« L’araignée Gypsie monte à la gouttière... » [PV Sean]

[Petite précision : Dans les dialogues, ce qui est écrit en italique est dit en français par Gaïa.]

L’après-midi touchait à sa fin, et, de ce fait, les cours à l’Institut étaient maintenant terminées. La plupart des élèves profitaient du soleil qui s’attardait pour s’amuser dehors, alors que certains s’étaient réfugiés à l’intérieur, pour flemmarder dans leurs chambres, s’occuper dans les pièces communes ou encore pour étudier, pour les plus sérieux.

La journée de cours était également finit pour Gaïa, et elle en était heureuse, aujourd’hui, elle avait passée une partie de ses examens, et ça l’avait grandement fatiguée. Imaginez un peu : rester enfermé pendant des heures pour plancher sur un sujet afin de valider son année, tout en veillant en permanence à ce que son stress dû aux examens ne vienne pas s’en mêler et décide de lui faire perdre tout contrôle sur son empathie ! Avec le nombres d’étudiants regroupés dans le même amphithéâtre, il est certain qu’elle aurait pu devenir folle si son empathie venait à s’en mêler : ressentir la panique des uns, le « je-m’en-foutisme » des autres, c’est loin d’être sain, tout ça, pour passer un examen... Fort heureusement, depuis qu’elle avait intégrer l’Institut, elle parvenait à utiliser son empathie que lorsqu’elle le voulait, hormis lorsqu’elle était malade, ou que les émotions des autres étaient trop puissantes pour ne pas venir la « titiller ». Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, Gaïa s’était donc doublement concentrée, certaine qu’une partie de ses camarades étaient de véritables émetteurs à émotions puissantes....

De ce fait, afin de se défouler un peu, dès qu’elle avait quitté l’université et rejoint l’Institut, elle avait revêtu son maillot de bain pour plonger dans la piscine, où, fort heureusement, il n’y avait personne. Elle avait bien besoin d’être seule, afin d’évacuer la tension accumulée ! Elle y avait fait plusieurs longueurs, jusqu’à en oublier sa journée et en avoir mal aux bras et aux jambes. Et c’était d’ailleurs vraiment réussit, mais n’allons pas nous attarder sur le sujet, Gaïa était suffisamment grande pour se plaindre toute seule, et, entre nous, elle était plutôt contente d’elle, car ça avait marché : elle s’était changée les idées ! Et surtout, elle se sentait prête à être à nouveau entourée de monde, sans crainte que son empathie ne lui dise : « Hey, tu m’as brider toute la journée, moi aussi, j’veux me dégourdir les jambes ! »

Elle était ensuite retournée dans sa chambre pour enfiler une tenue plus passe-partout qu’un maillot de bain, et surtout, qui couvrait un peu plus son corps, afin d’éviter tout accident malencontreux si elle venait à bousculer quelqu’un ! Elle avait prit deux-trois trucs avec elle avant de quitter sa chambre, bien décidée à aller se réfugier dans le patio. Evidement, sur son trajet, elle rencontra Dorian Warrens, qui, comme à son habitude, ne pût s’empêcher de tout essayer pour la faire sortir de ses gonds.

« Alors, Monroe, ton examen, tu t’es plantée ?
- Oh, mon p’tit Warrens, t’as envie d’être malade pour le reste de tes examens ? Parce que si c’est le cas, c’est mon jour de bonté : je te rends malade !
- Hey, doucement, je prends simplement de tes nouvelles ! »

Le visage de Gaïa indiqua clairement qu’elle n’en croyait pas un mot, et montra également à Dorian que, pour l’heure, elle n’avait guère envie de parler de sa journée, et encore moins avec lui. Ils se séparèrent donc, continuant chacun son chemin de leur côté.

Un fin sourire vint étirer les lèvres de la française lorsqu’elle arriva au patio, et y retrouva 5 camarades avec lesquels elle s’entendait le mieux. Ils leur arrivaient souvent de se retrouver ici, sans même l’avoir réellement prévu ! Elle rejoignit aussitôt le petit cercle qu’ils avaient formé, au milieu du patio. Tout en conversant, ils mangèrent les bonbons que Gaïa avaient amenés avec elle, dans un accès de besoin incontrôlable de sucrerie, chose qui lui était habituelle lorsqu’elle sortait d’examens. Puis l’un d’eux lancé l’idée qu’il était maintenant temps pour eux de laisser place à la musique, comme ils le faisaient souvent, la plupart avait amené avec eux leur instrument, et le restant adorait chanter, même s’ils ne chantaient pas toujours très bien... La jeune empathe avait emportée sa guitare avec elle, ayant commencé à apprendre à en jouer à ses 12 ans, sur l’initiative de Zoélie. L’une comme l’autre adorait la musique, même si Zoélie était clairement plus douée pour jouer de la musique, et Gaïa pour chanter. Toutefois, Gaïa ne s’était pas découragé à la mort de sa jumelle, et avait continué à jouer de la guitare, principalement parce que cela, d’une certaine manière, maintenant le lien entre sa sœur et elle.

La bande d’amis s’amusa principalement à reprendre en chœur pêle-mêle quelques titres des Led Zepplin & des Beatles, tout en continuant à grignoter les nombreuses confiseries, et à dire tout et n’importe quoi, entre deux chansons. A un certain moment, une araignée arriva vers Gaïa, tentant même de se servir de la française comme d’une montagne à escalader. L’empathe la prit doucement et la reposa au sol, tandis que l’une de ses amies, en la voyant faire, poussa un cri de terreur. Ceci fit sourire Gaïa, qui, contrairement à bon nombres de ses amies, appréciaient les arachnides.

Pour finir, ils interprétèrent la chanson « Hello Goodbye », des Beatles, chanson que Gaïa adorait, surtout lorsqu’elle s’amusait à transposer littéralement les paroles en français.... Toutefois, durant les quelques secondes qui suivirent la fin de la chanson, l’avis de Gaïa changea légèrement sur cette chanson, car certains de ses amis s’amusaient à lui dire des bêtises du genre :

« Hey, Gaïa, tu sais quoi ? Cette chanson, elle vous va très bien, à toi et à Dorian. »

Evidement, la française foudroya instantanément du regard les abrutis qui avaient osé sortir de tels propos blasphématoires ! Dès l’heure, l’ambiance devint moins conviviale. Pourtant, ses comparses devaient savoir, depuis le temps qu’ils la connaissaient, qu’elle n’appréciait guère entendre de tels sous-entendus à propos de sa relation avec le jeune Warrens ! Fort heureusement, le moment de froid ne dura pas longtemps, Gaïa ne pouvait pas « bouder » ses amis plus longtemps, surtout pour une raison aussi stupide. Ils s’apprêtaient à recommencer à chanter, lorsqu’une élève déboula dans le patio pour leur faire savoir qu’une partie de poker allait bientôt commencer, dans le salon. Si les amis de la française acceptèrent de s’y rendre pour y participer, Gaïa préféra rester ici. Elle n’avait jamais apprécié le poker, même si elle était plutôt douée, et savait qu’elle pourrait s’avérer vraiment brillante, si elle prenait la peine de se servir de son pouvoir d’empathie pour détecter quiconque était en train de bluffer...

La jeune femme se retrouva donc seule dans le patio, mais ça ne la dérangeait nullement, bien au contraire : elle avait sa guitare, mais aussi et surtout, il lui restait des bonbons ! La jeune femme alla s’asseoir sur l’un des bancs qui agrémentaient l’espace élégamment fleurit. Elle en profita aussi pour essayer de jouer à la guitare « Yesterday », des Beatles, tout en chantonnant à voix basse. Cette chanson était sans conteste celle qu’elle préférait de ce groupe, qu’elle adorait écouter et interpréter, et qui pourtant remuait en elle de douloureux souvenirs : la mort de Zoélie.

«Now I need a place to hide away
Oh I believe in yesterday !
Why she had to go, I don”t know, she wouldn’t say
I said something wrong, now I long for yesterday. »

Etonnamment, Gaïa parvint à maîtriser sa voix, même si son émotion était réelle, tant cette chanson semblait décrire parfaitement ce qu’elle éprouvait depuis plusieurs années à présent. Toutefois, la jeune mutante ne pût terminer sa chanson, pour la simple et bonne raison qu’une araignée, la même que tout à l’heure, se promenait à présent sur sa guitare.

« Nan mais gênes-toi pas, tu sais », dit-elle à l’arachnide en cessant de jouer. « Allez, ouste ! Je t’ai déjà virer tout à l’heure, tu vas pas me coller toute la journée, non ? »

D’une pichenette, elle repoussa l’araignée, puis attrapa une poignée de bonbons. Quelques instants plus tard, elle poussa un soupir en voyant son amie l’araignée, au sol, revenir vers elle. Un petit sourire apparut sur son visage, alors qu’elle posa son instrument de musique sur le banc, à côté de ses friandises, pour s’accroupir vers l’araignée.

