My past in your eyes is my hope for the future... {PV Speed}

Je détestais ma vie. Je. Détestais. Ma. Vie. J'imagine qu'un jour ou un autre, tout le monde à un moment ressentit l'envie de tout envoyer balader, de tout foutre en l'air de manière à pouvoir échapper à la pression ressentie. Tout laisser tomber, ne serait-ce que quelques instants, pour se retrouver avec soi-même. Sans personne pour vous donner des envies de meurtres en vous disant quoi faire alors que vous voulez juste être tranquille. C'est donc après avoir faillit ravagé mon bureau dans un excès de rage que j'avais décidé de prendre l'air pour tenter de me calmer.

Je n'avais pas d'endroit précis où aller en tête, celle-ci étant plutôt occupée tout ce qui rendait ma vie cauchemardesque. Ce n'était pas que je me plaignais d'habitude, après tout j'appréciais ma vie au sein du Club des Damnés avec mes semblables et supportait plutôt bien mon poste de dirigeante à Lloyd Industries mais il m'arrivait parfois d'avoir envie d'autre chose. Voilà ce qui me réveillait la nuit: le rêve d'une toute autre vie. Une autre vie où je n'étais pas l'arrogante Gwen Lloyd mais juste Gwen, une jeune femme heureuse d'être elle-même sans peur d'être jugée par le regard des humains...

Car bien que cela soit difficile à croire, je n'avais jamais désiré devenir comme celle que j'étais aujourd'hui. Mais le chemin que j'avais parcouru durant toute ma vie ne m'avait pas laissé le choix: je n'avais pas pu être une jeune femme faible, terrifiée d'être découverte en tant que mutante. Non, la vie m'avait forcée à devenir forte et fière de ma condition. Condition qu'il m'était malheureusement impossible de partager avec quelqu'un...Secouant la tête pour chasser mes noires pensées, je remarquais à peine que mes pas m'avaient amenée dans un parc. Souriant faiblement, je continuais mon chemin et me figeais en croyant voir quelqu'un que je pensais connaître. Et mon sourire s'élargit légèrement lorsque je m'approchait et constatait que oui, il s'agissait bien d'une personne ayant fait partie intégrante de ma vie, il y a quelques années de ça.

-Speed ?

Spoiler:

J'engloutis une bouteille d'eau en sortant du stade. L'entrainement venait de se terminer et j'étais vidé. Je récupérais plutôt rapidement mais faites 8h de sport par jour et vous verrez si vous êtes toujours frais et guilleret. Bref, j'avais surtout besoin de me changer les esprits et penser à autre chose qu'un terrain de jeu. Huit ou neuf années, ça commençait à faire beaucoup et même si ça ne paraissait rien dans un métier, dans celui là, c'était presque toute une vie. J'avais envie d'autre chose. L'entraineur m'avait lui-même fait comprendre qu'il fallait que j'assure mes arrières car il ne me garderait pas cinq années de plus. J'étais un vieux dans ce sport là et il fallait me recycler. Il fallait juste que je parvienne à sauter le pas. J'accepterais probablement la séance photos que l'on m'avait proposé, histoire de voir ce que cela peut donner. On m'avait proposé aussi un poste de commentateur sportif à la radio. Il me fallait voir venir et réfléchir.

Je fis un détour par un petit parc non loin du stade et j'en fis le tour avant de me poster face à une petite marre où des canards gigotaient et clapotaient. Rien de plus, rien de moins. Je m'assis dans l'herbe encore verte et me plongeais dans mes réflexions. J'attendais impatiemment un appel de Julian, il m'avait dit qu'il me contacterait dès son arrivée à New-York mais le connaissant, il oublierait forcément avant de s'en rappeler quelques jours plus tard. Sauf si je lui ai manqué. Mon esprit parti vagabonder au Pays de Galle, là où nous avions grandi, là où nous étions devenus des adolescents avant que nos chemins ne se séparent. J'eus la nostalgie de mon passé pendant quelques secondes, cela ne me ressemblait pas vraiment et cela ne durait jamais longtemps. Dans tous les cas ce n'était jamais assez fort pour me plonger dans la mélancolie. J'avais fait venir ma mère ici, celle qui comptait le plus pour moi et Julian arrivant lui aussi, je me sentais heureux et complet.

Les gens circulaient derrière moi, j'entendais leurs pas calmes ou précipités passer. Mais des pas s'arrêtèrent près de moi et avant que je ne puisse me poser la moindre question, une voix s'éleva. Une voix que je connaissais trop bien. Je tournais le visage vers la jeune femme. Gwen. Elle n'avait pas changée, peut-être plus marquée par l'inquiétude qu'elle ne l'étais avant mais ses traits étaient les mêmes et elle n'avait pas beaucoup vieillie. Je souris en me relevant.

« Gwen ?! Ça fait longtemps ! Je ne savais pas que tu étais à New-York »

Quelle coïncidence de la rencontrer ici-même alors que je pensais au Pays de Galles, elle était ma première petite amie, cela avait duré quelques années mais au final nos caractères respectifs étaient beaucoup trop forts pour faire un bon couple. On s'était séparés d'un commun accord, sans discorde, mais le temps avait fait qu'on s'était perdus de vue. Je pensais parfois à elle mais ne sachant pas ce qu'elle était devenue, je n'avais pas cherché à la retrouver. Au final, le hasard du temps faisait bien les choses à ce que je voyais.

-Trois après que l'on ai rompu, je suis venue m'installer ici.

Si quelques années en arrière, l'on m'avait dit que je retrouverais mon ancien petit ami à New York, qui était pourtant si loin de notre magnifique terre galloise natale à tous les deux, j'aurais très certainement éclaté de rire au visage de mon interlocuteur. Car bien que n'étant pas le genre de personne qui croyait aux coïncidence, le fait de retrouver mon ancien petit ami dans la même ville que moi où il semblait habiter était ce que l'on pouvait appeler un hasard. Un heureux hasard.

