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 “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”

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“ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Vide
MessageSujet: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeMer 22 Juin - 14:45





“ ERIK & SHOSHANNA ”





C'est déjà la nuit. Qu'est-ce que c'est que ce pays où la nuit tombe trop vite ? Où il ne fait presque jamais soleil et où la neige va bientôt venir ? L'Israël au moins, c'était ensoleillé, tout le temps, et le jour où ça ne le sera plus, c'est que la terre aura explosé. « En piste ma jolie fille d'Israël. Ca va bientôt être à toi. » Shoshanna, qui est assise sur une chaise de bar, à regarder le petit trou de ciel que l'on voit dans la fenêtre du sous-sol, se retourne et, déjà habillée – ou plutôt déshabillée – se lève vers le maître de cérémonie, qui attends dans la coulisse alors qu'un numéro s'achève. « M'appelle pas comme ça, je te l'ai déjà dit. » « Allez Sugar, bouge-toi, vas-y, et arrête de déprimer. » « Je déprime pas, je pense à mon pays c'est tout. Le pays où on sait prononcer le prénom Shoshanna. » « J'y arriverais peut-être un jour, Sugar, mais dans tous les cas, le public préfèrera que tu sois son petit sucre. » Shoshanna hausse les sourcils et se prépare à entrer en scène.
Les filles qui dansaient sur la scène se précipitent dans les coulisses sous les applaudissements du public. Elles prennent à peine le temps de regarder Shoshanna. Ce n'est pas qu'elles se détestent, c'est juste que même ces moments à danser ensemble ne brisent pas la barrière de l'océan qui les séparent. Tant pis. Le maître de cérémonie est déjà de retour sur la scène et fait son spectacle. Shoshanna n'a même plus besoin de l'écouter. Cela devient presque lassant d'entendre tous les jours la même chose. Mais au moins, ça rapporte. « Et maintenant accueillez notre précieux joyau venu de l'autre côté de l'Atlantique ! Notre beauté venue d'Orient ! Notre petite friandise après manger ! Mesdames, Messieurs, un tonnerre d'applaudissement pour SUGAR ! » Le public laisse entendre quelques applaudissements timides. Shoshanna sait que chaque soir, elle doit à nouveau faire ses preuves, donner le meilleur d'elle même, même si cela signifie se trémousser sur la scène comme une prostituée.
A peine entre t-elle en scène qu'elle doit prendre la pose, la main sur les hanches, bien mises en valeurs par son bustier. Elle regarder l'orchestre, attendant qu'il commence et sonne le début de son numéro. Ce n'est qu'un numéro, un petit jeu, un petit masque qu'elle va porter cinq minutes. Ce sera bientôt fini. Alors autant s'amuser en dansant comme elle aime. Les musiciens commencent Sugar Town, et avant de chanter, Shoshanna prend le temps de trouver le rythme en claquant des doigts, et de le faire entrer dans son corps. Elle cherche à trouver la vibration naturelle, qui lui vient chaque soir et lui permet, pendant quelques minutes, d'oublier tous ses problèmes, la solitude, la peur, la rancœur, et de se croire quelques instants le seul centre d'intérêt des quelques personnes présentes ici. Elle ne les regarde pas encore, craignant leurs airs arrogants et sans pitié, elle fait juste semblant de les regarder.
« I've got some problems, but they won't last. » Ainsi commence-t'elle sur un ton enjoué, mais bien plus aguicheur que la version originale de Nancy Sinatra. C'est une chanson pour enfants, mais Shoshanna n'est plus une enfant. On ne peut pas le manquer, rien qu'à voir la façon dont elle bouge ses hanches, dont elle se baisse, dont elle s'assoit et se tient. C'est une femme qui joue à l'enfant, se rappelant son innocence, ou une enfant qui joue à la femme, se croyant capable d'attirer tous les hommes à elle, sans se douter du mal qu'ils peuvent lui faire. Shoshanna est ici, entre femme et enfant, pas tout à fait grande, pas tout à fait petite, à cette charnière de la vie où elle sait qu'elle doit grandir, où elle a déjà grandi, et où elle cherche encore un peu l'innocence qu'elle a perdue. Elle se jette dans la vie alors, dans la vie de femme. Son corps s'est déjà libéré. Mais son esprit n'y arrive pas. Hantée par les souvenirs, hantée par l'image du pays natal, du père, de la mère et du frère. Elle est tellement hantée par ce dernier, que, refusant de l'abandonner, elle a traversé l'Atlantique pour le retrouver, et se retrouver incapable d'oser le voir en face. Elle ne comprend même pas pourquoi elle veut le voir, et en même temps a peur de le revoir. Alors elle ne fait rien, elle attends. Elle attends en dansant.
Mais Shoshanna ne pense pas à toutes ces choses, elle ne pense qu'à capturer le public entre deux balancements de hanches. Elle veut qu'ils l'aiment, qu'ils l'applaudissent, pour se sentir exister un instant, et pour avoir sa paye à la fin du mois. Elle les parcourt du regard, cherchant, dans leurs yeux assombrit, la moindre trace d'amusement, de contentement voire de plaisir à la regarder se trémousser sur une scène. Et puis, au milieu de la salle elle le voit. Son visage l'attire comme un aimant, et elle ne parvient plus à s'en décrocher, laissant tomber subitement tous les spectateurs, se laissant tomber elle même. L'excitation mêlée à la peur qui lui serre le ventre fait trembler un instant sa voix, et perdre un peu le rythme. Mais par dessus tous ses sentiments, c'est surtout la honte qui lui fait maintenant fermer les yeux. Il ne l'a jamais vue ainsi, comme une danseuse, comme une strip-teaseuse, comme une prostituée. La femme sur qui tous ces spectateurs vont jeter leurs fantasmes, et que peut-être ils essaieront de réaliser. Il n'a pas à voir ça lui. Elle savait qu'il ne devait pas le voir. C'est pour ça peut-être qu'elle n'osait pas lui montrer ce qu'elle est devenue. Il n'a pas à voir ça.