« Dis-moi vois, Gypsie, tu serais pas de la famille Warrens, par hasard ? Non, parce que pour être autant pot-de-colle, je vois pas d’autres explications... Bon, allez, juste parce qu’aujourd’hui, je suis trop de bonne humeur, j’accepte de partager avec toi mon trésor : tu veux des Smarties ? Ou tu préfères les M&M’s ? J’ai aussi d’autres bonbons, si tu veux... Mais pas de mouches, désolée, ça, c’est pas trop ce que j’aime... »

Le manque de réaction de l’araignée fut comprit comme un non par Gaïa, qui haussa alors les épaules, en soulignant que :

« Tant pis, ça m’en fera plus pour moi ! Mais, à la place, je vais te chanter une chanson ! Et t’as pas le choix, na ! C’est ça, de pas savoir communiquer avec les humains : tu subis ! Ma pauvre ! »

Elle attrapa l’araignée pour la laisser se balader sur son bras, et commence alors à chantonner une comptine de son enfance :

« L’araignée Gypsie monte à la gouttière
Tiens voilà la pluie, Gypsie tombe par terre,
Mais le soleil a chassé la pluie. »

Tout en chantant, elle s’amusait à faire les gestes que tous les enfants ayant déjà chanté cette chanson à l’école faisaient en l’interprétant. En voyant que l’araignée pendouillait à présent de son bras, suspendu par un fil, dans une tentative de regagner la terre ferme, Gaïa soupira :

« Quoi, t’aimes pas cette chanson ? Elle est pourtant chou, non ? C’est parce qu’elle montre que t’es pas très douée, c’est pour ça ? Hey, te vexes pas », ajouta-t-elle alors qu’elle déposait l’araignée et que celle-ci lui tournait le dos pour continuer son chemin ailleurs. « T’es trop susceptible, toi... Et moi, je suis visiblement un brin trop fatiguée, ou un peu déglinguée à cause de mes examens ! Ca craint, tu trouves pas ? »

La jeune femme secoua la tête en se disant que son cas était vraiment désespéré... Toutefois, c’était souvent ainsi, suite à des examens, à croire que passer des heures à se creuser la cervelle, ça avait de sale effets sur la dite cervelle... Elle se redressa par la suite, laissant sa nouvelle amie sur le sol. Elle effectua alors un demi-tour pour attraper un M&M’s, mais s’interrompit dans son geste en voyant qu’elle n’était plus seule : Sean Cassidy était là. L’empathe croisa les bras sur son ventre, et arqua un sourcil en observant le mutant.

« C’est moi, où t’as sentis les confiseries », plaisanta-t-elle, faisant allusion au fait que lors de leur 1ère rencontre, ou plutôt, bousculade, la française avait un paquet de Smarties dans les mains, et que lors de certaines de leurs rencontres qui en avaient découlées, que ce soit en France ou à l’Institut, l’un d’eux avaient toujours un paquet de bonbons en mains....A en croire que c’était devenu un leitmotiv, entre eux... Ca amusait beaucoup Gaïa, qui disaient qu’ils étaient “ liés par les bonbons ”. Oui, je sais, elle est folle, mais rassurez-vous, elle le sait, et se soigne.... Avec les bonbons ! « Au fait, si t’en veux, fais-toi plaisir », ajouta-t-elle aussitôt en attrapant le paquet de confiseries diverses et variées, pour le tendre en direction de Sean. « Ca fait longtemps que t’es là ? », demanda-t-elle par la suite, en s’interrogeant sérieusement pour savoir s’il l’avait vu taper la causette avec une araignée. Cependant, cela n’inquiétait pas vraiment Gaïa, en général, ses camarades savaient que, bien souvent, elle était... légèrement folle...

Fin de journée, un moment de liberté s'annonçait dans le manoir, pour les élèves comme pour les professeurs. Sean venait de donner un petit cours sur les techniques de vol à quelques mutants ayant cette capacité. Il n'y en avait pas beaucoup, mais c'était pas plus mal. Les élèves se rapprochaient plus en petit groupe, ils avaient plus tendance à s’entraider que lorsqu'ils étaient une vingtaine. Mais le manoir ne comptait qu'une trentaine de personnes, ce qui était relativement correct. Sean s'imaginait toujours l'institut remplie de plus de cent élèves et se demandait souvent comment ils pourraient tout gérer avec ses deux camarades, Hank et Alex. Mais Charles aimait aider et Sean commençait à y prendre goût.

Cette journée avait été riche. Sean s'était beaucoup amusé avec sa petite équipe, surtout lorsque, par accident, il s'était pris une feuille de papier en plein vol à cause du vent. Les enfants avaient beaucoup ri malgré que Sean s'était retrouvé les quatre fers à l'air, à gémir de douleur à cause du sol trop dur. Par chance, il ne s'était pas fait mal, c'était le principal. Il avait même fini par rigolé avec les enfants qui étaient venu le soulever du sol. Mais comme toutes journées bien remplies, une récompense arrive bien vite : le repos.

Sean se dirigea donc vers le manoir, histoire de se détendre un peu. Il croisa Hank qui venait de terminer une séance de sport avec ses élèves. Et oui, l'institut n'était pas là uniquement pour former les mutants mais bel et bien pour éduquer les enfants comme s'ils étaient dans une école "normale". Il y avait des cours d'histoire, de science, de mathématique, de littérature, d'anglais... Cependant, ce soir, aucun cours n'était prévu avant un moment. Sean avait une envie folle de grignoter quelque chose avant de passer à table. Il se dirigea donc dans la cuisine pour prendre une bouteille de jus de fruit et une pomme. Une fois ravitaillé, le rouquin prit le chemin du patio où se trouvait une jeune fille qu'il avait déjà rencontré en dehors de l'institut. Gaïa. Pourquoi parlait-elle toute seule ? Sean afficha un sourire en appuyant son corps contre le mur.

— C’est moi, où t’as sentis les confiseries

Affichant un sourire, Sean décolla son dos du mur et avança à grands pas vers les confiseries en question. Il avait une folle envie de m&m's, de délicieuses cacahuètes enrobées de chocolat et de dragées colorées.

— Je ne résiste jamais quand je sens l'odeur du sucre. Je suis pire qu'une abeille quand il voit des fleurs.

Après ces quelques paroles, Gaïa l'invita à prendre des sucreries et Sean ne se le fit pas dire deux fois. Il prit de nombreux bonbons avant de se délecter de l'un d'eux. Curieuse, la mutante lui posa une nouvelle question. Sean aurait bien aimé mentir et dire qu'il était là depuis un moment, il songea que finalement, c'était une mauvaise idée de mentir. Il n'avait plus 17 ans, il n'était plus un gamin... il était un adulte maintenant. Un adulte enfantin... certes.

— Depuis ta grande discussion avec je ne sais quoi. Tu t'entraines à parler avec quelqu'un ou tu parlais vraiment à une personne ?

Sean se mit à regarder dans tous les sens pour voir si personne ne se cachait avec eux, dans la pièce. Un mutant invisible ou camouflé dans les meubles, qui sait. Sean avait l'air un peu ridicule à chercher tout en mangeant ses bonbons comme un gamin curieux en pleine partie de cache-cache. Il faisait bien la paire avec Gaïa pour le brin de folie qui les habitaient.

— Et qu'est-ce que tu fais seule ici ? Tu ne traines pas avec d'autres ados d'habitudes ?

Lorsque Sean se compara à une abeille, la française esquissa un sourire. Elle trouvait en effet l’image très proche de Sean et de sa passion pour le sucre ! Toutefois, sur ce niveau-là, l’empathe ne pouvait pas vraiment l’en blâmer, parce qu’elle était comme lui... C’étaient de vrais gamins, à bien des égards....

Sean s’approcha de Gaïa pour attraper quelques bonbons. Alors qu’il commençait à manger, la brunette l’interrogea pour savoir depuis combien de temps il était là. Car, oui, si ça ne dérangeait pas vraiment Gaïa de se taper la honte devant ses camarades, lorsqu’il s’agit du corps enseignant, ça n’était pas tout à fait pareil. En effet, c’est des profs, des gens qui leur enseignent soit des matières « normales », soit comment se servir de son pouvoir. Alors, qu’ils la sachent folle était une chose, qu’ils la voient en train d’agir en véritable tarée, ça en était une autre... Toutefois, certains des profs n’étant guère plus vieux qu’elle, ça la dérangeait moins qu’avec ses profs de fac, qui avaient tous au moins 10 ans de plus qu’elle... Faut pas chercher à comprendre, parfois, Gaïa aime chipoter pour un oui ou pour un non... Et ça venait sans doute du fait qu’à l’institut, les gens étaient plus soudés, même les profs et les élèves, que dans des établissements scolaires normaux, formant ainsi une petite communauté conviviale et solidaire.

