C'était une journée comme les autres, enfin une semaine comme les autres, j'étais en train de revoir les dossiers médicaux, j'en recevais de plus en plus, preuve que l'institut recevait de plus en plus de mutant, je soufflais, décidant de prendre une pause, je m'étirais, j'attrapais ma bouteille d'eau et bu.
J'étais content de faire partie de l'établissement, c'était un poste de rêve, enfin pour moi, je n'avais pas à me cacher, étant entourés de mutants.
Ils étaient plutôt sympas, j’apprenais à les apprécier sans réellement crée des attaches je n'étais pas là pour ça. Puis on toqua à la porte ouverte, je me plaçais devant mon bureau, avant de m'y appuyer. Je penchais la tête Nelly, une jeune mutante, nouvelle, très sensible qui avait de fort maux de tête, je devais la suivre, car sa santé était plutôt fragile.

- Un problème Nelly ?

Elle s'avança dans le bureau, elle sortit de sa poche une boîte de vitamines que je lui avais prescrite, elle n'en avait apparemment plus, je souriais avant de me diriger vers l'armoire à pharmacie, là où je conserver toutes sortes de médicaments, et les vitamines, j'avais bien sûr une clef histoire d'éviter toutes sortes de débordement. J'attrapais la boîte de vitamines avant de refermer l'armoire, j'attrapais mon carnet et noter que je venais de sortir une boîte de vitamines et à qui je le donnais.
Je m'avançais vers la jeune Nelly la débarrasser de sa boîte vide pour lui passer l'autre, elle souffla un merci, et commença à rester.

- Tu voulais autre chose ?

Elle sembla surprise par ma demande, elle baissa la tête avant de dire non et de partir en courant... Eh ben... J'étais prévenue qu'elle était spéciale, mais... je décidais de reprendre ma lecture des dossiers médicaux des jeunes arrivants, pour après les classer. Je fredonnais un air, j'aimais travailler en musique ça m'aidait à me concentrer, mais les dossiers se ressemblaient tous, c'était simple à retenir mais ennuyant à lire. Techniquement mon service était terminé, mais j'étais de garde ce soir, la garde commençait à 20h il était 18h30. J'avais du temps, enfin ça c'est ce que je pensai en entendant des pas dans le couloir, à tous les coups, c'est Nelly qui a oublié de me demander quelque chose...
Puis je vis une jeune femme, aux cheveux roux entrer dans mon bureau. Sans me lever de mon bureau je pris la parole. Avant de sourire, la visite de Jean allait me changer les idées, les élèves venaient me trouver pour régler leurs problèmes de santé, mais ils n'hésitaient pas à revenir certaines fois et à me confier leurs soucis, j'étais bien sûr tenu au secret.

- Mademoiselle Grey, un souci vous emmène ici ?

Au dernière nouvelle elle avait une santé de fer, elle avait juste du mal à dormir d'après son dossiers, ou venait-elle juste pour parler ?

Les nuits pour Jean étaient devenues quelque chose de tranquille, ou pas. La rousse se retrouva à vomir bruyamment dans la cuvette des toilettes, bouillante et tremblante comme si elle avait attrapé quelque chose. Sa vision se troublait et la pièce semblait s'étendre devant elle comme une étoile d'araignée. La mutante roula des yeux et s'effondra. Quand elle ouvrit les yeux, elle était dans son lit avec la couverture parfaitement lissée. Quelque chose clocha et Jean tourna la tête pour voir qu'un morceau de papier arraché qui se trouvait sur sa table de chevet. L'attrapant, la mutante se figea en lisant les mots instables s'aligner.

Combien de temps crois-tu qu'elles vont tenir ? Je te donne peu de temps.

