formulaire d'intro Type du sujet : [] Flash-Back [x] Présent Date du rp : 6 juin 1962. Météo (approximative) : Ensoleillé. Matin, après-midi, soir : 11h du matin environ. Statut du sujet : [] libre [x] privé Statut du rp : [x] en cours [] terminé (à changer dès que vous terminez votre sujet pour qu'on puisse le verrouiller. Merci )

Le souvenir du cours de ce matin lui vrillait la tête, alors qu'elle fuyait, encore une fois. Elle avait été confrontée à sa mutation, durant un cours du professeur X. Il lui avait gentiment demandé de faire une démonstration de ses capacités aux autres... Pourquoi avait-elle accepté ? Après avoir démontré sa télékinésie, elle avait réussi à renverser la chaise d'un des étudiants, qui s'était fait mal au bras. Les yeux de Jenifael s'étaient remplis d'eau, et sans qu'elle ne demande son reste, elle avait quitté la salle où ils s'entraînaient tous. La jeune femme était désemparée. Si son don n'était bon qu'à faire mal, cela faisait-il d'elle un... non. Elle n'allait pas prononcer le mot à voix haute. Elle était trop fatiguée pour cela. Elle sentait qu'elle allait bientôt éclater, et ses pensées partaient dans tous les sens alors qu'elle courrait, pour rejoindre la cour extérieure. Elle espérait franchement que personne ne l'avait suivie; elle n'avait pas qu'on se foute de sa gueule. Elle avait suffisamment pris cher comme ça. La jeune femme ne savait plus quoi faire. Cet institut était supposé l'aider à se contrôler, et elle n'arrivait toujours à rien. La brune essuya les larmes sauvages qui avaient perlé au coin de ses yeux, et elle grogna. Bordel, ce n'était pas le moment de pleurer, en plus. Elle détestait être faible, surtout qu'elle ne savait pas si elle était seule, si elle avait réussi à semer les personnes qui auraient pu tenter de la rattraper.
La brune s'éloignait le plus possible des fenêtres de l'académie pour mutants, voulant réellement se retrouver seule, avec elle-même. Elle avait franchement besoin de réfléchir. Jenifael s'accrochait toujours à l'espoir que personne ne se trouvait dans son endroit favori... La brune avait même croisé les doigts dans sa course.
Une fois arrivée à destination, la jeune femme reprit sa respiration. Elle tenta de ne pas laisser libre court à ses larmes, à cette tristesse qui lui envahissait le corps et l'esprit. Pourquoi elle? Pourquoi avait-on fait d'elle une mutante? Pourquoi sa mère lui avait-elle transmis son putain de gêne ? « Bordel! » hurla-t-elle, désemparée. Elle sentait des picotements dans sa main gauche, étant gauchère. Pour les faire disparaître, elle fit un mouvement brusque. Trop brusque. Elle vit certaines feuilles se décrocher de l'arbre voisinant, alors que la journée était calme. Il n'y avait aucun vent. « J'en peux plus... », murmura-t-elle pour elle-même. Elle était épuisée de traîner ce fardeau. De plus, elle ne pouvait en parler à personne... Elle ne savait plus quoi faire. Tout ce qu'elle fit, pour le moment, ce fut de s'asseoir sur l'herbe fraîche, et elle se laissa tomber sur le dos. Son visage avait été bombardé de larmes, mais elle s'en foutait.

Pourquoi ? Pourquoi elle ? Sa mère aurait très bien pu avoir un autre enfant mutant, non ? Il ne fallait pas oublier qu’ils avaient essayé, d’en avoir un second. Ils avaient désespérément voulu un petit frère ou une petite sœur pour leur fille unique. Ils ne voulaient pas qu’elle se sente seule, ou abandonnée. La jeune femme ne tenta même pas d’essuyer ses larmes, qui ruisselaient calmement sur ses joues. Son maquillage léger avait coulé… Ce qu’elle devait être moche, là, tout de suite. Elle grogna intérieurement contre sa personne, mais de l’extérieur, elle ne put rien faire. Jenifael était comme figée, comme si quelqu’un l’avait ensorcelée pour la paralyser. C’était étrange, comme sentiment. Elle se sentait bizarre, et affreuse, aussi. Si seulement elle pouvait parler à sa mère… Elle lui avait pourtant dit qu’elle enseignerait probablement à l’institut. Mouais. Sa mère et les fausses promesses… Elle s’y connaissait un peu trop.
La jeune brune était prise dans ses pensées, et n’entendit pas le garçon s’approcher d’elle. Mais lorsqu’elle le sentit, à proximité, et qu’elle l’entendit parler, elle leva les yeux vers lui. La brune constata qu’il était craquant, et ça la fit rougir. Mais vu son état, cela n’avait pas du paraître sur son visage. Il semblait vouloir l’aider, mais elle pensait ne pas mériter cette aide. Quelle pensée abominable, me direz-vous. Peut-être bien, mais lorsque vous n’êtes pas au meilleur de votre forme… Lorsque vous vous sentez au fond du baril… Vous n’avez envie de rien. Lorsque le garçon lui dit qu’elle avait l’air paumée, et triste, elle échappa un rire sans joie. La brune était effectivement perdue, et elle se sentait sentimentalement instable. Elle tourna les yeux vers lui, alors qu’il prit place, à genoux, à ses côtés. « C’est probablement parce que je le suis. » Sa réponse aurait pu sembler sèche, mais c’était la réalité. Elle ne se rendit pas compte de ses paroles, mais elle le sentit passer une main sur ses joues. À ce moment, la demoiselle retint un frisson abominable. Pourquoi faisait-il cela?

