journée, mais avec encore une bonne dose de travail restant, la blonde se laissa tomber sur son bureau et sortit les nombreuses feuilles contenant ses notes de journaliste. Son frère n'était pas encore rentré, ce qui lui laissait assez de temps pour remettre en place ses idées. Les temps devenaient de plus en plus durs, et cela en était presque agaçant. Quand comprendront-ils qu'ils ne sont rien ?

La mutante passa ses mains dans ses cheveux et les regarda un instant. Ces doigts... Ce pouvoir qu'elle avait en elle et qui la rendait si spéciale... Elle avait fini par l'accepter, ainsi qu'à en faire une force. Sans Castiel, Lauralee se serait sans nul doute sentie encore seule aujourd'hui, sans oser approcher personne. Désormais, c'est ce qui la rendait si fière, car elle faisait enfin partie de quelque chose d'unique et de fort.

-J'ai soif. Murmura-t-elle pour elle-même.

Elle se dirigea vers la cuisine et se servit un verre d'eau, qu'elle avala d'une traite, toujours dans ses pensées. Elle repensait à cet homme, à la conférence, qui l'avait surprise à vider son verre sans le porter à ses lèvres. Le pauvre aurait mieux fait de ne pas la surprendre et de venir l'accoster, ça lui aurait évité de se retrouver tel une feuille morte sur le sol. Plus jamais elle ne se laissera regarder de travers... oh non. Lauralee a toujours été comme ça, à démarrer au quart de tour quand elle sentait le danger non loin. Et qui pouvait la blâmer pour avoir écraser un insecte, hum ? Les bonnes actions, ce n'était pas son genre. Seul comptait pour elle son cher frère, et les autres n'avaient aucune importance, si ce n'est les mutants. Qu'il soit pour ou contre ses idées, jamais elle ne ferait de mal à un être lui ressemblant. Ils étaient tous dans la même mouise, après tout...

La demoiselle poussa un soupir et retourna dans son bureau, où elle se mit à rédiger son article virulent, qui comme toujours devra être modifié au risque de se faire démasquer un peu trop à son goût. Et dire qu'elle avait fait toutes ces études hors du territoire américain pour ne pas pouvoir dire librement ce qu'elle pensait... Question de sûreté, voyez-vous. Même si dans un sens, affirmer fièrement sa nature n'était plus un problème pour elle. Mais prudence est mère de sûreté, comme dirait l'autre. Les phrases que Lauralee écrivait étaient ponctuées de haine et de dégoût, parfois les mots qu'elle employait étaient si virulents qu'elle se devait de rayer, barrer, encore et encore, jusqu'à ne plus savoir quoi écrire. Il fallait qu'elle se détende, et pour ça, elle savait exactement quoi faire.

Laissant un mot sur la porte, la mutante sortie en ville pour s'amuser un peu... à sa manière...