Première sortie de printemps à Central Park [ P.V Erik Lehnsherr ]

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Assit dans son fauteuil roulant près d'un banc à Central Park, Charles observait le ciel avec attention. Il était bleu, sans aucun nuage. Le soleil inondait le parc et les buildings, si bien que Charles avait décidé de mettre un chapeau sur sa tête. De nombreux enfants jouaient ce jour là et l'un d'eux était un jeune mutant. Il avait cette belle capacité de donner vie aux fleurs qui étaient fanées. Charles s'en était rendu compte lorsque l'enfant s'était penché au dessus d'une pâquerette écrasée. La petite plante, froissée, redevenait comme neuve après un contact tactile. L'enfant ne semblait pas encore se rendre compte de ce qu'il était capable de faire, aussi, il n'en parlait pas autour de lui. Charles se laissa porter par son envie d'en savoir davantage. Il posa deux doigts sur sa tempe et pu voir la vie du garçon. Il était dans une famille avec des parents aimants. Il se servait de son pouvoir uniquement lorsqu'il était seul ou que personne ne pouvait le voir. La connexion fut interrompue lorsque la mère du petit garçon le prit par le bras pour quitter le parc. Charles porta alors son attention sur les passants. Il vit deux jeunes hommes qui avaient l'air d'être bons amis. Ils riaient et parler de tout et de rien, en se promenant dans le parc. Charles ne put s'empêcher de penser à Erik Lehnsherr, à leur passé. Il se souvenait de leurs idées au sujet des mutants, de leurs divergences... Charles regrettait le temps où il pouvait voir Erik tous les jours à l'institut. Ils s'entrainaient souvent lorsque leurs premiers pensionnaires avaient rejoint le manoir. Erik avait été la force de Charles dans les moments difficiles, jusqu'à ce que l'attaque des missiles vienne tout changer. Les clans s'étaient divisés, mais l'amitié que Charles portait à Erik n'avait pas changé. Il ne voulait pas se battre contre son ami et n'imaginait pas le jour où cela arriverait. Charles était persuadé que les humains n'étaient pas tous mauvais et avait des preuves. La CIA ne comportait pas grand nombre de bonnes personnes, mais une poignée avait aidé les mutants à évoluer. Peut-être qu'un jour, Charles pourra ouvrir les yeux de son ami. Pourtant, ni l'un ni l'autre n'avait tord dans leurs idées. Charles avait raison de penser que l'homme pouvait changer, mais Erik avait raison de se méfier du genre humain, capable des pires choses lorsqu'il se sent menacé. Perdu loin dans son esprit, Charles ne se doutait pas une seconde que son ami serait là d'une minute à l'autre.

C’était un des premiers jours de beau temps et de chaleur de l’année. Erienne avait absolument tenu à en profiter et avait traîné Benedict et Erik bon gré mal gré dehors. Erik était resté quelques temps avec eux, puis avait réussi à s’éclipser. Il avait laissé ses pieds le mener, empruntant un chemin qu’il devait connaître mais auquel il ne prêta aucune attention, plongé dans ses réflexions.
Trop de pensées se bousculaient dans son esprit, il y avait trop de détails, trop de personnes dont il fallait se soucier. Il n’y avait pas que les Whitmore et les autres mutants qui commençaient à se rallier à lui. Il y avait tous les autres, tous ceux qu’il n’avait pas réussi à convaincre. Ceux qui ne voulaient rejoindre aucun autre mutant, ni Erik, ni Solar, ni Charles. Et en face d’eux, il y avait les humains. Ceux qui ignoraient encore l’existence des mutants mais qui prendraient peur dès qu’ils en entendraient parler, ceux qui la connaissaient et qui se préparaient à les combattre. Le mutant était persuadé que l’attaque se ferait bientôt. Peut-être pas dans les prochains mois, mais très certainement dans les années à venir. La CIA ne pourrait pas retenir l’information plus longtemps, surtout s’ils apprenaient que plusieurs groupes de mutants étaient en train de s’élargir.
Erik aurait voulu croire aux idéaux de Charles. Il aurait sincèrement voulu penser, comme lui, que les humains pourraient accepter les mutants parmi eux, qu’ils pourraient tous vivre ensemble. Mais Erik savait mieux. Même si la vie de son ami n’avait jamais été rose, il n’avait pas eu à vivre l’Enfer par lequel il était passé. Il n’avait pas assisté au déchaînement de haine contre ses voisins, ses amis, ses propres parents. Erik savait que ce dont il avait été témoin durant son enfance se reproduirait un jour, contre les mutants. Les Allemands s’étaient sentis menacés par les Juifs et avaient décidé de les exterminer. Les humains se sentiraient menacés par les mutants, et chercheraient à les exterminer. Avant se faire tuer eux-mêmes.
Un cri fit relever la tête à Erik, l’arrêtant dans ses sombres pensées. C’était deux enfants qui jouaient à se courir après. Le mutant les regarda un instant faire, pinça des lèvres. Il aurait vraiment souhaité trouver un terrain d’entente avec les humains. Mais l’instinct de survie empêcherait toute négociation de la part des humains.
Erik détourna la tête et reprit sa marche. Il se rendit alors compte qu’il était arrivé dans Central Park. Voilà bien longtemps qu’il n’y avait pas mis les pieds. Il emprunta une allée. Il y avait beaucoup de mères avec leurs enfants, qui profitaient aussi des premières chaleurs de l’année pour jouer dehors après avoir passé tout l’hiver enfermé. Il y avait des adolescents qui sortaient de cours. Insouciants. Erik ne se sentait pas à sa place.
Il s’apprêtait à revenir sur ses pas quand une silhouette douloureusement familière attira son œil. Il se figea, se demandant s’il n’avait pas une hallucination. Mais c’était bien Charles. Impossible de se tromper. Sans qu’il ne s’en rende compte, un discret vint effleurer ses lèvres.
Le mutant hésita à peine un instant avant de rejoindre son ami. Sans dire un mot, il s’assit sur le banc à côté de lui.

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Les pensées de Charles dérivèrent sur son école et les élèves qui commençaient à arriver par petits groupes. Il avait eu de la chance d'avoir Hank, Alex et Sean à ses cotés, sans quoi il serait complètement seul dans son grand manoir, en se sentant incapable de tenter de trouver de nouveaux mutants. Charles s'imaginait, dans son fauteuil, dans une pièce vide, sans but pour son avenir. Cette idée lugubre le fit frissonner. Il se demandait pourquoi ses sombres pensées lui traversaient l'esprit. Sûrement la peur de la solitude. Avant, Charles était toujours accompagné de celle qu'il considérait comme sa soeur, Raven, aujourd'hui partie dans l'autre camp. Mais elle était sûrement heureuse avec Erik, car ses idées ressemblaient beaucoup à celles du mutant torturé. Charles soupira, éloignant la pensée de ses amis de son esprit. Il lui était douloureux de se souvenir des bons moments désormais révolus. Et puis, en détournant les yeux d'un groupe d'adolescents, Charles fut surpris de voir Erik s'installer sur le banc. Il y était peut-être allé fort, avec son pouvoir, ou bien son ami était réellement ici. Charles opta pour la seconde idée. Jamais il n'utiliserait son pouvoir sur lui-même. Erik était bien là, assit sur le banc. Charles ne put se retenir à faire un sourire qui, cependant, n'était pas bien joyeux. C'était un de ces sourires tristes, marqués par un passé, une histoire, des regrets. Il n'en voulait pas à Erik d'être ce qu'il était, d'avoir ses idées, même si au fond de lui, il lui en voulait de l'avoir laissé seul. Il s'en voulait également à lui-même, pour ne pas avoir su raisonner son ami. Le silence commençait à peser et Charles ne voulait pas se contenter de regarder. Il avait besoin de parler avec Erik, de trouver un semblant de leur relation passée, de le revoir comme cet ami avec qui il avait d'excellentes conversations.

— Tu es venu seul ?

Mais ce ne fut pas sa seule et unique question. Charles avait envie de réponses.

— Que viens-tu faire ici, à Central Park ?

Le fauteuil de Charles roula un peu vers l'avant, car il l'avait volontairement poussé. Il voulait être tourné vers son ami pour pouvoir lui parler. Ce objet était une torture et le coupable était malheureusement et involontairement celui qui était à ses cotés. Son meilleur ami. Charles essayait de ne plus se souvenir de cet évènement, mais le simple fait de poser les yeux sur les roues de son fauteuil ou d'avoir le réflexe de vouloir se relever lui ramener toutes ces douloureuses pensées. Il ne voulait pas en vouloir à Erik pour ce fardeau, mais aussi triste que cela puisse paraître, Charles se disait que s'il avait pu faire quelque chose, quoi que ce soit, pour maintenir son ami le plus calme possible, cet accident ne serait jamais arrivé.

