Il n’avait rien dit. À personne. Pas à Neal. Pas à son père. Ni même à son propre reflet dans le miroir. C’était un drôle de petit secret qu’il gardait en mémoire, dans le doute, dans l’incertitude de ce que ça pouvait bien signifier. Réellement, du moins. Dans l’angoisse, peut-être, des conséquences qui s’en suivrait. Et il avait réfléchit : il n’avait pas besoin d’en parler. C’était sa vie, son corps, il faisait bien ce qu’il voulait de ce dernier, n’est-ce pas? S’il décidait de danser, hey bien il dansait. S’il décidait de coucher avec un homme, il le faisait. Et il n’était pas de l’avis de son père de décider pour lui ce qui était bien ou non. Qu’en avait-il à faire? Beaucoup trop de chose, sans doute. Et c’était aussi pourquoi il n’avait rien dit, qu’il s’était contenter de sourire devant l’homme qui avait évidemment passé la matinée sur son dos, le harcèlement pour savoir pourquoi diable n’était-il pas rentré plus tôt. Panda lui avait dit être resté chez des amis. Mais l’homme était trop perspicace. Il avait grogné, et n’avait pas insisté, bien fait pour l’adolescent qui s’en sentit libéré.

Il était tout juste rentré depuis deux heures qu’il attrapait déjà son sac pour repartir, en gueulant qu’il filait retrouver des amis et qu’il passerait sa soirée chez son parrain (pour le plus grand damne de celui-ci, sans doute). Et son paternel ne s’y opposa pas, préférant sans doute le voir trainer chez le mathématicien qu’à n’importe quel autre endroit où il ne pouvait prendre contact avec lui. Il avait attrapé son sac, donc, après s’être changé, et était reparti. Il avait effectivement rejoint un groupe d’amis et était passé, en leur compagnie, dans le centre d’achat le plus près. Comme quoi, une petite fête, ça se prépare. Le plus âgé d’entre eux, qui n’était certainement pas lui, lui avait fournis en boisson et ils s’étaient occupés du reste. Après quoi il avait suivit le trajet en autobus jusqu’à la demeure de son parrain… parrain supposément absent, pour son plus grand bonheur. Évidemment, l’adolescent s’était trainé une bande de copains tout aussi mutants qu’il ne l’était lui-même. Avait-il seulement réfléchit aux dégâts? Pas vraiment et sans doute y penserait-il une fois l’ouragan passé. Il avait récupéré la clé cachée dans un pot de fleur à l’arrière et était revenu pour ouvrir…

S’était-il attendu à ce que le nombre d’invités soit doublé sans son consentement? Évidemment pas. C’était exactement le genre d’évènement sur lequel on perdait rapidement le contrôle. Et lorsqu’on hurla son nom à travers le vacarme des cris et de la musique assourdissante, il s’était précipité. Avait-il bu? Un peu… comme tout le monde, finalement. Peut-être moins, ne serait-ce que pour ne pas perdre les pédales lui-même. Il avait regard la pointe de pizza unique et les cinq types autour qui l’observait de cet air affamé. Il avait soupiré et, en un claquement de doigt, l’avait multiplié par dix ne serait-ce que pour avoir la paix. Il ne s’était pas rendu compte que, par accident, tout l’autre aliment présent dans la pièce s’était tout aussi multiplié, et ce, presqu’indéfiniment, jusqu’à ce qu’une pomme ne lui soit lancé par la tête et qu’il reprenne le contrôle de son pouvoir. Mal à l’aise, il se demanda comment se débarrasser de toute cette nourriture quand les invités se proposèrent pour en ramener un peu… et consommer le reste! Problème réglé, il était retourné au salon et avait sauté sur la table basse pour reprendre son rythme dansant… jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre, du moins, sur la tête de son parrain… Aussi s’immobilisa-t-il rapidement.

—Ho merde… Salut Neal!

Gros mal aise, ça, il n’y avait pas à dire.

