AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  



 
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Partagez | 
 

 « Fire meet gasoline »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeMer 9 Juil - 20:32


« Fire meet gasoline »
Lucrecia A. Rivendall & Joyce M. Mayers


« Voltaire... »
Le ton était exaspéré & las. La fatigue semblait envelopper cette voix, ou bien s'agissait-il d'un ennui profond. La boule de poil daigna lever la tête vers la jeune femme qui se trouvait allongée sur le sofa. Le félin de couleur grise — semblable à un Chartreux — lâcha un miaulement plaintif, comprenant que les minutes passées dans l'amas de feuilles trainant sur la table basse étaient comptées. Joyce — celle qui l'avait recueilli — lui adressait un regard sévère qu'il connaissait bien.
« Tu as une couverture juste pour toi dans le fauteuil mais non ! Il faut absolument que Voltaire pose sur gros cul dans mes fiches de révisions, hein ? »
Il la regarda un long moment sans bouger, imperturbable. Il avait adopter son regard mielleux qui avait tant faire craquer la jeune femme. Elle cédait plus facilement quand il faisait ces yeux de merlan fris. Il l'avait bien compris. Un soupir caressa les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle posait un ouvrage sur le sol. Elle attrapa le chat avec ses mains, avant de le coller contre elle. Joyce se rallongea dans le sofa & Voltaire se blottit contre cette dernière. Il manquait d'attention & de tendresse ces derniers jours. Joyce était plongée dans ses révisions depuis plusieurs jours désormais, préparant l'examen du barreau de New York, dans le but de devenir avocate. Elle révisait aussi pour les examens de fin d'année qui commençaient dans quelques jours. Voltaire — quant à lui — passait ses journées à se prélasser dans les recoins de l'appartement & pointait souvent le bout de son museau en s'allongeant dans la paperasse de la jeune femme. Joyce était toujours aussi exaspérée mais Voltaire n'en faisait qu'à sa tête.
« Bon, quelle heure est-il ? J'ai des courses à faire pour que tu puisses continuer à t'engraisser peinard. »
Le félin lui adressa un regard avant de reprendre ses ronronnements. La jeune femme se leva alors délicatement, & laissa Voltaire seul sur le sofa. Il sembla vexé pendant quelques secondes avant de fermer ses paupières & plonger dans une nouvelle léthargie. Joyce passa sa main sur la tête de son chat avant d'aller chercher son sac & ses bottines. Le temps ne semblait pas au beau fixe en cette journée printanière. Elle portait un jean bleu brut aux jambes étroites & une chemise blanche parsemée de fleurs rouges & vertes. Joyce enfila ensuite un trench beige, attrapa ses clefs sur la commode près de l'entrée & quitta son appartement, laissant à son félin le loisir de s'enrouler dans ses fiches de révision. Joyce se laissa avaler par le monde extérieur lorsqu'elle quitta le hall de son immeuble. Manhattan se déployait sous ses yeux. Le brouhaha urbain se faufila dans ses oreilles tandis qu'elle s'engageait sur le trottoir qui longeait les immeubles. Elle vivait dans le quartier de SoHo, milieu remplit d'artistes divers. La vie nocturne battait son plein & les loyers étaient abordables. Joyce se laissa tenter par son envie de rejoindre Times Square pour y faire un peu de lèche vitrine avant d'acheter de quoi nourrir son chat qui n'était qu'un estomac sur pattes. Elle s'engouffra dans la bouche de métro, se retrouvant dans le labyrinthe souterrain. Le trajet ne dura pas plus de quinze minutes. Un laps de temps court, mais suffisamment long pour que des cordes d'eau ne tombent des cieux colériques. Joyce marmonna quelques jurons, ayant oublier son parapluie. La pluie tiède s'écrasa sur elle, se faisant absorber par ses vêtements & ses cheveux. La pluie était forte, un vrai déluge. Alors qu'elle sortait du métro, elle voyait les gens se précipiter & courir en tous sens pour se mettre à l'abris. Joyce les imita en entrant dans un café à deux pas des escaliers menant aux souterrains urbains. Puisque le temps n'était pas clément pour lui permettre de trainer dans les rues sans but, elle s'autorisa un petit plaisir en commandant un chocolat chaud. La serveuse s'exécuta et lui servit sa boisson chaude dans un gobelet en plastique. Elle paya rapidement & se dirigea vers la sortie, pensant se cacher sous le store extérieur du café. L'eau de la pluie s'écrasait sur ce dernier dans un tumulte régulier. Joyce observait la mouvance de la rue. Les gens se protégeaient tant bien que mal avec leur attaché-caisse ou leur parapluie. Des gouttelettes glissaient sur le visage & dans la nuque de la jeune femme pendant que celle-ci laissait le chocolat chaud envahir sa bouche & lui réchauffer le corps. Cette boisson avait un don réconfortant. Elle maintenant le gobelet avec ses deux mains pour que la chaleur de sa boisson se propage dans ses doigts frais. La température avait chuté d'un coup suite à ce déluge.

