Ça faisait près de trois ans que je me trouvais dans le même État que lui. Pour ma mère, officiellement je venais à New-York pour mes études de Biologie. Cependant je savais bien qu'elle n'était pas dupe et que ce rapprochement de la côte Est était pour revoir mon père. Je pense que la raison pour laquelle elle me laisse faire (outre le fait que de toute façon j'aurais fini par y aller si elle m'avait dit non) c'est que George habite aussi New-York. Mon grand frère que j'aime et que j'adore mais qui a tendance à encore me voir comme une gamine de douze ans. C'est mignon d'un côté et je me dis que si un jour il devient papa il serait un excellent père, bien qu'un poil surprotecteur. Maman doit se dire que si jamais Papa commençait à avoir une mauvaise influence sur moi il pourrait m'éloigner de lui sans trop de soucis. J'ai essayé d'endormir sa vigilance en n'allant pas voir mon père pendant ces trois dernières années, ce qui semble fonctionner...Bon je vais être honnête, si je ne suis pas allée le voir c'est aussi parce que je voulais apprendre à contrôler mautation. Car s'il y a bien une chose que j'ai retenu ces dernières années en correspondant avec mon père, c'est sa haine des mutants. Je peux comprendre son malaise. Oncle Peter s'est fait assassiné sous ses yeux par un mutant, il avait vu avant ce que ces derniers pouvaient faire durant la guerre du Vietnam...Ce qui ne veut pas dire que je soutiens ses dires ou ses actions. Surtout pas depuis que j'ai rencontré le professeur Xavier.

Maintenant, il y a aussi le fait que je suis intimidée à l'idée de le revoir. J'ai entendu tant de choses de la part de ma mère et George mais j'en ai lu tant d'autres par mon père...il est temps que je me rende compte par moi-même. Cependant pendant une partie de l'année dernière, quand j'ai commencé à vivre seule, j'ai espéré le voir sur le pas de ma porte. Ça n'est pas arrivé et je ne peux l'en blamer. Cependant si on attend tous les deux que autre se bouge, il risque de se passer un nouveau déluge avant que quelque chose ne change.

C'est pour cela qu'aujourd'hui j'ai pris mon coirage à deux mains et je suis en route pour chez lui. Je ne lui ai rien dit, je veux lui faire la surprise (et aussi ne pas lui permettre de faire semblant de quoi que ce soit, dites que je suis cruelle si vous le voulez, mais si je veux me faire une opinion de qui est réellement mon père, il faut que je le vois comme quand il ne m'attend pas). J'ai mis ma jolie robe rouge à motifs de fines fleurs blanches et ai remonté mes cheveux en un enchevêtrement de tresses bordéliques mais qui, tant qu'on y regarde pas de trop près, fait joli. C'est bien moi ça, tant quon inspecte pas de trop près tout va bien!
J'ai acheté un framboisier à une pâtisserie sur le chemin entre le métro et l'adresse que je sais être la sienne, car mon ventre a émis sa protestation quant au fait que je n'ai pas mangé des masses ce matin - et que je me suis dis que ça a beau être mon père, venir à l'improviste avec les mains vides étaient d'une impolitesse majeure. Enfin, j'arrivais à son immeuble et je montais. La gardien de l'immeuble n'accepta de m'ouvrir sans que je ne sonne chez mon père que quand je lui prouvait que Joss était bien mon père. Porter le même nom semblait suffire, ce qui m'arrangerait.

Arrivée devant sa porte, je faillit rebrousser chemin deux fois, ait évité de justesse une hyperventilation nerveuse et ait finalement pris une grande inspiration et sonna. Même pas trois secondes s'étaient écoulées que mon cerveau commençait à se poser mille et une questions. Celle qui retint mon intention fut "est-ce qu'il est seulement chez lui?". Cette dernière trouva réponse assez vite étant donné que la porte s'ouvrit sur mon père, tout à fait comme je m'en souvenais, à quelques cheveux gris près. On a du rester à se regarder en chien de faïence avant que je ne finisse par retrouver mes mots, la voix un peu tremblante d'émotion.

"Bonjour papa"

A partir de là, advienne que pourra.