Cela faisait trois jours, trois jours que Neal avait remis le pied à Washington DC, après plus d’un mois passé au sein de la grosse pomme à mener son enquête et à poursuivre un seul homme. L’affaire était loin d’être terminé bien sûr et son retour à la capitale n’était que provisoire, le temps d’une semaine tout au plus, moins si il avait de la chance. Ca l’embêtait beaucoup de devoir s’éloigner pour autant de temps et de déléguer la direction des recherches même s’il avait toute confiance en certains agents. Et en trois jours il n’avait eu que très peu de temps pour souffler entre les nombreux rapports qu’il avait du faire à ses différents supérieurs, les quelques questions qui avaient demandé son attention et un très long rappel de ce qu’on attendait de lui. Comme quoi même si certain se demandait toujours pourquoi et comment il avait atterrit à ce poste, ils ne pouvaient quand même se passer de lui. Bref ça avait été trois jours intenses où il avait dû réexpliquer où il en était de ses recherches sur Viktor et surtout de la localisation des documents volés. A croire que la NASA et le reste des personnes après l’allemand commençaient à s’impatienter, mais heureusement pour lui Neal avait avancé et ne s’était pas présenté sans rien face à ses supérieurs. Ca lui avait évité des réunions supplémentaires et permettait également d’avancer son retour à New York de quelques jours.

Fermant son sac de voyage qu’il passa à son épaule, il referma la maison qu’il quittait pour il ne savait combien de temps encore. Ce n’était pas une nouveauté loin de là, les voisins désormais habitué depuis longtemps à le voir disparaitre ou à ce qu’une personne de confiance passe de temps à autre vérifier que tout allait bien. Quel intérêt d’avoir une grande maison quand on vivait seul et qu’on voyageait régulièrement alors ? Simplement qu’il ne vivait pas seul à l’époque où il en avait fait l’acquisition et qu’il n’avait jamais pu se résoudre à la quitter pour quelque chose de plus petit par la suite. Désormais en plein voyage de retour et pressé de retrouver son affaire, il restait tout de même songeur. Il n’était pas le seul sur cette affaire, les accusations contre Viktor étant tellement nombreuse et on ne lui demandait après tout que de récupérer les documents volés, mais il avait de plus en plus de mal à s’y tenir. Parce qu’il ne doutait pas une seconde du danger que pouvait représenter l’allemand et de ce qu’il pouvait bien faire si on ne le freinait pas. Et il se posait d’ailleurs de plus en plus de question sur cet homme et sur ses capacités.

La fin du voyage sonna et Neal prit directement la direction de sa résidence pour se débarrasser de ses affaires et se changer avant de repartir se mettre à jour sur ce qu’il avait manqué. Attrapant son sac et sortant du taxi, il s’arrêta à quelques mètres du pas de sa porte, ses yeux gris plissé dans un brin de mécontentement. Il pouvait entendre les échos de la fête qui se tenait dans son salon du dehors et ça n’était pas vraiment pour lui plaire. Que son filleul reste chez lui-même pendant son absence ça ne lui posait pas de problème, mais qu’il improvise des fêtes alors qu’il savait que Neal ne devait pas rentrer avant plusieurs jours en revanche… Les cupcake party passaient encore, l’agent se laissant toujours facilement attendrir par Nathaniel. Oui pour lui ça serait sans doute toujours Nathaniel et non Panda, parce que c’était son filleul qu’il connaissait depuis tout petit et dont il se sentait très proche malgré sa triste vie.

Ouvrant finalement la porte, le spectacle qu’il n’avait alors fait qu’imaginer lui sauta aux yeux, confirmant ainsi son déplaisir de voir son domicile envahi par une bande d’adolescent qui ne semblaient avoir aucune limite. Il aurait eu de quoi faire une syncope et aurait bien fait des bonds sur place s’il n’avait gardé à l’esprit qu’il devait mettre tout ce monde dehors d’abord. Car d’un coup son chez lui ne ressemblait plus vraiment à ce qu’il avait quitté, de la nourriture à foison trainant partout, les adolescents s’agitant en tout sens dans ce vacarme. Si jamais il y avait de la casse … Son regard noir croisa celui de son filleul qui s’immobilisa de suite avant de le saluer. Oui merde ça il pouvait le dire, à moins que le but final de tout ça ne soit de lui donner une attaque, Panda avait quelque peu dépassé les limites. Se frayant un chemin sans prendre la peine de refermer la porte, il coupa net la musique afin de faire comprendre à tous que la fête était terminée.