« Personne ne tombera amoureux de moi. Je ne vaux pas l’affection de quelqu’un. » Parce qu’un monstre pouvait-il être aimé ? Un monstre pouvait-il être apprécié, seulement ? Elle se disait, peut-être que tous les mutants ressentent cela. Peut-être sont-ils tous désespérés. Elle ne l’empêcha néanmoins pas de lui ôter les larmes de ses joues et sourit même un peu. Elle avait envie de bouger, de le repousser, même, mais elle avait trop peur de le blesser dans le processus. « Jenifael. » Dit-elle d’un trait. Simplement. « Pourquoi es-tu là? Pourquoi tiens-tu à parler à un monstre? » Même après tous les efforts du monde, la brune se sentait misérable. « .Tu ferais mieux de t’en aller. Je pourrais te faire mal… » Parce que c’est déjà arrivé.

Il ne semblait pas vouloir lâcher prise, et cela effrayait Jenifael. S'il continuait de lui poser des questions sensibles, de tenter de la rassurer... Elle se ferait des idées. Elle pourrait l'apprécier. Cela lui faisait atrocement peur. Depuis qu'on l'avait appelée monstre devant une classe entière. Depuis qu'elle avait blessé cette pauvre fille. Depuis que son père la regardait différemment. Depuis que tout avait changé, dans sa vie. La jeune femme lâcha un soupir lorsqu'il lui expliqua qu'elle ne devrait pas se rabaisser ainsi. La tristesse envahit une nouvelle fois les yeux de la demoiselle. Elle n'avait pas envie de pleurer devant Zielge, devant cet inconnu aux yeux doux et magnifiques... Elle secoua la tête en écoutant ses paroles. Il était gentil, de vouloir ainsi l'aider, mais tout ceux qui avaient tenté, elle les avaient blessés. Même son père, une fois. S'il n'avait pas esquivé ce couteau... Elle frissonna en l'entendant dire qu'au yeux de quelqu'un, elle pourrait être le monde entier. La brunette leva un sourcil et sourit légèrement, ne pouvant s'en empêcher. « Parce que j'ai blessé trop de monde, déjà. J'ai failli tuer mon père... Et cette pauvre fille... À cause de ma mutation, j'ai dû partir de l'Angleterre... » Il fallait dire, son accent était encore plus prononcé lorsqu'elle parlait vite, parce que la panique l'envahissait, petit peu par petit peu. Parce que tout ceci lui semblait encore irréel.
Ensuite vint la phrase du garçon sur les monstres. Ce qu'il dit à propos du dinosaure la fit éclater de rire, sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Elle riait aux éclats, tellement qu'elle en avait mal aux abdominaux. Ce n'était pas les paroles du garçon en soit, qui la firent rire, mais bien l'expression qu'il aborda, avec ses dents et ses mains. « P.. pardon. » s'excusa-t-elle entre deux rires. Elle reprit une respiration normale et souffla, un sourire aux lèvres. Elle essuya ses larmes ridicules et prit une position assise, sur l'herbe. « Si un tyrannosaure ailé te ressemble, je serais ravie d'en rencontrer un. » Oups. Elle avait lancé la phrase sincèrement, puisqu'elle était ravie de l'avoir rencontré. Ce Zielge était réellement quelqu'un d'adorable. En général, elle ne laissait personne l'approcher, ou l'aider... C'était de la folie, tout ça.

Il dit ensuite qu'il avait des tendances sadomasochistes, et elle allait répliquer avant de voir ses mains bouger. Sa bouche forma un O surpris, lorsqu'elle vit l'orbe blanche apparaître dans sa main. Que pouvait-il donc faire? Jenifael était curieuse. Plus que d'habitude. Ce garçon l'intriguait affreusement.
« Tu sais faire quoi? » murmura-t-elle, d'une voix plus douce. Instinctivement, impulsivement, elle se leva debout, prête à assister au spectacle. Pour lui montrer qu'elle n'avait aucunement l'intention de se moquer de lui, elle leva la main gauche et fit un mouvement brusque. L'arbre, jusque là immobile, laissa tomber quelques feuilles, encore. « J'ai beaucoup de mal à contrôler... ça. » Son pouvoir. Elle ne voulait le dire à voix haute, car si elle le disait tout fort, cela lui paraissait trop réel.

En ce moment, elle se sentait mieux. Zielge avait réussi à la faire sourire, et à la faire rire. Elle profitait de l'instant présent, car elle le savait éphémère. Toutes les plus belles choses avaient une fin, même les rencontres. Jenifael prit une grande respiration au moment où il lui raconta que lui aussi, ça lui était arrivé. La jeune femme ne put s'empêcher de lui sourire, encore une fois. Sincèrement. Elle le remerciait du regard, même s'il ne comprenait peut-être pas. Elle passerait bien toute la journée en compagnie du garçon, cela lui ferait même plaisir... Pourquoi pas, après tout ? Pourquoi ne pas étendre le plaisir, au lieu de se laisser aller aux remords ? « Je suis désolée pour ton père... » Le regard de Jeni ne quittait plus celui du brun. Il n'était pas comme les autres. Personne ne s'était jamais soucié d'elle comme il le faisait...
Le prochain instant fut magique. Au moment où il raconta qu'il était un tyrannosaure ailé, en vérité. Elle savait que c'était impossible, mais les paroles de Zielge lui tira un nouveau rire. Elle le trouvait adorable. Et soyez-en certain, elle ne disait pas cela de toutes les personnes qu'elle rencontrait... Il suffisait de voir sa rencontre avec cette fille, Billie, qui s'était plutôt mal terminée... « Pour que je te crois, il faut que tu me montres tes capacités de tyrannosaure ! » Elle eut un sourire mesquin, joueur. Elle lui fit un clin d’œil par la même occasion. Jenifael était sincèrement heureuse d'avoir rencontré ce garçon. Il avait illuminé sa journée.
Il lui raconta sa mutation. Il pouvait donc contrôler l'air... C'était pratique, et effrayant à la fois. Tout ce que ce don élémentaire impliquait... La jeune femme se dit qu'au final, elle était plutôt chanceuse, avec sa télékinésie toute simple... Oui, simple. Mais qui pouvait se révéler dévastatrice au fil du temps. C'était l'objet principal de sa crainte. Elle avait peur que ce pouvoir évolue si fortement qu'elle ne parvienne à rien contrôler... Comme maintenant.

