Cela devait bien faire plusieurs jours que cette pair de yeux le suivait, l’observait, le suspectait de méfaits. Pour ainsi dire, avoir piqué quelques mutants qui étaient sur la liste de la CIA. Qu’en avait-il fait? C’était bien là le mystère, le grand questionnement de la chose, d’autant plus de savoir le comment. Ces questionnements, sans réponses, pour le moment. Et voilà que Kenrick était sous observation sans qu’il n’en fût le moindrement conscient. Peut-être par insouciance, loin de se douter de quoi que cela soit. Il ne s’agissait pas non plus de confiance démesurée qu’il ne se ferait jamais prendre non plus, seulement peut-être pas maintenant. Enfin… Il avait bien ce grand doute qu’un jour ou l’autre, il se ferait peut-être prendre. Ou du moins, suspecté de… Car il se faisait grandement méticuleux, pour ne jamais laisser de traces, par le moindre indice. Mais bien entendu, comme tout être humain, il n’était pas parfait, et ne pouvait pas absolument tout contrôler, les erreurs pouvant bien se faire. Mais aussi petites soient-elles, certaines d’entre elles pouvaient bien suffire pour la découverte de son identité, pour créer les doutes et les suspicions sur sa personne.

Et le voilà aujourd’hui avec un agent de la CIA sur le dos, et qui avait réussi à remonter jusqu’à même son appartement, se situant dans un endroit peu fréquentable de New York. Revenant de sa marche nocturne en compagnie de son fidèle compagnon. Ce dernier qui une fois arrivé, se mit doucement à grogner, dents sorties. Quelque chose n’allait pas… Et c’était assez évident, de lorsque la main de l’homme rencontra la poignée qui n’était pas barrée. Il fit signe à Watson de rester silencieux, alors qu’il sortait son arme bien caché sous son polo. Eh oui, il faut dire qu’on ne sait jamais sur qui ou quoi l’on peut tomber dans ce genre d’endroit où il vivait. Une simple protection, au cas où… Et il avait bien fait de l’amener avec lui, décidément. Car peut-être son révolver lui serait utile cette fois-ci.

Il se montrerait prudent, et surtout… Silencieux. Ses oreilles plus attentives que jamais, il mesura chacun de ses pas ayant l’habitude du grand silence. Les voleurs bruyants ne font jamais long feu après tout… Il capta des bruits, s’y dirigeant, s’incrustant dans sa propre pièce telle une ombre, alors que son chien l’avait tout aussi doucement suivi. Un petit déclique se fit entendre, son arme pointée et collée dans le dos de l’homme. Et ce fut à cet instant même que son cher chien se mit en position d’attaque, grognant, dévoilant toutes ses dents, aux côtés de son maître.

« Non mais allez-y… Faites comme chez vous surtout… »

Il commençait par le sarcasme, un peu comme toujours, trouvant le moyen d’user de cette forme de paroles peu importe la situation. Il faut dire que Kenrick était plus insulté et colérique que cet inconnu ose ainsi entrer chez lui sans son consentement, et se permette de faire son fouineur à son aise…. Mais voilà que notre homme changea du tout au tout, redevant bloc de glace dans sa voix. Car physiquement, il restait toujours autant cet être marmoréen, sans la moindre émotion perceptible dans ses traits.

« On ne vous a jamais appris qu’il était impoli de se mettre le nez dans les affaires des autres…? D’autant plus lorsque cette dite personne vous est inconnue… Qui sait sur qui vous pourriez tomber… »

Ce ton froid, menaçant, mais pourtant si calme, démontrait plus que bien le manque de peur, et qu’il n’hésiterait pas à tirer s’il osait quoi que cela soit. Et qu’il ferait mieux de s’expliquer au plus vite, et de peser le moindre de ses mots, sous peine de se retrouver avec un trou dans le corps. Sans oublier le chien qui serait de la partie avec ses dents pointues et sa mâchoire bien forte.

Kenrick resta de marbre, comme à son éternelle habitude, malgré son question, son petit élan d’incompréhension devant cette balle renvoyé. Il avait beau avoir cet air marmoréen, sa tête tournait, réfléchissait, tentant de retrouver les noms prononcés. Qui finirent par lui réapparaître à l’esprit, ceci et, sa grande haine à leurs égards. Il ne les connaissait pas, pas personnellement. Seulement en surface, en observation quotidienne. Faute de les avoir observés longuement, sur plusieurs jours, pour pourvoir y en sortir un plan frôlant la perfection, pour ainsi les faire disparaître de la surface de la Terre. Trois de moins, était déjà bien, selon son humble avis. Petit peu par petit peu, il aidait comme il le pouvait. Car il y avait bien une chose qui unissait ces trois noms : le terme de la mutation. Cette chose qui lui ravivait à chaque fois cette grande haine, ce volcan.

