DETROIT, MICHIGAN - 1959

La musique me berce depuis que je suis toute petite. Mon père et ma mère partagent la même passion pour ces notes qui ne font qu’embellir ma vie depuis ma naissance. Ma chère mère Velma me chantait toujours une berceuse avant de me mettre au lit et ce jusqu’à l’âge de 7 ou 8 ans. Je m’en rappelle comme si c’était hier, même si j’ai maintenant 10 ans. La voix de ma mère me donnait la chair de poule, sa voix si puissante et à la fois douce m’impressionnait.

Elle m’a raconté que lorsqu’elle était plus jeune, elle chantait du gospel lors des messes à l’église de sa petite ville de Detroit. Chaque dimanche, elle se rendait un peu plus tôt là-bas pour pratiquer avec son groupe avant de performer lors de cette cérémonie. Ce n’est qu’un dimanche de messe lorsque le peuple se dirigeait vers la sortie qu’un jeune homme aborda Velma. Il lui confessa qu’il adorait sa voix, qu’il qualifia d’une voix d’ange. Sans doute vous vous en douterez, ce jeune homme était celui qui a conquis le cœur de ma mère, ce jeune homme qui est maintenant mon père. Robert, mon papa adoré, avait demandé la main de Velma seulement un an après cette rencontre.

Aujourd’hui, encore, on peut voir l’amour qui règne entre ces deux êtres.
Mon père, tant qu’à lui, m’as enseigné à jouer de la guitare. Il avait une vielle guitare acoustique qu’il gardait sur la banquette arrière de sa Chevrolet qu’il avait acheté avec ses économies l’année de ma naissance. Mon père travaille au garage de son père, c’est une entreprise familiale. La semaine passée seulement, j’ai entendu mon père dire à mon unique frère, âgé de douze ans, qu’il souhaitait que ce dernier prenne la relève et continue dans la même direction que la famille Hadley. Je ne sais pas si Sean va vouloir continuer dans cette direction, il ne m’en a jamais parlé. Lui et moi sommes très distants l’un de l’autre. En fait je crois que ma famille le préfère à moi.

La famille Hadley possède également une boutique de fleurs et ma grand-mère paternelle y travaillait. Étant donné que mes grands-parents maternels sont tous deux décédés dans un accident tragique lorsque j’avais deux ans, ma mère s’est retrouvée sans parents. Au moins, elle avait une autre famille qui l’accueilli à bras ouverts, la famille de mon père. Les Hadley lui ont donnés un job à temps partiel à la boutique pour permettre à ma famille d’avoir un bon revenu et pour qu’elle ait assez de temps libre pour s’occuper de nous. J’adorais passer des journées au fleuriste avec ma mère, j’étais au bon endroit. Tout roulait sur des roulettes jusqu’à présent.


DETROIT, MICHIGAN - 1969

J’ai enfin terminé le lycée. Je dois dire que ça n’as pas été une période des plus facile. J’ai redoublé plusieurs cours, ce qui a causé mon retard scolaire. J’étais la plus vielle de ma classe. J’avais toujours l’impression d’être avec des enfants qui sont à la garderie. C’en était barbant. La première année redoublée, lorsque j’avais quinze ans, ne m’a pas aidé dans mon cheminement scolaire. À partir de ce moment, j’ai commencé à être moins présente dans le cours et à découvrir le monde. Plus les années avanceraient, moins je ressentais le besoin de poursuivre mes études. À l’école, pendant les pauses, j’allais voir les étudiants plus âgés que moi. J’aimais me tenir avec eux, je découvrais toutes sortes de choses. Leur influence sur moi était tout à fait négative. J’ai commencé à fumer et boire de l’alcool alors que je n’étais pas encore âgée de seize ans.

Mes parents ont bien remarqué un changement dans mon attitude, mais principalement par mon physique. J’avais arrêté de porter des vêtements de couleur, je ne voulais que porter du noir. Par un vendredi soir, alors que je m’étais enfuie de la maison pour aller rejoindre mes amis pour m’amuser, j’ai décidé de teindre mes cheveux. Je voulais sortir du lot, me démarquer des autres. Les cheveux noirs et blancs, ça avait de quoi se faire remarquer. Mes parents étaient sous le choc lorsqu’ils ont vu ma nouvelle tête, mais je me foutais bien de ce qu’ils pouvaient en penser, tout autant que les autres personnes de ce monde. Par la suite, j’ai redoublé ma onzième année. Je me suis donc retrouvée avec des étudiants qui avaient deux ans de moins que moi. Je ne pouvais pas leur parler, je préférais avec contact avec mes amis qui avaient terminés le lycée. À dix-sept ans, j’ai commencé à travailler à la boutique de ma mère pendant le week-end pour me ramasser un peu d’argent. Mon frère, quant à lui, avait réussi à terminer le lycée sans aucun échec et il travaillait maintenant aux côtés de mon père, comme l’avait souhaité ce dernier. Je voyais bien que mes parents n’avaient d’yeux que pour lui, il n’avait pas eu de difficultés à l’école et avait respecté les désirs de la famille. Alors que moi, je me sentais comme le mouton noir de cette famille.

