Electrical meeting for future cooperation

Elle n’avait normalement pas grand-chose à faire ici. Sur ce plateau, dans cette salle de régie. Elle, elle appartenait au monde radio, aux amoureux du micro et de la musique. Sauf que quand on était un agent polyvalent au bas de la chaine des assistants, on allait là où on nous l’ordonnait et on faisait son possible pour faire son travail sans attirer l’attention et sans se faire marcher dessus. L’efficacité avant tout point. Et efficace Haley savait parfaitement l’être, si bien qu’on l’envoyait plus souvent qu’elle se l’était imaginé dans les locaux télé de la station. Souvent pour de simples petits coups de mains certes ou juste pour faire la liaison entre les deux parties quand d’autres n’avaient pas le temps. Ca lui semblait toujours un peu comme un monde étrange, un monde dont elle ne comprenait pas tout et auquel elle n’appartenait pas complètement. Alors que l’univers de la radio et son fonctionnement ça elle le maitrisait et en avait presque fait son habitat naturel.

Sa dernière incursion sur les plateaux télé était étrange, au point de l’interpeler et de lui faire se poser de nombreuses questions. De lui poser de nombreux doute sur ce qui se passait, sur une personne en particulier. Haley n’était là que pour une simple histoire de maintenance, si bien qu’on ne faisait pas vraiment attention à elle, lui permettant d’observer les vacations de tout se petit monde à la dérobé. Et ça semblait chauffer, même si elle ne comprenait pas trop pourquoi, attirant un peu plus son regard, avant qu’ils ne soient tous plongé dans le noir. Coupure de courant, le système électrique semblait avoir complètement sauté. Rien d’anormal en soit, du moins aux yeux des autres, parce qu’aux siens il y avait un détail étrange. Un détail qu’elle semblait être la seule à avoir capté vraisemblablement, cette petite étincelle qui avait comme surgie des doigts du chef régisseur au moment ou le studio était plongé dans l’obscurité.

Et l’incident passé, ils avaient tous repris leurs occupations, Haley compris. Pas le temps de s’arrêter, tout devait tourner, les timings devaient être respectés et surtout on l’avait embarqué pour trouver ce qui avait bien pu faire sauter le courant. Elle avait donc eu tout le temps nécessaire pour réfléchir à ce qu’elle avait pu voir. Pour éliminer la possible coïncidence. Ok ça arrivait que l’électricité grille d’un coup, souvent à cause d’une surtension, mais elle n’arrivait pas à ôter l’image de la petite étincelle de son esprit. Les mutants existaient elle le savait désormais. Elle savait qu’elle n’était pas la seule, même si elle n’en connaissait pas tant, du moins le croyait-elle. Alors oui le chef régisseur du programme pouvait parfaitement être un mutant. Et sa curiosité piquée, elle avait envie d’en avoir le cœur net. C’est pour ça qu’elle s’était ainsi attardé du côté caméra au lieu de repartir dans son univers.

Et voilà que devant la porte de Stanislas Borgen, le chef réalisateur, Haley tentait de prendre son courage à deux mains. Pour se pousser à frapper et entrer, pour se convaincre qu’elle ne devait pas laisser couler. Elle ne connaissait pas tellement cet homme, qu’elle ne faisait en général que croiser. Elle ne savait rien de lui ou presque. Alors pour vérifier son hypothèse elle allait devoir s’appuyer sur sa propre mutation et voir ce qu’elle ressentirait face à ses dires. Prenant une dernière inspiration, elle toqua avant qu’on ne l’invite à entrer. S’avançant dans le bureau, elle s’éclaircit une dernière fois la gorge.

« Désolé de vous déranger Mr Borgen, je viens vous voir à propos de la coupure de tout à l’heure. Vous auriez quelques minutes ? »

Elle présentait ça comme si elle ne venait faire qu’un simple rapport de l’incident et en profiterait juste pour poser les bonnes questions. Elle était même prête à revenir plus tard si il le fallait, mais elle n’abandonnerait certainement pas la partie. Et après ? Elle voulait juste savoir, éventuellement lui faire savoir, mais après elle ne le harcèlerait pas plus. Elle aimait juste savoir au fond.