Alors que Sean lui répondit, Gaïa posa le paquet de confiseries à côté de sa guitare, tout en souriant de voir Sean chercher partout la mystérieuse personne avec qui elle avait parlé. C’était ça, qu’elle aimait, dans cet institut, le fait que la grande majorité des gens ne se prenaient pas la tête, et Sean en faisait parti.

« T’es pas très doué pour chercher les gens », dit-elle après avoir éclater de rire. « Et puis, tu trouveras jamais, parce que tu cherches vraiment pas correctement ! »

Avec effroi, elle vit d’ailleurs que, s’il ne cherchait pas au bon endroit, il était toutefois non loin de son amie l’araignée, et presque sur le point de l’écraser.

« Ne bouge plus », dit-elle alors, « sinon, tu vas écraser mon « interlocuteur mystère ! » Et ça serait pas gentil ! »

Sur ce, elle fit un grand sourire, très sérieuse, comme s’il était tout à fait banal d’avouer qu’on venait de parler avec une araignée... Fort heureusement, la plupart des personnes de l’institut savait que Gaïa était parfois... Folle... Donc, ils n’étaient pas surprit de ses lubies momentanées.... Enfin, pas tout le temps, parce que parfois, c’était vraiment du grand n’importe quoi... Au moins, on ne s’ennuyait jamais, avec elle, même s’il n’était pas toujours évident de la suivre !

« C’est la joie des examens », expliqua Gaïa avec un grand sourire, comme si elle était fière d’elle, tout en allant vers Sean et l’araignée, pour récupérer son étrange amie « la pression, et le fait de réfléchir à ne plus savoir si on a un cerveau où non, ça a la magnifique tendance de ramollir un à un mes neurones, et aboutir à un grand n’importe quoi de ma part... Enfin, à un plus grand n’importe quoi que d’habitude ! »

Et Gaïa était dans le même état lorsqu’elle faisait de longues séances de sport, surtout lorsqu’au collège, elle faisait de l’endurance... A croire que c’était le manque de sucre qui la rendait totalement folle... Suite à cet aveu très sérieux, elle observa l’araignée vivre sa vie dans sa main, alors que Sean l’interrogea pour savoir pourquoi elle était toute seule. L’empathe sourit, en imaginant la tête que certains de ses comparses auraient fait en la voyant ainsi s’éclater avec une araignée, car la plupart des filles qu’elle connaissait avaient en horreur ses bestioles. D’autant plus que celle-ci, ça n’était pas une toute petite araignée, mais une... moyenne, parce qu’elle n’était pas non plus très grosse !

« Ils sont partis jouer au poker peu de temps avant que je ne fasse connaissance de Gypsie. Vu que mes examens ont mit mes neurones en bouilli, j’ose même pas imaginer ce qu’ils ont fait de mes pouvoirs ! J’ai pas envie d’être entouré de gens bouillonnants d’émotions, et d’être agresser par leurs sentiments... C’est loin d’être plaisant, si tu veux mon avis ! Ils voulaient que j’y aille, mais ça me vraiment disait rien. »

Il était en effet courant que des parties de poker aient lieu ici. Bien entendu, la plupart n’avaient pas d’enjeux financiers, car ça aurait pu dégénérer. Souvent, les enjeux étaient de la nourriture, ou un peu d’argent de poche, mais ça n’atteignaient pas des sommes faramineuses. Mais tous les participants étaient bourrés d’émotions : joie, stress... et c’était forcément capter par Gaïa lorsqu’elle n’était pas au mieux de sa forme. De plus, certaines personnes observaient parfois les parties, rajoutant ainsi des émotions... Un véritable festival d’émotions, en somme !

« Ils sont dans le salon, si ça te tente », ajouta Gaïa en s’accroupissant pour reposer l’araignée au sol. « Enfin, s’ils n’ont pas changé d’endroit habituel !»

La jeune femme se redressa, souriante, alors que l’araignée essayait de se trouver un endroit pour y faire sa vie, ayant visiblement envie de manger un bout... Gaïa se frotta les mains l’une contre l’autre, comme pour les nettoyer, avant d’aller se chercher d’autres bonbons à grignoter dans son sac, car, en effet, la pauvre, elle avait les mains vides, et l’estomac vide également !

Lorsque Gaïa lui ordonna de ne plus bouger, Sean se figea littéralement. Il n'osa même plus mâcher le tout petit morceau de bonbon qui lui restait dans la bouche et déglutit, préférant avaler la sucrerie plutôt que de bouger ses mâchoires. Il ne savait pas exactement pourquoi il ne devait plus bouger et ses yeux virés dans tous les sens. Il cherchait quelqu'un ou quelque chose sans parvenir à voir pourquoi Gaïa était en alerte. Sean n'avait fait que quelques pas afin de chercher celui ou celle qui tenait compagnie à la mutante. Il n'avait quand même pas écrasé quelqu'un... si ? Sean se sentait mal à l'aise. C'est toujours au moment où l'on vous dit de ne pas bouger que quelque chose cloche chez vous. Vous pouvez avoir une envie irrésistible de vous gratter ou vous semblez perdre l'équilibre. Sean avait l'impression de peser une tonne. Il avait jamais aimé le jeu 1,2,3 soleil et il savait pourquoi maintenant. Enfin, Gaïa l'informa qu'il pouvait bien écraser l'interlocuteur mystère s'il faisait un pas de plus. Immédiatement, Sean posa ses yeux sur le sol, pensant y trouver un mutant translucide un peu visible, ou quelque chose d'autre... mais pas une araignée. Sean fit alors quelques pas en arrière, loin d'être effrayé par l'arachnide. Gaïa récupéra son amie à huit pattes en continuant la conversation.

— J'ai toujours détesté les examens...alors je te comprends. Je te souhaite bon courage en tout cas.

Sean était plutôt content de ne plus avoir à faire des examens, même si, régulièrement, Charles lui demandait de faire quelques démonstrations de son pouvoir, histoire de voir si le jeune mutant s'en sortait encore. Bien évidemment, Sean s'en sortait, même s'il n'était pas parfait. Il avait quelques progrès à faire, mais il était loin du jeune mutant peu sûr de lui qui brise des vitres au lieu de briser sa cible principale. Mais une question préoccupait les pensées de Sean. Gaïa était seule dans le patio, et Sean savait bien que les élèves restaient le plus souvent en groupe, rarement seuls - bien qu'il y ait beaucoup de jeunes mutants solitaires ou rejetés. Sean posa donc sa question, le tout naturellement possible. Gaïa s'empressa de répondre. Les autres étaient partis jouer au poker mais le don de Gaïa n'était pas compatible avec l'ambiance de ce jeu en cette période d'examens. Le rouquin fit un grand sourire à la jeune mutante, il se sentait plutôt apaisé et débordant d'énergie... ce qui pouvait aider la mutante à se sentir bien, si jamais son empathie venait à être trop puissante. Gaïa semblait penser que Sean allait rejoindre les joueurs de poker, cependant, ce n'était pas l'intention du mutant. Sean n'avait pas envie de jouer à ce jeu, il n'était pas très fort et plutôt nul dans le bluff. Puis, si Elvie, la télépathe du manoir, était de la partie, le jeu pouvait s'avérer compliqué.

— Non, je pense rester avec toi et ton amie l'araignée... sauf si tu préfères rester seule. Et puis, je suis de bonne humeur, aucune sombre pensée ne traverse mon esprit et ne chamboule mes émotions. Et... tu es sûre de vouloir manger uniquement des bonbons ? Il y a pas mal de parts de toutes sortes de gâteaux dans le frigidaire. Il y a eu un cours de cuisine récemment et...disons que les élèves ont été plutôt créatif, ils ont tous fait de gros et imposants gâteaux. Avec Hank et Alex on en a pris mais je pense pas pouvoir encore avaler une forêt noire ou un flan pâtissier avant une semaine...quoi que.

Sean avait envie d'une part de flan.. gourmandise, quand tu nous tiens ! Il se dirigea donc vers la cuisine et prit de nombreuses assiettes remplies de gâteaux. Il mit également quelques bouteilles contre ses bras et traversa rapidement le rez-de-chaussée pour rejoindre le patio.

— Tadaaa ! Bon appétit !

