Comme dans toute histoire personnelle, il faut savoir être humble et débuter par celles de nos prédécesseurs. Nous avons souvent le droit à l’image habituelle de deux parents rencontrés par hasard et fous amoureux, bercés pas la douce envie de fonder un foyer. Une enfance heureuse découle automatiquement de ce mélange harmonieux. Malheureusement, la vie réelle peut offrir une toute autre vision. Que dîtes-vous d’un dîner chic, organisé dans le cercle très fermé d’une certaine « aristocratie » brésilienne ? L’endroit parfait pour rencontrer l’homme au porte monnaie idéal. Tous les grands du pays ont à cœur de voir leur fils marié. Ministres, députés, ambassadeurs, gangs très influents qui pèsent leur poids sur les hommes politiques officiels… ou plus vulgairement appelés « mafia », mais ce terme a tendance à effrayer la population… La famille Mendez était certainement l’exemple le plus signifiant, pour illustrer cette dernière catégorie, qui grouille au Brésil. Enfin… La vie est une jungle constante, seuls les plus forts réussissent à tenir leur nom sain et sauf.

C’est ainsi que future madame Mendez fut intelligemment placée à la même table que le « Papé » Mendez, accompagné de son fils. Maria Salvadore était la belle fille idéale, elle avait toutes les qualités requises pour entourer le successeur de « l’entreprise » Mendez. Grande, belle, élégante, hypocrite et charmeuse… La belle image devant les media serait ainsi assurée. Le mariage fut organisé par la famille Mendez, tout devait être absolument parfait. Les journalistes étaient les invités prioritaires, évidemment. Les deux familles n’eurent que cette unique occasion de se croiser rapidement. On expliqua très clairement aux parents Salvadore que leur petite Maria était à présent la propriété de la famille Mendez, pour le bien des « affaires », quel merveilleux terme vaste et général pouvant désigner tout et son contraire. Comme dans ce cher microsome du Brésil on sait comment s’y prendre pour obtenir l’aval de son interlocuteur, les deux pères s’étaient réunis face à face… Ou presque. Le patriarche des Mendez était alors entouré de ses fidèles hommes de main. On n’est jamais assez prudents. Lui avait le cerveau pour diriger sa petite « familia », eux avaient les muscles. Quel parfait équilibre. Ne parlez surtout pas de mafia ouvertement devant lui, cela le mettrait dans une rage folle. Non, les Mendez sont officiellement des hommes « politiques » ayant une influence assez... extraordinaire. Les habitants du Brésil tremblent à l’évocation de ce nom, mais personne n’ose se plaindre, ou bien avoir l’idée folle de les dénoncer pour de quelconques trafics en tout genres, surtout le genre pas très nets, vous voyez ?

Rapidement la promesse fut mise à exécution. Est-il réellement nécessaire de préciser que dans la famille Mendez, les recherches sont très ciblées pour savoir qui pourrait s’y fédérer ? Une grande lignée de mutants, de père en fils. Le « Papé » maitrisait l’art de la télékinésie et était un fin télépathe, ce qui pouvait s’avérer bien utile dans certains cas. Ses hommes de mains comptaient parmi une rare élite de mutants certes, mais de grands combattants avant toute chose. Le fils lui, se vantait de maîtriser cet élément instable qu’est le feu. Il allait de soi que la future belle-fille devait elle aussi correspondre à ces critères. Maria Salvadore avait reçu le don de pouvoir phaser et se phaser elle-même, ainsi que celui de phytokinésie.

Lana Mendez fut la première apparition de cet union désormais officielle, suivie cinq ans plus tard par la petite sœur : Sofia.

