Chaque soir c’était la même chose, le même petit rituel : il enlevait ses chaussures, sa veste puis le reste de ses vêtements pour aller prendre une douche bien chaude que certains auraient qualifiée de bouillante. Il n’y avait rien de tel pour détendre ses muscles après une dure journée. Enfin, « dure journée » étant ici le synonyme de « sécher les cours pour se lever à midi, faire du skate toute la journée et finir par quelques heures en fin d’après-midi chez le disquaire-libraire où il travaillait pour gagner un peu d’argent... et piquer discrètement quelques dollars dans la caisse ». C’est dur la vie hein. Mais revenons à nos moutons. Oui comme à chaque fois il s’était dirigé vers sa salle de bain et en était sorti après avoir fini son interprétation de « Into the Fire » de Deep Purple. D’ailleurs, alors qu’il cherchait à manger dans son frigo, il se rappela qu’il n’avait toujours pas acheté leur dernier album qui venait de sortir cette année là. Alex lui ferait sûrement une offre vu que Glenn travaillait pour lui... à moins qu’il ne se rappelle la fois où le jeune homme avait brisé la vitrine (petit problème de skate mais peu importe) ... et de la fois où il était arrivé complètement saoul... et de... en fait, mieux valait ne pas parler à Alex du tout finalement. Mais bon c’était des choses qui arrivaient à tout le monde, non ? Au pire, il le prendrait « gratuitement » comme il le faisait si souvent dès qu’il rentrait dans un magasin, jouant de son charisme pour éviter de se faire prendre et finir au commissariat. Cleptomane, voilà ce qu’il était mais cela ne semblait pas vraiment le déranger vu que ce n’était pas lui qui se faisait détrousser de toute façon. Il ne fallait donc pas se demander comment il pouvait se payer un si bel appartement et tout ses petits plaisirs avec un simple salaire d’employé chez un disquaire. Après tout, c’était un style de vie comme un autre... pas vraiment légal, certes, mais pratique !

Une fois qu’il fut lavé, habillé et le ventre bien rempli, le jeune homme se regarda une dernière fois dans le miroir et dit tout en ajustant sa coiffure :

« Allez, va séduire les d’moiselles. Elles n’attendent que toi. »

Un rire malicieux lui échappa alors et il se dirigea vers la porte d’entrée, attrapa sa veste avant d’enfin quitter son appartement. Toujours sur le palier, il jeta un coup d’œil à sa montre : presque minuit... la fête ne faisait donc que commencer. Pas question de prendre la voiture ce soir ! Oh non, n'allez pas croire que Glenn était une personne responsable qui pensait que boire au volant était dangereux, loin de là ! Mais disons simplement que ce séducteur aimait plus sa voiture que les demoiselles ivres qui risquaient de vomir dans celle-ci... matérialiste ou simple enfoiré, bonne question... Sûrement les deux. Et puis marcher n’avait jamais tué personne (à part peut-être le petit vieux la semaine dernière qui s’était fait attaquer par un gang du coin... mais il avait fait une crise cardiaque, donc finalement ça ne comptait pas).

Glenn était de ces personnes qui ne prenaient que peu de choses au sérieux. N’allez pas lui parler d’avenir, de responsabilité et de philanthropie car il vous rirait au nez. Cependant, il y avait bien quelques sujets à éviter si l’on ne voulait pas finir à l’hôpital ou bien à la morgue. Tout d’abord, et c’était le thème le plus évident, la famille. En effet, étant à moitié Italien, il avait grandi dans une famille très soudée voire hyper-protectrice. Les filles se chargeaient du harcèlement moral et de pourrir votre réputation, les hommes se chargeaient de vous briser les os et plus encore. En d’autres termes : pas touche à la famiglia. Ensuite, il y avait également le thème lié à son courage et à son arrogance... n’osez jamais au grand jamais le traiter de mauviette ou lui dire qu’il se comporte comme un gosse car là aussi il se contenterait de vous détruire, en y prenant un malin plaisir.

D’ailleurs, étant né mutant et ayant compris la nature de sa mutation assez tôt, Glenn avait appris à user de son pouvoir plus ou moins à sa guise. Bien sûr, il y avait parfois quelques ratés, surtout quand il piquait une crise de nerf et que, par conséquent, tout était balancé au loin par son champ de force. Mais dans l’ensemble, il fallait bien avouer que le jeune italien avait réussi à dompter son don et à y faire appel quand le besoin s’en faisait sentir, bien qu’une grosse partie était déclenchée inconsciemment. Ainsi, il était facile de comprendre pourquoi il était quelqu’un de dangereux, capable du pire. Un simple humain ne pouvant pas rivaliser face à lui, il était donc libre d’infliger des sévices à ses victimes, « pour se détendre » comme il le disait souvent lorsqu’on lui demandait d’expliquer son geste. Après tout, il était un mutant, ils étaient des humains, et par conséquent il n’avait pas à se plier aux règles d’une espèce inférieure. Logique !

C’était donc tranquille qu’il se baladait dans les rues les plus dangereuses de New York, sans craindre de se faire agresser par un voleur ou un tueur en série... finalement dans l’histoire c’était lui le prédateur et non la brebis égarée. La nuit était un autre monde où la majorité des gens tombaient dans les bras de Morphée tandis que les autres faisaient la fête ou travaillaient dans l’ombre. C’était un monde plein de mystères et d’excentricités. Un monde parfait pour un mutant aussi excentrique que Glenn qui n’avait qu’une seule idée en tête : boire, draguer et faire la fête jusqu’à ce que le soleil se lève à nouveau.