« Tu sais... Parfois j'aurais aimé être une fille ordinaire. » Ouais, parfois la brune aimerait bien être normale. Les mutants, c'était bien joli mais... Ça faisait mal, d'être anormale. C'était difficile à vivre, avec cette partie de soi qu'on arrive jamais à contrôler. Dès qu'elle perdait le contrôle, dès qu'elle vivait des émotions trop puissantes, tout partait en vrille... C'était ce qu'elle craignait le plus. La jeune adulte craignait d'entraîner les gens avec elle dans sa bêtise... Mais lorsque le brun se rassit par terre et qu'elle fit de même, en face de lui, et qu'il lui expliqua son rêve de devenir un super-héro, elle le comprenait. Elle voulait la même chose. Si elle ne pouvait se débarrasser de son don, autant en faire quelque chose de bien, d'utile. « Tu sais, j'aimerais un peu la même chose. Je me dis que si je n'arrive pas à me débarrasser de ma télékinésie, pourquoi ne pas en faire quelque chose de bien? Sauver des vies... Aider les gens. Attraper les méchants. » Elle sourit, à ce moment-là. « On pourrait apprendre à le devenir. Ensemble... », murmura-t-elle, vaguement. Ses yeux croisèrent ceux de Zielge, à ce moment-là...
« Avec une jolie tenue. J'te vois bien en tyrannosaure ailé. » Il ne s'en sortira jamais, maintenant. Il lui avait mis ça dans la tête, et lorsqu'elle avait une idée, elle l'exécutait à fond.

Elle était incapable de cesser de sourire à chacune des paroles du beau brun. Zielge avait trouvé le moyen de lui arracher des tirades joyeuses et surtout, de la faire rire. Il était fantastique. Elle ne le connaissait pas très bien, et pourtant, il était le seul garçon sur le campus avec lequel cela ne lui gênait pas de discuter de tout et de rien. Pourtant, ils venaient à peine de se rencontrer... Il était venu lui remonter le moral, et il était resté. Pourquoi? La plupart des gens seraient repartis sans demander leur reste, après. Ou certains mecs auraient eu des tentatives plus étranges, plus vulgaires. Elle fit une grimace en songeant à ça.
Il la fit rire encore une fois lorsqu'il promit de lui montrer ses talents de tyrannosaure ailé une fois qu'ils seraient moins à découvert. Il était vrai qu'ici, maintenant, n'importe qui pouvait les voir. Elle était effrayée par cette rencontre. Elle avait peur qu'elle soit éphémère. Que seuls, ils puissent se parler sans problèmes mais qu'une fois en public, tout déboulerait et il ferait comme s'il ne la connaîtrait pas. Après tout, elle le comprendrait. Parfois, elle aimerait ne pas se connaître elle-même. « C'est promis, alors? Tu me le montreras, hein? » Jenifael eut à ce moment-là une brillance dans ses iris chocolatées. On aurait pu jurer qu'elle croyait dur comme fer à ce que le garçon lui disait. Peut-être que c'était ce qu'elle voulait. Y croire, vraiment.

Elle fut surprise lorsqu'il la tapa sur la tête après qu'elle ait dit vouloir être ordinaire. Elle retint un grognement parce que ce serait trop étrange, et Jeni le regardait, l'entendant prononcer des paroles qui étaient à la fois justes, et à la fois terrorisantes. « Tu me mordras avec tes dents de tyrannosaure? », sourit-elle, joueuse. Elle se mordit la lèvre inférieure par réflexe de nervosité. Ils étaient près l'un de l'autre, et il fallait dire que cela ne lui était jamais arrivé. « Comment tu le sais? Je veux dire, comment tu peux savoir que je vaux mieux que ça, Zielge ? » Un éclair de tristesse passa dans ses yeux, mais il fut si subtile qu'elle n'était pas certaine qu'il l'ait capté.
Il avait raison. Sa mère lui dirait sûrement la même chose. Comment pouvait-elle espérer être normale après la vie qu'elle avait vécu ? Somme toute, elle n'avait manqué de rien. Elle avait toujours mangé à sa faim, ses parents possédaient une maison immense et ils étaient tous sincères les uns avec les autres. Tout le monde dans sa famille proche (soit, ses deux parents et elle-même) étaient au courant de leur secret. Oui, parfois elle en était effrayée... Mais elle ne devrait pas. « Je devrais trouver un moyen pour te remercier de m'avoir aidée... », pensa-t-elle à voix haute. Elle ne se rendit même pas compte de ce qu'elle avait dit.

Il mentionna le fait de régner sur le monde, à deux. La jeune femme eut un frisson en s'imaginant avec lui. Il la surprit encore plus en s'approchant d'elle, et en mentionnant le fait qu'il en était déjà un, un tyrannosaure ailé. Cette pensée fit sourire la demoiselle contre les doigts du garçon. Elle devait être pire qu'une tomate, en ce moment. Jenifael n'eut pas le temps de répondre qu'il la plaquait contre le sol, leurs mains liées. Une orbe apparut dans la main du garçon une deuxième fois, mais cette fois, elle vit que le garçon avait les yeux jaunes. Fascinée, elle en oubliant carrément leur position gênante pour admirer les iris singulières du garçon. « Tes yeux sont magnifiques... ». Ce furent les seules paroles qu'elle arriva à dire. Elle retint un rire nerveux, timide. Mais elle ne quittait pas son regard, ne remarquant pas à quel point ils étaient divinement proches, à présent.

