L'institut brûlait et Jean hurlait. Retenue par les bras de sa mère, elle pleurait.

« Laisse-moi les sauver, je t'en supplie.
- Tu vas te tuer Jean ! Je refuse que tu meures pour eux.
- C'est mon rôle, de mourir pour eux. »

Sa télékinésie repoussa sa mère et la mutante ignora les cris de celle qui l'avait mise au monde. Elle se jeta dans les flammes, un cocon de télékinésie la protégeait du feu tandis qu'elle fit lever un corps des décombres. Quelque chose de chaud se précipita sur elle et Jean fit volte-face pour bloquer le mutant. Elle hurla alors que les flammes commencèrent à brûler ses mains. Ses yeux clairs se mirent à rougeoyer et soudainement sa peau pâlie de plusieurs teintes. Le mutant pyromane vola à travers la pièce, le phénix prit le contrôle et l'institut se souleva du sol. Jean devait les sauver, l'autre ne voulait pas mais elles devaient le faire. S'entaillant le bras, elle laissa le sang couler tandis que tous les corps se soulevèrent. Les sauver, elle devait le faire. Une onde rouge l'entourait tandis que les corps sortaient par la fenêtre et se posèrent lentement au sol. Jean lâcha la bride à l'autre et elle vit ce qui l'attendait. Le phénix se glissa dans sa chair, elle devint l'autre Jean et la mutante hurla, se tordant.

Le rêve se brisa et la télépathe se réveilla des mètres au-dessus de son lit. Au dernier moment elle réussit à retenir son corps, serrant violemment les dents. Ses jambes touchèrent le sol et elle s'effondra en pleurant. Bon Dieu, bon Dieu... Une voix se glissa dans son esprit et les murs vibrèrent. Jean, Jean... La jeune femme se leva et se mit à courir. Repoussant la porte non pas avec ses mains mais ses pouvoirs. Elle courait, elle ignorait les visages. Elle devait s'habiller et elle s'enferma dans une sale pour enfiler à la va vite un pantalon, un petit haut et courir dans le parc de l'institut. On hurla son nom mais elle s'interdit de se stopper. Peur, si peur. Pourtant aucune flamme ne dévorait ce lieu. Elle ne cessait de pleurer, c'était son rôle de mourir d'eux. Ses propres mots résonnaient dans son esprit. Se stoppant au milieu de nul-part, elle hurla et son pouvoir vibra avec toute la rage du monde. Les feuilles, les cailloux se soulevèrent et se mirent à tournoyer comme le verre dans le bar avec Logan. Jean regarda le ciel. Aucune voix ne lui répondit, juste l'incertitude.

La jeune femme tomba à genoux et tout retomba autour d'elle. Enfin le calma coula sur elle comme une seconde couverture et elle s'étreignit lentement. Voulait-elle devenir l'objet de ses pouvoirs ou alors les contrôler ? Sa discussion avec le professeur lui revint, et elle sut que les barrières ne tiendraient pas longtemps. Après tout elles avaient cédé une première fois dans le bar et c'était seulement grâce à l'aide du professeur que Jean était revenue. Essuyant ses larmes, elle souffla comme un bœuf. Du calme, continuant à observer le ciel clair, elle s'appuya sur le calme. Le calme ne plaisait pas à l'autre. Son esprit s'éclaircit, juste un rêve, rien de mal. La jeune femme se leva et soupira, elle se voyait mal retourner à l'institut maintenant. Autant aller se promener, c'était mieux que rien. Les mains enfoncées dans son pantalon, elle commença à s'éloigner tandis que le soleil la réchauffait légèrement. C'était décidé, à la rentrée, elle reprendrait ses études de médecine. Elle devait pouvoir être utile aux X-men.

Elle se rendit compte qu'elle se tenait sur le port et ne bougea pas. Jean cligna des yeux, elle avait un vague souvenir de son chemin mais sans plus. La mutante regarda autour d'elle et passa une main dans ses cheveux roux. La jeune femme s'approcha lentement de l'eau fraîche et l'observa calmement. Lentement la télépathe redressa la tête et observa les oiseaux qui volaient haut dans le ciel. Liberté hurlait son esprit. Jean tressaillit et commença à déambuler dans le port. Passant devant différent banc avant de s'arrêter et d'observer un visage qu'elle connaissait bien.

« Ashton ? Ashton c'est moi Jean. »

Sans crainte la mutante s'approcha de l'autre mutant. Elle se souvenait de leur première rencontre et ce qu'elle avait lu dans son esprit. Il semblait inerte, ou peut-être tout simplement dormait-il. La télépathe et télékinésiste le toisa, inquiète pour lui. Au fond elle n'était pas surprise de le voir ici, il buvait énormément. Et elle, elle avait toujours autant ce syndrome d'aider les gens. Aujourd'hui elle en avait particulièrement besoin, surtout après le cauchemar qu'elle avait fait.