« Il était une fois » Toutes les belles histoires commencent par ces quatre mots, mots utilisés dans les contes de fées et de princesses qui trouvent leur princes charmant comme par enchantement, tel un cheveux posé sur la soupe. C'est pathétique, idiot et nous berce de rêves chimériques. C'est ce que l'esprit sombre de Grace a toujours pensé, jamais ces contes à berner les enfants ne l'avait intéressé, trop nunuche à son gout.

« Ils vécurent heureux » Toutes les belles histoires se terminent par ces trois petits mots mais soyons honnêtes, peut-on vivre heureux dans notre monde ? Pouvez vous prétendre vivre heureux lorsque vous êtes traqués ? Pouvez-vous vous mentir ? Non. On ne peut pas vivre heureux dans ce monde où les mutants comme Grace sont traqués et persécutés, dans un monde où ils doivent rester cacher. La vie est illégale et sans pitié avec une seule philosophie Tuer ou être Tué


Debout à l’extérieur de l'Institut de Charles Xavier, nouveau refuge pour les membres du Brotherhood chassés de leur habitation lorsqu'ils avaient été attaqués par la CIA, la brune faisait face à l’ascension de l'astre solaire illuminant ses yeux noisettes. Un faible sourire étira le coin de ses lèvres , elle ferma a demi ses iris, fixant un point imaginaire par delà l'horizon prometteur d'une journée illuminée et fraiche. La jeune femme soupira avant de tourner les talons et de se diriger vers l'espace gigantesque que constitué l'extérieur de l'Institut en prenant au passage un sac de sport.
La mutante arriva devant le stand de tir, un lieu pour se détendre et s'entrainer à la fois, déposant son sac de sport au sol, elle fixa les cibles qui semblaient parfaites pour sa séances, elle se baissa et ouvrit la fermeture éclaire avant de sortir un arc mélangeant élégance et force. Elle effleura ses courbes noires puis, ses doigts tâtèrent la corde qu'elle venait de tendre. Parfait. Elle prit quelques flèches qu'elle plaça dans son carquois en bandoulière avant de le mettre autour d'elle de façon à ce que les flèches soient dans son dos.
Elle se plaça de profil, la tête face aux cibles, immobile. Une légère brise vint faire voleter ses mèches, elle encocha une flèche avant de bander son arc. Elle ferma ensuite un œil, prenant le temps de viser le centre de la cible puis, ses doigts lâchèrent la corde et le projectile fila dans l'air se dirigeant droit dans le coeur de la cible.

Spoiler:

La colère. Elle faisait vibrer caque fibre de son être depuis ce qui était arrivé. Jayden était de nature rancunière. Et il n’était pas celui qui pardonnait. Il n’en avait d’ailleurs pas l’intention. La colère emplissait son esprit depuis qu’ils avaient tous quittés les lieux. Un sentiment si puissant l’envahissait qu’il en faisait, parfois, frémir le moindre petit objet qui l’entourait. Il avait été trop faible pour soutenir le moindrement ses camardes. Lorsque les feu avaient ouverts, il avait gueulé, éperdu, comme un crétin, en cherchant à protéger ce qu’il avait à protéger à ce moment précis. Mais il avait été trop faible pour daigner tuer. Le seul moment où c’était nécessaire, il ne l’avait pas fait.

Se refrognant, il s’était promis, en mettant les pies en ce lieu, de ne pas même lancer le moindre petit regard à ces gamins trop innocents à son goût. Du moins, il avait plutôt tendance à se tenir aussi loin que possible se face de ces gens. S’ils étaient semblables, il n’avait que trop peu de considération pour leur idéal demeurant un mystère pour lui. Se terrer ici ou à l’ancien QG revenait sans doute au même, mais l’endroit le laissait mal à l’aise. Et il n’avait pas osé retourner à son appartement miteux. Du moins pas tant et aussi longtemps que sa jambe le ferait souffrir. Si elle n’empêchait pas ses déplacements, elle limitait ses mouvements au maximum. Blessure trop fraiche, il ne tenait pas à empirer son état. Pourtant, il avait trop d’égo pour démontrer à quel point il avait honte de cette situation et il n’en avait filé mot à personne, se contentant d’un soin silencieux qu’il ne comptait sans doute pas répéter à plusieurs autres reprises. Mais maintenant qu’il sentait la sécurité de ceux qui l’entourait, il songeait de plus en plus à se renfermer loin de tout ce petit monde. Bien sûr, l’idée d’être retracé avait frôlé son esprit. Mais qu’ils en savaient un peu plus sur les mutants qui les avaient affronté, les humains ne tenteraient-ils pas de les dénicher de nouveau?

Sans réellement prendre conscience de ce qui l’entourait, il soupira, posant vaguement son regard en travers la grande fenêtre qui lui faisait face. Solitude était comme un second prénom, chez lui. Pourtant, ce n’était pas comme s’il la cherchait à tout prix. Il dépendait de qui, exactement, il côtoyait. Une ombre au dehors attira son attention à ce moment et il songea à sortir. Rien ne l’y obligeait. Mais rester entre ces murs lui causait plus de tort que de bien.

À quoi s’attendait-il exactement avec la jeune femme? Il ne savait que trop exactement. Il était tombé là, c’était tout. Il ne s’était jamais expliqué, à lui-même ni à qui que ce soit doit, ce qui lui avait donné ces ailes d’espoir. Intervenir dans la vie de quelqu’un n’était pas vraiment son genre. Peut-être le faisait-il sous le coup de besoin et de la demande. Il avait seulement été là au bon endroit au bon moment, sans plus. Il s’arrêta dans l’herbe fraiche, sans prendre la peine de faire attention à sa discrétion, fixant la courbe de la silhouette non loin de lui.

-Félicitations, Robin des Bois, lâcha-t-il sur un ton amer lorsque la flèche toucha son but, brisant le silence environnant de cette manière.

Le bruissement des pas sur l'herbe fraiche attira l'attention de la brune mais elle ne se retourna pas, au contraire, elle prit une deuxième flèche et l'encocha. La voix de l'homme s'éleva lorsque la première flèche avait atteint sa cible. Une voix dont le ton amer venait de percer le silence matinal qui les entourait. Une voix qu'elle connaissait bien, qu'elle pouvait reconnaître entre milles, la voix de l'homme qui l"avait recruté, la voix de l'ancien militaire. Bref. La voix de Jayden McFear.
Si on devait choisir un point commun entre le soldat et l'ancienne tueuse à gage, on pouvait en choisir un seul, bien précis, le sang qu'ils avaient fait coulés, l'un sur le front de la guerre et l'autre entant qu'opératrice des commandes de ses patrons. Les meurtres. Le sang. L'horreur.

Un sourire étira les commissures de ses lèvres lorsqu'il la compara à Robin des Bois mais qui sait si il n'avait pas une pointe humoristique, presque ironique derrière ses mots ? Elle lui répondit quand même alors qu'elle était occupé à viser :

-Merci Jayden

La brune laissa échapper la flèche de l'arc, elle ne se planta pas dans le centre de la cible mais dans le cercle juste avant. Elle laissa reposer l'arc contre ses cuisses avant de se retourner lentement et de contempler l'homme qui se dressait devant elle. Ses cheveux bruns entourant un visage sévère et ses deux prunelles d'un bleu-vert ressortant sur ce dernier étaient légèrement lumineuses sous la lumière du soleil. Elle sourit. Son regard se posa sans trop qu'elle s'en rende compte sur la jambe de l'homme. Il avait été blessé lors de l'attaque de la CIA et ses mouvements étaient limités.

- Tu veux essayer de me battre peut-être ? demanda-t-elle malicieusement en plongeant son regard dans le sien

Ironique, sans doute. Il ne complimentait pas vraiment. Il se contentait d’observer et de dire franchement ce qu’il considérait comme bien ou non. Et elle était une bonne tireuse, à l’arc, du moins, c’était à ne pas en douter. Mais elle ne le prit pas mal, à son plus grand plaisir. Il n’avait pas non plus l’intention de la rabaisser brutalement, bien que le moindre défaut, il se plaisait de le rapport au nez de son ou sa propriétaire, sans retenue, franchement, comme s’il n’avait rien de mieux à faire. Jayden n’était pas un ange. S’il en avait déjà eu l’air, ce côté de sa personnalité s’était effacée avec le temps et l’horreur de toute une vie : la sienne, qu’il cherchait à fuir tant bien que mal, s’épuisant à courir dans le vide, son passé, comme son ombre, qui le poursuivait inlassablement.

Il observa encore un moment la courbure que faisait le dos de la jeune femme, qui ne lui faisait pas encore face. Il n’osait dire mot de plus alors qu’elle bandait la corde, raide, prête à céder entre ses doigts fins et adroits. Il ne sourit pas lorsque la flèche décolla, presque silencieuse à travers l’odeur matinale et humide. Il ne dit rien lorsqu’elle n’atterrit pas au centre de la cible. Il se contenta de garder les yeux rivés, dans son immobilité physique, sur la jeune femme. Elle se retourna dans sa direction et, un court instant, il eut l’impression d’être jaugé autant qu’il la jaugeait, en proie ou prédateur, il ne savait trop où se placer.

Il bougea finalement, sentant l’engourdissement dans sa cuisse. Ou était-ce le malaise qu’il ressentait en la voyant baissé momentanément les yeux sur la blessure? Il se traita mentalement d’idiot et de faible et décida de se placer plus près d’elle, de manière à l’obliger à ne pas baisser les yeux, sinon quoi se serait tout sauf furtif ou subtil. Il détestait ça. Particulièrement maintenant. Il ne se sentait pas de se montrer sous cet angle, lui qui avait toujours eu l’habitude de se montrer aussi solide que roc. Il pouvait sentir son odeur à si courte distance… Secouant la tête à la négative, il plissa un peu du nez, ce qui devait lui donner un drôle d’air, sans doute.

-Je ne tire pas à l’arc.

Il se donnait surtout une excuse pour ne pas forcer la blessure en se campant solidement sur ses pieds. Et il n’était pas d’humeur à jouer à qui tire mieux que l’autre. Mais c’était vrai. Il n’avait jamais même empoigné un arc, se contentant de toute arme à détonation bruyant. Mais c’était la première fois qu’il se permettait de ne pas en trainer une avec lui, songeant que ça ne le faisait peut-être pas trop en ce lieu rempli d’adolescents. Il ne tenait pas spécialement à mettre le groupe dans la merde pour une connerie qu’il pourrait poser sous l’impacte de sa propre colère.

-Je sais tirer avec autre chose, toutefois, déclara-t-il subtilement, pensant plutôt à l'arme à feu...

Il ne s’était pas réellement rendu compte de la bêtise qu’il venait de prononcé sur le ton le plus sérieux du monde. Vu de l’extérieur, cette phrase pouvait paraitre parfaitement perverse et il ne le percevait même pas!

Immobile. Il restait immobile jusqu'à ce que le regard de la brune ne se pose sur sa blessure. S'approchant alors un peu plus d'elle, il la forçait à lever les yeux vers son visage, laissant tomber l'objet de son ancienne contemplation, elle porta son regard vers le visage de l'homme à peine plus grand qu'elle, le fixant de ses iris noisettes.