Erik ne détachait pas son regard du visage de son ami. Parce que s’il baissait les yeux, s’il voyait qu’il était assis sur son fauteuil au lieu de ce banc, il savait qu’il aurait mal, qu’il ressentirait de la culpabilité. Erik était responsable de l’état de Charles et même après toutes ces années, il s’en voulait encore. Il s’en voudrait probablement jusqu’à sa mort, pensa-t-il avec amertume. Alors il laissait son regard s’accrocher à celui de son ami. Il le dévisageait, comme s’il cherchait quelque chose. Quoi ? Cherchait-il cette lueur dans ses yeux qui lui feraient du bien, cette lueur de haine ? Ce serait tellement plus facile si le télépathe le détestait. Mais il ne trouvait que de l’amitié, que la gentillesse qu’il y avait toujours vues. Erik serra les dents. Charles avait toujours été trop bon. Erik ne méritait pas son amitié. Erik ne méritait pas qu’il le regarde de cette manière, comme s’il était heureux de le voir, alors qu’Erik ne lui avait fait que du mal.
Mais Erik ne pouvait pas partir. Il ne pouvait pas échapper à cette honte. Il ne le voulait pas. Il se sentait attiré par Charles comme un papillon est attiré par la lumière d’une lampe la nuit. Il tournait autour, tentait de l’approcher au plus près, se faisait mal parfois. Et il finirait par en mourir. Mais il ne pouvait pas partir. Il devait continuer.
« Je viens trouver un peu de solitude. Le centre-ville est un peu trop agité pour moi. »
Erik eut un sourire sans joie. L’éternelle constante de sa vie : la Solitude. Il avait été forcé à vivre avec elle, et même lorsqu’il avait eu l’occasion de trouver des amis, des compagnons de route, il s’était retrouvé incapable de se séparer longtemps d’elle. Sauf avec Charles. Erik n’avait jamais compris pourquoi le télépathe avait été le seul à pouvoir se rapprocher ainsi de lui, à pouvoir rester près de lui aussi longtemps. Peut-être que c’était pour cela qu’Erik revenait toujours vers lui, malgré toute la souffrance et la honte et la colère.
« Et toi ? Je pensais que tu avais de quoi t’occuper à présent à l’Institut. »
Erik ne voulait pas parler de lui. Il n’avait pas envie de parler des Whitmore, de Raven à Charles. Non pas parce qu’il voulait garder certains sujets secrets – malgré toutes les précautions possibles, il y avait toujours des fuites au sein de la communauté mutante, et de toute façon Charles était au courant des projets d’Erik – mais Erik voulait écouter Charles. Il voulait l’entendre lui parler comme avant.

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Parfois, Charles avait l'impression de ne jamais avoir fait cette mission sur la plage et lorsqu'ils se voyaient comme aujourd'hui, c'était un peu comme s'ils se retrouvaient dans un endroit après une journée d'entraînements au manoir. La réalité rattrapait bien vide Charles qui ne pouvait se résoudre à croire que les choses allaient être différentes. L'histoire de deux amis séparés car ils n'avaient pas le même objectif. Charles n'avait plus son allié, lui qui avait promis à Erik qu'il ne serait plus jamais seul. Sa promesse n'était pas totalement fausse, Erik était entouré de mutants désormais, mais pas avec Charles. Le projet de faire des jeunes mutants une armée était également l'idée d'Erik. Charles avait eu bien trop peur de lancer des adolescents en pleine guerre, mais cela s'était avéré utile au final. Le seul regret de Charles était d'utiliser l'idée sans Erik. En même temps, Charles ne pouvait pas mettre une croix sur ces projets là.

Aujourd'hui, Charles n'était pas seul. Erik était assit à ses cotés - façon de parler - et tout deux entamaient une discussion pour le moins banale. Charles ne savait pas ce que son ami avait en tête mais il pensait ne pas tarder à le savoir. Il ne voulait pas fouiller dans son esprit comme un voleur, même s'il l'avait fait de nombreuses fois par le passé. Pourtant, Charles avait cette curiosité qui le démangeait au fond de lui. Il voulait savoir si Erik n'était pas en danger, s'il allait bien...La mutation n'était pas son unique moyen d'en savoir plus sur la présence de son ami, alors, il lui posa une simple question, histoire de débuter quelque part.

— Je viens trouver un peu de solitude. Le centre-ville est un peu trop agité pour moi.

Charles observait son ami avec grand intérêt. Il avait l'impression que la tristesse ne se détachait jamais réellement du visage d'Erik, comme si son passé était dessiné à tout jamais sur ses traits. Charles avait vu quelques brides de souvenirs d'Erik et savait ce qu'il avait vécu - ou du moins, à peu près, il ne savait pas tout sur lui.

—Et toi ? Je pensais que tu avais de quoi t’occuper à présent à l’Institut.

Charles eut un petit rire.

— Je suis occupé, mais j'ai décidé de faire une pause. C'est difficile de gérer cette école seul... Alex, Hank et Sean m'aident bien, heureusement...

Erik savait déjà sûrement tout cela, car ce n'était pas la première fois que les deux amis se voyaient depuis l'accident. Charles soupira doucement, essayant de rester le plus calme possible. S'il le pouvait, il demanderait, non, il supplierait Erik de revenir, d'essayer une nouvelle fois de s'allier à lui, d'oublier ses idées de vengeances... il voulait donner à son ami une seconde chance, voir s'il pouvait faire une sorte d'alliance avec les humains pour intégrer au mieux les mutants dans la société.

— J'imagine que tu es très occupé toi aussi. J'ai tord ?

Erik détourna un instant le regard en entendant les noms des mutants. Cela faisait longtemps qu’ils ne les avaient pas vu, plusieurs années à vrai dire. Parfois, il avait l’impression que c’était la veille qu’il était parti avec Charles pour aller les chercher. C’était hier que Alex essayait de prendre conscience en lui, d’utiliser son pouvoir sans avoir peur de blesser quiconque, que Hank tentait d’assumer sa particularité physique, d’apporter son aide à tous les autres mutants en leur inventant des costumes, que Sean s’entraînait à voler à partir d’une fenêtre du premier étage ou du sommet de la parabole. C’était hier que Hank avait raté son sérum et l’avait transformé en « Fauve », que Sean et Alex l’avaient regardé quitter la plage avec une lueur de haine dans les yeux.
Erik lança un regard à son ami, lorsqu’il lui retourna la question. Il poussa un soupir, et s’avança légèrement sur le banc, posant ses coudes sur ses cuisses.
« Non, tu as raison. »
Il sourit pendant un instant, un sourire qui disait « comme toujours ». Il croisa ses fins doigts entre ses jambes. Il portait un long pull noir dont les manches couvraient ses bras jusqu’aux poignets, mais son regard s’attarda tout de même sur son avant-bras gauche. Ses épaules se contractèrent imperceptiblement. Il n’avait pas besoin de voir ces numéros pour les connaître.
214782
Ils n’étaient pas seulement tatoués sur sa peau, ils étaient à présent gravé dans son âme, venaient le hanter à chaque instant de chaque journée. Erik ne pourrait jamais échapper son passé. Il avait essayé de courir, de fuir mais même après avoir traversé presque tout un continent et un océan, son passé était toujours là. Erik ne pouvait pas lui échapper, parce qu’il n’était pas après lui, il était en lui.
Erik releva la tête vers Charles qui le fixait. Ce regard lui avait toujours donné l’impression que son ami pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert, pas grâce à son pouvoir, mais parce qu’il le connaissait. Essayait de le comprendre, sans le juger.
« Nous commençons à réunir des mutants. Je suppose que ce n’est pas une grande nouvelle pour toi. »
Cela faisait plusieurs mois que Erik n’avait pas vu Charles, et lors de leur dernière rencontre, sa confrérie ne comptait que lui et Raven. Cependant, il se doutait que le télépathe avait les moyens de suivre l’avancement de ses projets, comme Erik pouvait connaître ce qu’il se passait à l’Institut.

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Même s'il n'entrait pas dans son esprit, Charles pouvait deviner certaines pensées de Erik, comme à ce moment, où il posa son regard sur son avant-bras. Charles aurait voulu poser une main sur l'épaule de son ami, comme une sorte de réconfort, lui apporter la paix dont-il avait besoin pour se débarrasser de ses pensées, mais il n'osa rien faire. Les choses n'étaient plus comme avant, même si l'amitié qu'il portait à Erik était intacte. Une forte amitié qui le faisait désormais souffrir. Il passait son temps à ressasser le passé, hanté par les souvenirs d'un Erik tourmenté mais présent, à ses cotés, pour mener à bien leur projet. Ils aidaient les mutants à s'en sortir, à développer leurs pouvoirs. Et puis, Charles n'était pas seul... aujourd'hui, il avait l'impression de l'être, aussi bizarre que cela puisse paraître, malgré le fait qu'il soit entouré de jeunes mutants, de Hank, Alex et Sean. Erik manquait vraiment. Parfois, chose stupide, Charles avait une idée et la première personne avec qui il avait envie de partager ça était Erik, avant qu'il ne prenne conscience qu'il n'avait plus son ami auprès de lui. Un grand vide s'était installé dans tout le manoir après son départ, et encore aujourd'hui, quelque chose manquait à la dynamique du groupe des x-men. En parlant de groupe, Erik avait l'air d'en avoir un, lui aussi. C'était évident...

— C'est un peu une nouvelle. En quelque sorte, mais je me doutais bien que tu ne resterais pas seul avec Raven et quelques autres.

Charles ne savait pas trop comment imaginer l'équipe de Erik. Il était curieux de savoir, il avait envie de voir de ses propres yeux. Malheureusement, Charles n'en avait plus la possibilité. Il soupira lentement, nostalgique, décidant de changer de sujet.

