↘ La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

«Cher journal,

Me voilà rendu à Buenos Aires, en Argentine. L'humidité ici est épouvantable, mes cheveux pourtant droit en temps normal, commencent à vouloir frisotter ici. Pour les garder droit, j'ai fais deux petites tresses, j'ai l'air d'une gamine, mais je m'en fous. Je ne pense pas rester longtemps. Quelques jours, le temps de faire le tour de la ville et de vérifier que Dereck n'est pas là. Ensuite, je ne sais pas encore où j'irai, ce sera sur un coup de tête...»

Je dépose mon crayon et ferme mon journal, je n'ai rien d'autres à y écrire pour le moment. Je suis arrivée hier dans la ville et maintenant que le décalage horaire et l'effervescence de l'arrivée sont passées, je compte bien en profiter pour visiter. L'architecture ici est des plus époustoufflante, car les bâtiments sont pour la plupart assez anciens. J'aimerais bien aller visiter la cathédrale métropolitaine, elle doit être magnifique. Mais bon, commençons par sortir de ma chambre.

L'hôtel où je réside est assez simpliste et plutôt petit. En moins de cinq minutes, je suis rendue dehors. Je me promène et regarde partout autour de moi, fascinée. Malgré les nombreux bidonvilles, je trouve que la ville est impressionnante. Buenos Aires possède la plus grande concentration de théâtres et opéras en Amérique latine.L'un des plus célèbres opéras au monde se situe justement à Buenos Aires. C'est le Teatro Colón, et c'est là que je vais en premier.

Sur le chemin, il se met à pleuvoir, mais cela ne me dérange pas vraiment. J'aime la pluie et avec ce temps chaud, ele est la bienvenue. Seulement, alors que je regardais autour de moi, je n'ai pas vu la flaque d'eau sur le trottoir et mon pied a glissé. Non seulement cela, mais en plus, maladroite comme je suis, je bouscule l'homme qui s'en venait vers moi avant de tomber sur le sol, fesses premières.

- Aie.

Je me relève tranquillement en me secouant les fesses de la main, histoire de chasser la poussière et en replacant mes deux petites tresses. Puis, je lève mon regard vers la personne que j'ai bousculé: un bel homme, un peu plus âgé que moi. Je souris timidement et je bafouille quelques excuses.

- Je... Je suis désolée... architecture... wow.... pas regarder.. flaque... désolée.

↘ La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

Alors que je m'excusais, de façon pitoyable, avouons-le, le jeune homme que je venais de bousculer posa sa main sur mon bras gauche. Je ne sentais aucune hostilité venant de sa part, j'en venais à la conclusion qu'il n'était pas fâché contre moi. Autrement, si cela avait ét le cas, il ne paraitrait pas aussi inquiet. Alors que je me plongeais dans cette merveilleuse réflexion, à savoir s'il m'en voulait ou pas, l'inconnu s'adressa à moi.

"Todo bien? Estas herida?"

Aie. De l'espagnol. Évidemment, j'avais appris les rudiments de cette langue lorsque j'étais adolescente, mais depuis, je n'avais jamais eu la chance de le pratiquer, si bien que je l'avais perdu. Et désormais, alors qu'en ce moment cela m'aurait été très utile, je ne comprenais pas ce qu'il me disait. Ou plutôt à moitié rien, car je savais qand même que le Todo Bien signifiait qu'il me demandait si j'allais bien. Mais pour la deuxième partie, je ne savais pas du tout ce que cela voulait dire.

- Je... Je suis désolée... Hum... Soy bien... No habla espanol senor...

Et voilà, je me ridiculisais pour la deuxième fois ce soir. Je me doutais que ce que je venais de dire n'avait aucun sens pour lui, même si pour moi, je venais de dire que j'allais bien et que je ne parlais pas espagnol. Je priais intérieurement pour que mes paroles soient normales et que tout ait un sens, histoire de ne pas passer puor une folle. Après un moment, je finis par lui reparler, il fallait bien que je sache s'il parlait une des langues que je maitrisais, autrement, je ne pourrais pas m'excuser correctement et je m'en voudrais.

- Parlez-vous françias? Do you speak english?

Ouais. Ca s'arrêtait là, je ne parlais que français et anglais et encore, j'étais loin d'être bilingue. J'avais appris mon anglais rapidement si bien que je n'étais même pas certaine de le parler comme il se doit. Heureusement, je parlais mieux anglais qu'espagnol, donc si cet homme ne parlait pas francais, il me resterait au moins l'anglais pour me faire comprendre.

↘ La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

J'espérais vraiment que cet homme parle français ou anglais, les deux seules langues que je connaissais. Ce dernier m'avait légèrement sourit lorsqu'il avait entendu mon espagnol baclé et je lui avais rendu un sourire assez timide et désolé. Il devait trouver horrible que quelqu'un massacre autant sa langue natale que moi. Pauvre de lui.