Qu'avait-elle attendu avant de faire la rencontre de quelqu'un d'aussi extraordinaire ? La jeune femme sourit à chacune de ses paroles, sans trop savoir pourquoi. Elle l'écoutait attentivement, et ne hochait pas simplement de la tête pour faire joli. Elle lui portait une attention particulière, ce qu'elle n'avait jamais fait en dehors des cours... ou presque. Jenifael ne jouait pas avec lui. Elle était sincère, plus que jamais. Il l'avait aidée à se sortir de sa torpeur. Il l'avait convaincue de s'échapper d'un monde noir, auquel elle avait commencé à vouer une allégeance. Il l'avait sortie de cet endroit déprimant, noir, obscur. Il était une lumière si vive qu'elle ne pouvait s'empêcher de plisser légèrement les yeux en le regardant. « J'avoue qu'être normal semble banal, dit comme ça. J'espère ne plus jamais avoir de telles pensées. », s'excusa-t-elle, en quelques sortes. Elle ne savait pas trop comment faire. La demoiselle avait beau être sociable, lorsqu'il en venait aux garçons, elle se renfermait. Elle avait peur d'être l'une de ces pimbêches sans cervelles qui se lançaient dans les bras du premier venu. Il fallait qu'elle combatte cette envie irrépressible de poser ses lèvres contre celle du garçon. Et c'est ce qu'elle faisait. Elle se battait contre sa volonté, pour rester éloignée de lui.

Malgré le fait que le garçon s'éloigna, en disant que ses yeux étaient seulement bruns, la jeune adulte était persuadée que non. Elle se rapprocha à nouveau de lui, curieuse, et planta ses yeux dans les siens. « Ils étaient jaunes... C'est la première fois que je vois quelque chose d'aussi joli... » Oui, ils étaient beaux, ses yeux. Même bruns, ils étaient resplendissants d'un bonheur inégalié. « Tu sais, les miens aussi, ne sont que bruns. Pourtant, c'est la chose que je préfère chez moi... Même si en ce moment, ils doivent être moches. Je ressemble à un panda? » demanda-t-elle, un peu par l'affirmative. Elle savait déjà à quoi elle ressemblait, quand elle avait pleuré. Et franchement, c'était rien de joli à voir.
Jenifael espérait que sa remarque ne le rendait pas mal à l'aise. En y repensant bien, elle rougit à nouveau et baissa les yeux, de peur d'avoir dit quelque chose de trop. De peur d'avoir tout gâché... « Je... Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise... Pardon... » s'excusa-t-elle, encore une fois. En réalité, elle possédait un second don : celui de tout faire foirer.

Toute la situation paraissait tellement étrange aux yeux de Jenifael. Elle n'avait pas l'habitude qu'on fasse preuve d'une douceur telle que celle-là avec elle. En temps normale, elle était brusque, et elle n'arrivait pas à contrôler ses gestes maladroits. Elle était même si peu adroite qu'elle se décourageait elle-même, parfois. Les gestes que Zielge posait à son égard, les paroles qu'il lui adressait, les petits sourires et les yeux... Ses si beaux yeux. Une question subsistait. Comment avait-il fait pour la charmer aussi rapidement, sans rien faire ou dire de particulier?
Lorsqu'il répondit qu'au final, ils étaient normaux, Jenifael n'était pas d'accord. Si elle avait pensé cela au début, le garçon l'avait fait changé d'idée. Oui, les différences effrayaient. Même que parfois, elle se faisait peur, lorsqu'elle constatait l'étendue de son pouvoir. Elle était incapable d'imaginer qu'il puisse évoluer davantage... « Ce sont ces petites différences qui font de nous des personnes uniques... Non ? » Cela lui arracha un sourire. Elle leva ensuite le menton de Zielge pour le regarder dans les yeux, avec un sourire bienveillant aux lèvres. Instinctivement, elle lui caressa la joue. « Rien chez toi ne m'effraie. » Ça pouvait être étrange, comme phrase, mais c'était réel. Elle le sentit alors relâcher la pression et le vit mettre ses gants. C'est à ce moment qu'elle s'éloigna légèrement de lui, ne voulant pas le gêner plus qu'elle ne le faisait déjà. Jeni se mit à rougir, suite à ses paroles, et s'esclaffa légèrement, se rendant soudainement compte de ce qu'elle lui avait dit.

Elle devint une véritable pivoine quand ensuite, il se pencha pour venir auprès d'elle. Il lui fit face, et déposa une main douce sur sa joue. Même si le contact n'était pas peau sur peau, la demoiselle ne put retenir ce frisson qui envahit tout son être. Comment pouvait-il provoquer ce frisson en elle? Comment arrivait-il à la calmer aussi aisément? D'un geste rassurant, il ôta le maquillage coulé de ses joues, et sa main resta là un moment. La position était gênante, oui, mais pourtant, cela ne l'embêtait pas. Elle désirait même qu'ils restent ainsi.
Le coup de grâce fut lorsqu'il vint poser ses lèvres douces sur sa joue. Geste affectueux et normalement amical, et pourtant, sa tête et son coeur valsaient à une vitesse incroyable. La jeune femme sourit inconsciemment, et dû à plusieurs reprises contrôler sa respiration. Elle avait étrangement peur de lui faire mal, de laisser son pouvoir se déclencher et de l'envoyer loin d'elle, alors qu'elle ne désirait que leur proximité. « À croire que nous sommes tous les deux étranges, alors. » dit-elle, mentionnant ce qu'il avait dit plus tôt. Oui, ça pouvait être étrange, mais elle était sincère.

Jeni tenta de ne pas perdre ses moyens lorsqu'il la poussa à nouveau au sol et se coucha sur elle. Son coeur battait à un rythme fou, si bien qu'elle crût à une crise cardiaque, à un moment. Elle trouva le moyen de se calmer, car elle sentait que sa main gauche la démangeait. « Moi, te draguer? » Elle sourit innocemment. « Je ne sais même pas comment on fait. Je n'ai jamais... » Eu de petit copain, eu de relation ? Eu de contacts physiques rapprochés ? Cochez toutes ces réponses. Lui avait peut-être eut des tas de copines... Il avait peut-être de l'expérience. « Dis, Zielge... » Elle avala difficilement sa salive, frissonnant au passage. Frissons qu'il avait sûrement senti. « Rassure-moi... Toute ma vie, j'ai été abandonnée, jetée... » Elle regarda le ciel, en caressant les cheveux du garçon affectueusement. « Tu crois que je pourrais être heureuse? Un jour... » Elle avait besoin d'une réponse sincère...