La tristesse des cieux se déversait dans les rues de New York dans une bourdonnement sourd. La pluie frappait le sol avec violence, rebondissant avec ferveur. Ce spectacle avait quelque chose de beau & de poétique mais aussi de désolant. Une brume légère se forma alors, du fait de l'importance du déluge & le choc de température entre l'atmosphère & les larmes du ciel. Ce dernier était d'un gris opaque & étouffant.
& puis, le brouhaha régulier de l'eau qui se déverse fut rompu par un bruit à vous glacer le sang.
Bruit d'un gobelet qui tombe violemment sur le sol.
Freins qui grincent dans une mélopée aiguë.
Le coeur de Joyce loupa un battement avant de reprendre sa course folle. Il tambourinait contre sa poitrine avec vigueur.
& le son de la collision.
Ce terrible son.
Joyce regarda la scène impuissante tandis que le chocolat chaud se mêla aux gouttes de pluies sur le bitume. Deux voitures venaient de se percuter dans une violence inouïe. Elle voyait la carrosserie des deux engins se recroqueviller à mesure que le choc se faisait de plus en plus fort. Elle entendait les pneus glisser sur la route glissante & humide.
& puis vint le silence.
Un silence étouffant.
Les gens eurent quelques secondes sans réaction puis les cris résonnèrent. Joyce était juste devant le carnage, à quelques mètres à peine. Elle aurait pu se prendre une voiture mais les conducteurs avaient réussis à maintenir les véhicules pour éviter qu'ils n'aillent droit dans le décor. Joyce vit alors une jeune femme surgir directement vers une des deux voitures. La scène se passa extrêmement vite. Elle était la première à accourir. Les êtres de ce monde était assez égoïste, & peu courrait au danger. Elle entendit des gens derrière elle courir à l'intérieur du café pour appeler les secours avec le téléphone de la boutique. Joyce — quant à elle — fronça les sourcils en regardant la jeune femme qui avait ouvert la portière d'une des deux voitures & qui aidait le conducteur à sortir. Or, il était inconscient & le corps était bien trop lourd pour cette frêle personne. & puis, elle remarqua que le corps de l'homme plongé dans le coma était en légère lévitation.
Idiote.
Il n'en fallu pas plus pour faire réagir la jeune demoiselle. Son sang ne fit qu'un tour & bouillonnait dans ses veines. La colère & l'exaspération prenait possession de ses membres. L'adrénaline pointa elle aussi le bout de son nez. En moins de temps qu'il ne fut pour le dire, Joyce se trouva près de la jeune femme aux cheveux bruns. Coupe garçonne, visage innocent, yeux profonds. Elle lui attrapa le bras avec violence pour qu'elle cesse d'user de son don devant tout le monde. La jeune femme fulminait par autant d'imprudence. Elle se retient de gifler la demoiselle, ne sachant comment celle-ci pourrait réagir. Mais sa main la démangeait. Elle ne cessait de se répéter une multitude de jurons à l'encontre de cette inconsciente.
« Tu veux finir derrière les barreaux ? Arrête ça tout de suite ! Bon sang, mais qu'est ce que tu as dans la tête ?!
Joyce lui adressa un regard furieux tandis que la jeune mutante semblait complètement interloquée.
J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi idiot, ma parole ! »
En fait, si. Mais elle n'avait pas envie de polémiquer. Elle s'était retrouvé dans une situation affreuse à la suite d'une altercation avec un autre mutant, ce qui leur avait valu d'être recherché par les autorités américaines. D'ailleurs, ils devaient encore être recherchés. Ou alors surveillés. Joyce regarda autour d'elle. Un groupe de personne commençait à se former autour des deux voitures fumantes & disloquées. Mais ils furent assez intelligent pour rester à distance pour ne pas étouffer les deux accidentés. Plusieurs personnes crièrent que les ambulances étaient en route, tandis que d'autres demandaient s'ils étaient vivant. Celui que la jeune femme tentait de sortir de là avec son don était en vie, juste dans un coma. Joyce tourna la tête alors vers l'autre véhicule. & son coeur s'arrêta une fois encore.
L'homme dans la voiture avait les yeux ouverts. Seul du sang coulait le long de sa joue. Il avait les yeux écarquillés par la surprise & il voulait parler, voulait hurler mais par chance, il était en état de choc & ne pouvait pas aligner deux mots. Cependant, il pointait la jeune femme à la coupe garçonne comme si elle était le pire des monstres.
Merde.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeMer 9 Juil - 20:57


« Fire meet gasoline » Tumblr_m4kb8srfQQ1rrygyoo1_r1_500
Fire meet gasoline

feat JOYCE & LUCRECIA



La pluie presque chaude tombait du ciel gris au-dessus de Manhattan. J'étais repassé par ici en sortant du collège. Une dure journée aujourd'hui : un de mes élèves avait littéralement mis le feu à une poubelle. Et je le soupçonnais de ne pas l'avoir fait avec un briquet ou des allumettes. Il était horrible, alors que j'étais professeur, de ne pouvoir m'imposer comme mutante officielle et de ne pouvoir conseiller les jeunes qui découvraient leurs pouvoirs. Dans mes classes, j'étais certaine que parmi les jeunes collégiens se cachaient des êtres au génome mutant. Comment les différencier ? Comment les aider ? J'étais triste, peinée de savoir que des frères et soeurs ne pouvaient recevoir une main tendue. Comme j'avais reçue la mienne de mon père - il avait été si merveilleux, durant le peu de temps où la vie me l'avait laissé ...

Peut-être était-ce la pluie qui me rendait si mélancolique, allez savoir. Je remontais le col de ma veste bleu foncée, remis en place mon écharpe azur et repris ma marche. Mes chaussures formaient de petits bruits mouillés sur les trottoirs. Autour de moi, les gens courraient se mettre à l'abri, mais moi j'aimais la pluie. Elle n'était pas aussi froide qu'en Arizona - je me souvenais de ces pluies torrentielles qui pouvaient vous glacer les os en quelques secondes. Prise dans les remontées nostalgiques de mon esprit, je ne vis pas l'horreur arriver.

Bruits de tôle. Crissement de pneus. Mon coeur qui s'arrête, et qui repart comme pour rattraper le temps perdu.

A ma gauche, deux voitures s'étaient rentrées dedans. Les phares éclairaient pathétiquement la scène, ombragée par les nuages d'une nuit précoce. La pluie n'arrangeait rien. Je n'aurais pas bougé si je n'avais pas vu qu'une des portières était enfoncée, empêchant un conducteur inconscient de bouger. Je n'eus même pas à réfléchir : je me mis à courir vers la scène. Je trempais mes collants, ma jupe, courant dans les flaques, n'essayant même pas d'éviter les gens qui courraient dans l'autre sens. Ce qui m'importait, c'était d'aider.

J'étais d'une nature très empathique - peut-être trop. Je ne pouvais pas laisser quelqu'un dans le besoin sans avoir envie de lui tendre la main. Comment aurais-je pu laisser cet homme inconscient, blessé ? J'ouvris la porte, et tentais de le soulever, mais son poids était trop important. J'allais donc devoir user de discrétion : ma main se porta vers son dos, et mon index n'eut qu'à bouger pour que l'air autour de l'homme ne se charge à ma place de le porter. Cela demandait de la concentration, mais j'y arrivais, donnant - ou du moins l'espérais-je - l'impression de le porter seule. Alors que je le glissais dehors, observant avec inquiétude son front sanglant, une main attrapa mon bras.

Tout allait trop vite. Quoi ? Je clignais des yeux, stupidement, chassant les gouttes qui m'aveuglaient un peu. Je compris enfin où elle voulait en venir, et un frisson glacé me parcourut.

