.../////♣ Solitude quand tu nous guètes

Cela faisait maintenant trois semaines que j'étais arrivée à l'institut de Charles Xavier pour jeunes mutants. J'étais heureuse d'avoir trouvé un endroit qui me convenait parfaitement, et où je serais avec des gens comme moi. Moi qui voyage depuis l'âge de dix-huit ans à travers tous les états de notre belle nation, j'ai pu enfin trouver mon Eldorado. Au début, j'ai eu un peu peur, je me suis posée plusieurs questions, comme celle-ci : Comment vont-être les autres pensionnaires ? Seront-ils gentils ? Par quel procédé le professeur Xavier, va-t-il nous enseigner la maîtrise de nos dons ? Et plein d'autres encore, mais toutes les énumérer prendrait bien trop de temps. Je me souviendrais toute ma vie mon entrée à l'institut, ce n'est pas les deux professeurs principaux qui m'ont accueilli, mais l'intendante. D'ailleurs, je me suis vite liée d'amitié avec cette dernière, Léo, c'est son prénom est un charmante jeune femme, mais sa particularité, c'est qu'elle ne possède pas de pouvoir. Elle est donc une des rares humaines à savoir que nous existions. Ce matin, après m'être levée, j'avais décidé de me rendre dans la bibliothèque de l'institut pour y prendre un ouvrage. Je ne savais pas trop quoi prendre, allais-je choisir de la poésie ? Un roman ? Du théâtre ? Les choix étaient variés, un peu trop même. J'ai toujours aimé la lecture, même si je n'ai pas fait d'étude très poussée, je me suis contentée du diplôme de fin d'année que l'on reçoit à la fin du lycée. Ensuite, je me suis lancée dans la mécanique, un univers masculin, mais j'avais aussi un autre corps de métier qui me plaisait, la médecine.

Néanmoins, ce domaine était encore plus sélectif que la mécanique, des connaissances en biologie étaient demandées, chose que je ne possédais pas. C'est pour cette raison, que j'ai décidé de prendre un ouvrage traitant justement du corps humain et de sa complexité. Le livre à la main, je pouvais quitter la bibliothèque et me diriger vers le petit salon pour commencer à lire, si j'y arrive, car il doit y avoir des termes qui devraient m'échapper. C'était un bon pavé, de grand taille, sans doute devait-il y avoir des images pour illustrer les propos de l'ouvrage. Je descendais les escaliers pour pouvoir rejoindre le petit salon, j'étais très déçue, car je n'avais vu personne. Il n'y avait pas un chat, ce qui rendait cette vieille bâtisse triste, en plus le temps dehors laissait à désirer, même si nous sommes en plein mois de mai. Je m'asseyais dans l'un des fauteuils moelleux qui était mis à notre disposition. Ils étaient très confortables et c'est toujours un plaisir de se retrouver dans l'un d'eux. Dès que j'étais assisse et prête à étudier ce manuel, j'ouvrais l'ouvrage. La première impression que j'ai eu en ouvrant ce dernier, ce fut la taille des lettres. Les caractères étaient vraiment petits, je poussais un long soupir et ne put m'empêcher de sortir quelques mots de ma bouche.

- Mon dieu, ceux qui doivent faire médecine, ne doivent plus avoir de vie, jusqu'à qu'ils obtiennent leur diplôme.

Je me replongeais tant bien que mal dans le manuel, le fait de mettre déconcentrer et d'avoir prononcé ces mots, a eu pour effet de m'enlever toute la volonté que j'avais il y a quelques minutes de cela. Néanmoins, je tournais les pages, pour passer le temps, car après tout, je n'avais que ça à faire, il n'y avait personne, c'est comme-ci tout le monde c'était donné le mot : chacun reste dans son lit toute la journée. Comme je ne faisais plus abstraction de ce qui avait autour de moi, je ne m'étais pas rendu compte que quelqu'un s'approchait de moi, ce n'est que quand j'ai entendis sa voix, que j'ai su que je n'étais plus toute seule dans cet immense manoir.

