Qui aurait pu prédire que la vie de Aaron allait radicalement changer en un claquement de doigt ? Pourquoi le destin tournait sa roue sans pouvoir préparer ses victimes à la fatalité ? Comment un homme peut-il changer en l'espace de quelques jours seulement ?

Né à Philadelphie, Aaron était un enfant plutôt agréable et très vif. Il aimait découvrir le monde qui l'entourait, était curieux de nature et adorait s'inventer des histoires, en combattant ses petits camarades d'école lors de jeux de guerres, où tous abordaient des bâtons en bois en guise de fusils à baïonnettes. Mais à cette époque, Aaron ne pensait pas que la guerre n'était pas un jeu. L'innocence d'un enfant laisse voir une toute autre facette, celle où les hommes de guerre sont des héros qui combattent leur pays, point. Jamais il n'aurait pu s'imaginer, à l'âge de sept ans, qu'un soldat subissait les conséquences de son engagement dans la bataille.

Lorsqu'il eut vingt-cinq ans, Aaron se porta volontaire pour faire partie des marines envoyés dans le pacifique durant la seconde guerre mondiale. Là encore, il ne se doutait de rien. Il plaisantait d'ailleurs avec quelques amis qu'il s'était fait sur le navire qui les conduisait vers l'île de Guadalcanal. Un petit tour vers le pacifique sud ? Quelle vacances ! Auraient-ils assez de noix de coco pour nourrir tout un régiment ? Pourraient-ils barboter un peu dans l'eau avant les affrontements ? Aucun d'entre eux ne se doutait de ce qui les attendait réellement sur cette île.

Aaron a été profondément marqué lors des premiers bombardements. Les corps qui tombaient à coté de lui ou sur lesquels il marchait sans pouvoir les éviter... Il était tombé en enfer. La pluie qui ne cessait plus, la boue, les morts, les maladies, le manque de sommeil... tant de choses qui peuvent changer l'esprit d'un homme en quelques jours seulement. Pourtant, mis à part une irritation excessive par moment, Aaron pouvait s'estimer heureux de ne pas être devenu fou, mais surtout d'avoir survécu à la longue bataille dans laquelle il s'était engagée. Ah, oui. Peut-être qu'il n'était pas si chanceux qu'il n'y paraissait, en fait. Car en réalité, si Aaron avait pu éviter les balles, c'était grâce à sa mutation. Pouvoir se fondre dans le décor, ça aide.

À trente-trois ans, Aaron épousa la très charmante Olivia Aymer, une amie d'enfance - et mutante - qu'il avait retrouvé après la guerre. Ensemble, ils eurent une petite fille, qu'ils prénommèrent Abigail. Puis, pour pouvoir mener une belle vie de famille, Aaron acheta une maison de campagne où il était certain de vivre de très bons moments. Vînt alors la guerre des missiles de Cuba, qui, en apparence, ne laissait penser qu'à une guerre entre humains. Sauf qu'il s’agissait d'une future guerre entre humains ET mutants. Aaron ne fut pas vraiment au courant de cette affaire et ne fut même pas rappelé pour participer à la bataille. Pourtant, six ans plus tard, il fut pris pour cible par les membres de la CIA...

1968. Aaron était parti rendre visite à d'anciens camarades qu'il avait rencontré durant la seconde guerre mondiale, dans le pacifique. Tous étaient sidérés de voir que leur ami n'avait pas changé d'un poil. C'était comme s'il conservait sa jeunesse malgré les années qui s'étaient écoulées depuis la guerre. Aaron passa donc un bon moment à plaisanter sur le sujet, et d'autres, avant de retrouver son foyer. Puis, plus tard, alors que la nuit était tombée et que tout le monde s'était endormi, quelqu'un brisa les fenêtres du rez-de-chaussée. Réveillé en sursaut, alerté, Aaron se rendit dans le salon pour constater les dégâts mais aussi pour effrayer les perturbateurs avec son fusil. Cependant, il ne trouva personne. Alors, il sortit de la maison et fit quelques pas, en demandant aux farceurs de se montrer. Et là, il entendit des cris. En se tournant, il constata que sa maison était en train de prendre feu. Voulant sauver sa femme et sa fille, Aaron eut le réflexe de s'élancer vers son foyer, mais deux paires de bras l'empêchèrent d'aller plus loin. « Voilà ce que mérite votre espèce »

Jugé coupable pour homicide volontaire, Aaron fut condamné à passer le restant de ses jours en prison. Perturbé par les événements, choqué par la disparition soudaine de sa femme et de sa fille, le mutant n'eut aucune détermination à se battre. Il se laissa donc emmener en prison et purgea sa peine, en silence. Il était d'ailleurs l'un des seuls détenus à ne pas parler durant des jours, des mois. Et comme on dit souvent... il faut se méfier de l'eau qui dort.

1971. Aaron avait tout prévu. Durant trois longues années derrières les barreaux, il avait établi un plan. Ancien marines, il pouvait se battre. Mutant caméléon, il pouvait se fondre dans le décor et disparaître. Et il n'était pas stupide. Du jour au lendemain, on avait demandé son transfert. Pour aller où ? Aaron se laissa faire, en silence. Mais il avait entendu beaucoup d'histoires durant son séjour entre les barreaux. Il avait même partagé sa cellule avec un homme étrange, un mutant, qui avait été traqué par la CIA avant de finir ses jours ici. Alors, lorsque Aaron aperçu un homme en costume, celui qui était prêt à le transférer quelque part, il n'hésita pas à se débattre et à attaquer les deux agents chargés de le déplacer dans les couloirs de la prison. Puis, le mutant usa de ses capacités de caméléon pour s'échapper de ce qu'il savait être un piège. Personne n'avait le droit de le traiter comme un animal de laboratoire, surtout pas après ce qu'ils avaient fait à sa famille, à des innocents.

1972. Membre de la confrérie des mauvais mutants, Aaron s'est totalement laissé guider par les idées de Erik Lehnsherr, le leader du groupe. Il est impossible de faire confiance aux êtres humains. Ils sont tous égaux. Le sentiment de peur les rend dangereux. Ils sont capables du pire. Aaron ne pouvait que croire ses paroles, puisqu'il avait été victime des humains. Victime de leur bêtise et de leur jugement. Aujourd'hui, le mutant est prêt à se battre. Il est prêt à se venger.