Elle m'avait vu. Elle avait compris. Et elle semblait furieuse.

Allait-elle me dénoncer ? A dire vrai, même si cela m'effrayait, j'avais autre chose en tête. Je retirais calmement mon poignet de sa poigne, l'air de me draper dans les restes de ma dignité. Mais je n'avais pas le temps - pas ici. Déjà, autour de nous, des badauds s'attroupaient, curieux. Les sirènes - de police, de pompiers, d'ambulance ? - résonnèrent au loin comme l'appel d'un monstre. Je ne fis pas attention à ce qui se passait autour de moi, et dans un geste instinctif, je pris la main de la demoiselle qui m'avait invectivé avec tant de conviction. Un geste doux, presque amical. Un geste apeuré.

« Oui, c'était idiot, mais si j'avais attendu plus, la porte aurait continué à le blesser. S'il vous plaît, ne dites rien. Je sais bien que ça doit effrayer, mais je ne suis pas un monstre ... »

J'essayais de plaider. Quoi, au juste ? Coupable, mais pas trop ? Je secouais la tête, comme pour chasser un mauvais rêve ; il y avait une odeur d'essence, puissante et forte, aux relents sauvages ; des effluves de sang aussi. Je me mordillais les lèvres, en cherchant le regard de la demoiselle. Mon regard était déroutant de franchise et de sincérité. Il y avait quelque chose chez moi d'enfantin et de pur.

« Je pouvais l'aider, je l'ai fait. Arrêtons-nous en là. Ai-je mal fait ? En quoi venir en aide à un autre être humain est mauvais ? »

J'inspirais, puis remarquais enfin l'autre conducteur. Il avait les yeux écarquillés. Et quand mon regard amical croisa le sien, alors que je voulais faire un pas vers lui, l'aider lui aussi, il se recula, l'air effrayé.

Et je compris.

Il m'avait vu, lui aussi.

Mais vu l'air apeuré qu'il avait, il était hors de question qu'il ne raconte pas ce qu'il avait pu observer. Je sentis mon coeur s'arrêter. J'étais fichue, oui. Parce que j'avais osé aider quelqu'un. Toute la discrétion que j'avais usé, tout mon contrôle de moi, jeté au feu de la peur d'un humain. Je sentis ma poitrine se gonfler de chagrin ; mes doigts se serrèrent plus fort autour de ceux de l'inconnue. Je n'avais pas lâché sa main. Une larme roula sur ma joue, à moins que ce ne soit la pluie.

Quelle importance, à présent ?


Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeVen 11 Juil - 3:08


« Fire meet gasoline »»
Lucrecia A. Rivendall & Joyce M. Mayers.


La vie est ainsi faite.
Sans que vous n'en compreniez les raisons, les cieux tombent sur vous & vous écrase avec vigueur. Vous vous retrouver la joue collée sur le sol à lutter pour vous relever, en vain. Vous vous noyez dans l'adversité. Vous hurlez sans qu'aucun son ne caresse vos lèvres. Toutes les portes que vous ouvrez sont closes. Tout votre monde s'effondre sans prévenir. Vous êtes terriblement seul alors que vos repères s'effacent. Vous n'avez plus rien pour rester hors de l'eau. Vous perdez le fil.
Joyce avait l'impression que le ciel lui tombait sur la tête. Tout ce qu'elle avait tenté de construire ces dernières années semblaient partir en fumée. Le feu grignotait toutes les parcelles de sa vie, léchait avec délectation ses certitudes. Elle avait eu l'innocence & la naïveté de croire qu'elle pourrait vivre en paix en se fondant dans la masse. Elle avait cru pouvoir grandir dans ce monde en faisant semblant d'être ce qu'elle n'était pas. Elle avait voulu se persuader qu'elle pouvait être mademoiselle-tout-le-monde. Elle pensait qu'ici, à New York, elle passerait inaperçu.
Mais tout ça n'était qu'illusions & erreur.
Illusions, tu comprends ?
Idiote.
Tu es différente, tu le sais. Jamais tu ne pourras t'intégrer dans ce monde intolérant. Jamais. Ils ne veulent pas de toi. Tous ces regards méfiants, tous ces événements. Le destin s'acharne, il veut que tu sois révélée aux yeux de tous. Depuis trop longtemps, tu fais semblant. Ta condition te rattrape. Ta nature te cours après.
Tu es dépassée, n'est ce pas ?
Joyce ne comprenait décidément pas. Ces derniers mois elle n'avait eu de cesse de rencontrer d'autres mutants sur son passage alors que pendant des années, elle s'était senti seule avec cette tare. Peut-être le fait d'avoir consciente qu'elle n'était pas aussi seule que cela lui avait fait mener vers ses semblables. Elle était peut-être plus attentive & remarquait avec plus d'aisance ceux qui étaient comme elle. Ceux qui étaient différents.
& désormais, sa vie avait pris un nouveau tournant. Elle en était presque au point de regretter de connaître l'existence des mutants. Lorsqu'elle était seule, elle n'avait pas d'ennuis. Maintenant, les autorités la cherchaient, la surveillaient. Joyce était rongée par l'inquiétude & l'angoisse. Chaque matin, en ouvrant ses paupières, elle se demandait s'ils allaient venir la chercher. & qui alors se rendrait compte de son absence ? Personne. Les parents de Joyce étaient en France, à Paris, à des milliers de kilomètres. Jamais les autorités ne les préviendraient. A quoi bon ? Non, celui qui se rendrait compte de son absence serait sans doute Sam, son patron à la bibliothèque où elle travaillait. Quelle tristesse. Les porteurs du génome mutant entraient dans sa vie pour y semer le désordre.
Cette fille à la coupe garçonne se rajoutait à la liste qui devenait de plus en plus longue.