Son visage sévère dont il ne se séparait jamais. Jayden était un homme qui ne s'ouvrait pas si facilement il fallait dire, il restait enfermé, mystérieux, se cachant derrière une carapace. Grace aimait ce genre d'homme. Les mystérieux. Mais il se cachait pour quoi ? Pour se protéger ? Ou tout simplement pour ne pas faire de mal aux autres ? Grace ne le savait pas et elle ne pouvait pas répondre aux questions autour de l'homme brun mais, elle pensait vraiment que si on arrivait à casser cette carapace, l'ancien soldat serait différent, mais comment en être sûre ? Comment le savoir tant que personne n'a essayé de lui enlever ?

Sa voix la tira de sa fixation qui pouvait s’avérer gênante, d'ailleurs, elle se racla la gorge et passa une main dans ses cheveux ondulés pour cacher son embarras.
Un petit rire s'échappa de sa bouche en voyant la tête que faisait Jayden; le nez plissé et la tête secouée en signe de négation.

Il ne tirait pas à l'arc. Elle haussa les épaules, pas tout le monde n'avait l'occasion de tirer ou même de tenir un arc entre ses mains. Beaucoup de personnes préférer user des armes à feu. Question de gout et d'habitude.

-Je sais tirer avec autre chose, toutefois,

Grace eût un ... Blocage ? Beug ? Oui. La phrase que venait de prononcer l'ancien soldat pouvait, hors contexte, prendre une tournure un peu... Perverse malgré le ton sérieux qu'il avait utilisé. Elle arqua un sourcil, étonnée et troublée, ne sachant pas comment réagir face à ces mots. Prendre la perche qu'il semblait tendre inconsciemment ? Faire comme si de rien était ? Tourner les talons et quitter les lieux ? La troisième suggestion lui paraissait impossible. Elle ne voulait pas le quitter. Mais quitter qui en vérité ? Le lieux ou Jayden ?

Elle "sous pesa" les deux autres choix qui s'offraient à elle et finit par opter par la première, il fallait le faire subtilement; en douceur, en finesse. Elle s'approcha un peu plus, sa main frôlant sa cuisse, elle lui murmura à l'oreille :

- Ah bon ... Tu me ferais une petite démonstration ?

Il la vit hésiter, momentanément, et réfléchit au quart de tour sans vraiment saisir le pourquoi du comment. La mettait-il mal à l’aise plus qu’il ne l’aurait voulu? Où n’était-ce que la proximité qu’il lui opposait? Il sentit la perturbation, momentanément, dans son regard qu’il ne lâchait pas. Les yeux lui disaient tout. Toujours. Garder contact visuel avait toujours été important, ça lui permettait de savoir où mettre les pieds question de ne pas marcher sur une mine anti personnelle de caractère explosif. Surtout chez les femmes. Il semblait avoir plus de difficulté à les comprendre, sans raison apparente.

Mais il ne s’était pas réellement attendu à une réaction plus avancée. Ce qu’il avait dit n’était que des mots, pour lui, et il comprit rapidement l’allusion verbale lorsqu’il la vit, elle, réagir étrangement, le surprenant plus qu’il ne s’y serait attendu. Du moins, surtout venant de sa part. Il la vit bouger au minimum possible, tendre une main dans sa direction, se pencher vaguement à son oreille. Il sentit le contact physique, d’abord sans offrir d’opposition, se contentant de questionner silencieusement des yeux. Puis il saisit tout le sens de la phrase et se traita d’imbécile, mentalement. Sa main, toutefois, aussi délicate soi-elle, n’était pas forcément la bienvenue à cet endroit précis, et il réagit au quart de tour, ayant de toute évidence gardé ses anciens réflexes de guerre, mouvements secs et saccadés. Son visage se durcit, son regard s’enflamma en une fraction de seconde, sans que rien, en apparence, n’ait semblé l’influencer de la sorte. Sa main un peu rugueuse saisit celle de Grace et l’écarta brutalement, sans ménagement, la lui écrasant plus qu’il ne l’aurait voulu entre ses doigts. Non pas qu’elle lui avait fait mal. Mais c’était toujours ici. La moindre image qui lui rappelait le moindre fait désagréable d’avant. Il avait parfois l’impression de revenir des années en arrière, et s’en vraiment s’en rendre compte, il faisait souffrir. On le lui avait déjà reproché. Le type même, d’ailleurs, qui les accueillait ici le lui avait reproché. Ou du moins Jayden l’avait-il perçu ainsi.

-Ne fais pas ça, lâcha-t-il sèchement de ce ton autoritaire que les gens détestaient tant.

Mais son regard se calma aussi rapidement qu’il ne s’était envenimé, et il posa des yeux plus doux sur la main qu’il enserrait toujours. Il relâcha la prise inévitablement, un air perturbé peignant ses traits.

-Je veux dire, ne me touche pas, s’il te plait. Pas comme ça.

Ce n’était pas du mal. Ce n’était pas son but. C’était une peur, une peur terrible confondue dans un mélange paradoxal de haine et de honte. Il se reprit mentalement, remontant ses barricades mentale question de se protéger lui-même des sentiments qui se bousculaient en lui, allant et venant, toujours, s’écrasant dans sa tête comme la mer agitée ballote le voilé.

-Je suis trop prudent pour trainer une arme à feu sur moi en ce lieu…

Il insupportait le malaise évident qu’il ne parvenait plus à lui dissimuler. Il faisait mine de jouer l’idiot qui n’avait pas compris le sens des mots. Ho! Il avait parfaitement saisit là où elle voulait en venir. Mais trop de doute le poussait à jouer le jeu.

Observer. Regarder. Ne pas lâcher des yeux. Toujours fixer. Le regard trahit toujours. Jayden n'avait pas lâché des yeux la brune, elle n'y voyait aucun inconvénient, les prunelles de l'homme n'étaient pas désagréable pour la vue. Comment détourner le regard ? Mais, sa réaction lorsque sa main frôla la cuisse de l'homme la surpris. Elle vit dans un premier temps l'expression du soldat changer. Un visage se durcissant et des yeux s'enflammant en un quart de seconde. Suivant cette "métamorphose" de visage, la poigne de l'homme s'ensuit, attrapant la main de Grace avant de l'écarter brutalement, serrant ses doigts avec une certaine force. De plus, il reprenait le ton sec et autoritaire qui lui allait tant, mais que beaucoup de monde lui reprochait. Trop sévère.

Ses anciens réflexes de tueuses se réveillèrent, elle pouvait très bien se retourner contre lui, elle était entrainé pour ce genre de choses. Pas aussi bien que l'homme, ce qui était compréhensible après tout. Mais, elle ne le fit pas. Elle ne se sentait pas la force de le faire, il était plus fort qu'elle et elle le savait mais ça n'empêchait pas à son cerveau d'être troublé par ce virement de situation, même si elle connaissait l'homme depuis quelques années, elle ne savait rien de lui mais sa réaction pouvait être le résultat du traumatisme de guerre. Ce n'est pas compliqué à déduire. Même sans être un psychologue. Elle ouvrit la bouche pour lui envoyer une réponse cinglante mais une fois de plus, le visage de l'homme changea, son regard enflammée s'éteignit doucement, se calma, elle retrouva des yeux doux qu'il posa sur la main de Grace qu'il tenait toujours puis lui parla, un air perturbé occupant son visage.

Grace le fixa un instant, la main en suspension, comme si le temps s'était arrêté, comme si plus rien existait autour d'eux. Elle finit par laisser retomber sa main le long de son corps avant de détendre son arc. Elle passa à côté de lui et déposa l'arc dans le sac après l'avoir démonté pour qu'il puisse rentrer correctement. Elle alla tirer les flèches de leur cibles et les rangea à leur tour avant de se tourner vers le brun qui avait reprit la parole.

Trop prudent. Il faut savoir se montrer prudent. Surtout si il pouvait se mettre en colère en peu de temps, il avait raison, c'est bien, au moins, ils seraient protégés de la destruction que pouvait engendrer Jay. Il ne jouait donc pas le jeu ? Ou n'avait pas compris où voulait en venir la brunette ? Cette dernière nota d'ailleurs le malaise qui s'insinuait dans l'homme et qui avait du mal à le cacher. Voir Jayden mal à l'aise était quelque chose d’inattendue, lui qui paraissait toujours impassible pouvait enfaite avoir des émotions ! La jeune femme eut un rictus un peu moqueur, ironique avant de se baisser pour attraper la lanière de son sac, elle tourna les taons et fit deux trois pas avant de s'arrêter. Tournant sur elle même, elle lui refis face et s'avança une nouvelle fois de quelques pas dans sa direction. Si le lieu était pas adapté, peut-être qu'un autre lui conviendrait plus ? Elle enroula un doigt à une mèche de cheveux et le fixant encore quelques secondes, ne détournant pas le regard puis elle lâcha comme si c'était tout à fait normal, comme si ils discutaient tranquillement d'un sujet neutre et surtout comme si cela était évident :

- Bah ! Tu n'as qu'à venir, il y a un autre lieu plus adapté non ?

Bon d'accord elle aimait bien provoquer ce genre de sujet avec lui, il faut dire que ça l'amusait et puis, elle n'avait jamais l'occasion de voir l'homme mal à l'aise. Un sourire s'afficha sur le coin de ses lèvres et elle resta immobile, détaillant longuement le brun.

Il s’était étrangement attendu à la voir lui mettre une claque monumentale. Elle le paru, un court instant. Il aurait parié qu’elle y songeait parfaitement, là, à cet instant précis. Pourtant, elle n’en fit rien et se dégagea entièrement pour le contourner. Il demeura en plan, immobile, fixant devant lui comme si elle se trouvait toujours là. Il se traita une fois de plus d’idiot, agissant décidément bien différemment depuis qu’il avait mis les pieds dans ce lieu. L’influence positive, peut-être? Il ne savait trop. Il avait surtout l’impression de s’abrutir plus qu’autre chose. Il se sentait ramollir au lavage, rétrécir, se sentant incapable de se défendre mentalement contre ses propres émotions confuses. Comme quoi il n’était pas certain que cette temporaire alliance ait des effets positifs sur tout le monde. Surtout pas sur lui. Il suivit mentalement chaque pas qu’elle faisait jusqu’à ce qu’elle ne revienne du moins dans sa vision. Il fixa un moment, étonné, la lueur du matin jouer doucement dans sa chevelure brune, contre ses pommettes, lui faisant songer à quel point elle pouvait être une femme magnifique, certes, mais…

Il la fixa en silence, comme incertain de la manière dont il devait réagir avec elle. À vrai dire, il ne savait tout simplement jamais comment s’y prendre dans ce genre de situation. Il avait habituellement tendance à fuir lorsqu’il percevait la création d’un sentiment plus fort qu’une simple amitié. Il fuyait aussi rapidement que son corps le lui permettait et ne revenait plus. Peur? Autre chose? Il n’aurait su dire exactement ce qui le forçait continuellement à fuir la moindre relation amicale et sociale. Et dès qu’il sentait les choses se compliquer, il se retournait et marchait dans le sens inverse des choses. Il ne voulait pas, tout simplement. C’était bien arrivé, à quelques reprises, qu’il se familiarise davantage. Les résultats étaient flagrants : les bagarres amicales, effusion de sang. Ça n’allait jamais réellement plus loin que quelques paroles émotives. Ces gens là, aussi rares fussent-il, étaient parvenu à fendre comme beurre cette barricade de béton qu’il s’était forgé au fur des années. Sans qu’il ne comprenne vraiment comment lui-même.