Shoshanna achève la chanson presque brusquement, un peu en demi-teinte et s'échappe vite vers les coulisses, hantée par l'image de celui qu'elle a vu au milieu de la salle, avec son regard implacable, fendant l'obscurité et la fumée, celui qu'elle veut tant voir autant qu'elle ne le veut pas. Tout ce à quoi elle pense, c'est à aller dans sa loge. Réfléchir, beaucoup. Avoir honte, beaucoup. Pleurer, beaucoup. Elle demande à une des filles de la remplacer, puis court se jeter dans sa loge, dont elle claque violemment la porte. Mais celle-ci rebondit et se retrouve complètement ouverte alors qu'elle s'écroule en face de son miroir. Elle a envie d'enlever tous ces artifices qui la font ressembler à une prostituée, toutes ses couches de maquillage. Elle enlève son bustier et respire enfin, se retrouvant nue et enfin en quelque sorte, vraie. Mais ce n'est surement pas la fin de la tempête qui retourne sa tête.
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeMer 22 Juin - 22:49






Sous son long manteau noir, Erik Lensherr suffoquait. Il se décida à le retirer au bout de plusieurs minutes de résistance acharnée, le tenant finalement à l’intérieur de son coude, espérant s’en débarrasser aussi rapidement que possible. La chaleur ambiante devait aisément avoisiner les trente-cinq degrés ; la buée sur les verres des quelques binoclards présents en témoignaient. C’était une petite salle qui contenant beaucoup de monde, et les fumées artificielles et les spots de lumière, -qui devaient tourner à plein gaz depuis le début de la soirée- ne faisaient qu’alourdir l’atmosphère tropicale qui y régnait. La sueur perlait sur son front et ses tempes. Il l’épongea à l’aide de sa manche sans trop y prêter attention, et se dirigea vers la consigne. Pourquoi fallait-il traverser l’ensemble de la pièce pour y avoir accès ? L’organisation des lieux frôlait le ridicule. D’un geste nonchalant, il assena son manteau à une playmate qui passait près de lui, ainsi que sa veste dès qu’il l’eût retirée. Un sentiment libérateur l’envahit. Il se contenterait de porter une simple chemise en soie ce soir. Les tenues décontractées des autres clients le rassurèrent, au moins il se mêlerait à la foule sans peine, se noyant dans la cinquantaine d’autres âmes qui avaient eux aussi décidé de porter une chemise noire.
« Tu sais où je peux trouver une dénommée Sugar ? » demanda-t-il à un des barmaids, en s’asseyant au comptoir. « Chéri, pour le savoir tu dois d’abord payer. » Il avait accompagné sa phrase d’un grand sourire aguicheur, mais les battements de ses faux cils roses et son accent des îles l’agaçaient. Erik approcha son visage du sien et serra les poings, comprimant à distance le métal dont était fait la braguette de son pantalon en cuir. « Il me semble t’avoir posé une question ? » Encore stupéfait de la prouesse que son curieux client venait d’accomplir, le barmaid balbutia quelques mots tout en pointant du doigt la scène. « C’est… C’est le prochain numéro. » « C’est tout ce que je voulais savoir. Sers-moi un whisky, sans glaçon. » Il s’exécuta sans plus émettre de commentaire. Erik prit son verre, paya puis retourna prendre un bain de foule. Elle se trouvait là, derrière ce rideau rouge. Sugar. C’était le seul nom que Charles lui avait donné. Il s’agissait de la danseuse vedette du cabaret dans lequel il était entré. Apparemment elle rencontrait quelques difficultés ces derniers temps. Charles l’avait repérée par le biais de Cerebro, cette étrange machine conçue et imaginée par Hank, qui avait pour utilité de localiser les mutants. Charles et lui étaient supposés la recruter à deux. Ensemble, ils étaient déjà venus à la rencontre de nombre d’autres jeunes mutants… Mais ce soir ce ne serait pas le cas. Le télépathe avait une montagne de copies à corriger, et d’autres soucis à régler avec des élèves dotés de dons mentaux. En bon chevalier noir, et face à la surcharge de son ami, c’est tout naturellement qu’Erik proposa de s’y rendre, seul. Après tout si la demoiselle avait besoin d’aide, et la sachant dans un endroit si distrayant, il aurait été dommage de manquer l’occasion pour une poignée d’autres élèves déjà intégrés. Croisant les bras et s’accoudant à une table choisie au hasard, il attendit que ladite Sugar fasse sa grande entrée.