Certes, en faire autant pour sauver « la peau » d’une araignée peut paraître bien étrange pour certaines personnes, mais Gaïa appréciait ces petites bêtes, et partait du principe que toute vie méritait qu’on en prenne soin. Elle tenait beaucoup de ses parents sur ce point-là. Parfois, sa capacité à rendre les gens malade l’agaçait, parce qu’elle nuisait involontairement aux autres, alors qu’elle désirait au contraire les aider de son mieux... Comme quoi, ça n’est pas toujours facile d’être dans la peau de Gaïa ! Tout en continuant à converser, elle récupéra Gypsie, esquissant un sourire lorsque Sean avoua qu’il avait toujours détesté les examens. Les personnes pour qui il n’en allait pas de même devait être très rare, tout de même...

« Merci », dit-elle après eu Sean lui ait souhaiter bon courage. Elle fixa l’araignée, et ajouta, comme si elle parlait à ses deux compagnons : « Faut croiser les doigts pour que les résultats soient à la hauteur de mes espérances, mais ça devrait être le cas... Théoriquement ! »

Tout en s’amusant avec l’araignée, Gaïa évoqua alors la partie de poker, pour finir par la reposer, pour la laisser vivre sa vie. Elle adressa un sourire à Sean lorsqu’il lui dit qu’il préférait rester avec elle, sauf si elle préférait rester seule, son sourire lui signifiant qu’elle n’était pas dérangée par sa compagnie. Bien au contraire, même, ils étaient aussi gamins l’un que l’autre, au fond ! De plus, à croire le mutant, il était de bonne humeur, ce qui était une bonne chose pour Gaïa si son empathie venait à décidé de prendre l’air... Les gens de bonne humeur étaient en effet ceux que Gaïa préférait, non seulement parce qu’il était plus agréable de parler avec eux, mais aussi parce qu’elle préférait, et de loin, ressentir leur joie, plutôt que la déprime ou la tristesse de personnes mornes. Surtout que, lorsque l’empathie échappait au contrôle de Gaïa, elle avait bien du mal à ne pas faire sienne les émotions des autres, alors qu’en temps normal, même si elle les ressent volontairement, elle parvient à rester elle-même au milieu de ces sentiments qui ne lui appartiennent pas. Et oui, Gaïa n’était pas vraiment gâtée avec ses pouvoirs, qu’elle avait souvent bien du mal à qualifier de « dons », ne voyant pas l’aspect bénéfique qui colle à un tel terme...

Lorsque le rouquin évoqua la présence de gâteaux dans la cuisine, fait dans la journée par des élèves, les yeux de l’empathe s’illuminèrent. Certes, les bonbons, c’est cool, mais des gâteaux, c’est bien mieux, non ? Surtout qu’en général, les élèves se débrouillaient plutôt pas mal, et parvenaient à régaler les multiples gourmands de l’institut. Dont, visiblement, Sean, qui, bien qu’il pensait ne plus pouvoir avaler de pâtisserie avant un moment, changeant finalement d’avis. Ah, la gourmandise, c’est magique, parfois ! En parlant de gourmandise, le ventre de Gaïa sembla se réveiller à l’évocation de tels délices, en se mettant à gargouiller... Charmant... La française esquissa un sourire amusé.

« Toi, tu sais ce qui fait plaisir aux filles », s’amusa Gaïa. « Gypsie, t’es sûre que tu veux pas un p’tit morceau de gâteau », proposa-t-elle à sa nouvelle amie alors que Sean était parti faire des réserves, « tu verras, c’est meilleur qu’une mouche... Enfin, je pense, j’ai jamais mangé de mouches, et c’est pas vraiment dans mes projets immédiats... »

Sean fit son retour, les bras chargé de gâteaux et de boissons. La française se dirigea vers lui pour l’aider à disposer son butin sur une table.

« Waouh, ils ont en effet fait de tout ! »

Elle attrapa une part de tarte aux fraises.

« Pourquoi ça m’étonne pas, de savoir qu’avec Alex et Hank, vous vous en êtes déjà régalés », fit-elle semblant de s’étonner Gaïa, sachant particulièrement qu’ils étaient tous assez gourmands. « Peut-être parce que vous êtes des mecs, et, c’est bien connu, les mecs, ça mange pour 5 ! »

Bien entendu, elle plaisantait, quoique, pour certains, c’était le cas... La jeune mutante commença à déguster sa part de tarte.

« Et bah, toujours aussi bons, ces gâteaux », dit-elle après en avoir prit quelques bouchées. « Au fait, ta journée s’est bien passée ? »

Bah oui, Sean savait qu’elle avait passée des examens, et que ça l’avait mit quelque peu sur les rotules, mais elle, elle ne savait pas s’il avait eu une journée tranquille, même si elle savait qu’il avait, comme tous les jours, dû donner des cours. Et les élèves n’étaient pas tout le temps des plus concentrés, ou même agréables... Parfois, l’idée de devenir prof un jour pour l’institut Xavier lui effleurait l’esprit, mais ça n’était qu’une idée, car, pour l’heure, elle n’avait pas encore définit quelle voie professionnelle serait la sienne. Toutefois, elle était certaine qu’elle pourrait être une bonne prof, car, en règle général, elle avait le contact facile avec les autres, et aimait à les aider, ayant assez de patience pour leur expliquer clairement ce qu’ils ne parvenaient à comprendre. Peut-être pourrait-elle devenir un jour prof de français ? Si tant est que ça puisse être utile à l’institut...

*Mouais, de toute façon, j’en suis pas encore là pour l’instant !*, songea-t-elle en croquant à nouveau dans sa tarte.

Avant de choisir un boulot, elle voulait contrôler correctement ses pouvoirs, pour qu’ils n’interfèrent pas dans ses journées de travail ! Et, si elle devait bosser entourée d’élèves en tant que prof, ou à interroger des gens si elle devenait journaliste, elle devait vraiment gérer ses capacités de son mieux !

— Toi, tu sais ce qui fait plaisir aux filles

Alors qu'il était sur le chemin du départ, Sean entendit cette phrase. C'était bien la première fois qu'une fille lui disait ça. D'habitude, c'était plus dans le genre « Cause toujours tu m'intéresses » ou encore « Et si tu allais te trouver des amis dans ton genre ? » et même parfois le silence total et la fuite. Sean repoussait les femmes alors que son seul désir était d'en charmer au moins une... voire plusieurs, histoire de flatter un peu son égo qui prenait pas mal de coups ces temps-ci. Sean fit donc un grand sourire, heureux d'être vu comme quelqu'un qui pouvait répondre aux demandes des demoiselles. Il arriva donc rapidement, les brases chargés de gourmandises diverses et de boissons. Avec tout ce ravitaillement, le sucre pouvait se faire une joie sur les dents des deux mutants... cependant, Sean prenait soin de lui, alors il ne s'inquiétait pas beaucoup. Par contre, son foie, lui, faisait parfois des siennes, alors, le mutant se modérait pour éviter de se tordre d'un mal de ventre. Il remercia d'un sourire Gaïa qui l'aida à se débarrasser de toutes les friandises sur la table du patio. Les bras légers et libres, Sean prit une assiette en carton et se servit d'une part de flan, d'un éclair au café et d'une petite tartelette à la pomme. Pour accompagner le tout, il prit un peu de cidre sans alcool, soit, du jus de pomme à l'eau gazeuse. Gaïa fit d'ailleurs une petite remarque qui ne manqua pas de faire sourire Sean. Oui, les garçons mangeaient pour cinq, sûrement parce qu'ils avaient tendance à se dépenser plus... ou pas. Sean n'était pas calé en science, alors il ne sut pas réellement répondre à sa propre interrogation intérieure.

— Je dois dire qu'on a plutôt eu de la chance de ne pas tomber malade avec tout ce que nous avons avalé. On a mangé plus de gâteaux que de repas, disons, normaux.

Sean prit alors une bonne bouchée de flan sans hésiter à pousser un soupir de bonheur. Le flan, une pâtisserie bien rafraichissante, surtout pendant ces temps chauds d'été. La pâte sablée était douce, délicieuse. Sean aurait pu écrire un poème sur le flan, mais il passerait pour un dingue gargantuesque. Gaïa reprit la parole, lui demandant également s'il avait passé une bonne journée. Sean reprit une bouchée de flan et avala le tout avant de répondre. Il n'allait pas non plus montrer le résultat de sa mastication en parlant la bouche pleine... c'était répugnant et pas du tout classe.

— Oui toujours aussi bons.

Allez, encore une part avant de répondre à la question de gaïa.

— Ma journée s'est bien passée, plutôt mouvementée mais les élèves écoutent assez bien donc, je suis content. Dis-moi, tu as des projets pour l'été ? Il faut bien que tu te détendes après cette série d'examens.

Sean posa une minuscule miette de flan sur le sol, pour nourrir l'araignée. Il n'y avait pas que lui et Gaïa qui pouvaient profiter des bonnes choses. Sean n'avait pas peur des insectes, même si la plupart étaient gênants - ceux qui piquent surtout, comme les moustiques. Il venait de terminer son flan et s'empressa de prendre l'éclair au café, après une gorgée de cidre sans alcool. Le petit pique-nique improvisé n'attirait pas les foules. La partie de poker devait être plus intéressante.

