I'm not good enough to you now, Honey...

RAVEN DARKHÖLME & VICTOR CREED« I'm not good to you now, Honey... »

Victor était arrivé ce matin dans cet endroit. Il se demandait même ce qu’il foutait là d’ailleurs… Enfin se demander… Il savait pour quoi… Pour qui… Et ce que Lise lui avait annoncé, s’il ne réagissait pas n’était pas très beau à voir. Il avait eu peur que Charles refuse son aide. Surtout avec ce qu’il s’est passé avec sa sœur l’autre soir au bar. Mais c’était pour elle qui le faisait, et ca, Charles ne pouvait le nier… Télépathe, Victor n’avait aucun moyen de lui mentir. Et Xavier avait senti la sincérité de celui-ci.

Charles l’avait convié à l’attendre dans son bureau, il avait quelques trucs à faire avant. Il lui indiqua où il se trouvait par image mentale, en lui disant qu’il le rejoindrait dès que possible. Victor était donc entré dans le bureau de Xavier et l’attendait patiemment. Victor savait que le prof aurait beaucoup de boulot avec lui, il se demandait même si refouler totalement la bête était encore possible pour lui aujourd’hui. Mais comme on dit : Qui ne tente rien n’a rien… Mais en même temps, il se demandait : s’il ne réussissait pas... Qu’est ce qu’il risquait de se passer… Lise ne pouvait pas encore répondre à cette question et à vrai dire, Victor n’était peut-être pas si sûr de vouloir savoir la réponse. C’était un homme qui vivait principalement dans le présent… Mais quand on lui prévoyait une mort comme la sienne… Comment pouvait-il en venir à aller supplier James de le tuer ? Qu’a-t-il fait… ou plutôt fera… de si horrible pour lui demander ca. Non… Il ne voulait pas le savoir.

Il avait jeté son manteau sur le dossier d’un fauteuil de manière nonchalante, après l’avoir récupéré de Lise. Il tourna dans la pièce un moment, jetant ses yeux partout… Allant jusqu’à observer par la fenêtre les jeunes dehors. Certains s’entrainaient, d’autres s’amusaient, ou encore discutaient… Victor ne pouvait pas s’empêcher de se dire : S’il y avait eu une pareille chose de son époque, James et lui auraient surement eu de meilleures chances. Mais il était clair qu’ils n’étaient pas nés à la bonne époque ces deux-là. James… Il pensa à lui… Pourrait-il aussi l’aider ? Il l’avait revu rapidement. Amnésique… Il avait tellement eut à dire sur lui… Ces souvenirs… Qu’il n’avait pas pensé à lui parler de Raven… D’ailleurs… Sachant qu’elle trainait dans les parages, Victor avait pris soin de ne pas la croiser… Il avait peur de sa réaction face à lui. Peur de voir la peur en retour dans son regard… Il soupira, ferma les yeux alors qu’il posa la tête sur le bord de la fenêtre. Que foutait Charles ? Il soupira quand il entendit le cliquetis de la porte derrière lui. Il pivota, mais rapidement, il sentit l’odeur de la personne qui entrait.

Il ne pouvait pas la confondre. Ce parfum si doux et attractif qui l’avait séduit ce soir là. Victor jeta un regard circulaire dans la pièce. Se cacher… Mais où ? Il était un peu pris au dépourvu et il faut aussi avouer que cacher une masse comme Victor n’était pas facile. Bien qu’en pleine nuit, il savait bien le faire… mais là… Allez trouver une source d’ombre. Il n’était pas prêt à lui faire face et encore moins de lui parler… Il n’avait pas seulement peur de la façon dont elle le regarderait mais aussi ce qui pouvait en découler si… cela allait trop loin.