Joyce la fixait sans ciller. Ses prunelles d'un bleu profond brûlaient de fureur. Cette imprudence, elle n'en revenait pas. & cette incrédulité n'avait que pour conséquence d'accentuer sa colère. Les sirènes résonnèrent dans le lointain ; sonorité annonciatrice de la venue des autorités & des secours. Le sang de Joyce se glaça. Elle les avait trop entendu ces sirènes. Ce bruit lui collait à la peau, désormais. Instantanément, l'angoisse se glissa dans ses veines & son coeur qui se serrait. Son estomac se noua avec vigueur. Joyce garda un air impassible cependant, alors même que son sang palpitait sous l'adrénaline. Elle ne laissait jamais rien paraître. Ses sentiments & émotions, elle les gardait bien au fond de son coeur, dans une boîte hermétique. Il était or de question d'alarmer cette jeune femme & encore moins de lui montrer ses peurs & ses faiblesses. Elle n'était pas aussi fragile. Tout du moins, elle voulait s'en convaincre. A ce petit jeu, Joyce gagnait souvent. Avec le temps, elle avait réussi à s'envelopper d'une carapace. Tout le monde la voyait comme froide, arrogante & dure. Cela faisait fuir les gens en général.
La jeune femme sentit une main aux doigts gelés & mouillés se glisser dans la sienne avec douceur & quiétude. Joyce n'eut pas de réaction immédiate, trop occupée à regarder par dessus son épaule pour voir si les autorités arrivaient. Elle ne pouvait pas rester là. S'ils la voyaient, elle risquait de se faire reconnaitre.
« Oui, c'était idiot, mais si j'avais attendu plus, la porte aurait continué à le blesser. S'il vous plait, ne dîtes rien. Je sais bien que ça doit effrayer, mais je ne suis pas un monstre...
Sa voix était penaude & emplit d'une culpabilité grandissante. Alors voilà qu'elle s'excusait maintenant. Qu'elle s'excusait pour ce qu'elle était. Joyce aurait pu compatir si elle n'avait pas été aussi énervée. Elle n'était qu'impulsivité & colère. Au fond d'elle même, Joyce savait que la jeune femme n'était que peu blâmable pour son geste. Il était imprudent, certes, mais d'une générosité implacable.
T'es sérieuse ?
Joyce avait adopté un ton cassant. Cette naïve pensait qu'elle était une humaine. La jeune femme se sentit vexée pendant quelques secondes. Elle avait fait preuve de tant de rage que la jeune femme l'avait prise pour une humaine menaçante & non une mutante en train de la sortir d'une situation bien plus que délicate. Joyce plongea ses prunelles dans celles de la mutante avec sévérité. Elle, par contre, avait un regard qui transpirait la sincérité & l'innocence. Des yeux dégoulinant de suppliques. Elle se justifiait, se débattait pour trouver une once de clémence. Ce comportement avait le don d'exaspérer Joyce. Comment peut-on baisser sa culotte de la sorte ? Un peu de dignité, bon sang.
« Je pouvais l'aider, je l'ai fait. Arrêtons-nous en là? Ai-je mal fait ? En quoi venir en aide à un autre humain est mauvais ? »
Parce qu'il ne t'aurait pas sauvée. Parce qu'il t'aurait tuée. Parce que les humains pourraient penser que c'est toi qui est à l'origine de l'accident. Pour des tas de raisons. & en voyant le regard effrayé de l'autre conducteur, elle semblait avoir compris.
Compris qu'elle venait de se dévoiler, de se jeter dans la gueule du loup, de se vendre à l'ennemi. Elle compris que ses minutes étaient comptées à mesure que les sirènes se faisaient de plus en plus présentes. Lorsqu'ils seront là, le conducteur criera la vérité en pointant la jeune femme du doigt. Une mutante, une mutante ! Joyce voyait déjà la scène dans son esprit. Elle voyait déjà les policiers se tourner vers elles & embarquer la mutante sans chercher à savoir si le conducteur disait vrai ou pas. Les autorités ne voulaient pas prendre de risque. Toutes les personnes suspectées d'être porteur du gêne mutant étaient embarquées. Joyce sentait la main de la jeune femme serrer la sienne avec plus de vigueur. En réponse, elle se tourna vers elle avec ce même regard sévère.
« Tu vois pourquoi maintenant ? Parce que quoique tu fasses, tu restes un monstre qu'il faut enfermer. Tu répugnes. Tu fais peur. »
La pluie se glissait sur la peau de la jeune femme. Ses cheveux lui collaient au visage. Joyce regarda autour d'elle. Le chaos. Les larmes des cieux se déversaient avec ferveur sur ce monde incohérent. Des larmes de tristesse contagieuses car la demoiselle semblait envahit par la mélancolie. Elle voyait sans doute sa vie basculer.