« La fête est fini, je ne veux plus voir personne ! Reprenez vos affaires et rentrez chez vous. »

Bref, net et précis le tout accompagné d’une tête qui ne donnait pas trop envie de plaisanter pour le moment. Tant pis s’il jouait les casseurs d’ambiance où le parent rabat-joie. Quand aux affaires il espérait se voir débarrasser de bon nombre de choses n’ayant pas du tout prévu de se retrouver à tout ranger chez lui en arrivant. Ensuite une petite discussion au calme avec son filleul s’imposerait.

« Nathaniel… »

Ses joues avaient pris une teintes un peu rouge, non pas de colère, mais plutôt d’un malaise de plus en plus grandissant. Neal n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit. En fait, son simple regard noir le cloua sur place, instantanément. Et s’il avait pu, sans doute se serait-il fondu à même le décor pour se faire oublié de l’homme. Il le suivit des yeux à travers la pièce, passant près de lui, et se diriger vers la source du bouquant violent que la musique diffusait à grandeur de la maison, quasiment. Lorsque la musique s’éteignit et que la voix sévère de l’homme résonna dans tout l’endroit, il se sentit dans le besoin urgent de fuir avec la troupe d’adolescents. Il demeura pourtant là, descendant finalement de son pied d’estrade qu’était la petite table de salon pour ramasser un bol vide d’il ne savait quoi qui trainait à ses pieds. Puis, lorsque les adolescents s’étaient mis à sortir, sans doute un peu boudeur ou simplement moqueurs, il avait volontairement ignoré Neal lorsque ce dernier avait prononcé son premier prénom… que personne ne prononçait jamais vraiment, sauf quand c’était une question de sérieux. Comme quoi le grand brun n’était pas d’humeur à plaisanté avec le gamin qu’il était encore parfois. Il avait gardé le bol de plastique en main et s’était glissé derrière le dernier fêtard à sortir pour refermer la porte lui-même puisque Neal semblait avoir fait exprès de l’avoir laissée grande ouverte. Il resta quelque seconde là, puis se retourna vers la pièce où son parrain se trouvait toujours, un peu trop bordélique sans doute au goût du mathématicien. Oui bon, il l’avait bien cherché, c’était pas la peine d’en rajouter. Ce n’était pas non plus comme s’il avait mis le feu à la maison. Et le piano n’avait rien, n’est-ce pas? Personne n’avait même posé un doigt dessus. Ce qu’il était vieux jeu….

—Ça vaaa, Neal. Relax, lit le journal, va prendre une douche, je sais pas… Je vais ranger.

Il avait dit ça sur un ton sans doute un peu exaspéré, mais sans plus. Panda était loin d’être le gamin que l’on détestait. Ce n’était pas non plus une peste. Et à vrai dire, s’il avait déjà invités quelques amis chez l’homme, il n’en avait jamais autant fait. Et surtout, ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de faire de telles folies. Un peu comme s’il disait déjà, par ses agissements, à quel point il en avait assez d’être le fils à papa qui se tenait tranquille. Comme s’il avait déjà le mot «rébellion» tatoué sur son front en lettres dorées.

Il ne s’arrêta pas à savoir ce qu’il lui répondrait. Il ne s’arrêta pas non plus à savoir quel genre de soupire il ferait après ce qu’il venait de lui répondre, un peu grognon, bien malgré lui. L’adolescent se glissa rapidement à la cuisine, comme s’il faisait exprès de fuir le mathématicien, comme s’il ne tenait pas à trop à se tenir près de lui maintenant, du moins lui donnant simplement le temps de reprendre son clame avant de lui péter un câble maintenant. Bien que ce n’était pas vraiment le genre de l’homme de s’énerver contre lui… Ou avait-il fait sauter la limite de sa patience sans trop s’en rendre compte? Il observa donc le dégât encore plus monstrueux de la cuisine… avec de la nourriture pratiquement jusqu'au plafond par endroit… comment expliquer que…

Il se retourna rapidement, se positionnant dans le cadre de la porte avec un drôle de sourire, reprenant ses enfantillages habituels, peut-être pour Neal d’aller voir ailleurs le temps qu’il se débarrasse de… tout ceci, un peu trop suspect, sans doute.