Les lumières se tamisèrent, ramenant peu à peu de fraicheur dans la pièce –ou en donnant l’illusion. Une silhouette apparut enfin sous les projecteurs, svelte, féminine, délicieuse. Dès les premières notes de la musique, il se dit que venir avait été de loin la meilleure idée qu’il avait eu de la semaine. Sourire aux lèvres, il commença à déshabiller du regard sa prochaine étudiante, imaginant les traits de son visage, la couleur de ses yeux, le timbre de sa voix qui ne tarderait pas à se faire entendre. Ce n’est que lorsqu’elle se retourna et qu’il l’aperçut de loin qu’il comprit que Sugar ne lui était pas étrangère. Il hésita un long moment, s’interdisant de croire en ce que son inconscient lui soufflait… Il dut cependant se rendre à l’évidence quand elle ouvrit la bouche et qu’elle chanta. Mazel. C’était sa Mazel qui se trouvait là, sous ses yeux, et sous ceux de la centaine d’autres hommes qui l’acclamaient comme une déesse. Son sourire s’évanouit, entrainant avec lui ses sourcils qui se froncèrent à le défigurer. Il posa son verre sur la table avec tant de force que le liquide quitta son contenu pour se répandre dessus. Comment avait-elle osé, venir en Amérique sans lui en parler…. Se traîner jusqu’à cette estrade et faire son numéro de catin. À ses yeux, à présent elle n’était rien d’autre. Elle ne valait rien de plus que le prix qu’il avait mis pour pénétrer le cabaret, pour boire son verre qu’il ne finirait même pas. Elle ne lui inspirait que du dégoût, un dégoût profond qui lui maintenant la gorge et la mâchoire serrées… Néanmoins il ne pouvait pas détacher son regard d’elle, comme magnétisé par ses courbes souples, par ses mouvements, son corps qui vibrait au rythme de la musique. Elle était magnifiquement désirable. C’en était trop à supporter pour celui qui l’avait quasiment élevée durant dix ans de sa vie et qui la voyait toujours comme une enfant. Elle venait à la fois de lui prouver qu’il avait tort et raison. Elle voulait se comporter comme une femme mais elle restait une gamine écervelée. Seules les adolescentes stupides ou mal finies agissaient comme elle le faisait. Leurs regards se croisèrent et soudain, elle sut aussi qu’il était là, et qu’il ne regardait qu’elle, pétrifié dans sa grande stupéfaction.
Dès les rideaux refermés, Erik retourna voir le barmaid et lui ordonna de le conduire jusqu’à la loge de Sugar. Il ne broncha pas et le laissa face à sa porte. Il hésita longuement avant de rentrer, se questionnant sur la façon dont il devrait réagir. Il tourna la poignée avec une extraordinaire lenteur et finit par entrer sans frapper, se retrouvant nez à nez avec sa nudité. C’en était trop. Brusquement le cadre doré qui entourait l’immense miroir de sa loge se détacha du mur et vint se coller contre sa peau, prenant la forme d’une tunique qui épousa parfaitement chacune de ses formes. Il commença à resserrer le tout contre elle. « Sugar, je présume ? » Il avait parlé en anglais, en prenant soin de prononcer chacun de ses mots, comme pour lui dire nous ne parlons plus la même langue, nous ne faisons plus parti du même monde.
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeJeu 23 Juin - 1:46


Shoshanna aurait pu le voir venir. Lui. Ce moment. Elle aurait dû le sentir venir. C'était possible qu'un jour il pousse les portes du cabaret. Même si elle ne sait pas pourquoi il l'aurait fait, elle savait bien qu'un jour ou l'autre, elle ne pourrait plus le fuir, et qu'il la rattraperait, et la trainerait comme au purgatoire par sa poigne de fer. Peut-être même que, ayant perdu le contrôle sur ses pouvoirs et sur elle-même, c'est un jour en jouant des étincelles qu'elle l'a fait venir ici. Inconsciemment peut-être, elle savait qu'elle allait se prendre une claque. Cette claque, c'est l'entendre pénétrer dans sa loge, découvrir son corps nu, et l'enserrer, le réprimer, l'emprisonner dans une cage de métal froid. He shot me down.
Elle a honte, terriblement honte de s'être montrée sous ce jour face à lui, de n'être plus qu'une catin à ses yeux, mais ce n'est pas une raison pour se faire traiter ainsi. Au fond de la honte, de la peur, de la haine, c'est son instinct de femme, son instinct de femme indépendante qui commence à bouillonner en elle, prêt à faire exploser le miroir avec lequel il l'enferme. Tout s'emmêle dans sa tête pourtant. Elle n'est toujours pas parvenue à remettre ses idées en place, et les larmes coulent encore sur ses joues, charriant une rivière noire sur leur passage. Elle ressemble à la mort, à l'ange de la mort peut-être, secoué par une tristesse majestueuse, tel un fantôme s'élevant de sa tombe. Mais ce n'est plus l'heure de pleurer. Le mal est fait. Alors il faut l'assumer. C'est surement une des leçons qu'elle a apprise aux cotés de celui qui aujourd'hui se tient en face d'elle, qui la rend si triste et si tremblante de colère, et qui la tient dans sa poigne de fer. Ironie du sort.
Shoshanna lève la tête. Le maquillage qui a coulé sur ses joues ainsi que l'air implacable et infléchissable de son regard dur, lui donnent l'air presque effrayant. Elle a grandi, là aussi. Elle ne pleure plus, elle fait face. Elle lui fait face à lui, qui a quinze ans de plus qu'elle, celui qui l'a presque éduquée. Elle s'attend à tout recevoir. Elle ne ploiera pas, elle s'en fait le serment. Elle restera aussi droite que la tient le corset de métal. Peu importe s'il resserre sur elle son étreinte. Peu importe s'il l'étouffe.