Je restais quelques secondes, hésitante, avant de venir passer mes bras autour de sa taille pour rester contre lui. Juste quelques instants, avant de m'écarter. Je sentis une légère rougeur envahir mes joues, chose qui ne m'arrivait que très rarement. Mais Speed avait toujours eu la capacité de fendiller la carapace qui était la mienne et arrivait sans aucune difficulté à me faire rire aux éclats, rougir ou pleurer. Chose qu'il était le seul à pouvoir faire.

-Mais c'est tellement bon de te revoir Speed...Si tu savais comme tu as pu me manquer...

J'eu un léger sourire en le regardant, tandis que dans ma tête défilaient le souvenir de nos années ensembles: nos longues heures passées à rire ensembles tandis que nous nous promenions dans les rues de Llanelli ou de Cardiff lorsque l'un allait voir l'autre...Nos baisers qui pouvaient être doux ou ô combien passionnés...Nos nuits faites de caresses tendres où nous finissions dans les bras l'un de l'autre, épuisés...Les années que j'avaient passées avec lui avaient été les plus belles de ma vie et le souvenir de celles-ci m'étaient tout ce qu'il y avait de plus précieux...

-Enfin...Alors, qu'as-tu fais depuis tout ce temps ?T'es-tu trouver une gentille, jeune et jolie femme pour combler tes jours et tes nuits ou ton coeur de séducteur est-il toujours libre comme l'air ?

Mes questions pourraient passer pour intérêssées mais ce n'était pas le cas. Je voulais juste savoir si sa vie était meilleure que le cauchamar éveillé qu'était la mienne, ce que je pensais être le cas. Mais je pouvais toujours me tromper.

-Il y a un café pas très loin du parc. On pourrait aller en boire un si tu veux.

C'est fou comme sa simple présence pouvait me rendre timide comme la jeune fille que j'avais été lors de notre toute première rencontre. Mais ce n'était qu'avec lui que je pouvais être réellement cette dernière...

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La jeune femme me répondit aussitôt. Elle était venue à New-York trois ans après notre séparation et un flot de question envahi mon cerveau. J'étais curieux et me connaissant, je lui demanderais tout ce que je voulais savoir. Pourquoi était-elle partie de Cardiff ? Qu'était-elle devenue depuis tout ce temps ? Avait-elle un petit ami pour prendre soin d'elle ? Je n'aimais pas l'idée de la savoir seule. Malgré un fort caractère, je savais qu'elle avait besoin de quelqu'un pour la soutenir dans ses actions. Je ne fus pas surpris quand elle se posa dans mes bras pour me serrer, c'était quelque chose qui me paraissait tellement naturel avec elle que j'avais eu du mal à ne pas le faire moi-même dès que j'avais reconnu son visage. Je la serrais en retour avant qu'elle ne s'écarte. Je lui souris et la laissais parler.

« Je suis vraiment content de te revoir aussi... » lui répondis-je, sincère.

En la regardant un peu mieux, elle avait pourtant l'air fatiguée. Je me demandais alors si elle était en bonne santé car je lui trouvais une certaine lassitude qui m'inquiéta immédiatement. Je savais que son pouvoir était fatigant mais elle devait probablement le maîtriser à présent. Car oui, Gwen avait un don elle aussi. Non je n'étais pas sortis avec elle que pour ça, certes elle était la seule à qui je pouvais en parler mais nous nous plaisions et nous avions des affinités particulières. Nous rigolions tellement, de choses et d'autres. Et nous nous étions soutenu. Sauf que j'avais aussi Julian, je n'avais jamais été seul et je ne le serais sans doute jamais. Gwen, malgré sa force apparente, était quelqu'un de fragile et j'étais probablement le seul à le savoir.

Elle eut alors la magnifique idée de prendre un café ensemble. J'acquiesçais immédiatement et pris la direction du café à ses côtés. Je marchais calmement pour profiter aussi d'une petite ballade avec elle, comme au bon vieux temps. Sa remarque sur ma vie sentimentale me fit rire doucement. Peut-être qu'elle se doutait de la réponse, après tout, elle me connaissait bien. Ou peut-être pas...quoiqu'il en soit, après tout ce temps, je me devais de lui donner une réponse.

« Non non...je n'ai personne, je suis à tout le monde. » Je lui souris avec plaisir. « Tu es devenue encore plus belle qu'avant, tu le sais ça ? Toi tu as du trouver quelqu'un de calme et posé, non ? »

A vrai dire je la connaissais bien aussi et j'espérais que la réponse soit affirmative en me doutant qu'elle ne l'était pas. Mais au final, tant d'années avaient passées. Nous avions changés et n'étions plus vraiment celui et celle que nous connaissions à l'époque.

« Je suis devenu sportif professionnel, je joue dans l'équipe de baseball de New-York et je suis plutôt doué. Qu'es-tu devenue toi ? »

Nous sortions du parc, le café n'était plus très loin à présent.

Spoiler:

Comme je l'avais déjà dit, Archi avait toujours été le seul capable de me rendre totalement différente de celle que j'étais habituellement. Il n'avait jamais eu de difficulté à me faire rire aux éclats mais aujourd'hui, sa simple présence me donnait envie de fondre en larmes et de m'effondrer dans ses bras à nouveau. Etait-ce par bonheur de le revoir ?Ou était-ce le fait que la vie qui était la mienne se trouvait tellement éloignée de celle que j'avais toujours désirée ?Peut-être était-ce ces deux raisons en même temps tout simplement...

Et malgré l'inquiètude que je vit dans les yeux d'Archi, je refoulais mes larmes et souris en l'entendant plaisanter sur sa vie de couple...avant de reperdre mon sourire en l'entendant me complimenter et suggérer que j'avais quelqu'un dans ma vie. Je me mordis les lèvres, pensant au désert qu'était ma vie de couple. Car si j'avais déjà eu quelques aventures, aucune d'entre elles n'avaient dépassé la simple nuit. J'avais conscience que mon mauvais caractère en était la cause mais j'étais incapable de changer.

