Can you help me ?

I'm a monster. But I'll like to be proud of it.

 

Ce soir-là, Julianne était sagement assise à son bureau entrain de réviser quand la dispute avait éclatée. Il avait suffi d’une lettre envoyée chez elle par un abruti pour que sa mère commence à pêter un câble comme elle n’en avait pas pêter un depuis longtemps. Un étudiant avait vu la jeune mutante avoir une crise. Et même si elle s’empressait de mettre des lunettes de soleil pour cacher ses yeux dorés, signe que la jeune femme était en « overdose », comme elle appelait ce genre de situation, elle n’avait pas été suffisament rapide cette fois-ci pour cacher ce léger désagrément aux yeux d’un imbécile de première. Evidemment, dans sa classe, beaucoup de gens connaissaient son nom. Elle, Julianne Martin, la tarée qui sortait parfois – souvent – précipitamment de cours, sans aucune explication pour s’enfuir de la fac et rentrer chez elle. Aussi trouver l’adresse de la brune n’avait pas été compliqué pour celui qui semblait se croire plus intelligent qu’elle. Malheureusement, Julianne ne s’était rendu compte de rien. Enfin, pas plus que d’habitude. Il était coutumier pour elle de sentir des gens la dévisager, comme si elle était une folle tout droit échappée d’un asile. Elle se contentait en général de faire comme si elle s’en fichait, bien que ce soit loin d’être le cas. Mais, cette fois-ci, il n’y avait pas eu que des regards. Une rumeur commençait à circuler. Une rumeur véridique : Julianne Martin était un mutant.

- Tu te rends compte de la merde dans laquelle tu nous fous, Julianne ? S’était écrié sa mère en entrant dans sa chambre, brandissant un bout de papier.

Plongée dans son livre, la brunette avait sursauté, s’était tournée vers celle qu’elle n’appelait presque plus « maman » tant elle lui faisait de la peine et s’était levée pour voir ce papier de plus près. Le cœur de l’anglaise s’était serré dans sa poitrine. « Tu es l’une d’entre eux, espèce de monstre. On ne veut pas d’aliens à la fac. Si tu te repointes, on te dénonce aux flics ». Des menaces. Des menaces qui venaient s’ajouter à celles quasi-quotidiennes de sa mère de la mettre dans un hôpital psychiatrique. Son alliénée de fille. Le monstre tout droit sorti de son ventre malheureux. Les larmes n’avaient bien entendu pas tardées à monter aux yeux de Jul’ qui les avait essuyées ragueusement avant de s’emparer de sa paire de lunettes et de sortir de chez elle en claquant la porte. Ce fut donc solaires sur le nez, ses yeux sans doute plus…lumineux que la normale qu’elle s’était dirigée vers Central Park, son coin favori, le seul endroit où elle sentait qu’elle pouvait être elle-même sans que l’on vienne l’emmerder, la juger, la menacer. La nuit était déjà tombée sur la Grosse Pomme et Julianne trouva rapidement un banc libre. Se laissant tomber sur ce dernier, elle remonta ses jambes contre elle, enleva ses lunettes, regard baissé vers le sol, caché par ses lourdes boucles brunes. Elle ne sut combien de temps s’était écoulée quand elle vit se poster devant elle deux chaussures, en apparence masculines. Se pinçant les lèvres, elle ne leva pas les yeux, de peur qu’ils soient encore d’une couleur anormale. Et ce n’était pas ce stress soudain qui s’emparait d’elle qui allait améliorer la situation…

A entendre la personne parler, Julianne en eut la certitude, il s’agissait bel et bien d’un homme. Il s’était agenouillé pour lui parler et la jeune femme put entrapercevoir les beaux yeux bleus-gris de l’homme face à elle. Elle rougit instantanément, la peur et le stress disparaissant soudainement pour laisser place à un réel malaise. New York était dangereuse la nuit. Voilà ce que l’homme lui raconta. Mais cela, elle le savait déjà. Elle était déjà au courant du fait que sa vie n’était pas en sécurité dans cet endroit sombre et si grand que personne ne pourrait sans doute l’entendre crier. Mais, Julianne n’en avait cure. Si quelqu’un voulait lui faire du mal, voulait la tuer, qu’il le fasse donc ! Elle n’était certainement pas suicidaire, attention ! Mais, elle n’en pouvait plus de cette vie de monstre. Elle n’en pouvait plus de devoir se cacher de tous, de ne pas pouvoir suivre d’études pleinement et correctement, d’être même haïe de sa propre mère, cette dernière chose étant sans doute la plus difficile pour la jeune femme, bien qu’elle ne se l’avoue nullement. Baissant un peu plus la tête, fermant les yeux pour ne plus le voir face à elle, elle sentit toutefois qu’il s’asseyait à ses côtés. Peut-être était-il un de ces dangers dont il avait parlé. Peut-être lui voulait-il du mal ? Jul était consciente du fait qu’elle aurait mieux fait de se lever d’un coup et de fuir à toutes jambes. Mais, c’était impossible. C’était comme si elle avait été collée sur ce banc sans pouvoir en bouger. La peur refit soudainement surface dans l’esprit de l’étudiante. Ces soudains changements, ces allers-retours de sensations, Julianne en avait l’habitude. Elle savait qu’en cet instant précis, ses yeux étaient d’un doré plutôt lumineux. Lui vint alors une pensée : si elle levait les yeux, peut-être que celui qui se présenta comme s’appellant Godric allait prendre peur et s’enfuir. Après tout, beaucoup de personnes avaient peur des mutants, les considéraient comme des monstres. Ce Godric était peut-être l’un d’entre eux. Inspirant profondément, prenant son courage à deux mains, elle leva finalement les yeux dans sa direction, dévoilant comme attendu deux iris couleur or. Mais, alors qu’elle entrouvrit la bouche pour lui répondre, elle fut coupée dans son élan. L’homme était incroyablement beau. Elle en avait le souffle coupé. Quasi-instantanément, elle rougit. Par chance, et sans trop vraiment qu’elle sache expliquer comment ou pourquoi, ses yeux perdirent de leur intensité, choissisant un marron un peu lumineux, mais certainement pas doré. Le sang lui montait à ses joues désormais brûlantes. Elle se mordit l’intérieur de la joue, sourit un peu.

- Je m’appelle Julianne.