Les questions l'avaient assaillie, d'haut en bas, de gauche à droite. Tout son corps lui criait un besoin oppressant de se rapprocher de ce jeune homme qu'elle ne connaissait qu'à peine. Avec qui elle discutait depuis quelques heures, avec qui elle se sentait si bien et pourtant, si étrange. Comment pouvait-on expliquer le fait qu'elle se sentait comme si on l'avait ensorcelée ? Comme si on lui avait jeté un sort dont elle ne pourrait jamais revenir. Le simple fait de le toucher, de caresser en ce moment ses cheveux la calmait, mais son cœur battait rapidement... Elle ne pouvait empêcher l'organe interne d'être affolé par tout ce qui se passait. C'était tellement nouveau, tellement inattendu. Parce que si elle s'était attendue à ceci lorsqu'elle s'était levée, ce matin-là, à tout ceci, à Zielge, à eux... Elle se serait levée avec le sourire aux lèvres.
C'était la première fois. La première fois qu'elle se sentait véritablement heureuse, véritablement bien. Elle en avait peur... Elle se sentait perdue dans ce tourbillon de sentiments, de pensées et d'effervescence qui bouillonnait en elle.

Zielge la tira de ses pensées lorsqu'il mentionna le fait qu'il serait heureux d'être étrange avec elle. Tout ceci provoqua un rire incontrôlé, sincère et joyeux. Néanmoins, il ne dura pas très longtemps. Elle craignait qu'il ne le déteste, son rire. « On sera les gens les plus étranges de l'institut, alors. » sourit-elle, en regardant le ciel encore une fois. Jeni se demandait si, au moins pour aujourd'hui, elle pourrait ne pas s'en faire. Ne pas se soucier de ce qui pourrait arriver si elle posait ses lèvres sur celles du garçon, ou encore si tout dérapait...
Il mentionna le battement rapide de son coeur. Jeni se contenta d'hausser simplement les épaules, ne voulant pas trop s'étendre à ce sujet. Mais elle se mordit la lèvre inférieure, sachant qu'elle devrait s'expliquer. « Je n'ai jamais eu ce genre de... proximité, avec quelqu'un. » Ouah, ce fut difficile à dire. Elle rougit comme une pivoine, encore une fois, après ces paroles, et détourna le regard, honteuse. Bien qu'il n'y ait pas vraiment de mal à ce qu'elle soit vierge et célibataire depuis toute sa vie... Non?

Elle continuait de lui caresser les cheveux, jusqu'au moment où il se leva légèrement. Elle le vit ôter ses gants, et elle le sentit poser une main sur sa joue. Son rythme cardiaque augmenta encore, sentant cette fois sa peau contre la sienne. Elle était tellement peu habituée à ce genre de contact qu'elle ne savait trop comment réagir. « Oui, je le suis. » Dit-elle simplement. Parce que c'était vrai.
Si elle avait pu prévoir la suite des événements, elle n'aurait jamais vu ça arriver. Sans prévenir, elle glissa une main sur sa nuque, qu'elle caressa doucement. Elle le rapprocha d'elle et se rapprocha également. Elle posa doucement - du moins elle l'espérait - ses lèvres contre celles du brun. Le baiser fut chaste, simple. Mais il provoqua autre chose en elle, qu'elle ne comprenait pas. Jeni ne savait trop si elle devait s'excuser, ou non, ou... « J.. Je... Pardon. » La proximité avait fait qu'elle avait eu ce désir de l'embrasser. Elle l'avait depuis un moment, déjà, mais elle n'avait su se retenir, à ce moment-là. Si c'était l'effet qu'il lui faisait maintenant, elle n'osait imaginer plus tard...

Si seulement tous les jours pouvaient être comme celui-là. Cette journée parfaite pendant laquelle elle avait rencontré un jeune homme merveilleux, tout aussi étrange qu'elle et pourtant, tellement différent. Déjà, elle le sentait plus doux, plus facile d'approche. Tandis qu'elle possédait une brutalité hors norme. Jenifael était maladroite et elle ne savait pas se comporter comme une fille, par moments. Souvent, elle sentait qu'elle perdait les pédales, et la mutante n'appréciait pas du tout ces moments-là.
Elle ferma les yeux pour tenter de calmer les battements de son coeur. Le sentir, là, contre elle, cela lui demandait une énergie surhumaine pour ne pas lui sauter dessus. Au creux de son ventre se formait un tourbillon incompréhensible de sentiments, et elle sentait aussi que quelque chose lui donnait l'envie de sourire sans s'interrompre. Puis Zielge la tira de ses songes. Elle ouvrit à nouveau les yeux, lorsqu'il parla des surnoms. Elle eut un rire, en pensant à celui qu'ils lui avaient attribué, à l'institut. « On m'appelle Disaster, ici. » Elle eut envie de rire, mais elle ne le fit pas. Elle se contenta de sourire avec une joie nouvelle.

Il infirma alors ses doutes.
Il n'avait jamais eu de copine, lui non plus. Ni de relation privilégiée. Ni rien de tout ça. Ils étaient pareils; si bien que cela effrayait un peu la demoiselle. Mais pour rien au monde elle ne le rejetterait à cause de cela, ce serait bien hypocrite de sa part et elle haïssait l'hypocrisie. Il n'était jamais tombé amoureux, non plus. Mais croyez-vous au coup de foudre ? Parce que Jenifael était persuadée avoir lu quelque part que lorsque cela arrivait, c'était si intense qu'on avait du mal à s'en remettre si jamais on le perdait. Le premier amour... Jamais elle ne le laisserait lui échapper. « Tu crois au coup de foudre? » balança-t-elle de but en blanc. Elle voulait savoir si lui aussi, avait cette sensation étrange qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Âmes soeurs.

