Aucune sympathie. Aucune expression visible si ce n’était un éternel sérieux qui ne le quittait jamais, sauf peut-être lorsqu’il fermait les yeux sur le monde actuel pour sombrer dans l’imaginaire sous un drap étoilé, entre ses draps, dans l’obscurité de la nuit la plus noire. Des nuits sans rêves ni cauchemars pour perturber ses expressions d’étrange tranquillité, calme absolu et sérénité qu’il ne connaissait pas lorsque son esprit éveiller le tourmentait durant la journée. Il se tenait droit, tête haute, un regard tel une douche froide, glacial, posé sur le corps du jeune homme face a lui, les bras croisé sur son torse, le toisant impunément. Le perçant à jour d’un regard rempli de mépris. Il détestait qu’on lui joue dans le dos. Plus encore lorsqu’on en avait ni les moyens ni le besoin. Et celui-là n’avait ni les moyens, ni les besoins, ni même les capacités pour le faire. Pourtant, il avait osé. Il méritait de croupir dans sa tôle. Il méritait que le ô combien patient Séraphin le laisse là pour son erreur. Erreur fatale, qui plus est. Il n’avait montré aucune reconnaissance envers l’avocat qui pourtant avait accepté avec clémence de prendre sa défense contre tous les autres qui se dresserait devant lui. Et le chien avait tout de même décidé de mordre la main du maître qui le nourrissait. Si ça n’avait tenu qu’à lui, il l’aurait aussitôt fait couler dans la merde, le plongeant dans un tel pétrin qu’il n’avait aucune chance de retrouver un jour le goût de la liberté. Le jeune mutant lui lança un regard de défi qu’il rejeta d’un regard mortellement désagréable. Il ne lui ferait pas tête longtemps. Qu’il lui résiste un temps allait encore. Mais s’il continuait sur cette voie, il ne donnait pas cher de la réputation du morveux.

« Encore une bêtise comme celle-là, une s-e-u-l-e et je m’arrange pour que ce soit la chaise électrique. Est-ce que je me fais bien comprendre ? »

Il n’était pas certain que sa menace se fasse réellement entendre et, pour tout dire, il s’en moquait pas mal. Le gamin n’était après tout qu’une future cible pour le Club, un potentiel allié. Mais des alliés dans ce genre, leur Cause pouvait facilement s’en passer. Ils n’avaient pas besoin d’imbéciles jouant les brutes pour leur bon plaisir en se fichant de ce qui pouvait bien arriver. Ils ne méritaient même pas l’attention que l’Ange Noir leur portait comme il le faisait à celui-là. Il soupira d’agacement et se détacha de lui en se retournant sans ménagement, repliant ses ailes qu’il avait grandement déployé devant lui en connaissant l’impression qu’elles créaient en général. Il les dissimula tant bien que mal et, sachant qu’en plein heure de boulot, il parti momentanément à la recherche d’une cafetière pour calmer ses ardeurs et sa colère qui risquait d’exploser à tout moment s’il ne s’éloignait pas un peu de ce morveux de pacotille. Il se fut un plaisir de prendre la boisson chaude bien noire, bien amer surtout pour le revigorer tant bien que mal. S’assurant que son long manteau sur ses épaules dissimulait parfaitement sa Mutation, Séraphin jeta un coup d’œil aux alentours avant de fixer son reflet dans l’obscurité du café. Pathétique ? Sans doute. Il ne comprenait pas forcément d’où il pouvait bien tirer cette patience surhumaine par moment. Mais elle était là, alors autant en faire usage tant qu’il l’avait encore.

Le poste de police n’était pas son endroit favori, mais son jeune protégé s’y était brutalement retrouvé, le forçant donc à l’y rejoindre par la même occasion. La poisse, en gros, qui le poursuivait comme son ombre dans un labyrinthe. Qu’avait-il fait pour mériter une misère pareille ? Rien ! Bon, il n’était pas le plus angélique des anges, mais tout de même ! Poussant un grognement agacé, l’homme au manteau noir avala ce qu’il lui restait de café dans ce verre de simple carton qu’il jeta sans cérémonie à la corbeille, se fichant bien de la notion de Vert ou de récupération. Reprenant la route, bien décidé à faire entrer dans la cervelle de moineau de ce gosse qui était le patron entre lui et l’Ange Noir, il s’en retourna sur ses pas. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’une comparse de son métier pointait le bout de son nez trop curieux à son goût dans les parages ? Sans ménagement, il fit claquer une porte dans son dos pour être certain de parvenir à attirer toute l’attention qu’il lui était dû, souriant d’un air qu’il prenait tout à fait supérieur. Il détestait qu’on vienne fouiller dans ses affaires… Surtout celles-là.

« Vous cherchez quelque chose, peut-être. »

Une simple question rhétorique qui n’attendait pas spécialement de réponse. Ce n’était vraiment que pour lui signaler qu’elle se trouvait à présent sur son territoire.