La française attrapa un verre et se servit un jus d’orange, alors que Sean évoqua le fait que lui et ses camarades avaient plutôt de la chance de ne pas être malade, à force de ne pas manger très équilibré. Après avoir bu une gorgée de jus de fruit, la française eut un grand sourire.

« Je pense qu’un jour, je devrais vous rendre malade », dit-elle comme si elle proposait un grand service très utile, « juste pour vous faire comprendre qu’il faut manger correctement ! »

Bien entendu, elle plaisantait. De plus, elle aussi était gourmande, et n’hésitait pas à manger des pâtisseries dès qu’elle en avait envie. Etant donné qu’elle restait rarement en place, elle avait la chance de pouvoir manger ce qui lui faisait envie sans voir les kilos lui courir après. De toute façon, elle courait plus vite qu’eux ! ^^ Ca aide, de faire du sport !

Le duo continua à converser, tout en se délectant de succulentes pâtisseries concoctées par des pensionnaires. Gaïa était vraiment contente d’être dans un tel institut, où les élèves pouvaient faire des activités diverses et variées, car ça leur permettaient de découvrir pas mal de choses, au lieu de se limiter au milieu purement scolaire. Elle espérait d’ailleurs, pour les non-mutants, qu’il existait des institutions scolaires aussi agréables que le manoir Xavier, sinon, ils loupaient vraiment quelque chose, les pauvres !

L’empathe finit sa tarte, tout en écoutant Sean lui dire que ces cours s’étaient apparemment bien passés. Pour le moment, Gaïa n’avait que rarement entendu des profs se plaindre des élèves d’ici, à croire que le fait de pouvoir assumer complètement leur mutation parvenait à atténuer le côté pénibles qu’ils pouvaient avoir. De plus, certains des cours changeaient radicalement de ceux qui étaient donnés en général dans une école, car ici, bien entendu, on apprenait aux mutants à se servir de leurs dons, ce qui leur permettait parfois de se défouler...

« Bah, pour cet été », dit Gaïa en attrapant une assiette pour y déposer un éclair au chocolat qui semblait la supplier de le manger depuis tout à l’heure, « je vais passer quelques jours en France avec ma mère... »

Elle essayait en effet de passer du temps avec sa mère dès que possible, parfois, c’était même Mme Monroe qui venait en Amérique. Aller en France était toujours un plaisir pour Gaïa, car c’était le pays où elle avait vu le jour, et où elle avait grandit, même si certains endroits recelaient de mauvais souvenirs. Elle savait qu’elle sentirait immanquablement la présence de sa sœur, dans les rues lyonnaises, à défaut de la sentir chez sa mère, car celle-ci avait déménagée quelques mois après le départ de Gaïa pour l’institut. Cependant, ça ne dérangeait pas Gaïa de se retrouver dans sa ville natale, au contraire, elle avait le mal du pays : du sourire de sa mère, de l’ambiance de Lyon, mais surtout de la gastronomie française, même si elle ne se plaignait pas de celle d’ici, loin de là, mais bon, elle avait envie de manger des escargots, du bœuf bourguignon, et plein d’autres trucs typiques !

« Et cette fois, promis, je vais éviter de bousculer des gens », ajouta-t-elle en souriant, en faisant mention à leur première rencontre.

Bien entendu, le souvenir de la mort de Zoélie flottait dans l’air, car cette rencontre s’était produite quelques mois après la mort de sa jumelle. Gaïa était alors dans un bien triste état, ne parlant pas plus que nécessaire aux gens, fuyant même leur présence... Sean était, avec Anaëlle et le professeur Xavier, le seul à savoir qu’elle avait eu une jumelle. Après tout, comment aurait-il pu l’ignorer, alors qu’il avait rencontré Gaïa quand la famille Monroe faisait le deuil de Zoélie ?

« Je me suis aussi trouvé un petit boulot, qui me permet d’avoir du temps libre pour profiter de mes vacances : je vais donner des cours de français à des gosses, certaines matinées. »

C’était à la fois un moyen pour elle de voir si elle pourrait en effet en faire son métier, mais également de gagner un peu d’argent. Elle était d’ailleurs contente de ce boulot, car elle ne donnerait pas des cours tous les jours, et ses cours n’auraient lieu qu’en matinée. Bref, l’empathe aurait du temps libre pour elle, et ça, c’était vraiment bien, elle avait besoin de se détendre, après avoir passé son année scolaire à bosser, à la fois ses cours en fac, et ses pouvoirs...

« Et toi, tu vas faire quoi ? »

Elle croqua par la suite dans son éclair, tout en se promettant d’aller féliciter les cuisiniers pour leur faire savoir qu’ils s’étaient vraiment bien débrouillés. La jeune femme allait reprendre une autre bouchée d’éclair, lorsqu’une dispute se fit entendre, à proximité. Visiblement, deux mutants étaient en désaccord, suite à la partie de poker. L’un accusait l’autre de tricher, alors que celui-ci rétorquait qu’il avait simplement utilisé son pouvoir qui lui permettait de voir à travers les choses.

« On est dans une école de mutants. On n’a pas à se cacher, on n’a pas à avoir honte de nos pouvoirs, on doit s’en servir », s’écria d’ailleurs l’accusé.

Le duo de mécontent arriva dans le patio, ne remarquant même pas qu’ils n’étaient pas seuls. Gaïa les observa, les sourcils froncés. Trop d’ondes négatives à son goût, qui essayaient de l’envahir, alors, pour éviter d’avoir envie de créer à son tour sur tout le monde, elle se servit de son empathie pour se fixer sur Sean, et sa bonne humeur, avant d’être trop assaillit par l’énervement ambiant pour réussir à réfléchir correctement. Elle espérait toutefois que Sean était toujours de bonne humeur, et disposait d’un sacré self-control, car son empathie était tout entière connecter aux émotions du mutant. Gaïa espérait surtout que son empathie ne décide pas de n’en faire qu’à sa tête, et de préférer aller faire un tour du côté des émotions négatives des deux mutants en colère.

Spoiler:

En entendant Gaïa dire qu'elle serait capable un jour de les rendre malade pour leur donner une leçon sur leur façon de se nourrir, Sean fit une drôle de tête, oubliant de mordre dans une des parts de pâtisseries qui lui restait.

— Alors ça c'est injuste !

Il fit une petite moue pour marquer son soit-disant mécontentement avant de se mettre à sourire de nouveau. Il s'imaginait bien, avec Hank et Alex, affalés sur les canapés de l'institut. Sean ne voulait pas vivre ce moment et quitta la part de gâteau qu'il s'apprêtait à entamer. Il ne voulait pas être malade, pas aujourd'hui, ni dans les jours à venir d'ailleurs. Bref, trêve de mauvaises pensées, Sean répondit aux questions de Gaïa en oubliant ses parts de pâtisseries qu'il posa dans un coin. Ils parlaient désormais de tout et de rien, donnant quelques informations sur la journée passée, sur les impressions que celle-ci avait laissé sur chacun d'eux. Puis, au final, Sean demanda à Gaïa si elle avait des projets pour l'été. Curieux dans l'âme, Sean avait envie de connaître ce genre de détails. Et puis, c'était un sujet de conversation comme un autre. De nombreux élèves quittaient l'institut pour retrouver leurs familles ou partir entre amis. Pour Gaïa, c'était le retour aux sources. Elle se rendrait bientôt en France pour y voir sa mère. Les parents... Sean n'en avait pour ainsi dire pas. Ils étaient trop occupés avec leurs affaires, le travail. Sean fit un petit sourire malgré tout. Il n'était pas jaloux des autres, car après tout, Charles était devenu comme un père pour lui. Gaîa rajouta qu'elle ferait attention à ne bousculer personne lors de son voyage à Paris, ce qui fit rire Sean. Ils s'étaient rencontrés comme ça, après une bousculade qui avait valu à Sean une bonne grosse grippe carabinée.

— J'espère pour ceux qui te croiseront. Les pauvres sinon, je compatis d'avance.

Sean répondit sur un ton de plaisanterie en buvant un verre de soda. Gaïa elle, continua de répondre à la question du mutant, avant de la lui retourner lorsqu'elle eut terminée.

— Je reste ici, avec Charles et les autres. On va occuper ceux qui n'ont pas la possibilité de rentrer chez eux, ou ceux qui n'ont plus de famille. Je pense que ce sera cool de les voir en dehors du cadre scolaire. Puis, les plus timides oseront peut-être enfin nous parler...