« Sugar, je présume ? » L'anglais. Il a érigé un mur entre eux, un immense mur, de la taille d'un océan. Cette langue que Shoshanna parle encore avec un lourd accent, avec un souvenir du pays natal. Il s'éloigne instantanément, à des milliers de kilomètres. Et Shoshanna presque en oublierait qu'il a un jour été son frère. Elle voudrait pleurer, mais elle reste forte, droite comme il le lui impose. Elle lui sourit, de ce faux sourire qui cache toute la peur et toute la haine. « Il n'y a pas de sucre ici. » Elle utilise son lourd anglais. Elle n'est pas ce personnage qu'on veut qu'elle soit. Elle n'est pas ce morceau de sucre qui fond dans la bouche puis qu'on oublie. Elle ne veut pas l'être.
Bientôt elle ne pourra plus respirer. Bientôt il la tuera. Surement. Parce qu'elle a dépassé les limites. Parce qu'il ne veut plus la voir. Par ce simple caprice qu'il aura eu sous l'impulsion. Mais elle n'a pas peur. D'une certaine façon, elle sait qu'elle mérite son sort. Mais il n'y a pas de raison de la traiter ainsi. Ou c'est qu'il a bien trop changé. Alors elle décide de reprendre l'hébreu, et de lui rappeler le pays qu'il a quitté, le pays où il l'a abandonné. « Ne joue pas à tes petits jeux avec moi. Ça ne marchera pas. » Son regard ne se détache pas de ses yeux. C'est un combat qui s'engage, un combat de ceux qui autrefois se serraient dans leur bras, et un an après se jettent des éclairs et s'emprisonnent. Shoshanna met ses mains sur ses hanches, les seules choses qu'elle peut encore bouger, dans ses plaques de métal si serrées qu'elles épousent parfaitement ses formes. Pour lui qui cherche échapper à sa nudité, ce n'est pas vraiment réussi, car sous la froideur du métal, ce qu'on voit se dessiner ce sont ses hanches, sa poitrine, sa taille, tout ce qui fait un corps de femme. « Le métal, décidément, tu ne connais que ça. Le métal froid. Le métal avec lequel on fait les prisons. Le métal c'est parfait pour enfermer, pour ne plus voir. Mais sur ce point là, je ne sais pas si tu as vraiment réussi. » A cette dernière phrase, elle hausse les sourcils, d'un air presque de dédain. « Tu es glacé. Tu n'es pas le frère que je connais. » Il était déjà froid certes, déjà distant, déjà si étrange, mais jamais il n'a été si froid avec elle, si proche de la tuer, ou de la réduire au silence. Il réduit son corps au silence, il la réduit au silence. Et le silence, c'est déjà comme la mort. My baby shot me down.
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeDim 3 Juil - 14:54


    Le destin nous réserve toujours des surprises auxquelles on ne s’attend pas. Comment avait-il pu imaginer une seule seconde qu’un jour, elle serait là, en Amérique. Il avait fait tout son possible pour la forger, lui inculquer des valeurs qui lui tenaient à cœur… L’éduquer, en somme. En quittant Tel Aviv il était persuadé que leurs chemins se séparaient et qu’en dépit de leur correspondance future ils ne se reverraient pas. Il lui avait accordé dix ans de sa vie, dix années qu’il avait jugé suffisantes… Mais il s’était certainement trompé. Il n’avait pas pris en compte l’attachement qu’elle avait pour lui. Il est vrai que plusieurs fois il avait lui-même ressenti un vide, parfois son absence l’avait laissé dubitatif. Mais il la savait en sécurité avec son père, c’était tout ce qui importait, puis son départ n’était pas discutable. Il n’avait pas tiré un trait sur elle mais avait simplement tourné la page ; retourner en arrière n’était pas une option. Il aurait néanmoins dû se douter qu’elle ne renoncerait pas à lui si facilement. Les femmes ont cette terrible manie de ne pas comprendre qu’on veuille passer à autre chose, et s’il y a bien une chose qu’elles ne supportent pas, c’est qu’on les délaisse. Mazel avait pris son départ pour un abandon, elle n’avait pas cru à un seul de ses mots quand bien même ils étaient sincères. C’était une jeune femme, composée de tous les défauts qui les caractérisent… Elle ne pouvait réagir qu’en tant que telle. À bien y réfléchir, peut-être n’aurait-il pas dû l’élever, lui transmettre tant de choses. Tout en posant son regard sur elle il s’aperçut du monstre qu’il avait lui-même créé. Un subtil alliage de fierté et d’audace. C’était lui qui lui avait implanté ce démon dans le corps, ce démon dont Charles lui avait tant parlé. Cependant, sous ses traits à lui, ceux qu’il lui avait solidement ancrés dans la peau, elle demeurait toujours Shoshanna, à mi-chemin entre la petite fille rêveuse et celle désireuse de sortir de son chrysalide. Le mêlange s’avéra surprenant voire explosif, assez du moins pour déplaire à son créateur. Sa Mazel ne pouvait pas se tenir face à lui de cette manière, dans cet endroit sordide. Et dire qu’il avait toujours essayé de l’emmener dans les endroits les plus sains possibles, quel gâchis. La déception était grande, mais pas autant qu’après avoir entendu ses propos… « Il n'y a pas de sucre ici. Ne joue pas à tes petits jeux avec moi. Ça ne marchera pas. » Surprise, incompréhension totale. De quoi parlait-elle ? Erik ne comprenait pas. Il ne saisissait