À force d’être en contact avec les plantes, en raison du boulot, j’ai découvert l’existence de mon pouvoir. Je m’étais chicané avec mon père juste avant d’aller travailler et rendu au boulot je me suis défoulée et j’ai lancé des pots de fleurs contre le mur arrière de la boutique. À ce moment, j’ai commencé à entendre de petites lamentations et en lâchant un cri de haine les plantes de la boutique se sont toutes fanées ou cassées. C’est à partir de ce moment que je sus la force de mon pouvoir. Je ne voulais que développer ce don et ne voulais que personne ne le sache. À l’âge de dix-huit ans, je me suis fait tatouer «Rock City» sur les phalanges et les autres marques d’encres suivirent peu de temps après. Terminer le lycée à 20 ans, je n’ai rien à me vanter de tout cela. C’était enfin terminé et je pouvais maintenant faire une croix là-dessus.


DETROIT, MICHIGAN – 1970

J’ai enfin atteint l’âge où il m’est permis de tout faire! Je peux partir et aller m’acheter de des cigarettes et du Jack Daniel sans déranger personne, quoique je le faisais avant même d’avoir l’âge légal. Je m’étais fait faire une fausse carte, et oui, mais maintenant je n’en avais plus besoin et je pouvais officiellement faire ce que je voulais. Ça fait plus d’un an que je travaille à la boutique à temps pleins, je me suis fait assez d’économie pour pouvoir quitter cette foutue maison. Mes parents, bien que je les aime, me tapent royalement sur les nerfs.

De plus, cette année de travail auprès de la végétation m’as permis d’apprendre à contrôler mon pouvoir. Je suis capable de pleins de choses. J’utilise souvent mon pouvoir pour garder les fleurs et les plantes de la boutique en un parfait état. Ma mère est toujours surprise de voir à quel point la boutique a une apparence plus jolie lorsque c’est moi qui travaille alors qu’elle a de la difficulté à garder une plante en vie. J’ai discuté avec mes parents sur mes intentions de partir de Detroit et de m’installer dans une autre ville, une autre région et d’ouvrir ma propre boutique et d’être fleuriste à ce nouvel endroit. Velma et Robert ont approuvés mon idée et m’ont dit qu’ils allaient m’aider à m’installer ailleurs. Sean également. En fait, je crois bien qu’ils sont heureux de me voir quitter le nid familial.


BROOKLYN, NEW-YORK – 1970 à 1973

Ici, je n’ai pas de soucis. J’ai mon propre appartement en haut de ma boutique de fleurs. J’avais d’abord trouvé cet appartement, dont le loyer n’était pas des plus chers, en haut du fleuriste. J’étais allée porter mon cv et l’on m’avait engagé dans les jours qui suivirent en raison de mon expérience passée dans ce même domaine. Le vieil homme qui possédait ce magasin allait bientôt prendre sa retraite. Il m’a laissé la gestion de la boutique à son départ. Depuis, je bosse à cet endroit et c’est moi qui a le contrôle de tout, je n’ai qu’à payer le loyer pour mon appartement et pour la boutique. Je bosse de 10h à 17h tous les jours de la semaine et j’ai un second employé, une personne en cours d’étude qui travaille le jeudi et vendredi soirs ainsi que le week-end.

Ma passion pour la musique est plus présente que jamais. Je prends plaisirs à chanter et jouer de la guitare dans les bars de la ville. De plus, je suis rémunérée pour faire ce que j’aime le plus. Je commence à me faire connaître, pour mes talents de chanteuse et de musicienne, à New-York. Parfois, je reçois des appels à ma boutique de la part des propriétaires de bars qui me demandent d’aller performer pour eux quelques soirs. J’accepte toujours les offres, avec la pensée qu’un jour je me ferais connaître dans le monde de l’industrie musicale. Avant de venir par ici, jamais je n’aurais cru que la vie à New-York serait aussi parfaite.

Je maîtrise enfin mon pouvoir, du moins ce que je sais de celui-ci. Depuis mon arrivée à Brooklyn, je sais bien que je ne suis pas la seule personne à avoir un pouvoir. J’ai déjà vu une fille disparaître dans la rue en retournant à mon appart un soir. Cette fille, c’est Molly, une très bonne amie. Je l’ai connue un soir que je jouais dans le bar où elle bossait. Je l’avais reconnu par son manteau de cuir, ses cheveux foncés et sa petite taille. Elle n’avait pas été réticente à m’expliquer la présence de nombreux mutants dans ce monde. Je connaissais maintenant l’existence des X-men, de l’institut, de la confrérie et du club de damné. Elle m’avait informé des possibilités qui m’étaient offertes en tant que mutant, mais je ne souhaitais pas rejoindre un clan. Je préférais vivre ma vie de mutant par moi-même et de ne pas me foutre dans le pétrin en rejoignant un clan quelconque .