" Rio, c'était grand, c'était ensoleillé, c'était un paradis sur terre. De tous les plaisirs que cet endroit offrait, le carnaval était le plus beau de tous. Toutes ses couleurs, ses musiques, il y avait tant de joie de vivre. Pendant cinq jours, on entendait chanter Rio de tous les coins du Brésil. Et vous imaginez au milieu de tout ça, une mutante? Moi. Je n'étais déjà pas beaucoup apprécié dans mon école. Il suffit de me regarder dans un miroir. J'étais si différente d'eux. Holly, la fillette à la peau si claire qu'on la croyait en porcelaine. Blanche, blonde et avec un sens du rythme absolument inexistant. Je n'avais rien d'une Brésilienne. Je faisais tache. Ça a dû être un des facteurs qui m'ont poussé à partir.

New York, c'est différent. C'est... Plus sombre. Il n'y a pas la même ambiance mais au moins, je passe inaperçue. On m'avait dit que là-bas, c'était un nid à mutant. J'en ai rencontré certains, ils m'ont conduits jusqu'à une sorte d'école, où ils se cachent. J'aurais surement fait la même chose, avec ces nouvelles lois. Certaines mutations sont plus difficiles à cacher que d'autres. Sans être vraiment différente des autres, je veux dire physiquement, je ne me sens pas vraiment en sécurité. J'avais toujours peur, que quelqu'un vienne frapper à la porte. J'ai donc décidé d'accepter de les rejoindre.

Je dois dire que si je suis partie, c'était surtout pour vous protéger. Dès que j'ai découvert ce que j'étais capable de faire, j'ai grimpé dans le premier avion. Vous êtes bien plus en sécurité à Rio sans moi. Je me souviens du petit Juan, le voisin. Ses parents avaient été battus à mort, pour avoir mis au monde un mutant. En vous quittant, je vous assure une vie en quelque sorte.

Ne vous inquiétez pas pour moi, je m'en sors bien ici. Ne cherchez pas à me retrouver, je ne veux pas vous voir en danger.

Adieu, je vous aimes,

Holly."

La jeune fille plia soigneusement sa lettre et la glissa dans une enveloppe. Elle avait peur, peur d'envoyer cette lettre à ses parents. Devoir les abandonner, c'était déjà beaucoup trop pour elle. Additionné aux faits qu'elle se retrouvait seule dans une ville où tout lui était inconnu, sa condition morale était au plus bas. Holly inspira un grand coup et laissa tomber l'enveloppe dans la boîte aux lettres. Elle resta un moment, fixant la boîte d'un air absent. Comme allait-elle faire pour s'en sortir ici? Et si quelqu'un découvrait ce qu'elle était? Il fallait penser au pire scénario. Elle secoua la tête, chassant du même mouvement toutes les pensées négatives qui l'enivrait. Trouver une solution à sa situation ne devrait pas être si compliquer. Tout était dans sa tête, caché quelque part dans son subconscient. Il fallait juste déverrouiller ses problèmes. C'était clair qu'elle n'allait pas pouvoir rester éternellement au refuge des sans-abris. La meilleure chose serait de prendre le chemin de l'institut et de vivre parmi ses semblables.