pas la raison de sa présence ici, ni même du pourquoi de sa réaction. Certes elle ne l’avait jamais vu ainsi, mais lui non plus n’avait pas encore eu l’immense honneur de la voir nue… Comment pouvait-elle espérer une réaction différente ? Elle s’était tournée en ridicule devant une mer d’hommes assoiffés d’elle, il ne pouvait pas laisser passer ça. « Mes… petits jeux ? J’espère que tu te fous de moi ! Il n’y a que toi qui joues ici, tu joues avec mes nerfs Shoshanna ! » En rage, il avait repris le dialecte hébreux. Il voulait être certain qu’elle comprendrait tout ce qu’il lui dirait. Ce regard dédaigneux sur son visage de poupée augmenta d’un cran la tension qui régnait entre eux. « Le métal, décidément, tu ne connais que ça. Le métal froid. Le métal avec lequel on fait les prisons. Le métal c'est parfait pour enfermer, pour ne plus voir. Mais sur ce point là, je ne sais pas si tu as vraiment réussi. Tu es glacé. Tu n'es pas le frère que je connais. » C’en était trop, bien plus qu’il ne pouvait en tolérer de sa part. Sans plus attendre il la gifla, là, sur la joue gauche, laissant derrière son passage une belle trace rouge. Il n’avait utilisé ni pouvoirs ni artifices. C’était tout ce qu’elle méritait, une correction humaine pour la bêtise humaine. Il ne l’avait encore jamais fait, lever la main sur elle, d’ailleurs il resta interdit un moment avant de répondre, la mâchoire serrée. « C’est assez glacé pour toi ? » Le métal quitta soudainement son corps nu, et tomba au sol dans un fracas assourdissant. Il s’était déjà éloigné d’elle et cherchait un peignoir sur le portant au fond de la pièce. Une fois trouvé, il le lui lança en pleine face avant de tourner les talons en direction de la porte. « Dans d’autres circonstances j’aurais été heureux de te revoir… Hélas je n’ai pas la fibre d’un macro. »
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeDim 3 Juil - 23:27


Des jeux, tout ça ce n'est que des jeux. Des petits jeux innocents, des petits jeux sans conséquence. Jusqu'à ce qu'on se rend compte qu'on ne peut plus s'arrêter, ou qu'on se retrouve à sauter du haut d'un immeuble. Et la chute, ça va faire mal, se dit Shoshanna. Elle a beaucoup trop joué. Toute son enfance, à la petite fille parfaite, celle qui ne vivait qu'avec son père. Puis, toute son adolescence, celle qui avait un frère, qui prétendait l'aimer comme on aime ceux qui sont de notre sang, celle qui était jeune et innocente, ne vivait pas pour elle, mais rien que pour lui. Elle voit aujourd'hui que tout ceci n'étaient que des masques, des feuilles qu'il ne faut qu'effeuiller pour trouver sa vraie personnalité. Celle qui danse, le soir sur la scène ? Elle n'en est même pas sûre. Peut-être est-ce la petite fille, la vraie dans tout ça. Peut-être n'a t'elle jamais grandi, peut-être ne peut-elle pas grandir. Alors elle reste dans le flou, de tous ces jeux qu'elle joue, ne sachant plus lequel est le vrai. Après tout, il n'y en a surement aucun de vrai. Ni la petite fille innocente, ni la femme fatale.
« Mes… petits jeux ? J’espère que tu te fous de moi ! Il n’y a que toi qui joues ici, tu joues avec mes nerfs Shoshanna ! » Elle est celle qui joue, vraiment ? Qu'elle aurait envie de le regarder dans les yeux, avec toute l'innocence qu'ont les enfants, si elle est bien en train de jouer, si elle doit jouer, s'il faut arrêter. C'était lui le frère qui savait tout, celui qui décidait quand on jouait, quand on arrêtait. L'innocence c'est fini maintenant. C'est comme avoir soulevé le voile flou des illusions qu'on donne aux enfants, et se rendre compte qu'on a été si bête, si enfant, si... innocent. Et l'innocence, c'est beau, c'est tout ce qu'on veut, mais c'est surtout la naïveté, et c'est amèrement que Shoshanna s'en rend compte maintenant. Celui qui jouait, ce n'est peut-être pas celui qu'on croit. Ce n'était pas des jeux d'enfants. Ce n'était pas des jeux sans conséquences. C'était des jeux d'adultes, des jeux qui durent tout une vie. Des jeux qui transforment. « Le seul qui a joué ici, c'est toi. Tu as joué avec moi, tout ce temps. » Sèche. Amère.
Amer, c'est le seul mot qui lui vient à la bouche - accompagné du goût – quand elle regarde Erik, celui qu'autrefois elle aurait appelé son Erik, Akhshiel, mon frère. Il n'a plus le droit d'être appelé comme ça aujourd'hui. Parce que les frères ne jouent pas avec leur petite sœur. Ils ne les transforment pas, ne les façonnent pas, ne le font pas à leur image, à force de sculpter leur corps et leur âme encore fraîche et innocente. C'est bien la fin de l'innocence. Et c'est peut-être la fin de tout. De tout ce qui les a unis. Une larme voudrait couler, mais Shoshanna n'ose pas montrer tout le regret qu'elle ressent de la fin de leur fraternité. Que c'est triste pourtant, de tout finir sur ces regards, sur cette prison glacée, sur cette distance, sur cette froideur. Même si c'est parce qu'elle devient enfin femme, parce qu'elle devient enfin quelqu'un à part entière, et non plus quelqu'un par rapport à lui, elle ne peut empêcher la montée des larmes et des regrets.
