Il n’était pas allé à la caserne aujourd’hui, c’était son jour de pause, alors il avait consacré du temps à l’Institut, restant avec les jeunes mutants, décidant de faire des séances d’entraînements pour qu’ils puissent maîtriser leur pouvoir correctement. S’il exerçait le métier de pompier en dehors de l’Institut, une fois à l’intérieur de cette dernière c’est un tout autre métier qu’il exerçait et cette vie lui plaisait, aider les mutants pour qu’ils maîtrisent leurs pouvoirs était quelque chose qu’il adorait, en particulier quand ils étaient intéressants. Et Lucas devait bien se l’avouer, il y avait bien une personne en particulier avec qui il aimait passer du temps, une personne qu’il aimait entraîner : Yulia Ivanov. La jeune blonde avait en effet un point commun niveau mutation avec le Marseillais : le pouvoir de voler, si lui ne pouvait voler qu’en étant sous sa forme de Phénix, elle pouvait le faire quand elle le voulait grâce à sa paire d’aile dans son dos et il trouvait ça sublime et majestueux. Alors oui, Lucas aimait passer du temps avec la jeune femme pour lui apprendre à voler, pour qu’elle sache elle aussi les sensations qu’on ressentait une fois qu’on s’envolait vers le ciel, une fois que l’air se glissait contre les plumes des ailes, c’était une sensation de liberté indescriptible que seulement ceux qui pouvaient voler grâce à une mutation pouvaient ressentir et surtout comprendre. Et à force de travailler avec elle, le X-Men avait apprit à la connaître, apprit à savoir quand ça n’allait pas bien, et il avait remarqué que quelque chose n’allait pas, que la jeune femme avait un comportement différent de d’habitude, semblant renfermée sur elle-même. Alors le français avait décidé d’aller la voir et de lui parler, il n’aimait pas la voir comme ça, et voulait vraiment savoir ce qu’il n’allait pas, tout d’abord parce qu’elle faisait parti de ses élèves et puis parce qu’il appréciait énormément la jeune femme pour insister suffisamment jusqu’à ce qu’elle crache le morceau.

La fin de journée arrivait doucement, perchée sur une branche d’arbre sous sa forme de Phénix, le mutant observait de ses yeux perçant les alentours, se délectant du coucher du soleil, laissant son esprit divaguer vers ses souvenirs passés, ses souvenirs de France bien loin de sa vie New-Yorkaise qu’il vivait depuis quelques années. Et il bougea de nouveau, s’envolant de son perchoir naturel, il avait reprit forme humaine en touchant le sol, glissant ses mains dans ses poches, il c’était dirigé d’un pas décidé dans les couloirs de l’Institut, cherchant la petite Yulia, il finit par s’arrêter devant sa chambre, après tout elle était peut-être à l’intérieur. Toquant quelques coups, il patienta quelques minutes avant que la porte ne s’ouvre sur le visage d’ange de Yulia, le brun lui adressa un doux sourire avant de prendre la parole.

- Bonsoir Yulia, j’espère que je ne te dérange pas… C’était pour savoir si tu avais quelque chose de prévue ce soir, tu m’as l’air tout enfermée depuis quelque temps alors je voulais un peu te changer les idées. Et n’essaye pas de m’embobiner en disant que tout va bien.

Le pompier lui adressa un regard entendu et un sourire, espérant que la blonde n’allait pas se mettre en tête de lui mentir et de refuser cette petite sortie.

Le retour à la vie normale. Ça n'avait pas exactement été ce qu'elle avait imaginé. Fut un temps, elle l'avait espéré, du fond du cœur. À l'époque, elle avait souhaité récupérer ce qu'ils lui avaient arraché. Elle se souvenait de ses premiers pas, incertains, vacillant où elle avait été contrainte à réapprendre à garder un équilibre qu'elle avait perdu. Aujourd'hui, si la situation était quelque peu différente, tout à la fois, elle était semblable. C'était une fois de plus l'occasion de réapprendre à vivre avec un fardeau légèrement différent: celui de se cacher, de fuir les regards, de se mettre à l'abri. Ça l'avait effrayé. Elle avait la chance, en revanche, cette fois, de ne pas être seule et désabusée dans cette nouvelle expérience. Elle était à présent entourée des meilleures personne sur qui elle pouvait tomber. Et dans un certain sens, ils lui faisaient oublier, doucement, l'ombre de ce qui la tracassait lorsqu'elle se tenait seule, dans cette chambre, parfois dans le salon, à contempler l'extérieur. Elvie n'était pas là pour tenir compagnie à ses songes, aujourd'hui. Elle était seule, à lisser les draps de son lit, à observer le monde extérieur de loin, en se disant que, parfois, elle serait attirée par là-haut plus que par ici bas. Le plumage blanc reflétait étrangement la clarté faiblard qui provenait de l'extérieur. Ça lui était encore étrange de retrouver ce poids à la fois familier et rassurant. Mais elle avait désappris à vivre avec lui.