La réponse de Sean fut interrompue par des voix qui s'élevaient de plus en plus. Deux mutants se disputaient suite à une partie de poker. Les deux adolescents s'étaient retrouvés dans le patio et ne semblaient même pas avoir vu Gaîa et Sean qui se trouvaient là. Les voix étaient de plus en plus sonores, les mutants de plus en plus énervés l'un sur l'autre. Sean se leva d'un bond et se plaça entre les deux, maintenant une limite approprié pour qu'ils évitent de se taper dessus si la dispute venait à dégénérer.

— Hey là, doucement. J'ai entendu ce que vous avez dit...

Il observa le mutant "tricheur".

— Qu'est-ce que nous apprenons ici ? Tu ne dois pas tricher avec tes dons, surtout pas envers tes camarades. La prochaine fois, essaye de jouer le jeu, évite de regarder les cartes des autres. Tu verras, c'est encore mieux.
— Mais c'est mon pouvoir ! Je fais ce que je veux avec !
— Peut-être que si je t'envoie dans le bureau de Charles ça ira mieux. Tu ne crois pas ?.

Le mutant était furieux et partit bouder dans son coin, alors que l'autre n'en revenait pas qu'une telle tricherie ait pu avoir lieu lors de cette partie qui avait si bien commencé. Sean observa Gaïa, qui était sûrement touchée par toute cette dispute, à cause de son pouvoir. Malheureusement, Sean avait ressenti une pointe d'agacement dans cette histoire. Sa bonne humeur n'était pas entièrement partie, mais pour l'instant, il était assez troublé par les évènements.

— Tu veux aller autre part ou ça va aller ? C'est dingue ce qu'ils peuvent être rebelles parfois...

Spoiler:

La réaction de Sean face à la prétendue menace de Gaïa fit exploser la jeune française de rire. Au moins, ça semblait efficace, car il arrêtait de manger pour le moment. Elle devrait penser à ressortir cette menace, un jour, même si elle ne la mettrait pas à exécution, elle n’était tout de même pas assez cruelle pour cela ! Quoique, si vraiment c’était nécessaire, peut-être le ferait-elle. En effet, ça serait plutôt dommage que les X-Men ne soient pas au mieux de leur capacité physique, le jour où ils devraient intervenir, pour telles ou telles raisons... Non, tout bien réfléchit, étant donné que c’était d’intérêt public, peut-être que Gaïa n’hésiterait pas à le faire ! Mais bon, pour l’heure, on n’en était pas encore à là, donc, les Gourmands n’avaient rien à craindre... Toutefois, elle trouvait drôle de faire croire à Sean qu’elle le ferait vraiment, c’est donc la raison pour laquelle son sourire ne disparût pas, bien au contraire, même !

Les deux mutants parlèrent alors de leurs projets de vacances. Sean ne fut guère surprise lorsque Sean dit qu’il comptait rester ici. Certains des résidents de l’institut n’avaient en effet personne chez qui aller, ou ne pouvait aller les retrouver, alors il fallait bien les occuper.

« Et puis, les timides se diront peut-être que maintenant qu’il y a un peu moins de monde, ils vous auront enfin à eux ! »

Gaïa avait en effet bien remarqué que certains de ses camarades timides n’osaient pas se lier avec les autres et les enseignants du fait qu’il y avait souvent du monde autour d’eux. Là, se retrouver en comité un peu plus restreint changerait peut-être la donne. De plus, peut-être que l’atmosphère plus détendue des vacances les détendrait également ! La jeune mutante n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps, tout comme Sean n’eut pas le temps de continuer à parler, qu’une dispute éclata à proximité. Se concentrant sur Sean pour ne pas être envahit par les ondes négatives, elle posa son éclair sur son assiette, les sourcils froncés. C’était bien sa veine, ça, qu’un conflit éclate, à proximité d’elle, alors qu’elle n’était pas au mieux de sa forme pour maîtriser son empathie... Fort heureusement, Sean maîtrisa brillamment la situation, plus agacé qu’énervé. Toutefois, Gaïa préférait éprouver son agacement que la colère qui animait les deux mutants opposés.

Lorsque la situation fut enfin calmé, et que le tricheur fut partit, boudeur, Gaïa put respirer plus librement, relâchant peu à peu son empathie qu’elle avait focalisé sur Sean.

« Non, ça peut aller, on peut rester ici », répondit la française à la question du jeune enseignant, « tant que personne n’a envie de tuer quelqu’un d’autre en ma présence, ça devrait aller ! »

Elle se passa une main sur le visage, comme pour chasser les bribes de colère qui s’étaient immiscé, au début de la dispute, en elle. Elle regarda alors Sean, un grand sourire aux lèvres.

« T’as assuré, en tout cas ! J’crois que ça, ça mérite bien une récompense : Allez, fais-toi plaisir, mange ! T’en meurs d’envie ! Et promis, je te rendrais pas malade ! »

Sur ce, la jeune femme montra l’exemple en reprenant son éclair. Il faut dire que ce petit moment d’intense concentration l’avait épuisée, déjà qu’elle était quelque peu HS à cause des examens, là, il ne fallait pas lui demander de courir un marathon tout de suite ! Elle reprit la parole, après avoir mangé un peu d’éclair :

« Si même entre mutants, y’a des tensions, tu crois vraiment qu’il puisse en être autrement entre mutants et humains ? »

C’était en effet une question qui hantait souvent Gaïa, d’autant plus depuis sa rencontre avec Erik, qui lui exposait ses théories, tout en lui cachant cependant le fait qu’il soit en réalité Magneto.... Et comme il arrivait parfois que des conflits de ce genre apparaissent au sein de l’institut, Gaïa s’interrogeait, avant de se dire que les Hommes en général n’avaient de cesse de trouver des moyens pour se disputer... Et lorsque Gaïa songeait cela, elle s’arrangeait vite pour penser à autre chose, car elle détestait se mettre à philosopher de la sorte, ça lui fichait le cafard ! Toutefois, là, elle était curieuse d’avoir l’opinion de Sean à ce sujet, histoire de savoir si elle était vraiment la seule personne de l’institut à s’interroger de la sorte...

Sean adorait l'ambiance à l'institut, surtout lors des vacances où il avait la possibilité de faire plus ample connaissance avec les élèves. Même si parfois, la bonne ambiance n'était pas toujours au rendez-vous, comme ce fut le cas au moment même où Gaïa et Sean étaient en pleine discussion sur les vacances. Malheureusement, certains élèves se disputaient de temps à autre, parfois pour quelques broutilles. Aujourd'hui, c'était à cause d'une tricherie. Sean avait séparé les deux élèves en essayant de donner des leçons de morales, sans être certain que le tricheur ne recommencerait pas le lendemain ou un autre jour. La dispute en elle-même n'était pas très grave, cependant, Sean s'était retourné vers Gaïa qui possédait un pouvoir d'empathie. Il avait peur que celle-ci ait eu beaucoup d'effets négatifs après cette altercation. Sean essayait de se maîtriser au mieux pour ne pas avoir de mauvaises ondes, mais il était tout de même agacé du comportement des élèves, surtout lorsqu'ils se battaient pour des petites choses sans importances.
Lorsque tout le monde eut quitté la pièce, Sean demanda à la mutante si elle se sentait bien après toute cette histoire. Elle lui répondit aller bien, tant que personne n'avait de sombres pensées envers un autre. Sean eut un petit sourire, partagé entre l'amusement et l'inquiétude.

— Tant mieux dans ce cas...

Une boisson s'imposa et Sean prit un nouveau verre de soda alors que Gaïa vantait l'intervention du mutant. Sean haussa les épaules. Pour lui, c'était normal. Il était là pour veiller à ce que tout le monde s'amusent au sein de l'institut. Bien qu'il eut envie de manger à nouveau, le mutant resta sage et ne prit aucune friandise.

— Je pense que j'en ai assez eu pour aujourd'hui. Mais merci de m'avoir proposé d'en reprendre sans me rendre malade. C'est très gentil de ta part

Gaïa, elle, reprit un éclair et Sean dû faire un petit effort pour ne pas la suivre. Mais il avait assez mangé comme ça, l'heure du repas allait bientôt arriver à grand pas, inutile qu'il se remplisse l'estomac de sucreries en tout genre. C'est lorsque Sean but une nouvelle gorgée de son soda que Gaïa émit une hypothèse intéressante. Sean posa délicatement son verre contre la table, ses yeux se posant quelques secondes sur le sol avant de retrouver le visage de Gaïa. Il avait vu les hommes envoyer des missiles vers eux, par peur d'avoir affaire à des ennemis. Alors, oui, la haine entre mutants et humains était bien présente, mais Sean préférait voir tout cela du même point de vue que Charles.