Jean se rendit compte qu'elle frôlait l'hyperventilation et grâce à sa télékinésie envoya voler le papier loin d'elle. Se prenant la tête entre les mains, elle se mit à trembler. Les meubles tremblèrent et se soulevèrent, se balançant d'avant en arrière, la rousse tentait de se raccrocher à quelque chose, n'importe quoi. La peur, le professeur avait raison, le phénix s'en servait, elle risquait de gagner. Jean se mit à pleurer, si elle cédait maintenant, jamais elle ne reviendrait, comment y arriverait-elle ? Peut-être n'était-elle pas si forte que cela, peut-être était-elle faible, terriblement faible.

« Sors de ma tête. »

Souffla-t-elle avec rage et sa table de chevet se brisa contre le mur. Pauvre table qui connaissait sa troisième brisure. Enfin le calme revint et la mutante resta figée, comme si le temps avait cessé d'agir sur elle. Elle ferma les yeux, incapable de garder les yeux ouverts. Ses dernières pensées furent qu'elle devrait envisager de s'enfuir, de partir une nuit loin de l'institut avant que l'autre les tue, pour la liberté. Le lendemain matin, elle ouvrit les yeux sur sa chambre qui ne ressemblait plus à rien. Heureusement que la télépathe dormait seule. Se redressant sur un coude, elle se rendit compte qu'elle avait dormi plus que jusqu'au matin, plus de la moitié de la journée. Posant une main contre son front, elle grogna. Un terrible mal de tête la secouait, sa tête était si lourde. La mutante se laissa glisser au sol, titubante, elle fila sous la douche glacée et vit alors qu'elle avait des entailles sur ses mains.

La mutante regarda le restant de son corps, quand s'était-elle blessée bon sang ? Hier avec sa crise ? Pourtant elle ne se souvenait pas de s'être blessée à un quelconque moment. Coupant l'arrivé d'eau, elle se dit que ce n'était rien et alla s'habiller rapidement. Elle devrait aller discuter avec le professeur Xiaver, mais avant, Jean avait besoin de bouger pour oublier sa nuit atroce. Se mettant à errer dans le manoir, elle se retrouva bientôt dans l'infirmerie. Elle fut heureuse de voir Alec et ouvrit la porte. Elle aimait bien ce mutant médecin et adorait tenter de traîner dans ses pattes. C'était en attendant qu'elle reprenne ses études de médecine, bien sûr. Tout sourire, la rousse prit place en face du docteur.

« Non j'avais envie de discuter c'est tout. »

Pas d'elle mais de chose plus vague. Son regard clair sondait les lieux, elle était comme une gamine qui se trouvait dans un zoo, sauf qu'elle, c'était la médecine et tout ce qui s'y touchait qui la fascinait et la rendait heureuse. Plus particulièrement le genre humain. Elle voulait aider ses paires, une fois ses études terminées, elle ferait en sorte d'aider ses paires mutants. Peut-être bien utopiste mais sa rencontre avec Elijah lui avait fait comprendre que le monde n'était pas comme elle l'imaginait ni même comment elle désirait qu'il le soit.

« Je peux vous poser une question ? Un peu indiscrète.  »

Il pouvait dire non mais Jean voulait apprendre des choses de sa part, elle avait soif de connaissance. Elle aurait pu s'amuser à fouiller son esprit mais cette sale période de sa vie était révolue. Révolu le temps où elle tenait les gens comme des marionnettes et fouillait leurs esprits comme si ce n'étaient que des boîtes. Oui la mutante avait perdu à ce point le contrôle de ses pouvoirs. Et après cette nuit horrible, elle se disait que tout risquait de recommencer mais en pire. Le phénix était furieux, bien plus qu'elle n'aurait osé l'imaginer.

Certains élèves que je traitais étaient donc forcés de passer par la case infirmeries, il y avait aussi ceux qui se blessent légèrement, et qui pensent que la mort les attend tout ça pour une petite coupure... Mais Jean, elle passait de temps en temps, je vis apparaître un petit sourire quand elle ouvrit la porte, puis elle prit place en face de moi, toujours avec ce sourire. Elle m'avoua qu'elle n'avait besoin de rien qu'elle voulait juste discuter, ça tombait bien ces dossiers commençaient à m'énerver. Je me levais, fit le tour de mon bureau avant de m'appuyer sur ce dernier.