— Après... ce qu'il s'est passé sur la plage... j'ai décidé d'effacer la mémoire de Moira McTaggert. Je ne te l'avais encore jamais dit... mais je pense que c'est mieux que je t'en fasse part. Elle ne sait plus où se trouve l'institut. Par contre... je me demande si la CIA se préoccupe encore de nos cas où non. Tu as des informations ?

Charles avait envie de coopérer avec Erik. Il n'y avait plus que ça, de toute façon. Puis, après un petit moment d'hésitation, Charles décida de parler, sans réellement être sûr d'avoir osé le dire à voix haute.

— Ta présence manque au manoir.

Il dévisageait Erik en essayant de ne pas paraître trop bizarre. S'il avait dit ça, ce n'était pas pour le faire culpabiliser, mais juste pour lui rappeler que s'il se sentait seul, Charles était là. Il lui avait promis qu'il ne serait plus seul... il comptait bien tenir sa promesse. Charles était comme ça, généreux avec les autres, surtout avec ses amis, son ami.

Spoiler:

Erik dévisagea Charles alors qu’il lui répondait, tout en gardant un air impassible. Il ne savait pas comment traduire les paroles de son ami. Etait-ce simplement une constatation, montrant que malgré ces années, malgré leur séparation, il le connaissait toujours aussi bien, ou y avait-il plus que cela ? Erik n’avait jamais osé demander si Charles lui en voulait d’avoir emmené Raven avec lui. Erik n’avait jamais eu de frère ou de sœur, il ne savait pas ce que ça faisait d’avoir quelqu’un de son âge avec qui on vivait, avec qui on pouvait jouer tous les jours, tout partager. Mais il se doutait que devoir s’en séparer, voir son frère ou sa sœur se retourner contre soi devait être particulièrement douloureux. Encore une souffrance de Charles dont il était responsable ! C’était sûrement pour cela qu’il n’avait jamais osé demander. Il préférait rester dans le doute, car si Charles lui disait clairement qu’il lui en voulait d’avoir attiré Raven de son côté, Erik n’était pas certain qu’il pourrait continuer à le voir.
Puis Charles changea de sujet, se mit à parler de McTaggert. En entendant son nom, Erik se tendit. Il se redressa légèrment et serra les dents. Il n’avait jamais aimé cette femme, cette humaine. Elle pouvait avoir des intentions sincères quant aux mutants, mais elle travaillait pour la CIA, et les hommes travaillant là-bas ne pensaient pas tous comme elle. Il mit quelques secondes à réaliser ce que venait de dire son ami et il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en coin. Il savait que ça avait dû être difficile pour Charles de manipuler ainsi l’esprit d’une de ses amis, mais c’était pour sauver Alex, Sean et Hank et tous les autres.
Charles s’interrompit quelques instants, et Erik s’apprêtait à répondre lorsqu’il le désarçonna totalement. Erik baissa la tête, incapable de soutenir le regard de Charles. « Et le manoir me manque aussi » avait-il envie de répondre.
Mais Erik ne dit rien. Qu’avait-il à répondre à cela ? Bien sûr qu’il avait envie de retourner au manoir, officiellement, de revoir tous ces jeunes mutants, d’en rencontrer d’autres. Une part de lui mourrait d’envie de suivre Charles, de retourner au manoir et de rester pour aider les jeunes mutants. Mais au moins l’un d’eux devait être fort pour se préparer à se dresser contre les humains, et Erik savait que cette personne ne pourrait jamais être Charles. Charles était trop bon, Charles était trop naïf.
Il se passa plusieurs instants sans qu’aucune parole ne soit échangée. Erik regardait devant lui, vit un enfant passer devant eux en courant après un chien, suivi d’un couple qui couvait leur fils d’un regard attendri. Erik aurait voulu cette vie paisible, cette vie normale. Mais Erik était un mutant, il n’était pas normal, il n’aurait jamais le droit à de vie paisible.
Il tourna finalement la tête et adressa un long regard à son ami qui disait ce qu’il ne pouvait pas lui répondre avec des mots. Qu’il était désolé. Qu’il avait envie de revenir au manoir. Que ça lui manquait aussi. Mais qu’il n’avait pas le choix.
Il se racla la gorge, qui était étrangement nouée, et répondit enfin.
« Charles, ils ont vu ce qu’on était capable de faire ce jour-là. Tous les militaires sur ces bateaux m’ont vu soulever un sous-marin et retourner tous leurs missiles contre eux. Tu as beau avoir effacé la mémoire de McTaggert, tu n’as pas effacé celles de ces hommes-là. Bien sûr que la CIA se préoccupe encore de nous. »
Erik se demandait comment son ami avait pu avoir l’illusion que les humains les laisseraient tranquille. A ce moment précis, ils devaient même être probablement la priorité numéro 1 de la CIA, du FBI, de tout le gouvernement. Mais Erik ne voulait pas continuer sur ce sujet. Un des rares sur lesquels ils étaient en désaccord. Rare, mais si important ! Erik ne voulait pas ruiner cette rencontre. Il ne voulait pas raviver des douleurs déjà trop présentes à son goût.
« Charles… »
Il ne savait pas ce qu’il avait voulu dire. Sa voix était incertaine. Erik n’avait pas l’habitude d’implorer, mais cela y ressemblait pourtant. Bien sûr que la situation actuelle ne les rendait pas totalement heureux. Mais que pouvaient-ils y faire ? Charles et Erik avaient des responsabilités, trop de mutants dépendaient d’eux à présent. Ils ne pouvaient plus faire passer leurs sentiments personnels en premier dorénavant.

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Charles écoutait les paroles d'Erik avec attention mais ses idées étaient toujours fondées dans son esprit. Il avait la certitude que les hommes pouvaient accepter les mutants dans la société. Moira Mctaggert et un des agents de la CIA étaient la preuve que certaines personnes ne craignaient pas les mutants. Ils étaient au contraire fasciné par leurs facultés et tentaient de les aider à s'améliorer. Charles était aveuglé par son utopie. Naïf, il gardait l'espoir au plus profond de lui, que les hommes puissent un jour les accepter dans la société. Il était conscient qu'il y aurait des divergences, des gens effrayés au premier abord, mais s'il réussissait à se faire une place parmi les hommes importants, Charles était sûr de pouvoir gagner la confiance des humains.
En regardant Erik, il avait aussi cet espoir naïf de le rallier à sa cause, de lui faire entendre raison. Il voulait que son ami partage avec lui cette confiance aveugle, il le voulait à ses cotés pour faire évoluer l'esprit des hommes dans le bon sens. Mais les paroles d'Erik montraient à quel point il se préoccupait de la sécurité des mutants, il n'avait visiblement plus confiance face aux agents de la CIA. Mais Erik, avait-il eu confiance en eux quelques années auparavant ? Charles se souvenait encore de la réticence de son ami à s'engager dans cette "union". Il voulait suivre Charles, mais pas les agents de la CIA dans leur quête de découverte des nouveaux mutants. Charles avait su depuis le début que Erik n'avait qu'une idée en tête : se venger. Il avait essayé d'apaiser son esprit, sans succès.
Charles laissa un court soupir s'échapper de ses poumons. Erik semblait le supplier de l'écouter, d'ouvrir les yeux. Mais Charles était ce qu'il était. Un homme plein d'espoirs et de rêves. Il était déterminé à poursuivre son objectif, car il avait la certitude qu'avec beaucoup d'acharnements, il aurait ce qu'il désire.

— Je peux changer les choses. Je pourrais reprendre contact avec des personnes de la CIA, leur expliquer ce qu'il s'est passé et... je pourrais réussir à faire quelque chose.

Charles ne savait pas si la discussion servirait à quelque chose et il se tut.

— Je te sens encore remplis de rage...

Il ne l'avait pas fait depuis longtemps, mais Charles tentait de lire dans l'esprit de son ami. Il voulait y découvrir quelques pensées, n'importe quoi qui puisse lui donner un peu d'espoir. Peut-être était-ce trop tard pour espérer un changement de situation pour Erik. Ses idées semblaient fondées depuis longtemps. Peut-être même lors de cette partie d'échecs aux manoirs, où Erik disait que les humains ne distingueraient jamais les mutants bons ou mauvais à cause de leur peur. Charles se souvenait de ses paroles comme si c'était hier, mais son esprit resté déterminé. Une détermination qui le poussait à vouloir former des mutants pour venir en aide aux êtres humains, afin qu'ils voient la différence entre les bons et les mauvais mutants. Charles en était persuadé, les choses pourraient bien changer.