Une gifle alors. Sèche. La gifle qui laisse une marque rouge, et la joue brûlante. Shoshanna accuse le coup, le regard détourné, puis revient le planté dans celui de son frère. Il est vide, presque, un instant. Un instant seulement, avant de se remplir de tout un flot de choses : tristesse, regret, colère, reproches, tout ça à la fois. Elle est allée trop loin elle le sait, dans la provocation, dans sa provocation. Elle savait qu'il n'aimerait pas ça, son corps de femme, la scène, les regards aguicheurs et les œillades qu'on lui renvoie. Il est allé trop loin lui aussi. Il n'a jamais levé la main sur elle. Il la punit aujourd'hui, pour tout le mal qu'elle a fait, comme un père, comme un frère ou comme un dieu. Ou peut-être n'est-il que cet homme violent, qui ne réfléchit qu'avec la violence, qu'elle soit physique ou mentale. « C’est assez glacé pour toi ? » Pourtant, dans cette gifle, il s'est enfin montré. Moins froid. Capable d'un peu de sentiment. Capable de colère, de déception, capable de s'emporter. Si l'on s'emporte, si l'on est déçu, c'est bien qu'on tient à cette chose qu'on vient de frapper ? Ou qu'on y tenait, du moins.
Mais Shoshanna a à peine le temps d'y réfléchir que soudain son corps semble retrouver sa respiration, le corset de métal le relâchant. C'est comme un nouveau choc, mais agréable cette fois, quoiqu'il la laisse complètement nue face à lui. Mais ce n'est pas pour lui déplaire, parce que cela le met en face de la dure réalité qu'il ne veut pas voir : elle a grandi. C'est pourquoi, quand il lui jette un peignoir à la figure, elle ne le met pas. Elle reste comme interdite, le morceau de tissu dans les mains, cachant quelques endroits de son corps, mais surement pas tous. Alors qu'elle reste encore abasourdie de la gifle, des mots durs et de toute cette nuit, même, elle le voit à peine esquisser des pas pour s'en aller. « Dans d’autres circonstances j’aurais été heureux de te revoir… Hélas je n’ai pas la fibre d’un macro. » « Alors pour toi, chaque femme qui a des formes, et qui les montre, c'est forcément une pute ? Je ne préfère pas savoir comment tu traites les femmes... » Mais c'en est trop pour elle-même. Elle en a assez de ce sujet. Elle en a assez de ces histoires de corps, quand l'essentiel est ailleurs. Il s'en va. Il la quitte, l'abandonne, alors que tout ce qu'elle veut, c'est qu'il reste, enfin, maintenant qu'ils se sont retrouvés.
« Alors, tu vas t'en aller, comme ça, m'abandonner, là maintenant ? Je n'ai vraiment plus d'importance ? Je n'existe plus c'est ça ? » Elle voudrait dire que maintenant qu'il a joué comme il voulait, il n'a plus qu'à jeter sa poupée et la laisser crever. Mais elle n'est plus si méchante. Elle ne veut plus l'être. Ce n'est comme... plus important. Pourquoi tant de méchanceté ? Elle devrait être une femme forte, qui ne se laisse pas faire. Mais elle ne veut pas être une femme seule. Surtout pas quand la personne qu'elle aime le plus au monde se trouve juste à côté et qu'elle pourrait y rester. Alors elle noue le peignoir autour de son corps, et prend conscience du monde qui l'entoure, de la façon dont elle a appris, et ironie du sort, de la façon dont il lui a appris. « Tu vas t'en aller alors ? Ou... Je sais qu'il y a une chance pour que tu restes, pour que tu ne quitte pas cet endroit et pour que tu viennes juste me serrer dans tes bras. Ne m'oblige pas... s'il te plait. Akhshiel. » C'est comme le cri d'une enfant, d'un bébé abandonné par sa mère. C'est comme le cri d'une femme facile qui rend les armes. Et elle sait que c'est ce qu'il aime, qu'on lui cède. Mais elle ne sait pas s'il peut le faire, lui, céder.
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeLun 4 Juil - 23:08



    Cette petite chose d’un mètre soixante et des poussières était parvenue à déstabiliser le grand Erik Lensherr. D’habitude, il était le premier à se délecter du spectacle qu’offraient les demoiselles peu vêtues, mais Shoshanna n’était pas une jeune femme comme les autres. Elle était avant tout sa Shoshanna, sa Mazel, sa petite-sœur, et il en dépit de son goût prononcé pour la luxure, ce n’était pas un pervers. Il y avait quelque chose d’extrêmement gênant dans le fait de la voir complètement nue, munie de ses plus beaux atours féminins… Ses hanches étaient si bien sculptées, et sa taille fine mettait en valeur sa poitrine volumineuse. Il ne pouvait décemment pas en profiter dans sa posture de frère. Il l’aimait trop pour se permettre de lui voler son innocence, et s’il l’avait pas déjà fait autrefois, il ne s’était pas permis de la toucher, pas une fois. Reposant ses yeux sur elle il ne put s’empêcher de soupirer. Elle l’écœurait, le repoussait, toute son âme d’homme en était affectée. Il sentait le vide dans son cœur, le vide total, dans ce trou béant qu’elle avait creusé.
    « Le seul qui a joué ici, c'est toi. Tu as joué avec moi, tout ce temps. » Il s’efforce d’entendre, de comprendre, mais il ne comprend pas. Elle la connaissait pourtant, la raison pour laquelle il avait plié bagages. Il ne l’avait pas abandonnée délibérément, il ne l’avait pas quittée par envie, il était parti pour faire ce qu’il devait faire, pour retrouver Shaw où qu’il soit, pour venger sa famille, faire honneur à ses parents. Pour trouver la paix. Et ce n’était probablement pas dans ce cabaret qu’il l’avait trouvée. En entrant là-bas il n’avait récolté que déception et tourments.