Puis vint le moment où après qu'elle l'ait embrassé, ce dernier refusait qu'elle s'excuse. La meilleure? Comment pouvait-il savoir? Mais on s'en fout. Jenifael profita du moment, tout simplement. Surtout qu'après avoir prononcé ces paroles, il posa à nouveau ses lèvres contre les siennes, et à ce moment, tout explosa.
La brune posa une main contre sa nuque et l'autre dans ses cheveux. Elle l'attira davantage contre elle pour qu'il puisse être plus confortable, mais aussi pour intensifier le baiser. Jamais elle n'aurait crû qu'un geste que beaucoup considèrent banal aurait pu lui faire l'effet d'une bombe à retardement. Comme si tout pouvait exploser autour d'eux, à tout moment.
Elle ne se détacha de lui que lorsqu'ils vinrent à bout de souffle. La brune reprit une respiration normale, mais elle ne détacha pas son regard du sien. Un mince sourire s'était formé sur ses lèvres. « Maintenant, je ne te laisserai plus jamais partir. » Une promesse. Car dorénavant, elle s'était trouvée une raison de vivre. De sourire.

Zielge avait raison. Disaster ne lui allait pas, et pourtant, on avait décidé de l'appeler comme ça. Elle serra la main gauche au moment où son pouvoir menaçait de se manifester, en la chatouillant légèrement. Elle serra les dents aussi, et elle répondit de la tête par l'affirmative, ne répondant rien à voix haute lorsqu'il mentionna son propre nom de mutant. Tout ceci pouvait sembler horrible, et pourtant, il s'agissait de leur vérité. Une bien triste vérité. La demoiselle tentait de se contrôler et c'est en respirant doucement qu'elle y arriva.
Après un moment de silence, il mentionna qu'il pourrait lui montrer ses pouvoirs. Ce qu'il savait faire. D'un bond, elle ouvrit les yeux, curieuse. Elle savait que c'était peut-être dangereux, qu'elle pouvait risquer gros, mais elle le regarda, d'un oeil souriant. « Je veux bien. Si tu veux, j'te montrerai le mien aussi. » Parce que vraiment, il n'avait eu qu'un aperçu de ses capacités. Elle eut un frisson, à ce moment-là, prête à voir ce qu'il savait faire.

Néanmoins, lorsqu'elle l'entendit dire qu'il n'y croyait pas. Ou du moins, avant, son coeur se serra. Elle eut du mal à comprendre. Pourquoi lui faisait-il cet effet, alors? Qu'avait-il provoqué en elle que personne d'autre n'avait su faire resurgir ? Elle secoua la tête d'incompréhension, perdue. « Et pourtant... » Elle ne continua pas sa phrase, puisque la brune préférait ne rien dire qui pourrait être ambiguë.
Et réellement, parfois, elle ferait mieux de se taire.
D'un bond, Zielge se leva. Maintenant, son regard était jaunâtre et remplit de confusion. Elle n'arrivait pas à comprendre. Pourquoi avait-il réagit ainsi à ses paroles? Elle n'avait pas voulu le blesser, ou bien lui causer du tort... Faire resurgir de mauvais souvenirs, peut-être. Jenifael était perdue, en entendant ses paroles brusques. Ils la fouettèrent, la happèrent si sévèrement qu'en se levant, elle perdit pied. Elle voyait ses mains trembler, elle percevait les orbes dans ses mains. Elle mit ses propres mains derrière son dos, pour ne pas risquer de faire appel à des émotions fortes qui déclencheraient son pouvoir.

« Je ne te veux pas de mal... Je ne disais pas ça dans le sens de te retenir prisonnier, Zielge, calmes-toi, je t'en supplie... » Il ne lui faisait pas peur. Elle l'avait déjà dit, rien chez lui ne l'effrayait. Elle était là, debout, près de lui. « Je suis vraiment, sincèrement, désolée, Zielge. » Oui, elle l'était. Aussi sincèrement pouvait-elle l'être. Elle avait peur qu'il l'abandonne, dorénavant. Là, tout de suite, elle craignait qu'il parte sans demander son reste, et qu'elle reste, plantée là, avec ses peurs, ses envies, et son amour. Amour ? Pouvait-elle le décrire ainsi ? Peut-être ne devrait-elle pas, et pourtant, elle avait cet étrange sentiment en elle qui la poussait de plus en plus vers lui. Elle s'avança donc, mains levées en signe de paix, dans le but de s'expliquer. « Ce n'était pas au sens propre, Zielge. Tu peux aller où tu veux, quand tu veux. Tu es libre de tous tes mouvements, tous tes gestes. Je ne veux pas t'emprisonner. » Elle avala sa salive, tentant un sourire. « Je te comprends. Je ne comprends pas tout, moi non plus. Je me sens comme un morceau de viande dans un monde de lions, tu vois? Pour tout te dire, j'ai peur aussi d'être enfermée. J'ai peur d'être disséquée, internée, ou peu importe. Mais surtout... » À ce moment-là, la brune leva des yeux tristes vers lui. Elle baissa les mains, sentant que son don s'était calmé. Pourtant, le sien faisait rage autour d'eux. Le vent était violent, et Jenifael tentait de s'avancer vers lui malgré cela. « J'ai aussi du mal à faire confiance aux gens. Je ne sais pas pourquoi je t'ai laissé m'approcher, en premier lieu. La dernière fois que j'ai tenté une conversation avec quelqu'un, je lui ai balancé une chaise à la tête, tu vois... » Elle soupira et tomba par terre sensiblement en même temps que lui, terrassée. « J'ai senti que je pouvais te faire confiance. Je t'assure que je ne suis pas comme eux. Je suis tellement désolée... »

Doucement, elle vint près de lui, en le voyant si terrassé. Il avait peur d'être un animal, un petit être qu'on emmène, qu'on enferme, avec lequel on fait ce qu'on veut. Elle le comprenait si fort... « Je te veux aucun mal. Au contraire... » Elle ne parvint pas à dire la suite, tellement les sanglots lui serraient la gorge. Elle essuyait à nouveau les larmes au coin de ses yeux, en se rapprochant de Zielge. Elle prit ses mains dans les siennes, en espérant qu'il ne la repousse pas. « Je veux être là, pour toi. Mais si tu ne veux pas de moi, tu me le dis et je... » Elle ne savait comment continuer sa phrase. Elle s'arrêta là, baissant les yeux car il était inconcevable qu'il la voit pleurer encore.