Finalement les belles histoires, l’homme et la femme filant le parfait amour tout au long de leur vie… Cela n’existe que dans les comtes pour enfants. Pourquoi cacher la vérité à ces petites têtes blondes ? La vérité avait bien explosée aux yeux de Lana. Peu de temps après la naissance de Sofia, les disputes conjugales étaient fréquentes, trop fréquentes. Les seuls souvenirs de ses parents, que Lana aura retenus, seront ces disputes infernales qui n’en finissaient pas. Ou plutôt si… Jusqu’au jour où se finit. Lana avait 15 ans. De retour de quelques jours de vacances, les deux brésiliennes trouvèrent la maison vide, anormalement silencieuse. Seul le bruit de gouttes d’eau provenait de la salle de bain. La plus grande des deux entra dans la pièce d’eau pour y découvrir le corps de sa mère, sans vie, dans un bain de sang. De nombreux hématomes étaient visibles sur ce corps dénudé, fragile… brisé. Brisé par l’homme qui lui avait volé sa vie. Etrangement, Lana ne cria pas, ne pleura pas non plus. Elle sortit de la pièce, disant à sa sœur d’aller dans sa chambre. La jeune fille appela la gouvernante, et toutes deux s’occupèrent de cette femme, de cette mère arrachée à ses enfants, probablement le seul amour de sa vie. Petit détail, au moment de sortir de la pièce, les nombreuses plantes vertes se fanèrent immédiatement, comme si elles avaient gonflées d’une pleine vie, avant de disparaître brusquement.

La cérémonie fut sobre et simple. Toute à l’image de Maria Salvadore. Le père avait assisté à la cérémonie, jouant à merveille le rôle du veuf éploré. Suite à cette vision, le choix de Lana était définitif. Elle vengerait sa mère. Elle tuerait son père.

Souvent elle eu cette discussion avec son grand-père. Ce dernier ne vouait déjà qu’une basse estime de son fils aîné, estime qui avait finit par totalement disparaître. Lana n’avait plus de père, depuis ce jour terrible. La jeune femme quittait bien souvent la demeure familiale, pour se rendre chez son grand-père qui la prit en charge. Cette colère transpirant de Lana devait être maîtrisée. C’est ainsi que l’hispanique suivit de près une formation au combat au corps à corps, et elle s’avéra sacrément douée pour la manipulation d’armes blanches. Le grand-père remarqua également un potentiel mutant chez sa petite fille, sans surprises. Mais le plus surprenant c’est que ses pouvoirs étaient flous pour le moment. Même en usant de ses dons de télépathe, le vieil homme ne réussissait pas à distinguer le potentiel de sa petite fille.

Malheureusement, un soir de confidences avec sa petite sœur, le père surprit les deux jeunes filles projeter son meurtre imminent. La réaction de l’homme ne se fit pas attendre. Le lendemain, il les fit suivre par trois mercenaires de la région, des humains. Quelle bassesse… Evidemment, le grand-père de Lana n’était pas au courant. Les hommes passèrent à l’attaque au crépuscule de la nuit. Les deux jeunes filles se trouvèrent prise au piège. Lana avait désormais 18 ans, sa petite sœur 13. Un premier homme s’attaqua à la plus petite des deux. Une balle dans la tête. Une nouvelle vie volée. Le déclic pour Lana. Courant dans la forêt près de la plage, l’hispanique put hurler toute sa rage. La demoiselle ne savait pas réellement ce qu’elle était en train de faire, ni pourquoi cette forêt l’appelait. Les trois hommes foncèrent droit sur elle… Des racines sortirent alors de terre, pour les plaquer contre les plus gros troncs des arbres aux alentours. Les branches de ces mêmes arbres se gonflèrent de diverses épines vénéneuses, et s’enroulèrent tout doucement autour des corps de ces simples humains, qui ne pouvaient plus rien faire, à part crier eux aussi... Oh ils pouvaient bien hurler, personne ne les entendrait où ils étaient. Fière de son œuvre, Lana repartit sur la plage… Constatant la terrible perte qu’elle venait de subir. Son père devrait s’estimer heureux de voir le cadavre de ses hommes de mains. Bientôt, ce sera son tour.


Depuis ce jour le potentiel mutant était repéré et identifié chez Lana. La mort de sa mère avait eu une sorte d’influence sur la jeune femme, comme un don hérité de sa mère adorée. La brésilienne se jura donc d’approfondir au maximum ses capacités, en entamant de brillantes études botaniques. En parallèle, la belle suivit également un parcours littéraire, cette passion était indissociable de son autre grand amour des plantes et leurs petits secrets. Les Etats Unis devinrent la terre promise pour l’hispanique, qui alla y étudier, et s’informer de la vie quotidienne là bas… C’est ainsi que l’existence d’autres mutants lui parvint. Ils étaient nombreux. Tellement nombreux qu’ils formaient plusieurs groupes. Et l’un d’entre eux la tentait tout particulièrement : la Confrérie.