Elle libéra sa mèche de cheveux bouclée. Mèche qu’il observa inévitablement retomber pour se mélanger gracieusement au restant de sa chevelure. Il observa le curieux sourire qui se dessinait sur le visage féminin et sentit ce brulement familier que créait une fois de plus le malaise au commentaire qu’elle venait de placer. Une fois de plus, il ne savait comment prendre la chose. Il n’était plus l’adolescent qui ne comprenait rien. Il avait seulement tenu à jouer le rôle de l’imbécile en espérant peut-être que ça n’aille pas plus loin, que ça s’arrête là. Il sentit l’allusion apporté à la phrase et détourna en premier le regard, pour les rares fois où il le faisait. Et puis, il y eu un drôle de rire qui émana soudainement de lui, franc mais sec, suivit d’un soupire d’exaspération retenu. C’était une tentation trop facile à céder, et elle, elle était là qui le lui offrait sans qu’il n’ait eu à demander quoi que ce soit. N’importe qui aurait forcément sauté sur l’occasion. Mais il n’était pas n’importe qui, n’est-ce pas?

-Grace, je suis épave. Je ne suis pas celui que tu crois, laissa-t-il finalement lourdement tomber, d’une voix momentanément fatiguée.

Pourquoi s’efforcer de la faire fuir? Il l’ignorait. Pourtant toute la douceur du monde, qu’il ne connaissait pas, qui lui manquait sans qu’il ne le sache se présentait à chaque coin de rue : et il n’en saisissait pas l’occasion.

-Et il y a… tu sais, tous ces mômes! Nous sommes sans doute surveillés sans s’en apercevoir. Imagine que…

Il brisa immédiatement sa pensée avant qu’elle ne s’égare davantage, avant qu’il ne la dévoile plus en avant et fuyait une fois de plus.

La brune laissa retomber dans sa chevelure sa mèche qu’elle entortillait autour de son doigt, elle remarqua d’ailleurs que l’homme avait observé le chemin du cheveux jusqu’à ce qu’il se re mélange parmi les autres. Un silence s’était installé entre les deux, il n’avait duré que quelques secondes, juste le temps d’une réflexion, enfin, plutôt plusieurs. Puis elle vit, elle le capta, son détournement de regard, elle était surprise, lui qui avait toujours soutenus le regard des autres venaient de le détourner, c’était la première fois que la jeune femme le voyait faire et probablement la dernière mais elle fut en quelque sorte « touchée » par ce geste, n’était-ce pas un peu étrange comme sentiment ? Si et elle même se le disait et pensait que c’était idiot. Elle ne voyait pas trop comment elle pourrait être touché par un acte aussi léger, furtif et surtout sans grande importance…

Le rire qui s’éleva dans les lueurs matinales la tira de ses pensées. Maintenant il riait. Et puis il commença à évoquer une épave. Se disant épave.
Elle réprima un rire, lui il n’était pas l’homme auquel elle croyait ! Elle ne savait pas grand-chose de Jayden, non, elle savait seulement que c’était un homme renfermé, troublé par son passé. Elle ne cherchait pas non plus à savoir ce qui le hantait tant que ça, elle respectait ses secrets, chacun avait son jardin secret qu’on veut préserver, même si les psychologues vous diront de parler, de dire vos émotions, de ne pas tout garder pour soit-même, les mots ne sèchent pas les pleurs et ne réparent pas les erreurs commises.

De nouveau il parla, Grace laissa sa voix porter jusqu’à ses oreilles, laissant le sens des mots s’insinuer dans son cerveau qui démarra, cherchant quelle facette il jouait dans ses paroles. Les mômes. C’était des adolescents après tout, ils étaient en âge de comprendre ce que faisaient deux adultes consentant sans être perturbé ou choqués.

Elle soupira, amusée, ils étaient surveillés. Peut-être que oui, peut- être que non. Si c’était le cas, Grace ne comprenait pas trop l’intérêt de le faire, de mettre des caméras à tous les coins de couloirs et à tous les arbres de cet immense et majestueux endroit et puis, après tout, ils n’étaient pas dans ces camps surveillés par des hommes en uniformes prêt à tirer sur tout ce qui bougeait.

Elle se rapprocha doucement et dit en regardant les arbres puis, son regard se posa sur les buissons bordant le stand de tir, elle sourit à la pensée qui la traversait et essaya de reprendre son sérieux avant de porter son regard vers l’homme.

- Tu crois vraiment qu’ils surveillent les buissons ? Demanda-t-elle en chuchotant, l’air grave, se foutant légèrement de sa tête

Le fixant avec sérieux, elle finit par rigoler, montrant qu’elle rigolait pour les buissons, elle aimait bien le taquiner sur ce sujet. Oui, elle pouvait se montrer vraiment coquine, moqueuse, mais ce n’était pas méchant.

-Tu sais Jayden, reprit-elle en s’approchant prêt de lui, je connais peu de choses sur toi, je connais seulement ce que tu me montre et je ne vois pas en toi un homme « épave » comme tu disais il y a un instant.

Elle déposa un baiser léger sur sa joue, appréhendant légèrement sa réaction, vu comment il avait agit lorsqu’elle l’avait frôlé de sa main, puis, le regarda avec un regard doux avant de souffler doucement :

- Si on est surveillés dans les couloirs, ou en extérieur, tu crois vraiment qu’ils mettent des caméras dans les endroits plus … Intimes ? Je ne me sens pas épiée du moins…

Il resta planté là, immobile dans l’attente improbable que quelque chose de mieux ou de pire se produise, il ne savait trop exactement. Mieux. Il voulait mieux. Le pire, il y avait déjà trop goûté. Il voulait continuer de l’ignorer encore un moment, de faire comme s’il n’existait pas. Le meilleur, pour l’instant, même s’il ne le voyait pas toujours, était en plein là. Et il était un peu trop aveuglé par la colère pour le voir. Pourtant, elle dégageait un petit quelque chose qui apaisait agréablement cette rage brulante qui le consommait au jour le jour.

Et elle se foutait de sa gueule, évidemment. Ça ne le dérangeait pas. Pas réellement. Il ne retint toutefois pas une vague mine boudeuse, ignorant la pique comme s’il était vraiment buté à se renfrogné. Mais ça lui rappelait trop de souvenirs perdus. De gens. De gens qu’il avait réellement appréciés, réellement aimés et qui n’étaient plus, maintenant, qu’ombre derrière lui, fades, s’effaçant au grès des jours qui passent et filent sans lui donner la chance de reprendre ses erreurs, sans lui donner la chance de respirer plus librement. Il se mit inévitablement à rougir de honte sous l’impact de ses paroles. Insinuait-elle qu’il était paranoïaque? Vraiment? Ce n’était que de la prudence! Il imaginait surtout la réaction des gérants, propriétaires des lieux. Comment prendraient-ils le fait qu’un supposé camp plus ou moins amical à leur yeux puisse s’emballer dans le jardin? Et s’ils décidaient de tous les mettre à la porte? Vraiment! Pire encore! Si l’un deux était un espion d’un de ses anciens patrons qu’il tentait d’ignorer au maximum depuis plusieurs mois, depuis le début de sa solitude avancée? Paranoïaque, vraiment? Sottises!

-Peut-être pas les buissons, marmonna-t-il sur ce ton étrangement vexé. Plutôt les fenêtres, ajouta-t-il, l’air le plus sérieux du monde.

Avait-il décidé de jouer les enfantillages avec elle? Il ne savait trop. Mais Jayden n’avait pas toujours été aussi sérieux. Il fut un temps où il se montrait beaucoup plus taquin, humoristique, fêtard et ouvert d’esprit qu’il ne l’était à présent. L’expérience. L’expérience qui détruit l’homme, le remodèle et le transforme en entier, physiquement et mentalement. L’expérience qui brise. Qui détruit, aussi. Il l’écouta rire un instant, reprenant son air froid habituel, comme s’il ne connaissait rien d’autre, comme s’il ne parvenait décidément pas à s’en détacher, malgré tous ses efforts. Il l’observa sourire encore un moment, du plus naturellement du monde, et, un court instant, se vit jalouser cette réaction sans réflexion, spontanée.

Et elle s’approcha avantage de lui. Il sentit l’odeur agréable de son parfum, naturel ou pas, s’y étant habitué depuis le temps. Il demeura en place, sans prendre peur comme il s’y serait attendu normalement. Son regard se troubla, et il songea qu’il valait mieux qu’elle demeure dans l’ignorance pour toutes ces petites choses qui le concernaient. Mais il ne pouvait s’empêcher de se voir comme un type lamentablement finit, sans destin particulier si ce n’est le même réunissant toute l’humanité : tout le monde meure un jour.

Elle se pencha un peu plus en avant. Son premier réflexe fut de se raidir. Il sentit ses lèvres humides et tièdes contre sa joue. Ses muscles se détendirent en même temps. Avait-il sérieusement craint autre chose? Il semblait avoir retenue son souffle, mi perturbé de cet accord silencieux qu’il passait avec elle. Mais elle s’était arrachée à lui, doucement, furtivement. Mais il tourna rapidement la tête, avant qu’elle ne se soit trop éloigner, pour lui arracher un frisson en frôlant, volontairement ou non, ses lèvres, sans faire davantage, sans que ça puisse être considéré comme un acte en particulier.

-Si tu parles des toilettes, il n’en ait pas question. L’odeur me… lève le cœur, laissa-t-il tombé, un brin comique.

On dit que lorsque nous mourrons, deux chemins s’offrent à nous, deux chemins se distinguant parfaitement, de part la vision que nous offre notre imagination venant des films, dessins-animés ou des Bandes Dessinées, que par nos croyances. Croyances respectées, chaque membre du peuple est libre de croire à ce qu’il veut. Rien ne lui est interdit.
Ces deux chemins… Le Paradis et l’Enfer… Le Ciel ou les profondeurs de la Terre. La Paix ou le Chaos… Mais sommes nous vraiment obligé de rendre notre dernier souffle avant de découvrir ces deux voies. Non, le Paradis et l’Enfer, certains peuvent l’avoir vécu sur terre, sans attendre que leur cœur rende son dernier battement, que leur dernier souffle s’échappe de leur poumon ou que leur yeux se ferment à jamais. Bref.

L’Enfer, Grace l’a vécu, lorsqu’elle était encore sur son île natale. Il avait commencé le 7 décembre 1941. Lors de l’Attaque de Pearl Harbor, bien qu’elle n’avait que six ans, elle se rappelait des bombardements ennemis, des kamikazes s’écrasant sur la flotte Américaine. Les bruits, les cris, les fumées noires et épaisses s’élevant des bateaux détruits. Et la mort. La mort vous frappant au moment où vous vous y attendez le moins, l’annonce qui vous surprend, vous scie, vous détruit alors que vous n’etes encore qu’une jeune pousse au milieu de ces géants. L’annonce de la mort d’un être chère. L’annonce de la mort du paternel.
Son Enfer avait commencé là. Lorsque son père était mort sur ces bateaux. Mort au combat. Mort en protégeant sa patrie. Mort en héros. Mais, toute les gloires qu’on a attribué à ce Comandant décédé au combat n’a pu remplacer la présence de ce père partit trop vite.
Le Paradis. Il n’était pas là, il se traduisait par des moments de joies, par des parcelles de bonheurs qui vous font oubliés momentanément ce qui vous blesse, mais, en réalité, son vrai début de Paradis fut son arrivée à New-York. A la Confrérie, même si un petit bout de malheur la suivait toujours dans cette ville. La traque en plus de son passé.