Spoiler:

Erik retint un soupir en entendant la réponse de Charles. Il y avait des moments il aurait voulu partager son optimisme, croire comme lui en la bonté de l’être humain. Mais il ne tardait pas à se rappeler son enfance avortée par les camps. Il se souvenait de tous ces hommes qui les avaient parqué comme des animaux parce qu’ils avaient peur d’eux, qu’ils avaient peur de leur différence. Erik savait alors au plus profond de son être qu’il avait raison. Et quand il voyait son ami espérer encore et encore, ça lui faisait mal. Parce qu’il savait que Charles rencontrerait des désillusions, et que plus il s’enfoncerait dans sa naïveté, plus la chute lui serait brutale. Erik n’aurait souhaité cela à personne, même à son pire ennemi, alors à son plus proche ami…
Mais il ne pouvait rien faire. Charles et lui campaient sur leurs positions, et toutes leurs discussions ne les avaient pas fait changer d’avis, alors qu’ils se connaissaient depuis de nombreuses années.
« Je te sens encore rempli de rage… »
Erik tourna la tête vers son ami, prêt à lui répondre quand il sentit quelque chose de désagréable dans sa tête. Quelque chose d’étranger, quelque chose qui cherchait à pénétrer dans son esprit. Quelque chose de reconnaissable. Cela faisait plusieurs années qu’il n’avait pas ressenti cela, et la douleur fut d’autant plus grande. Il se leva aussitôt et recula d’un pas, comme si mettre une distance physique entre Charles et lui affaiblirait les pouvoirs du télépathe.
« Charles… »
Erik avait mal. Pas à cause de l’intrusion elle-même, mais parce que Charles en était l’auteur. Charles avait utilisé son pouvoir contre lui, rompant un accord tacite pour la première fois depuis des années.
« Tu avais promis de ne plus jamais faire ça sans mon autorisation. »
Erik se sentait sale. Charles l’avait traité comme une personne qu’il aurait juste rencontrée, ou dont il n’avait pas confiance, foulant aux pieds leur amitié.

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

En voyant l'attitude de Erik, Charles n'essaya même pas de continuer son intrusion psychique. Il rompit tout contact avec l'esprit de son ami, se sentant un peu déboussolé. Il n'avait pas cherché à lui faire du mal et s'en voulait à présent, d'avoir osé imaginé pouvoir "cueillir" quelques informations dans sa tête. Lors de leur première rencontre, Charles ne s'était pas gêné pour voir à qui il avait affaire. Mais lorsque leur amitié fut développée, Charles commença à demander la permission à Erik. La toute dernière fois que Charles était entré dans l'esprit de son ami, il l'avait aidé à trouver Shaw. Ce moment fut réellement le dernier... jusqu'à aujourd'hui. Sa tentative fut de courte durée et le voila dans tous ses états. La culpabilité commençait à le ronger, mais de bonnes intentions se cachaient derrière cet acte. Charles avait cette habitude, de ne faire plus qu'un avec son pouvoir, de s'en servir comme quelque chose de tout à fait normal, pour se donner une certaine facilité d'approche envers les autres, sans penser, parfois, que cet endroit, l'esprit, était le seul lieu intime qu'ils pouvaient encore avoir dans ce monde. Charles leva les yeux vers son ami, le regard totalement paniqué. Il ne voulait pas perdre l'amitié d'Erik, encore moins de cette façon.

— Je suis désolé... je voulais simplement...

Charles stoppa net. Il ne savait pas exactement ce qu'il voulait. Il connaissait Erik et s'inquiétait pour lui. Il voulait faire en sorte de pouvoir lui venir en aide et la première idée qui lui avait traversé l'esprit fut sa télépathie.

— Je voulais juste savoir si tu allais bien. Je sais que je devrai te demander ton autorisation et j'en suis désolé. Nous nous voyons que très rarement et... je ne sais pas, j'ai toujours l'impression de pouvoir aider les autres. Je suis égoïste, pardonne-moi.

La culpabilité était de plus en plus abondante et l'esprit de Charles confus. Il avait cette étrange sensation, au creux de l'estomac, au cœur, partout en lui, lorsqu'il voyait Erik tourmenté, surtout par sa faute. C'était la première fois qu'il le voyait furieux contre lui et il ne voulait plus que cette erreur se reproduise. Charles songea même à partir, mais il ne savait pas s'il devait rester ou rentrer le plus vite possible. Alors, ses yeux se posèrent sur ses mains qu'il tordait depuis une bonne minute, se torturant un peu plus l'esprit. Puis, il décida de se confier à voix haute, peut-être pour se justifier sur ses actes, éviter de faire fuir le seul véritable ami qu'il n'ait jamais eu.

— C'est drôle... je n'ai jamais appris à parler avec une personne sans fouiller dans son esprit. Il faut toujours que je cherche des points communs, des sujets à éviter, le passé d'une personne ou ses goûts pour mieux ouvrir une discussion. J'ai souvent exaspéré Raven d'ailleurs... et jamais jusqu'à aujourd'hui, je n'ai songé à essayer de communiquer autrement qu'avec mon pouvoir. Je devrai faire quelques efforts, parce que je sais que j'agace même quelques élèves à l'institut. Sean déteste quand je fais ça mais... ça fait partie de ce que je suis. J'ai ce don et... je ne veux pas commettre d'erreur avec. Je voulais juste être sûr que mon ami se sentait bien.

Erik vit le visage de Charles changer d’expression, révéler une culpabilité sincère. Il se calma un peu et l’écouta s’expliquer. Il savait que Charles pensait ce qu’il disait, qu’il n’avait jamais voulu lui faire consciemment du mal. Mais il y avait une part de lui qui ne pouvait pas accepter cela, d’être traité comme un élève ou un étranger. Cependant Erik ignora cette voix intérieure, la relégua au fond de lui lorsque Charles l’appela son ami.
Le mutant ferma les yeux et détourna un instant la tête, prenant une grande inspiration pour retrouver son calme. Après quelques instants, il reposa son attention sur Charles qui le fixait avec appréhension.
« Charles, tu l’as fait avec moi. Tu as appris à me connaître sans utiliser ton pouvoir à chaque instant, déclara-t-il d’une voix calme, à peine plus élevée qu’un murmure. »
Il soupira et reprit sa place sur le banc, sans lâcher son ami du regard.
« Je ne suis pas ton ennemi. Si tu veux me demander quelque chose, pose-moi une question. Tu ne peux pas être certain que je te dise la vérité, ou même que je te réponde, mais si tu es réellement mon ami, tu dois apprendre à me faire confiance. »
Il se tut un instant, comme pour laisser le temps à Charles de s’imprégner de ses paroles, qu’il comprenne que oui, il l’avait blessé, mais que non, il ne lui en voudrait pas.
C’était étrange à quel point Erik pouvait être différent lorsqu’il était avec Charles, à quel point il pouvait être humain. Au cours des dernières années, depuis qu’il avait rejoint les Damnés, Erik s’était fait appeler Magneto. Sans qu’il ne s’en rende compte, Erik était vraiment devenu ce personnage, ce mutant dont le simple nom pouvait à présent faire naître la crainte. La colère l’avait quitté, ou du moins, il avait appris à la contrôler, et sa rage froide en était d’autant plus effrayante. Les mutants avaient appris à le respecter. Mais lorsqu’il se retrouvait avec Charles, il redevenait Erik. Il ne portait plus de masque, il ne pouvait plus se cacher derrière un nom qui n’impressionnerait jamais son ami. Erik aimait se retrouver en compagnie de Charles, mais il avait peur des sentiments qu’il faisait naître en lui. Il devenait trop vulnérable. Et Erik ne pouvait pas se permettre d’avoir de faiblesses. Magneto devait être invincible.
« Et pour répondre à ta question, reprit-il baissant les yeux vers ses mains, je vais bien. Autant que ça puisse aller dans ce monde. »

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

— Je pense m'y appliquer de nouveau... dans ce cas.

Charles ne voulait pas offenser Erik, il devait se réhabituer à parler avec son ami comme il l'avait fait quelques années en arrière. Il lui avait promis de ne plus lire dans son esprit et il allait s'y tenir. Ses mauvaises habitudes ne devait pas prendre le dessus et il pouvait faire cet effort pour Erik et uniquement pour lui. Erik était bien le seul qui avait un certain effet sur Charles. Il pouvait facilement le convaincre et le guider, comme ce fut le cas après l'attaque du club des damnés au Q.G de la CIA. Erik avait convaincu Charles de faire des quelques mutants recrutés une armée. Cependant, malgré tout, Charles restait campé sur ses positions concernant les humains. Mais Erik pouvait faire beaucoup sur l'esprit de Charles, il avait un certain pouvoir...

— Je peux t'assurer que je ne te considère pas comme un ennemi et je te fais confiance... je crois même que tu es bien la seule personne en qui je peux avoir confiance ici. Je t'assure que c'était uniquement dans ton intérêt...si j'ai fait un écart, mais je le répète, ça ne se reproduira plus.

Charles afficha un léger sourire, pour accompagner ses paroles. Il voulait réinstaller le bon équilibre qui régnait entre eux, éviter les tensions inutiles. Il était tout de même conscient d'avoir fait une erreur, d'avoir blessé Erik, alors, il s'en tiendrait à leur accord sans rechigner. Charles préférait finalement poser des questions, quitte à ne pas avoir de vraies réponses, plutôt que de perdre cette amitié si précieuse à ses yeux. Son regard s'attardait souvent sur les traits d'Erik, sur ses gestes, son regard. Il n'avait pas idée à quel point tout ce qu'il ressentait était bien plus puissant que l'amitié. Nuit et jour, il se poser des questions sur son ami. Était-il en danger ? Que faisait-il ? Pensait-il revenir un jour ? Son esprit, est-il apaisé ou encore plus instable que le jour de leur première rencontre ? Charles se préoccupait beaucoup trop d'Erik, si bien qu'il en oubliait parfois sa propre vie. Il fut certainement rassuré d'entendre Erik lui dire qu'il allait bien, mais n'était pas sûr que la suite de sa phrase coïncide avec sa réponse. Autant que ça puisse aller dans ce monde... était-ce une phrase chargée de sens ou une simple phrase, glissée comme ça, sans réelles intentions ? Charles posa alors sa main sur l'avant bras de son ami, désirant apporter un peu de réconfort, au cas où.

— Si un jour, tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. Peu importe nos intentions... peu importe que nous soyons d'un camp différent, je t'ai promis que tu ne serais plus jamais seul et cette promesse tient encore.

Charles avait des espoirs et espérait en voir chez Erik, même si les chances étaient minces. Mais ce qui lui tenait le plus à coeur, c'était de pouvoir partager quelques rares moments en sa compagnie. Il voulait même parfois oublier ce débat concernant les humains et leurs deux idées bien distinctes. Charles rêvait parfois de vivre normalement, d'avoir des moments "normaux" à partager avec Erik, comme se rendre dans un bar et s'amuser de tout et de rien... mais depuis quelques temps, de lourdes responsabilités pesaient sur les deux hommes. Charles devait s'occuper d'une école, apprendre à de jeunes mutants à canaliser leurs émotions pour réussir à contrôler leurs pouvoirs. Inévitablement, et à chaque fois qu'il voyait un jeune mutant rempli de colère, il avait une pensée pour Erik.

Les paroles de son ami réchauffèrent le cœur d’Erik, qui tenta pourtant de garder un visage impassible. Lorsque Charles posa une main sur son bras, il ne put retenir un léger sourire. Erik supportait peu la présence d’autres personnes auprès de lui, il y avait toujours un espace minimum à respecter, et il supportait encore moins les contacts physiques. Il ne savait pas d’où ce dégoût venait. Il se souvenait pourtant d’une époque où il recherchait les bras de son père, les baisers de sa mère. Peut-être était-ce depuis les camps. Depuis Shaw. Encore et toujours lui. Cet homme l’avait transformé en machine à tuer. Peut-être que c’était cela, la raison de son éternel détachement : Erik avait développé son pouvoir, et était devenu aussi dur et froid que le métal qu’il contrôlait. Peut-être évitait-il tout contact pour ne pas se laisser ramollir par de la chaleur humaine, pour ne jamais oublier ce qu’il était et ce qu’il devait accomplir. Jusqu’à ce que Charles arrive dans sa vie, et le touche, physiquement et émotionnellement.
A sa façon, Charles, tout comme Shaw, avait façonné Erik. Sans l’un ou l’autre, il ne serait jamais devenu ce qu’il était. Mais Charles n’avait pas tué sa mère pour qu’il fasse bouger une misérable pièce. Il n’avait pas essayé de le mettre sans cesse en colère pour développer ses aptitudes. Le jeune homme avait vu au plus profond d’Erik et avait essayé de l’aider. Il avait voulu lui apporter la paix. Il lui avait offert son amitié. En temps normal Erik aurait fui. Mais c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un comme Charles. Comme lui. Un autre mutant. Un égal. Erik n’avait pas pu lui tourner le dos. Même si leurs avis divergeaient, il avait essayé de rester auprès de lui, comme un papillon autour d’une lampe, au risque de se brûler. Charles était son ami. Et parfois le fait que ça lui paraissait naturel, que ça ne l’effrayait pas lui faisait justement un peu peur. Parce que Erik se rendait alors compte à quel point Charles s’était ancré dans sa vie, à quel point Erik était incapable de se débarrasser de lui, même si ça finirait par le tuer.
Erik releva les yeux vers Charles et recouvrit sa main de la sienne. Il plissa légèrement des yeux et serra les lèvres, puis ouvrit la bouche, s’apprêtant à dire quelque chose, mais aucun son n’en sortit. Sa gorge était nouée, comme s’il était physiquement incapable de prononcer un simple « Merci ». Il referma la bouche, espérant que son ami aurait tout de même compris le message.
Il se racla ensuite la gorge et se leva. La main de Charles quitta le bras d’Erik mais celui-ci posa la sienne sur son épaule.
« Tu veux aller boire un verre ? Je commence à avoir la gorge sèche. »
Erik n’avait jamais aimé prétendre, mais il lui semblait qu’avec Charles c’était toujours ce qu’il y avait de plus facile à faire. Leur amitié était profonde et sincère, mais elle était recouverte par trop de tensions, de divergences. Alors il prétendait que tous ces problèmes n’existaient pas, qu’ils n’étaient ni Magneto ni Professeur X – ils ne l’étaient jamais vraiment quand ils n’étaient que tous les deux. Il voulait croire qu’il n’y avait que Charles et Erik, de simples amis. Deux meilleurs amis.
C’était comme un rêve, une fantaisie qu’Erik voulait s’accorder bien trop rarement à son goût.

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Charles n'avait pas besoin de se servir de sa télépathie pour comprendre son ami, et la preuve fut sous ses yeux au moment où Erik ouvrit la bouche. Charles attendait d'entendre le son de sa voix, un mot, une phrase, mais rien ne se fit entendre. Pourtant, Charles compris malgré tout que son ami le remerciait. Ce lien, sans pouvoir, sans télépathie, lui avait manqué. Comme quoi, Charles pouvait très bien être "normal" de temps à autre, sans fouiller partout comme un voleur. Erik était privilégier, sûrement grâce à l'amitié des deux hommes, à ce fort lien qui les unissaient, car Charles n'avait pas l'habitude de se passer de sa capacité. Sans réellement s'en rendre compte, Charles changeait avec son ami à ses cotés. Il devenait une personne moins égocentrique. Autrefois, il avait eu du mal à voir Raven telle qu'elle était, essayant de se défendre en mettant en avant leur lien fraternel lorsqu'elle lui avait demandé si oui ou non, il sortirait avec elle sous son apparence naturelle. Aujourd'hui, il préférait voir sa sœur telle qu'elle était, ayant eu l'esprit un peu plus ouvert depuis qu'il avait côtoyé Erik. Certains disent que les gens ne changent jamais, Charles pensait au contraire, que la possibilité d'évoluer, grâce à divers éléments, existait bel et bien. Mais pour ce qui était de leurs points de vue, Charles et Erik ne pourrait jamais changer l'un ou l'autre. Charles avait essayé, il avait échoué. Il respectait désormais l'idée de son ami, en espérant cependant, au fond de lui, que Erik puisse l'écouter et voir que tous les humains n'étaient pas comme Shaw, qu'ils n'étaient pas tous cruels. Un combat perdu d'avance. Alors, Charles profitait des courts instants en compagnie d'Erik, en essayant de ne pas penser aux divergences. La vie était bien trop courte pour ne se focaliser que sur ce détail. Si Charles devait en vouloir à vie à Erik à cause de ses intentions, il pourrait bien le perdre à jamais et, aussi bizarre que cela puisse paraître, Charles ne voulait pas perdre Erik. Lorsque son ami lui proposa d'aller boire un verre, un nouveau sourire s'afficha sur le visage de Charles. Lui aussi avait soif, surtout par ces temps d'été.

— Je te suis. Ce sera pour nous l'occasion d'avoir une plus grande discussion, tu ne crois pas ?

Charles avait la sensation d'avoir la main d'Erik sur la sienne, alors que celle-ci l'avait quitté depuis quelques secondes maintenant. Les contacts physiques entre eux étaient très rare, et souvent, c'était Charles qui posait sa main sur son épaule, notamment lorsqu'ils l'avait félicité pour avoir maîtriser son pouvoir. Charles était très tactile, surtout envers ceux pour qui il avait une grande estime. Ayant la gorge vraiment sèche, lui aussi, Charles dégagea son fauteuil et commença à se déplacer. Il se dirigeait vers un pub, sans réellement savoir si c'était dans les intentions d'Erik d'aller là bas.Il observa son ami, ayant une étrange sensation. C'était assez bizarre de le voir plus grand... Assit dans son fauteuil, Charles possédait moins de capacités. Il ne pouvait pas suivre son ami à son allure, devait faire attention de ne pas "rouler" trop vite... Après huit années dans ce fauteuil, Charles n'avait encore jamais réalisé à quel point il était difficile de sortir avec un ami et se sentir si petit à coté de lui.

— Comment va Raven ? J'imagine qu'elle se sent bien...

Erik sourit lorsque Charles accepta son offre. Il se leva et régla son allure à celle de son ami, le suivant, sans vraiment savoir où ils se dirigeaient.
« Comment va Raven ? J’imagine qu’elle se sent bien… »
L’homme baissa la tête vers son ami et lui adressa un sourire, mais ce n’était qu’un sourire de façade. Raven avait toujours soulevé des tensions entre eux, mais peut-être n’était-ce que l’imagination de Erik. Elle et Charles se connaissaient depuis l’enfance. Ils n’avaient qu’eux, elle était la seule véritable amie qu’il avait, et vice-versa. Puis Erik était arrivé, et Raven s’était éloigné de Charles, jusqu’à le quitter définitivement sur la plage pour suivre Erik. Oh, il savait que tout n’était pas noir et blanc, que chacun d’eux avaient leurs fautes. Erik n’aurait peut-être pas dû insister autant auprès de Raven alors qu’il la savait malléable, Charles aurait peut-être dû ouvrir les yeux plus tôt à propos de sa sœur, Raven n’aurait peut-être pas dû avoir autant de grandes attentes à propos de Charles. Il n’y avait ni coupable ni victime ans l’affaire. Pourtant Erik continuait de sentir cette culpabilité lorsqu’il repensait à ce qu’il s’était passé huit ans plus tôt, quand il avait compris que Charles n’avait rien dit de son état pour permettre à Raven de le quitter sans culpabiliser.
Lorsqu’il y réfléchissait, Erik trouvait étonnant la façon dont tous les événements importants qui le ramenaient à Charles finissaient par le culpabiliser. Et pourtant il continuait de le voir, de nourrir leur amitié. Décidément, il avait vraiment développé un côté masochiste…
« Elle va bien. Elle se consacre entièrement à notre tâche. »
Erik pouvait toujours se faire croire qu’il regrettait d’avoir pris Raven à Charles, mais si c’était à refaire, il ferait à nouveaux les mêmes choix parce qu’avoir Mystique dans son équipe était un atout dont il ne pouvait définitivement pas se passer. Et cela se sentait au ton de sa voix, à la fierté qui perçait à travers ses paroles.
Il lança un regard à Charles avant de poursuivre.
« Tu lui manques quand même. Elle ne me le dit pas, mais je me rends bien compte… »
C’était difficile à avouer, parce que ça rappelait des mauvais souvenirs. Mais Erik ne pouvait pas cacher cela à son ami. Il ne pouvait lui mentir à propos de Raven, lui faire croire qu’elle avait tourné le dos aux X-Men définitivement, qu’elle n’avait jamais eu quelques périodes où elle aurait voulu revenir sur ses choix, rester auprès de Charles, de Hank et des autres. Certes ces moments de doutes étaient toujours brefs, néanmoins ils étaient là.

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

— Elle va bien. Elle se consacre entièrement à notre tâche.

Charles souriait, mais en réalité, il n'en avait pas envie. Il aurait espéré que tout aille pour le mieux, que l'école des mutants évoluerait avec Erik, Raven et le reste de l'équipe. Il avait tellement d'espoir naïfs qu'il n'en voulait à personne, c'était dans sa nature. Charles aurait pu faire de grande choses, s'il aurait suivi Erik... mais sa volonté l'empêchait de voir la réalité en face. Il se persuadait qu'un jour, les humains et les mutants coexisteraient sans fracas. Charles vivait pourtant dans un monde où les hommes se craignaient entre eux. Les différences de peaux, les différentes orientations sexuelles, les orientations religieuses... les humains semblaient n'avoir de place nulle part, même dans un pays dit "libre" comme l'Amérique. L'être humain était fait ainsi, Erik l'avait bien compris, Raven également. Charles n'aurait jamais pu forcer sa sœur de cœur à rester auprès de lui. Elle n'aurait jamais été totalement heureuse chez les X-Mens.

— Tu lui manques quand même. Elle ne me le dit pas, mais je me rends bien compte…

Un nouveau sourire, cette fois-ci un peu plus vrai que le précédent. Charles aimait savoir que sa sœur pensait à lui, malgré tout. Ils ne pouvaient pas rompre tant d'années en un claquement de doigt, même si le futur pourrait bien les pousser à devoir se battre l'un contre l'autre. Mais jamais, au grand jamais, Charles n'oserait faire du mal à Raven ni même laisser quiconque la blesser. Qu'ils aient des opinions différentes, cela faisait partie de la vie, mais ils n'étaient pas ennemis au point de s'entretuer, du moins, pas dans le cas de Charles. Il posa un regard vers Erik et le remercia d'un signe de tête, pour lui avoir donné des nouvelles, même minimes, de Raven.

— Si elle est heureuse... je le suis aussi. Elle me manque mais.. je sais qu'elle est mieux avec toi. Elle l'a toujours voulu.

Charles avait promis de ne jamais se perdre dans les pensées de Raven, pourtant, il l'avait fait, huit ans plus tôt, sur cette plage. Elle ne lui en avait pas voulu, dans un sens. Il lui avait révélé lors de leurs adieux, pour lui dire qu'il comprenait ses choix. Il préférait la savoir auprès d'Erik plutôt que d'un mutant comme Shaw. En entrant dans le pub, alors qu'une personne venait de sortir pour laisser entrer les deux mutants, Charles choisit immédiatement une table, refusant de rester sur le passage trop longtemps.

— J'espère que cet endroit te convient pour un verre... je ne savais pas vraiment où me diriger. Sans...

Charles tapota sa tempe pour faire comprendre à Erik qu'il ne s'était pas servi de sa télépathie pour voir où celui-ci comptait aller. C'était difficile, mais Charles pouvait le faire. Et puis, s'il devait uniquement se retenir de fouiller dans l'esprit d'Erik, ce n'était pas la fin du monde.
Le pub dans lequel les deux hommes se trouvaient était presque vide. Les gens ne buvaient pas, à cette heure là. Charles pouvait entendre diverses pensées intérieures, aussi bizarres les unes que les autres. Un homme buvait pour oublier sa peine de cœur, typique. Un autre pestait intérieurement contre des évènements apparus dans sa famille. Un autre disait vouloir exterminer tout ce qui n'était pas naturel en ce bas monde. Charles soupirait. Des hommes comme celui-là, il y en avait des milliers...

— Je pense prendre une bière. Ça fait longtemps que je n'en ai plus bu. Pas d'alcool à l'institut... et personne pour m'accompagner en dehors de la ville, même si les garçons sont tous majeurs.

Erik acquiesça imperceptiblement lorsque Charles lui avoua que Raven lui manquait toujours mais qu’il ne lui en voulait pas d’avoir choisi de suivre Erik. Peu de temps après, ils arrivèrent à un pub. Erik laissa passer son ami devant lui. Mais il remarqua rapidement qu’il y avait un espace entre le trottoir et le bar, que Charles ne pouvait pas monter seul avec son fauteuil. Erik agita alors à peine des doigts et le fauteuil s’éleva de quelques millimètres, assez pour pouvoir entrer sans problème dans l’établissement. Tout cela s’était passé en quelques secondes sans que personne ne le remarque.
Charles se dirigea tout de suite vers une table qui venait de se libérer, et Erik le suivit. Alors qu’il s’asseyait, son ami lui indiqua qu’il ne s’était pas servi de ses pouvoirs pour choisir cet endroit et Erik le rassura d’un sourire.
« C’est endroit est très bien, Charles. »
Bien qu’Erik n’était là que pour boire un verre avec Charles, il avait gardé ce réflexe de toujours s’asseoir le dos contre le mur et faisait attention à avoir la plupart de la salle dans son champ de vision. Il n’y avait pas à se méfier pourtant, il n’y avait presque personnes, juste quelques hommes qui buvaient seuls.
Puis Charles annonça pourquoi il voulait prendre une bière, et Erik secoua légèrement la tête en souriant plus franchement. Un serveur ne tarda pas à arriver et le mutant commanda deux bières. Erik le regarda s’éloigner avant de répondre à son ami.
« Je ne comprends pas comment tu peux avoir autant d’élèves alors que tu leur retire une des joies les plus simples de la vie. »
Son ton était léger, plaisantin. C’était rare d’entendre Erik parler ainsi – peut-être était-ce un autre pouvoir de Charles. Il pencha légèrement la tête sur le côté sans lâcher Charles du regard.
« En parlant des garçons, ils vont bien ? J’ai un peu de mal à les imaginer responsables de plusieurs gamins. Surtout Sean. »
Erik se détendait imperceptiblement au fur et à mesure qu’il parlait. Lorsque le serveur apporta leur commande, il avait perdu sa posture raide et avait un bras posé de manière nonchalante sur le haut de sa banquette.

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Les trottoirs, pour Charles, étaient un véritable calvaire. Chaque fois qu'il promenait en ville, il pouvait remarquer combien cela pouvait être difficile de s'y déplacer en fauteuil roulant. Il n'avait jamais fait attention aux personnes handicapés et n'avait eut aucune idée de l'enfer qu'ils pouvaient vivre chaque jours. Mais aujourd'hui, Erik était là pour le sortir de cet enfer, durant un court instant. Il avait utilisé son pouvoir, mais personne ne l'avait vu faire. Charles le remercia d'un simple sourire, en continuant son chemin. C'était étrange pour lui de devoir dépendre des autres, à un moment donné dans sa journée. Depuis qu'il était dans ce fauteuil, il n'avait presque plus de liberté.
Une fois dans le bar, les deux amis prirent place, alors que Charles s'inquiétait d'avoir emmené Erik dans un endroit sans connaître ses intentions. Par chance, Erik appréciait ce choix. Charles fit un nouveau sourire tout en observant la pièce où ils se trouvaient. Il faisait, comme il pouvait le dire, connaissance avec les lieux, avant d'interrompre sa connexion aux autres pour se concentrer exclusivement à sa discussion avec Erik. Ils commençaient à parler des adolescents, du manoir. L'éternelle discussion. Lorsque Erik plaisanta sur l'absence d'alcool dans le manoir, Charles eut un petit rire.

— Je me le demande aussi. Ils sont certainement là pour le repas gratuit chaque jours.

Charles participa à la plaisanterie, ravi de retrouver ce type de discussion en compagnie d'Erik. Il aimait plaisanter avec lui, rire, parler de choses totalement loufoques. C'était un tout autre type de discussion, mais cela faisait du bien de temps en temps - ça et les parties d'échecs d'ailleurs. Après avoir bu une première gorgée de bière que le serveur venait d'apporter, Charles put répondre à la question d'Erik concernant les garçons qu'il avait connu : Hank, Alex et Sean. Charles reposa la choppe de bière devant lui et fit un léger signe de tête.

— Ils vont bien. Hank... semble quand même un peu perdu, il tenait beaucoup à Raven.Et... il sait qu'il redeviendra un fauve, un jour ou l'autre, alors j'essaye de le préparer mentalement. Alex s'améliore un peu plus... j'espère que ça ira pour lui, mais il est très réservé, je ne sais jamais ce qu'il a... jusqu'à ce que je fouine un peu dans sa tête. D'ailleurs, pour ça il te ressemble, il n'aime pas trop. Sean... je pense qu'il.. s'est pas tellement remis de ce qu'il s'est passé. Je préfère te le dire directement... que tu n'aies pas de mauvaises surprises si tu lui tombes dessus un jour.

Sean s'était révolté contre Erik. Il n'avait pas digéré ce qu'il s'était passé sur la plage. Il tenait Erik pour responsable de beaucoup de choses. Sean ne le disait pas clairement, mais il tenait à Erik. Le voir partir avait été un choc pour lui. Charles ne fouillait pas trop dans son esprit lorsqu'il y pensait, car se souvenir de cet évènement était très douloureux, pour tout le monde. Charles avait eu besoin d'en parler à Erik, non pas pour le faire culpabiliser, au contraire. Il l'avait averti, il connaissait bien Sean désormais. Le rouquin était très bien capable de mesurer à lui.

Lorsque Charles lui avait appris quelques mois après les événements de la plage, lors d’une de leurs premières retrouvailles, que le sérum que Hank s’était injecté avait perdu ses effets, Erik avait ressenti un peu de joie pour lui. Certes, Erik avait très bien accepté la mutation de Hank, ne lui trouvait aucun défaut, mais le jeune homme avait tellement eu de mal à s’accepter. Au cours des quelques semaines qu’ils avaient passées ensemble, Erik avait observé ce génie à peine sorti de l’adolescence tenter d’accepter juste ses pieds. Et il s’était retrouvé avec un corps qu’il ne pouvait cacher par aucun moyen. Alors quand Charles lui déclara qu’il essayait de préparer Hank à redevenir Beast, Erik se sentait peiné pour lui car il savait à quel point c’était douloureux. Ne pas pouvoir vivre avec soi-même, il n’aurait pas souhaité ça, même à son pire ennemi.
Erik esquissa ensuite un sourire lorsque Charles remarqua qu’Alex lui ressemblait, sur le fait qu’il n’aimait pas quand le télépathe utilisait ses pouvoirs sur lui. Ça ne l’étonnait guère. Erik espérait aussi que le jeune homme réussisse à trouver sa place dans les X-Men après avoir vécu des années difficiles. Erik ne s’était jamais soucié des autres, mais lorsqu’il avait rencontré Charles et qu’ils avaient été chercher ces mutants, qu’ils avaient commencé à s’entraîner ensemble, Erik avait eu, l’espace de quelques jours, l’impression d’avoir trouvé sa place. Une famille. Il n’avait pas ressenti cela depuis son enfance avec son père et sa mère, et ça lui manquait.
Il but quelques gorgées de sa bière pour se redonner une contenance et remua un peu à sa place. Son malaise était accentué par les dernières paroles de son ami à propos de Sean. Une fois encore il ne pouvait pas se dire surpris. Il reposa son verre lentement et le fixa longtemps, passant plusieurs fois son doigt sur le rebord. Il soupira profondément avant de répondre.
« J’aimerais vraiment… tu sais… être là-bas. »
C’était toujours difficile pour Erik de s’avouer cela, encore plus de le dire à voix haute. Il mettait tellement d’efforts à être Magneto qu’il peinait toujours à redevenir Erik. Il se racla la gorge avant de relever la tête pour croiser le regard de son ami, qu’il savait fixé sur lui. Ces yeux auxquels il ne pouvait pas se dérober. Ne le pourrait jamais.
« J’aurais voulu trouver un moyen pour… pour rester avec vous, mais… »
Il secoua la tête en signe de découragement et se redressa, mettant ses coudes sur la table.
« Nous savons tous les deux que nous ne pouvons pas changer ce qu’il s’est passé là-bas… (Erik s’interrompit un instant. Il ne pouvait toujours pas rappeler ce jour sur la plage. C’était toujours « là-bas ». Trop de souvenirs. Trop de douleur.) Mais si nous pouvions y retourner, j’aimerais tellement trouver un moyen pour qu’ils n’aient pas à choisir entre nous. Il y a tellement de choses que j’aurais voulu éviter… »
Son regard s’égara sur le fauteuil de Charles, laissant peu de doute sur ce à quoi il faisait allusion. Il détourna la tête, reprenant encore de sa bière. Décidément, quoiqu’ils fassent, quoiqu’ils disent, tout paraissait revenir inévitablement à ce jour-là, à des regrets.

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Depuis leur rencontre, depuis leur séparation, Charles ressentait toujours de drôles de sensations sans mettre de mots dessus. Il avait apprécié la compagnie de Erik et l'avait regretté, au point de ne penser qu'à ça de nombreuses fois par jour. A part Raven, Charles n'avait eu aucun ami et ne connaissait pas bien les codes de l'amitié, les sentiments ressentis lorsque l'un d'eux s'en va et revient après quelques jours d'absences. Chaque fois que Charles revoyait Erik, une grande sensation l'envahissait au niveau de la poitrine, il était heureux, souriait pour rien. Son absence se faisait ressentir, si bien que les premiers mois après l'accident, Charles s'attendait à voir Erik surgir d'une des pièces du manoir ou encore s'entraîner dehors, vêtu d'un jogging gris. L'amitié pouvait être un drôle de sentiment, à moins que ce ne soit de la fraternité. Charles ne se posait pas de questions, il vivait juste les choses comme elles venaient et il savait que la présence d'Erik dans le manoir manquait. Pourtant, les choses étaient si compliquées, alors qu'elles pouvaient paraître simples. Erik tenta de dire qu'il regrettait de ne pas être resté, qu'il aurait voulu trouver un moyen, mais Charles ferma brièvement les yeux, secouant la tête légèrement, comme pour dire à Erik qu'il n'avait pas à se torturer de la sorte. Les deux hommes semblaient s'infliger bien trop de regrets, ils se torturaient l'esprit avec des souvenirs indélébile qu'ils ressassaient encore et encore, jusqu'à en souffrir.
C'était le cas pour Charles. Au lieu de passer à autre chose, au lieu d'accepter les nouveaux évènements, il vivait dans le passé, en imaginant diverses alternatives lors de leur première mission. Que des "Et si..." qui ne changeraient rien à ce qu'il s'était passé sur cette plage. Charles avait tout déclenché en reparlant de Sean alors que la discussion avait commencé calmement. Charles s'en voulait, il était triste de voir son ami se torturer et tenter de trouver une solutions aux conséquences de cette journée. Rien ne pouvait remplacer les évènements, pas même l'espoir, aussi fort soit-il.
Erik observa le fauteuil de Charles et ce dernier eut comme simple réflexe de serrer les accoudoirs. Il n'osait plus regarder ce fauteuil ni même Erik. Il essayait de rassembler ses idées, de ne pas flancher sur la tristesse et les remords, bien que ce soit difficile. Charles possédait une sensibilité qui faisait de lui quelqu'un de faible par moment. Un homme faible qui se laisse guider par ses bonnes intuitions, ses rêves utopiques, mais pas souvent pas sa conscience, noyée par de nombreuses illusions qu'il s’infligeait.

— Non, Erik... ne pense plus à tout ça. Ce qui est fait est fait. Ce sont des choses qui devaient arriver. Elles sont arrivées et nous n'avons aucun pouvoir pour arranger ça. Si nous nous sommes séparés, c'est à cause de nos idées, nos choix, nos objectifs. Je ne peux pas t'empêcher de suivre tes idées... même si j'en meurs d'envie. Ne te torture plus avec ça...Raven a fait son choix, Angel a fait son choix... les autres aussi... L'important est que tout le monde se porte bien, qu'il n'arrive rien aux personnes qui nous sont chères.

Charles reposa son regard sur Erik, l'incluant dans sa dernière phrase. Il ne voulait pas que son ami soit blessé et cette idée hantait ses esprits depuis leur séparation. Si seulement il pouvait être sûr, lorsqu'ils étaient séparés, que Erik ne soit pas en danger, ce serait un poids de moins à supporter pour lui. Il pouvait essayer de le voir dans le cerebro, mais cette option reviendrait à faillir à sa promesse. Charles se contentait donc des nouvelles de son ami lui-même, attendant chaque fois patiemment sa venue. Aujourd'hui, il voulait le rassurer sur cette histoire de clans, même si son espoir demeurait là, de voir un jour Erik arriver avec Raven.

Charles avait raison. Sûrement. Erik aurait voulu penser comme son ami, pouvoir aller de l’avant, ne voir que les bons côtés de la situation. Mais le mutant était toujours rattrapé par son passé. Il avait beau courir de toutes ses forces, le fuir le plus rapidement possible, il n’échappait jamais à ce passé. Des cauchemars qui le réveillaient en pleine nuit. Un enfant avec sa mère dans un aéroport. Des mots lancés en allemand. Tout le ramenait inlassablement à son passé. Erik était incapable de s’en défaire pour se projeter dans l’avenir. Peut-être était-ce pour cela que son projet de Brotherhood piétinait depuis si longtemps.
Erik préféra ne pas répondre à son ami. Cela ne servait à rien de s’embarquer dans une discussion qui les opposerait à coup sûr. Encore. Il se demandait parfois pourquoi il revenait toujours vers Charles. Certes il ne le considérait pas comme un ami, loin de là, mais ils étaient si différents… Ils n’avaient pas eu la même vie, n’avaient pas rencontré les mêmes difficultés. Ils étaient rarement d’accord quand il s’agissait de parler cause mutante ou autre cas sensible. Néanmoins, Charles était probablement la seule personne à qui Erik avait proposé un verre sans arrière pensée, juste pour profiter un peu plus longtemps de sa compagnie. Qu’avait Charles qui pouvait ainsi le retenir ?
Il se rendit soudain compte qu’il fixait son ami depuis quelques instants. Il tenta de reprendre contenance en finissant son verre à grandes gorgées et s’essuya discrètement les lèvres le long de son index.
« Sinon, mis à part les garçons, tu as d’autres personnes qui t’aident pour l’Institut, comme Moira a pu le faire ? »
En prononçant ces mots, Erik eut une désagréable impression, comme si ces paroles n’avaient pas eu le sens qu’il avait voulu leur donner. Il n’associait pas Moira à sa relation avec l’Institut, mais bien avec Charles. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas s’apercevoir qu’il y avait eu quelque chose entre eux, concrétisé ou non. Mais Charles avait effacé tous les souvenirs de Moira les concernant, lui et les autres mutants. Il n’y avait plus de raison de parler de cette affaire. Mais Erik se demandait si Charles avait trouvé quelqu’un d’autre. Une autre Moira. S’il y réfléchissait, Charles n’avait rien dit à ce sujet-là au cours des dernières années. Parce qu’il n’y avait rien à dire ou parce qu’il tenait à garder cela secret ?

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

Charles ne s'était même pas aperçu que les paroles avaient laissé place au silence alors que Erik le regardait depuis un moment. Son regard était également plongé dans celui de son ami, avant que ce dernier ne daigne faire quelque chose. Lorsqu'il leva la main pour boire son verre, Charles réalisa qu'il était également figé face à Erik. Il rompit le contact visuel en prenant son verre, lui aussi. Il n'avait pas tellement soif, pas autant qu'il ne l'aurait cru. Ses pensées étaient habitées par le passé, et bien qu'il ait tenté de rassurer son ami quelques minutes auparavant, Charles était dans le même cas que lui. Il ressassait sans cesse le passé, en imaginant des alternatives possibles. Mais les "Et si" n'étaient pas des amies. Charles essayait d'oublier comme il pouvait. C'était sûrement le désir d'Erik qui ne s'aventura pas sur une réponse. Parler de tout ce qui aurait pu arriver ou ne pas arriver n'était pas utile et n'aurait fait que les torturer encore plus. Le silence n'était pas la meilleure des solutions, mais dans leur cas, la meilleure option.

Erik s'interrogeait sur ce qu'il se passait à l'institut, d'un coté administratif. Charles se demandait si son ami était curieux quant à son probable remplaçant au sein de l'institut. Mais pour Charles, personne ne pourrait jamais remplacer Erik. Malgré toutes ses sombres idées concernant les humains et ses intentions auprès de Shaw, Erik avait été un professeur remarquable, qui avait su redonner confiance à Raven, qui avait su déclencher le pouvoir de Sean - malgré la frayeur générale due à la méthode employée - et qui avait su se faire une place importante dans l'esprit de tous. Il était regretté et le sera toujours. Charles prit donc une nouvelle gorgée de sa bière avant de reposer son verre, le regard figé sur sa propre main.

— Il y a bien une personne qui m'aide, un professeur d'une trentaine d'années. Enfin, aider est un bien grand mot... Hank, Alex, Sean... il y a même une jeune femme professeur d'histoire.

Sans réellement savoir quelles étaient les raisons, Charles se sentit un brin gêné de dévoiler la présence de deux professeurs à ses cotés. Il avait sûrement peur de la réaction d'Erik, mais pourquoi, il n'en avait aucune idée. Charles regrettait peut-être tellement sa présence qu'il avait du mal, lui même, à se savoir entouré de nouvelles personnes, autre que son ami.

Spoiler:

Erik serra les dents en entendant les paroles de son ami. Il ressentit comme une boule dans sa poitrine qui l'empêcha un instant de respirer. Il ne savait pas pourquoi cette réponse lui faisait du mal. Il aurait dû se réjouir pour Charles, se réjouir que l'Institut se développe ainsi, qu'il puisse accueillir et éduquer de plus en plus de mutants. Ça avait été toujours leur projet. Peut-être était-ce là le problème. Lorsque Charles avait évoqué la première fois où il avait eu l'idée de cette école, Erik l'avait soutenu. A ce moment-là, ils étaient tous les deux dans le Westchester, à s'entraîner et à s'occuper de Hank, Sean, Alex, Angel et Raven. Erik avait compris les motivations de son ami télépathe parce qu'il les partageait. Il avait pris plaisir à aider ces jeunes mutants, à les voir contrôler leurs pouvoirs de mieux en mieux. Pas seulement parce qu'ils se rapprochaient de plus en plus de soldats capable de se battre dans des batailles, d'affronter les humains, mais aussi parce qu'Erik pouvait leur prodiguer un soutien, un guidage dont il avait terriblement manqués dans sa propre adolescence. Erik se rendit compte qu'il était jaloux de ces nouvelles personnes qui aidaient Charles, ces nouvelles personnes qui n'avaient pas été là lorsque l'idée de l'Institut était née. Erik aurait dû être aux côtés de son ami pour accueillir tous ces nouveaux mutants. C'était probablement une des raisons qui l'avaient motivé à créer sa Confrérie. Magneto voulait se préparer à la bataille contre les humains, oui, mais Erik souhaitait aussi apporter son aide à ces gamins perdus.
" C'est... C'est bien, répondit-il d'une voix rauque. "
Il se râcla la gorge et releva la tête vers le bar, fronçant des sourcils. Il fit signe au serveur d'apporter deux nouvelles bières.

Spoiler:

▬ Date d'inscription : 02/06/2011 ▬ Messages : 893 ▬ Points : 99

La gêne du moment laissa le silence s'installer. Charles observa Erik, en cherchant un nouveau sujet de conversation qui n'était pas susceptible de laisser un froid s'installer. Puis, il soupira, ne trouvant rien d'intéressant à dire. Il ne voulait pas que son ami se sente déçu d'avoir été remplacé si vite au sein de l'institut, mais ne sut comment lui dire. Charles voulait que son ami comprenne que sa place avait eu une grande importance parmi les X-men et que personne ne l'oubliait. Charles ne voulait pas radoter encore une fois sur la présence d'Erik qui manquait, bien que ce sujet lui tienne énormément à cœur. Il décida donc de prendre son courage à deux mains et de rassurer Erik, malgré tout ce qui puisse les opposer.

— Sache que ta présence à l'institut reste encore dans nos esprits, à tous. Personne ne pourra te remplacer ni t'égaler. Tu avais vraiment réussi à aider ces jeunes...

Le serveur commençait à arriver avec ses bières mais Charles fit un léger signe de main. Il n'avait plus d'utilité à être ici et ne voulait pas prendre tout le temps d'Erik avec ses histoires. Pourtant, revoir son ami lui fit le plus grand bien. Il se sentait moins seul, plus en confiance qu'avec n'importe qui d'autre. Mais les heures défilaient et son absence au manoir allait se faire ressentir. Il déplaça alors son fauteuil de quelques centimètres et déposa quelques billets sur la table, pour payer les verres que Erik avait commandé.

— Je pense qu'ils doivent se poser des questions à l'institut, d'autant que je devais rentrer il y a quelques minutes déjà. Si jamais tu veux revenir, ou si tu as besoin de me voir, de me parler... tu sais que je suis là.

Tel était Charles, toujours prêt à être là pour ses amis, quelque soit les obstacles qui pouvaient les séparer, quelque soit le passé qu'ils avaient en commun, aussi douloureux soit-il. Charles garda ses yeux rivés sur Erik, attendant sa réaction. Il ne voulait pas quitter le bar sans dire au revoir. Cette rencontre avait été très importante pour Charles, malgré le peu d'échange qu'il y ait eu. Chaque fois, Charles gardait l'espoir que son ami puisse retourner vers le "bon" camp, qu'il retrouve la paix...