« Mutant... »
Joyce se tourna alors vers le conducteur qui venait de réussir à ouvrir la bouche. Son coeur loupa un battement. Il avait parlé assez fort pour qu'elle puisse l'entendre mais pas assez pour que la foule n'assimile. La pluie couvrait encore sa voix, par chance. Cependant, dans quelques secondes, il arriverait sans doute à gonfler ses poumons pour hurler. Joyce n'avait pas le choix. Elle faisait cependant partie de ces mutants aux dons invisibles. Personne ne pouvait comprendre ni voir ce qu'elle faisait.
Voilà. Tu la sens, elle t'enveloppe avec aigreur. Elle se faufile, se glisse & se déverse dans les moindres recoins de ton cerveau. Tes neurones sont secoués & n'arrivent plus à faire passer ni à recevoir les messages envoyés par décharge électrique. La confusion règne. Tu ne sais plus où tu es. Tu perds pied. Tu as beau regarder autour de toi, tu ne reconnais rien, tu ne sais pas qui sont ces filles, quel est ce lieu. Tu perds pieds. & puis, il y a ce son, cette sonorité aiguë qui te scie la cervelle. La migraine prend place et se niche dans toutes les parcelles de ton crâne. Elle est lancinante, bruyante & lourde. Tu ne peux pas lutter. Tu ne peux pas lutter. Alors arrête, lâche prise, laisse tomber. A quoi bon ? Tu es faible de toute façon. & puis, d'un coup, le contact se coupe, comme lorsqu'on coupe un fil. Ton cerveau saute & éclate, tel une bombe à retardement. & tu sombres.
Tu sombres.
Joyce s'extirpa de l'esprit du conducteur qui avait désormais les yeux clos & le corps mou. Il était dans le coma. La jeune mutante passa une main dans ses cheveux pour se masser le crâne. Cet exercice avait le don de propager de légers maux de tête. La police arriva alors. On entendit les freins qui grincent & les portes qui se claquent. Joyce regarda la jeune femme & la tira.
« Il faut pas rester là ! Bouge, putain ! »
Elle semblait interloquée. Avait-elle compris qu'elle était mutante, elle aussi ou pensait-elle à un coup de chance ? Vu la naïveté sans faille de la demoiselle, Joyce n'aurait pas été étonnée qu'elle la prenne encore pour une humaine. Une humaine qui la tirait d'un mauvais pas. La jeune mutante pris les devants, face à un tel manque de réaction. Elle tira sur le bras de la demoiselle à la coupe garçonne pour s'extirper de là. Il y avait un nombre de voiture incalculable, l'accident ayant formé des bouchons. La jeune femme se faufila entre les voitures tandis que les secours & autorités accouraient vers le lieu de collision. Elle traina la jeune femme dans une ruelle déserte. Seule des poubelles trainaient là. Joyce lâcha alors la main de la mutante & fit les cent pas dans cette impasse étroite. La pluie continuait de se déverser & Joyce était trempées jusqu'aux os. Elle ne cessait de marmonner des jurons, essayant de faire chuter son rythme cardiaque & son adrénaline. L'angoisse lui collait aux basques. Elle tournait en rond sous le regard de la mutante, impuissante, qui balbutiait des paroles que Joyce n'écoutait pas. Elle se tourna alors & lui attrapa le manteau d'un coup sec. Joyce plongea son regard dans celui de la jeune femme. Un regard emplit de colère. Une colère qui n'arrivait pas à s'estomper. Elles avaient risqué leur liberté. Joyce avait encore risqué sa liberté pour un mutant inconscient.
« PLUS JAMAIS ! Tu mériterais des claques, putain ! PLUS JAMAIS TU COMPRENDS ? J'en. BON SANG ! J'en reviens pas !
La colère la rendait tellement incohérente. La scène aurait pu presque prendre une tournure comique si les enjeux n'étaient pas si grands.
J'en connais un comme toi ! & on s'est retrouvé dans la merde ! Jusqu'au cou ! & toi ! TOI TU AGIS COMME CA ? TU CHERCHES QUOI ? A ÊTRE UN HEROS ?
Joyce secoua sa prise avec force.
TU VEUX FINIR EN TAULE ? Espèce d'idiote ! LA DISCRÉTION BORDEL ! Tu crois qu'ils sont si cons que ça ? Ce type devait peser plus de 100 kilos alors que toi tu dois en peser 50 ! Tu crois qu'ils n'auraient pas compris ?! Tu aurais dit quoi aux flics sérieusement ? Tu n'aurais jamais pu ouvrir cette porte & soulever un type pareil sans ce don !
Joyce n'était plus qu'une boule de nerf. Son sang palpitait avec force dans ses veines. Il était bouillant. Bouillant de rage. Elle aurait pu continuer des heures. Elle aurait pu lui cracher sa colère au visage pendant longtemps mais elle décida de se taire un instant.
C'est la première & dernière fois que je te tire d'affaire compris ? »
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeVen 11 Juil - 10:48


« Fire meet gasoline » Tumblr_m15fbepbfo1qzbm9bo1_5002
Fire meet gasoline

feat JOYCE & LUCRECIA



Mes actions se passaient de mots. La demoiselle à mes côtés ressentait une juste colère - rage que partageraient sans doute tout ces humains dans quelques minutes, quand la police sera arrivée et que cet homme, dans la voiture, aurait révélé à tous que j'étais une mutante. Les paroles de l'inconnue étaient dures, mais je ne lui en voulais pas. Parce qu'elle avait raison. Je me sentais à la fois pathétique et juste - j'avais fait ce qui me semblait bon à faire. C'était idiot de tomber pour ça, de voir l'asphalte me grignoter pour une simple erreur, mais la fatalité se jouait de qui elle voulait. C'était comme des cailloux dans un lac. Répugne. Peur. J'avais envie de pleurer, parce que tout s'effondrait autour de moi dans un chaos incommensurable. J'aimais l'ordre, j'aimais les choses propres et nettes. Ici, tout n'était que chaos.

Mutant.

J'eus un hoquet - qu'avais-je espéré, au juste ? Qu'il ne remarque rien, qu'il me fasse signe que tout allait bien, qu'il m'avait vue sortir l'homme de la voiture ? Non. Lui, ce qu'il avait vu, c'était un monstre utilisant des pouvoirs contre-nature. Peut-être même qu'ils penseraient tous que j'avais aidé par culpabilité. Que j'étais responsable ... Non. Je me mordillais plus fort la lèvre, en portant mes mains à mon visage. Je ne voulais pas qu'on m'enferme. J'avais juste voulu aider des gens ! Je ne voulais pas décevoir tous ceux que j'aimais ! Si cela s'apprenait, à l'école, les parents me retireraient leurs enfants - et sur ces jeunes, combien me regarderaient bientôt avec le même mépris que ceux de leurs géniteurs ? Je ne pourrais pas supporter cela. Je ne le pourrais pas. Je tremblais, de froid, de peur.

Et puis. Et puis ... On me tire. On me bouscule, on me crie dessus. C'est comme si j'étais dans du coton très doux, comme si je l'entendais de loin, mais j'obéis, docilement - parce que c'est la seule chose que je sais encore faire, obéir. Que c'était-il passé, au juste ? Mon bras dans sa poigne, nous nous éloignâmes. Un dernier regard au conducteur me le fit apercevoir évanouir sur son volant. Allait-il bien, au moins ? Etait-ce ... Un état second, dû au choc, ou ma nouvelle amie ... ? Non, je ne pouvais pas l'accuser d'être une mutante - si elle était humaine, elle risquait de ne pas apprécier. C'était comme un rêve, où nous nous faufilions ailleurs, dans un endroit qui n'était plus ici. La ruelle était déserte, assez loin du carnage pour qu'on ne nous suive pas. Je reprenais peu à peu mes esprits, et je me hérissais de ce qui avait failli arriver. La pluie se faufilait, insidieuse, sous mon manteau, et nous étions toutes les deux trempées comme des soupes. Nous avions froid - nous partagions cependant bien plus que le même ressenti. Elle m'avait sauvé la vie ! Je la regardais, pleine d'une rage que je ne comprenais pas. Enfin, disons que je commençais à y voir plus clair - les doutes étaient encore permis, mais j'étais pourtant certaine d'avoir face à moi une soeur mutante. C'était ainsi qu'elle avait endormi le conducteur - elle m'avait donc sauvé doublement.