Les coups à sa porte parvinrent à la tirer de ses pensées aussi simplement. Elle s'était redressée, s'était glissée d'un pas léger et avait ouvert sans trop savoir à quoi s'attendre. Sans vraiment s'attendre à quoi que ce soit, à vrai dire. Elle avait sourit, instinctivement, devant les traits de l'homme qui se dessinaient à sa vue. Elle avait sourit, sans doute plus pour répondre à son expression égale. Il y avait eu trop d'évènements, dernièrement, pour qu'elle parvienne à être complètement sincère, et sans doute était-ce la raison de sa présence, d'ailleurs, face à elle. Entre la découverte de son état de santé, si l'on peut dire ainsi, l'attaque de la CIA qu'elle avait subit récemment, rien ne semblait trop facile ou trop dur. Elle ne savait simplement plus très bien comment se comporter. Elle ne pouvait pas ignorer la chose, mais elle ne pouvait pas non plus passer son temps à se morfondre sur le sujet. Pas devant Lucas. Pas devant un autre. Pas devant qui que ce soit, finalement, qui s'efforcer de lui faire passer le mauvais goût que cela lui avait provoqué. Lucas était probablement de ceux avec qui elle se sentait le plus proche et le plus à l'aise, à l'institut. Sans raison apparente. Parce que c'était ainsi, tout simplement.

Elle se glissa finalement hors de sa chambre, tant bien que mal. Elle oubliait, parfois, la présence des ailes, dans son dos, et s'accrochait inévitablement dans tous les cadres de porte, avec la plus grande ses exaspérations.

«Je suis désolée... je ne pensais pas que ça se voyait. »

Elle avait choisit de ne pas lui mentir, sans pour autant mettre des mots sur ce qui la dérangeait vraiment. Un nouveau sourire de sa part, peut-être simplement pour lui dire que ça allait, de ne pas s'en faire, et qu'elle était probablement plus que ravis qu'il vienne la chercher maintenant, comme un cheveux sur la soupe

«Et où est-ce qu'on ira? Si ce n'est que pour aller dans le jardin, vraiment, ça vaut pas la peine. »

Bien malgré elle, il y avait ce brin d'amertume étrange qui ne lui ressemblait pas forcément. Peut-être parce qu'elle avait envie d'aller aussi loin que possible de l'Institut. Peut-être parce qu'elle avait cette envie folle de sortir librement prendre l'air, sans avoir à se préoccuper des regards.

Lucas avait un instant observé son sourire, observé son visage lorsqu'elle avait ouvert la porte, il c'était légèrement reculé pour la laisser sortir, observant les ailes blanches qui ornaient son dos, elle avaient atteins leur taille maximale, c'était certain, le plumage était magnifique et accentué le côté angélique de la blonde. Le mutant avait apprécié le fait qu'elle soit franche avec lui, si elle ne pensait pas que ça se voyait, Lucas l'avait repéré, il avait l'habitude après tout ou du moins avait eût l'habitude de voir quand quelque chose n'allait pas, à l'époque quand son fils était encore de ce monde, il arrivait toujours à percevoir les tics qui prouvaient que quelque chose n'allait pas et probablement que c'était son instinct paternel qui lui faisait ça à l'époque, et qu'il ne l'avait pas totalement perdu aujourd'hui. La voix de la blonde parvint de nouveau à ses oreilles, tournant le regard vers elle, il lui adressa un léger sourire en coin pour lui montrer qu'il comprenait et il n'avait pas eût pour idée de rester dans le jardin, quand il disait qu'il voulait lui changer les idées il avait plus idée de la sortir de l’institut tout en veillant à rester discret pour ne pas s'attirer trop d’ennuis... Car les ennuis, il le savait, ils pouvaient bien courir les rues entre la CIA et certains humains anti-mutants, le danger pouvait être de partout, mais pas dans les endroits peu fréquenté, c'est du moins ce qu'il se disait. S’avançant dans les couloirs, Lucas se mit finalement à parler

- Ne t'inquiète pas, je ne comptais pas aller dans le jardin, plutôt dans un endroit tranquille... Le port c'est tranquille, il n'y a personne. Enfin.. Si ça te va...

Se glissant hors du manoir, il marcha silencieusement dans la direction des véhicules, atteignant rapidement le sien, il s'installa devant le volant et démarra rapidement, passant les grilles de l'école Lucas finit par reprendre la parole, s'il ne voulait pas être trop insistant, Lucas voulait aider Yulia à se sentir mieux et il savait que parler était la meilleur des solutions même si lui même ne l'avait jamais vraiment fait.

- Tu sais que je suis là si tu veux parler, je me doute que ce que tu as vécu a pût être... Bouleversant... Et tu as besoin d'en parler, que tu en sois consciente ou non, parce que même si tu as raison sur un point, même si ça ne se voit pas forcément que ça ne va pas, je l'ai remarqué à croire que...

Il marqua une pause, restant quelques instant silencieux à fixer la route devant eux, jetant un rapide coup d'oeil à la blonde à ses côtés le brun soupira et se racla la gorge avant de reprendre dans un léger murmure

- A croire que mon instinct de père est toujours là.


Passant une main sur son visage il perdit son regard sur la route, prenant doucement la direction du port , il finit par garer sa voiture sur une place libre, coupant le moteur il glissa les clefs dans sa poche avant de descendre de son véhicule et de commencer à marcher vers le port avant de s'arrêter

- Tu veux peut-être un café avant ? Ou un thé ? Il doit avoir une petite boutique encore ouverte pas très loin, si tu veux faire un détour, c'est comme tu veux.