Pour le moment son petit coin de Paradis se trouvait ici, avec Jayden. L’effleurement de ses lèvres douces contre les siennes, le son de sa voix, son parfum doux… Tout était tranquille, elle ne demandait rien de plus, elle était heureuse, enveloppée dans sa bulle de bonheur et repoussant le moment où elle éclatera.

Les toilettes ? Qu’elle drôle d’idée ! L’odeur n’était pas très agréable de plus, le confort laissait à désirer. Non, elle pensait à quelque chose qui avait une tout autre odeur, une odeur fruité, douce. Elle pensait plus à quelque chose de plus grand, de plus agréable, de plus…. STOP. Stop. Calmons les pensées hasardeuses.

- Tu sais que le comique te va bien, dit-elle en souriant

Elle plongea ses yeux dans les siens, se laissant envelopper dans la mer tourmenté qu’offrait les iris de Jayden. Elle le fixait comme si elle cherchait dans son esprit barricadé derrière des murs mais non, elle était plutôt pensive.

-Non je pensais à quelque chose de plus... Confortable. Les chambres individuelles ne sont pas surveillées quand même !?

Il haussa les épaules. Lui et le comique semblaient si différents l’un de l’autre qu’il ne s’était jamais arrêté à seulement tenter de paraître drôle. Il ne l’était pas. Du moins n’en avait pas l’air. C’était un petit côté spéciale de sa personnalité qu’il ne semblait offrir qu’en certaines occasions, en présence de certaines personnes uniquement. Ceux qui l’avaient connu avant en souriraient de satisfaction. Ceux qui l’avaient connu n’étaient plus pour raconter cette histoire qu’était la sienne. Et tous les soirs, soir après soir, il souhaitait avoir été à leur place ou à leurs côtés. Ne pas souffrir pour s’éveiller le lendemain sur un brancard. Ne pas penser hurler une dernière fois pour se rencontre que ça ne se finit pas là. Et tourner la tête sur le côté. Et poser les yeux sur la Mort, sur leur visage qu’il efface petit à petit de sa mémoire. Ce qu’il n’oublie pas, se sont leur nom, leur voix, leur cri, la couleur de leur peau, l’odeur de leur sang. Ce qu’il n’oublie pas, c’est son propre mal être, mal physique, mal moral qui dure, qui dure, qui dure et qui ne lâche pas prise, malgré tous ses efforts pour l’ignorer. Et il n’en parle pas. On le devine, c’est tout. On s’interroge, mais on ne le questionne pas. On sait qu’il ne le faut pas, sans doute, par intérêt pour soit. Non, il ne se considérait pas comique. Plus maintenant, du moins. Mais il arrivait encore que cette caractéristique émane de lui, ou uniquement des phrases vides qu’il prononce dans le vent à l’intention d’il ne sait trop qui, parfois.

Il se plu à admirer son sourire, reprenant son air sérieux, comme incapable de garder ce brin d’amusement visible sur ses traits tirés par le fatigue provoquée par ces pensées le hantant.

-Je suis bien tout sauf comique, pourtant, murmura-t-il doucement.

Mais ça lui faisait plaisir de la voir ainsi. Ça lui faisait plaisir de l’entendre dire ces choses sur lui qu’il ne croyait plus depuis trop longtemps, maintenant. Devait-il lui dire qu’il ne serait jamais capable de revenir à ses côtés pour la simple et bonne raison que l’ombre en lui le lui empêchait? Était-il capable de lui dire qu’il était incapable de se caser et de rester sages quelque temps auprès de quelqu’un? Il n’avait pas de raison particulière, seulement c’était dans sa nature. La peur, sans doute, le poussait encore à ça.

-Sans doute pas surveillées, répondit-il au questionnement qui n’attendait pourtant pas vraiment de réponse. Croyait-elle qu’il la trainerait par la main jusque là? S’il y songea, il demeura planté là, comme si ses pieds s’étaient enracinés à la tête.

S’il avait du mal à s’imaginer terminer dans un lit avec elle, du moins s’il en avait eu jusqu’à maintenant, la situation lui montrait bien le contraire. Et le voulait-il vraiment? Il était allé la chercher, elle, sans vraiment trop savoir pourquoi encore. Il l’avait impliqué dans ce conflit futur pour la liberté d’expression des mutants. Liberté dont il se fichait de plus en plus, d’ailleurs. Il n’osa donc jamais lui dire à quel point il douta et se contenta de sourire franchement à son encore, pacte silencieux.

Le regard posé sur lui, ne le lâchant pas, contemplant ses traits fatigués, ses traits d'hommes marqués par un passé, appréciant le sourire qu'il affichait
Un vent frais fit balancer les branches souples des arbres et ainsi faisant décrocher les rares feuilles orangés qui tenaient encore d'un fil. Une feuille se décrocha doucement et tomba sur le sol, parmi ses consœurs tapissant déjà l'herbe douce.
Un vent frais qui s’engouffra dans la veste de la brune, lui arrachant un frisson. Elle ferma un peu plus sa veste autour d'elle pour la couper du souffle frais.

- Il commence à faire frais. Je propose de rentrer. Murmura-elle en tournant lentement les talons pour se diriger vers le grand bâtiment non loin de là, les premiers cours avaient sûrement déjà commencé et, par conséquent les adolescents étaient levés et en cours.

Ils marchaient en silence, leurs mains se touchant doucement, s'effleurant, comme hésitantes à s’enlacer, elle hésitait à vrai dire, même si elle l'avait charrié sur le double sens que pouvait avoir sa phrase, elle n'allait pas lui sauter dessus comme une furie. Elle ouvrit doucement la grande porte du manoir. Et arpenta les couloirs silencieux. Il été grand, trop grand. Certes l'orientation n'était plus trop un soucis pour elle, ses excursions dans la végétation dense d'Hawaï lui avait permis d'être pas mauvaise mais, la végétation ce n'est pas pareille que ces nombreux couloirs et étages se mêlant les uns aux autres. Elle gravit les escaliers menant au premier étages avant d'en prendre d'autres pour atteindre le deuxième, là où les chambres étaient présentes. Elle ouvrit l'une des portes doucement.

- Après toi murmura-elle

Ils rentrèrent dans la chambre, à peut pret rangée, elle avait toujours eut cette tendance bordélique, à laisser trainer ses affaires ici et là dans son lieux d'habitation. Elle montra le canapé d'une main et dit :

- Vas y, assied toi.

Elle ôta sa veste et l'accrocha au porte manteaux avant de préparer du café dans la cafetière. Elle le regarda et dit

- Tu sais, tout à l"heure, je rigolais. Elle s'approcha vers lui. Enfin, à moitié... Elle sourit avant de poser son regard sur la petite table qui se tenait devant le canapé, divers papiers et dossiers l'encombrait. Elle alla s'assoir aux côtés de l'homme, et rangea rapidement mes papiers encombrants. Lorsqu'elle prit le dernier dossier pour le mettre sur le tas déjà formé, une photo glissa doucement le long de la table, elle fut rattrapée par Jayden avant qu'elle ne tombe sur le sol. Cette photo. Le seul souvenir en image de son père. C'était lui, dans sa tenue de Commandant, ses cheveux bruns entourant un visage souriant, deux prunelles bleus pétillant de joie, et elle, encore petite. Son coeur se sera et son visage changea pour se vêtir du masque de la tristesse.

Fraicheur. L’humidité pénétrant jusqu’à la moelle. Il frissonne, mais ne bouge pas pour autant. Stoïque. Il laisse l’air filtrer doucement entre les fibres du tissu de sa veste et de son jeans. Il garde cette immobilité comme un secret enfoui loin en lui. Et il observe, clignant parfois des paupières sous une mince bourrasque de vent frisquet. Ça sentait l’hiver. L’air avait l’odeur de la neige pas encore tombée. L’atmosphère se taisait : c’était les bruits hivernaux. Ils le rassuraient. Ils calmaient sa plainte douloureuse. Ils apaisaient ses cris muets. Ils étouffaient ses pensées chaotiques de la nuit et l’accompagnaient, le prenant par la main, jusqu’au petit matin. Il opina doucement de la tête et ixa le sac qu’elle portait, songeant qu’il aurait pu lui proposer de le prendre pour elle. Mais il semblait avoir perdu ce brin de galanterie, l’espace de quelques années. Il l’accompagna d’un même pas, similaire, bien que le sien semble toujours un peu souffrant au moindre mouvement, au moindre poids qu’il posait contre la jambe. Mais il ne disait rien. Il se contentait de garder la tête droite, de s’ignorer lui-même. D’ignorer ce mal et ces pulsions désagréables (ou pas) qui envahissaient tout son être à l’instant. En entrant dans le hall, il garda le regard fixé devant lui, à l’affut du moindre mouvement. Il s’était convaincu qu’il était en terrain inconnu et que tout pouvait arriver. Ce n’était pas qu’il détestait l’endroit, mais il s’y sentait mal à l’aise. Peut-être était-ce dû au télépathe présent? Il s’agissait sans doute de la mutation qu’il craignait le plus par-dessus toutes les autres. Ces gens parvenaient à percer ce que nul autre ne pouvait faire. Devant eux, il était faible et aussi fragile qu’un lièvre prisonnier dans un guet apens. Il était tout sauf en confiance en leur présence. Il était méfiance à l’état pur, en ces lieux cloîtrés. Il n’avait jamais pris la peine d’observer les lieux pour leur allure impressionnante. Il avait arpenté, plutôt, les couloirs pour les connaître par cœur, question de savoir à quoi s’attendre si le besoin se faisait de lever le camp en moins de deux. La prudence, chez lui, devenait parfois une obsession constante. Lorsqu’ils s’arrêtèrent enfin devant un porte, il se permit d’oublier tous ces possibles regards mentaux qui observaient ses moindres faits et gestes, et se concentra plutôt sur le dos de la jeune femme, sur la poignée de porte qui cédait volontiers sous ses désirs féminins alors qu’elle poussait, en fin de compte, le battant qui glissa presque silencieusement sur ses joints de métal.