— Non, je ne pense pas. Il y a autant de tensions entre les mutants, les humains, ou les deux à la fois. Tout le monde essaye de défendre son territoire, mais certaines personnes, comme le professeur Xavier, essayent de maintenir un certain équilibre. Je crois que certains hommes seraient prêts à nous accueillir parmi eux, comme le pense le professeur Xavier. Mais bien sûr, beaucoup d'entre eux ont peur de ce qui est différent. Alors... il y a des guerres. Pourquoi tu te poses ce genre de questions ?

Quoi de mieux, après avoir été envahit par des émotions qui n’étaient pas les vôtres, que de se goinfrer ? Du point de vue de Gaïa : RIEN ! C’est pourquoi la jeune française mangea à nouveau, tout en sachant que l’heure du repas approchait à grands pas. Ce serait drôle que son karma décide de la punir d’avoir fait croire à Sean qu’elle comptait réellement le rendre malade, lui et ses camarades de gloutonneries, en la rendant malade elle... Mais ça, c’est une autre histoire dont nous ignorons le dénouement, pour l’heure...

Visiblement, la jeune française était plus fatiguée qu’elle ne le croyait, car elle se laissait aller à divaguer à propos d’une éventuelle entente mutant/humain. Chose qu’elle ne faisait en règle générale jamais, car elle tentait en effet de se convaincre que cela était possible. Elle avait tellement d’admiration pour le professeur Xavier qu’elle ne voulait reconnaître qu’il pouvait se tromper, même si, au fond d’elle, elle ne partageait pas complètement ses opinions sur ce sujet. C’était d’ailleurs l’une des rares fois où elle osait en parler devant quelqu’un, à part Anaëlle, bien entendu, à qui l’empathe disait tout, et vice-versa ! D’ailleurs, cela faisait partie des sujets que Gaïa abordait le plus souvent, ayant en permanence besoin d’être rassuré par rapport au fait que les Humains n’étaient pas tous des crétins, et que certains disposaient d’un semblant d’âme et d’ouverture d’esprit...

Tout en écoutant la réponse que lui fit Sean, la jeune française finit son éclair. Avant de répondre à son tour, elle but une gorgée, comme pour se laisser le temps de réfléchir à sa réponse.

« Bah, je ne sais pas vraiment », finit-elle par admettre. « Je pense que ça vient de mon pouvoir. Lire dans le cœur des gens te montre que les Hommes ne sont pas aussi bons qu’ils essayent de le faire croire aux autres ou à eux-mêmes... »

La jeune femme poussa un soupir, sachant pertinemment que, de toute façon, le monde n’était pas tout blanc ou tout noir, mais plein de nuances. Et c’était bien ces nuances, parfois très marqués, qui la fatiguaient, et qu’elle craignait grandement. Elle qui avait grandit les oreilles pleines de contes de fées et les yeux remplis de l’amour que ses parents se portaient et portaient aux jumelles, avait rapidement dû déchanter lorsque ses pouvoirs s’étaient manifester.

« Et il m’arrive d’en parler avec l’homme qui nous a conduit ici, Anaëlle et moi, lorsqu’on se revoit. », avoua-t-elle en posant son regard sur son verre à présent vide. « Il se pose les mêmes questions, et ça me fait parfois dire que le professeur Xavier n’est qu’un doux rêveur ! »

Elle se passa une main dans les cheveux, avant de regarder Sean, l’air désolé.

« J’aimerai partager la même confiance que lui en l’Humanité, et que toi aussi, mais.... Ca m’est vraiment dur... »

Bien entendu, si Gaïa était hésitante quant à une quelconque cohabitation pacifiste avec des humains, elle n’était pas pour autant décidé à les exterminer, car pour elle, les mutants et les humains étaient aussi pourrit les uns que les autres, au fond... A quelques exceptions près, toutefois, elle ne mettait pas tout le monde dans le même panier des personnes bonnes à jeter car trop détestables et doté d’un trop mauvais fond ! D’ailleurs, elle se demandait encore comment il était bien possible qu’elle puisse garder, au fond d’elle, un semblant d’affection pour l’humanité... Sans doute était-ce grâce à sa sœur, à sa mère, sa meilleure amie, et à toutes les personnes de l’institut (à part Colin qui l’intriguait grandement !)

Spoiler:

Les doutes de Gaïa commençait à inquiéter Sean. Il se souvenait des idées de Raven avant qu'elle ne rejoigne le clan de Magneto, comme il se faisait appeler maintenant. Il avait même entendu Erik, à plusieurs reprises, parler de Shaw et des hommes. Peut-être que Gaïa ne se sentait plus trop à sa place ici, dans l'institut. Ou alors, elle se posait des questions philosophiques, comme beaucoup le faisaient. Sean s'inquiétait décidément trop. Son statut de professeur le rendait encore plus présent, plus proches des élèves et il connaissait alors pratiquement toutes leurs pensées, leurs craintes, leurs secrets. Il était le confident de beaucoup ici, et parfois, lui-même se posait des questions à la suite de discussions avec un membre de l'institut. Mais Sean avait confiance en Charles, il voulait croire en ses idées, il voulait croire aux gens de bien.

Sean continuait à observer Gaïa alors qu'elle parlait d'un homme avec qui elle avait eu une discussion au sujet des hommes. Elle avait évoqué une personne qui l'avait emmené ici, en ajoutant que Charles n'était qu'un rêveur. Cette parole fut comme un coup de feu dans la poitrine de Sean. Si les élèves commençaient à douter, qu'en serait-il de l'avenir de l'institut ? Gaïa semblait vraiment partagée, même hésitante. C'était comme si elle demandait la permission à Sean de partir. Il avait cette impression et elle ne la lâcherait pas avant d'en avoir le cœur net. Gaïa avait pourtant ses propres idées et, contrairement à Charles Xavier, Sean n'avait pas le don de télépathie. Il ne savait donc pas ce que Gaïa pensait sur le sujet, il avait peur de son départ et savait qu'il ne pourrait pas l'empêcher si ce jour venait à arriver.

— Qui est cet... homme à qui tu parles ?

Étrangement, Sean n'avait pas fait le rapprochement avec Erik. Qui d'autre aurait conduit Gaïa ici à part Charles ? Sean manquait de jugeote, peut-être à cause du choc qu'il avait eu en écoutant la mutante se confier à lui. Son humeur était en train de changer, passant du joyeux à l'anxieux. Sean n'arrivait pas à se contenir et oublia rapidement le pouvoir de Gaïa malgré la discussion sur son empathie. Il se sentait curieux et horriblement mal à l'aise, comme s'il allait perdre un membre de sa famille. Il n'avait de toute façon pas le choix que d'attendre de plus amples explications de la part de son amie.

Ce fut sans surprise que Gaïa sentit Sean devenir inquiet en l’entendait lui faire part de ses doutes. Après tout, Sean était dans l’Institut depuis sa création, avait dû faire un choix lorsque celui qui se faisait appeler Magneto avait décidé de partir, laissant ainsi le professeur Xavier... Bien entendu, Gaïa n’en savait guère plus, mais elle en avait entendu parler, de ce fait, elle imaginait bien que ça n’était pas facile pour Sean d’entendre Gaïa avoir des doutes quant aux idées de Charles. Elle se sentit désolée de lui causer autant de soucis, et de le mettre mal à l’aise, et maudit au passage, une fois de plus, son empathie, qui ne permettait décidément pas d’avoir d’intimité avec elle... Et si ça n’était pas une idée tolérable pour ceux qui la côtoyaient, il en allait de même pour la française... Drôle de conséquence de son pouvoir, et du fait qu’elle soit fatiguée : elle sentait son ami mal à l’aise, ressentait profondément cette émotion, et se sentait également mal à l’aise de l’avoir mit mal à l’aise... Elle avait vraiment horreur de ça, c’était ce qui lui faisait souvent détester d’être une mutante, par ailleurs...

« Il s’appelle Erik... Je n’en sais pas plus sur lui, tu sais, j’suis pas du genre curieuse avec les gens, moi, ils me disent ce qu’ils veulent bien me dire ! »

Elle esquissa un petit sourire amusé. Bien sûr, elle était curieuse, un peu comme tout le monde, mais elle avait au moins le respect du désir d’intimité qu’avait les autres, et n’était pas du genre à forcer les gens à lui parler. Il faut dire qu’elle aimait bien parler avec Erik, et n’avait guère envie de le déranger avec ses questions. Elle avait bien remarqué qu’il n’était pas décidé à se dévoiler plus, lors de leur 1ère rencontre, elle avait tenté de l’interroger par rapport à une émotion qu’elle avait ressentit provenir de lui, et cela avait complètement bloqué l’homme, qui avait alors changé de sujet de conversation...

