"A pleasant surprise" ft Castiel D. Putnam

La vie n’avait pas été tendre avec Castiel, ces derniers mois. Il avait perdu la plus aimante, la plus compréhensive et la plus ouverte d’esprit des grands-mères, il avait quitté le pays où il avait grandi pour un autre dont il ignorait tout, les retrouvailles avec ses parents qu’il aurait crus fous de joie s’étaient soldées par une haine virulente de son père, et le peu de bonheur qu’il était parvenu à se construire lui avait été arraché par celui-là même qui aurait dû l’aimer plus que tout. Et quand Castiel avait cru avoir réellement touché le fond, il avait reçu de l’aide d’un homme exceptionnel.
Aujourd’hui, l’arachnopathe vivait et travaillait à l’Institut Charles Xavier où il s’occupait de la bibliothèque tout en apprenant doucement à mieux contrôler son pouvoir. Depuis l’épisode de la découverte de ses pouvoirs, quelque onze ans auparavant, l’idée de blesser ou de tuer quelqu’un qui ne l’avait pas mérité le hantait. La plus sombre partie de lui-même qu’il n’avait rien fait de mal ce jour-là, mais il ne voulait pas l’écouter. Il n’était pas un mauvais gars et même si le professeur avait dépassé les bornes, Castiel savait qu’il s’en serait voulu s’il n’avait pas survécu. Il connaissait les effets du venin de la veuve noire presque depuis qu’il savait lire. Il devait apprendre à se contrôler. Il n’avait pas peur de sa nature de mutant. Pour lui, cela aurait été comme avoir peur de son ombre. De plus, cela lui permettait de ne jamais être totalement seul. Même aujourd’hui, il emportait toujours Eris avec lui, même si ce n’était plus la même et ce depuis longtemps. Une araignée ne vit pas plus d’un an et la première Eris avait été écrasée l’une d’une rentrée des classes, laissant le jeune Castiel dans un état proche du deuil pendant plusieurs jours.
Le bibliothécaire chassa ce souvenir désagréable d’un revers de la main et continua d’observer les titres des ouvrages en rayon. Il avait remarqué que la bibliothèque de l’Institut manquait cruellement de recueils de poèmes et de livres traitant d’astronomie, et avait décidé d’aller à New-York visiter quelques librairies pour en commander quelques-uns. Il en avait déjà sélectionné mentalement certains, acheté d’autres et commandé ceux que les libraires n’avaient pas en stock.
Après rangé ses quelques achats dans le coffre de sa voiture, Castiel consulta sa montre. Il avait encore un peu de temps avant de rentrer et il se dit que profiter un peu de se promener dans Manhattan pour s’aérer ne le tuerait pas. Il s’acheta un hot-dog et se mit à flâner dans l’île. Il préférait largement l’air qu’il respirait ici à celui de Brooklyn. Il avait vécu quelques temps à Brooklyn quand il avait emménagé chez ses parents. Ça ne s’était pas très bien passé et il s’était juré de ne plus jamais y mettre les pieds tant qu’il pouvait l’éviter.
Une enseigne capta son attention après une bonne heure de balade et il eut un sourire amusé. Ses pas l’avaient guidé droit vers le club de son ami Clyde Carver : le Corvus Florensis. Castiel avait travaillé quelque temps ici après avoir été viré de son ancien boulot et de l’appartement de son ex. Clyde l’avait réellement aidé et avait été le premier mutant dont l’arachnopathe avait fait la connaissance. Il lui devait beaucoup et il lui faisait plus confiance qu’à quiconque.
Se disant qu’il ne serait pas très correct de ne pas aller saluer un vieil ami, il décida d’entrer dans le club. Quand il revit la salle, un sourire heureux se dessina sur son visage et il laissa son regard se remémorer chaque recoin de ce club où pour la première fois depuis son départ d’Angleterre, il avait eu le sentiment d’être chez lui. C’était avant qu’il visite l’Institut, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu nostalgique. Même si à cette époque, il avait été dans une bien mauvaise passe, c’était entre ces murs qu’il avait réussi à se relever.
D’un coup d’œil, il repéra l’homme qu’il cherchait et s’avança vers lui, son sourire le plus amical accroché aux lèvres.
« - Il te manque un barman, Carver ? Besoin d’un coup de main ? »
Son sourire disparut quand une armoire à glace vint s’interposer entre lui et son ami. Les videurs, soupira mentalement le jeune homme en croisant les bras sur sa poitrine sans quitter le gros bras des yeux. Il ne dit rien, laissant le temps à Clyde de reconnaître sa voix, ce qu’il savait qu’il ferait, puis après le second ordre du propriétaire, regarda le videur aller se poster vers la porte.
« - Merci, « Ben ». Au plaisir ! » lança-t-il avec une pointe de malice.
Il se retourna vers Clyde et se précipita dans ses bras en riant. Castiel tapota dans le dos de son ami avec un sourire des plus amicaux.
« - J’étais dans le coin et je me suis dit « Tiens, ça fait longtemps que je n’ai pas vu ce gars bizarre avec un corbeau sur l’épaule ». Alors me voilà ! C’est bon de te revoir ! »
Il avait dit tout cela avec un grand sourire et un léger ricanement vers la fin de sa première phrase. Clyde lui avait manqué.