Bon il n’y avait pas trente-six solutions : Derrière le bureau. Dans un mouvement fluide, il vint à se planquer derrière le bureau. De là où il était, il pouvait voir les pieds de la demoiselle. Il pouvait sentir son odeur et entendre ses pas à travers la pièce. Il pensait qu’après avoir vérifié si Charles était là, elle serait repartie, mais non… Elle avait bien l’intention de rester là, surtout quand il constata qu’elle vint à s’asseoir face au bureau. Crap. Et quand il se rappela d’une chose assez phénoménale qui trahirait surement sa présence : Son grand manteau noir qu’il avait jeté sur un fauteuil. Si elle venait à le voir, il savait qu’elle le repèrerait ou du moins, elle en viendrait à comprendre sa présence. Il se retint un long soupir, respirant à peine, et croisant les griffes pour ne pas qu’elle vienne à le chercher dans la pièce. Il attendit…

▬ Je… Je sais que tu es là.

▬ Victor. Montre toi. Il faut... Qu'on parle.

Victor était sur le bureau et voyait les pieds de la jeune femme qui se tremblaient d’agacement… ou plutôt d’un stress quant à une discussion qu’elle voulait avoir avec Charles. Victor ne bougea pas, ses sens aux aguets. Il espérait intérieurement qu’elle ne capte pas son manteau. Puis les mouvements cessèrent nets. Ce n’était pas forcement bon. Elle se leva d’un coup tout en aillant un mouvement de recul, Victor ferma les yeux et pesta intérieurement. P*tain de m*rde… Il pouvait entendre les battements du cœur de la jeune femme qui battaient la chamade. Voilà ce qu’il ne voulait pas… Elle avait peur de lui aujourd’hui. A cause de ce qu’il a fait ce soir-là. Il voulait juste disparaitre, ne plus être ici et quand elle prononça ces mots… Elle l’avait repéré, mais ce n’était pas ca qui le contrarié, c’était le son de sa voix… Tout ca… Besoin de parler ? Il n’avait pas envie de le faire à cet instant. Mais avait-il le choix ?

Il lâcha enfin ce soupir qu’il retenait depuis bien trop longtemps avant de commencer à se relever doucement pour faire face à la jeune femme. Pourtant il n’osa pas la regarder en face, par peur de voir ce qu’il se trouvait dans ses yeux. Elle avait le dos tourné et ne semblait pas l'avoir vu, cherchant de l'autre côté de la pièce. Il avait posé ses mains sur le bureau. Il fit un pas vers elle. A cet instant, il avait qu'une envie, c'était de la prendre dans ses bras et lui avouer ses fautes... Mais c'était prendre un énorme risque... Du coup, il souffla pour capter son attention.

VICTOR « Raven… Je sais bien ce que tu penses là et… j’entends bien le battement de cœur dans ta poitrine… Tu es morte de trouille à l’idée que je sois ici, près de toi. »

Il n’avait pas vraiment envie de parler, là… tout de suite… ou du moins pas à Raven. Pas qu’il ne l’aimait pas, c’était surement le contraire mais surtout, il ressentait la honte de ce qu’il s’était passé dans ce bar.

VICTOR « Laisses tomber… Je ne suis pas encore… enfin… Laisses tomber… On ferait mieux d’en discuter… plus tard… »

Il passa devant le bureau et vint à attraper son grand manteau. C’est en passant non loin d’elle qu’il remarqua qu’elle avait encore la trace des entailles de ce qu’il lui avait fait l’autre jour. Il détourna rapidement le regard. Il se dirigea vers la porte puise se stoppa. Il était en train de fuir comme un lâche… Il n’aimait pas du tout cette image. Il ferma de nouveau les yeux, se mordit la lèvre inférieure avant de dire, sans pour autant vouloir lui faire face :

VICTOR « Désolé… pour ce que je t’ai fait. Tu ne sais pas à quel point… Je… fais du mal… toujours… Et maintenant, je sens bien que tu as rejoint ces autres qui sont morts de trouille, juste à l’idée de… croiser mon regard. Je ne peux même pas te regarder en face, c’est pitoyable. Tout ca, je ne peux pas le supporter. Pas venant de toi… mais en même temps tu as raison… de te méfier de moi. Pour l’instant… j’espère. Je voulais te protéger Raven et j’en suis arrivé à devenir la menace. Je t’ai fait mal, j’en suis conscient et… je ne veux pas y penser. Je veux juste que ca ne recommence plus jamais. Alors pour l’instant, éloignes-toi de moi. »