Il se glissa inévitablement dans la pièce, d’un pas d’abord un peu hésitant. Il ne semblait d’ailleurs jamais très à l’aise à ce genre d’invitation. Comme s’il ne lui était pas permis et qu’il franchissait un seuil inconnu. Mais il fut soulagé de s’asseoir un peu contre quelque chose de plus confortable qu’une chaise de bois ou il ne savait trop quoi encore, se contentant habituellement de rester debout. Il sentit ses muscles de la jambe engourdie par l’exercice hurler de soulagement. Il sourit bizarrement lorsqu’il entendit de nouveau sa voix résonnée. Elle plaisantait? Alors peut-être était-ce seulement lui qui prenait trop les choses pour acquis? Que fabriquait-il assit-là, si c’était pour l’écouter se foutre de sa gueule? Elle avait insinué trop de choses pour qu’il les ignore et maintenant elle lui disait qu’elle plaisantait avec ça? Comment était-il seulement sensé prendre la chose! Il se renfrogna mentalement, se traitant d’idiot. Décidément, il ne saurait jamais comment si prendre avec les femmes. Il la suivit des yeux, effaçant ce drôle de sourire presque suspect qui aurait tôt fait de la mettre mal à l’aise, au moment où elle se décida à venir s’installer près de lui, comme deux enfants sur un banc de parc à regarder les nuages, rêvant d’un avenir impossible. Il l’observait ranger silencieusement ses paperasses sans minutie et ça l’amusa plus qu’il ne l’avouerait. Il était lui-même particulièrement en désordre, mais voir quelque d’autre dans le même cas l’amusait plus que de raison. Peut-être parce que ça lui donnait un certain charme qu’il n’avait pas remarqué jusqu’à maintenant. Un bout de papier s’échappa alors d’entre les pages folles, fuyant vers une liberté certaine, qu’il rattrapa d’une main officielle, plus délicatement qu’une main meurtrière n’aurait due le faire en temps normal. Il la tendit vers Grace. Et à dire vrai, il s’était attendu à tout sauf à l’expression qu’il découvrit sur ses traits. Il osa jeta un coup d’œil à la photo, un moment, et S’interrogea. Il ignorait ce qu’elle lui rappelait, à elle. Mais voir l’uniforme, pour lui, ne lui rappelait qu’horreur, violence et torture.

-Ça va? lâcha-t-il finalement pour briser le silence qu’il sentait s’installer, le rendant un peu plus mal à l’aise au fur et à mesure.

-Je peux m’en aller si tu préfères…

Il ne savait pas réellement comment s’y prendre dans ce genre de situation. Et, à dire vrai, il était loin d’être douer pour ce qui était de remonter le moral des uns ou des autres. Il avait même plutôt tendance à les aplatir sous les accusations.

-Tu ne peux pas revenir en arrière, balança-t-il un peu sèchement, sans trop savoir exactement de quoi il en retournait. Il concluait seulement ce qui était par des hypothèses qu’il s’imaginait. Non, décidément, il n’avait pas de tact. Peut-être parce qu’il avait trop subit son lot qu’il ne parvenait pas à agir comme le ferait n’importe qui?

La faiblesse. Elle était entrain de montrer la sienne et elle n'aimait pas, elle s'était toujours débrouillé pour ne pas les montrer, ces faiblesses qui peuvent être exploitées, mais là, il a fallut qu'il la regarde à ce moment précis où la tristesse s'était de nouveau emparait d'elle. Pourquoi maintenant et pas avant ? Elle ne savait pas, peut-être parce que les évènements récents lui avaient rappelés la violence du monde. Elle se maudissait de l'intérieur, se détestant à ce moment bien précis, plus que les autres. La voix de l'homme s'éleva, coupant court au silence qui s'installaient entre eux et aux pensées de la brune.

Non ça n'allait pas, elle n'irais jamais bien en se rappelant de la mort de son paternel, mais il fallait oublier, il fallait tourner la page de ce grand livre qu'est celui de la vie. Il ne fallait pas s' apitoyer sur son sort et elle n' avait pas l'habitude de le faire. Cette horreur de la vie fait partit de tant d'autre qu'elle a connus. Oublier le pire souvenir et garder le meilleur, si seulement c'était aussi simple... Elle prit la photo et la rangea entre les feuilles de la pile plus ou moins rangées. Plus moins que bien pour être honnête. Elle leva les yeux vers lui et hocha la tête pour répondre à sa question. Ainsi, il enchaîna les mots.

Partir ? Non. Elle ne voulait pas qu'il parte, sans trop se rendre compte de son geste, elle posa sa main sur celle de l'homme, la pressant légèrement entre ses doigts fins comme pour le bloquer, le clouer sur ce canapé. Elle ne voulait pas se retrouver seule, qu'il la laisse là planté comme une idiote. En vérité, elle avait peur qu'il ne lui échappe et qu'elle ne puisse l'attraper comme quelque chose d'abstrait qui vous glisse inévitablement entre les doigts.

- Non... Reste. S'il te plait.

Elle avait répondu d'une voix qu'elle aurait voulut moins implorante que le ton qu'elle avait utilisé, elle ne voulait pas le supplier; elle ne voulait pas voir la pitié dans les prunelles de Jayden, elle en avait trop vue. Mais, elle savait que le soldat ne montrerait aucune pitié envers elle vu ce qu'il avait vécu.

On ne peut pas revenir en arrière. Il avait raison, on ne peut pas faire marche arrière, on ne peut pas remonter le temps, c'était quelque chose d'impossible pour ceux qui ne détiennent pas cette faculté de voyager à travers le passé ou le futur.

- Je sais tout ça. Lâcha t-elle d'une voix un peu cassante .

Retrouvant un visage normal, elle plongea ses yeux dans ceux de l'homme, elle le regardait avec un regard doux, contemplant chaque parcelle de son visage jusqu'à ce que son regard se pose sur ses lèvres, lui arrachant un sourire douteux et une sensation agréable qui se répandait doucement en elle. Elle se pencha vers son visage, et souffla doucement

- Mais ne parlons plus de ça, mon père est mort en combattant à Pearl Harbor. C'est du passé...

Elle laissa sa phrase en suspension lorsque le "Ting" de la cafetière lui fit tourner la tête un instant vers l’origine du bruit avant de reporter son attention sur Jayden, frôlant délicatement les lèvres de l'homme comme il avait fait lorsqu'ils étaient dehors. Elle le fixa un instant avant d'entortiller le bout d’écharpe de l'homme entre ses doigts.

- Et je veux vivre le moment présent Reprit-elle en posant ses lèvres à l' extrémité de celles de l'homme avant de les décaler légèrement pour embrasser les lèvres elle même de cet homme qui l'avait toujours attiré.

Il sentit la chaleur de sa peau contre la sienne. Une main fragile, un brin moite dû aux émotions qu’il percevait, qui s’écoulait entre les cicatrices encore roses d’une carapace fragilisée qu’elle ne parvenait décidément pas à colmater parfaitement. Il sentit la pression contre sa main et lui lança un regard entre perplexité et amusement qu’il n’aurait su dissimuler exactement. Et il ne posa aucune gestuelle pour se dégager d’elle, peut-être justement parce que là n’était pas son but ni dans son intérêt que de retourner seul, quelque part, au salon, à croiser un regard parfois inconnu qui le dévisagerait et à qui il aurait inévitablement envie de tirer la grimace la plus horrible qui soit. Sa voit résonna comme une supplication, un peu étrange. C’était pourtant une phrase qu’il avait entendu souvent par le passé. Quelques mots qui se répétaient toujours, venant de bouches toujours différentes. Et il ne bougea pas, restant, tout simplement, comme s’il ne pouvait rien faire d’autre, immobilisé par quelques mots qui le hantaient encore.

Elle sembla toutefois rapidement reprendre ses moyens quant au sujet plus délicat du passé. Jayden était certes cassant, mais pour ce qui était des histoires lourdes, il en avait son lot et ne tenait pas spécialement à connaître celle des autres par plus qu’à parler de la sienne. Peut-être parce qu’il se sentait faiblir chaque mot prononcé, comme une vie qui le quitte lorsqu’il prononce les noms de ceux avec qui il a toujours vécu et qui ne sont plus là pour combler le vide omniprésent désormais. Et elle, alors? Et Grace? Qu’en pensait-il exactement? Il vivait toujours dans l’hésitation pour ce qui était de créer une relation stable avec quelqu’un. Ce n’était pas lui et il s’en sentait incapable. Lui dire? Il n’était pas certain des sentiments réels qu’elle éprouvait pour lui. Mais il n’était pas au point de ne rien sentir du tout, sinon quoi il ne serait tout bonnement pas assis là. Ils étaient trop rares, encore, ceux qui parvenaient à lui faire décrocher l’ombre d’un sourire.

Grace changea finalement du tout au tout, à sa plus grande surprise, effaçant doucement au gré des secondes filantes l’expression morne qui ternissait alors ses traits. Elle récupéra ce petit air qu’il avait perçu chez elle un peu plus tôt, comme quoi il y avait bien une raison à sa présence ici et qui n’était certainement pas des plus innocentes. Elle se pencha doucement vers son visage. Il put sentir la caresse de son souffle tiède contre sa peau lorsqu’elle parla de nouveau, d’un seul souffle. Soit, il n’aborderait plus ce sujet puisque c’était ce qu’elle désirait.

Jayden n’était certes pas l’homme le plus relax qui soit, et il se rendit compte à quel point il était tendu lorsqu’elle l’emprisonna une fois de plus d’une main voleuse à son écharpe, main qu’il suivit momentanément, d’ailleurs, comme s’il avait, une fraction de seconde, craint la direction qu’elle allait prendre. Elle se détourna brusquement, et il suivit le mouvement des yeux, portant son attention sur la cafetière, un court instant. Il n’avait pas souvenir de l’avoir vu préparer du café. Peut-être avait-il été trop obnubilé par l’endroit et l’ambiance pour se préoccuper de ce genre de détail futile. En revenant vers lui, elle décida de pousser un peu l’attirance pour le soldat et, à dire vrai, s’il voyait la chose venir, il ne s’était pas réellement attendu à ce qu’elle daigne en venir à ça. Il ne put, rapidement, plus prononcer le moindre mot. Mais elle était délicate, non acharnée contre lui, et il dû avouer que ceci lui plaisait plus qu’une furie déchainée de la chair sans pudeur. Vivre le moment présent, certes. Carpe diem. Lui qui avait toujours vécu dans le l’esprit du passé s’imaginait mal vivre dans le présent. Ça lui semblait trop gros, trop frivole, trop incertain. Il se laissa encore un moment aller à goûter la fraicheur de la menthe. Soit s’était-elle fraichement brossé les dents, soit… Il se dégagea des lèvres pour porter les siennes à son cou féminin, glissant son nez contre sa peau fraiche, juste à la courbe que formait son épaule et la base du cou, arc parfait. Il s’était, sans réellement s’en rendre compte, callé contre elle plus que de raison.

-Tu es certaine de ne pas vouloir de café? Tu t’es donné le mal de le faire, tout de même, marmonnait-il entre deux souffles, un drôle de sourire lui étirant les lèvres. Drôle? Oui, il se trouvait drôle. Comme si le café était à présent une priorité absurde.

Spoiler:

Le baiser échangé était doux, tiède et humide. C'était un moment agréable. Un moment à apprécier. Un moment à déguster. Le contact fut rompu lorsque l'homme fit glisser ses lèvres au coup de la jeune femme, lui arrachant un soupire de bonheur.

Elle pouvait sentir son corps qui s'était rapproché du sien, se collant doucement. Un corps robuste. Une main posée sur la hanche de l'homme et l'autre encore accrochée à l'écharpe, elle ne put s’empêcher de sourire lorsqu'il évoqua la question du café. Ce n'était pas important. Si il voulait vraiment se réchauffer, elle devrait y arriver sans lui faire avaler ce breuvage sombre.