—O-on discutera après? Tu me diras «hoo gamin agaçant, fou le camp d’ici!» après que j’ai tout ramassé, ça te va? Ho allé, quoi, je te fais un thé si tu veux…

Ce n’était sans doute pas le meilleur plan pour éloigner l’homme de la cuisine….

Aucune protestation d’aucune sorte n’avait été émise face à son ordre d’évacuer, face à son air de grand méchant qu’il avait pris dés son entrée. De toute façon aucune protestation n’aurait été accepté. Et il n’avait plus bougé, suivant des yeux son filleul alors que tous ses amis sortaient, attendant que la pièce retrouve son calme habituel, que la porte d’entrée se referme sur les dernières traces de la petite fête. Déposant son sac dans un coin épargné par le désordre, il avait attendu en silence que le garçon se retourne vers lui, attendu de voir ce qu’il dirait, ce qu’il ferait. Il n’avait pas l’intention de s’énerver à vrai dire, déjà en ouvrant la porte il n’y avait que peu pensé, il n’en avait pas besoin, le garçon comprenant sans cela qu’il avait un peu exagéré. Et ça avait toujours été ainsi. Neal n’avait jamais haussé la voix contre Nathaniel, il pouvait bougonner, il pouvait ronchonner, mais jamais encore il ne s’était mis véritablement en colère et il n’avait pas envie de commencer.

L’adolescent semblait avoir déjà compris, malgré ce ton particulier qu’il avait pris en parlant de ranger et ça suffisait amplement au mathématicien. Il avait toujours eu cette relation particulière avec son filleul qui faisait qu’il pouvait sans doute passer l’éponge sur presque tout. Parce que la petite boule d’énergie et de bonne humeur qu’était Panda dans sa vie parvenait parfois à compenser ce qu’il avait perdu et qu’il en avait bien besoin. Il savait la pression importante et les tensions que ressentaient le gamin vis-à-vis de son père et bien qu’ami avec ce dernier, il essayait toujours d’alléger la peine de Nathaniel et d’arrondir les angles. Il comprenait donc ces petites rebellions, mais il était l’adulte et il était tout de même normal qu’il pose quelques limites. Des limites que le garçon ne franchissait pas tant habituellement et peut-être fallait-il qu’il s’en inquiète un peu.

Alors non, il ne prendrait pas de douche tout de suite, même s’il en avait envie et comptait plutôt aider l’adolescent et en profiter pour discuter un peu calmement avec lui. C’était certes un immense désordre, mais à moins d’une grosse surprise dissimulée, il n’y paraitrait presque plus une fois tout remis en ordre et jeté. Il laissa son filleul partir dans la cuisine, observant quelques instants son salon avant de ramasser à son tour quelques récipients vides qui trainaient un peu partout. Il aiderait Nathaniel certes, mais lui laisserait quand même faire une grosse partie du travail s’il voulait que la leçon rentre. Et même si l’adolescent préférait le fuir pour le moment, ce n’était que retardé les choses.

« Tu sais il faudra bien qu’on en discute et que tu m’expliques. Il ne sert pas à grand-chose de retarder l’inévitable. »

Il avait adopté ce ton calme et plat, un peu comme celui d’un professeur qui tente de convaincre son élève. Il comptait bien essayer de lancer la discussion tout en rangeant un peu, mais pour ça il fallait que Panda coopère et il était prêt à attendre d’avoir remis son logement en état si c’était le souhait du garçon. Du moins jusqu’à ce qu’il se glisse dans l’embrassure de la porte et ne commence à refaire les enjouer comme à son habitude, si ce n’est cette étrange impression qu’il donnait de vouloir voir Neal partir. Peut-être avait-il eu raison alors et une surprise c’était glissée chez lui. Une surprise qu’il n’allait vraisemblablement pas aimer si son filleul espérait se débarrasser de lui, le faisant observer le garçon d’un œil.

« Je ne me souviens pas t’avoir déjà traité de gamin agaçant… et ce n’est pas parce que tu organises des fêtes dans mon dos que je te mettrais à la porte. »

Non il ne voyait aucune raison au monde pour le pousser à mettre Nathaniel dehors sans ménagement. Ronchonner et grogner un moment à cause d’une histoire éventuellement, mais sa porte était et resterait sans doute toujours ouverte à son filleul. Même s’il devait se remettre complètement en question pour ça. Alors il s’était approché de la cuisine, pour voir l’étendu des dégâts monstres qu’il imaginait déjà. Le corps de l’adolescent n’était qu’un faible rempart face au géant qu’il était et qui ne l’empêcha pas d’entrer dans ce qu’il avait un jour appelé sa cuisine. Parce qu’aujourd’hui elle était méconnaissable, avec des piles de nourritures partout et en assez grande quantité pour se nourrir durant les mois à venir.