Jenifael n'avait pas beaucoup parlé, après tout cela. Elle s'était contentée d'être là. La jeune femme entendit Zielge dire qu'il avait peur de la blesser, comme il l'avait fait avec sa mère... Elle se souvint alors à son tour du moment où elle avait découvert son pouvoir. Le ballon, la fille. Le coup si fort qu'elle avait été blessée, par sa faute. Le couteau qui avait failli transpercer le crâne de son père, car il l'avait traitée de monstre. Parce que encore une fois, elle s'était précipité vers lui et avait seulement pensé à ce couteau, dans son crâne, et le sang qui en coulait. Elle avait réussi à s'arrêter avant, grâce à sa mère... Elle avait été chanceuse, tout de même, d'avoir une mère mutante. Elle l'avait comprise, aidée à toutes les fois où elle dérapait. Elle connaissait le Professeur X, et planifiait de devenir enseignante, même.
À cette pensée, elle échappa un soupir. « Je ne veux pas te forcer. Je veux que tu te sentes à l'aise. » Elle lui sourit, bienveillante et sincère. Elle ne voulait surtout pas qu'il se sente oppressé ou obligé.
La mutante se concentra. Son sac à bandoulière n'était pas bien loin d'elle, et elle savait qu'à l'intérieur, il y avait sa bouteille d'eau. Elle tendit la main gauche et fit un geste bien calculé. Avec beaucoup de concentration, le contenant renfermant le liquide atterri dans sa main gauche. « Parfois, simplement un peu de concentration peut aider... Même si ça n'aide pas toujours. La fois où j'ai balancé le couteau au visage de mon père... J'étais trop concentrée. » C'était la vérité. Elle eut un petit sourire triste et elle essuya rapidement la larme qui s'était échappée de son oeil gauche. « Ma mère, qui est mutante aussi, m'en a empêché. Sinon, je l'aurais tué... » Elle soupira, et frissonna violemment, un peu mal à l'aise.

Elle leva un regard compatissant vers lui. « Tout ça pour dire que je te comprends... » Ils étaient pareils, tous les deux. On aurait pu jurer qu'ils avaient été conçus pour se rencontrer. Peut-être même était-ce le cas? Jenifael eut un sourire à cette pensée, qu'elle chassa bien assez tôt.
Elle était à présent assise avec lui, et ils s'étaient enlacés. Il avait entouré ses épaules de son bras, et puisque des larmes roulaient sur ses joues, la demoiselle entreprit de les essuyer. Elle ne voulait pas voir ces gouttes salées se répandre sur le joli visage du brun. Elle lui caressa la joue, en souriant. Elle avait planté son regard dans le sien, alors qu'il s'excusait, et expliquait la situation. Elle eut un frisson en l'entendant raconter cette histoire qui était sienne, et pourtant, elle n'avait pas froid. Mais au moins, au moment où elle avait saisit ses mains, le garçon s'était calmé et le vent était tombé. « Je ne t'en veux pas. Tu en avais le droit. » Oui, il avait eu raison de s'énerver... Parce qu'elle aurait sûrement fait la même chose.

Quand il lui raconta le tout à propos de sa mère, la jeune femme faillit s'étouffer avec la gorgée d'eau qu'elle venait de prendre. Elle avait à peine eut le temps de refermer la bouteille. Elle serra les poings, furieuse contre une femme qu'elle ne connaissait même pas. Par sa faute, Zielge aurait pu mourir... Jenifael baissa les yeux. « Je suis navrée que tu aies du vivre tout ça... Si jamais tu as besoin de quoique ce soit, tu n'hésites pas. » Elle lui caressait toujours la joue, et déposa à nouveau un baiser sur ses lèvres. Tendre, doux... Tout ce qu'elle n'avait pas l'habitude d'être...

Si on aurait dû accuser la demoiselle de quoique ce soit, en ce moment, c'aurait été d'être trop souriante. À chaque fois qu'elle regardait Zielge, qu'elle sentait ses lèvres contre les siennes, qu'elle touchait sa peau, ses mains, sa joue... On aurait pu lui dire arrête de sourire, tu vas aveugler quelqu'un. Elle se demandait si des gens les voyaient, ici, maintenant. Des gens hors de l'institut, voulait-elle dire. Elle tenta de discerner quelque chose, hors des arbres. Elle ne voyait rien qui pouvait trahir leur présence, ou encore celle des personnes vivant à l'institut de monsieur Xavier. Elle lui sourit lorsqu'il dit qu'il voulait se concentrer, qu'il voulait vraiment lui montrer de quoi il était capable. Elle lui faisait confiance. Jenifael sentait qu'il était rempli de bonne volonté, qu'il désirait vraiment devenir ce héro dont ils avaient parlé il y a à peine une heure.
Le temps avait défilé à une vitesse folle, et la demoiselle le constata en voyant le soleil qui semblait s'être déplacé. La rotation de la Terre était fascinante, si bien que la demoiselle aurait pu étudier l'astrologie si l'occasion s'était présentée. Non, elle préférait nettement s'en tenir à la génétique.
Elle remarqua que le garçon eut du mal à se concentrer. Il lui dit que ça lui prendrait du temps avant de devenir aussi doué qu'elle. Secouée d'un petit rire, elle passa une main dans les cheveux de Zielge. « J'suis pas douée. Ce matin, j'ai renversé un gars de sa chaise. L'autre jour - j'étais très énervée - j'ai blessé une fille parce que... Bah disons qu'on s'est toutes les deux provoquées. » Elle eut un rire amer. Un jour, elle jurait qu'elle se vengerait de Billie Stevenson.