Elle caressa doucement la cuisse droite du brun d'un doigt léger, c'était un effleurement délicat, doux. Elle rapprocha ses lèvres de son oreilles et murmura d'une voix mielleuse :

- Si tu as si froid, je connais un autre moyen de nous réchauffer.

En même temps qu'elle prononçait ces mots,elle dénoua lentement l'écharpe de Jayden, elle pendait maintenant à son cou, chaque extrémité retombait doucement sur le torse du soldat. La brune se décala légèrement pour être dans une position plus confortable, elle attrapa les deux extrémités et fit une légère pression afin attirer le brun vers elle avant de l'embrasser de nouveau.

Le fixant avec malice, elle laissa glisser l'écharpe qui tomba mollement sur les cuisses du brun, elle remarqua qu'il avait encore sa veste sur le dos, pourquoi ? Elle soupira avant de passer une main délicate sur le bras droit de Jayden, remontant doucement sur jusqu'à ce qu'elle arrive au col de sa veste. D'un mouvement lent, elle commença à faire glisser la manche tout en disant ces quelques mots

- Tu devrais te mettre à l'aise...

Elle ne le lâchait pas des yeux, ne détournait pas son regard, le soutenant sans broncher. Un regard qui reflétait son bien-être. Elle était bien. Elle eut un petit sourire en coin, sourire qui pouvait paraitre soupçonneux quand à ses attentions mais qui se s'était dessiné plus ou moins volontairement.

Froid? Il avait toujours froid. Tout son être n’était qu’un immense glacier de refoulement et de froideur. Mais elle cherchait à le faire fondre sous les effets nocifs des émotions. Mais elle rencontrait forcément une barricade de résistance. Une résistance qu’il démontrait en changeant de sujet comme en changeant de chaussettes. Le café n’était qu’une diversion, une transgression de ses pensées vers la réalité. Mais cette même barricade tanguait dangereusement au gré des souffles brulant d’impatience qu’elle lui transmettait sans le vouloir, faisant tomber une à une les planches de chêne de sa volonté. Docile, il se laissait approcher, apprivoiser plus que n’importe qui ne pourrait l’espérer. Si on le lui demandait, il ne saurait répondre pour elle. Une attirance momentanée qui se consumait sauvagement. Parce qu’elle avait toujours représenté un autre symbole à son imaginaire restreint et il ne s’était jamais attendu à finir dans ce genre de situation. Peut-être n’était-ce que ce lourd besoin de défaire les liens de sa solitude. Il la laissa s’agripper à lui comme à une bouée de sauvetage déchirée, qui ne flottait en réalité qu’à moitié dans une mer turbulente.

-Vraiment? J’aime pourtant le goût amer du café bien noir…, laissa-t-il tombé d’un ton beaucoup plus moue, manquant décidément de désir de continuer à démontrer cette résistance qui était sienne. Une question de principe qu’était celle de se rebeller contre ses propres émotions, peu importe d’où elles provenaient, de la tête ou d’autre chose.

Elle s’éloigna momentanément du militaire, lui donnant un instant pour reprendre ses esprits et continuer de douter sur ce qui le poussait réellement à sombrer ainsi dans un désir étrange et prédateur. Elle rattrapa d’une main relativement ferme l’oiseau qu’il devenait, près à s’envoler, à secouer ses plumes pour reprendre contenance dans ce qu’il qualifierait plus tard de folie physique. Ses lèvres rencontrèrent de nouveau les siennes. Un frémissement interne. Quelque part, quelque chose grouillait, là, sous la couche épaisse de doute qui l’empêchait de se montre plus ferme avec elle, plus enclin au jeu. Le doute. Terrible doute qui l’assaillait au mauvais moment. Elle avait raison sur un point : profiter du moment présent. Chose que lui n’était décidément incapable de faire. Il glissa une main hésitante à sa fine taille, s’agrippant désespérant au moindre bout de tissu, ne sachant trop que faire exactement de ses doigts empotés à ce moment. Lorsqu’elle se décida à attaquer plus volontairement cette peau artificielle qui le protégeait encore d’elle, il ne fit rien. Il se détacha un peu brusquement d’elle, l’observa sous la peu de distance qu’il avait obtenu par ce geste, la contemplant un instant en songeant que rien ne serait plus pareille, sans doute. Et il se sentit aussi fragile qu’un oisillon. Elle pourrait bien faire ce qu’elle voulait de lui dans l’état psychologique où il se trouvait. Une blessure ou une pommade était si facile à appliquer sur son âme blessée.

Et puis, il lui décrocha un sourire pour répondre au sien. Il termina lui-même de faire glisser la manche de tissu d’un bras à l’autre pour se débarrasser de ce surplus qui lui paraissait soudainement pesant. La veste retomba derrière dans un froissement doux de tissu abandonné. Au diable la douleur, pensa-t-il. Il la saisit par la taille, l’enroulant de ses bras au muscles noués et encore douloureux, et l’attira à lui dans un mélange de corps vibrant à la musique des cœurs battants. Il passa, sans réellement s’en rendre compte, une main glacée au bas de son dos jusqu’à rencontrer la jointure entre le bas et le haut. Peut-être préférait-elle mener la danse. Lui n’était certes pas très doué. Il quêtait, chez elle, un peu de cette chaleur humaine qu’il ne connaissait que trop peu. Et c’était très bien ainsi. Il en oublia presque qu’ils n’étaient pas dans le meilleur endroit pour ce genre de jeu, et il imaginait encore qu’un de ces morveux passe par là à ce moment précis. Il sourit, résigné.

-Tous les jours, je crève de froid.

Il réalisait une chose, toutefois… Que cette affection, aussi momentanée puisse-t-elle être, était un besoin vital dans l’existence de tout être vivant. Qu’importe son était éphémère.

Elle contempla ce sourire qui s’était dessiné sur les lèvres de l’homme, répondant au sien, puis, elle suivit des yeux la progression de la veste qui glissa du dos du militaire, retombant derrière lui dans un silence presque total. Simple bout de tissu abandonné pour permettre une passion nouvelle qui naissait entre les deux âmes. Une passion qui allait changer la relation entre les deux, elle en était consciente, après ça, rien ne sera plus pareille entre les deux. C’était inévitable.
Elle se laissa abandonnée à ses bras musclé qui entourait sa taille et qui l’attiraient à lui, son cœur battant au rythme du bonheur et de l’excitation, se délectant du contact de ses lèvres sur les siennes, elle laissa échapper un soupir de plaisir.
La main de l’homme se glissa doucement dans le bas de son dos, jusqu’à ce qu’elle touche la séparation entre le bas et le haut, ce contact arracha un sourire à l’ancienne tueuse à gage qui posa une main sur la hanche de l’homme et une autre sur sa nuque, la caressant d’un mouvement lent.

Elle eut un sourire triste en l’entendant parler l’homme, il est vrai que sa phrase pouvait laisser comprendre plusieurs significations. Grace regarda Jayden un instant, peut-être disait-il ces mots en raison de sa solitude, de cette affection qu’il n’avait pas avec lui, préférant s’isoler. Elle caressa d’un revers de main la joue gauche de l’homme et lui murmura :

- Alors, j’espère qu’aujourd’hui tu sauras trouver un peu de chaleur…

Elle resta quelques secondes a le regarder, prunelles sincères. Une ombre d’un sourire passa sur son visage, puis, elle déposa une nouvelle fois un baiser sur ses lèvres, aventurant une main sur son torse taillé par l’entraînement et les combats. Elle posa sa tête contre son épaule, une main toujours poser sur son ventre où elle pouvait sentir ses abdos et ferma a demi les yeux, respirant son parfum agréable. Elle respira profondément avant de se jeter à l’eau :

- Je sais que tu n’aime pas en parler Jay…

Elle laissa sa phrase inachevée, s’occupant a caresser d’un doigt le ventre du brun. Puis, elle continua en leva ses yeux vers lui

- Mais peut-être que ça te ferras du bien.

Elle avait prononcé ces paroles en jetant un œil sur sa blessure au bras, encore cachée par le t-shirt qu’il avait sur le dos. Elle appréhendait sa réaction, elle se doutait bien que le soldat n’allait pas dévoiler ce qui le troublait, ce qu’il traînait derrière lui comme ça. Peut-être qu’il serait encore réticent à cette idée d’avouer ce qu’il s’était passé mais il fallait, à un moment ou un autre que l’abcès soit percé et que la blessure morale soit pansée.

Spoiler:

Tous les jours, je crève de froid.Tenter de lui dire non, lorsque tout son corps hurlait oui. Oui. Oui. Soulagement. Soupire silencieux. Douleur infime, vague lueur dans l'iris clair d'un ciel orageux d'automnes. Overexposed. Trop. «Trop n'existe pas, Arrow. Il n'y a jamais assez de rien.» La voix, en écho doux, dans un souvenir qui lui semble lointain, jeune, fragile, vacillant dans l'obscurité de ses pensées confuses. Douceur. Il ferma les yeux, oubliant de contempler le visage rassurant de la jeune femme. Non. Non. Oui. Il ressuera subtilement l'étreinte sur ce corps féminin, sans paraître s'en rendre compte. Un peu comme un gamin se serrant contre un ourson pour effacer tout. S'effacer lui. Effacer l'histoire. Peut-être même en imaginer une nouvelle, loin de lui, loin d'eux, loin de tout. Seuls. Il aurait aimé être seul avec elle plus longtemps, en sachant qu'un temps ne dur qu'un temps. Pas l'éternité. Ce n'était pas pour lui. Il n'y avait que les morts pour goûter à la Jouvence. Et il était encore vivant. Lui, vivant. Pas mort. Non. Il entendait encore la voix le rappeler à la douceur. Ses doigts s'étaient involontairement crispés contre les vêtements et la chair. Il oubliait toujours un peu, dans une fraction de seconde d'égarement.

Il ne répondit pas, se contentant d'une caresse du bout de ses doigts rugueux, imprégné d'une odeur mélancolique et métallique. Du moins se l'imaginait-il ainsi. L'odeur de l'injustice sur sa peau. Celle de la vengeance sans fin. Celle, indéfinissable, de la haine, mais de la peur tout à la fois. Une odeur de sueur brulée, de sang, de feu et d'horreur tout confondu. Chaleur. Grace. Ouvrir les yeux.

Il se secoua intérieurement en entendant de nouveau le son de sa voix mélodieuse. Elle bougea, contre lui, pour lui ou pour elle, il ne saurait trop. Sans chevelure chatouilla ses narines et sa joue. Il se laissa imprégner de son doux parfum pour effacer l'idée précédente qu'il se faisait de lui-même. Son petit corps chaud, comme un calmant à ses spasmes de guerre. Un anesthésiant à ses nerfs tendus tel la corde de l'arc. De quoi parlait-elle? Il se contenta, d'abord, de l'observer de biais. On aurait dit qu'elle ne cherchait qu'à l'amadouer. Qu'à endormir sa méfiance prédatrice et malsaine. Le doute, comme un poison, persistait à son esprit, malgré la situation, malgré la chaleur, malgré la douceur, et il ne pouvait s'empêcher de le voir, comme une ombre le suivant à son insu. Il su toutefois bien rapidement où elle voulait en venir. Et cet étrange sentiment qui l'envahissait, qui lui hurlait de ne pas baisser sa garde si facilement. Il hésitait.