Je me retrouvais avec cette boule de colère près de moi, tenant mon manteau de manière agressive. Pourtant, sous ses paroles dures et tranchantes comme des bouts de verre, je ne pu que lui lancer des regards reconnaissants. Un peu moins quand elle me secoua comme un prunier, mais quand même. Je ne lui en voulais pas - ce n'était qu'une juste fureur contre mon imbécilité. Alors, quand elle eut fini, je hochais la tête et, tant pis, la pris dans mes bras. Je la serrais gentiment contre moi, comme pour contenir sa rage, comme pour lui montrer ma reconnaissance.

« Merci. » Je n'avais pas d'autres mots qui pouvaient exprimer combien elle m'avait aidé. Pourtant, je fis un effort et j'essayais de mettre de l'ordre dans mes idées. Je lui devais bien ça - je me reculais pour la laisser respirer, après l'avoir serré contre moi comme une enfant.

« Je ne voulais pas être une héroïne : j'aide les gens quand ils sont dans le besoin. Peu importe qui ils sont, ce qu'ils sont. Nous devons nous entraider. Qui que nous soyons. Si nous nous détournions de tout ce malheur, comment pourrions-nous croire encore en quelque chose, même en l'avenir ? C'est l'humanité qui nous réunit tous, et c'est bon de pouvoir le montrer. Même si cela signifie qu'on doit me jeter des pierres ... » Je me tus une seconde puis repris, mon regard flamboyant d'émotions. « Mais cela ne veut pas dire que je le veux. Vous m'avez sauvé ... Je ne vous remercierais jamais assez de ce que vous avez fait. »

Comment lui dire ? Je pense que mon attitude parlait pour moi : je savais. J'avais compris qu'elle en était une, elle aussi. Avec douceur, je repris encore la parole - allez savoir pourquoi je me sentais d'humeur aussi bavarde, après un tel choc.

« La première et la dernière fois, oui. Et j'aimerais vous rendre la pareille. Je vous dois une dette qui jamais ne pourra s'effacer. Lucrecia Rivendall - voici le nom de votre débitrice. »

Et, là, je tendis la main. Une main où un gant trempé alourdissait le membre, une main mouillée, spongieuse. Mais une main amicale, sincère, tendue d'une façon si pure et si innocente ... J'avais toujours ce même sourire - je croyais en l'avenir et en nous. Je ne croyais peut-être pas en moi, mais j'avais des valeurs. Et je ne pouvais pas les jeter aux orties à cause de la peur - que serais-je devenue alors ? Quelqu'un qui se détache d'elle-même pour ses propres intérêts. Je ne voulais pas être égoïste au point de délaisser mon humanité. C'était idiot mais c'était comme ça - j'avais toujours été une drôle d'idiote, de toute façon ...


Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:32


« Fire meet gasoline »
Lucrecia A. Rivendall & Joyce M. Mayers


« Merci. »
La pluie avait presque engloutit ce mot, cette parole, cette sonorité si faible mais pourtant si sincère. Un murmure qui se perd dans l'espace temps, qui s'évanouit dans ce monde bruyant & tumultueux. Un terme qui se glissa dans le cerveau de celle à qui il était destiné, qui s'enroula dans ses pensées jusqu'à atteindre son coeur. Quelques lettres assemblées qui peuvent réchauffer un coeur glacé. Deux syllabes qui crient à la reconnaissance.
La pluie avait presque engloutit ce monde, ce pays, cette ville de sa tristesse & de son désespoir. Les cieux avaient tant à déverser sur les êtres vivants. Sans doute étaient-ils déçus par le virage qu'avait pris les humains. Peut-être ne croyaient-ils plus en eux. Ils étaient d'un gris opaque & étouffant. Si sombre que la nuit avait de quoi envier à la noirceur de ces nuages. Ils tombaient sur les épaules des habitants de ce monde, les écrasant de leur mélancolie. Les cieux ne retenaient jamais leurs larmes. Joyce ne faisait que cela, tandis que le poids de sa vie & de son destin se faisait lourd sur ses frêles épaules. Elle refoulait ces craintes derrière sa mine renfrognée & sa colère. Elle dissimulait ses préoccupations derrières un regard sévère. Elle enterrait sa générosité derrière des paroles égoïstes.
La jeune femme sentit des bras se refermer sur elle, l'emprisonnant dans une étreinte qu'elle n'aurait jamais cautionné. Joyce rejetait toute marque de tendresse sans trop d'effort. Celle-ci n'avait jamais cru bon de s'enticher de celle-ci. La tendresse la fuyait, tout comme elle fuyait l'amour. Elle sentait cette cage humaine autour d'elle. Mais celle-ci n'était pas dotée de barreaux froids & lugubres. Cette cage dégageait une aura bienveillante & une chaleur réconfortante. Joyce fut incapable de réagir pendant de longues secondes, cherchant à y voir plus clair dans ses pensées torturées & paradoxales. Cette fille. Cette fille là.
Elle semblait pouvoir lui absorber sa colère comme elle semblait pouvoir la libérer & la répandre dans ses veines. Elle semblait pouvoir l'apaiser comme elle semblait pouvoir l'énerver au plus haut point. Cette fille. Oui, cette fille là. Ce n'est pas Joyce qui mit un terme à cette étreinte, bien trop choquée par la réaction de la jeune femme à la coupe garçonne. Comment quelqu'un d'aussi patient peut-il exister ? Comment quelqu'un d'aussi reconnaissant peut-il se déployer sous ses yeux ? Elle semblait si fragile cette fille, si sincère & si douce. Le contraire même de ce qu'était Joyce. Alors qu'elle était impulsive, celle-ci était d'une douceur sans faille. Alors qu'elle faisait preuve d'une désinvolture sans limite, celle-ci était d'une gentillesse déconcertante. Joyce avait hurlé sans ménagement. Elle l'avait insultée, l'avait secouée. Mais malgré ça, la seule chose que cette fille avait trouvé à faire était de la prendre dans ses bras tout en la remerciant. Joyce n'avait jamais vu un être pareil. Jamais elle ne se serait laissé faire de la sorte. Mais elle...
Cette fille.
Cette fille là.
« Je ne voulais pas être une héroïne : j'aide les gens quand ils sont dans le besoin. Peu importe qui ils sont, ce qu'ils sont. Nous devons nous entraider. Qui que nous soyons.
Les prunelles bleues de Joyce se posèrent sur le visage de celle qu'elle avait sorti d'affaire. Son visage était trempé, tout comme ses cheveux & ses habits. Elle absorbait les larmes du ciel pendant qu'elle déversait toute sa naïveté & sa générosité à la gueule de Joyce. Cette dernière écoutait une attention mesurée, vérifiant souvent que personne ne soit dans la rue pendant cette conversation. Mais elle tiqua face à cette naïveté & cet idéalisme. Joyce aurait aimé y croire. De tout son être. Mais la vie & la réalité avaient eu tendance à lui prouver que cela n'est & ne sera qu'un doux rêve.
Juste un rêve...
Si nous nous détournions de tout ce malheur, comment pourrions-nous croire encore en quelque chose, même en l'avenir ? C'est l'humanité qui nous réunit tous, & c'est bon de pouvoir le montrer. Même si cela signifie qu'on doit me jeter des pierres. Mais cela ne veut pas dire que je le veux. Vous m'avez sauvé... Je ne vous remercierais jamais assez de ce que vous avez fait. »

