Ils allaient s'éclater, ce soir.
Qui donc, ils? Jenifael avait invité Evan à venir la rejoindre à vingt-et-une heures tapantes pour qu'ils se rejoignent devant l'institut. Pourquoi ? Elle avait une surprise pour lui. Elle savait que son ami avant autant de mal qu'elle à contrôler sa mutation, et la sienne était beaucoup plus dangereuse. Il aurait pu tuer des personnes, il aurait pu en blesser d'autres. Mais la brune s'était fait une promesse : elle devait aider le garçon. Elle devait absolument lui changer les idées; même si elle savait que sortir en boîte n'était sûrement pas la plus appropriée, elle se contenterait de danser sans toucher à une goûte de boisson alcoolisée. Elle ne voulait pas faire de bêtises, elle voulait simplement avoir du plaisir. Elle enfila donc un débardeur noir, assez simple, avec des jeans foncées. Elle ne porterait pas de short même si sa vie en dépendrait. Surtout en publique. Surtout dans un club si immense que tout Manhattan s'y réunissait.
L'anglaise coiffait encore ses cheveux, et il était presque vingt heures trente. Ça va, elle avait de la marge. Elle les laissa ondulés et lâchés, ce qui eut pour effet de les faire cascader gracieusement sur ses épaules et dans son dos. Il n'y avait aucune mèche imparfaite : tout était prêt. Enfin, elle était prête. Elle espérait qu'il en était autant de son ami. Comme il faisait chaud, cette soirée-là, elle ne prit pas la peine d'enfiler un manteau quelconque. L'air était sec, et un petit vent soufflait suffisamment pour la rafraîchir. Il fallait qu'elle s'y attende : au mois de juin, dans un club, ils allaient avoir très chaud. Mais ils allaient s'en sortir... Du moins, elle l'espérait.
Puisqu'elle était prête, elle sortit à l'extérieur pour attendre son ami. Il se faisait attendre, ce mec. Habituellement, c'était les filles qui étaient déplorables pour leur ponctualité à revoir. Elle soupira, s'asseyant sur les marches du manoir en regardant les étoiles, qui brillaient bien haut dans le ciel.

Une soirée en boite de nuit. Evan observait son reflet dans le miroir sans bouger. Il était perdu dans ses pensées et revoyait les images de sa dernière soirée dans un de ces établissements. Il avait eu très chaud et s'était enfermé dans les toilettes, avant que tout n'explose en milles morceaux. Il avait défiguré sa petite amie de l'époque et craignait que les événements se répète ce soir. Il poussa un profond soupir en arrangeant les vêtements qu'il portait. Et s'il se faisait porter pâle ? Il pouvait dire qu'il avait pris un repas pas très frais qui lui retournait l'estomac. Evan hésita quelques secondes, résigné à donner cette excuse à Jenifael qui l'attendait certainement depuis quelques bonnes minutes. Mais il ne pouvait pas lui faire un coup pareil. Il devait apprendre à se faire confiance, à faire confiance en sa mutation. Le mutant secoua la tête, toujours en s'observant. Il était pitoyable. Son chien le regardait, derrière lui, les pattes sous la tête. Il était installé sur le lit et se demandait si on maître allait partir ou non.

Finalement, Evan pris son courage à deux mains et passa la porte du bunker, qu'il referma soigneusement pour que Puggy ne s'échappe pas. Intérieurement, il ne sentait pas grand chose de différent en lui. L'énergie psionique était en sommeil, sa température corporelle normale. Pourtant, son cœur battait à tout rompre et ses mains devenaient légèrement moites. Il s'essuya machinalement sur le bas de son pantalon en arrangeant son veston noir, qu'il avait mis par dessus une chemise blanche. Il était assez classe, pour une fois. Il ne portait plus les tenues de sport de l'institut ni ses vêtements personnels qui semblaient trop grands pour lui. Ce soir, c'était une occasion spéciale de montrer qu'il pouvait s'habiller correctement.

En sortant de la porte d'entrée, Evan remarqua la silhouette de Jeni qui l'attendait sur les marches de l'institut, le regard rivé vers le ciel. « Désolé, je sais, je suis en retard. » Il se positionna près d'elle mais n'osa pas lui proposer sa main pour l'aider à se relever. On ne sait jamais. Sa mutation pouvait décider de se montrer comme ça, sans qu'il s'y attende.