-Tu voudrais savoir ce que tu sais déjà. C'est suffisant. Pourquoi chercher à gratter l'ombrage maintenant?

Il lui avait révéler ses affinités au tir. Il n'avait toutefois jamais parlé de son second don mutant, la raison pour laquelle il était d'une précision infaillible. Les raisons du pourquoi. Tireur d'élite dans l'armée, son grade de caporal, sa blessure au combat. Il avait toujours été très vague et c'était très bien ainsi, le croyait-il. Il ne lui avait jamais dit qu'il aurait dû mourir ce jour-là parmi ses hommes, ces gens qu'il avait aimé à l'époque, et qu'il n'était plus vraiment lui-même depuis. Il lui cachait à quel point il avait changé et qu'elle ne l'avait pas connu avant cela. Ça le soulageait. On lui avait suffisamment reprocher ce changement radical de comportement sans qu'il n'ait à le provoquer chez elle.

- Toi, tu ne me dis rien. Je n'ai rien à dire non plus, donc.

Et comme s'il avait voulu la faire taire, il glissa ses lèvres contre les siennes, moins doux, peu docile. Il s'était raidie. Elle l'avait piqué plus qu'il ne voulait l'avouer. Et il ne sentait pas que c'était forcément le bon moment pour ce sujet...

Et voilà ! Voilà qu'il se refermait dans sa coquille de noix ! Pourquoi s'obstiner à vouloir rester enfermé dans sa douleur, dans ses cauchemars.? Elle soupira, sérieusement, elle ne savait rien et ça l'agaçait plus qu'elle ne le pensait. Têtue, elle voulait vraiment savoir ce qui se passait dans la tête de son beau brun.

Alors il jouait a ça ? Je te livres mes secrets et tu livre les tiens. Bien sûr ! Elle pouvait lui dire certains détails mais pas tous. Elle pouvait peut être lui dire ce qu'elle a vaicu en temps de guerre, l'horreur a Pearl Harbor, mais raconter à un soldat perturbée par la violence, l'horreur de la Seconde Guerre mondiale n'était pas une idée brillante, alors, Grace ouvrez rester vague dur ces points . Elle pourrait sûrement lui dire comment était elle devenue cette tueuse a gage. Et bien d'autres choses sur son passé qu'elle taisait. Son choc de l'enlèvement, entre autre. Grace voulut répliquer mais les lèvres de Jayden l'en empêchèrent. Un baiser moins doux, un peu plus ... Sauvage.
Elle savait qu'elle avait touché son amant par ses paroles. Elle savait qu'il fallait briser la glace.

La brune était toujours accrochée à ses lèvres, a ce baiser qui était devenu plus fougueux à présent. Ses doigts glissèrent légèrement sous le fin tissu que constituait son t-shirt, caressant doucement la peau du militaire. Elle souffla de nouveau entre deux respirations

- Pourquoi tu me tourne le dos. ?

Une caresse sur son visage de son autre main, des lèvres qui prirent de nouveau contact. Une nouvelle sensation de bien être, de vie.

- Je suis prête à te dire ce que tu veux savoir, si tu fais de même.

Nouvelle caresse de ses doigts fins sur la peau sous le t-shirt, la deuxième main glissant sur le côté du cou de Jayden. Un léger regard encourageant. Têtue, oui elle l'était. Mais c'était pour le bien de l'homme. Il fallait qu'il s'ouvre, que l'huître dévoila la perle qui vit en elle.

- Je ne te jugerais pas. Je te le promets.

C'était son dernier murmure pour essayer de faire tomber les derniers remparts de ce soldat. Une nouvelle fois, ses lèvres viennent frôler celle de son amant, essayant de lui montrer qu'elle était sincère. Elle ne cherchait pas a le rabaisser, mais a l'aider.

Silence. Il s'obstinait à garder ce silence qui le mettait de plus en plus mal à l'aise. Ou était-ce un brin de colère qu'on pouvait percevoir dans ses gestes vaguement rageurs à cet instant? Camoufler une envie de déguerpir par quelques actions plus agressives. Ses doigts s'étaient crispés davantage, involontairement, contre le tissu. S'il avait s'agit de quelqu'un d'autre que de Grace, sans doute lui aurait-il foutu la claque monumentale de sa vie pour seulement oser effleurer ce sentiment haineux qui le dominait toujours un peu, sans qu'il ne le veuille vraiment. Il ne bronchait plus de la même manière. S'il la laissait toujours l'amadouer par quelque caresse, il se montrait beaucoup moins docile qu'au départ et l'atteindre serait sans doute plus ardu pour la jeune femme. Il la laissait le toucher, mais tout son corps se montrait plus coincé, une expression renouvelée de sévérité peignant ses traits et dissimulant ce mélange de frustration soudaine et d'envie plus charnelle. Fallait-il véritablement qu'elle en vienne à cela? Et il refusait de voir à quel point quelques mots bien placer pouvait perturber tout son être. Juste l'évocation d'une chose ignorée parvenait à fracasser ses défenses mentales. Sa résistance était faible. Et il ne parvenait plus à contenir le tout dans un coin sombre de sa tête.

Il se crispa. Il se détacha, la retint. Pis, il la repoussa brusquement avec plus de force qu'il n'aurait voulu en user contre elle, sentant ce sentiment de défense le presser de s'éloigner rapidement. Un soupire colérique, vaguement nostalgique tout à la fois, il se leva, oubliant sa veste inerte sur le sofa, se dirige à pas raides et douloureux vers la cafetière toujours laissée en plan. Il se planta debout dans une immobilité presque exagérée. N'importe qui ne le connaissant pas aurait fuit en sentant la vague d'énergie mentale que son pouvoir déferlait inévitablement sur tout objet à proximité. N'importe qui ne le connaissant pas aurait vu là un danger alarmant. N'importe qui ne le connaissant pas n'aurait pas remarqué le frisson d'angoisse qui lui parcourait l'échine et le faisait trembler.

-Ce n'est pas un bon compris. Je me fiche éperdument de ta vie. C'était pour te faire taire.

Brusque. Sans douceur. Il se montrait à la limite de la cruauté, en cet instant. Mais n'était-ce pas un part de sentiment qui le faisait agir ainsi? Qui le poussait à se faire haïr par trop de gens? Qui poussait les autres à se montrer réticent en sa présence? Ce n'était pas lui. Ou du moins, ce n'était plus loin, même si elle, elle n'avait connue que cette personnalité disjonctée dont il faisait preuve de temps à autre. Non, peut-être, au fond, ne voulait-il pas savoir les douleurs d'autrui, se disant qu'il en avait bien suffisamment des siennes. Égoïste? Il ne savait rien faire d'autre.

-Je me fiche que tu me juges ou non. Tu me fuirais que ça ne me ferait ni chaud ni froid.

Mensonge. Il se montrait dur pour éviter une souffrance inutile quant à quelques sentiments qu'il pourrait éprouver pour elle. Évidemment, la voir le fuir le cloîtrait sans doute davantage dans cette douleur muée en silence.

-Tu voudrais que je dise quoi? Que tout va? que tout est merveilleux? Tu vas me répondre que c'est passé et qu'il faut oublier. Hé bien non! C'est pas comme ça que ça marche. J'aurais dû crever là-bas, voilà ce qui aurait dû se produire.

Soupire agressif. Il sentait que s'il ne se contrôlait pas, il verrait bientôt débarquer quelques gens pour le maitriser contre sa volonté. Ça s'était déjà produit et il ne tenait pas à causer un émoi désagréable dans la confrérie uniquement parce qu'il aurait perdu capacité à se maîtriser.

-N'en parle plus, maintenant. Ne dis plus rien.

Peut -être avait-elle poussé le bouchon trop loin, elle le savait, elle s'en doutait et la réaction de Jayden ne la surpris pas plus que ça. Sa colère s'emparait de lui, le happait doucement, l'emprisonnant dans une cul de sac. Sans issus. Condamné à vivre dans cette carapace colérique qui ne la quittait plus. Une carapace emplit de fantômes qui torturaient son âme déjà mal en point.

Il restait immobile, dans une position statuaire, presque irréel. Comme ci le soldat de chair et d'os était devenu Soldat de plomb. Vous savez, ceux que beaucoup de petits garçons ont, avec leur petit tambour ou leur petits fusils. Jayden était dans la même position qu'une simple figurine : immobile.
Elle sentait sa colère, et la voyait. Son pouvoir, la télékinésie n'était pas tout a fait contrôlé et, les moindre s actions, les moindres mots qui pouvaient le contrarier déclenchait une perte de pouvoir. D'où les quelques objets qui commençaient à s'agiter.
Mais Grâce n'avais pas peur. Elle vit ce frisson d'angoisse lui parcourir le dos, le faisant trembler au passage. Une fois de plus, elle resta silencieuse, se contentant de l'observer. Elle avait raison sur un point : il avait besoin de canaliser sa colère. Il avait tord de ne pas vouloir en parler, on pourrait l'aider. Mais il était têtue et Grace le savait maintenant...

Sa voix dure coupa court à ses pensées. Pour la faire taire ? Elle fronça les sourcils, un air plus froid sur le visage, la petite lueur de gaité se camouflait derrière un masque de froideur légèrement visible. Si ça lui faisait ni chaud ni froid, pourquoi se braquer ? Il devait bien y avoir une seconde raison sur ce renfermement immédiat. Elle soupira, exaspérée et légèrement vexée. Elle s'apprêtait a lui répondre, mais une fois de plus, sa voix cassante retentit dans la pièce.

Non, elle ne voulait pas qu'il lui mente, a quoi bon mentir ? Il enchaîna de nouveau. C'était bien mal la connaître de penser ce qu'il vient de prononcer : "c'est du passée tu me dira de l'oublier". Et bien non. Grace ne dira pas ce genre de phrase. Il ne faut pas l'oblier mais essayer de s'en détacher, de ne pas s'y attarder au risque de tomber dans un cercle vicieux. Le passée ne s'oublie pas. On oublie jamais le passée.
Il aurait du mourir la bas ? Et bien, t'inquiète, tu mouras tôt ou tard. Méchant ? Cruel ? Ignoble ? Certes. Mais tant de personnes auraient du mourir et pourtant, elle étaient encore sur cette maudite terre !

- La mort ne choisit jamais les bons sujets. Lâcha-t-elle froidement.

Cela va de soit qu'elle n'en parlerait plus, elle voyait qu'il allait perdre pied définitivement. L'ex tueuse a gage ne voulait pas déclencher la destruction de ... Jayden ! Elle se leva, déterminée et s'approcha de lui, elle avait toujours cet air un peu froid. La brune le fixait et puis soudain, le claquement retentit dans le silence angoissant qui s'était installé entre les deux. Oui. Elle venait de lui foutre une claque. Amazing !

- C'est bon tes calmé !?

Elle le fixa droit dans les yeux, elle se montrait moins gentille et lâcha de nouveau, dans une sorte de grognement :

- Tu n'ai pas le seul a pouvoir t'énerver et foutre des claques pour calmer les autres. Je sais le faire aussi tu vois ? J'espère que ta fièvre colérique va diminuer rapidement. Je ne veux pas qu'une bombe explose ici même si c'est moi qui l'ai -à mon plus grand regret- amorcé !

