Extérieurement, Sara avait l’air très calme, trop peut-être. A l’intérieur, elle l’était aussi, bien qu’elle fût surtout plus concentrée qu’autre chose. Les britanniques avaient en effet interceptés des échanges étranges entre des italiens et des soviétiques. Ce n’était probablement pas grand-chose, mais c’était peut-être aussi le début d’une affaire plus gênante et c’était surtout ce qu’elle avait été chargée de déterminer.

C’était en outre dans le cadre de cette histoire qu’elle avait du mettre les pieds dans un petit motel discret, situé à plusieurs blocs de l’hôtel où elle-même logeait depuis quelques jours.

Arrivée à l’intérieur, Sara se passa néanmoins de s’arrêter à la réception, jeta un simple coup d’œil en apparence distrait à l’homme qui s’y trouvait, puis continua sa route l’air toujours aussi tranquille. Ce dernier ne lui accorda pas plus d’intérêt, baissa un instant le coin du journal qu’il tenait pour la regarder, puis le remonta sans s’inquiéter de savoir ce qu’elle allait faire dans son hôtel.

Une fois devant la bonne chambre, Sara y frappa trois petits coups, puis deux autres, avant d’attendre que la personne qu’elle venait voir ne réagisse. Seul le silence lui ayant répondu, même après quelques minutes d'attente, Sara tendit l’oreille, tout en recommençant à frapper comme elle venait de le faire. Là encore, malheureusement, rien de se passa et sa vigilance augmenta presque d'elle-même d'un cran.

Des doutes et des questions avaient également fait leur entré dans son esprit, mais elle était déjà à peu près certaine d’une chose : si tout c’était passé comme prévu, l’homme qui avait loué cette chambre et l’y attendait, aurait déjà du lui ouvrir la porte. Celle-ci était munie d’un judas, donc même s’il avait eu le moindre doute sur l’identité de son visiteur, ce dernier aurait du lui permettre de le lever. Quelque chose clochait donc et elle n’aimait pas ça. Elle n’aimait pas ça à plus d’un titre d’ailleurs, parce que cette fois, elle était complètement seule. Il n'y avait pas de petites fées pour faire le guets, ni de grand fauve pour protéger ses arrières. Les jungles, qu’elles soient asiatiques ou sud-américaines avaient peut-être aussi leur inconvénients, mais, pour elle, elles avaient également un avantage majeur : ses créatures y étaient plus à leur aise. Elles pouvaient s’y déplacer en limitant les risques d’être vues et pouvaient facilement s’y cacher en s’y enfonçant en cas de besoin. A côté de ces dernières, tout était vite beaucoup plus compliquer à New-York ou en tout cas tout l'était dès qu'il s'agissait de ses créatures.

Sara savait néanmoins que New-York et ses habitants n'étaient pas la seule raison de leur absence et qu'elle avait aussi sa part de responsabilité dans l'histoire. Elle était bêtement arrivée ici avec la conviction que tout se passerait bien, elle s'était préparée en prenant la plupart de ses précautions habituelles, mais elle avait aussi estimé qu'elle n'avait pas besoin de s'ingénier à trouver une solution pour ne pas venir ici seule. Elle avait tord et s'en rendait compte à présent. Elle n’insista pas, néanmoins. Dans le meilleurs des cas, l’homme qu’elle était venu voir avait du partir pour une bonne raison et dans le pire, à moins de trouver quelqu’un capable de faire parler les morts, il ne pourrait plus lui dire grand-chose.

La découverte de cadavre n’étant pas ce qu’elle préférait, Sara n’essaya même pas de crocheter la porte et fit simplement demi-tour. S’il était mort, un article paraîtrait dans quelques jours à ce sujet et elle n’aurait qu’à lire les dernières pages des journaux pour en être informée. S’il était vivant, il reprendrait contact. Et si on avait fait le ménage après l’avoir descendu… Elle aviserait plus tard.