Mais là, maintenant, il n’était pas l’heure approprié pour avoir de quelconques émotions. Car il y avait cet homme, qui fouillait dans ses choses, tentant de trouver les informations qui le guiderait vers les preuves de ses crimes. Mais a quelle fin? Il l’ignorait, restant dans le doute de l’un ou de l’autre, du bon comme du mauvais, préférant attendre avant de ne prendre un quelconque parti. Quoi que le mal fut un peu plus gagné en son être. Il devait avouer pour cette fois, que c’était bien mérité. Cet inconnu avait mal débuté, s’il comptait obtenir de quelques fleurs de sa part. On ne rentre pas ainsi chez les gens, on ne fouille pas dans leurs affaires. Il n’aimait pas cela on l’aura deviné. La preuve étant bien là, Kenrick se faisant un peu plus menaçant dans ce que son aura pouvait bien dégager.

Et il ne broncha pas le moindrement. Pas même de lorsque l’homme lui balança ses quelques mots. Il n’allait certainement pas lui accorder sa confiance. Il avait appris à ne pas le faire, à ne plus le faire, et se méfier de tout, de douter de tout. Les jeux, la comédie, les supercheries existaient bel et bien après tout. Rien ne lui disais qu’une fois son arme baissé, il n’allait pas se voir amèrement le regretter.

« Vous feriez mieux de vous expliquer. J’en ai rien à faire de vos mots. Ce ne sont que des paroles, sans plus, que des mots. Vous pourriez me dire la vérité, comme vous pourriez me mentir tout aussi bien. Rien ne me dit qu’un fois mon arme baissée, vous ne me sauterez pas à la gorge. »

Le message se faisait assez, tout comme son ton qui n’avait toujours pas changé, sinon empiré. Pour se faire un peu plus brusque et froid. Question de bien faire comprendre à l’autre qu’il ferait mieux à la fois, de bien peser chacun de ses mots.

Malgré ses mots passés, malgré le ton employé de sévérité, menaçant, Kenrick ne faisait que projeter une certaine image. Pour le jeu, pour le bien de la cause. Il restait méfiant, certes, mais il n’était pas prêt de sauter à la gorge de l’autre. Il analysait, en fin stratège qu’il était, avant d’y voir sa curiosité plus vivement piqué et la colère de voir son lieu d’habitation envahis. La peur ne semblait pas encore réellement l’avoir habité jusqu’à maintenant, peut-être un peu trop confiant que ce dernier ne trouverais rien ici, tout comme n’aurait-il pas la réelle chance de l’atteindre. Il avait beau détester les mutants, il avait préféré aimer la sienne et bien l’utiliser plutôt que de se haïr. Faire de lui un chasseur, pour le bien de l’humanité. Du moins, c’était ainsi qu’il se voyait.

Quand était-il de l’homme? Il ne savait trop ce qu’il devait penser. Mais une chose semblait être plus certaine, et c’était bien le mot discussion qui semblait ressortir. Il voulait parler, découvrir où étaient donc les fameux corps appartenant aux noms donnés. Et ce mot si bien appuyé, ne manqua pas à son oreille. Mais il ne pipa mot, silencieux, attendant la suite avec cette touche d’impatience. D’en découvrir un peu plus sur les intentions qui se cachaient derrière ces phrases. De se sens caché, il avait compris la subtilité. Donc, il semblait être au courant de ce point, les unissant tous. En fait, ce Joss, semblait en savoir déjà beaucoup, pour avoir de un, réussit à mettre la main sur lui. Et ainsi se permettre un peu librement, de porter ses formes d’accusations, ou du moins, de suspicions.

« C’est bien. Mais je ne vois toujours pas ce qui pourrait bien vous faire croire que je suis celui qui se cache derrière tout ce qui me semble être des accusations. »

Il donna un petit coup léger dans le dos de l’homme avec l’aide de son arme toujours pointé, semblant toute fois, bien plus calme, tout comme son chien qui avait gentiment cessé de grogner et montrer sa belle dentitions.