La jeune femme regardait autour d'elle, connaissant son intérêt pour la médecine ça ne m'étonnait pas. Puis elle se retourna vers moi tout en me posant une question semblait-elle gêner ou embarrasser ? Puis la question arriva très rapidement.

- Je peux vous poser une question ? Un peu indiscrète.

Tiens, en voilà une question peu commune, j'inclinais la tête, indiscrète comme une question qui touche ma vie privée, ou .... Il n'y avait pas trente façons de savoir ce que la jeune mutante voulait. Et puis étant curieux je n'hésitais donc pas très longtemps pour donner une réponse.

- Je vous écoute ?

Je ne savais pas à quoi m'en tenir, mais au moins elle demandait la permission avant de poser la question c'était déjà un bon point. Je me redressais pour récupérer ma bouteille d'eau rester de l'autre côté du bureau, j'en pris quelques gorgées avant de la reposer à côtés, en évitant les dossiers, ça n'était pas le moment de les tremper. Je me tournais donc vers la jeune femme attendant la fameuse question.
Mais une agitation anormale attira mon attention dans le couloir, il y avait du passage et du chahut d'habitude mais là...Mon regard se fixa sur la porte, j'écoutais toujours la jeune femme, mais je veiller aussi à ce que ce chahut dans le couloir ne dégénère pas. S'il y avait un problème il serait vite régler.

Elle le regarda changer de position pour s'installer non loin d'elle. Jean ne savait pas vraiment comment aborder Alec. Il restait un mystère pour elle, comme à chaque fois qu'elle trouvait quelqu'un mystérieux, rien n'aurait pu l'empêcher pour en apprendre plus sur la personne. La télépathie aurait pu servir à cela, au premier abord. Sauf que ce n'était pas vrai, Jean ne voulait pas s'abaisser à cela, connaître les gens sans vraiment les connaître et les violer dans leurs intimités. L'esprit était un outil d'intimité immense et elle, elle avait le pouvoir de leur ôter cette intimité. Elle savait que c'était dur de se faire voler cette intimité. Après tout, quand elle avait découvert ses pouvoirs, elle en avait entendu des vertes et des pas mûres dans les esprits de ses parents à son sujet. Cela lui avait probablement servi de leçon. Et quand elle perdait le contrôle de ce pouvoir, cela devenait une véritable cacophonie dans son esprit. La mutante se détendit en entendant sa permission et continua de sourire, toute heureuse.

« Comment ce sont passées vos études de médecine ? Je veux dire avec votre mutation ? J'ai dû stopper mes cours à cause de mes pouvoirs. »

C'était la première fois qu'elle osait demander à quelqu'un ce genre de chose et qu'elle s'apprêtait à discuter de cet enfer qu'elle avait vécu. Elle avait tenu environ deux ans, deux ans à entendre des pensées, à s'armer de courage pour se rendre aux cours en essayant de ne pas craindre de leur faire du mal. Ce n'était pas forcément une bonne idée d'espérer de ne jamais blesser personne avec des rafales psychiques ou télékinésistes. Jean pouvait donc maintenant reprendre les cours grâce aux barrières que le professeur Xavier avait apposées dans son esprit. Du moins se plaisait-elle à le croire. Un soupir franchit sa bouche et elle laissa son regard errer là où il voulait bien se poser. Son rêve à elle n'était pas de devenir humaine comme de nombreux mutants, non elle, c'était d'avoir des pouvoirs qui n'étaient pas incontrôlables. Ne pas avoir cette autre Jean, celle qui attendait son heure, tout simplement. C'était tout simplement insupportable à dire vrai.