Lorsque leurs lèvres entrèrent en contact encore une fois, ce fut encore plus merveilleux. Il ne la repoussa pas, et elle en fut ravie. Elle lui caressa la nuque, les cheveux et la joue. Le contact se rompit et la demoiselle afficha un sourire bête à ses lèvres. Si bien qu'elle était en train de se demander si cette étrange sensation qui lui vrillait l'estomac n'aurait pas un lien avec l'amour... Peut-être, qui sait. Car elle non plus, comme le disait si bien Zielge, n'avait plus envie de partir. « Je resterai à tes côtés, alors. Toujours. » Elle lui donna cette fois un chaste baiser au coin des lèvres, pour le faire patienter un peu. Bah quoi ? Il ne fallait tout de même pas donner toute la part de gâteau avant l'heure...
Il lui caressa la joue d'un mouvement si doux qu'elle retint son souffle par habitude. Elle sentit légèrement l'air souffler sur sa pommette, si bien qu'elle ouvrit les yeux de surprise. Elle se détendit par la suite, le laissant faire. Elle admirait à nouveau son regard devenu jaune, ce qu'elle trouvait fascinant. « Je le sens. Je te sens. » La seconde affirmation de la demoiselle aurait pu être prise à un degré différent, et pourtant, c'était vrai. Elle le sentait, là, tout de suite. Sa main contre sa joue, l'air, tout semblait irréel. Elle souffla de bonheur. Elle le vit ensuite se mordre les lèvres, et ce simple geste éveilla quelque chose en elle. Mais, ne voulant pas presser les choses, elle se contenta de faire le même geste, pour calmer son corps. « Je ressens la même chose, et j'sais pas non plus c'que tu m'fais. En tous cas, j'veux pas qu'ça s'arrête. » Se rendant compte de ses paroles, la demoiselle prit une teinte rouge assez vivement. Elle baissa les yeux, légèrement gênée, même après les baisers, les étreintes, les rapprochements. « Tu promets de ne pas m'abandonner ? » On aurait pu jurer qu'elle ressemblait à une enfant perdue, à ce moment-là. À cette fille, que Zielge avait retrouvé, en début de matinée. « Mais je sais que tu es différent des autres... J'aime ça, chez toi... Enfin, j'aime beaucoup de choses, aussi, chez toi, mais c'est l'une d'elle. Enfin, t'as compris.. » Elle s'embrouillait, elle bégayait même légèrement. Elle passa une main dans ses cheveux bouclés, nerveuse, et le regarda avec un petit sourire timide accroché aux lèvres. Non, elle ne voulait pas qu'il parte.

La jeune femme leva les yeux lorsque Zielge continua à dire qu'elle était douée. Ses joues étaient devenues d'une couleur rouge, presque gênante. Elle se passa une main fraîche sur le visage, et rigola nerveusement au moment où le garçon la complimenta. Elle trouvait toujours étrange d'ainsi se faire dire qu'elle pouvait être pas mal avec son don. « J'me trouve nulle, mais je te l'accorde, avec de la concentration, je peux faire de bonnes choses. » Un sourire étira les lèvres de Jenifael, certaine qu'il allait se moquer d'elle puisqu'elle avait affirmé qu'elle ne savait pas se servir de sa télékinésie. Ce n'était pas tout à fait les mots justes. Ce qui devait être pris en compte, c'était que la demoiselle s'énervait beaucoup trop facilement, et à ce moment, elle perdait absolument tous les moyens dont elle pouvait faire preuve.
La jeune brune continuait de regarder le garçon avec un sourire accroché aux lèvres. Elle fixa ses yeux avec émerveillement lorsqu'ils changèrent de couleur. Plus elle passait de temps en compagnie du brun, plus elle se disait qu'il était anormal qu'elle désire passer autant de temps avec lui. Même si le soleil allait bientôt se coucher, elle ne voulait absolument pas qu'il parte. Elle voulait le retenir, le garder contre elle, pour passer la soirée et la nuit à ses côtés. C'était étrange, mais on aurait juré qu'elle était amoureuse. Quelqu'un qui serait passé à côté d'eux auraient pu aisément leur demander s'ils formaient un couple... « Je suis la première? » souffla-t-elle, complètement abasourdie d'avoir ce privilège. « J'en suis heureuse. Et je l'ai bel et bien ressenti... Mais oui, sûrement moins que toi... Après tout, c'est toi, le maître du vent. » Elle lui adressa un clin d'oeil admiratif.

Elle frissonna lorsqu'il affirma qu'il n'allait pas la laisser tomber. Heureuse, elle sentit son estomac la rappeler à l'ordre. Elle y ressentait quelque chose en son creux, songeant sérieusement à si c'était normal dans une situation comme ça. Jeni s'apprêta à lui demander, à demander conseil à Zielge... Mais peut-être ne ressentait-il pas la même chose qu'elle ? À la dernière minute, elle se ravisa et l'écouta parler. Lorsqu'il affirma être toujours optimiste, elle eut un rire. « C'est franchement mieux d'être optimiste. En tous cas, je préfère. » Elle lui accorda un magnifique sourire et fut surprise lorsqu'il annonça qu'il devait partir. Participer à un cours? Merde. « J'ai complètement oublié mes cours de la journée! » Elle se leva, à demi-affolée et à demi-morte de rire. « Mais je m'en fous, en fait. Parce que j'ai fait la meilleure rencontre de toute ma vie. » Jenifael le tira vers elle, et l'embrassa une nouvelle fois. Cette fois-ci tendrement, avec une douceur qu'on ne lui connaissait pas. « On doit se dire au revoir?... Mais on se reverra, hein? Genre, bientôt? » s'inquiéta la demoiselle, craignant d'entendre une réponse négative de sa part.