Tandis que nous marchions vers le café où je lui avais proposé de boire un verre, il m'annonça qu'il faisait partie de l'équipe de base-ball de la ville. Chose que j'ignorait, n'étant absolument pas amatrice de sport. Mais il était peut-être temps de m'y intérêsser. Et quand il me demanda ce que je faisait, j'hésitais à répondre mais répondis tout de même.

-Je suis la directrice...d'une firme pharmaceutique.

Arrivés au café, l'on s'installa à une table et j'enlevais ma veste tandis qu'une jeune fille blonde s'approchait de la table pour prendre nos commandes. Je commandais un café pour ma part et attendis qu'Archi ai fait de même avant de signifier à la jeune femme que l'addition était pour moi lorsque nous partitions.

Spoiler:

Gwen était resté silencieuse sur le trajet. Étrangement, je n'avais pas été habitué à ça. Quand je l'avais connu, elle était quelqu'un de dynamique, de fort, de parfois bavarde. Mais la femme que je voyais aujourd'hui n'avait plus rien de l'adolescente que j'avais connu, excepté son physique bien évidemment. Quoique, je la trouvais bien plus belle aujourd'hui sans vraiment savoir pourquoi. Nous nous installâmes à la terrasse, il y avait une petite brise rafraîchissante, c'était agréable. Elle me répondit tout de même qu'elle était directrice d'une firme pharmaceutique. Soit, elle devait être bien payée mais je doutais que ce soit vraiment un métier palpitant et excitant. Je l'observais commander son café avant d'ajouter à la serveuse que j'en voulais un également. Celle-ci s'éloigna et je reportais mon attention sur Gwen. Je restais un moment silencieux (oui cela m'arrivait parfois) avant de finir par reprendre la parole.

« Je me trompe ou tu n'es pas heureuse ? »

Parce-que j'avais beau être un séducteur qui passait son temps à rigoler, les gens que j'appréciais je les connaissais et je faisais attention à eux. Et le sourire de Gwen, même si elle souriait, avait perdu l'éclat des années passées. Elle n'était pas la même, quelque chose l'avait changé et même si je n'avais plus de droits sur elle, je voulais savoir ce qui n'allait pas.

« Je ne te jugerais pas si c'est de ça que t'as peur...tu peux m'en parler » lâchais-je doucement alors qu'on nous apportait les cafés.

Je pris la petite cuillère pour la tremper dans le liquide encore brûlant et remuer l'absence de sucre. Une petite manie pas bien méchante que j'avais et qui ne faisait de mal à personne. J'avais juste l'air un peu stupide mais ça ne changeait pas de d'habitude. J'étais le petit plaisantin et je ne reniais pas cette image. Je l'avais voulu et c'était une partie de moi-même, tout comme le séducteur et l'ami loyal que je pouvais être. Julian aurait été le premier à le confirmer. Je levais à nouveau les yeux vers elle, Gwen. C'était étrange de n'avoir pas parlé à quelqu'un depuis si longtemps et de s'en sentir quand même aussi proche. Mais avec Julian, elle était la seule à vraiment connaître mon passé, à me connaître moi. J'étais vraiment heureux de la retrouver et de pouvoir lui parler à nouveau.

Nos commandes servies, un court silence s'installa à notre table, silence que j'affectionnait car je pouvais ainsi reprendre le contrôle de moi-même. Enfin, plus ou moins. Je le laissais se prolonger quelques secondes encore, le temps de mettre deux sucres dans mon café et de les regarder se dissoudre dans le liquide noir, mes pensées semblables à un tourbillon incessant.

« Je me trompe ou tu n'es pas heureuse ? »

Mon sourire était-il si faux que ça ?Sans doute mais cacher à la personne que vous avez le plus aimé durant plusieurs années, et donc qui vous connaît mieux que personne, n'est pas chose facile. Plus particulièrement à Archi qui avait toujours été très observateur. Mais savoir qu'il s'inquiètait encore pour moi malgré les années passées me rassura. A force, je m'étais habituée à l'idée que personne ne s'intérêssait à moi et mon travail ne faisait que renforcer cette sensation d'isolement. Car comme disait le vieil adage "L'argent ne fait pas le bonheur" et je ne pouvais qu'approuver. Cela m'amenais parfois à regretter d'avoir quitter Cardiff pour venir m'installer ici. Là-bas au moins j'étais heureuse...

-Ce n'est pas que je ne suis pas heureuse, c'est juste que...C'est juste que ma vie n'est pas exactement comme je l'aurais voulue...

Je n'allais pas plus loin, ne voulant pas évoquer quoi que ce soit ayant un quelconque rapport avec le Club. Car bien que je puisse l'avoir rejoint pour être en compagnie de gens comme moi, ce n'était que par peur d'être isolée, et certains de ses actes m'horrifiait. Bien que je puisse y prendre part, mais c'était ce genre de cas de conscience qui me torturait l'esprit comme aujourd'hui. Mais je n'avais aucune envie de parler de ce genre de choses à Archi. Hors de question.

-Enfin, ce n'est pas moi le plus important. Parlons de toi plutôt. Joueur de base-ball hein ?Je ne suis pas très fan de sport en général mais je penses que je devrais commencer à m'y intérêsser.

C'était peut-être une façon maladroite de changer de sujet mais je voulais parler de tout sauf de moi. Mais tel que je connaissais Archi, il n'allait peut-être pas se laisser avoir de cette manière. J'espèrais juste qu'il comprendrait que je ne voulais plus en parler...

Spoiler:

La réponse de Gwen ne me surprit pas. Je ne m'étais pas trompé. Sa vie n'était pas celle dont elle avait rêvé et je pouvais sentir à quel point elle se sentait seule. J'avais un peu de mal à comprendre, elle avait un super job, elle devait avoir énormément de contacts, de connaissances et d'amis, mais je faisais du mieux que je pouvais. Elle ne s'étendit pas plus sur la question et je lui répondis d'un sourire alors qu'elle changeait de sujet. Soit, elle ne voulait probablement pas en parler car c'était un sujet difficile et douloureux. Autant parler de choses qui la ferait sourire et rire.