"Oui, je parle français. Tu es une touriste ? Tu fais quoi à Buenos Aires ?

Miracle! Il parlait ma langue maternelle. J'allais enfin pouvoir m'excuser de l'avoir bousculé! Mais la discussion semblait prendre un tout autre tournant alors qu'il me demanda si j'étais touriste et ce que je faisais dans la ville. Je lui souris et répondit à ses questions.

- Oui, je suis une touriste, je suis venue en espérant trouver quelqu'un et comme je viens d'arriver, j'en profite pour visiter. Au fait, je suis vraiment désolée de vous avoir bousculée, j'espère que je ne vous ai pas blessé par inadvertance? Je ne regardais pas où j'allais et j'ai glissé sur une flaque d'eau.

Puis, alors que je parlais avec cet homme, tout naturellement, je me rendis compte que je ne m'étais même pas présentée. Quelle impolitesse de ma part! Si nous étions pour discuter, la moindre des choses étaient que je me présente, non?

- Je m'appelle Charly, et vous? Ca vous dit d'aller prendre un café?

↘ La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

"Un gusto Charly ! Moi c'est Esteban."

et voilà, désormais, je savais que l'inconnu que j'avais bousculé se prénommait Esteban. C'était déjà ca! Il n'en dit pas plus, trop occupé à regarder le ciel. Curieuse, je fis de même et je vis de gros nuages qui s'en venaient vers nous. J'avais l'impression que bientôt, la pluie tombera de nouveau, mais que cette fois, ce ne sera pas agréable. UN orage se préparait, j'en étais certaine. Au moins, je venais de proposer d'aller prendre un café.

"On ferait bien d'aller prendre un café oui, il va bientôt pleuvoir de nouveau de toute façon. On sera aussi bien au sec. Je connais un lieu sympa pas loin. Tu viens ?"

Lorsqu'il me reparla, c'était pour me dire que mon idée d'aller prendre un café était bonne, car il allait de nouveau pleuvoir, exactement ce que je m'étais dis. Puis, je le suivis dans les rues de la ville, sans même prendre le temps de lui répondre. Nous étions en train de marcher lorsqu'il me demanda si ca m'allait qu'on se tutoye, car il n'avait pas l'habitude de vouvoyer. Je lui souris gentiment et lui répondit.

- Bien sur, pas de problème

Ensuite, nous avons continué à marcher jusqu'à ce qu'on se rende à l'endroit qu'Esteban voulait me montrer. Ca avait l'air bien, ce n'était ni trop causi, ni trop commercial, en plein ce que j'aimais comme petite échoppe. Alors que je me commandais un café vanille-française, je me tourna vers Esteban pour lui parler.

- Dit moi Esteban, qu'aimerais-tu prendre? C'est moi qui l'offre, c'est bien la moindre des choses après t'avoir bousculé!

Je lui souris et attendit qu'il commande. Ensuite, je paya la facture et nous nous sommes dirigés vers une table libre. Une fois assise, je bus une gorgée de mon café et m'adressa de nouveau au jeune homme.

- Vous parlez très bien français, où l'avez-vous appris?

↘ La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie.

"Charly, on se tutoie, je t'ai dit. J'aime pas du tout le vouvoiement et puis on est pas des vieux !"

On était allé s'asseoir à une table un peu isolée des autres, mais qui était une table pour deux, ce qui faisait que nous n'avions pas besoin de monopoliser une table à plusieurs alors que nous n'étions que lui et moi. Lorsqu'il me dit que je pouvais le tutoyer, je souris bêtement. C'était une habitude de vouvoyer, je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais recommencé.

- Je vais essayé de te tutoyer, mais ce n'est pas facile pour moi, je n'ai pas l'habitude.

Je lui souris gentiment et bu une gorgée de mon café. J'aimais bien son rire, il était contagieux, car à mon tour je me suis mise a rire. Après un moment, il finit quand même par répondre à ma question, même si je l'avais vouvoyé pour la lui poser. Il me répondit que sa mère était d'origine française et que c'était pour cette raison qu'il parlait si bien ma langue, elle était aussi sa langue maternelle.

- Ah ca explique pourquoi alors. Parle-tu plusieurs langues ou simplement espagnol et français?

Je sais, j'étais vraiment très curieuse, mais bon, je n'y pouvais rien, il m'intriguait. Lorsqu'il me sourit, je lui rendis son sourire et but une gorgée de mon café. Puis, il me demanda ce que je faisais à Buenos Aires, si j'étais venue visiter et si j'étais venue seule. Mon visage se rembrunit, mais je répondis malgré tout.

- Je suis venue seule, en espérant trouver quelqu'un, mais je veux en profiter pour visiter un peu malgré tout. Et toi, as-tu toujours vécu ici?