"PUISQUE C’EST COMME CA, JE VAIS FAIRE UN TOUR !"

Et je sortis de l’appartement en claquant la porte. Les voisins allaient, encore une fois, venir se plaindre au gardien de l’immeuble de nous. Mais là, tout de suite je n’en avais rien à faire. Lockwood et Kushal me prenaient la tête avec ce message qu’on avait retrouvé dans les poches de la femme qu’on surveillait depuis plusieurs jours déjà. On voulait tous le déchiffrer, on sentait que cela nous apporterait des informations importantes (si non capitale) sur notre enquête en cours et on ne pouvait pas se permettre de passer outre cet indice. Sauf que Lockwood voulait continuer à filer cette femme, en faisant fie de cet indice, et Kushal soutenait qu’en prenant le temps de faire des recherches, on arriverait à traduire ce papier. Bon sang. Ils ne comprenaient pas, on n’avait pas le temps, que ce soit de filer encore longtemps cette femme ou bien de faire des recherches. Je les adorais, mais des fois, je ne pouvais pas les comprendre. Peut-être parce que j’étais une femme et eux des hommes ou tout simplement parce que Lockwood avait toujours l’air à mille lieues de la discussion présente et Kushal parce qu’il passait trop de temps de dans ses bouquins…enfin bref. Tout ça pour dire, on avait besoin de l’argent que nous rapporterait ce contrat si on le menait à bien. Mais, évidemment, cela passait bien au-dessus de la tête de notre cheeeer patron, alors on s’est encore pris la tête et j’ai fini par sortir pour me calmer avant de finir par dire des choses blessantes que, la plupart du temps, je ne pense pas.

Je marchais dans Manhattan sans but précis, mes pas vifs et décidés, alors qu’ils n’avaient aucune destination. J’ai dû bousculer quelques personnes quand mes pas se firent plus violents en repensant à ma dispute avec les deux autres idiots avec qui j’habite…Bon sang, des fois la vie seule me manque. Sauf que la vie seule pour une femme comme moi c’est compliqué. La faute aux lois Jim Crows. Mais passons. A force de marcher, j’atteignis un coin plus commerçant de Manhattan et je ralentis le pas, observant les vitrines, les annonces, sans vraiment m’y intéresser. Je n’avais pas ce genre de moyens, malgré le placement du cabinet Lockwood&Co, on ne roulait pas sur l’or. Je mis mes mains dans mes poches et là, j’ouvris de grands yeux avant de ressortir une main gantée. Un petit papier se trouvait dans ma main. Oh pour l’amour de…J’avais emporté le papier par inadvertance avec moi…Ce que je peux être cruche parfois. Bon, je ne l’avais pas fait exprès, mais il n’empêche que si Kushal ou Lockwood avaient besoin de ce papier, ils ne pourraient rien faire. J’hésitais à rentrer, mais je m’en dissuadai. Ils avaient bien mérité de galérer !

Je repris ma marche, pour la stopper quelques mètres plus loin. L’odeur du café frais m’atteignant. Avec tout ça, je n’avais même pas pris le temps de petit-déjeuner…Pesant le pour et le contre, et après avoir consulté un peu les prix de l’établissement, j’entrai. Un petit déjeuner à l’extérieur une fois de temps en temps, je pouvais bien me le permettre…Prenant une seconde pour observer l’endroit, je fini par m’asseoir dans un coin, placée de façon à voir qui entrait et sortait du petit café. Je n’aimais pas avoir une porte dans le dos, je ne saurais pas trop vous dire pourquoi, mais la fait était là…On vint prendre ma commande et je pris des œufs brouillés avec des toasts et un café noir, grand format. Moi et mon amour pour le café…Bref. En attendant que l’on m’apporte tout cela, je sortis le papier et le posais devant moi. Je tentais de trouver un quelconque sens à tous ces mots dont je ne comprenais même pas la prononciation…Il y avait même des accents qui n’existaient pas dans l’alphabet que je connaissais ! Je poussais un lourd soupir, remarquant à peine la serveuse qui venait m’apporter ma commande.

"Bon sang, il nous faudrait un miracle pour déchiffrer ce truc…"

Je l’ai certes dit tout haut, mais pas fort. C’était plus une remarque à moi-même que faite pour être entendue…