« ça me ferait plaisir de te voir à mon prochain match...tu viendras si je t'invites ? » lui répondis-je en souriant. « Je suis sûr que mes potes vont être jaloux de te voir avec moi et pas avec eux ».

Je bus une gorgée de café avant de relever la tête pour la regarder à nouveau. Notre passé me revint en mémoire comme une vague de souvenirs que j'avais mis de côté depuis mon départ du Pays de Galles. Mais la raison pour laquelle nous avions rompu à cette époque était floue. Etait-ce parce-que nous nous sentions oppressé à ne devoir rester qu'avec une seule personne ? Ou était-ce à cause de Julian ?...Non j'en doutais, la première raison me paraissait bien plus plausible. Nous nous étions forcés à être fidèles tout deux et n'avions pas supporté le choc.

« Mais je pense que je vais bientôt arrêter le sport, je suis plus tout jeune pour faire ça et je préfère laisser la place aux petits qui arrivent. Et puis...je ne veux pas partir parce-que j'y suis forcé quand je jouerais comme un petit vieux. »

Je me mis à rire légèrement et j'espérais qu'elle se sentait déjà plus à l'aise.

« Mais j'espère que tu vas te renseigner un peu sur ma carrière en rentrant chez toi ce soir...Tu seras sans doute surprise. Enfin, sauf si tu veux que je t'amène danser ? »

Ce fût avec un soulagement évident que j'entendis Archi changer de sujet pour parler de son travail et j'éclatais d'un rire franc lorsqu'il évoqua ses amis. J'avais conscience d'être le genre de femme qui possédait un charme certain mais de là à rendre jaloux plusieurs hommes en m'affichant avec Archi...J'avouais cependant que j'appréciais de voir sur moi le regard envieux et empli de désirs des hommes, surtout lorsque ceux-ci n'avaient aucune chance de m'avoir pour eux, ne serait-ce que pour une nuit.

-Je ne suis pas très portée sur le sport mais pour toi, je suis prête à faire une exception...

J'eu un sourire en repensant aux Pays de Galles tandis que les souvenirs des matchs où j'étais venue le voir me revenait en mémoire. Le match dont je me rappelais avec précision était celui ayant opposé Llanelli à Cardiff. L'équipe de ma ville avait remporté le match mais ça n'avait pas été le plus important pour Archi et moi. Il avait été le dernier à quitter le stade, principalement pour me permettre de le rejoindre dans les vestiaires. Et c'était suite à ça que la douche était devenue l'un de mes endroits préférés pour faire l'amour. Je sentis d'ailleurs mes joues s'empourprer légèrement quand je repensais au...corps magnifique d'Archi sous l'eau et pris une gorge de mon café pour penser à autre chose.

-Je me renseignerais, ne t'inquiètes pas. Mais tu comptes réellement arrêter ?Et que vas-tu faire après ?Tu sais que si tu n'avais pas été joueur de base-ball, je t'aurais toujours imaginé devenir mannequin ?Loin de moi l'idée de te donner une nouvelle idée de carrière mais...tu ferais fureur devant les photographes...

Je terminais mon café avant de répondre sur sa proposition de m'amener danser ce soir si jamais je le voulais.

-Danser ?Tu sais bien que je n'ai jamais vraiment apprécié de danser et ce n'est pas depuis mon installation ici que ça s'est arrangé. Mais comme je te connais, je veux bien que tu m'y emmènes car je suis sûre que tu ferais tout pour me convaincre. Donc oui, je veux bien que tu m'amènes danser. Mais j'y penses, comment vont Julian et ta mère ?

Repenser au pays m'avaient bien évidemment amenée à penser à son meilleur ami et sa mère. Et si je n'avais jamais vraiment eu de liens étroits avec le premier, j'avais adoré la seconde qui avait toujours été d'une grande gentillesse à mon égard. Je me rappelle combien elle aimait répéter qu'elle était fière de voir son fils avec une "jeune fille aussi adorable". La pauvre, si elle savait qu'aujourd'hui, j'étais moins adorable qu'autrefois...

Rien qu'à voir son regard soudain plus brillant, je su que ce que j'avais dit lui avait fait plaisir. Dans toute la forcé qu'elle dégageait, il y avait toujours un brin de timidité et de modestie qui m'avait toujours plut chez elle. Gwen était de ce genre de femme sûres d'elles mais ayant toujours besoin d'être rassurées. Et je fus encore plus heureux quand elle m'annonça qu'elle commencerait à s'intéresser au sport pour moi. C'était un honneur et je penchais légèrement la tête de côté comme pour le lui signaler. Oh je ne lui demanderais certainement pas toute l'historique sur le baseball ou ma carrière, mais simplement de voir que j'avais réussi dans ce que j'avais entrepris me ferait plaisir. A vrai dire j'étais connu certes, mais seulement du milieu et en général seulement par les hommes new-yorkais puisque j'étais le joueur vedette de l'équipe de leur ville. Ce n'était pas suffisant pour rendre fiers mes proches.

Je finis par hocher la tête doucement pour répondre à ses questions. Arrêter, oui il le fallait. Je préférais partir avec les honneurs plutôt que me faire virer pour mes mauvaises performances. On avait beau dire mais le sport c'était comme ça. La suggestion de Gwen pour remplacer le sport me fit rire et je ne m'en retins pas.

« Oui oui...je vais arrêter il est temps. 9 ans c'est déjà une belle carrière ! » Je souris avec plaisir avant de reprendre. « Tu m'avais caché que tu lisais dans les pensées ! J'ai reçu plusieurs proposition pour des séances photos et je pense accepter. Je deviendrais peut-être mannequin alors... »

C'était tellement plaisant de retrouver Gwen. On savait toujours comment faire plaisir à l'autre et on ne s'en privait pas. Faire fureur devant les photographes, ah elle n'avait peut-être pas tort, je savais comment poser et je devais bien avouer que j'aimais ça. Bien heureusement c'était plus par jeu que par égo, je me serais retrouvé bien seul sinon et Julian m'aurait vite remis à ma place de toute façon. Je souris un peu plus quand elle me signala qu'elle n'aimait pas danser. Quelque chose me disait qu'elle changerait vite d'avis une fois qu'elle se retrouverait dans mes bras. Qui pouvait ne pas aimer danser dans les bras d'un bel homme ou d'une belle femme ? Je la défiais de ne toujours pas aimer après notre soirée.

« Tu changeras vite d'avis dans mes bras...je te le paries » répondis-je avec un sourire en coin.

Mais elle changea aussitôt de conversation pour me demander des nouvelles de Julian et de ma mère. Il était vrai qu'elle connaissait un peu Julian, mais pour ma mère, elle était presque déjà comme sa fille à l'époque. Je ne me rappelais plus le nombre de fois où elle m'avait demandé quand est-ce que je comptais demander sa main à son père. Sur quoi je rechignais à chaque fois qu'on était trop jeunes pour penser à ça. Le mariage. Aussi parfaite pouvait-elle être, aussi parfait que puisse être la prochaine personne qui aurait droit à une relation stable avec moi, le mariage, jamais. Je n'étais pas fait pour ça et notre séparation à Gwen et moi en témoignait parfaitement. J'avais besoin de liberté que le mariage n'offrait pas.

« Oh ma mère habite en banlieue, je l'ai faite venir il y a 5 ou 6 ans. Elle a l'air de bien s'y plaire, elle s'est fait des tas d'amies. Quand j'arrive là-bas je me fais attaquer par les jolies jeunes femmes de 3e âge. Elle va très bien. Quant à Julian...il devrait arriver sous peu à New-York. Je n'ai pas eu de nouvelles depuis qu'il a pris le bateau. Mais le connaissant, il doit déjà être arrivé depuis longtemps et il viendra me voir quand il sera posé. Tu le connais, il a sa fierté. »

Je lui souris à nouveau avant de terminer mon café à mon tour.

« Et ta famille à toi ? Ils sont restés à Cardiff ? »

Je faillit éclater de rire en entendant Archi évoquer une hypothétique télépathie mais me contentait de sourire. Car si mon pouvoir touchait bien au psychique, il ne s'agissait nullement de télépathie. Quoi qu'il en soit, j'étais plutôt fière de moi de savoir que j'avais vu juste concernant le futur professionnel de mon ancien petit ami. Avec un tel physique de tombeur, il ne pouvait qu'avoir une belle carrière dans le mannequinat.

Lorsqu'il m'annonça que sa mère était également en ville, je me promis d'aller lui rendre une petite visite dans les prochains jours et éclatais franchement de rire cette fois-ci, hilare en l'imaginant entouré de plusieurs petites vieilles dames. Mais aller voir sa mère était pour moi la moindre des choses, cette femme était d'une trop grande gentillesse pour que j'ose ne pas aller lui donner de mes nouvelles. Une occasion pour moi de retrouver un peu la seule figure parentale qui ai réellement compté pour moi. La seule personne qui m'ai donné l'amour que mes parents n'arrivaient pas à me donner. Quand à Julian, j'ignorais si je devais aller le voir, n'ayant jamais eu de liens très serrés avec lui.

-J'imagine qu'ils y sont toujours, j'ai coupé les ponts avec eux depuis que je suis venue m'installer ici. Tu sais bien que mon père a toujours eu du mal à accepter sa "monstruosité" de fille et ce n'est pas ma mère qui prendrait ma défense...Il n'y a qu'avec elle que j'ai quelques contacts, même si on ne se parle pas au téléphone autant qu'on le voudrait...

Voilà l'une des raisons pour lesquelles j'avais passé la plupart de mon temps avec Speed ou sa mère: mes parents. Des gens bien, jusqu'à ce que qu'ils découvrent ma mutation, peu après mon dix-septième anniversaire. L'adolescence était en effet le moment où les mutants découvraient ce qu'ils étaient réellement...Mais si ma mère l'avait plus ou moins bien prise, la réaction de mon père avait été tout autre et ça n'avait été que grâce à l'une des rares oppositions de ma mère que j'avais pu rester chez moi au lieu d'être jetée à la rue. Mais cela ne m'avait nullement empêchée d'aller m'installer, le temps de laisser mon père se calmer et m'empêcher de le tuer sur place de me rejeter, quelques jours chez Archi. L'avantage étant qu'il comprenait ce que je ressentait, même si j'étais persuadée que jamais sa mère ne l'aurait rejeté pour ce qu'il était. Aucun enfant ne le méritait. Nos cafés étants tous deux terminés, j'hésitais à en commander un autre ou demander l'addition à la serveuse, ne sachant pas ce que voulais faire Speed. Mais après tout, pourquoi partir maintenant ?Nous avions encore le temps de discuter...

Gwen. Je la regardais un instant, me remémorant le passé. Avait-elle toujours été distante comme elle l'était aujourd'hui ? Si c'était le cas, je n'en avais pas le moindre souvenir. Mais sans doute ma mémoire me faisait défaut après tout ce temps et tout ces rêves qui se mélangeaient à mon passé. Comme elle le disait, ça n'allait déjà pas fort avec son père quand nous nous fréquentions et je suppose qu'elle en était déjà touchée. Elle avait toujours voulu paraître forte et sans doute arrivait-elle à duper tout son entourage. Elle avait du subir encore plus d'épreuve depuis que nous ne nous étions vu et cette carapace qu'elle affichait s'était renforcé. C'était probablement ce que je remarquais et je ne voulais y prêter une trop grande attention. Le faire aurait été pour elle un affront et naturellement, comme si je l'avais toujours connu, je lui souris avec mon sourire habituel et franc, se voulant agréable et protecteur.

Nos cafés étaient terminés et je ne tenais pas à en prendre un autre, étant d'un naturel dynamique, je vous laisse imaginer l'effet de deux cafés sur mon organisme. Je me levais et remis ma veste tranquillement avant de lui proposer ma main, il était temps d'une petite promenade (car encore trop tôt pour un repas). Je payais les deux cafés avec un léger pourboire avant d'attraper mon amie par la taille et l'entrainer de nouveau vers le parc.

« Et que dirais-tu d'une promenade pour se mettre en appétit !? Tu habites loin d'ici ? Peut-être qu'on pourrait se mettre sur notre 31 pour ce soir ?...Sinon je t'offre une robe en ville... »

Je la regardais avec plaisir, un sourire en coin. Non pas qu'elle n'était pas belle habillée ainsi, mais peut-être qu'une robe de soirée conviendrait mieux au bar dans lequel je comptais l'amener. Un peu chic et guindé mais sans tabou. Un de ses bars où l'on pouvait boire, fumer (et pas que du tabac) sans honte que l'on soit homme ou femme. Un de ses bars où des créatures de rêves enfilent des robes rouges pailletées pour chanter des chansons qui dénigre le sexe masculin. J'aimais cette ambiance et j'étais (presque) certain que Gwen aimerait aussi. Après tout, si nous étions sortis ensemble par le passé, c'est que nous avions quelques points communs et celui n'avait peut-être pas changé.

« Que préfères-tu alors ? Un cadeau de ton meilleur ex-petit-ami ? Ou une robe que tu as déjà porté une vingtaine de fois ? »

« Je dois dire que j'aurais besoin d'un nouveau costume moi aussi.... » ajoutais-je l'air de rien en souriant mais visiblement et clairement pour faire pencher la balance vers la case shopping.

Nos cafés terminés, Speed prit la suite de notre rendez-vous (ce n'en était pas réellement un puisqu'aucun de nous ne l'avait prévu mais je ne savais pas comment l'appeler) en main et m'entraîna hors du café, après avoir payé nos consommations. A mon plus grand plaisir car j'avouais sans grande honte ne pas me sentir particulièrement a l'aise dans ce genre d'endroits. Pas que je pouvais avoir peur des gens, loin de là puisque c'était eux qui devaient avoir peur de moi, mais moins je me retrouvais en présence d'humains, mieux je me portais. Car a chaque fois que je venais toute seule passer une soirée dans un bar, mon espace vital finissait toujours par être envahi par un dragueur du dimanche qui pensait pouvoir m'attirer dans son lit en me payant un verre tout en me racontant des blagues plus que douteuses. Heureusement qu'un regard noir et qu'une phrase pleine de menaces promettant toutes les douleurs de l'enfer dissuadaient en général ces minables de continuer a m'importuner...Mais mon malaise envers les cafés fût relégué dans un petit coin de ma tête quand mon ancien petit ami passa un bras autour de ma taille et ne me gênais pas pour faire de même. Et peu m'importait que nous puissions passer pour un couple aux yeux des passants.

Revint ensuite dans la conversation notre future danse de ce soir. Mais moi qui n'aimait pas danser, j'étais pleinement prête a le faire avec Archi, qui me fit sourire en évoquant le fait qu'il pourrait m'offrir une robe pour notre soirée. Seigneur, mon ancien petit ami était vraiment l'homme parfait. Pourtant, n'importe quelle femme serait aux anges en s'entendant proposer de se faire offrir une robe. Car oui, je pouvais être la pire des garces, je restais une femme et adorais par conséquent le shopping. Bon, j'allais la plupart du temps dans les luxueuses boutiques que comptaient la ville mais rares étant les personnes se promenant en pleine rue habillées en robe de cocktail, je me devait bien d'aller dans des boutiques un peu moins aisées pour trouver des vêtements plus "passe-partout" au regard des humains lambdas. Aussi trouvais-je qu'aller faire du shopping était une idée parfaite, plus particulièrement si je pouvais avoir tout ce dont j'avais envie. Dans la limite du raisonnable bien entendu, étant donné que je ne tenais pas a abuser de la gentillesse de mon ami. Une robe de soirée suffirait amplement.

-J'habite a l'extérieur de la ville donc aller chez moi risque d'être long pour y aller a pieds donc va pour le shopping. D'ailleurs ça tombe bien, je commençais a avoir besoin de refaire ma garde-robe. (Je marquais une pause) Et puis cela nous rappellera toutes les fois où je t'ai traîné au centre commercial alors que tu aurais préféré faire autre chose...

Je me retins de rire en repensant aux journées entières durant lesquelles je l'avais forcé a m'accompagner au centre commercial, le traînant dans toutes les boutiques qui me paraissaient intéressantes tandis qu'il râlait, étant dans ses mauvais jours. Mauvais jours qui tombaient étrangement quand j'allais faire les boutiques. Mais aujourd'hui, c'est lui qui choisissait les boutiques où nous allions aller. J'avais envie de me laisser porter, découvrir les surprises qu'allaient compter la soirée qui s'annonçait plutôt que de tous savoir a l'avance...

L'idée du shopping n'avait pas déplu à Gwen, loin de là. Et je m'attendais évidemment à cette réponse affirmative. Je me rappelais encore combien je l'avais attendu à l'époque où nous sortions ensemble, à l'extérieur d'une boutique tandis qu'elle faisait des emplettes interminables. Je m'asseyais sur un banc ou j'abordais un passant pour discuter en général, jusqu'à ce que je la vois ressortir, le sourire aux lèvres et des sacs pleins les mains. Alors je souriais doucement de la voir aussi heureuse avec seulement quelques achats (presque) insignifiants.
Mais inévitablement j'avais changé. J'étais devenu un sportif professionnel et bien évidemment le look devait faire partie intégrante de mon image. J'avais fini par y prendre goût (peut-être même un peu trop rapidement) et je me faisais un plaisir de faire du shopping à présent. Julian me traiterait d'homo s'il savait ça. Bien entendu de façon gentille. Il savait très bien que je l'étais à moitié après tout. J'adorais dénicher les chemises les plus confortables, belles et dont la matière serait presque unique.

« Alors allons-y » annonçais-je souriant.

Je l'entrainais vers la Cinquième Avenue, la rue la plus commerçante de la ville. Nous pourrions y trouver les boutiques que j'avais l'habitude de côtoyer, à savoir les boutiques de luxe. Et quelque chose me disait que Gwen en était aussi une habituée surtout si elle était présidente de sa boîte. Je marchais à ses côtés comme par le passé sauf peut-être qu'on se sentait plus libre tous les deux. C'était une sensation agréable, surtout qu'elle m'avait manqué.
J'entrais dans la première boutique que nous croisâmes. Les robes présentées en vitrine étaient superbes. Gwen trouverait sans doute son bonheur.

« Choisis celles qui te plaisent, je viendrais te voir essayer, en attendant je vais voir les costumes »

Je ponctuais mon affirmation d'un sourire et je m'éloignais vers le rayon des hommes : costumes et chemises étaient au rendez-vous. Je parcourais un peu des yeux avant de tomber sur un costume simple bleu foncé. J'attrapais une chemise bleue clair pour aller avec, une ceinture marron et cela ferait l'affaire. Très peu pour moi les noeuds papillon et les cravates. Moins j'en mettais mieux je me portais même si l'entraîneur m'y obligeait pour les soirées de gala avec le reste de l'équipe.
Je revins vers Gwen avec mes vêtements. Une vendeuse vint les chercher pour me les empaqueter déjà et je marchandais avec elle pour que l'on puisse se changer directement dans la boutique et qu'elle emballe les vêtements que l'on portait actuellement. Avec un sourire charmeur et quelques compliments, la vendeuse ne fit aucune difficulté et je pus me consacrer de nouveau à Gwen.

« Tu as trouvé la plus belle robe ?...Quoiqu'elles doivent aller toutes très bien sur une jolie femme »

Si faire du shopping et pouvoir dépenser une importante somme d'argent pour une montagne de vêtements tous aussi classes les uns les autres était un vrai plaisir lorsque l'on était seule, ce n'était rien comparé au fait d'être accompagnée pour le faire. Et quand ce n'était pas moi qui payait, c'était encore mieux. Voilà ce dont a quoi je pensais, tandis qu'Archi et moi nous allions dans la Cinquième Avenue, le paradis des boutiques haut de gamme qui faisait le bonheur des gens aisés et le fantasme des simples employés pour qui un seul costume ou une seule robe reviendraient a plusieurs mois de salaire. Et en voyant les somptueuses robes en vitrine, je me sentis toute excitée a la simple idée que l'une d'elle serait bientôt mienne. Arrivés dans l'une des boutiques, Archi me proposa d'aller voir les robes pendant qu'il allait voir les costumes de son coté. J'hôchais la tête, espérant pouvoir trouver la robe idéale pour notre soirée.

-Le rêve...

Aussi a l'aise dans ce magasin et excitée que le serait une petite fille devant un énorme étalage de bonbons, je parcourus chacun des rayons en ne pouvant pas m'empêcher de sourire: toutes ces robes étaient aussi belles les unes que les autres mais pour aujourd'hui, je n'en voulais qu'une seule. Robe que je ne tardais pas a trouver quelques minutes plus tard, avec un léger soupir de soulagement. Bien sûr, je me serais parfaitement contentée d'une autre mais étant une personne (très) exigeante, je détestais ne pas avoir ce que je voulais. Mais ayant la robe que je voulais, je la pris donc avant de me diriger vers les cabines d'essayage où Archi m'attendait, déjà habillé. Je le détaillait avec intérêt, trouvant que le bleu était décidément la meilleure couleur qui puisse lui aller. Je lui montrais la robe lorsqu'il me demanda si j'avais trouvé ce que je voulais:

-J'ai trouvé et un avis masculin me sera fort utile...

Après lui avoir sourit, je m'enfermais dans la cabine d'essayage pour essayer la robe. De couleur noire, elle était décolletée sans trop l'être ainsi que très près du corps, ce qui avait pour avantage de ne rien cacher de mes formes avantageuses. A la fois simple mais élégante, elle était parfaite pour notre soirée. Soirée qui s'annonçait déjà comme excellente, ce qu'elle ne pouvait t'être qu'avec un cavalier comme mon ancien petit ami. Cette soirée n'allait qu'être une soirée entre deux amis perdus de vue depuis des années qui, après s'être retrouvés, allaient fêter leurs retrouvailles comme il se le devait. Juste deux amis...Après un dernier regard satisfait sur ma tenue, je sortit de la cabine pour me montrer a Archi.

-Ta compagne pour ce soir te convient-elle ?

Je n'eus guère longtemps à attendre. Quand je la rejoins, Gwen avait déjà trouvé ce qu'elle souhaitait et n'attendait plus que d'avoir mon avis. Je lui souris avec plaisir me faisant une joie de la revoir dans une robe de soirée. Ce n'était pas qu'une dizaine d'années étaient passées et que la mode avait changé, mais un peu quand même et j'étais curieux de voir à quel point les nouveautés pouvaient bien lui aller. Elle entra dans la cabine, en jeune femme indépendant et épanouie qu'elle était et je me tournais un instant vers l'intérieur du magasin. Seulement une poignée de clients y circulaient, et je remarquais alors la vendeuse qui me regardait à demi, les pommettes rouges et les lèvres humides. Je lui adressais un sourire en coin. Si j'avais été seul, je n'aurais pas hésité à flirter avec elle comme je le faisais à chaque fois que je venais. Cette petite Lynda était probablement une sauvageonne à l'intérieur mais la société l'avait bridé à tel point qu'on entrevoyait même pas la clé de sa cage. Seulement voilà, j'étais avec Gwen et par respect pour elle, je ne regarderais pas les autres femmes ce soir. Il n'y aurait que Gwen.

C'est alors qu'un ange sortie de la cabine d'essayage. Un ange habillé en noir certes, mais qui a dit que les anges ne portaient que du blanc ? J'ouvris la bouche alors que les mots m'échappaient avant de sourire avec un plaisir que je ne dissimulais pas. Gwen n'avait jamais été aussi jolie que dans cette simple robe noire sans prétention mais au fini parfait. Est-ce que c'était parce-que je ne l'avais pas vu depuis si longtemps ? Est-ce qu'elle s'était embellie durant ces années ? Je ne pouvais pas mettre le doigt sur la raison exact mais quoi qu'il en soit, elle était là et j'étais fier d'être son cavalier pour la soirée. Je posais ma veste sur mon avant-bras avant de m'approcher d'elle et lui prendre la main pour y déposer un baiser.

« Quel honneur pour moi d'être votre cavalier ce soir chère amie...vous n'avez jamais été aussi ravissante. »

Je me redressais pour lui sourire avant de lui proposer mon bras pour rejoindre la caisse et payer le montant dû. La nuit commençait à tomber, il était temps que la soirée commence. Souriant, je l'entrainais dans la rue et hélait un taxi. Après quelques minutes, l'un d'entre eux s'arrêta devant nous et nous grimpâmes dedans. Je lui indiquais l'adresse d'un restaurant-bar dansant et nous filâmes à travers les rues de New-York. Je tournais les yeux vers ma compagne un instant, je n'en revenais toujours pas qu'elle soit en ce moment même à mes côtés.

« Je sais qu'on ne s'est pas vu depuis longtemps mais...tu sais que tu peux compter sur moi en cas de problème n'est-ce pas ? »

Je plongeais ma mains dans ma veste pour en tirer une carte de visite sur laquelle il y avait mon adresse personnelle, celle de mon lieu d'entrainement et les numéros de téléphone respectifs des deux endroits. Je la regardais et lui souris, les années étaient passées, nos sentiments aussi mais j'avais envie de l'embrasser tendrement par simple sentimentalisme. Et comme je n'avais pas pour habitude de refouler mes pulsions, je me penchais doucement pour caresser son visage et l'embrasser sur le coin des lèvres. La voiture cahota avant de s'arrêter. Nous étions arrivés. Je payais le chauffeur et sorti avant d'aider ma cavalière à sortir à son tour. Nous entrâmes dans le restaurant, du monde était déjà attablé mais il n'y avait pas encore foule (probablement d'ici une heure) et je demandais une table pour deux au nom de Speed Vaughn. En entendant mon nom, le serveur se plia en quatre pour nous trouver une table réservée dont il annula la réservation immédiatement pour que l'on puisse s'y installer. La soirée s'annonçait particulièrement excellente.

Visiblement, ma tenue sembla plaire a Speed, ce qui me rassura. Pas que je puisse avoir une quelconque raison d'être inquiète car, de mon avis personnel, je ne manquais absolument pas de charme mais nous nous étions perdus de vue depuis maintenant tant d'années que j'avais peur de ne pas lui plaire comme avant. Mais vu la manière dont il me regardait en cet instant, je devais être parfaite pour notre soirée de retrouvailles. J'eu un sourire quand il vint me prendre la main et rougit légèrement, ayant perdu l'habitude de voir un homme se montrer attentionné à mon égard. Car pour tous ceux que j'avaient fréquenté, ne serait-ce que pour un soir, j'étais juste une conquête passagère avec qui il pouvait se pavaner pour voir la jalousie teinter le regard des autres hommes en me voyant à leurs bras. D'ailleurs, en parlant de jalousie, je vis le regard que je me jetais la vendeuse (qui n'était pas restée insensible au charme naturel de Speed) se tenant non loin de nous et je ne pût pas m'empêcher de lui sourire en quittant la boutique pour rejoindre la rue où je fût bientôt installée dans un taxi, impatiente d'être au restaurant où la soirée devait se dérouler.

Et fidèle à lui-même, mon ancien petit ami m'assura de sa présence en cas de besoin, ce dont je lui fût reconnaissante. Durant le temps que dura notre relation, j'avais toujours eu la possibilité de pouvoir compter sur lui à chaque coup dur et j'étais incapable de dire combien j'étais rassurée et heureuse de le savoir près de moi, de savoir que quelqu'un pour qui j'étais importante s'inquiétait pour moi. Chose dont l'effrontée et inexpérimentée jeune galloise que j'avais été en arrivant sur le sol américain avait appris à se passer, consciente qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même pour se construire. Mais mes pensées furent agréablement interrompues par Archi qui m'embrassa. Aussi je ne me rendis pas tout de suite compte que nous étions arrivés, souriant presque béatement de joie et de plaisir. L'entrée dans le restaurant, l'installation à notre table...J'avais l'impression de rêver. Mais en général, c'était tout à fait le genre de réactions que la simple présence de mon ancien petit ami permettait d'avoir, comme si être en compagnie d'un homme aussi attirant était trop irréel pour être vrai.

-Je crois que je ne pourrais jamais te remercier assez pour cette soirée, ni te dire combien je suis heureuse de t'avoir retrouvé. Dieu sait combien j'ai besoin de quelqu'un sur qui me reposer en cas de besoin...

En temps normal, je n'aurais nullement montré un quelconque signe de faiblesse à qui que ce soit mais Speed connaissant tout de moi, lui mentir était inutile. Et pour bien lui montrer que j'étais heureuse de sa présence, je l'embrassais comme il l'avait fait tantôt. Ce n'était pas un baiser d'une femme pour l'homme qu'elle aimait mais celui d'une femme retrouvant son ancien amour, il y avait une légère différence. Et puis, il m'avait embrassée alors pourquoi pas ?Avec un léger sourire, je m'intéressais à la carte qu'un serveur venait de nous apporter. Notre soirée allait être parfaite.