Ca faisait un moment que je n'avais pas revu Castiel, si bien que j'avais douté l'espace d'une seconde si la voix que j'avais bien entendue était la sienne. Je n'avais pas pour habitude de me faire beaucoup d'amis. Des proches signifiaient avoir quelqu'un à perdre, un moyen de pression idéal pour un ennemi. Et puis il ne fallait pas oublier que je n'étais pas quelqu'un de facile, j'avais mauvais caractère et je m'énervais très rapidement. J'étais loin d'être la personne idéale mais j'étais moi et j'existais, je ne me faisais pas passer pour ce que je n'étais pas...

- J'étais dans le coin et je me suis dit.Tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas vu ce gars bizarre avec un corbeau sur l'épaule. Alors me voilà ! C'est bon de te revoir !

- Tu as bien fait. Je suis content de te voir et Zip doit surement traîner dans mon bureau...

J'émis un nouveau sourire. Avec mes amis j'étais un peu plus "calme" et "détendu" mais je ne pouvais pas changer tous mes défauts en l'espace de quelques secondes, même si avec mon ami Castiel c'était un peu plus simple. On se connaissait depuis pas mal de temps maintenant, il avait même travaillé pour moi quand mon club le Corvus Florensis avait ouvert ses portes.

- Et pour répondre à ta question, je pense avoir fait fuir mon barman. Comme les deux autres avant lui...

Malgré le très bon salaire dont mes employés bénéficiaient, je n'arrivais pas à garder un barman plus de six mois, autant les videurs n'avaient pas vraiment changés, j'en avais juste quelques-uns de plus autant le barman avaient changé et plus d'une fois... J'étais difficile à contenter, et il y avait toujours un détail qui me déranger. Ou alors Zip ne le supporter pas et lui faisait vivre l'enfer dès que ce dernier croisé la route de mon corbeau de "compagnie...

- Où sont mes bonnes manières... Je peux t'offrir quelque chose ? Profites-en, c'est moi qui régale.

J'émis un sourire, m'adressant à Castiel avant d'indiquer de mon bras droit le bar derrière moi, songeant qu'on serait plus à l'aise pour discuter face à un verre. Je me dirigeais donc vers ce dernier, montant sur la petite estrade derrière le bar, j'attrapais deux verres, un que je poussais sur le bar devant un des tabourets libres et l'autre que je gardais face à moi. Je me tournais vers les bouteilles avant de m'adresser une nouvelle fois au jeune homme.

- Alors qu'est-ce que tu deviens Castiel ?

Question légitime puisque ça faisait un bon moment que je ne l'avais pas vu. On était devenu de très bons amis, Castiel savait qu'il pouvait me faire confiance et j'avais confiance en lui. Et le jeune homme savait très bien qu'il pouvait absolument tout me dire. Malgré mon sale caractère, envers mes amis j'étais quelqu'un de confiance...