« On va plutôt discuter maintenant en fait… et tu va me donner une excellente explication à "ça" je suis sûre. »

Il avait empêché sa mâchoire de se décrocher totalement, pour plonger son regard dans celui de l’adolescent. Il était impossible que Panda ait pu se payer autant de nourriture à lui seul et à moins qu’il attende d’autres participants à sa petite fête, les proportions étaient trop démesurées pour le nombre qu’il avait mis à la porte.

Il était là, debout, devant la catastrophe monumentale qu’il avait créer et songea qu’il aurait préférer se jeter par une fenêtre plutôt que de devoir affronter l’adulte maintenant. Il s’était un instant concentré, espérant faire disparaitre toute cette nourriture sortie dont ne savait trop où exactement, un peu vainement. C’était étrange de pouvoir en faire apparaitre volontairement ou non des quantités phénoménales et de ne pas être capable de les faire disparaitre de la même manière. Il répondit par quelques sons, dans le fond de sa cuisine, en écoutant la voix de l’homme, à travers les pièces qui les séparait un minimum. Mais en entendant le brun s’affairer à côté, il avait songé que le voir faire irruption dans la cuisine serait la pire des idées. Aussi s’était-il glissé là, entre le géant et la catastrophe alimentaire, espérant maladroite le déjouer, peut-être. Ou plutôt avait-il provoqué ce besoin chez l’adulte de voir ce qui se passait réellement. Il l’avait laissé lui faire face. Il l’avait observé et n’avait pas répondu, en sachant avoir dit des conneries en espérant l’éloigner, même un tout petit peu, de l’endroit. Peut-être aurait-il du prévoir autre chose. Chose certaine, il n’était pas douer pour cacher les évènements. Il était un grand livre ouvert dans lequel on perçait facilement les mensonges et les bêtises. Suffisait de l’écouter raconter toutes ces conneries pour comprendre.

Finalement, le géant se décida à entre dans la cuisine, malgré son petit corps qui se mettait en travers du chemin. Petit corps qui se dégagea en moins de deux, d’ailleurs. Il sentit Neal tendu. Ou était-ce autre chose, il ne savait trop, mais il s’empourpra dans le carde de porte, toujours sur le seuil, à observer un peu de loin, ayant plutôt espéré se téléporter dans la peau d’un spectateur. «Euh…» fut le premier et unique son qui s’échappa de lui, d’abord, baladant son regard sur le mathématicien puis sur la nourriture qui trainait sur les comptoirs et le plancher. Comment expliquer qu’il pouvait multiplier la moindre parcelle de nourriture jusqu’à… jusqu’à il ne savait quelle limite, en fait, ne l’ayant pas encore atteinte. Peut-être n’en avait-il pas, de limites? Et s’il parvenait à recouvrir la surface de la ville, du pays entier de nourriture? Cette idée l’aurait sans doute fait rire, dans n’importe quelle autre situation. Mais avec Neal? Neal avait toujours été était bien avec lui. Ils s’étaient toujours bien entendu, et il se sentait brusquement coupable. Coupable de lui pourrir la journée? Coupable de lui pourrir un instant de sa petite vie tranquille en foutant un bordel incroyable? Toutes ces pensées et ce regard posé sur lui qui finirent par venir à bout de sa nervosité… et qui provoquèrent une nouvelle multiplication subite des aliments déjà présents dans la pièce, sans qu’il ne contrôle, sans qu’il ne le remarque de suite, du moins ne le remarqua-t-il que lorsque tout ce mit à dévaler à ses pieds, passant sans doute près de noyer son parrain sous la pyramide de nourriture.

—Ho mince… je ne sais pas quoi dire.

Non, en effet, il ne savait pas quoi dire ne serait-ce que pour s’excuser, au minimum. Ou alors craignait-il la réaction de l’adulte?