« Mais, je t’en prie, Sean, ne vas pas croire que j’ai envie de rejoindre Magneto », ajouta-t-elle, ignorant que Magneto et Erik n’étaient qu’une seule et même personne, désirant rassurer son ami qu’elle sentait inquiet, tant et si bien qu’elle en devenait presque inquiète elle-même ! « C’est juste... des doutes que j’ai... Mais je sais que ma place est ici... Parce qu’il n’y a qu’ici que je pourrai apprendre à maîtriser mes dons et éviter qu’ils ne me fassent faire n’importe quoi ! »

C’était en effet la plus grande hantise de la française, perdre le contrôle de ses pouvoirs, tuer quelqu’un à cause de sa capacité à rendre les gens malade, ou même se perdre à force de prendre les émotions des autres... Elle adressa néanmoins un sourire rassurant à Sean, désirant qu’il cesse de se soucier quant à une potentielle probabilité qu’elle ne change de camps. Ca n’était pas dans ses projets immédiats, car elle n’était pas prête à nuire volontairement à quiconque, humains ou mutants... Pour elle, la vie était bien trop précieuse...

« Je pense que ce qui me manque, c’est de voir que, concrètement, c’est possible, l’entente humains/mutants, et non plus d’en entendre simplement parler ! »

La jeune femme secoua la tête, tentant de faire le tri dans les émotions qu’elle ressentait, afin de retrouver celles qui lui appartenaient, car ça ne l’aidait guère à mettre de l’ordre dans ses idées ! Point positif de l’histoire : son appétit semblait comblé, aidé en cela par son méli-mélo d’émotions... Espérons que Sean parvienne à se reprendre, ou que Gaïa réussisse à faire le tri dans le flot d’émotions, sans quoi, la française risque fortement de se sentir mal dans les minutes à venir, avec tout ça !

En entendant le nom d'Erik, le sang de Banshee ne fit qu'un tour. C'était logique, après tout, que ce soit Erik qui ait accompagné la mutante à l'institut. Le hurleur essayait de se contenir, mais intérieurement, il était inquiet, désorienté. Mais Gaïa continua sa révélation en disant qu'elle ne savait pas grand chose au sujet de cet homme. Apparemment, Erik n'avait donc pas beaucoup parlé de lui, mais du principal. Sean voyait déjà Gaia partir de l'institut pour rejoindre le brotherhood. Il n'y pourrait rien, de toute façon. Il se contenta donc de fixer ses mains, ou parfois Gaia, en espérant en savoir plus. La discussion toute gentillette avait pris une tournure inattendue qui n'avait pas le mérite d'être vite racontée. La mutante parlait quand même de camps, de point de vue. Mais elle sembla aussi comprendre que Sean s'inquiétait. En effet, un sourire s'était étiré sur les lèvres de la jeune fille et elle rassura le mutant avec quelques paroles. Elle ne comptait pas partir et se sentait à sa place dans l'institut. Sean afficha alors un sourire rassuré, changeant son comportement psychique. Il était moins nerveux, moins inquiet.

— Tu sais, parfois, je ressens aussi quelque chose envers les humains. Je pense que la plupart sont stupides, comme certains mutants le sont d'ailleurs. Et, le jour où il n'y aura que des hommes avec un esprit ouvert, je pense que nous ne serions plus là. Mais je veux croire à quelque chose, à un avenir meilleur. Si des humains intelligents viennent à être au pouvoir, peut-être que nous aurions une chance de vivre en cohabitation avec les humains... même si beaucoup d'entre eux ne changeront jamais et auront peur de nous.

Sean prit un grand verre de soda, il en avait besoin. Puis, il prit une profonde inspiration et décida de se confier à Gaia.

— Un type roux, qui a le pouvoir de hurler et qui en plus, se fait appeler Banshee... c'est mal vu par certains. Quelques adolescents sont très croyant et pensent que je suis quelqu'un de maudit. Les banshee sont des créatures annonçant la mort de quelqu'un en hurlant. Un rouquin est vu comme un enfant démoniaque ou maudit. Enfin, je te passe les détails mais voila. J'ai beaucoup de raisons de vouloir haïr les humains, parce que petit, j'étais souvent victime de leurs insultes. En plus de ça, je suis un mutant. Mais Charles a réussi à me rassurer et j'aime beaucoup sa philosophie. Je ne te dis pas de changer, hein, mais peut-être donner une chance aux idées de Charles. Moira MacTaggert nous a bien aidé, alors j'ai confiance. Je pense que d'autres personnes comme elle existent dans le monde.

Le mutant appuya le dos contre un mur, espérant avoir donné un point de vue que Gaia pourrait étudier, intérieurement. Il ne voulait pas changer ce qu'elle pensait à tout prix, mais s'il pouvait lui faire comprendre que Charles n'était pas aussi dingue qu'il n'y paraissait, alors Sean en serait satisfait.

L'empathe sentit l'inquiétude ronger son ami, toutefois, ignorant les véritables raisons de celle-ci, elle la mit sur le compte de sa crainte de la voir décider que les humains n'en valaient pas la peine. Pour l'heure, elle n'en n'était pas encore là, elle en était surtout à se demander s'il existait des gens, mutants ou non, qui vaille vraiment la peine qu'on se batte pour eux. Certes, elle adorait sa famille, ses amis, mais, au fond, en tant qu'empathe, elle avait toujours la peur secrète de les découvrir sous un autre jour, une face plus sombre, moins agréable, bien loin de l'image qu'elle pouvait avoir d'eux actuellement. Cela avait déjà été le cas avec son père, à présent, Gaïa ne s'estimait pas à l'abri qu'une telle chose se reproduise ! Sa peur d'enfant d'être déçue à nouveau empiétait grandement sur sa vie présente, c'était stupide, elle le savait, nul n'était parfait. Peut-être souhaitait-elle simplement trouver quelqu'un qui soit en mesure de lui prouver qu'en dépit de son imperfection, l'Humanité méritait qu'on s'attache à elle... Etrange, n'est-ce pas, lorsqu'on sait que Gaïa était également humaine ??

Fort heureusement, elle avait réussit à l’apaiser en lui avouant qu’elle n’avait nullement l’intention de quitter l’Institut. Pour l’instant, c’était sa maison, le seul endroit où elle se sentait acceptée, et non regarder comme une bête curieuse, alors quel intérêt pouvait-elle avoir à partir ? Avec attention, elle écouta les paroles de Sean, contente de le sentir moins tendu. La jeune française n'aimait guère causée du souci à ses amis, quel qu'en soit les raisons ! Elle espérait qu’il ait raison. En général, elle parvenait à voir la vie du bon côté, parvenant à se montrer positive quoiqu’il se passe. Là, c’était plus difficile. Sans doute la fatigue de l’année scolaire qui venait enfin de toucher à sa fin, peut-être retrouvera-t-elle son état normal en se reposant enfin lors de vacances bien méritées ? Elle ne répondit rien à sa tirade sur l’espoir qu’un humain intelligent et plus ouvert d’esprit que les autres vienne au pouvoir, se contentant d’hocher la tête afin de montrer qu’elle espérait également la même chose.

« En fait, je pense que ce qui me pose le plus de problème, c’est sans nul doute que, pour l’heure, j’ai moi-même quelque difficulté à assumer mes pouvoirs ! Lire les émotions des gens, c’est... Pas évident... Aussi bien pour moi que pour eux... Et pouvoir les rendre malade... Sean », s’écria-t-elle en fixant son ami dans les yeux, « qui me dis que je ne peux pas les tuer, leur filer une maladie dont ils ne se relèveront jamais ? » En évoquant cette possibilité, elle ne put retenir un tremblement. Baissant les yeux, comme si elle avait honte de cette probabilité, elle continua doucement : « Je ne veux pas causer la mort de quiconque ! Savoir que je les rends déjà malade m’est déjà bien assez difficile comme ça... »

Elle culpabilisait toujours en rendant les gens malades, elle savait parfaitement que si un jour, son pouvoir la rendant responsable de la mort de quelqu’un, qui que ce soit, elle aurait bien des difficultés à s’en remettre, si tant est qu’elle puisse un jour s’en remettre !

« Je pense que j’aurai du mal à accepter l’idée que les humains, ou les mutants, d’ailleurs, puissent vraiment m’accepter, tant que je ne m’accepterai pas moi-même ! De plus, je suis empathe, Sean », ajouta-t-elle avec un petit sourire triste, « je sens bien la crainte que certains élèves ressentent lorsqu’ils me croisent. Ils sont paniqués à l’idée d’être proche de moi, craignant de finir alités... C’est pas le cas de tout le monde, fort heureusement, mais... »

Elle releva doucement la tête, une lueur peinée dans le regard. Elle avait beau avoir des amis ici, s’entendant majoritairement bien avec tout le monde, elle souffrait d’être rejetée, parfois même de ses amis, qui préféraient se tenir éloignés d’elle lorsqu’ils savaient que son pouvoir n’était pas vraiment sous son contrôle...