L'humanité, hein ? Cette fille croyait vraiment en ses paroles, cela se voyait dans son regard teinté d'émotions. Elle y croyait autant qu'elle voulait y croire. Elle avait encore une once d'espoir dans ses veines & son myocarde. Joyce ne savait pas ce qu'elle avait vécu dans sa vie & ne voulait pas s'avancer trop vite sur la question, mais il lui semblait qu'elle n'avait jamais eu à se confronter à la dure réalité. Elle avait dû souffrir bien sûr. Les mutants souffrent tous. Mais avait-elle vu la haine se poser sur elle ? Avait-elle était la cible d'un regard emplit d'une haine infinie ?
La première & dernière fois, oui. & j'aimerais vous rendre la pareille. Je vous dois une dette qui jamais ne pourra s'effacer. Lucrecia Rivendall — voici le nom de votre débitrice.
Joyce avait froid. La pluie avait comme atteint ses os. Des frissons parcourraient son corps tandis que sa peau absorbait la froideur des larmes du ciel contenue dans ses vêtements. Pourtant, elle ne prêtait aucune attention aux réclamations que lui hurlait ses membres. Elle les laissait protester à leur guise tandis que son esprit & ses pensées étaient focalisés sur les événements. Cette fille. Cette fille là. Lucrecia. Elle semblait mesurer la gravité des événements sans arriver pour autant à en saisir le sens. Elle comprenait que les choses auraient pu mal tourner, qu'elle avait risquer sa vie. Nonobstant, elle semblait incapable de voir l'évidence même. Elle se couvrait les yeux, comme pour échapper à un destin pourtant inévitable. Elle avait l'espoir entre ses doigts.
Décidément, tu es vraiment une idiote finie. Maintenant que j'ai ton nom, je peux te dénoncer aux autorités.
Joyce plongea son regard dans celui de Lucrecia. Elle lui gratifia un nouvel air sévère. Elle était bien trop naïve, cette fille. Allez savoir pourquoi, mais Joyce ne pouvait s'empêcher de penser qu'une fois partie, celle-ci attirerait de nouveaux les ennuis vers elle. Cette fille semblait être un de ces aimants à problème, tout comme elle. Sauf, qu'avec un tel caractère, Lucrecia perdrait la partie bien avant elle.
Tu es trop naïve. & vu ce que tu es, tu ne peux pas te le permettre. Les rêves c'est bien beau, mais ne te sépare pas de la réalité. L'humanité nous rejette. Elle nous enferme dans des cages, nous faire subir des expériences médicales. Elle nous traque, elle nous éradique. Tu ne sais rien. Tu ne sais pas ce que c'est parce que tu es encore à couvert. Mais un jour viendra où ils te trouveront. & à ce moment là, ce que tu appelles l'humanité ne sera qu'inhumanité.
Joyce attrapa la main de la jeune femme, non pas pour la serrer mais pour la ramener vers elle. Leurs visages étaient à quelques centimètres désormais.
Ne risque pas ta vie pour des gens qui veulent te la prendre. Ne dis pas ton nom à quelqu'un qui sait ce que tu es, surtout quand tu n'as pas la preuve absolue qu'il est comme toi. Sois plus prudente, bon sang ! Tu cours à ta perte, sérieusement ! C'est dingue d'être aussi imprudente ! »

La colère de Joyce refaisait surface, après une once de calme apparent. Lucrecia avait le don d'accentuer son côté lunatique, la faisait valser d'une émotion à une autre, dans une contradiction folle. Elle s'en trouvait instable. Joyce aurait sans doute pu étriper cette fille mais elle voulait aussi la protéger, étrangement. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Peut-être voulait-elle la sauver d'une naïveté dangereuse ? Peut-être voulait-elle être pour Lucrecia ce que personne n'avait été pour elle. La jeune femme lâcha la main de la mutante avant de faire quelques pas de recul. Un soupir s'extirpa de sa bouche avant de mourir sous la pluie torrentielle.
« Joyce. & sache que la prochaine fois que tu t'avises à me prendre dans tes bras ou à montrer ton don en public, je t'en retourne une, compris ? Bref, on va faire un marché ici & maintenant. Ta connerie nous a lié. Je garde tout ça pour moi & tu gardes tout ceci pour toi. Pas un mot.
La jeune femme lui lança un regard insistant. Joyce aurait pu tourner les talons & laisser cette fille ici, livrée à elle même dans un monde bien trop dangereux pour elle. Elles étaient liées suite à ces événements. Chacune avait dévoilé une part d'elle même. & cette dernière était ce qui les rendait les plus vulnérables.
Une question me taraude. Comment tu as fait pour ne pas te faire choper par les autorités ? J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi peu discret & d'aussi exaspérant. En tout cas, on ferait mieux de s'abriter quelque part. »
Elle mentait. Elle en avait déjà vu. & elle en faisait partie. Joyce faisait la maligne mais au final, c'était elle qui avait été recherché par la police. Personne n'avait interrompu l'incident dans ce café. Personne ne leur était venu en aide.
Vraiment, les aérokinésistes lui causaient beaucoup de problèmes.
Revenir en haut Aller en bas

Invité
Anonymous

Invité




« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitimeLun 29 Sep - 13:13



Fire meet Gasoline # avec Joyce



Tout s'était passé très vite. Mais je ne risquais rien. Cette fille n'avait pas l'air de m'en vouloir ni d'être agressive. Si elle avait réellement voulu m'en faire baver, elle m'aurait laissé m'en sortir, là-bas. Au lieu de cela, on discutait dans une ruelle, alors qu'au loin le bruit des ambulances s'éloignait.