Dès que j'ai su que je n'étais plus toute seule, je posais le livre sur mes genoux, je tournais légèrement la tête pour voir à qui j'avais à faire. Je regardais l'individu, ce dernier était un homme, même si je m'en doutais, vu le timbre de sa voix qui était tout sauf celui d'une femme. J'essayais de me souvenir de son visage, je voulais lui mettre un nom, mais j'en étais incapable, car ça devait être la première fois que je le voyais, du moins, je ne lui ai jamais adressé la parole. Maintenant, qu'il se trouvait dans la même pièce que moi, j'étais obligée de discuter avec lui afin de mieux le connaître, si je ne le faisais pas, ce serait grossier de ma part, et je doute qu'il m'appréciera dans les temps à venir. Il me lança une petite réplique, comme quoi le temps perdu à étudier, serait récompensé par l'obtention du diplôme, et par conséquent le droit d'exercer. Il avait raison sur ce point, mais avant que je ne puisse parler, le jeune homme commençait à bouger dans tous les sens. Remuant, bougeant, déplaçant, toutes les affaires qui se trouvaient sur son passage, je voyais bien qu'il était à la recherche d'un objet, mais lequel ? Mystère et boule de gomme. Je le laissais faire son petit cirque, je ne disais pas un mot, ce spectacle me faisait beaucoup rire, bien sûr je ne le montrais pas, mais intérieurement, ce garçon me faisait rire. Sans doute devrais-je l'aider ? Mais j'avais la flemme de me lever et de lui demander ce qu'il cherchait.

Paradoxalement, le comportement que j'avais en ce moment était bien différent, par rapport à celui que j'avais avant de pénétrer dans la bibliothèque de l'institut. J'étais plongée dans un cours mutisme, car le jeune homme c'était installé sur l'un des canapés qui composaient le petit salon et m'avait demandé si je n'avais pas vu une bague en argent, car il avait perdu la sienne. J'avais envie de lui répondre, qu'il était une petite tête, mais je ne suis pas méchante, je me suis dit, que j'allais l'aider dans sa recherche, après tout, cela pouvait peut-être s'avérer amusant. Je le regardais, l'ouvrage que je venais de prendre ultérieurement, ne m'intéressait plus, du moins pour le moment, sans doute reprendre-je sa lecture en fin de journée, ou bien en début d'après-midi, si je me retrouve de nouveau seule. Je posais le gros pavé sur l'une des petites tables qui se trouvaient non loin de moi et de mon fauteuil. Je m'asseyais sur les genoux, de façon à avoir mes talons sur mes fesses, mon coude gauche prenait appui sur l'accoudoir gauche, et ma main gauche retenait ma tête. Je voyais dans son regard qu'il était embêté, cette bague ou cet anneau devait beaucoup compter pour lui, je devais l'aider, après tout, les femmes sont plutôt douées pour les recherches d'objets perdus dans une maison. Les hommes n'arrivent jamais à se souvenir de certains petits détails, sans doute que leur cerveau est trop atrophié à certains endroits.

- Non, je n'ai pas vu d'anneau dans le coin, mais si tu veux, je peux t'aider dans tes recherches, comme tu as dû le voir, je n'ai rien d'autres à faire.

Voilà, je lui proposais mon aide, je prenais cette recherche comme une chasse au trésor, car j'allais davantage prendre plaisir à y participer que de lire un livre sur le corps humain et sa complexité. Même si j'ai vingt et un an, je suis encore une enfant, et je ne perds jamais une occasion de m'amuser, même si cela doit être enfantin. Cette mentalité à peut-être un rapport avec mon enfance qui n'a pas été très joyeuse, ma mère se fichait de moi, mon père m'avait abandonné, même si tout le monde disait qu'il avait disparu tragiquement.