Oui. C'était elle qui avait déclenchait la "bombe Jayden". C'était elle qui avait décider de parler de ça et elle s'en excusait, pas directement, certes, trop fière pour le faire et pas assez soumise. Inflexible, elle reprit :

- Maintenant, on peut avoir de nouveau quelque chose de censé et adulte ?

Elle s'adossa au frigo, les bras croisés sur sa poitrine et le fixa, son masque de froideur de fissurait doucement. Elle avait déballer ce qu'elle avait a dire. Elle avait était honnête. C'est ce qu'il fallait être de tout manière. Honnête. Franche. Ce qu'elle avait toujours été.

Le frisson enivrant de la colère. Prison glaciale. barreaux de haine. Liens enchainant l'esprit. Esclave d'un sentiment plus fort que lui. Il ne s'était jamais résolu à savoir pourquoi il se laisser emporter de la sorte. Et c'était là son plus gros défaut. Celui qui faisait que même dans la Confrérie, on se méfiait de lui. Parce que cette colère, justement, le rendait aussi imprévisible qu'une mer rancunière. Et il l'était, n'est-ce pas? Marcher dans la rue laissait question en suspend quant à ses réactions. On ne savait ni où ni quand ni contre qui il se retournerait inévitablement. Il l'aurait fait contre elle. Il l'aurait fait contre Erik. Ce qui expliquait peut-être le regard méfiant qu'il avait sentit dans son dos, occasionnellement. À vrai dire, il n'y avait eu qu'une personne chère à son cœur, pour le réchauffer, à qui il n'aurait rien fait. Bien qu'il l'ait déjà battu. Bien qu'il l'ai déjà envoyé valser dans les airs sous la force de cette même colère indiscrète. Mais il était l'être pour qui il avait pleuré mentalement. L'être qu'il avait plaint et qu'il plaignait encore, entre deux rêves mouvementés. Et Grace? S'il avait été apte, non mentalement, à faire souffrir cet autre, il pourrait forcément le faire avec elle aussi. C'était pourtant quelque chose dont il avait connaissance, mais dont il choisissait d'ignorer en espérant peut-être parvenir à se maîtriser sans qu'autrui ait à le faire à sa place. Bien qu'habituellement, il n'y eut personne autour de lui, il se savait dans un endroit trop à risque pour ce genre de comportement irresponsable.

Il tourna finalement son visage crispé dans cette expression frustrée, vers elle, lorsque sa voix retentie dans le silence de la pièce. Il aurait sans doute préféré qu'elle s'en fut. Il se serait injurié, certes, mais c'était peut-être mieux ainsi, en fin de compte. Et ce qu'elle lui racontait n'était en rien pour lui faire tirer ce sourire forcé dont il ne faisait démonstration qu'une fois par siècle. S'il se fichait de ce commentaire? Pas vraiment. Il avait surtout l'impression de se renfrogner davantage encore. Non, la mort ne choisissait pas, mais lui pouvait la provoquer par tous les moyens. Il ne comptait plus le nombre de vies qu'il avait arrachées parce qu'il en avait le pouvoir contrairement à d'autres. Il songeait surtout à sa fuite. Parce qu'il n'aurait jamais dû vivre. Parce qu'il était aussi traitre que sauvage et qu'il les avait tous abandonné, les uns après les autres, sur le champ de bataille. Jayden n'était pas un ange. Il ne l'avait jamais été. Peut-être l'ombre d'une enfance effacée de sa mémoire. Mais même à son adolescence, il n'avait jamais été sage. On le traité de diable, el diavolo. À cet âge, il était un de ces gosses de rue bâtards, peu aimable, brigand et vulgaire. Il avait connu les gangs, certes. Ce ne fut qu'en vieillissant qu'il se calma un peu pour devenir un de ces types tapageurs et fêtards qui ne s'arrêtent finalement jamais. L'armée. L'armée l'avait transformé en quelque chose d'un peu plus responsable et fier à regardé. Mais l'armée avait aussi détruit le caractère jovial qui le suivait lors de ses jeunes années. Parce qu'il avait toujours aspiré à mieux, qu'il avait rêvé d'un avenir meilleur et que ce n'était désormais plus le cas. Sombre? Peut-être bien. Mais il avait meilleur fond que beaucoup et ses regrets le rendait sans doute plus humain qu'un humain. Sans remords ni regrets, il ne serait rien, n'est-ce pas? C'était sans doute ce qui lui permettait de ne pas se perdre totalement dans cette rage qui le consumait un peu plus à chaque crise. Alors non, il ne répondrait pas à ce commentaire. La mort, il la choisirait lui-même s'il le fallait. C'était de sentir qu'il y avait peut-être encore quelque chose de bon en lui qui le poussait à marcher droit, la tête haute et l'arme au poing. Ultime défense contre ses propres représailles.

Il s'apprêtait à répondre autre chose, fusillant la jeune femme de son regard autoritaire habituel, paraissant reprendre un contrôle certain, un contrôle éphémère. Mais aucun mot ne sorti jamais et sa pensée demeura cloitrée là. Il ne s'était pas vraiment rendu compte de la chose, comme si elle n'avait jamais eut lieu et resta momentanément muet de surprise. Il ressentait la brulure de la claque contre sa peau et se contentait de fixer sur elle un regard ébahi. Sans doute se serait-il giflé lui-même devant cet air imbécile. Et étrangement, un auditeur extérieur ne se serait sans doute pas attendu à le voir demeurer niais à ce point devant cette réaction inattendu. Peut-être parce que les personnes ayant daigné lui en foutre une n'était plus là pour en parler. Une fureur en lui hurlait de lui retourner la pareille, mais son cerveau se contredisait aussitôt en l'observant, elle. L'idée de la fracasser contre un mur lui traversa tout de même l'esprit, une fraction de seconde.

Il demeurait toujours sur ses gardes, mais soudainement, il se sentait vulnérable dans son incapacité à réagir convenablement. Jusqu'à ce qu'elle ne se dégage pour s'éloigner de sa personne, il la suivit de ces yeux comme deux mitraillettes explosives, mais rien du restant de son corps ne semblait trahir ce brusque écart de pensée. Il opta finalement pour passer une main contre sa joue encore brulante et à détourner le regard pour le fixer une fois de plus sur la cafetière qui finirait éventuellement pas prendre sa rage contenue. Elle reprit ce petit air qu'il ne savait comment évaluer et il soupira, dans un doute ultime.

Redevenir adulte? Ne l'avait-il pas toujours été, justement? Bien qu'il s'avoua gamin dans cette intention de rester à distance de toutes émotions. Mais il n'était, soudainement, plus certain de comprendre les messages subliminaux qu'elle lui envoyait. Même s'il l'observait à présent du coin de l'œil. Et il s'en voulu. Un regret brusque qui l'envahissait. Il se redressa pour lui faire face, sans avoir toutefois daigner bouger de son point d'origine. Il l'observait, elle, à quelques pas de lui. Et il reprit maîtrise sur la situation. Il usa une fois de plus de sa mutation psychique qu'il contrôla cette fois parfaitement, sur la jeune femme elle-même qu'il attira vers lui mentalement. Il l'agrippa inévitablement en relâchant toute pression sur elle lorsqu'il la perçu à proximité.

-Je ne suis pas toujours une bombe explosive, comme tu dis, lâcha-t-il finalement sur ce ton toujours un peu sec. Mais j'ai certainement une mine dans le crâne pour être aussi con en ce moment. Et je ne sais pas si tu es vexée, mais je m'en excuse. Je voudrais juste... ne pas en parler. Pas comme ça. Pas maintenant. Devrais-je me rhabiller et filer? Ce n'est pourtant pas la chose pour laquelle je suis venu au départ et je ne sais plus ce que tu veux.

On aurait brusquement dit un ourson douillet se ramollissant, se montrant plus câlin et plus clair qu'il ne l'avait jamais été jusqu'à maintenant. Pourquoi ne pas avoir dit dès le départ qu'il ne souhaitait tout simplement pas aborder le sujet? Se tourner vers la brutalité. Il n'y avait bien que lui pour agir ainsi.

-Je te demande pardon.

Grace était toujours adossée au frigo, le fixant. Son attitude surprise qu’il avait prit lorsque la tueuse lui avait foutue une claque avait disparut, il semblait reprendre plus de maitrise. Jayden tourna finalement les yeux vers elle, la fixant sans parler. Elle soutint son regard, un silence s’installa une nouvelle fois dans la pièce. Et puis elle se sentit bouger alors qu’elle n’avait rien fait pour. Une ombre de surprise passa sur les yeux de la brune. Jayden utilisait son pouvoir sur elle, dans le but de la faire venir à lui. Il ne pouvait pas venir lui ? Etait-il trop fainéant pour faire trois pas ? Une petite mine boudeuse se dessina sur le visage de l’ex tueuse à gage, elle n’aimait pas trop être la cible de quelque chose ou, de quelqu’un.

Elle sentit les mains de l’homme l’agripper, puis, toute pression mentale exercée sur elle disparut, elle restait plantait là, silencieuse, les mains de Jayden agrippées à sa taille. Grace l’écoutait. Un petit sourire en coin qui s’effaça rapidement. Il se traitait de con. Il s’excusait, elle le fixa, surprise mais continua à rester silencieuse, le laissant finir, il était partit sur sa lancée et la brune ne voulait pas le couper maintenant.

Se rhabiller ? Il n’était même pas déshabillé ! Grace eut un léger sourire à cette remarque. Ce qu’elle voulait ? Pas grand-chose. Oublier un instant le cauchemar. Rester juste un instant, que lui et elle. Elle fit glisser ses mains sur le t-shirt de l’homme, les descendant un peu plus, jusqu’à toucher l’extrémité. La brune se pencha vers son oreille, ses mains passèrent sous le t-shirt, tâtant les abdos taillés de Jayden.

- Tu n’es même pas déshabillé murmura-t-elle avec un petit rire

Il s’excusa une nouvelle fois. Oui, elle lui donnerait son pardon, il n’avait pas à s’en faire. Bien que cette demande la surprenait, elle ne pipa pas mots. Elle se détacha légèrement pour le fixer et déposa un baiser sur ses lèvres.

- Je te pardonne. Mais je suis aussi un peu fautive. Je n’avais pas à te pousser…

Grace eut un petit soupir, retirant ses mains du torse du brun, elle les posa sur ses joues et l’embrassa de nouveau, fermant les yeux.

- Quand à ce que je veux… Juste un petit moment d’égarement pour goûter au bonheur.

Elle fit glisser une main jusqu’au bas de son t-shirt et le remonta légèrement, elle se détacha de ses lèvres pour reprendre son souffle, planta un regard malicieux, et pas que, dans les prunelles bleutés de l’homme.

- Je ne sais pas toi… Mais ce tissu me gène un peu… Souffla-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure.

Elle braqua un regard vers la douche, une idée lui traversa l'esprit. Non non non. Stop. Elle secoua sa tête, sa cascade brune ondulée bougèrent au rythme du mouvement de sa tête, elle reporta son regard sur le brun, ôtant tout sourire non angélique de ses lèvres.

Spoiler: