Après une journée éreintante à la recherche d’un emploi convenable, Keira avait ressenti le besoin de se ressourcer. Et pour cela quoi de mieux que la forêt ? Elle regarda la route balisée destinée aux marcheurs : la terre battue, lisse, ne lui disait rien. Keira avança un peu et vérifia qu'il n'y avait personne à l'horizon... La jeune femme retira alors ces escarpins et ces bas et elle les glissa dans son sac avant de s’engouffrer entre deux arbres. Ses pieds nus se mêlaient à la terre humide et chaude de l’été Newyorkais.

Soudainement, le poids de la journée quitta les épaules de Keira, elle se sentait libre et guillerette. Une légère brise faisait trembler les feuilles, la jeune femme se mis à suivre le courant, le murmure en sautillant comme une enfant.

« La pluie est arrivée dans l’ouest, les arbres se réjouissent. Les hommes ont bâti un tas de pierre si haut et si fin que je peux le faire tanguer, j’espère qu’ils entendent mon murmure. Nul ne va plus haut que le vent ! »

La jeune femme sourit, laissant la brise se glisser dans ses cheveux, elle ferma les yeux et se concentra sur Oldland, sa forêt natale. Grâce au vent elle pouvait sentir l’odeur si particulière de cet endroit encore si sauvage.

« Il faut se faufiler entre les arbres, si hauts, si denses, humé par les bêtes. J’emmène le pistil des [strike]fleurs des bois. »

Keira aimait parfois prendre des nouvelles de l’endroit… Mais aujourd’hui, elle voulait se tourner vers l’avenir. Elle se blottit entre les racines d’un chêne, lisant ses aspérités. « Ben dis donc mon grand, t’es pas tout jeune. Tu as du voir une paire d’amoureux entre tes pieds. Peut-être que tu peux me dire si le coin est aussi tranquille qu’il en a l’air ?". La jeune femme remonta ses doigts sur l’écorce, sondant le cœur de l’arbre et ses racines. Il n’avait apparemment pas senti de pas humains sur cette terre depuis quelques jours.

Un écureuil, curieux de voir qui était l’intruse, descendit de son perchoir pour venir approcher les doigts de Keira. Délicatement, elle les tendit vers lui et lui caressa la tête. « Salut toi, on ne se connait pas encore je crois ? ». Elle pouvait sentir que l’animal était né ici et qu’il appréciait en général la compagnie des humains, et plus exactement des friandises qu’ils pouvaient lui donner pour quelques cabrioles. Les sentiments de l’animal se changèrent soudain, la peur ? Non pas vraiment, de la méfiance, de la prudence, un autre intrus peut-être ? Toujours était-il que l’écureuil avait rejoint une branche en hauteur avant qu’elle ait pu en savoir plus.

Elle détourna la tête de l’arbre et scruta la forêt : elle aussi était une petite curieuse.

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Keira sursauta lorsqu’elle vit apparaître entre les feuilles un immense lion. Elle n’avait pas eu peur, mais avait été surprise. Tout d’abord parce qu’on ne s’attend pas à trouver un félin de cette taille au détour d’un chêne et ensuite parce que dans son esprit il n’y avait pas de lions à New York, et encore moins en forêt. La surprise passée Keira sourit en imaginant la tête qu’elle avait dû faire quelques instants auparavant, yeux ronds et bouche ouverte ? Tout à fait à son avantage devant le roi de la savane…

Spoiler:

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Elle se demandait ce que l’animal pouvait bien faire là, était-il échappé d’un zoo ou d’un cirque ? Lentement, elle s’approcha de lui, il avait vraiment une crinière magnifique… Toute personne normale aurait probablement fui, ou évaluer la taille de ses dents. Mais Keira était une éternelle optimiste. Elle n’avait que rarement été attaquée par les animaux avec qui elle essayait de rentrer en contact et c’était à ses débuts. En général, ils ne sentaient pas de menace en elle, peut-être parce qu’il pouvait deviner une certaine connexion entre eux ? Ou peut-être car il n’y avait pas cette odeur de peur sur elle ? Elle avait posé la question, mais la réponse avait toujours été quelque chose proche de « je le sens ». Ah l’instinct…

Keira fit quelques pas de plus, laissant glisser ses pieds dans la terre, silencieuse. Elle contempla le lion dans son ensemble, sans jamais le fixer longtemps dans les yeux, car ce n’est pas ainsi qu’on se présente. Elle commença à s’abaissa à hauteur de l’animal… « une chance pour mes vieux os que celui-ci soit très grand ». Elle rit intérieurement, il n’était pas très sage de se réjouir d’avoir un carnassier énorme devant soi… parfois sa différence l’amusait. Et elle continua à s’approcher, tendant progressivement la main vers lui, espérant intimement pouvoir enfouir ses doigts dans sa crinière et en découvrir un peu plus sur lui…