    « Alors pour toi, chaque femme qui a des formes, et qui les montre, c'est forcément une pute ? Je ne préfère pas savoir comment tu traites les femmes... » Un rire fuit entre ses lèvres, un rire nerveux qui lui permet de retenir ses larmes. Elle non plus ne comprend rien, la communication entre eux est vaine, stérile. À ses mots il n’a qu’une envie, partir, la laisser. Pourquoi continuer à se faire violence en restant près d’elle ? Il n’a plus d’intérêt à la chaperonner, à lui tenir la main, à la faire avancer. Il a échoué. Echoué sur la plage de la colère. Echoué dans sa mission. Il avait pourtant tout fait pour elle, tout supporté durant des années, mais il était incapable de supporter ça, cette décadence. Il avait placé tant d’espoir en elle, et tout ça pour quoi ? Pour ça. Pour cet endroit. Pour cette tenue indécente. Pour ces paroles lancées comme du venin, de l’acide jusqu’à son cœur. « Alors, tu vas t'en aller, comme ça, m'abandonner, là maintenant ? Je n'ai vraiment plus d'importance ? Je n'existe plus c'est ça ? » Un soupir de plus. À quoi bon répondre ? Il se le demande, puis finalement se décide à parler, à gâcher encore un peu de sa salive… « Les femmes que je côtoie ne se pavanent pas comme toi, non. J’ai du respect pour toi mais toi tu n’en as aucun… Pas même pour ta propre personne. C’est à ça que se résume une femme, à une paire de fesses et de la poitrine ? C’est pour ça que tu veux que je te prenne ? Qu’est-ce que tu attends exactement de moi ? Qu’est-ce que tu espères en restant plantée là ? Oui, tu as tout l’air d’une trainée ! Et oui, ce n’est pas l’envie de partir qui manque. Je ne vois pas pour quelle raison je resterais ici, j’en aurais eu autrefois, plus maintenant. »
    Les gestes accompagnent les paroles, il prend le chemin de la sortie, il est sur le départ, sur le point de la quitter pour toujours, mais il n’y parvient pas. C’est trop dur. Il est enchaîné à elle, alors que ce n’est plus la même et que plus que jamais il en a conscience. Il est comme magnétisé par elle, par sa nouvelle aura, dans toute sa complexité. Il la toise et s’arrête sur ses yeux cernés de noir. Il y a une lueur à l’intérieur, il la perçoit, il veut encore y croire. Mais il hésite, il a peur, il ne veut pas se tromper… Cette Sugar ce n’était pas sa Shoshanna, il n’en voulait pas. Il n’en voudrait jamais. Jamais. « Tu vas t'en aller alors ? Ou... Je sais qu'il y a une chance pour que tu restes, pour que tu ne quitte pas cet endroit et pour que tu viennes juste me serrer dans tes bras. Ne m'oblige pas... s'il te plait. Akhshiel. »
    Sa dernière parole est une dague plantée dans son cœur. Un frémissement dans les lèvres, dans l’œil. Elle se rhabille enfin. Elle remet sa tenue de Mazel, celle qu’il apprécie vraiment. Celle qu’il connaît et qu’il a appris à aimer avec le temps. Il sait qu’il est sous son influence, sous l’influence de ses pouvoirs également… Mais après tout elle a raison, il s’est joué d’elle, elle pouvait bien jouer un peu elle aussi ? Puis ce genre de jeux-là, il préférait. C’était un terrain qu’il connaissait bien pour avoir été à l’épreuve du feu de sa Mazel pendant des années, dix années.
    Sa main lâcha lentement la poignée de la porte. Il cédait. Il avança vers elle et lui effleura la joue. Il voulut la prendre dans ses bras, la sentir tout contre lui, contre son torse, mais c’est plus fort que lui, il est encore trop méfiant. Elle doit faire ses preuves, montrer patte blanche. Tant qu’il ne sera pas certain d’avoir retrouvé sa petite-sœur il n’ira pas plus loin.
    « Si tu veux que je te prenne dans mes bras il faudra venir avec moi... Partir d’ici, loin de tes délires bizarres. » Une pause. « D'ailleurs, où est ton père ? »
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitimeMar 5 Juil - 16:16


Tout est une histoire de combat, de gagner ou de perdre, se dit, amèrement, Shoshanna. Celui qui gagne obtient la gloire, les privilèges et l'autorité accordée par le prestige de sa victoire. Celui qui perd ne gagne que la honte et l'humiliation et doit au mieux, se retirer, et au pire, mourir. Comment a-t'on pu en arriver là ? Voici les questionnements de celle qui s'attend à perdre, en rendant les armes. Ils ne faisaient que s'aimer, ils ne faisaient que prendre soin l'un de l'autre chaque jour, et il fallu qu'entre eux coule un océan glacé de choses, pour qu'on oublie ces jours passés. Ces jours heureux, dirait-elle, comme elle se souvient de l'éclat doré qu'ils avaient dans sa mémoire. Mais ce n'était peut-être que l'éclat du brûlant soleil d'Israël, car tout, dans ces jours anciens, n'était peut-être déjà qu'un immense combat. Un combat contre le monde, contre une force invisible qu'il menait et qu'elle ne connaissait pas. Un combat contre son monde d'enfant, contre son innocence, afin d'en faire une femme et une mutante fière. Un combat contre le reste du monde, quand ils se tenaient tous les deux, à ne penser qu'à eux. Mais peut-être après tout, que Shoshanna ne voit le monde comme un combat qu'à cause de ces dons, de cette vision du monde qui a forgé toute sa vie, celle où elle sent autour d'elle les chances et les probabilités se bat, sans savoir – à moins qu'elle n'y touche un peu – laquelle va l'emporter. Le hasard. Le pire de tous les combats, mais le plus juste peut-être. On ne joue pas de la force ici, on oublie la force.
Il faut oublier la force, se dit Shoshanna. Elle, n'a jamais été que douceur et miel. Ou au moins elle le croit. Elle ne se croyait pas capable de tant de venin, ou de ces petites choses qui la jette sur une voie dangereuse. Car au fond, la seule chose qu'elle fait dans le monde, c'est forcer une chose à arriver plutôt qu'une autre, tout à fait arbitrairement, mais par la force. Et lui aussi elle le sait, qu'il ne fait qu'employer la force, quand il fait ployer toute chose sur son passage. Alors entre deux individus qui jouent avec la nature, qui jouent avec les plus forts, qui peut gagner ? Mais gagner, Shoshanna le sait, c'est forcément perdre aussi, et ce n'est pas ce que font les frères et sœurs, les gens qui s'aiment, se faire du mal ainsi. En tout cas ce n'est pas ce qu'elle veut.
« Les femmes que je côtoie ne se pavanent pas comme toi, non. J’ai du respect pour toi mais toi tu n’en as aucun… Pas même pour ta propre personne. C’est à ça que se résume une femme, à une paire de fesses et de la poitrine ? C’est pour ça que tu veux que je te prenne ? Qu’est-ce que tu attends exactement de moi ? Qu’est-ce que tu espères en restant plantée là ? Oui, tu as tout l’air d’une trainée ! Et oui, ce n’est pas l’envie de partir qui manque. Je ne vois pas pour quelle raison je resterais ici, j’en aurais eu autrefois, plus maintenant. » Mais ça n'arrivera peut-être pas, cette réconciliation qu'elle ne fait qu'attendre et espérer. Ils sont allés trop loin tous les deux, à camper sur leurs positions, sur leur force de caractère, sur cette indépendance qui ne s'avère être que de la solitude. Il n'y a qu'un choix à faire. Celui d'arrêter de se battre, parce que ça n'en vaut pas la peine, et que ça n'amène rien de bon. Et Shoshanna sourit, quand elle voit son frère doucement pousser la porte vers ce choix, alors qu'il lâche la poignée de celle de la loge.
Un pas vers elle, puis d'autres, jusqu'à ce qu'il soit tout près d'elle. Shoshanna est heureuse de ne pas avoir eu à appuyer sur la gâchette, d'utiliser ses pouvoirs pour le ramener de force. Cela aurait été déloyal, cela aurait été un combat de plus. Et Shoshanna ne veut pas plus gagner qu'elle ne veut perdre. Elle préfère qu'on déclare le combat nul, et qu'on pose les armes simultanément. Chacun doit faire des compromis, ranger sa rancune, son amertume, sa colère de côté, et continuer comme ça.
Mais il s'arrête. Alors qu'elle s'attendait à sonner la fin de la guerre en se serrant dans ses bras, il reprend son air interrogateur, presque de juge. Si franchement elle ne voulait pas se réconcilier avec lui, elle lui aurait juste mis une tarte, là. On ne joue pas avec Shoshanna, car avouons qu'elle a plutôt du tempérament, et devinez de qui ça lui vient. « Si tu veux que je te prenne dans mes bras il faudra venir avec moi... Partir d’ici, loin de tes délires bizarres. » Shoshanna s'apprête à répondre, mais elle sait que ce silence et cette lueur dans les yeux de son frère annonce qu'il va dire quelque chose d'autre. « D'ailleurs, où est ton père ? » « Il est resté à Tel-Aviv, et... il va bien aux dernières nouvelles. » Mais Shoshanna n'a pas vraiment envie de parler de son père. Quoique, c'est ce qui les lie. Et puis c'est un souvenir heureux du pays natal, même si c'est un souvenir qui ramène la douce mélodie triste de la nostalgie.
« Ecoute, Akhshiel, je suis prête à te suivre, à arrêter tout ça. Mais, à une condition, je veux gagner ma vie par moi-même, pas être une assistée ou je ne sais quoi. Je suis grande maintenant. Je sais pas ce que je suis venue foutre ici, mais au moins, ça m'a permis de pas crever sous un pont. » C'est la femme de tête qui reprend le dessus, celle qui veut être indépendante, ne dépendre de personne. Et en même temps... tout ce qu'elle veut c'est ne plus être seul, même si pour cela elle doit dépendre de quelqu'un. Autant que ce soit de son frère alors. « En même temps... j'aimerais tellement être avec toi, juste avec toi... Ou... je devrais peut-être reprendre mes études ? » Elle pense à voix haute, comme elle avait toujours l'habitude de le faire, sans que cela ait vraiment de sens. Oh, tout ce qui compte c'est de lui parler.
Considérant le test de passage comme réussi – si c'était un test de passage -, Shoshanna tend ses bras pour qu'il la prenne dans ses bras. Et puis, ayant déjà attendu trop d'une seconde, elle lui saute au cou. « Promets-moi qu'on arrêtera de se faire ça. » Et qu'on arrêtera de se battre.
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MessageSujet: Re: “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ”   “ and then i go and spoil it all by sayin' somethin' stupid like i love you. ” Icon_minitime


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