Il en était venu à serrer un de ses poings jusqu’au sang, alors que ses griffes se plantèrent dans sa chair. Un mal pour un mal… C’était bien la première fois depuis très longtemps qu’il se mettait dans des états pareils pour une femme… A vrai dire, il n’y avait eu que Rose. Bien que la douleur ne lui faisait pas vraiment d’effet, il sentait juste légèrement le sang glisser entre ses doigts.

Son cœur cherchait à s'échapper de sa poitrine, à franchir la barrière de la chair et des os, contre lesquels il cognait furieusement. Il s'agissait certainement de l'effet de la peur, oui, mais pas d'une peur panique, plutôt de celles qui précèdent quelque chose d'important. Une sorte de stress pré-évènement crucial. Car cette rencontre, elle l'avait attendu. Souhaité. Déjà imaginé maintes fois. Mais jamais elle n'avait réussi à esquisser une réalité hypothétique satisfaisante de ce qu'il se passerait quand elle surviendrait. Pourraient-ils reprendre une conversation, une relation, après ce qui s'était passé ? Et sa promesse de lui raconter son histoire, la tiendrait-il ? Avait-elle vraiment tout gâché, toute chance de faire partie de sa vie ? Ces craintes étaient telles, pas une seule seconde elle ne craignait qu'il la violente. Plutôt qu'il la repousse. Qu'il refuse son pardon. Et elle avait eu raison d'avoir peur, au vu de sa réaction. Elle ne l'avait pas entendu approcher dans son dos et lorsqu'il souffla, elle fit volte face, son propre souffle coupé. Elle chercha son regard, il le refusa, planté dans le sol. Elle aurait voulu trouver quelque chose à dire, mais les seules paroles qu'elle lui offrit, furent les battements de son cœur, qu'elle entendait bourdonner jusque dans ses propres oreilles. ▬ Raven… Je sais bien ce que tu penses là et… j’entends bien le battement de cœur dans ta poitrine… Tu es morte de trouille à l’idée que je sois ici, près de toi. Ses sourcils se froncèrent. Il se trompait sur toute la ligne ! Elle prit une grande inspiration pour lui répondre, mais il ne lui laissa pas le temps de protester, s'empressant de couper court à la discussion. ▬ Laisse tomber… Je ne suis pas encore… enfin… Laisse tomber… On ferait mieux d’en discuter… plus tard… ▬ Mais… Quand ? S'offusqua-t-elle, complètement déboussolée face à son air défait et ses yeux qui rebutaient à se poser sur elle. Ce rejet, c'était... A lui fendre le cœur. Elle ne voulait pas attendre, pas de "plus tard" ! Ni qu'il parte, comme ça, comme si... Comme si tout ça, elle, eux, n'avait pas d'importance ! Elle se mordit la lèvre, essayant de trouver un sens au milieu du chaos sentimental qui se déchainait en son for. S'il lui fallait du temps, elle pouvait essayer de faire un effort pour se contenir et lui laisser de l'espace, même si la patience n'était clairement pas un de ses points forts. Surtout maintenant qu'elle le savait ici. Il ne voulait pas l'éviter indéfiniment, si ? Il confirma ses pensées en attrapant son manteau et lui passant à côté sans la voir. Elle se prit le revers en pleine figure et en resta coite, la bouche entrouverte, sans trouver un mot pour le retenir. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle joue et qu'elle perde, encore une fois ? Relevant les yeux, elle s'apprêtait à lui hurler dessus qu'il n'avait pas le droit d'abandonner, profondément vexée qu'il n'essaie même pas de se battre pour elle, lorsqu'elle vit son regard vriller sur ses cicatrices. Elle essaya de les cacher sous la paume de sa main, par réflexe, mais un réflexe trop lent: le mal était déjà fait. ▬ Désolé… pour ce que je t’ai fait. Tu ne sais pas à quel point… Je… fais du mal… toujours… Et maintenant, je sens bien que tu as rejoint ces autres qui sont morts de trouille, juste à l’idée de… croiser mon regard. Je ne peux même pas te regarder en face, c’est pitoyable. Tout ca, je ne peux pas le supporter. Pas venant de toi… mais en même temps tu as raison… de te méfier de moi. Pour l’instant… j’espère. Je voulais te protéger Raven et j’en suis arrivé à devenir la menace. Je t’ai fait mal, j’en suis conscient et… je ne veux pas y penser. Je veux juste que ca ne recommence plus jamais. Alors pour l’instant, éloignes-toi de moi. ▬ T'es complètement à côté de la plaque. Lâcha-t-elle, complètement retournée, et sûrement un peu trop sèche. ▬ Qui crois-tu être pour décider à ma place ? Alors tu déciderais pour nous, et j'aurais même pas mon mot à dire ? Tu crois qu'on se débarrasse de moi si facilement ? La tristesse la forçait à contre-attaquer. Elle se refusait à encaisser ses raisons sans même essayer de les combattre. Certes, il n'avait pas tort, pas du tout. Il n'était pas un petit chaton inoffensif, et elle, elle n'était pas facile à vivre et risquait effectivement de lui donner des raisons de lui faire du mal. De réveiller la bête en lui par sa conduite irréfléchie. Encore. Comme la fois précédente. Mais elle ne voulait pas de son "plus jamais", ni de sa fuite loin d'elle, ni qu'il lui interdise de l'approcher, qu'il s'interdise lui même de la fréquenter. Elle n'avait pas envie d'être sans cesse protégée de tout ! Et certainement pas de lui ! Elle n'avait même jamais cru en avoir besoin. Elle savait qu'il n'avait pas voulu la blesser, et que la dernière fois, ce n'était pas sa faute à lui. Et certes, elle méritait la punition, mais... Elle la trouvait tellement disproportionnée ! ▬ Voilà ce dont j'avais peur. Que tu me laisses tomber. Parce que j'ai merdé, alors que tu m'avais prévenu, je sais, mais... Ne me dis pas que c'est pour mon bien ! Ça ne peut pas être pour mon bien que tu me fais du mal ! Parce que oui, là, j'ai mal. En partant tu me fends le cœur, et les égratignures sur mes bras, à côté, c'est de la gnognotte ! Sous la colère et désemparée, elle n'avait même pas remarqué qu'il s'était ouvert la main, et soudain, elle remarqua le sang au sol. En quelques enjambées, elle avait fondu sur lui et commençait à marteler son dos de ses petits poings, furieuse. ▬ Mais t'es malade ? Tu crois que te lacérer les mains ça m'en fait pas du mal ? Pour quelqu'un qu'est sensé vouloir m'éviter de souffrir, t'es nul ! Ses deux poings contre son dos, elle finit par se calmer et y apposer sa tête, retenant de plus en plus mal les larmes de rage et d'impuissance qui lui étaient montées aux yeux. ▬ J'ai jamais voulu tout ça... Je veux pas que tu partes...

Il était bel et bien paumé notre bon Victor à cet instant précis. Il avait déjà été face à de nombreuses situations, mais face à celle-là… Il n’avait jamais été préparé. Et même n’importe quel entrainement n’aurait jamais pu l’aider à faire face. Et si un jour il s’était dit qu’il se trouverait là où il était maintenant… Il ne l’aurait jamais cru. Ce qu’il voulait, c’est simplement devenir invisible. Fuir. Il devenait de plus en plus vulnérable au fur et à mesure qu’il restait en face d’elle. Et même lorsqu’il ne posait pas ses yeux sur elle, il ne pouvait feindre de ne pas sentir sa présence, son odeur si enivrante… Mais il ne pouvait pas s’approcher de cette fleur, sous peine de perdre la raison encore une fois. Et là… Il n’y avait personne pour le retenir si quelque chose arrivait. Non… Pas comme ca…

Il voulait simplement la protéger de lui. Oui. Simplement. Elle est encore jeune et ne comprend pas ce qu’il est. Il est un tueur, un violeur, un tortionnaire, un mercenaire… Oui, il avait toujours vécu dans la violence, et ce n’est pas comme ca qu’il allait lui apporter ce bonheur qu’il voulait lui donner. Non… Elle venait à s’en vouloir. Pourquoi ? Elle n’avait rien fait du tout. Le seul coupable dans l’histoire, c’est lui. Ca a toujours été lui. Elle n’avait rien à voir là-dedans. Pourtant, il n’arrivait pas à trouver les mots pour répondre à ca. Il avait toujours été nul dans ces moments-là. Alors il se contenta de rester silencieux à fixer le bois de la porte, il serrait les poings pour oublier une culpabilité naissante et qu’il ne reconnaissait pas comme telle. La douleur physique n’est rien… et encore moins pour lui.

Il l’entendit s’élancer vers lui et il sentit alors les poings de la jeune femme taper contre son dos de manière furieuse. Quoi qu’il fasse, il lui faisait du mal. Passer cette porte : Elle souffrirait. Rester ici… Il risquait de la faire souffrir. Quoi qu’il en soit, cela avait aussi des répercutions sur lui. Il ferma les yeux et déglutit avant de dire :

VICTOR « Tu crois que je les ai voulu ? Raven… C’est pas toi le problème, c’est moi ! Je suis un monstre, et tu ne sais pas à quel point je peux me haïr certains jours. Je ne contrôle pas mes instincts et ce qui s’est passé au bar la nuit dernière est un parfait exemple ! Regardes toi Raven, j’ai failli te briser en morceau. Si Charles n'était pas intervenu, je ne... je ne veux même pas imaginer ce qui aurait pu se passer bordel ! »

Il se retourna et attrapa un de ses poignets brusquement, sans pour autant lui faire mal. Depuis qu’ils se faisaient face, c’était la première fois qu’il posait son regard dans le sien.

VICTOR « Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. Je n’ai jamais pensé à faire ca avant. Calmer… tout ca… Avant, je ne pensais qu’à errer dans les bars, tuer… faire des choses les plus horribles les unes que les autres, juste par… plaisir… Jusqu’à ce que tu oses m’interpeller dans ce bar. Tu sais quoi ? T’aurai mieux fait de tracer ta route. Tout ce que j’ai envie de faire à cet instant ? Quand je pose mon regard sur toi ? C’est de me laisser aller. Vouloir… apprécier ce moment, sans pour autant avoir peur que mes instincts primaires viennent à prendre le dessus. Je n’ai pas envie de passer cette porte, mais pour ton bien, je devrai le faire… mais c’est alors que je me rends compte que… j’en suis totalement incapable. »

Il lui lâcha le poignet et fit un pas en arrière.

VICTOR « Je n’ai pas ma place ici. Tu le sais. Mais j’en suis arrivé à n’en pas avoir le choix, car de toute manière, quoi qu’il arrive et depuis ce soir, nos routes viennent à se rencontrer et se lier… Tu as changé quelque chose en moi Raven… Tu as semé ta graine, et maintenant, et si je veux m’en sortir, je dois faire en sorte qu’elle germe. Si je la laisse pourrir, je vais finir par en crever de manière la plus pitoyable qu'il soit, et ce n'est pas des paroles en l'air... Vu que c'est réellement ce qu'il va se passer. »

Il ouvrit sa main qu’il était en train de lacérer et leva sa paume face à Raven, alors que ses plaies se résorbaient déjà.

VICTOR « Ca, c’est rien. T’es bien la première qui s'inquiètes quand j’en viens à me lacérer la main, mais j’ai déjà eu bien pire que ca, tu peux me croire… Tu ne sais rien de moi, de mon histoire... Cette histoire que je dois encore te raconter d'ailleurs... Je te pris de croire que j'ai vécu des choses horribles... Des choses dont tu n'imagines même pas. J'ai vu des guerres, la sauvagerie humaine à l'état brut... Un père ivrogne qui me bâtait tous les soirs, simplement par... plaisir mais aussi dégoût. Des coups sous lesquels je n'aurai pas du survivre... Des ignorants allant jusqu'à brûler une petite fille innocente sur un bûcher, simplement parce qu'il la pensait suppôt de Satan à cause de ses visions. Des sectes... Des sectes prônant un idéal qui appréhendait plus à de la folie, allant jusqu'à... Ces gens... Ces humains pensant qu'en récoltant le sang de nos frères, ils récupéreraient leur force... Des enfants égorgés sous mes yeux... Des messes ignobles... Et encore j'ai plus de cent ans derrière moi... Cette sauvagerie qui a grandi en moi durant plus d'une décennie. J'ai oublié le vrai Victor depuis des années. Il est mort depuis très longtemps... ou plutôt c'est ce que je croyais. Je pensais ne plus pouvoir me soucier de la vie d'une autre personne. »

Il baissa sa main et tout en tirant Raven vers lui dans un geste sec mais qui ne se voulait pas brutal, il lui dit dans le blanc des yeux. Avec un air mélangeant des sentiments de perplexité, d'incompréhension mais aussi d'autres panels de sentiments.

VICTOR « Tu me parles de souffrances Raven... Tu ne sais pas ce que c'est la souffrance. Tu vas faire quoi ? Me pleurer ? Dire que je suis un salop qui t'a laissé derrière toi ? Et après... Rien... Pour moi, tout ca ne sont que des futilités d'être humain... Tu veux me faire face ? Voilà... le problème... Moi j'ai oublié de souffrir. J'ai arrêter de souffrir car j'ai trop souffert par mon passé, et en oubliant celà, j'en viens à faire souffrir les gens qui m'entourent. Tout ca m'a rongé. Il a rongé cette partie humaine qui restait en moi... et toi Raven, tu me sors simplement ton excuse à deux balles pour que je ne passe pas cette porte ? »

Il tira encore sur son bras pour qu'elle vienne presque à atterrir dans ses bras, il approcha son visage du sien, sans pour autant venir le toucher. Il ferma les yeux, s'imprégnant de son odeur. Il ajouta à voix basse.

VICTOR « Mais ce n'est pas la peine de me faire tout ce bordel. Je suis bien là pour une chose. Et tu es peut être celle qui me fait croire en un autre avenir. Celui d'un monde plus agréable que celui que j'ai connu jusqu'alors. Si le monde pouvait avoir ton regard... alors je pense qu'il pourrai avoir une petite chance. Comme cette chance que tu me donnes alors que je ne la mérite même pas. Je veux te montrer le monde, mais en même temps, j'ai tellement envie de te protéger contre la barbarie que j'ai vécu, contre cette réalité, qu'au final, je n'ai pas le choix: je dois rester. Un être aussi beau et aussi magnifique que toi ne devrai pas à devoir se brûler les ailes. Je suis paumé Raven... Si je fuis, je te laisse dans la fosse aux lions et si je reste... Je deviens le fauve qui te met en danger à chaque seconde. J'ai longtemps hésité à faire ce choix et au final, si j'ai trouvé ce compromis: dompter la bête, mais pour celà, il me faudra du temps. En espérant que ca fonctionnera, car je ne sais pas du tout ce que je fais. »

Il s'arrêta alors. C'était bien longtemps qu'il n'avait pas parlé comme ca à quelqu'un. Montrer clairement ses états d'âme. Il devenait vulnérable face à elle, et là, se rendait vraiment compte à quel point... Il se refusa de la toucher d'avantage, mais n'avait que cette envie folle de se laisser aller à venir toucher ses lèvres de nouveau.

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