JOYCE ⏏ « Décidément, tu es vraiment une idiote finie. Maintenant que j'ai ton nom, je peux te dénoncer aux autorités. »
LUCRECIA ⏏ « Quoi ? »

Nos regards s'accrochent. Le mien vacille, comme perdant pied. Est-ce qu'elle est sérieuse ? Les traits de la demoiselle sont durs, sévères, et ils me font frissonner. Je n'avais pas cru tout cela possible - elle va réellement me dénoncer ?

JOYCE ⏏ « Tu es trop naïve. & vu ce que tu es, tu ne peux pas te le permettre. Les rêves c'est bien beau, mais ne te sépare pas de la réalité. L'humanité nous rejette. Elle nous enferme dans des cages, nous faire subir des expériences médicales. Elle nous traque, elle nous éradique. Tu ne sais rien. Tu ne sais pas ce que c'est parce que tu es encore à couvert. Mais un jour viendra où ils te trouveront. & à ce moment là, ce que tu appelles l'humanité ne sera qu'inhumanité. Ne risque pas ta vie pour des gens qui veulent te la prendre. Ne dis pas ton nom à quelqu'un qui sait ce que tu es, surtout quand tu n'as pas la preuve absolue qu'il est comme toi. Sois plus prudente, bon sang ! Tu cours à ta perte, sérieusement ! C'est dingue d'être aussi imprudente ! »

Nos visages étaient tout proches. Je clignais stupidement des yeux, tout en songeant à toute vitesse à ses paroles. Oui, j'avais été insouciante et imprudente, je lui accordais ce point. Mais moi, je croyais en l'humanité. Si les humains voyaient que nous n'étions pas des horreurs, que nous étions finalement en parallèle sur leur vie, peut-être qu'ils comprendraient et arrêteraient de nous poursuivre ? Néanmoins, sous ses paroles véhémentes, je doutais. Je vacillais et me reculais, prenant de la distance non seulement avec elle mais avec son point de vue.

LUCRECIA ⏏ « Désolée ... Je ne voulais pas vous amener des ennuis ... Je suis réellement navrée. Mais personnellement, je ne pense pas que les hommes soient mauvais. Ils ont juste besoin de nous comprendre, non ? »

Question théorique, qui ne demandait aucune réponse. Mon regard était baissé, et j'avais rougi sous les paroles de la jeune femme dont je ne connaissais toujours pas le prénom. Peut-être son esprit chemina t-il comme le mien, car elle se présenta finalement.

JOYCE ⏏ « Joyce. & sache que la prochaine fois que tu t'avises à me prendre dans tes bras ou à montrer ton don en public, je t'en retourne une, compris ? Bref, on va faire un marché ici & maintenant. Ta connerie nous a lié. Je garde tout ça pour moi & tu gardes tout ceci pour toi. Pas un mot. Une question me taraude. Comment tu as fait pour ne pas te faire choper par les autorités ? J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi peu discret & d'aussi exaspérant. En tout cas, on ferait mieux de s'abriter quelque part. » »

Je l'observe, curieusement. Comment lui expliquer ? Je soupire et lui fais signe de me suivre. Direction un petit café que je connais. J'ai mon petit endroit à moi, près de l'escalier, où personne ne nous entendra. Mais du coup, je me sens obligée de lui répondre. Tout en marchant, je passe mes mains sur mes cuisses, nerveusement. Ma voix résonne entre nous, grave et sérieuse, un peu angoissée aussi.

LUCRECIA ⏏ « Tout cela sera bien gardé. Je t'en fais le serment, Joyce. Mais ... Habituellement, je ne suis pas aussi insouciante, je fais très attention. C'est juste que je ne pouvais pas laisser ces pauvres hommes ... Et puis ... Disons que j'ai du mal à me contrôler. Quand je ressens des émotions trop fortes, ça souffle autour de moi, de façon irréelle. Je ne pense pas que mes collègues soupçonnent quoi que ce soit ... »

Si je n'ai pas employé le mot ami, ce n'est pas pour rien. J'ai peu d'amis. Même si je ne suis pas solitaire ou asociale, je préfère la compagnie de mes livres - ou de mes élèves. Nous marchons tranquillement ; la ville autour de nous continue sa valse nocturne. Rien n'a changé. Sauf moi peut-être. Moi et elle.

LUCRECIA ⏏ « Est-ce que je peux t'inviter à boire un café ? Promis, pas d'ennuis. Je serais sage. »

J'ai un petit sourire penaud, dans la pénombre de la ruelle où l'on passe. J'ai envie d'en savoir plus sur elle - je devine chez elle une gentillesse d'âme qui fait écho à la mienne. Et sous ses airs sévères et distants, je vois quelqu'un de doux que je voudrais connaître. Je ne dis rien de tout cela, mais elle m'a aidé. Nous avons à présent un secret. Joyce avait raison sur un point : nous sommes liées, à présent. Finalement, nous arrivons devant une devanture simple, aux allures londoniennes.

LUCRECIA ⏏ « Voilà le Willie's. J'y viens souvent quand je veux être tranquille. Tu veux entrer, ou tu préfères ne plus avoir affaire à moi ? »

Je réitère donc ma demande. Je lui lance un petit regard amical. Ici, les lumières douces tamisent nos visages. La pâleur lumineuse donne à ses traits quelque chose d'irréel et de fantastique. Je souris, délicatement, comme fragilisée. Mine de rien, tout cela m'a ébranlée. Surtout ses paroles. Et si l'humanité ne nous acceptait jamais ? Et si nous restions des monstres, nous les mutants, à ses yeux ? Je frissonne et serre mon manteau contre moi. Mais le froid n'a rien à voir avec ce tremblement interne, ce vacillement intérieur. J'ai peur de me casser.



© Great Thief
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé






« Fire meet gasoline » Vide
MessageSujet: Re: « Fire meet gasoline »   « Fire meet gasoline » Icon_minitime


Revenir en haut Aller en bas
 

« Fire meet gasoline »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
• RAGE AND SERENITY™ • :: SALLE D'ARCHIVES :: ARCHIVES : ANCIENNES VERSIONS :: ANCIENS SUJETS RP-