Je ne peux prétendre me souvenir de chaque instant de la vie que j’ai vécue. Il arrive un jour où notre mémoire décide de mettre de côté certaines périodes de notre passé pour laisser place à de nouveaux souvenirs que nous créons au fil des jours. C’est pour cela qu’il est si difficile de raconter dans le moindre détails tout ce que nous avons vécu. Il en est de même pour moi. Je ne saurais dire ce que j’ai pu faire lors d’un moment précis de mon existence, mais je peux cependant vous raconter ce qui me reste en mémoire et ce qui me semble important pour me connaître.

La période de mon enfance est surement l’époque la plus floue de mon esprit, de par son éloignement. Il n’en reste que des émotions, des images remontant de temps à autres pour me rappeler qui je suis. Je me souviens de ces vieux murs aux couleurs froides et délavées que je voyais sans cesse tous les jours. L’orphelinat où j’avais passé une partie de mon enfance avait été ma première maison et celle où je m’étais sentie le moins à ma place. Je n’aimais pas ce lieu où nous n’étions qu’un enfant parmi tant d’autre, à attendre de se retrouver dans une nouvelle famille. Mais je ne faisais pas partie de ceux qui attendaient ce moment avec impatience. L’adoption me faisait peur, car je savais que me retrouver dans une famille me forcerait à me séparer de mon frère. Recueillir un enfant était déjà une certaine responsabilité pour des futurs parents, alors quand l’orphelinat récupérait des jumeaux, leur futur séparation n’était un secret pour personne. Néanmoins, je me trouvais être chanceuse. Les souvenirs exacte de cette journée ne sont plus aussi précis qu’à l’époque, mais je me rappelle de cette famille de gitans qui était venue voir les enfants et qui nous avaient trouvé. Je ne sais ce qui les firent se décider, mais le soir-même, mon frère et moi nous nous trouvions dans une nouvelle famille et un avenir plus certain commençait à se dessiner devant nous.

Cette famille qui venait de nous adopter venait de m’offrir un nouveau lieu où je pouvais vraiment me sentir chez moi. Mon frère était là et je ne demandais rien d’autre. Marya et Django, nos parents adoptifs étaient très attentionnés avec nous et je me faisais ma place chez eux et dans la communauté bohémienne où nous nous trouvions. Ce sont ces types de souvenirs qui nous restent longtemps en mémoire. Ceux qui nous remplissent de bonheur en nous rappelant des moments où nous sommes heureux. Et durant cette période, je l’étais. J’étais comblée de voir ce que la vie m’offrait, nous offrant de nouvelles surprises chaque jour passant. À cette époque, j’aimais souvent jouer avec les marionnettes que confectionnait notre père, en leur créant leurs histoires, puisant toujours plus loin dans mon imagination. J’avais tout ce don j’avais besoin et j’en étais heureuse. Que demander de plus ? Mais comme tout n’était pas toujours rose, il avait fallu que certaines choses viennent quelques peu bouleverser notre quotidien d’enfants normaux.

Il est vrai que, souvent, ce sont les choses les plus marquants qui restent le plus souvent ancrés dans notre mémoire, cependant ce n’est pas le cas chez moi. Bien sûr, je me souviendrais toujours de certaines choses, mais il y a des souvenirs qui m’avaient tellement marqués, que j’ai préférés les oublier et cela a été le cas lors de la découverte de ce que j’étais réellement : une mutante. Mon frère fut le premier a découvrir sa propre capacité et j’ai suivi de quelques jours. J’étais effrayée par ce dont j’étais capable de faire et j’avais peur que cette… particularité nous exclu de notre nouvelle famille. Je ne voulais pas de ces pouvoirs que je ne contrôlais pas et qui me faisaient déclencher des phénomènes inexplicables. Malgré tout, nous gardions notre place dans le camps, étant accepté comme nous étions. Il arrivait que cela soit source de blagues amicales, mais nous n’étions pas considérés comme des montres et cela me rassurait. Je n’avais pas à me cacher et pouvais essayer de mieux comprendre mes facultés. Comme nous étions les deux seuls mutants du camps, il n’y avait personne pour nous expliquer comment faire pour essayer de maîtriser ce que nous pouvions faire. Il nous fallait apprendre seul, mais ce n’était pas un problème. Il nous suffisait de nous éloigner pour ne pas causer de dégâts et je me mettais à expérimenter ce dont j’étais capable.

