Suite au cri poussé par son mystérieux camarade sorti de nulle part, Cameron redressa la tête mais n’eut pas le temps d’éviter l’objet bleu non identifié qui fonçait droit sur elle. Impact imminent. Elle reçut la balle de plein fouet sur son crâne. Inutile de préciser qu’il était désormais un homme mort, d’ailleurs pourquoi l’avait-il prise pour cible ? Elle ne l’avait encore jamais croisé au sein de l’Institut. Furieuse elle laissa échapper un juron avant de se précipiter hors de l’eau, la boule bleue à la main. A son tour, elle la lança violement sur le garçon. Néanmoins, avec sa force comparable à celle d’un chaton il ne risquait pas grand-chose. Elle se moquait éperdument de ses excuses et comptait bien lui étaler le fond de sa pensée. La Diva noua une première serviette autour de sa poitrine et enroula ses cheveux blonds dans la seconde. Il pouvait crever de froid, elle ne lui prêterait rien.

« Tu sais qui je suis petit con ? Je peux savoir ce que je t’ai fait pour mériter une balle dans la gueule ? La prochaine fois, c’est moi qui m’amuserai avec tes balles ! Tu vas finir castré, tu comprendras ta douleur. Si tu veux pas que je fasse un water polo avec tes testicules, sors de ma vue ! »

Le fait qu’il l’avait aperçue toute nue ne la dérangeait pas, elle n’était pas pudique. En revanche elle digérait mal son irruption incognito dans la piscine et la balle qu’elle s’était prise sur la tête. Aucun respect.

« Ils sont tous barrés ici ou quoi ?! Je suis tombée dans une maison de fous ! J’espère au moins que tu crèves de froid, tu te réchaufferas en Enfer. »

Même si par miracle son colocataire survivrait à cet affront, Kendall tâcherait de lui faire vivre un véritable Enfer. Elle était particulièrement douée pour jouer les Diablesses, il allait prendre cher.

Son colocataire ne rétorqua rien, il se contenta de se mordre vigoureusement le poignet jusqu’au sang sous le regard ahuri de la demoiselle. Puis, il l’entoura d’une liane crée à partir de son sang pour l’envoyer dans la piscine. Lorsqu’elle sortit la tête de l’eau, elle fut surprise de croiser les yeux noirs du garçon. Il semblait hors de lui. Le fait qu’il ait besoin d’actionner son pouvoir pour lui répondre ne prouvait que sa faiblesse. Ne s’arrêtant pas là, il la souleva pour la faire retomber violemment sur le sol. Elle refoula avec brio sa douleur. Actrice confirmée, sauver les apparences était devenu sa spécialité. Il était allé beaucoup trop loin et risquait l’expulsion définitive du Manoir. Sans doute devait-il se sentir très mal dans sa peau, misérable et malheureux, pour faire preuve d’une telle agressivité surtout envers une femme. Son geste était impardonnable, la Diva refusa d’ailleurs catégoriquement d’entrer dans son jeu. Non, elle n’utiliserait pas son don pour se défendre. Elle préférait de loin garder sa dignité.

Cameron resserra sa serviette autour de sa poitrine et se releva pour lui faire face, la tête haute. Entre temps il avait déjà ouvert la fenêtre. De plus, elle ressentait une étrange sensation de fraicheur qui devenait progressivement insoutenable, il continuait de se servir de son pouvoir. Elle demeura silencieuse, ne montrant aucun signe de fragilité. Elle pouvait sembler vulnérable pourtant elle savait qu’elle était la plus forte. Il n’avait pas de répartie et était contraint d’utiliser ses capacités mutantes pour obtenir ne serait-ce qu’une once de respect. Il n’aurait pas ce qu’il cherchait, jamais. Il pouvait lui briser les os un par un, cela ne ferait pas de lui un homme supérieur, bien au contraire.

« Tu es lâche. » Affirma-t-elle d’une voix infaillible, remportant ainsi une victoire qu’il n’aurait soupçonnée. Elle le défia une dernière fois de son regard émeraude puis quitta la pièce avec panache et fierté. Ce psychopathe n’avait définitivement plus sa place au sein de l’Institut Xavier.

Se pensant définitivement débarrassée du petit con, Cameron rejoignit les vestiaires puis troqua sa serviette mouillée contre son tee-shirt et son shorty. Une fois habillée, la belle s’apprêtait à quitter les sous-sols pour regagner son dortoir lorsque la lumière s’alluma. Sur le sol une flaque de sang déformait les traits de son visage habituellement si parfaits. Elle retint un sursaut de frayeur, toujours aussi déterminée à ne pas rentrer dans son jeu, dissimulant avec brio ses émotions. Ses cheveux étaient dégoulinants, elle avait froid, terriblement mal à la jambe suite à l’utilisation des plus violentes de son pouvoir à son encontre. Maintenant il s’amusait à faire ruisseler son sang dans les couloirs de l’Institut. Cette fois le vase déborda. Elle se plaindrait au professeur Xavier et demanderait son exclusion, quitte à le poursuivre en justice. S’attaquer personnellement à une actrice influente de renommée internationale n’était pas une très bonne idée…

Suite à sa référence à Alice aux Pays des Merveilles, Kendall rétorqua, lassée :
« Fais tes valises et trouve-toi un bon avocat. Je porte plainte pour harcèlement moral et violence physique. »

Elle correspondait peut-être au stéréotype de la blonde sulfureuse, excentrique et superficielle. En revanche, celui de la peureuse écervelée ne lui ressemblait point. Son don lui permettait d’altérer la réalité, elle n’allait pas s’égosiller devant trois taches de sang. Son camarade était un psychopathe, maintenant elle savait à quoi s’attendre. Il semblait capable de manipuler le sang, cela faisait de lui un adversaire dangereux. D’autant plus qu’il était persuadé d’avoir le dessus sur elle, il n’imaginait pas l’étendue de ses capacités. Elle ne lui ferait pourtant pas le plaisir de lui montrer son talent, refusant de s’abaisser à un tel niveau.

Le sang du mutant dessina ensuite des flèches sur le sol. Provocatrice à souhait, elle déclara d’un air hautain :
« Je ne suis pas sûre que ces flèches conduisent au bureau de Charles Xavier. Je vais plutôt emprunter l’ascenseur. On se retrouve au tribunal. »

Non elle ne bluffait pas. Un homme de cette envergure et d’un naturel si agressif n’avait pas sa place dans une école. Il n’obéissait qu’à son envie de faire souffrir autour de lui, il s’amuserait avec ses compagnons de cellule et rencontrerait sûrement l’occasion de regonfler son ego affaibli. Elle ignorait les réelles motivations de son assaillant. S’acharnait-il sur elle parce qu’elle était célèbre ? Parce qu’il s’ennuyait profondément dans sa vie pathétique et misérable ? A lui de trouver les bonnes réponses devant le juge.

« D'après toi, qui aura le soutien de Charles et d'Erik ? »
Question rhétorique, évidemment.