Une journée tout à fait normale en soi. Stanislas allait travailler comme tous les jours, allant diriger les équipes de tournage et les mener à la baguette les équipes des programmes pour qu’ils prévoient les émissions qui en valaient la peine, pas celle que certains voulaient absolument voir sur antenne parce qu’ils avaient des amis dans la dite émission. Il avait l’impression de rêver des fois, ou plutôt de cauchemarder ; ce genre de pratiques n’était pas sans lui rappeler la façon dont le gouvernement Norvégien avait été remplacé petit à petit par des officiers de guerre (la plupart du temps nazis), sans que personne n’ait rien à y redire. Ici, quelqu’un avait du poids pour cela, quelqu’un avait des possibilités pour faire entendre raison à ces gens avant qu’ils ne fassent n’importe quoi de ce nouveau média pourtant si pratique : Lui. Le chef régisseur de la chaine. Il ne pouvait pas interdire un programme, certainement pas, mais il pouvait faire en sorte de le mettre à un horaire de relative basse affluence, avant de faire remarquer que l’audimat n’était pas là et le faire baisser encore, jusqu’à le faire supprimer. Ca prendrait du temps, mais il pouvait le faire. Il était un barrage dont peu de personne avait conscience et dont personne n’avait assez de preuve pour qu’on lui retire ce pouvoir dont il était très fier. Cependant, cela était pour les décisions qui pouvait lui laisser du temps de réflexion avant la mise en œuvre.

Car il y avait aussi les cas où on tentait de le mettre devant le fait accompli. Ils pouvaient toujours essayer, mais ils auraient du mal à vraiment le prendre de court. Ses équipes lui obéissaient au doigt et à l’œil, ils n’iraient jamais contre un ordre direct. Sauf dans le cas om c’est la fille du directeur de la chaine qui est à l’antenne, faisant une crise digne des pires divas d’Hollywood et qu’elle menaçait de les faire virer s’ils n’accédaient pas à ses demandes. Sauf que ma choupette, tu es à New-York, pas à Los Angeles, alors tu vas bien gentiment ranger ton caractère de merde et faire ce qu’on te dit un peu. Mais si jamais, par un malheureux hasard, ni Stan ni son second n’arrivaient à raisonner les personnes qui leurs faisaient des crises, insistant pour filmer quelque chose qui n’avait pas lieu d’être, le chef régisseur avait encore un tour dans son sac, à savoir, sa mutation. Personne n’était au courant à son travail et pour cause, en général il ne l’utilisait pas mais là, il le fallait. Il lui fallait un moyen de tout couper et le temps d’arriver au disjoncteur il serait déjà trop tard (et en plus il risquait de se faire repérer, non, impossible). En revanche, une surtension…Ca passerait inaperçu et on croirait simplement à un disfonctionnement du système électrique. Simple, efficace. Alors il lança une décharge dans le câble principal, vers la prise de courant. L’effet escompté fut rapide et net, coupant toute lumière ou électricité jusqu’à ce que le générateur de secours ne prenne le relais. Entre temps la diva s’était calmée et ils avaient arrêté là le tournage.

Ce qu’il ne savait pas, c’était que quelqu’un l’avait vu. Une jeune femme pour être précis. Il s’était tranquillement diriger vers son bureau pour avancer dans ses programmations et ses projets qu’on lui soumettait à tout va, quand quelques coups retentirent à la porte de son bureau ; donnant la permission d’entrer, il releva la tête en même temps que la porte s’ouvrit sur la jeune femme. Stan connaissait son visage, mais son nom lui échappait encore. Pourtant ça n’était pas la première fois qu’elle venait les aider sur le plateau.

"Bien sûr. Pardonnez-moi si je n’ai pas votre nom en tête je vois passer tellement de gens toute la journée…Vous êtes Mademoiselle… ?"