Et pire quand le phénix arrivait à prendre le contrôle. L'autre était plus impulsive, régie par les sentiments les plus forts, les plus fougueux. Le professeur avait avoué ne jamais avoir vu une telle mutation. Comment était-elle censée faire dès lors ? Elle n'avait aucun modèle, elle devait s'en sortir comme elle le pouvait, avec les moyens du bord. Non Jean n'était pas venue ici pour se plaindre, ce n'était pas du tout ce genre. La jeune femme leva son regard sur le docteur Halden, elle se demandait s'il allait accepter ce qu'elle comptait lui demander.

« Je compte reprendre les cours en septembre mais en attendant, vous pourriez m'instruire ? Me prendre comme assistante ? Je sais déjà pas mal de chose. Bien entendu j'ai beaucoup à apprendre mais je ne vous causerai aucun problème. »

C'était sa vocation, l'humanitaire. Ici au fond, elle s'ennuyait comme un rat mort. Aider le docteur pourrait lui être utile. Elle ne savait pas encore faire une prise de sang mais il pourrait lui apprendre. Jean pouvait bien servir à quelque chose, il devait en avoir du travail, surtout quand elle voyait ses dossiers. La mutante restait dans sa chaise, même si elle brûlait d'envie de se lever. Elle était beaucoup plus utile calme et assise que debout et agitée. Jean faisait mentalement des exercices pour s'apaiser. A la moindre agitation ou sentiment fort, elle perdait le contrôle de ses pouvoirs. Travailler aux contacts des autres lui ferait donc prendre sur elle en attendant qu'elle reprenne les cours en septembre. Elle ne voulait pas lâcher ses études, même si elle était vouée à faire mettre régulièrement des barrières psychiques par le professeur Xavier. Pourtant Jean s'en doutait, ces barrières psychiques n'étaient que des béquilles pourries qui ne l'aideraient guère longtemps. Elle avait vécu huit ans avec des pouvoirs à pleine puissance. Elle ne pouvait pas espérer que du jour au lendemain elle aurait de la chance. La mutante allait devoir un jour affronter la pleine puissance de sa mutation et surtout, l'autre qui attendait son heure.

La jeune Jean Grey était dans mon bureau, souriante, elle semblait finalement à l'aise dans cette pièce, puis la jeune femme osa enfin poser la question.

- Comment ce sont passées vos études de médecine ? Je veux dire avec votre mutation ? J'ai dû stopper mes cours à cause de mes pouvoirs.

Je croisai les bras, ce n'était pas une question que l'ont vous posez tous les jours, bien au contraire, j'avais la chance d'avoir une mutation qui ne comportait pas un changement physique quelconque et en dehors de l'institut j'étais monsieur tout le monde.

- Eh bien, elles se sont très bien passées, à vrai dire ma mutation consiste à faire reproduire le geste que je veux à une personne, donc tant que je rester à suivre et à bosser tout aller bien, j'ai bien dérapé une ou deux fois, mais comme je ne le contrôlais pas vraiment mon pouvoir donc la personne mettait quelques secondes pour reproduire le geste donc techniquement on ne pouvait me suspecter de rien...

Je préférais faire cette petite définition de mon pouvoir, car étant souvent dans l'infirmerie les élèves étaient au courant que j'étais un mutant, mais ils étaient ignorants de ma mutation, je ne donnais pas de cours... Tiens ça serait une idée à soumettre pensais-je. Parler de ça me rappeler ma première année en médecine, on était en plein cours quand notre professeur qui était en retard avait frôlé là où j'étais assis et l'air après son passage, avait fait tomber ma feuille je m'étais ramassé, bénissant le professeur de ne pas s'être excuser, après tout ce n'était pas moi qui faisais tomber ses feuilles ! Et c'est au même moment que le professeur s'excusa, et fit tomber les feuilles qu'il tenait dans ses mains...

Je secouais la tête revenant au présent, revenant dans cette infirmerie qui me plaisait tant, en compagnie de la jeune Jean Grey. Je me doutais qu'elle avait une idée derrière la tête, mais je ne savais pas encore quoi, car on venait rarement me voir que pour discuter.

- Je compte reprendre les cours en septembre mais en attendant, vous pourriez m'instruire ? Me prendre comme assistante ? Je sais déjà pas mal de chose. Bien entendu j'ai beaucoup à apprendre mais je ne vous causerai aucun problème.

Je passais ma main droite sur ma barbe naissante, c'était une proposition intéressante, et c'était gagnant/gagnant, elle gagner de l'expérience, et moi je gagnais un peu plus de temps. Mais je savais que Jean avait une mutation qui n'était pas vraiment commune, étais-ce vraiment une si bonne idée, si jamais elle perdait le contrôle, qui pourrait l'arrêter... Avais-je assez confiance en elle pour dire oui ? Ou étais-je assez fou pour tenter le tout pour le tout et dire oui ?
Je me retournais vers tous les dossiers, que j'avais à classer et ceux que j'avais à lire... Mais permettre à une élève de connaitre les dossiers médicaux des autres élèves n'était pas vraiment le top. Mais des tas d'élèves passaient par ici, parce qu’ils se coupaient légèrement, ou pour un léger mal de tête, ou bien pour un hématome...

- Et bien c'est une super nouvelle, je veux dire que vous repreniez les cours, je pourrais vous fournir des cours de soutiens si vous en avez besoin, vous savez où me trouver. Pour ce qui est de m'assister, je ne vais pas vous le cacher, ça m'intrigue je ne sais pas si je suis pour ou pas, même si je pense que oui... Mais en attendant vous pourriez peut-être vous occuper des élèves qui viennent ici, pour une légère coupure, ou pour un hématome, et vous n'aurez pas le droit de regarder dans les dossiers, ni d'accès aux médicaments par mesure de sécurité, mais vous pourrez m'aider à classer les dossiers? Qu'en pensez-vous ?

Je me redressais, après tous une deuxième paire de mains ne serait pas de trop ici, je m'en sors bien, mais j'étais débordé ces derniers temps, et les dossiers s'étaient accumulés dernièrement, si bien qu'ils recouvraient plus de la moitié de mon bureau. Et dire que j'avais prévu de prendre mon week-end, tant pis, je passerais le week-end enfermé ici.

- Si vous tenez vraiment à "travailler" ici, cela implique de passer pas mal de temps avec moi, il y a donc quelques points que vous devriez savoir, tant que je n'ai pas bu mon cappuccino le matin je suis infernal, je peux être bien le matin et être un vrai tyran l'après-midi, je suis légèrement maniaque sur les bords, et il m'arrive de m'absenter pour des raisons personnelles... Je crois que le pire et dit. Riais-je.

La mutation du docteur était intéressante. Il y avait nettement moins de danger et la vie devait en être que plus facile. Des fois la jeune femme rêvait d'une mutation aussi facile à contrôler, moins sujette à asservir les gens autour d'elle. Ses incidents étaient nettement moins dangereux que ceux de Jean, bien entendu. La rousse suivit du regard le mutant pour aviser la pile de dossiers. C'était vrai qu'il y en avait énormément, bien plus qu'elle l'aurait pensé à dire vrai... Jean se demandait s'il allait accepter son aide ou la refuser. C'était son droit de refuser sa présence après tout, elle reprendrait bientôt les cours. Sauf que l'étudiante avait soif de connaissance et elle était convaincue que sur le terrain elle apprendrait bien plus vite qu'ailleurs. Jean sourit en entendant sa réponse. Recevoir des cours de soutient était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. La médecine n'était pas les études les plus faciles et de l'aide extérieure serait toujours agréable. Elle avisa la pile et hocha la tête, en accord avec ce qu'il venait de dire ainsi que toutes les conditions citées.

« J'accepte, bien entendu. Je sais m'occuper de ce genre de blessure très légère.  »

La jeune femme se contenta de sourire, ne prenant pas ombrage de sa décision qu'elle ne lise pas les dossiers. Il appliquait le secret médical et elle n'était qu'étudiante. Une étudiante qui reprendrait à peine les cours en septembre. Se levant, Jean fit le tour du bureau avec une certaine légèreté. Elle sourit face à la mention de quelques règles. Il était évident que dès qu'en septembre elle reprendrait les cours, elle ne serait plus là le matin pour voir ses humeurs bien sombres. La rousse fit volte-face, détaillant son interlocuteur qui était un véritable mystère pour elle. Le secret de sa mutation était un secret entre elle et le professeur. Ce secret si sombre, une seconde personnalité qui n'était pas aussi gentille et contrôlée que la Jean de tous les jours. Pourtant la mutante se doutait que son dossier médical parlait d'absence étrange et de sommeil agité. Des facteurs qui pouvaient perturber les gens extérieurs à son secret. Rien de bien inquiétant, sauf pour quelqu'un qui fouillerait un peu plus. En tant que médecin il avait probablement compris que quelque chose clochait chez elle. Ce n'était pas normal d'avoir des absences à tout juste vingt ans.

Une femme en pleine puissance de ses moyens physiques. Jean restait tout du moins silencieuse. Elle se demandait quel genre de raisons personnelles poussaient le docteur à s'absenter des fois. Elle ne lui demandait pas, cela ne la regardait pas. Soudainement la mutante fit volte-face et toisa l'homme. Jean avait cessé de contempler l'endroit et revenait doucement à la surface après son observation quasi maniac.

« Je ne ferai rien à vos patients, quoi que vous pensiez. Par contre si je puis me permettre, je doute de votre méthode de classement. »

Elle éclata de rire après avoir dit cela. Elle avait dit cela sur un ton badin, sans vouloir juger le docteur qui se tenait face à elle. La télépathe avisa les dossiers et bougea légèrement le poignet. Aussitôt sa télékinésie entra en action et elle se mit à déplacer plusieurs dossiers pour les empiler dans un coin. Diviser la pile par deux allait faciliter le travail de classement. Jean retourna s'assoir sur sa chaise, pour une raison qu'elle n'expliquait pas, sa tête commençait à tourner comme sur un manège. La maigre utilisation de son pouvoir l'avait comme soudainement affaiblie. Une dure nuit favorisait aussi le facteur mal de tête. La jeune femme se massa d'un doigt une tempe, continuant pourtant de sourire comme si de rien n'était. Avant elle ne bronchait même pas en utilisant ses pouvoirs, avant les barrières psychiques qui encadraient dès lors son esprit.

« Vous me voyez comme une menace ? »

Elle posait la question sans arrière pensée et avec une douceur évidente. Un petit visage de poupée qui cachait une force dévastatrice qui pouvait choquer quiconque qui osait la défier. On aurait dit une poupée de porcelaine, oui mais voila la poupée savait tuer, instinctivement. Ses pouvoirs protégeaient l'enveloppe charnelle, sa mutation avait évolué d'une manière étrange, rendant les moindres émotions de la jeune femme comme des armes, des armes mortelles. Une prédatrice dans une enveloppe de brebis galeuse.

La jeune femme accepta donc mes conditions, j'étais sûr que la prise de quelques responsabilités était une bonne chose pour elle. Peut-être avais-je tord, mais au moins j'agissais, prenant les décisions quelle soient bonnes ou mauvaises.

- Je ne ferai rien à vos patients, quoi que vous pensiez. Par contre si je puis me permettre, je doute de votre méthode de classement.

Elle se mit à rire et pour le coup moi aussi. Puis elle se mit au travail, utilisant sa télékinésie. Je me servais rarement de ma mutation, sauf pour me défendre, ou pour me venger, et je pensais à la dernière fois que j'avais utilisé mon don sans pour autant me venger, j'étais étudiant à l'époque, je traînais avec quelques amis, et on avait décidé d'aller boire un verre, puis deux... trois... résultats ont étaient tous presque ivres, et c'est la qu'une bagarre avait éclaté.
Je ne voulais pas me retrouver impliquer la dedans, pourtant je n'avais pas vraiment eu le choix... Un homme c'était précipiter sur moi, et j'avais utilisé ma mutation sans vraiment le réaliser, j'avais porter les mains à mon cou, et l'homme commença à m'imiter, s'étranglant. J'avais failli le tuer, et mes amis avaient vu que j'étais différent, mais vu leurs taux d'alcool j'avais pu nier et ils avaient fini par me croire, c'était la première fois que ma mutation me faisait aller aussi loin...

Mon rire c'était comme coupé dès que j'avais repenser à ça, ma voix s'était brisé. Puis je m’interrompis en voyant la jeune femme s'asseoir avant de se masser les tempes, toujours souriante, j'attrapais ma bouteille, que je lui tendis avant de me diriger vers ma sacoche et de sortir une boîte de pilules que j'utilisais assez souvent.

- Tiens prend ça, tu verras ça ira mieux.

- Vous me voyez comme une menace ?

- Non Jean... J'ai moi-même était à la fois apeuré et fasciné par ma mutation, pour les bonnes choses que l'on peut faire mais aussi pour les mauvaises, je me suis engagé sur un terrain glissant, et une fois au fond du trou je continuais à creuser. A vouloir voir mes limites...Vouloir toujours aller plus loin, et je me suis perdu. Je pense que je le suis toujours d'ailleurs... Mais je en te vois pas comme une menace.

Je souriais. Elle était puissante, elle devenait une menace quand elle perdait le contrôle, mais comme quiconque, et encore plus quand on était mutants, si on perdait le contrôle on devenait très rapidement, des menaces, voir des monstres, et ça j'en étais sûr pour l'avoir été... La vengeance n'excuse pas tout, elle vous donne des motifs et une rage sans fin qui vous consume et vous détruits de l'intérieur, ne laissant qu'une apparence intacte.

Son mal de tête augmentait et Jean avait l'impression qu'elle allait exploser. Son souffle s'emballa mais elle tint bon. Attrapant sa bouteille d'eau, elle avala deux pilules et les fit passer avec le liquide. Elle ne savait pas si les médicaments l'aideraient car son mal de tête semblait plus être du fait de sa mutation qu'autre chose. Il était fort probable que les gélules ne pourraient pas soulager la partie de son cerveau qui en avait besoin. Elle n'avait pas vraiment envie de le dire même si Alec devait s'en douter vu son don de télépathie. Jean était bien trop curieuse et voulait savoir s'il la considérait comme une menace. Non pas que la réponse l'inquiétait réellement ou peut-être bien que oui. Sinon la télépathe et télékinésiste ne demanderait pas l'avis au docteur. Étrange comme il lui répondait, elle se retrouvait dans sa réponse. Comme s'il avait deviné ce qu'elle cachait, le mal qui la rongeait, celui d'aller toujours au-delà de ses limites.

« Vous avez fait du mal aux humains ? »

Elle, elle en avait fait. Elle avait peur de recommencer à tout moment et ne rien pouvoir faire contre cela, contre l'autre. Jean regardait le mutant, n'osant percer la réalité de son sourire. Cela était si tentant d'user de sa télépathie mais elle se retenait. Tout à l'heure elle avait bien remarqué que le docteur Halden semblait préoccupé par quelque chose. Jean était tenté de lui demander qu'est-ce cela avait été mais se retint de justesse. Cela ne la regardait pas, elle serait au mieux son assistante, et même pas, juste pour trier des papiers et l'assister dans des petites tâches. Son regard erra sur la pile encore présente et elle but une énième gorgée d'eau pour se donner du courage. Déjà son esprit cherchait une solution niveau tri qu'elle pourrait appliquer. C'était mieux de s'occuper l'esprit que de se faire des frayeurs pour rien. Elle connaissait ses faiblesses et savait à quoi s'en tenir bien entendu. Jean se doutait que le répit qu'elle avait en ce moment ne serait que de courte durée. C'était pour cela que la jeune femme tentait d'en profiter au maximum.

Elle aurait voulu demander tant de chose au docteur mais elle se retenait. Par orgueil, oui par orgueil. La mutante se sentait suffisamment faible ainsi sans en rajouter encore une couche. Attends, faible ? Qui avait décrété qu'elle était faible ? Personne, mais alors pourquoi cette soudaine idée ? Pourquoi cette colère si galvanisante ? Jean contrôla comme elle le pouvait les barrières psychiques. Soudainement elle se tétanisa d'effroi, elle avait une telle brèche que le phénix aurait pu aisément en profiter... Alors pourquoi était-elle toujours la personnalité dominante ? Lentement la télépathe leva son regard sur le docteur.

« Docteur, je dois vous prévenir qu'à cause de ma mutation... Je souffre d'un trouble. »

Cela lui faisait mal de l'avouer. D'avouer que du fait de sa mutation elle était psychiquement instable... C'était toujours mieux de l'avertir tout de même, car elle risquait de le blesser à n'importe quel moment. Un psychiatre y aurait vu un trouble mais quelqu'un comme le professeur avait compris que ce n'était pas un trouble psychique mais une mutation. Son cerveau avait évolué d'une manière tout à fait étrange pour accepter les deux pouvoirs qu'elle possédait, deux pouvoirs dangereux pour elle mais aussi pour les autres.

- Vous avez fait du mal aux humains ?

La question de la jeune femme m'interloqua... Etais-ce vraiment une question où avait-elle lu quelque chose en provenance directe de mes pensées. Je souris faiblement, j'avais une réputation en Allemagne... C'est là où j'avais fait le plus de dégâts.

- Oui mademoiselle Grey. C'est arrivé.

Et je ne peux pas dire que je le regrettais. J'avais baissé la tête après avoir dit ça. C'était mal et malsain et je n'étais pourtant pas près d'avoir fini. Je comprenais ce qu'elle pouvait ressentir, elle était un danger pour elle est pour les autres à cause de sa mutation. Je n'avais pas son potentiel, mais ma mutation me permettait aussi de faire pas mal de dégâts... Je relevais la tête et la regardai droit dans les yeux.

- On a souvent l'impression d'être un monstre mais je crois que tant que l'on a cette impression ça signifie qu'il n'est pas trop tard pour réagir et faire bien les choses.

Cette fois je souris franchement, j'espérai que les maux de tête de la jeune femme s'étaient atténués, à vrai dire je faisais plusieurs classements dans les dossiers, une fois ranger dans l'ordre alphabétique, et une fois que j'avais pris connaissance de ce qu'il y avait dans les dossiers, je rangeais les cas que je juger à surveiller de près. Quand j'avais reçu celui de Jean, je n'avais pas attendu pour le glisser dans cette pile-là, puis les rangés dans un tiroir. Puis la voix de la jeune femme me sortit de me pensées.

- Docteur, je dois vous prévenir qu'à cause de ma mutation... Je souffre d'un trouble.

- Je comprends cela mademoiselle Grey, vraiment. Je comprends.

J'aurais aimé faire en sorte qu'elle aille mieux mais je n'avais pas de remède miracle. Que pouvais-je faire de plus, j'étais docteur mais incapable de l'aider. Et je détestais me sentir aussi inutile... J'avançais ma main vers la sienne et la serrai en signe de réconfort. Je n'étais décidément pas doué, mais je ne pouvais pas l'aider, je pouvais toujours essayer de la réconforter.