« Si vous êtes ici pour un interrogatoire, je vous offre la porte. Mais si vous êtes venu ici pour discuter, ça se feras sans armes. »

Parce qu’il n’était pas con. Il le savait bien qu’il ne pouvait venir ici sans être le moindrement armé. Il faudrait être idiot pour ce faire. Kenrick ne se gênant d’ailleurs pas pour le lui souligner, question qu’il coopère au lieu de jouer à l’innocent. Rajoutant même en forme de blague, tout en restant de son air si sérieux s’harmonisant avec son ton neutre : « Ne vous en faites pas. Si vous êtes bien sage, je vous la redonnerais. »

Il l’observait soigneusement, le moindre de ses mouvements, en alerte jusqu’au bout. Tout juste qu’au dernier instant où les armes avaient quitté le dernier contacte. Sans perdre une seconde de plus, il ouvrit le tiroir compris dans table là où il les avait déposées, ne se contentant que de les glisser pour qu’elles y tombent, tout en y rajoutant la sienne dans ce dangereux mélange avant de refermer le tout. Il était fair play. Il avait sans armes, et cela valait bien pour tout le monde. Hormis son chien évidemment, il n’était pas pour lui enlever son dentier. Hum. Et voilà nos deux hommes se faisant enfin face, s’analysant l’un comme l’autre. Kenrick remplaçant presque ses yeux par un rayon-x, un peu comme il l’eut toujours fait lorsqu’une cible avait attiré son attention.

« Il en serait préférable. »

Ce n’était pas car les armes n’étaient plus, qu’il lui faisait à la fois confiance, et qu’à la fois il se montrerait plus aimable. Bien au contraire. Il ne se gênerait pas, pour rester fidèle à lui-même. Et il serait certes préférables qu’il se garde les menottes, autant pour un partie que pour l’autre à dire vrai. Il ne tenait pas spécialement à se faire arrêter non plus, le tout le mettrait dans un gros pétrin. Et qui dit pétrin, dit qu’il ferait certainement tout en son possible pour que cela n’arrive pas. Quitte à faire de l’autre un véritable légume.

Ce furent bien là, ses derniers mots pour le moment, alors qu’il attendait, toujours armé de sa grande observation et attention. Les messages subtils, il arrivait bien à les lires, y décelant enfin, peut-être, les intentions derrière la recherche de ces trois individus. Bien peut-être , car le doute allait bien rester, ainsi que la confiance complètement nulle sinon même dans la barre du rouge. Il se prit tout de même à voir les choses autrement, enlevant ce sentiment pendant un instant, pour bien attraper tous les indices donnés. Un semblable, si l’on pouvions dire. Un homme, qui les avaient cherché, pas la faute de ce qui les avaient tous unis. De ce gêne particulier, les rendant différent des autres. Plus puissant, et surtout dangereux. Un anti-mutants donc, tout comme lui. Mais il ignorait encore à quel point pouvait-il l’être. Comme dans toutes choses, il existait des niveaux. Le sien restant encore à découvrir. Cette hésitation à user du mot semblable… peut-être ne faisait-il que les attraper ? Ou alors peut-être était-il comme lui, a vouloir les exterminer. Rapidement ou alors lentement et doucement était encore une autre point d’analyse.

Trêve de pensées de possibilités. Il fallait apprendre et non pas déduire. Il ne répondit jamais rien à ces formes d’accusations. Allant même, presque, à lui démontrer de ses prochains mots l’inutilité de tout ce qu’il avait bien pu lui dire. Sans jamais tiquer, ni le moindrement flancher, il était resté de marbre comme toujours. Ne comptez certainement pas sur lui pour animer un peu plus la conversation et ainsi se trahir en exprimant ainsi que c’était bien lui qui avait fait tout ceci. Non mais que l’envie de lui dire C’est bien parce que vous y êtes mal pris... le prenait mais… Il était préférable de se taire. Il laissa un silence, simplement pour voir s’il n’allait rien rajouter avant d’enfin se prononcer.

« Cela ne me dit toujours pas ce que vous me voulez… Monsieur Daugherty. » Il fit une pause, observant un instant les alentours. « Peut-être voudriez-vous aller vous asseoir pour discuter ? » Eut-il ajouté, banalisant un peu, peut-être, la discussion. Ou alors était-ce cette petite tentative d’adoucir cette atmosphère empreinte de doutes, de tensions, de menaces et compagnie.