Cependant la vie ne pouvait pas toujours nous sourire et elle prit un brusque changement auquel personne ne s’y attendait. Encore aujourd’hui j’aimerais que ce ne soit qu’un mauvais rêve, mais la réalité était bien là. Avec ce qui se passait à l’époque dans le monde, notre famille avait de plus en plus de mal à s’en sortir et mon père en était venu à l’impossibilité de nous nourrir sans avoir recours au vol. J’avais bien vu que cela ne plaisait pas à notre mère, mais nous ne pouvions faire autrement. Les temps étaient durs et le contexte de l’époque ne nous aidais pas à nous en sortir. Nous devions faire des sacrifices depuis que mon père n’arrivait à vendre des marionnettes et nous nous contentions du strict minimum. Cependant, la malchance continua de jouer en notre défaveur et un évènement que je souhaite oublier de tout mon être se produisit. Notre campement fut prit pour cible par des villageois en colère qui décidèrent de nous chasser de la région, nous accusant de tous les vols qui pouvaient y avoir, en plus de ceux de mon père. Je n’avais pas voulu être la cause de ce qui s’était passé, mais voir ces habitants en colère et s’en prendre à nous me firent perdre mes moyens. Mon pouvoir m’échappa et je fus la source de l’incendie qui détruisit notre chez nous et ôta la vie de notre mère. J’étais terrifiée par ce que je venais de faire et, sans l’intervention de mon frère, je ne sais pas ce qui aurait pu se produire. Il avait décidé de prendre les choses en main en prenant la fuite grâce à son propre pouvoir, m’emmenant avec lui.

J’avais l’impression de vivre un cauchemar éveillée. Tout ce que je pouvais percevoir, je le percevais au ralenti. J’étais consciente de ce que j’avais fait et je n’arrivais pas à l’accepter. J’avais réduit notre vie à néant, nous obligeant à fuir dans un monde qui pourrait nous accepter comme nous l’étions. Le premier jour fût difficile, car je craignais que ma mutation ne se manifeste contre ma volonté, mais je devais me ressaisir. Nous étions seuls, livré à nous même et je ne pouvais pas laisser mon jumeau se charger de tout. Alors je pris une décision. Je fit le choix d’oublier ce qui s’était passé, de faire comme si ce n’était qu’un simple mauvais rêve et qu’un moment ou un autre j’allais me réveiller chez moi avec nos parents. Je m’enfonçais dans cette idée fictive qui commença à prendre sa part d’importance sur la réalité. J’avais fini par me persuader qu’un moment ou un autre, quelque part, nous retrouverions nos parents plein de vie, comme si nous les avions quitté quelques heures.

Pendant plusieurs jours, nous avons erré dans le pays, cherchant à survivre. Nous évitions les villages, continuant d’avancer toujours au hasard et c’est ainsi qu’un nouvel espoir naquit au fond de nous. Je le ressentais comme une petite étincelle qu’il me fallait entretenir. Nous avions finit par rejoindre un groupe de réfugiés quittant le pays et nous nous étions mêlé à eux pour embarquer clandestinement sur un navire en partance pour l’Amérique. Mentir avait été facile pour mon frère qui avait simplement raconté que nous avions perdus nos parents dans la masse et nous avons pu faire parti du voyage. Le voyage avait duré plusieurs jours et ce ne furent pas mes plus heureux. Non seulement je continuais de m’enfoncer dans mon déni de la réalité, effaçant de ma mémoire ce qui avait eu lieu, pour échapper à ce que j’avais fait, mais je découvris à mes dépend que le bateau n’était pas fait pour moi, bien au contraire. Cependant nous avions eu de la chance. Personne ne s’était préoccupé de nous pendant le trajet et nous avons pu rejoindre les côtes américaines sans aucun souci. Comme si la vie voulait de nouveau vous sourire. Pietro nous évita des problèmes à l’arrivée en utilisant son pouvoir pour nous emmener directement en ville où notre nouvelle vie de vagabonds commençait. Nous étions désormais deux jeunes perdus dans une ville qu’ils ne connaissaient pas.

C’est souvent lorsque l’on se rapproche du présent que nos souvenirs sont plus faciles à se remémorer. Ma nouvelle vie à New York est encore suffisamment ancré dans ma mémoire pour que je puisse me remémorer certains instants de celle-ci. Les premiers jours après notre arrivée sur le sol américain ne furent pas des plus facile. Nous devions repartir de zéro, sans aucun toit pour nous abriter et sans argent pour vivre. Mais malgré tout, nous ne perdions pas espoirs. A force d’errer, mon frère nous avait trouvé un appartement abandonné que nous décidions d’investir. Voir que la chance revenait, je retrouvais le sourire, malgré le fait qu’il me fallait rester discrète dans mon mode de vie. Même si le lieu était abandonné, il ne fallait pas que les autorités ne nous tombent dessus, sans quoi nous nous retrouverions avec des problèmes que je ne souhaitais pas imaginer. Un certain quotidien s’installa avec mon frère qui se servait de son pouvoir pour aller récupérer ce dont on avait besoin, tandis que je restais chez nous, à essayer de maitriser mon don. Je vivais au jour le jour, décidant de ne pas me projeter trop loin dans l’avenir pour ne plus le voir se détruire comme dans mon pays natale. C’était une nouvelle vie qui s’ouvrait à moi et je l’acceptais sans me plaindre, prête à recommencer à zéro.

Prénom : Soazig-Marie
Pseudo(s) : Nîniel
Âge : 20 ans
Anniversaire : le 4 juillet
Pays : France (si l'on ne considère pas la Bretagne comme indépendante)
Comment as-tu connu le forum : J'avoue ne plus savoir si c'est sur google ou sur PRD ^^
Fréquences de connexions : Le plus souvent possible étant donné que je passe mes journées sur l'ordi pour mes études.
Commentaire(s) Votre forum à l'air juste génial (et j'adore ce smiley xD )